DOUBLE-COMPTE : Carlie. MESSAGES : 8680 ARRIVÉE : 07/09/2011 LOCALISATION : Dans le pays où on ne grandit jamais.
Sujet: Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose Ҩ Sam 17 Mar - 0:42
Assise sur le lit de mon amie je l’écoutais attentivement. Elle me parlait de ses histoires de couple. Des crises de jalousies incessantes. J’étais bien contente que ce ne soit pas le cas avec Mattia. En même, je ne lui parlais pas des garçons que je fréquentais. Il en faisait autant pour les filles. Et au fond, c’était certainement parce que nous n’avions rien à cacher. Enfin… rien, c’était vite dit mais, bon. C’était toujours mieux que la situation de mon amie. Je crois que je ne supporterais pas d’avoir une relation bâtie uniquement sûr ça. Évidemment ça arrive les crises de jalousie, mais, tout de même.
Enfin, quelqu’un frappa à la porte. « Désolée les filles mais, Grace, on va bientôt passer à table. » Mon amie acquiesça d’un signe de la tête alors que son père refermait la porte. « Je vais y aller alors. » Je n’allais pas m’imposer. Surtout que j’avais bel et bien prévu de rentrer chez moi. Et que ma mère n’apprécierait pas que je loupe le repas. Elle aimait être prévenue à l’avance si c’était le cas. L’improvisation, ce n’était pas son fort. « On se voit Lundi alors ? » Je lui rendais son sourire pour confirmer ses dires. Ouais, Lundi, en cours. En attendant, j’avais bien l’intention de profiter de mon week-end. Notamment avec la compétition de dimanche.
Quelques minutes plus tard, j’étais dans l’ascenseur. Quelques étages à descendre, cinq minutes de marche et je serais chez moi. Voilà ce que je pensais. Et je n’avais pas torts. Seulement, je n’avais pas prédit que l’ascenseur se bloquerait. Là comme ça. D’un coup. « C’est une blague ? » En fait, ce n’était pas vraiment une question. Et j’espérais que le jeune homme à mes côtés ne se sente pas agresser. Je n’aimais pas l’idée d’être bloquée ici. Dans un ascenseur. Heureusement pour moi, je n’étais pas toute seule. Mais, tout de même. C’était relativement flippant. J’appuyais sur le bouton d’assistance. Encore et encore. Sans succès.
J’attrapais mon portable. Peut-être qu’avec ça, nous aurions plus de chance de nous en sortir. Mais, même pas. Je n’avais absolument pas de réseau. Aucun moyen de prévenir qui que ce soit. Aucun moyen de dire à ma mère de ne pas appeler les flics. Et combien de temps pouvions-nous rester bloquer ici ? Je n’osais même pas l’imaginer. Je me laissais glisser contre la paroi jusqu’à m’asseoir au sol. « Je crois que nous sommes coincés ici. » Je me mordillais la lèvre inférieure, anxieuse. Parce que j’avais tenté de cacher ma panique derrière des sourires. J’avais bien du mal. Ce n’était pas le fait d’être avec un inconnu qui me dérangeait. C’était vraiment le fait d’être bloqué. Même si l’ascenseur était relativement grand, ce n’était pas le luxe quoi. Et si personne ne répondait à l’assistance… en fait, le problème était là. Je commençais sérieusement à me faire de gros films. Il fallait à tout prix que je reste calme… ouais, plus facile à dire qu’à faire.
DOUBLE-COMPTE : jona & louis. MESSAGES : 8067 ARRIVÉE : 07/03/2012 LOCALISATION : à l'hôpital.
Sujet: Re: Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose Ҩ Sam 17 Mar - 13:45
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Il est dix-neuf heures. Il fait un temps de chien dehors. Ca me saoule, mais j’ai besoin de faire deux trois courses. Heureusement, le supermarché n’est pas très loin de mon immeuble. J’enfile un pull de jogging qui pourrait me trahir, mais j’me fous, c’est juste pour cinq minutes dehors. C’est écrit « Geneva Banking Company » dessus, le seul cadeau de mon père que j’ai gardé. C’est débile, mais j’aime bien la couleur : bleu clair. Ici, à Arrowsic, j’ai dit aux gens que je venais de Madrid, c’est pas faux : ma mère est originaire de cette ville. Le seul petit détail, c’est qu’en vrai je n’y ai jamais vécu. De toute façon, je suis pratiquement certain que personne ne sait où se trouve Genève, c’est vraiment pas très connu comme ville dans le Maine. Je prends le premier jeans qui me tombe sous la main et je passe mes baskets favorites. J’attrape mes clés, mon porte monnaie et je suis parti. Je ne prends pas la peine d’embarquer mon portable, c’est pas en partant cinq minutes acheter du lait et des œufs que je vais rater l’appel le plus important de ma vie. Surtout que je n’attends aucun appel ce soir. Je ferme mon appartement à clé et je choisis l’option ascenseur. Ouais, je sais c’est débile puisque j’habite au troisième, j’pourrais très bien marcher. Je suis flemmard aujourd’hui et ce temps ne me motive pas. J’attends quelques minutes et je me dis que si j’avais pris les escaliers je serai déjà au supermarché… Tant pis. Dans la spacieuse cabine de l’ascenseur, il y a une jeune fille blonde que j’ai déjà croisée quelques fois. J’imagine qu’elle est une amie de la fille du cinquième. Elles semblent avoir le même âge. Je lui adresse un petit sourire poli pour la saluer et je regarde les portes se refermer. L’ascenseur démarre sa descente, mais je ne sais pourquoi, il s’arrête tout à coup. Comme ça, brusquement entre deux étages. Je regarde la blonde avec un air d’incompréhension. Elle grimace, moi aussi. J’ai bien peur qu’on soit bloqué… J’inspecte la porte et le compteur d’étage pendant que la fille s’énerve sur le bouton d’urgence, de toute évidence, lui aussi il est hors service. Je la vois sortir son téléphone et soupirer bruyamment. Pas besoin d’avoir un QI disproportionné pour comprendre qu’on est piégé à l’intérieur, sans possibilité d’atteindre le monde extérieur. Elle me regarde, peut-être pour que je vérifie mon portable moi aussi ? « Désolé, j’ai laissé mon téléphone dans mon appartement, j’sortais juste faire des courses ». Même d’ici, on entend l’orage gronder. Pas la peine de se demander pourquoi nous sommes coincés, le ciel se donne bien du mal pour nous le rappeler. Pour l’instant nous avons encore de la lumière, tant mieux. « Moi c’est Fernando, et toi tu es ? » dis-je. Je préfère parler, peut-être que ça aura l’effet de nous détendre. Dans ce genre de situation il ne faut surtout pas paniquer. Je lui adresse mon sourire le plus chaleureux, elle a l’air complètement paniquée et j’espère pouvoir la rassurer. J’espère qu’elle n’est pas claustrophobe, mais bon, sinon au pire je saurai comment l’aider. Je suis presque-médecin après tout.
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Sujet: Re: Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose Ҩ Dim 18 Mar - 14:57
Être bloqué dans un ascenseur. Sans rire, la situation était vraiment ridicule. C’est le genre de scène qu’on voit dans les films. C’est le genre de fantasme débile des amies de ma mère. Non, franchement c’était affreusement ridicule. Et franchement flippant. Je n’aimais pas du tout ça. Enfin, je regardais le jeune homme avec moi. Il semblait bien plus calme. Moi, j’avais bien du mal. « Désolé, j’ai laissé mon téléphone dans mon appartement, j’sortais juste faire des courses » Et l’orage gronda. Suffisamment fort pour m'inquiéter un peu plus. Foutu temps de merde. Si ça continu nous n’aurons plus l’électricité. « Et le mien n’a pas de réseau… » Je lui faisais un petit sourire mais, j’avais la trouille. Un peu d’orage et ce foutu téléphone n’avait plus de réseau. Franchement, la technologie.
Je regardais le brunet. J’enviais son calme, vraiment. Je tirais sur mes manches, tentant tant bien que mal de rester zen. Heureusement je n’étais pas claustrophobe. Simplement anxieuse. Ce qui était déjà pas mal. « Moi c’est Fernando, et toi tu es ? » Il m’adressa un sourire chaleureux que je lui revoyais. Sauf que je n’arrivais pas à masquer mon stress. Et pourtant j’essayais. Enfin, peu importe. Je lui répondais simplement : « Ella ».
Et l’orage faisait des siennes dehors. Et finalement je me demandais si nous n'étions pas mieux dans cet ascenseur que sous des trombes d’eau. Certainement. Enfin, j’essayais de m’en convaincre. Mais, je préférais être trempée jusqu’aux os que de passer la nuit dans un ascenseur. Certes, la situation pouvait s’arranger d’un moment à l’autre mais, en attendant ce n’était pas le cas. « Vous aviez décidé d’aller faire des courses par ce temps ? » Lui demandai-je avec un petit sourire surpris. C’est vrai, en réfléchissant, il devait vraiment avoir besoin de quelque chose en particulier. Qui prendrait la peine de mettre les pieds dehors ? Je crois que la plupart des gens préféraient rester bien au chaud chez eux. Et c’est ce que j‘aurais fait. Si j’avais pu…
Je jetais un nouveau coup d’œil à mon portable. Toujours pas de réseau. Urgence seulement. J’ai envie d’insulter le téléphone. De lui dire que c’est une urgence. Mais, je ne le faisais pas. Et heureusement. Je passerais pour une hystérique stressée. Déjà que le coup de tonnerre venait de me faire sursauter alors si en plus je m’énervais ? Non c’est bon. Vraiment j’allais éviter. Je me contentais de continuer à tirer sur les manches de mon pull. Il allait devenir élastique, le pauvre. « C’est pas censé arriver que dans les films ce genre de situation ? » Demandai-je, nerveuse en regardant le chiffre. Deux. C’était ridicule. Être bloqué au deuxième étage. J’aurais dû prendre l’escalier comme d’habitude. Pourquoi ne l’avais-je pas pris d’ailleurs ? Je me trouvais bien idiote pour le coup. Je serais déjà chez moi si je n’avais pas mis les pieds dans l’ascenseur. Comment ça je me stressais toute seule ? Oui, c’était un peu le cas. Mais, ce n’était pas le genre de situation rassurante. Même si Fernando n’avait pas l’air méchant du tout. Même s’il y avait très peu de chance pour qu’il le soit, la situation ne me plaisait pas. Disons que j’aurais préféré le rencontrer dans d’autres circonstances.
