Sujet: Le fond du trou ... [Colty] Dim 14 Aoû - 13:01
Il devait être aux alentours de 15h30 ce jour là lorsque la silhouette rembourrée de Romeo se découpa dans le ciel surplombant les falaises. Étroitement emmitouflé dans l'épais ciré jaune qu'il avait déniché dans un coin de la cabine de son bateau (qui n'était en réalité par le sien, mais ça personne ici n'avait besoin de le savoir ...), notre marin avançait, cheveux au vent, dans l'optique de se rendre jusqu'au phare le plus proche où il espérait trouver du matériel de navigation maritime. Ses propres ustensiles ayant grandement souffert lors de l'ouragan Ivan, Romeo s'était vu contraint et forcé de rester à Terre car, en plus des nombreuses brèche présentent dans la coque du navire, il était tout bonnement impensable pour tout être un tantinet sensé d'entreprendre une traversée de l'Atlantique sans compas si boussole d'aucune sorte. Peut-être, qui sait, que la porte du phare qui se profilait à l'horizon serait plus facile à forcer que ne le laissaient présager les épais murs du bâtiment. Et peut-être aussi que cette hardiesse qui le caractérisait tant s'avérerait payante car, il en avait l'intime conviction, s'il voulait trouver de quoi se repérer en mer dans ce trou perdu qu'était Arrowsic, c'était premièrement dans cet endroit dédié à la grande bleu qu'il se devait de fureter ...
Mains dans les poches et le cou rentré dans les épaules, Romeo marmonnait dans sa barbe. Quelle idée d'avoir des températures aussi basses à cette période de l'année ? Et comment les autochtones pouvaient-ils bien se pavaner en bermuda par ce temps qui, à ses yeux de latin habitué au soleil des tropiques, relevait plus du blizzard hivernal que de la canicule comme en parlait les bulletin météorologique locaux ? Non, décidément, il n'était pas fait pour le froid et c'était précisément dans ce genre de situation, alors que des rafales de vent le faisaient tanguer dans sa marche difficile, que marcher pieds nus dans les rues de sa ville natale lui manquait. Cela dit, lui qui était parti à l'aventure pour apprendre le sens de la vie et ce qu'il devait faire de la sienne pouvait au moins se féliciter d'avoir déjà appris quelques choses de constructif : il n'était ni fait pour une carrière de dealer de drogues dures dans le golf du Mexique, ni pour se geler les miches à longueur d'année dans un bled aussi pommé qu'incroyablement victime des caprices météorologiques.
Tout à ses pensées tournées vers le soleil du Brésil et les parties de foot à la lumière des crépuscules, Romeo manqua de justesse de tomber dans ce qui devait sûrement être un trou provoqué par l'érosion de la falaise. Retirant ses mains de ses poches à vitesse grand V pour pouvoir se servir de ses bras et exécuter une série de moulinets aériens destinés à lui rendre son équilibre, il vacilla dangereusement sur la pointe des pieds et finît par parvenir à reculer du piège à marcheurs inattentifs. Encore sous le coup de la surprise, il s'exclama en Brésilien sur la dangerosité d'avoir un creux pareil au beau milieu du chemin et s'apprêtait à simplement contourner le problème pour reprendre son avancée lorsqu'un éclat de couleur dans le fond dudit trou attira son attention. Sceptique, il arqua et sourcil et joua de précautions en se rapprochant de nouveau, histoire de mieux détailler ce qui se trouver en contre-bas. Quelle ne fut pas sa surprise de constater qu'une autre personne avant lui était passée par là et que cette dernière n'avait pas eu autant de réflexe que lui pour reculer et ne pas s'y laisser prendre. Là bas au fond, un jeune homme apparemment blasé par sa propre situation semblait attendre qu'une aide providentielle intervienne pour le sortir de là. Quant à Romeo, satisfait de ne pas être tomber dans le trou, il était partagé entre gravité et amusement (le fait étant qu'il était beaucoup plus drôle de voir un autre s'y être fait prendre que de supposer qu'il aurait pu lui aussi finir à la place de ce malheureux s'il n'avait pas eu la présence d'esprit de reculer au dernier moment), ce qui dessinait sur son visage une expression insaisissable, à mi chemin entre sourire et regard compatissant.