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Sujet: Re: Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose Ҩ Dim 18 Mar - 20:45
ALL WE GONNA DO DEPENDS ON YOU
Ella, elle s’appelle Ella. C’est plutôt joli comme prénom. Elle semble timide la jeune demoiselle. Elle ne cesse de regarder son portable toutes les secondes pour vérifier si le réseau est toujours au abonné absent. Je crois qu’elle est consciente que ça ne sert à rien, mais je crois aussi que ça la rassure. Elle pourrait dire n’importe quoi, son comportement la trahit : elle est complètement paniqué. Moi, je suis plutôt calme. J’ai l’habitude des journées ultra stressante de l’hôpital, être bloqué dans un ascenseur ne me panique pas plus que ça. Ce qui me fait flipper, c’est de perdre un patient ou encore qu’on retrouve ma trace. Au moins ici, je ne risque de causer la mort d’aucune personne malade, ni même de me faire assassiner par je ne sais qui qui aurait retrouvé ma trace. Bref, je ne risque rien et je me sens en sécurité. Je sais que tôt ou tard la boîte métallique dans laquelle nous sommes enfermés nous relâchera, ce n’est qu’une question de minutes ou d’heures.
Cela étant dit, je comprends qu’Ella flippe. Elle semble plutôt jeune et elle doit surement avoir une famille qui l’attend. Moi c’est différent, je n’ai personne qui pourrait s’inquiéter de mon absence. J’ai des amis, certes, mais pas du genre à m’appeler tous les soirs et à passer à l’improviste chez moi, surtout par un temps pareil.
Au bruit du tonnerre, je vois Ella frémir, l’ampoule au dessus de nos têtes clignotent, ça ne présage rien de bon. Nous nous regardons et comme pour se rassurer elle me parle : « Vous aviez décidé d’aller faire des courses par ce temps ? » Elle me sourit et je ris. C’est vrai que ça doit lui sembler bizarre. Mais je suis comme ça, quand j’ai besoin de quelque chose, je m’en fiche, j’y vais. « Ouais, j’avais besoin d’acheter du lait et des œufs. Mais surtout, et ne le répètes à personne, j’avais plus de piles pour mon Gameboy. » J’éclate de rire. Ce n’est pas vrai, mais j’ai juste envie de la faire rire, je pense qu’il n’y a plus que ça à faire pour lui changer les idées. « Tu te rends compte, j’avais enfin attraper le Roudoudou quand il s’est éteint parce que la batterie était morte. J’ai tout perdu et je dois tout recommencer maintenant » dis-je en feignant de pleurnicher comme un gamin. Elle rit franchement et je la rejoins. Nos rires résonnent dans notre cage d’un soir et cela ressemble à une explosion de joie. Nous sommes envahis par nos propres voix joyeuses qui font écho à l’intérieur de l’abitacle. « Au fait, tu peux me tutoyer, je suis pas si vieux ! » Nous rions à nouveau.
Je siffle gaiement. Puis, je me mets à fredonner une chanson que j’ai eu toute la journée dans la tête. En général, mes choix de chansons font plutôt rire, enfin plutôt ma manière de chanter. Parce qu’on ne va pas se mentir, je chante comme mes pieds. « I, I follow, I follow you (…) ». L’attente va être longue, mais au moins on va bien s’amuser.
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Sujet: Re: Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose Ҩ Lun 19 Mar - 19:45
Fichue ampoule qui clignote. Comme si ça allait me rassurer tiens. Si nous n’avions même plus l’électricité… je ne voulais pas vraiment y penser en fait. « Ouais, j’avais besoin d’acheter du lait et des œufs. Mais surtout, et ne le répètes à personne, j’avais plus de piles pour mon Gameboy. » Il éclata de rire. Et moi aussi. Le pire c’est que je l’imaginais bien avec sa Gameboy. Il avait la tête d’un jeune homme qui ne se prenait pas la tête. Peut-être un peu immature. En fait, il me rappelait un peu Ashton. Ce petit côté insouciant. Et charmeur sans même en avoir conscience. J’étais certaine que mon frère aurait réagi comme Fernando. « Tu te rends compte, j’avais enfin attraper le Roudoudou quand il s’est éteint parce que la batterie était morte. J’ai tout perdu et je dois tout recommencer maintenant » Et il continue. Il me fait définitivement trop rire. Pour un peu j’oublierais presque notre galère. Je voyais parfaitement le petit Pokémon tout rond, tout rose. Et il feignait le gamin de huit ans. Non, décidément, je ne pouvais que rire avec lui. Nos rires résonnent dans cette cage d’ascenseur. Ça fait du bien de ne pas penser que nous sommes bloqués. De l’oublier. « Au fait, tu peux me tutoyer, je suis pas si vieux ! » Je le regarde en riant. Tout comme lui. « En effet, pour courir après un roudoudou, tu ne dois pas être très âgé. » C’était de la taquinerie. Pure et dure. Parce qu’il me faisait vraiment rire ce mec. Et j’étais à l’aise avec lui.
Il sifflota gaiement. Comme si c’était naturel. Comme si la situation ne le gênait pas. Il avait vraiment un calme remarquable. Je le regardais, amusée. Et, tout aussi naturellement, il se mit à chanter. « I, I follow, I follow you (…) » J’explosais littéralement de rire. Heureusement que le ciel était déchaîné. Qu’il n’y avait pas un grand soleil. Parce qu’il avait peut-être un avenir dans le spectacle mais, pas dans la chanson. « Oh mon dieu ! Tu envisage de te reconvertir en roudoudou ? » C’est vrai, le machin rose, il chantait. Il donnait des concerts et tout. Alors autant rester sur cette lancée. Mais bon, quitte à être seule au monde avec lui, autant le suivre dans sa connerie. Surtout que j’ai la chanson en tête. « I, I follow, I follow you deep sea baby, I follow you. » Oh non, je n’ai aucun avenir dans le domaine musical. Je suis bien meilleure en natation. Mais, personne ne m’en voudra de ne pas être une artiste. De chanter pour m’amuser. Pour suivre un bel inconnu dans sa bêtise. Parce que nous sommes coincés dans une boite métallique insupportable.
Le tonnerre gronda à nouveau. L’ampoule clignota à nouveau. Comme si le ciel s’acharnait à nous ramener à la réalité. Super. « À croire que le ciel va nous tomber sur la tête. » Je lui offrais un petit sourire alors que la lumière peinait à rester parmi nous.
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Sujet: Re: Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose Ҩ Mar 20 Mar - 19:29
ALL WE GONNA DO DEPENDS ON YOU
Elle me lance une vanne sur mon prétendu Pokémon. « Oh mon dieu ! Tu envisages de te reconvertir en Roudoudou ? » Je ris. C’est vrai que j’ai certainement choisi le Pokémon le plus ridicule. Le gros balourd rose qui ressemble à un gigantesque marshmallow. Le pire c’est qu’il dort tout le temps. Ce gros tas se réveille uniquement au son de la musique. Là je crois qu’avec nos magnifiques chants, on va réveiller l’immeuble entier. Oui, Ella me rejoint dans ma connerie.
Nous étions là, dans un ascenseur, à chanter comme des fous. Deux inconnus, si nous n’étions pas restés bloqué ici, nous ne nous serions certainement jamais adressé la parole. C’est fou la vie. J’ai l’impression, à la manière dont on s’amuse, qu’on se connait depuis toujours. C’est tout bonnement naturel. « I, I follow, I follow you deep sea baby, I follow you. » Nous chantons en cœur et ça devient de pire en pire. En fait nos chants sont ponctués par quelques rires, ce qui rend la chose bien plus ridicule qu’elle ne l’est à la base. Personnellement je m’en fiche. On est seul, coincé, et personne ne va nous reprocher d’avoir passé le temps. Le rire a été de courte durée, le silence reprend place et on entend distinctement le son du tonnerre. Je sens qu’elle frémit. « À croire que le ciel va nous tomber sur la tête. » Elle a raison, c’est la première fois depuis que je vis ici que j’entends un orage pareil. Il n’y avait pourtant pas d’intempéries de prévu pour la soirée… Je sens que l’électricité ne va pas tarder à nous lâcher, la lumière clignote de plus en plus. Si on a le droit à un blackout, cela signifie qu’on va rester bloqués très très longtemps. « Espérons qu’on ne va pas se retrouver dans le noir… Enfin bref, tu étais chez la voisine du dessus ? Tu habites loin d’ici ? » Dis-je pour détendre l’atmosphère. Mes cordes vocales ne me permettront pas de chanter toute la soirée, voir toute la nuit, mais parler, rien que discuter, ça peut déjà aider. Je m’appuie contre les parois de notre cage métallique et je me laisse glisser par terre. Si on doit rester là longtemps, j’vais quand même pas rester debout tout le long… Je suis bien trop flemmard !
Je farfouille dans la poche avant de mon sweat et je remarque un paquet de biscuit fraîchement entamé. Quel gourmand je fais. Ella va vraiment me prendre pour un gamin si je les sors, qui se balade avec des « Princes de LU ». Bon en même temps, on aura rien d’autre à manger et je suis pas du genre radin. Je les sors. « Tu en veux ? » J’ai un petit sourire gêné et je lui tends le paquet.
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Sujet: Re: Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose Ҩ Mer 21 Mar - 16:33
Si le courant pouvait au moins rester. Ça serait toujours plus rassurant que d’être plongée dans le noir. Et d’écouter l’orage. « Espérons qu’on ne va pas se retrouver dans le noir… Enfin bref, tu étais chez la voisine du dessus ? Tu habites loin d’ici ? » Je fis un petit sourire à Fernando. Il détendait l’atmosphère et c’était bien agréable. Parce que, pour être honnête j’en étais incapable. Enfin, je suppose que ça voyait sur mon visage. Que j’avais la trouille. Que j’étais tendue comme jamais. J’hochais la tête positivement, avec un petit sourire. « J’habite à quelques rues d’ici. Du coup, c’est pratique pour venir la voir. » Je replaçais une mèche de cheveux derrière mon oreille. C’est vrai que je n’habitais pas loin. Et c’était encore plus con. Être bloquée dans un ascenseur, si près de chez soi. Mais, peu importe.
Fernando décida de s’assoir. C’était préférable. Après tout, nous en avions peut-être pour longtemps. Alors, ouais, rester début, ce n’était peut-être pas le bon plan. Moi, je n’avais pas attendu. Je le voyais farfouiller dans ses poches. Manquerait plus qu’il me sorte une Gameboy. Là, j’avoue que je ne pourrais pas m’empêcher d’exploser de rire. Mais, non, il sortit un paquet de biscuit. « Tu en veux ? » Il avait un petit sourire gêné. Je lui offrais un beau sourire. Il me faisait vraiment penser à petit enfant. A un gamin. Mais, ce n’était en rien négatif. Non, bien au contraire. Je prenais un biscuit avant de lui redonner le paquet. « Merci. » Je croquais dans le choco avant de lui faire un petit sourire amusé. « Tu te ballades souvent avec un kit de survie comme ça ? » En tant que grande gourmande, c’était l’essentiel à la survie pour moi. J’adorais tout ce qui était sucré. Et même si bien souvent je m’en privais, je n’étais pas toujours apte à refuser. Et dans cette situation, j’avais bien le droit d’en manger. Même si ça avait été des muffins j’aurais eu le droit. Alors, ce n’était pas moqueur. Simplement, je le trouvais vraiment amusant. On ne rencontrait pas des types comme ça à tous les coins de rue. Enfin, moi pas.
Je ne prêtais plus attention à la lumière qui clignotait. Trop préoccupée par mon biscuit. J’avais limite envie de ressortir ma théorie foireuse élaborer en cours de maths. Un truc très philosophique. Je l’avais faite avec une amie qui avait le même avis que moi quant aux cours soporifiques de ce cher professeur. Bref, manger, ça me calmait les nerfs. Ou plutôt ça m’empêchait d’angoisser. « Et au fait, t’habites ici depuis longtemps ? » Je n’avais jamais entendu ma mère parler de lui. Non pas qu’elle était du genre à alimenter des rumeurs sur tout le monde avec ses amies mais… un peu quand même. Bon en même temps, elle ne pouvait connaître tout le monde. Et, elles n’avaient peut-être rien « trouvé » à son sujet. Mais, du coup, j’étais curieuse de savoir. De toute façon, j'étais toujours curieuse. De tout.
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Sujet: Re: Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose Ҩ Mer 21 Mar - 22:39
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Ella rit de bon cœur à mon attitude enfantine. Tant mieux, je me sens obligé de la protéger. Elle a beau être une inconnue pour moi. J’ai cet instinct protecteur qui ne me quitte jamais, comme un grand frère qui voudrait rassure sa petite sœur. Je suis généreux de nature, je tiens ça de ma mère. « Tu te balades souvent avec un kit de survie comme ça ? » Je réfléchis quelques secondes. Quelle connerie vraiment drôle je pourrais sortir cette fois ? J’pourrais dire la vérité tout simplement. Parce que oui, je fais quand même des trucs ridiculement bizarres parfois. « Hum, pour tout te dire j’avais sortir ce paquet de biscuit en prévision de mon retour de course. Je voulais me faire couler un bain pour regarder tranquillement les bronzés font du ski… C’est mon film préféré, c’est français. Et évidemment, un bain sans mes biscuits, c’est pas un bain ». Je lui fais un clin d’œil. Je ne ris pas cette fois pour lui montrer que je n’invente pas et qu’elle a plutôt intérêt à ne pas se moquer.
« Et au fait, t’habites ici depuis longtemps ? » Bon ça va, elle s’approche du sujet sensible, mais je peux encore détourner la conversation. J’ai néanmoins l’estomac qui se serre tout à coup. « Non, enfin ça va, ça fait quand même à peu près deux ans et demi que je vis ici. Je m’y plais, Arrowsic est vraiment un endroit sympa ! Et toi alors ? » Je parie qu’elle vit ici depuis toujours. J’ai l’impression que la plupart des gens de cette ville se connaisse depuis des générations. J’ai ressenti cela très fortement à mon arrivée et cela n’a pas facilité mon intégration… Ella continue à avaler mes biscuits, un par un, gardant le paquet contre elle. À ce rythme là, elle aura dévoré le paquet dans les cinq prochaines minutes. Peu importe, je les lui lègue avec plaisir. Je n’ai pas très faim, et ça me fait plaisir. Je n’ai jamais eu aucun mal à me sacrifier pour les autres. C’est même plutôt nécessaire pour moi. Je ne peux pas être heureux si mon entourage souffre. Je me sens vraiment épanoui uniquement lorsque j’arrive à aider mon prochain. Il faut donner pour recevoir. C’est ce que la vie m’a appris lorsque je me suis retrouvé seul, livré à moi-même il y a plus de deux ans. Je quittais la Suisse, je quittais mes repères… Je n’avais jamais été indépendant, toujours super encadré par mon père, je me sentais comme en prison. Bien que longtemps désirée, cette liberté qui m’a été soudainement offerte semblait dangereuse et pleine de piège. Grâce à la bonne éducation de mes parents, j’ai réussi à m’en sortir. Il y a de nombreuses raisons qui font que je hais mon paternel. Pourtant, avec les multiples activités qu’il me forçait à suivre, j’ai acquis un paquet de connaissance. J’ai du savoir faire pour énormément de choses et même si j’ai du mal à l’admettre… C’est grâce à lui.
La voix d’Ella me ramène à la réalité. « Excuses moi Ella, j’étais dans la lune, tu peux répéter ? » J’avais l’impression d’être un vieux papi à lui demander de recommencer sa phrase. Pourtant, je n’avais pas de problèmes d’audition… Non, juste un problème avec ma famille, juste un problème avec mon identité, juste un problème avec ce qui avait fait de moi ce que je suis aujourd’hui.
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Sujet: Re: Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose Ҩ Jeu 22 Mar - 20:56
Fernando était vraiment un type surprenant. Il n’était pas méchant. Simplement affreusement drôle. Enfantin. Adorable. Le genre de personne qui vous permet d’avoir un sourire béat. Qui vous rappelle combien la vie est belle. Combien un sourire peut illuminer les vies. Le genre de mec qui me conforte dans l’idée qu’il y a du bon en chacun de nous. « Hum, pour tout te dire j’avais sortir ce paquet de biscuit en prévision de mon retour de course. Je voulais me faire couler un bain pour regarder tranquillement les bronzés font du ski… C’est mon film préféré, c’est français. Et évidemment, un bain sans mes biscuits, c’est pas un bain » Son petit clin d’œil me fit comprendre que ce n’était pas une ânerie. Je lui souriais grandement. Moi j’avais tendance à le faire avec une tablette de chocolat. Je finissais toujours par me faire dégommer par ma mère. Mais, je continuais tout de même. « Je vois. T’avais prévu une soirée paisible en fait. » Je lui faisais un sourire compatissant tout en repensant à son film. Français avait-il dit ? Je n’étais pas très calée en culture française. Bien qu’ils avaient des actrices extraordinaires comme Marion Cotillard. Mais, c’était une langue et une culture que je connaissais peu. A mon plus grand regret. Du coup, je me demandais s’il était passionné, ou français. Après tout, ce n’était impossible, qu’il ait des origines françaises.
Enfin, je lui demandais s’il était ici depuis longtemps. L’absence de commérages à son sujet m’avait intrigué. « Non, enfin ça va, ça fait quand même à peu près deux ans et demi que je vis ici. Je m’y plais, Arrowsic est vraiment un endroit sympa ! Et toi alors ? » Deux ans et demi ? Eh bien ! Ma mère avait un train de retard. Ou rien à dire à son sujet. Mais, il avait du courage de débarquer ici. L’intégration n’était pas vraiment une valeur chère aux habitants d’Arrowsic. Beaucoup avait pu le constater. Y compris ceux qui étaient partis puis revenus. Bref. « J’aimerais bien dire que je viens d’un pays genre exotique mais, non, je suis née ici. Et j’ai pas bougé depuis. » Je riais légèrement. Rien de très spectaculaire en somme. C’est vrai que tout le monde semblait né ici. Être installé ici depuis des générations. Et c’était un peu ça.