- Drôle d'endroit pour passer le temps ! S'exclama-t-il à l'inconnu en remettant les mains dans ses poches et en gardant une distance de sécurité d'un pas entre le rebord et lui-même. C'est " coutume locale " de descendre dans les trous ou bien c'est mauvais calcul personnel et chute involontaire ? L'air de rien, le sourire entendu qu'il avait tout d'abord réprimé était en train de gagner du terrain sur l'air contrit de circonstance. C'était peut-être puéril de sa part, mais il ne pouvait s'empêcher d'imaginer la sacrée gamelle que ce type avait du se prendre en tombant aussi bas.
Dernière édition par Romeo M.-Casador le Ven 19 Aoû - 1:48, édité 1 fois
Sujet: Re: Le fond du trou ... [Colty] Dim 14 Aoû - 13:55
Avachi dans le canapé du salon, Colton crayonnait vainement les traits d’un souvenir oublié. L’ambiance lourde qui régnait dans les quatre coins de cette maison le rendait mal à l’aise. Il avait bien du mal à se concentrer et à sortir quelques choses de ce fusain qui avait été son seul meilleur ami pendant des années. Toutes ses pensées, aussi futiles soient-elles, étaient tournées vers ces choses qu’il rêvait de posséder sans pouvoir les acquérir jamais. Non. Décidément, il n’aurait pas du venir ici. Pas avec lui. Pas comme ça. Pas pour ça. De toute façon, il avait l’impression de n’être qu’un fantôme par moment, voguant ici et là, comme une âme en peine à la recherche de son pardon. Mais il n’avait commis aucune erreur et il était donc évident qu’il ne recevrait jamais cette absolution qu’il recherchait. À quoi bon rester là, dans ce cas ? À quoi bon alimenter la douleur de son cœur ? Cette dernière pensée lui fit l’effet d’un électrochoc. Alors qu’il refermait violemment son calepin à dessin, Colton tourna son regard vers son ami, visiblement accaparé par la contemplation de sa cigarette. Vraiment, toute cette comédie sonnait faux et c’était trop dur à supporter. Un après-midi de plus à lutter pour ça ? Soupirant, il se releva nonchalamment et se dirigea vers la porte d’entrée. Avait-il l’espoir vain qu’il le retienne ? Peut-être. Mais depuis longtemps, il avait compris que les films qu’il se faisait n’étaient que de beaux rêves confectionnés par son imagination enfantine. Son calepin à la main, il glissa un crayon, ses clés et un paquet de cigarette dans la poche arrière de son jean. Il allait simplement oublier. Prendre un temps pour lui. Se reposer. Oublier. Il n’était pas convaincu que cela marcherait, mais il fallait bien tenter quelque chose. Alors, doucement, envoûté par la mélodie trompeuse de ses démons, Colton marcha à l’aveuglette. Les yeux rivés sur ses pas, il n’accorda pas la moindre importance aux lieux qui pouvaient l’entourer. Mais au bout d’un long moment, il dut s’avouer que marcher sans but précis ne l’aidait pas à oublier quoi que ce soit, que du contraire. Alors, il se fixa un nouveau. Ultime pour sauver sa raison.
Depuis leur arrivée, Colton avait eu envie d’aller contempler les falaises pour en faire un croquis. Il n’y avait rien de plus envoûtant que de voir la nature reprendre ses droits. Et les falaises érodées par le sel marin n’étaient que plus somptueuse à ses yeux. Il marcha, encore et toujours. Et lorsqu’il eut atteint son but, déjà son cœur se sentait plus aise. Il marcha avec précaution pour trouver un endroit où se poser, mais toute à son observation des terrains plus ou moins lisses, il manqua cruellement de jugeote en omettant de jeter quelques œillades à ses pas. Et… ce qui devait arriver, arriva ! Son pied se prit dans un trou et emmena tous le reste dans son corps dans cette chute. Colton s’amassa douloureusement sur le sol alors que déjà, il regrettait de s’être montré un brin trop aventureux. Se frottant le bassin du plat de la main, il tâcha de se remettre debout mais une douleur lancinante le traversa de part en part, le faisant rapidement changer d’avis. Finalement, il était très bien assis. Coincé et tout bonnement trop las mentalement pour essayer de chercher une issue quelconque, il préféra attendre. Quoi ? Il n’en savait rien, mais il savait qu’il était inutile de se fatiguer de toute façon. Il n’était pas des plus sportifs et puis surtout, il était incroyablement irrité de s’être fait avoir. Las, il sortit son paquet de clope de la poche arrière de son jean et constata à regret que la chute n’avait permis le sauvetage d’aucun bâton de nicotine. Poussant un grognement hargneux, il lança le paquet le plus loin possible avant de serrer ses genoux contre son torse pour y enfuir son visage.