J’avalais ses biscuits. Ça me calmait vraiment. Ça et ma curiosité. C’est vrai, s’il n’était pas d’ici… il était peut-être bien français. Qu’est-ce que j’en savais après tout. Autant lui poser la question. « Tu es d’origine française ? » Tourner autour du pot ? Pourquoi faire ? Ce n’était pas vraiment dans mes habitudes. Ça mes proches le savaient. Et ils me reprochaient souvent cette curiosité sans limites. Mes petites questions insignifiantes et pourtant tellement indiscrètes. Mais, ils avaient appris à faire avec. J’espérais que Fernando ne me trouverait pas trop curieuse. « Excuses moi Ella, j’étais dans la lune, tu peux répéter ? » Je riais légèrement. Ça ne m’étonnait pas. Il avait eu l’air distrait. Vraiment distrait. « Je te demandais simplement si tu avais des origines françaises. » Je lui faisais un large sourire avant de sursauter. Encore un coup de tonnerre. J’avais oublié le temps jusqu’ici. J’avais oublié que j’étais coincée dans un ascenseur. Fichue réalité.
Dernière édition par Ella B. Clarke le Ven 23 Mar - 22:42, édité 1 fois
DOUBLE-COMPTE : jona & louis. MESSAGES : 8067 ARRIVÉE : 07/03/2012 LOCALISATION : à l'hôpital.
Sujet: Re: Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose Ҩ Ven 23 Mar - 19:08
« Je vois. T’avais prévu une soirée paisible en fait. » C’est exactement ça, elle a tout compris. Il me prend l’envie parfois de me faire une petite soirée cocooning. Mon père doit surement se retourner dans sa tombe. Pour lui, un vrai mec c’est un gars qui boit des bières devant un match de football, qui bouffe des chips en faisant des miettes partout et surtout qui ne vit que pour ramener un paquet de fric à sa femme. L’homme qu’il rêvait que je sois est exactement à l’opposé de ce que j’ai envie d’être, de ce que je suis. Mon paternel avait un virulent dégoût pour les activités artistiques qu’il trouvait « réservées aux filles » et il méprisait le métier que je rêvais de faire. Pour lui, les médecins étaient en bas de l’échelle sociale. Et puis, l’idée de devoir toucher les gens le répugnait. « Ouais, c’est ça. Mais bon, c’est vrai que c’est beaucoup plus marrant de passer cette soirée ascenseur avec toi ». Je dis ça en ricanant à moitié et je lui tapote l’épaule amicalement. Elle comprend tout de suite que je ne suis pas sérieux, mais pourtant, cela me fait réellement plaisir de l’avoir rencontré. J’ai la confirmation de ce que je pensais, Ella vit à Arrowsic depuis toujours. Je pense que ça a ses bons et ses mauvais côtés de connaître tous les moindres recoins d’une ville. On sait de qui il faut se méfier, avec qui il faut sympathiser. Par contre, c’est vrai que ça peut aussi être plutôt ennuyeux. Toujours les mêmes personnes, toujours les mêmes journées. C’est ça, la vie d’une petite ville. Moi ça me convient. « J’t’emmènerai aux Bahamas un jour si tu veux ! » C’est sûr, elle va encore croire à une blague. C’est vrai que c’est une demi-blague, mais pas totalement. J’en serai capable, et faut dire que j’en ai les moyens. Je crois qu’un de ces jours je me prendrai des vacances et je ferai un petit tour, ça fait longtemps que je rêve de voyager… Seulement, je suis pas mal pris à cause de mon travail à l’hôpital.
Comme le vieux crouton que je ne suis pas, je suis obligé de la faire répéter, j’ai pas compris sa question. « Je te demandais simplement si tu avais des origines française. » Merde, elle s’intéresse un peu trop précisément à moi à mon goût. J’hésite, je marque une pause. Je vois qu’elle me dévisage, je parais certainement louche tout à coup. Ou peut-être que je suis juste parano. Oui, ça doit être ça, je suis parano. « Hum, non, je n’ai pas une goutte de sang français… Jouons aux devinettes, d’où crois-tu que je viens ? » Je m’aventure sur un terrain dangereux, mais je suis persuadé que je ne crains rien. Il faut simplement que je sois prudent dans mes réponses et surtout que mes mensonges paraissent le plus naturel possible.
Le ciel gronde. J’ai l’impression de transmettre au ciel la tension que je ressens en ce moment. Je garde le sourire, toujours, mais je suis crispé, je commence à avoir peur. Tout à coup, avec cette jeune fille curieuse, je me sens piégé.
Dernière édition par Fernando Gautier-Perez le Sam 24 Mar - 13:07, édité 1 fois
DOUBLE-COMPTE : Carlie. MESSAGES : 8680 ARRIVÉE : 07/09/2011 LOCALISATION : Dans le pays où on ne grandit jamais.
Sujet: Re: Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose Ҩ Ven 23 Mar - 23:15
Passer une petite soirée paisible. Bien tranquille. L’idée était tentante. Surtout dans la situation actuelle des choses. « Ouais, c’est ça. Mais bon, c’est vrai que c’est beaucoup plus marrant de passer cette soirée ascenseur avec toi » Il me tapa légèrement l’épaule en ricanant. Heureusement qu’il n’était pas sérieux. Imaginer, un mec qui adore être pris au piège par une boite métallique. Fallait être fou quand même. Et même si j’étais ravie de l’avoir rencontrer je me serais bien passé d’être bloquée ici. J’aurais voulu le rencontrer dans d’autres circonstances en fait. Mais, c’était une belle rencontre. Je ne pouvais pas le nier. Bien au contraire.
Bref, je venais de lui dire que j’étais originaire de cette petite ville. Ça n’avait rien d’extraordinaire. Mais, ça me convenait. Même si parfois je rêvais de mieux. Je rêvais d’autre chose. Même si parfois j’étouffais. J’étais bien ici. C’était mes racines. «J’t’emmènerai aux Bahamas un jour si tu veux ! » Je ne pouvais m’empêcher de rire. C’est vrai que j’aimerais aller aux Bahamas. Voyager. Découvrir le monde. Et plus particulièrement l’Europe. Si l’idée était réalisable, ça serait vraiment bien. Mais, ce n’était qu’une blague. « Pas de problème, même si tu me préviens cinq minutes avant, je te suis. » Je riais. Même si c’était un peu vrai. Si on me prévenait cinq minutes avant… j’étais prête à partir. Ouais, non, bon d’accord. Ce n’était que de la théorie. Surtout que pour le moment je n’étais pas libre de mes mouvements. Loin de là. J’avais encore papa et maman. Et puis, peut-être que j’étais trop responsable pour partir comme ça. Quelle importance de toute façon ? Ce n’était rien d’autre qu’une blague.
Je lui répétais ma question. Je voulais connaître ses origines. Mais, il marqua une petite pause. Comme si ça demandait réflexion. A moins qu’il n’ait pas entendu ? Pas compris ? Ou alors il ne voulait, tout simplement, pas en parler ? Je n’en savais rien. Je le regardais curieuse. Et intriguée. Surtout intriguée en fait. Le pauvre, il doit avoir l’impression que je le dévisage. Faut que j’arrête. « Hum, non, je n’ai pas une goutte de sang français… Jouons aux devinettes, d’où crois-tu que je viens ? » Il n’était pas français. Bon je m’étais trompée. Mais, j’allais me rattraper. Parce que j’adorais le jeu des devinettes. Et j’étais toujours frustrée quand je ne trouvais pas. « Hum je dirais que tu viens d’Europe. Un pays assez lié à la France pour que tu connaisses la culture. J’aurais bien dit l’Espagne mais… t’as pas l’air très Espagnol. Anglais encore moins. Et pas Allemand non plus. Enfin, je crois pas, t’as pas les accents en tout cas.Surtout pas l'accent Allemand. Donc je dirais un pays frontalier. Vu ton charme et ta façon de parler j’aurais tendance à dire Italien, simplement à cause de leur réputation mais, tu parles pas assez avec les mains (…) La Belgique peut-être ? Après tout son super proche de la France non ? À moins que tu sois un Corse qui ne se considère pas Français ? Ou un Suisse ? Mais, on m’a toujours dit que les Suisses parlaient lentement. » Comment ça ? Oui, mon cerveau fusait à deux mille à l’heure. Je faisais au moins une proposition toutes les trois secondes. Dès que je finissais une phrase c’était pour en reprendre une autre. « Enfin tu vois, ce ne sont que des suppositions basées sur des stéréotypes bidons. » Parce que oui. Tous les Italiens ne parlaient pas avec les mains. Tous les Espagnols n’avaient pas la joie de vivre. Tous les Suisses ne parlaient lentement. Mais, je sais pas. Je m’étais basée là-dessus pour essayer de trouver. En tout cas, j’espérais ne pas avoir oublié de pays frontalier à la France.
En fait, dans tout ça, j’avais oublié notre situation. Trop concentrée sur ma géographie. Et pourtant, c’était comme si mon débit de parole avec coupé l’électricité. Oui, notre chère ampoule venait de nous lâcher. Trop cool.