« Drôle d'endroit pour passer le temps ! » Depuis combien de temps était-il là ? Il ne savait plus. Il lui sembla une éternité. Il fallait avouer qu’il n’avait rien fait pour se sortir de son pétrin. Peut-être espérait-il rester là éternellement et y finir sa vie. Aussi tristement qu’elle avait commencé. Peu lui importa puisque cette voix venue d’en haut lui fit relever la tête et froncé les sourcils. Était-ce vraiment le moment de se moquer de lui ? « C'est " coutume locale " de descendre dans les trous ou bien c'est mauvais calcul personnel et chute involontaire ? » De toute évidence, ce type ne venait pas d’ici non plus et il prenait un malin plaisir à se moquer de lui. Ses prunelles braquées que l’inconnu, Colton se remis debout avant de lâcher d’un ton sarcastique : « Coutume locale. Si tu n’as pas vu un trou de tout près, tu seras toujours un inconnu. T’as qu’à sauter, l’étranger ! » Soupirant et sentant ses membres quelques peu endoloris par la chute, il se frotta à nouveau le bassin en grimaçant légèrement. Honnêtement, il aurait préféré ne pas avoir à demander d’aide à ce type bizarre. Parce qu’il n’avait pas l’air tout à fait net à ses yeux. Mais il devait bien admettre que c’était le moment où jamais, sinon, il finirait bel et bien là. Se radoucissant légèrement, Colton mit sa main en visière au-dessus de ses yeux afin de mieux voir et sourit courtoisement. « Sans rire… Un coup de main c’est envisageable ou tu comptes de foutre de ma gueule toute la sainte journée ? » Si Colton pouvait paraître tel un enfant doux et calme, il était aussi insolent. Et savoir que ce mec était là, dans la capacité de l’aider, mais qu’il préférait le regarder de son sourire contrit mais entendu l’agaçait. S’il avait envisagé de finir sa vie ici, il était évident que ce n’était pas ce qu’il souhaitait…
Sujet: Re: Le fond du trou ... [Colty] Dim 14 Aoû - 16:58
« Coutume locale. Si tu n’as pas vu un trou de tout près, tu seras toujours un inconnu. T’as qu’à sauter, l’étranger ! » Amusé, Romeo laissa s'échapper d'entre ses lèvres un rire gorgé de tout le soleil qu'il n'y avait pas dans le ciel nordique qui les dominait mais qu'il avait gardé de sa terre natale. Cette réplique amère avait beau sonner comme un sarcasme à ses oreilles, il n'en restait pas moins que le contenu de la phrase, en lui-même, avait de quoi le faire sourire. En effet, bien que ce fut au sens figuré pour sa part, il avait bel et bien vu le fond du trou de près et, ici comme ailleurs, visiblement, on n'acceptait pas que quelqu'un n'ayant pas connu notre propre misère s'en moque sans aucune délicatesse. Qu'à cela ne tienne, contrairement à ce garçon, Romeo ne s'était jamais plaint du fond du trou dans lequel il avait grandi, bien au contraire, le fait que personne d'autre que lui ne veuille de cette vie de miséreux avait toujours donné au regard qu'il posait sur sa propre existence une douceur et un affection que bon nombre de gens peinaient à comprendre, tant il paraissait évident à tous que personne ne pouvait réellement aimer et de se complaire dans une vie aussi basique et rachitique que celle qu'il avait vécu avant de partir à l'aventure ... Mais la question n'était pas là et il s'égarait dans ses pensées. Tâchant de ne voir dans la réplique de l'inconnu qu'une tournure de phrase anodine ne faisant en aucun cas référence à son histoire personnelle, Romeo se rapprocha d'un petit pas et évalua d'un œil curieux la hauteur qui le séparait du piégé. Ce trou était tout de même sacrément profond ; décidément, il regrettait de ne pas avoir assisté au vol plané qui avait amené cet étourdi à finir à l'étage inférieur !
« Sans rire … Un coup de main c’est envisageable ou tu comptes de foutre de ma gueule toute la sainte journée ? » Nouvel éclat de rire. A croire que ce type n'était décidément pas dans un bon jour, car il avait fallu qu'il tombe sur le sauveur potentiel à la conscience certainement la moins à-même de l'inciter à prêter main forte par simple principe et dévouement civique. « Je réfléchir encore ... » Éluda-t-il en répondant à l'insolence du jeune homme par l'action dédaigneuse de s'asseoir précautionneusement sur le rebord du précipice. Avec ses jambes qui se balançaient négligemment à quelques mètres du bonhomme en détresse et la blancheur de ses dents derrière son bronzage couleur caramel, Romeo n'avait jamais autant eu l'air du sale gosse mal élevé et filou que la rue avait vue grandir en son sein. « Qu'est ce que tu donnes pour que je t'aide ? » Malicieux, il n'eut aucun problème à regarder le malheureux dans les yeux au moment de lui poser cette question somme toute déplacée compte tenu des circonstances. Pourquoi aurait-il eut honte d'émettre pareil questionnement ? Après tout, preuve n'était plus à faire - et ce depuis longtemps - qu'on n'avait jamais rien sans rien et que plus rien n'était gratuit de nos jours.
Sujet: Re: Le fond du trou ... [Colty] Dim 14 Aoû - 17:45
Si certaines personnes étaient assez niaises pour distinguer une mélodie fabuleuse à l’entente d’un rire, autant dire que ce n’était pas le cas de Colton qui, passablement irrité, commençait à trouver son interlocuteur un tantinet mal poli. Il pouvait bien sûr imaginer l’amusement qu’une telle situation pouvait créer sur une personne tout autre que la victime, mais de là à se laisser aller à rire aussi joyeusement, c’était tout de même exagéré. D’ailleurs, plus il y pensait et moins il voyait ce qu’il y avait de drôle dans ce qu’il venait de dire. De plus, affligé par les lancées douloureuses que son corps lui faisait endurer, il avait eu l’espoir de tomber sur quelqu’un de bienveillant. Que ce quelqu’un aurait eu l’amabilité de le sortir de là sans trop lui poser de question sur le pourquoi du comment de sa chute et que tout finirait bien. À croire qu’il était plus naïf qu’un enfant de huit ans à qui on venait de proposer une sucette. « Je réfléchir encore ... » Si l’accent et la faute grammaticale aurait pu le faire sourire gentiment d’ordinaire, ce ne fut pas le cas. « Oui, ben "réfléchir" pas trop longtemps. » Comptait-il sérieusement le laisser là ? Trouvait-il cela vraiment marrant de le regarder de haut ? Colton n’avait jamais été d’une patience exemplaire et le temps, qu’il n’avait pas vu passer jusqu’ici, lui sembla s’étendre infiniment longtemps. Si bien qu’il peinait à ne pas perdre les pédales au fond de son trou. Ses cigarettes aussi écrasées qu’elles fussent lui sembleraient soudain la seule échappatoire. Et alors qu’il récupéra le paquet, il ne se rendit pas compte que son interlocuteur s’était installé sur le rebord du fossé. Glissant entre ses lèvres ce qui devait s’apparenter à un drôle de bâton ratatiné, il roula des yeux lorsqu’il aperçu la position que le jeune homme avait adopté et ne put que retenir un soupir agacé en observant la blancheur de ses dents. À le voir balancer ses jambes au-dessus du vide avec une insouciance digne d’exaspération, Colton pensa un instant à sauter afin de lui attraper le pied et le faire, lui aussi, chuter comme un vulgaire poids. L’idée ne fit que lui effleurer l’esprit puisque déjà, il se voyait relancer par une phrase des plus inattendues. « Qu'est ce que tu donnes pour que je t'aide ? » Était-ce une blague ? Vraiment, il ne pouvait que se moquer de lui, là. On n’avait pas idée de marchander dans de telle situation. Surpris, Colton entrouvrit les lèvres et le semblant de cigarette qu’il y avait logé plutôt sans l’allumer glissa au sol. L’insupportable personnage qui le surplombait semblait plutôt sérieux et pire que ça, pas le moins du monde gêné par cette demande. Colton fronça les sourcils alors que ses prunelles toisaient celle de l’inconnu avec une lueur indescriptible.