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Sujet: Re: Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose Ҩ Sam 24 Mar - 13:07
« Pas de problème, même si tu me préviens cinq minutes avant, je te suis. » J’avais envie de la prendre au mot. Mais je savais très bien que ce n’était pas aussi simple… Surtout pour une jeune fille de son âge. Je ne tenais pas à passer pour un pédophile en enlevant une fille - certes très sympa - plus jeune que moi. « On part quand on sort de ce fichu ascenseur ? Tu préfères qu’on aille où ? Je t’emmène au bout du monde si tu veux ! » Je lui fais un clin d’œil, je souris, j’me marre.
« Hum je dirais que tu viens d’Europe. Un pays assez lié à la France pour que tu connaisses la culture. J’aurais bien dit l’Espagne mais… t’as pas l’air très Espagnol. Anglais encore moins. Et pas Allemand non plus. Enfin, je crois pas, t’as pas les accents en tout cas.Surtout pas l'accent Allemand. Donc je dirais un pays frontalier. Vu ton charme et ta façon de parler j’aurais tendance à dire Italien, simplement à cause de leur réputation mais, tu parles pas assez avec les mains (…) La Belgique peut-être ? Après tout son super proche de la France non ? À moins que tu sois un Corse qui ne se considère pas Français ? Ou un Suisse ? Mais, on m’a toujours dit que les Suisses parlaient lentement. » Je ris lorsqu’elle dit que je n’ai pas l’air trop espagnol. Je m’appelle Fernando, c’est dur de faire plus hispanique comme prénom… Elle cite tous les pays dont je connais les langues, mais je frémis quand elle cite la Suisse. Je n’aurai jamais imaginé que ses soupçons se porteraient sur ce petit pays. Je ne pensais même pas que les gens connaissaient ce pays ici. Je retourne les choses dans ma tête. Je ne peux pas dire que je viens de Suisse, mais comment explique ma connaissance de la culture française ? J’ai foiré, je me suis grillé tout seul… « Enfin tu vois, ce ne sont que des suppositions basées sur des stéréotypes bidons. » C’est pas faux. Elle avait peint les clishés de chaque pays européen. Surtout que la plupart ne sont pas réel. Pour ne pas changer mes habitudes, je vais servir le mensonge habituel. « Etonnament peut-être, je suis espagnol. Mais je connais les langues et les cultures d’à peu près tous les pays européens et je suis déjà aller dans tous ceux que tu as cité. »
Je m’apprête continuer à défendre mon mensonge lorsqu’un énorme bruit de tonnerre fait trembler toute la cage métallique. La petite ampoule pète instantanément. Un petit cri étouffé s’échappe de ma bouche alors que nous nous retrouvons dans le noir. Instinctivement, je m’approche d’elle et je lui prends la main. Elle tremble.
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Sujet: Re: Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose Ҩ Sam 31 Mar - 19:38
Ce mec me faisait rire. Mais, genre vraiment. Ce n’était pas du genre vieux lourd à profiter de la situation. Il me rassurait avec ses bêtises permanentes. « On part quand on sort de ce fichu ascenseur ? Tu préfères qu’on aille où ? Je t’emmène au bout du monde si tu veux ! » Il me fit un clin d’œil. Muni d’un petit sourire. Je ne pouvais que l’imiter. Ça pourrait être très drôle de partir en road trip. Comme ça d’un coup. A l’autre bout du monde. Sans se poser de question. Très drôle. Mais, totalement impossible. Pourtant, je me permettais de rêver. « Les Maldives, t’en penses quoi ? » Je rêvais de la plage. Du soleil. Des cocotiers. Des soirées. Mais, je ne faisais que rêver. Et puis tout ça, c’était bien pour les vacances. Pas pour y vivre. « Ou alors, faire le tour du monde, pas besoin de choisir comme ça. » et c’était tellement un de mes rêves de gamine. En plus de mon sourire, j’avais maintenant des étoiles dans les yeux. Bah bien. Fallait vraiment que je redescende sur terre.
Je lui avançais toutes mes théories foireuses sur ses origines. Je ne me basais que sur des stéréotypes. Et j’avais certainement tout faux. Sur toute la ligne. Mais, peu importe. S’il fallait citer tous les pays pour savoir, je le ferais. Ma curiosité n’avait pas vraiment de limite. Je ne me basais pas à son prénom. Non parce qu’Ella, c’est Grec et/ou Germanique… alors que j'étais américaine pure souche. Et puis fallait voir au lycée… à force, les prénoms ne représentaient même plus une origine. Puis, voilà. Je trouve qu’il ne fait pas très Espagnol. Sans aucun doute parce que je me basais sur mes stéréotypes. « Étonnamment peut-être, je suis espagnol. Mais je connais les langues et les cultures d’à peu près tous les pays européens et je suis déjà aller dans tous ceux que tu as cité. » Surprise. Impressionnée. Admirative. Je ne savais plus quel adjectif choisir. Je rêvais de parler tout un tas de langues. De connaître la culture de chaque pays. D’aller chaque pays. Pas seulement ceux citer hein. Mais, notamment ceux-là. J’avais souvent envie de découvrir le monde. De voir si mon Amérique natale était vraiment le lieu où tous les rêves sont permis. J’avais envie de voir plus loin que mon nombril. Pour assouvir ma curiosité, sans aucun doute.
Je m’apprêtais à lui poser plein de questions. Des tonnes et des tonnes. A user ma salive. Mais, l’ampoule au-dessus de notre tête claque. Laissant l’obscurité prendre place dans des cris étouffés. Je commençais à trembler. Là, ça ne me faisait pas rire du tout. Plus jamais je ne prendrais un ascenseur. Si je sortais de là un jour toutefois. Fernando s’approcha de moi. Sa main rassurant se posa sur la mienne. Je tremblais comme une feuille. Je ne parlais même plus. Je me contentais de m’exciter une nouvelle fois sur ce portable. Utile franchement. « Putain ! Comme si c’était pas assez flippant d’être coincé ici. » Rester calme ? Ah ouais là non. Pas du tout possible. Je laissais place à la panique.
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Sujet: Re: Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose Ҩ Mer 4 Avr - 21:17
Pétrifié, sans voix. Telle est ma première réaction. Je m'empêche de trembler. L'un de nous deux doit se montrer courageux. Je me sens responsable d'Ella, je dois veiller sur elle. « Putain ! Comme si c’était pas assez flippant d’être coincé ici. » dit-elle avec une voix qui trahit sa peur. Je ressert ma prise sur sa frêle main. Ça n'aide sûrement pas, mais bon, je ne sais pas quoi faire d'autre. « C'est un mauvais moment à passer Ella, mais ne t'inquiètes pas, on va bientôt sortir d'ici. » je dis ça sans trop y croire. En fait, je sais que tant qu'il n'y a pas d'électricité, il n'y a aucune chance que nous sortions. En plus, cet immeuble n'abrite pratiquement que des couples de vieux et des familles en bas âge. À part la copine d'Ella, il n'y a pas tellement de jeune. Ce qui signifie que personne ne risque de sortir ce soir, surtout avec ce temps, et donc par conséquent, personne ne va remarquer la panne de l'ascenseur. Bien sur, je me garde bien de faire part de mes craintes à la jeune fille à mes côtés, elle est déjà bien assez terrorisé...
Parler, c'est peut être la meilleure chose à faire. Briser ce silence qui nous dévore, qui nous terrorise, qui renforce notre solitude. « Quel est ton plus grand rêve Ella ? » J'ai réellement très envie de le savoir, connaître ce qui pourrait se cacher dans la tête d'une jeune fille, ses espérances, ses rêves. À son âge, je n'avais pas cette occasion de me laisser à rêver, de faire mes choix d'avenir. Mon père l'avait déjà fait pour moi. Ce que j'aurai souhaité faire, j'ai pu le réaliser à l'heure actuel, mais et à présent ?
Spoiler:
Desolee c'est un peu court, je ferai mieux la prochaine fois
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Sujet: Re: Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose Ҩ Jeu 5 Avr - 15:17
Fernando resserre sa main sur la mienne. Ça me rassure un peu. Dans le sens où il est là. Où je ne suis pas seule au monde. Mais, je ne peux pas nier que j’ai la trouille. « C'est un mauvais moment à passer Ella, mais ne t'inquiètes pas, on va bientôt sortir d'ici. » ça je l’espérais de tout cœur. Je n’avais pas envie de rester là. Je voulais sortir au plus vite. Sentir l’air humide. Voir les éclairs déchirer le ciel. Je voulais me glisser sous ma couette. Mais, n’avait-il pas dit ça, uniquement pour le rassurer ? Sûrement. Mais, je voulais y croire. Je restais bercé par cette douce illusion. Ashton aurait certainement envie de m’arracher la tête. Il serait le premier à me dire nous sommes coincés. Nous ne sortirons pas de sitôt. Mais, je voulais être optimiste. Qu’un évènement ou un autre nous fasse sortir d’ici. Oui, j’espérais. « J’espère que tu as raison. » soufflais-je en tentant de réguler ma respiration. Je n’aimais pas paniquer ainsi. Sentir mon souffle s’accélérer. Ça n’arrangeait pas les choses.
Le silence qui pesait. Voilà ce qui rendait la situation plus effrayante. J’étais perdue dans mes pensées. Enfoncée dans mes craintes. Le silence me dépassait. Je me mettais à imaginer des tas de scénarios. Je me mettais à penser qu’on risquait de passer la nuit ici. Et sans même m’en rendre compte, je me suis mise à trembler. Encore. « Quel est ton plus grand rêve Ella ? » Je tournais mon regard vers lui. Même si je ne vois rien. Il m’avait littéralement sorti de mes pensées. Comme s’il savait que j’angoissais. Je lui en étais reconnaissante. Bien que surprise par la question. Néanmoins, j’avais répondu dans a seconde. Comme ça. Sans prendre le temps de réfléchir. « Je veux devenir championne de natation synchronisée. » C’était une telle évidence pour moi. C’était mon plus beau, plus grand, plus vieux rêve. C’était celui pour lequel je vivais. Je me donnais à fond pour ça. Mais, ce n’était peut-être pas ce que Fernando s’attendait à entendre. « Tu t’attendais à entendre autres choses, hein ? » Je souris. Même s’il ne voit pas, je souris. « J’en fais depuis que je suis toute petite. C’est plus qu’une passion. En fait, à force c’est devenu une façon de vivre, tu vois ? Je fais beaucoup de choses en fonction ça mais, ce n’est pas une contrainte, c’est mon plaisir. » Je ne savais pas trop s’il comprenait. Sans même le savoir, Fernando avait abordé le sujet que je préférais. Celui-ci sur lequel je pouvais parler durant des heures. Parce que c’était ma passion. Beaucoup disait que je gâcher ma jeunesse. Que je brisais ma vie. Que je me donnais trop. Mais, ce n’était pas mon avis. C’était simplement la vie que je voulais. Dans l’eau, je n’étais pas Ella, l’adolescente naïve. Je n’étais pas aussi insignifiante. Je me sentais libre. C’était mon plaisir personnel. Et peut-être que devenir championne, c’était une forme d’égoïsme. Peut-être. Peut-être pas. Toujours est-il que je n’avais pas l’intention de renoncer.
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Sujet: Re: Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose Ҩ Ven 6 Avr - 19:59
J'utilise ma seule main libre pour jouer avec mes clés. J'ai un petit porte clé bleu ciel, une petite bille en fait. Cadeau de ma chère mère, créé par elle, je ne m'en séparerai jamais. L'avoir entre mes doigts, le faire rouler, glisser, ça me rassure. J'ai l'impression qu'elle est là, qu'elle pense à moi. À vrai dire je ne sais même pas si elle est encore vivante. Cette absence me tue à petit feu. J'ai tellement besoin de ma mère. Ça a toujours été le seul membre de ma famille sur qui je pouvais compter, mon seul repère. Je l'ai quitté bien trop jeune. J'ai beau avoir 21 ans aujourd'hui, je me sens encore comme ce jeune homme de 18 ans qui a du fuir loin de chez lui, qui s'est retrouvé seul, livré à lui même.
« Je veux devenir championne de natation synchronisée. » Voilà une réponse à laquelle je ne m'attendais pas et qui chasse mes soucis de ma tête. Ella attise ma curiosité. Je ne l'imaginais pas sportive, ou alors peut être du genre chearleader. Comme quoi, les préjugés... Comme elle tout a leur à propos de mes origines au fond. « Tu t’attendais à entendre autres choses, hein ? » Ouais, en effet. J'acquiesse. Pendant un instant j'oublie que nous sommes dans le noir et qu'elle ne me voit pas. Mon silence n'a pas l'air de la stopper, elle continue. « J’en fais depuis que je suis toute petite. C’est plus qu’une passion. En fait, à force c’est devenu une façon de vivre, tu vois ? Je fais beaucoup de choses en fonction ça mais, ce n’est pas une contrainte, c’est mon plaisir. » Si je vois ? Non je ne vois pas. Il n'y a aucun moyen que je la comprenne. Pourtant, en cet instant précis, j'éprouve une profonde jalousie. Un profond mal être en pensant à tout ce que j'ai eu, à tout ce qui ne m'a jamais inspirer ce qu'elle décrit. « Je... » La suite ne suit pas. Elle a mis le doigt sans le savoir sur l'un de mes plus gros complexes. J'ai du mal à déglutir et à formuler ma phrase dans ma tête. « Je ne sais pas si tu réalises à quel point tu es chanceuse d'avoir quelque chose qui te passionne autant, une raison de vivre en quelque sorte... J'ai beau avoir fait du football, du tennis, du karaté, appris six langues, la gestion d'entreprise et tout un tas de truc, rien ne m'a passionné comme ça. Aujourd'hui, il y a bien la peinture, mais... Je crois qu'étant enfant j'aurai préféré ne pas être façonné en copie conforme de mon père. »
C'était ça, le complexe de ma vie. Jusqu'à l'âge de 18 ans, je n'étais qu'une marionnette, un robot. Ce n'est qu'à ce moment la que j'ai commencé à vivre, à faire mes choix. C'était comme une renaissance, le début d'une autre histoire. L'histoire de Fernando Gautier-Pérez, pas David. Non Fernando, le nom choisit par ma mère, celui qui me semble le plus légitime. Aujourd'hui, je me cherche encore, parce que la vérité c'est que je ne me suis pas encore trouvé.
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Sujet: Re: Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose Ҩ Sam 7 Avr - 17:13
Parler de ma passion. C’était une chose que je faisais avec aisance. Et fierté. Parce que oui, j’étais fière de moi. Fière de mes compétences sportives. C’était quelque chose qui me permettait d’avoir confiance. J’avais encore plein de chance à apprendre. Je n’étais pas la meilleure. Je donnais simplement tout ce que je pouvais. Je voulais toujours progresser. Pour être la meilleure justement. « Je... » Je le regardais. Attendant la suite de la phrase qui ne vient pas tout de suite. Pourquoi ? Je ne sais pas. Peut-être que j’avais dit quelque chose qu’il ne fallait pas. Ou alors, peut –être qu’il se sentait mal. Je chassais cette dernière pensée de mon esprit. J’espérais que non. Parce que je serais bien incapable de lui venir en aide. Je paniquerai comme une idiote. Je me connais.
Finalement, la suite vient. « Je ne sais pas si tu réalises à quel point tu es chanceuse d'avoir quelque chose qui te passionne autant, une raison de vivre en quelque sorte... J'ai beau avoir fait du football, du tennis, du karaté, appris six langues, la gestion d'entreprise et tout un tas de truc, rien ne m'a passionné comme ça. Aujourd'hui, il y a bien la peinture, mais... Je crois qu'étant enfant j'aurai préféré ne pas être façonné en copie conforme de mon père. » Alors c’était là, le problème ? Il n’avait pas eu cette chance ? Je comprenais ce qu’il pouvait ressentir. Ou du moins, j’essayais. Parce que je savais que sans ma passion, je ne serais pas la même. Que ma vie serait un peu trop fade. Un peu trop terne. Je savais que, psychologiquement, j’aurais plus de mal. Sans la natation, je n’avais pas de moyen de m’extérioriser. De me dépasser. Alors, oui, je mesurais la chance que j’avais.
J’inspirais grandement. « Mes parents pensaient que j’allais abandonner au bout de trois séances. » Je souriais, même s’il ne pouvait pas le voir. Mes parents avaient vite compris que non. Que j’étais faite pour ça. Et aujourd’hui, même si ma mère en avait marre, ils me laissaient pratiquer ma passion. « Mais, peu importe. Je sais que c’est une chance et ne voudrais pas de ma vie sans. Cependant, je crois qu’il n’est jamais trop tard pour trouver sa passion. » Je le regardais, oubliant l’obscurité. « Je veux dire, ce n’est pas parce que tu as été privé de ce bonheur étant jeune que tu dois t’en priver maintenant. Il suffit de se donner à fond, et de relâcher dans ta peinture tout ce que tu gardes en toi depuis si longtemps. Enfin, moi je vois les choses comme ça. » Ouais, ça n’engageait que moi. Mais, s’il avait été à l’image de son père étant jeune maintenant, il pouvait se libérer de ses chaînes. Découvrir la liberté. Traduire sa souffrance dans l’art. « Et puis tu sais, je t’envie. J’aimerai beaucoup savoir parler six langues. » Je riais légèrement. N’empêche que c’était vrai. Je ne parlais pas beaucoup de langues. J’avais des notions. Je ne savais pas les parler couramment. Mes excellentes notes en cours n’indiquaient rien d’autre qu’une bonne notion de la langue. Pas de quoi vivre dans un autre pays. Pas de quoi tenir une conversation importante.
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Sujet: Re: Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose Ҩ Dim 8 Avr - 0:58
Être coincé dans un asensceur, oublier l'obscurité, raconter son histoire. J'amène le sujet et c'est alors que la petite voix pleine d'espoir d'Ella me berce et me donne confiance. J'ai du mal à croire que les rêves sont une bonne chose. Parce que pour moi, ils sont absolument irréalisables. Seulement, je suis dans le faux. Les rêves, ce soir Ella me prouve qu'ils sont réels et qu'ils sont la clé du bonheur. Cette jeune adolescente à mes côtés semble plus épanouie que je ne l'ai jamais été. Ça me fait sourrir, pour elle.