« C’est une blague ? » La question quitta les lèvres du jeune homme avec un dépit évident. Sournoisement torturé par les élancements, il décida de s’asseoir gentiment au fond de son trou, soupirant de plus belle. Il se tut un long moment, cherchant ce qu’il pour donner en échange de ce sauvetage. Mais plus il y pensait et plus il se disait que sa vie ne valait rien que l’on puisse donner. Même si crever dans son trou ne l’enchantait pas, il n’avait pas la prétention d’avoir quelque chose avec suffisamment de valeur pour que le déloge de son tombeau. Il releva alors la tête et demanda blasé : « C’est vraiment impoli, tu sais. Je ne sais pas d’où tu viens, mais en Amérique on ne laisse pas les gens dans une situation aussi désastreuse. On ne se fout pas de leur poire en faisant du chantage. Ce n’est pas humain, comme comportement. Tu viens de Mars ? » Si Colton aurait pu se montrer beaucoup plus violent et emporté dans ses propos, il était suffisamment intelligent pour savoir que ça n’y changerait rien et que cela ne l’aiderait certainement pas à convaincre l’inconnu. Inconnu qui était à ses yeux, la personne la plus impolie et sans gêne qu’il n’avait jamais croisé. Mais au moins, lui, il avait l’air de prendre la vie avec le sourire. Ce qui n’était pas nécessairement le cas de Colton, alors, peut-être qu’il lui apprendrait quelque chose. Toutefois, il ne compta pas trop dessus. Puisque, de toute façon, il n’avait rien à donner et par conséquent, il finirait là. Seul, perdu et gelé. Silencieux, il prit la cigarette à ses pieds entre ses doigts et la déchiqueta pour répandre le tabac ici et là, cherchant toujours une alternative à son ultimatum. « Je n’ai rien à te donner. Tu m’as vu ? J’ai franchement l’air de quelqu’un qui pourra t’apporter quoi que ce soit ? Mais la reconnaissance, c’est un sentiment vachement cool. Je peux te donner ça si tu veux. Ou alors, il y a la pitié. C’est pas mal. Tu devrais essayer ! » Relevant les yeux, il esquissa un léger sourie, espérant malgré tout que son message serait passé. Sans grande certitude, hélas.
Sujet: Re: Le fond du trou ... [Colty] Dim 14 Aoû - 18:33
Une fourmi, voilà à quoi lui faisait penser ce type coincé au fond de son trou depuis tout à l'heure. Si la comparaison était restée sous-jacente jusqu'alors, Romeo fut frappé par la ressemblance entre l'homme et l'insecte lorsque ce dernier, visiblement dépité par sa question et après avoir supposé qu'il s'agissait d'une blague, s'assit sur un rocher, paraissant plus maigrichon et plus seul que jamais dans ce vide qui l'entourait. Une fourmi solitaire, perdue sur le chemin de la fourmilière et abandonnée des siens. Plus que drôle, c'était juste pathétique maintenant. Et ce silence interdit qui s'installait, comme annonciateur d'une incapacité du spécimen à trouver ce qu'il avait de bien à offrir en échange d'un peu d'aide, laissa notre Brésilien parfaitement insensible. Nonchalant, il se paya même le luxe de fredonner un air de salsa comme pour combler le temps d'attente façon répondeur téléphonique, " ne quittez pas, un agent ça vous répondre ".