« Mes parents pensaient que j’allais abandonner au bout de trois séances. » Au moins ils l'ont laissé commencer, c'est ce que je me dis. « Mais, peu importe. Je sais que c’est une chance et ne voudrais pas de ma vie sans. Cependant, je crois qu’il n’est jamais trop tard pour trouver sa passion. » Ma passion, je l'ai trouvée, certes mais il me reste tellement de choses que j'aurai voulu faire, tellement de choses qu'il serait inimaginable de tenter. « Je veux dire, ce n’est pas parce que tu as été privé de ce bonheur étant jeune que tu dois t’en priver maintenant. Il suffit de se donner à fond, et de relâcher dans ta peinture tout ce que tu gardes en toi depuis si longtemps. Enfin, moi je vois les choses comme ça. » Elle a raison. En fait, je crois que j'ai encore peur de mon père. Il a beau être parti, c'est comme si je sentais son regard désapprobateur à chaque fois que je fais mon travail à l'hôpital, à chaque fois que je pose une goutte de peinture sur une toile. Mon père aurait détester ça et parfois je me demande si je le fais justement pour cette raison la ou alors parce que j'aime vraiment ça. Je penche tout de même pour la deuxième solution. « Tu as raison Ella. C'est juste qu'il y a tellement de choses qui pourraient me plaire. Il y a tellement de choses que j'aurai tenté s'il m'en avait laissé le choix. Lorsque j'étais petit, ma grand-mère me faisait écouté de la musique classique. J'ai directement été fasciné par le violon. Pour moi c'est un instrument magique. Lorsque j'ai parlé à mon père de mon désir de commencer à en jouer, il s'est bien moquer de moi. Selon lui, c'est pour les mauviette la musique. » Soudainement je me tais. J'ai peur qu'elle aussi, se moque de moi. Je n'avais jamais avoué ça a personne. Pas même à ma mère qui n'était pas la ce jour là et à qui mon père n'en avait sûrement pas parlé.
Je me sens trop vieux pour commencer à jouer d'un instrument aussi compliqué. Je n'ai pas envie de m'attarder sur le sujet. Je ne continue pas. « Et puis tu sais, je t’envie. J’aimerai beaucoup savoir parler six langues. » Je me permets de rire. C'est vrai que pour la plupart des gens c'est assez exceptionnel de parler six langues. Moi, ça ne me fait ni chaud ni froid, je trouve ça très inutile même. « oh tu sais... Quel est l'utilité de parler six langues si je n'ai personne avec qui les parler ? »
L'ampoule clignote. J'ai le temps d'apercevoir Ella qui sursaute. On dirait que l'électricité revient. L'ampoule s'éteint à nouveau, faux espoir. Je soupire longuement.
DOUBLE-COMPTE : Carlie. MESSAGES : 8680 ARRIVÉE : 07/09/2011 LOCALISATION : Dans le pays où on ne grandit jamais.
Sujet: Re: Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose Ҩ Dim 8 Avr - 16:19
Je suis comme certaine que Fernando n'ose pas. Que la figure paternel et son avis s'impose à lui comme une évidence. Qu'il recule avant même d'avoir avancé. Parce que nous sommes tous comme ça. Nous avons tous quelqu'un qui nous supervisent. Quelqu'un pour diriger nos pensées et nos actes. Souvent ce sont les parents. Parfois les grands frères. Peu importe, ça ne change pas grand-chose. Nous avons tous quelqu'un pour nous orienter. Mais, il arrive que cette personne soit trop présente. Qu'on se sente étouffer. Alors, s'émanciper demande bien plus de courage. Comme pour Fernando. Enfin, je pense, j'imagine. Je ne le connais pas plus que ça. « Tu as raison Ella. C'est juste qu'il y a tellement de choses qui pourraient me plaire. Il y a tellement de choses que j'aurai tenté s'il m'en avait laissé le choix. Lorsque j'étais petit, ma grand-mère me faisait écouté de la musique classique. J'ai directement été fasciné par le violon. Pour moi c'est un instrument magique. Lorsque j'ai parlé à mon père de mon désir de commencer à en jouer, il s'est bien moquer de moi. Selon lui, c'est pour les mauviette la musique. » Je serais sa main un peu plus fort. Comme pour lui dire que je comprenais. Et que c'était affreux de se moquer de ça. Que son père n'avait pas été à la hauteur. « Il n'est pas trop tard pour commencer tu sais ? Je crois qu'il ne faut laisser rien ni personne se mettre en travers d'un rêve. » C'était sûrement un peu naïf. Tout comme ma façon de penser. Mais, je savais qu'un rêve était précieux. Que les remords d'un rêve balayé détruisaient n'importe qui. Un rêve, ça ne pouvait pas s'abandonner pour moi. C'était la source de l'espoir. La source de la vie. La base du bonheur.
Je lui expliquais que moi, j'aimerais beaucoup parer six langues. Ça ouvrait beaucoup de porte. Ça incitait à voyager. Je trouvais ça toujours plus intéressant que de rester ficher à sa culture. Peut-être parce que j'étais curieuse. Peut-être parce que j'aimais apprendre. Mais, j'aurai vraiment voulu avoir ce petit plus. Il ria légèrement. « oh tu sais... Quel est l'utilité de parler six langues si je n'ai personne avec qui les parler ? » Eh bah justement. Voyager. Trouver des personnes avec qui parler cette langue. Ne pas se retrouver comme un touriste débile. Ou alors, trouver un emploi dans le domaine linguistique. Pouvoir vivre ailleurs. Prendre ses marques n'importe où. Il y avait tout un tas de possibilités. Pour un peu, j'avais presque envie de lui citer du Montaigne. Mais, j'allais m'abstenir. « Eh bah dans d'autres pays. C'est cool de pouvoir voyager en s'ouvrant les autres. Et puis tu peux travailler dans les langues après... » L'ampoule qui clignota me fit perdre ma phrase dans un sursaut. L'espace d'une seconde j'avais espéré le retour de l'électricité. Mais, rien. Le noir complet. « J'ai cru un instant que la lumière allait revenir » soufflais-je. Nous n'avions décidément pas de chance ce soir.
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Sujet: Re: Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose Ҩ Lun 9 Avr - 20:28
Le violon, un rêve in atteignable pour moi. « Il n'est pas trop tard pour commencer tu sais ? Je crois qu'il ne faut laisser rien ni personne se mettre en travers d'un rêve. » Je suis peut-être buté, peut-être que j'ai trop vite perdu l'espoir mais pour moi, oui, c'est trop tard. « Je pense que oui, il m'a gaché cette chance. Aujourd'hui, je suis complètement débordé entre mon métier et la peinture, je n'ai plus le temps... Et je ne suis pas prêt à abandonner quoi que ce soit, ces choses, je peux enfin les faire, je ne vais pas tout gâcher juste pour de la... Musique. » Je dis ça avec un tel dégoût, comme si je n'ai aucune estime pour la musique. C'est faux, c'est parce que je pensais à mon paternel en disant ça. Il me dégoute, je le déteste, même d'entre les morts.
J'ai beau m'en plaindre, apprendre les langues m'avait plutôt bien servi dans ma courte vie. Mon arrivée à Arrowsic avait d'ailleurs été plutôt facile. Venir d'Europe en étant quasiment bilingue ça aidait beaucoup. Je n'ai eu aucune peine à m'intégrer et à me faire des amis grâce à ça. « Eh bah dans d'autres pays. C'est cool de pouvoir voyager en s'ouvrant les autres. Et puis tu peux travailler dans les langues après... » Oui, c'est vrai. C'est exactement ça ! C'est vrai que j'aimerais bien parcourir le monde, aller dans des endroits où je ne suis jamais allé. Le truc, c'est que j'ai trop peur de m'approcher du continent européen, trop peur qu'on me retrouve. Même si ma vie n'est pas idéale, je préfère toujours ça a la mort. « Oui, tu as raison. Mais puisque c'est ce qu'aurait voulu mon père, j'ai tendance à m'en éloigner. » C'est à demi vrai. J'aimerais voyager, mais évidemment pas comme mon père voyait "le voyage". Pas de business class, pas de smoking et Pc portable dans l'avion, pas d'attaché case qui me suit partout. Pour moi, un voyage c'est un slip de rechange dans la poche et c'est parti pour l'aventure. J'aimerais aller en Australie, délirer avec les kangourous.
La lumière, source d'espoir, image positive, métaphoriquement parlant cela signifie la clarté, la pureté. Dans notre cas, ça signifie la délivrance. C'est fou comme un simple scintillement peut nous redonner espoir. « J'ai cru un instant que la lumière allait revenir » C'est sur, quelle désillusion. « Pareil, j'ai cru que j'aurai enfin mon bain chaud. Finalement, ce sera pas ce soir le supermarché ! Ça doit déjà être fermé à l'heure qu'il est. » Tout à coup, il n'y a plus un bruit. Je réalise alors que ça fait plusieurs minutes que l'on a plus entendu le ciel gronder. L'orage semble s'être éloigné, ce qui est plutôt bon signe. Je commence réellement à avoir l'impression d'être piegé dans cet ascenseur, à parler de la personne que je hais le plus au monde. J'ai hâte de sortir de me changer les idées. Ella est gentille, et je ne peux pas lui en vouloir de poser des questions, c'est juste que c'est pas le genre de sujet que j'aime aborder. Mais en fait, c'est moi qui est con, c'est moi qui a mis mon père sur le tapis. J'aurai mieux faire de me taire, de ne pas me plaindre avec mes histoires de langues, de violon et d'enfance merdique. Je connais bien l'expression qui dit qu'il faut tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler. Ben des fois, je devrais l'appliquer.
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Sujet: Re: Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose Ҩ Mar 10 Avr - 23:03
C'est fou comme les gens perdent facilement leur rêve de vue. C'est comme si avant même d'y croire, ils abandonnaient. Bercer par cette croyance que tout est impossible. Que le merveilleux n'est pas. Que tout est censé et raisonné. Que nous sommes voués à l'échec. Je crois que Fernando était comme ça. Il avait fini par oublier de rêver. Par oublier d'y croire. « Je pense que oui, il m'a gaché cette chance. Aujourd'hui, je suis complètement débordé entre mon métier et la peinture, je n'ai plus le temps... Et je ne suis pas prêt à abandonner quoi que ce soit, ces choses, je peux enfin les faire, je ne vais pas tout gâcher juste pour de la... Musique. » C'était fou d'entendre la façon dont il avait prononcé « musique ». Comme si ça le dégoûtait. J'étais certaine que ce qui le dégoûtait outre mesure, c'était d'avoir dû abandonner. D'avoir faibli face à une figure paternelle trop imposante. Je hausse les épaules. Persuadée qu'il est trop têtu pour changer d'avis aussi facilement.
Malgré ça, Fernando a eu la chance d'apprendre six langues. Six. Ça on peut dire que c'est une chance. Rien que pour voyager. « Oui, tu as raison. Mais puisque c'est ce qu'aurait voulu mon père, j'ai tendance à m'en éloigner. » Encore son père ? Je hausse vaguement la tête. Son père ne devait pas être commode. En fait, je me faisais une image de cet homme sans le connaître. « Et il est où ton père actuellement ? » En fait je demandais ça pour savoir s'il avait encore une influence sur sa vie. S'il pouvait encore manipuler son fils de la sorte. J'espérais sincèrement que non. Pour Fernando.
L'ampoule au-dessus de nos têtes se met à sauter. Il n'en faut pas plus pour allumer une stupide flamme d'espoir. Flamme qui s'éteint aussitôt. En tout cas, je ne suis pas la seule à avoir espéré dans le vent. « Pareil, j'ai cru que j'aurai enfin mon bain chaud. Finalement, ce sera pas ce soir le supermarché ! Ça doit déjà être fermé à l'heure qu'il est. » Je ris. C'est vrai qu'il est un peu tard. Et franchement, je n'avais qu'une hâte me glisser dans mes draps. Tant pis pour le reste. Tant pis pour le fichu programme de la soirée. Là, j'avais hâte d'être chez moi. « Si tu tiens vraiment à y aller, le gérant du supermarché surveille jusqu'à une heure du matin. Tu peux toujours essayer de négocier. » Je ris. Ma mère le connaissait bien. Quand j'étais petite, il parait qu'elle allait souvent acheter des couches à vingt-trois heures. Enfin, il la connaissait bien aussi. « Mais, je crois que tu seras mieux dans ton bain. Et moi sous ma couette, plutôt que devant mon bureau à terminer une disert. » Rien que de penser à ma disert, je suis fatiguée. Le sujet est cool mais, pas ce soir. Ce soir je voulais ma couette. Je voulais le réseau. Je voulais un message de bonne nuit de mon chéri. Mais, non, je ne voulais pas de disert.
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Sujet: Re: Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose Ҩ Mer 11 Avr - 19:09
Tout à coup et à force de parler, je remarque que ma gorge est totalement asséchée. J'ai soif, vraiment. Ça risque d'être difficile de tenir une heure de plus bloqué dans cet ascenseur. J'ai envie de sortir, vraiment. Je ne suis pas claustrophobe mais j'ai l'impression que je pourrais le devenir si cette mauvaise expérience se prolonge. « Si tu tiens vraiment à y aller, le gérant du supermarché surveille jusqu'à une heure du matin. Tu peux toujours essayer de négocier. » Ouais, non pas vraiment. Je préfère nettement l'option bain. J'ai déjà passé beaucoup trop de temps hors de chez moi. Ma seule envie actuellement: rentrer chez moi. « Mais, je crois que tu seras mieux dans ton bain. Et moi sous ma couette, plutôt que devant mon bureau à terminer une disert. » La pauvre, c'est vrai qu'elle a l'école. Je me souviens, quand moi aussi j'étais à l'école et que j'avais des tonnes de devoirs. Inutile de dire que ça ne me manque pas du tout. « On a eu assez d'émotion pour ce soir je pense, vaut mieux se contenter d'un bon lit douillet et d'un bain chaud. » malgré le noir, j'étais sur qu'Ella acquiesçait mes dires.
Mon père, mon cher père. Si je devais le définir en un mot ce serait "pouvoir", mais au sens le plus négatif du terme. Le pouvoir du dictateur, celui qui controle le peuple, celui qui hôte toute chance à son adversaire. Quelques fois, je me demande comment il a pu être tué, comment quelqu'un a pu, une fois dans sa vie, être plus fort que lui. Je suis prêt à parier que si il avait été dans ma situation, il n'aurait pas fui. Non, monsieur est bien trop supérieur pour fuir comme un lâche, monsieur est le roi du monde. Si il y a bien une chose que je me suis toujours demandé c'est comment ma mère, cette femme si douce et si parfaite, à pu se marier, aimer, vivre avec un type aussi pourri ? Je n'aurai jamais la réponse à cette question. Quand Ella me demande « Et il est où ton père actuellement ? », la réponse semble évidente à mes yeux. « Il est mort, assassiné » dis-je victorieux.
Il ne faut pas plus d'une seconde pour que je réalise quelle bourde je viens de faire. J'ai laissé ma haine guider mes paroles et je n'ai pas été prudent. J'aurai pu, j'aurai du mentir, mais non. Parfois, la vérité est plus forte que tout. Je ne sais pas comment rattraper ça, comment effacer ça. Si je pouvais avoir un pouvoir magique la tout de suite, ce serait d'effacer la mémoire des gens. Ella n'aurait jamais du savoir ça. Un silence s'installe. J'essaye de réfléchir, vite. Je m'apprête à dire quelque chose quand... Un bruit de moteur qui démarre se fait entendre. La lumière s'allume, pour de bon cette fois. Je lis de l'incompréhension dans le regard d'Ella. L'ascenseur qui bouge lui répond pour moi. On va sortir. Les numéros défilent enfin, le zéro s'affiche. Pour le coup, c'était comme si le destin m'avait sauvé. « Enfin...» Les portes s'ouvrent. Plusieurs personnes nous attendent dont le mechano que je remercie. Ella est accueillie par des gens que je ne connais pas. D'habitude, je suis plutôt poli, mais la je préfère filer en douce. Je lance un léger « À bientôt ! » et je bondis vers les escaliers, sans rien dire, sans un regard. Je monte les escaliers quatre à quatre jusqu'à la porte de mon appartement. Je suis soulagé d'être enfin chez moi, enfin libre. Je me maudis d'avoir laissé échapper quelque chose d'aussi gros. J'espère qu'elle oubliera, que je me fais trop de soucis pour rien. Mais non, soyons réaliste, qui oublierait une révélation comme ça. En plus, vu le ton que j'avais utilisé, elle allait encore croire que c'est moi qui l'a tué. C'est vrai que ce n'est pas moi qui ai appuyé sur la détente, mais parfois, j'admire celui qui l'a fait.
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Sujet: Re: Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose Ҩ Jeu 12 Avr - 1:06
Je crois que lui et moi, on a eu notre dose ce soir. D’émotions et de sensations fortes. Pas besoin de rajouter des corvées. L’idée de sa détendre était bien plus plaisante. « On a eu assez d'émotion pour ce soir je pense, vaut mieux se contenter d'un bon lit douillet et d'un bain chaud. » J’acquiesçais. J’étais certaine qu’il l’avait compris. Même si nous étions dans le noir. Qui ne l’aurait pas fait en même temps ? Personne certainement.
Et puis, pour poursuivre notre conversation, je lui demandais où était son père. Je ne m’attendais à rien de particulier. Mais, certainement pas à ça. « Il est mort, assassiné » Il venait de dire ça sur un ton de victoire. Le détestait-il à ce point ? Au point de souhaiter sa mort ? De le tuer ? Non, ça je ne voulais pas vraiment y croire. Je laissais le silence s’installer. J’avais des tonnes de questions. Mais, je ne savais pas par laquelle je devais commencer.
Le bruit du moteur qui démarra me fit sursauter. La lumière s’alluma vraiment. A croire que tout était calculé. Tout était fait exprès. En même temps je n’allais pas m’en plaindre. Même si je restais avec plein d’interrogations sur les bras. Je finirais bien par le revoir. Par savoir. Ou au moins être sûr que le meurtrier n’est pas lui.« Enfin...» Les portent s’ouvrèrent. Je soufflais, de soulagement. Même si j’aimerais les refermer pour en savoir plus, j’étais trop heureuse à l’idée de sortir. Trop heureuse à l’idée de retourner chez moi. Et je savais que Fernando aussi. Ce n’était plus le moment de parler de ça. Mais, je finirais par savoir. Même si nos chemins se séparent maintenant.
Ma mère s’empressa de me prendre dans ses bras. Mon père embrassa le sommet de mon crâne. Ils avaient dû avoir encore plus peur que moi. Surtout ma mère en fait. Elle avait dû avoir peur que les portes s’ouvrent et qu’on découvre mon cadavre. Non parce qu’avec tous les films policier qu’elle regardait… Enfin je souriais à mon père. J’entendis un « À bientôt ! » De Fernando. Je ne pouvais pas répliquer il était déjà dans l’escalier. Mais, je souriais avant de prendre la direction de chez moi avec mes parents. J’allais pouvoir retrouver mon lit. Savoir qui était l’assassin, ça serait un autre chapitre.