« C’est vraiment impoli, tu sais. » Pas plus tourmenté que ça par l'aspect effectivement goujat que son attitude devait refléter, Romeo focalisa son attention sur l'inconnu en haussant les épaules tandis que ce dernier continuait sur sa lancée. « Je ne sais pas d’où tu viens, mais en Amérique on ne laisse pas les gens dans une situation aussi désastreuse. On ne se fout pas de leur poire en faisant du chantage. Ce n’est pas humain, comme comportement. Tu viens de Mars ? »« Pas humain ou pas intelligent ? » Répondit-il d'un air entendu et avec une certaine nostalgie en se souvenant de son adolescence, quand ses amis et lui n'avaient aucun scrupule à dérober portefeuilles et autres objets de valeur aux touristes qu'ils ne plaignaient pas et préféraient considérer comme idiots de ne pas se méfier plus de leurs petites gueules d'anges insoupçonnables. « Je n’ai rien à te donner. Tu m’as vu ? J’ai franchement l’air de quelqu’un qui pourra t’apporter quoi que ce soit ? Mais la reconnaissance, c’est un sentiment vachement cool. Je peux te donner ça si tu veux. Ou alors, il y a la pitié. C’est pas mal. Tu devrais essayer ! » Une nouvelle fois porté par un éclat de rire sucré, Romeo chassa de son esprit les souvenirs de son enfance pour recentrer une fois de plus son attention sur la victime du dénivelé. La philosophie de ce garçon l'amusait beaucoup, il y avait quelque chose de naïf dans la façon qu'il avait de croire qu'il puisse encore exister, de nos jours, des personnes parfaitement désintéressées, ou alors simplement intéressées par le concept abstrait qu'était celui de la reconnaissance. « C'est dégradant la pitié non ? Quant à la reconnaissance ça ... ça ... Comment tu dis déjà ? " Ne vaut pas un clou " ? Moi je pense que tu pouvoir faire mieux que te plaindre et attendre que je me lasse ! On paye pas en Amérique ? »
Tout sourire, les jambes toujours secouées par de petits mouvements enjoués, Romeo reprit le sifflotage de son air de Salsa là où il l'avait laissé lorsque l'inconnu avait souligné son impolitesse. Le vent avait beau lui ébouriffer les cheveux et le faire toujours autant frisonner, le fait d'avoir trouver un divertissement semblait rendre la météo moins maussade et plus supportable à ses yeux. Et même si, dans le fond, il se moquait bien d'obtenir de l'argent en échange de son aide, cela ne l'empêchait pas de prendre plaisir à faire trainer les négociations, ne serait-ce que par curiosité, pour voir jusqu'où ce type serait prêt à aller pour ne pas finir congelé dans ce trou perdu. Car s'il y avait bien une chose dont il ne fallait pas douter, c'est que sans contrepartie intéressante, notre Brésilien ne verrait aucun problème à laisser le malheureux dans la merde noire dans laquelle il se trouvait. Comme toujours, c'était marche ou crève, et le principal intéressé n'avait pas la chance de faire partie de son cercle d'amis, seules personnes pour lesquelles Romy aurait fait l'effort sans rien demander en retour.
Sujet: Re: Le fond du trou ... [Colty] Dim 14 Aoû - 20:33
L’impatience commençait doucement à gagner Colton qui ne parvenait plus à voir les points positifs de cette rencontre. Peut-être parce qu’il n’y en avait aucun. Surement, d’ailleurs. S’il était toujours poli et courtois envers les autres, il était forcé d’admettre que la citoyenneté n’était pas partagé par tous. Renfrogné, il préféra se terrer jusqu’à ce que l’inconnu daigne lui porter secours et la conviction étrange qu’il n’était pas près de se sortir de là. Conviction plus qu’alimenter par ce sifflotement agaçant et enjoué qui s’échappait des lèvres du maitre chanteur. En fait, voilà, c’était une caméra caché. Sortit de nulle part, allait arriver une belle brochette d’inconnus qui se moqueraient encore plus ouvertement de lui. Bien joué. C’était vraiment réussi comme complot, mais la plaisanterie avait suffisamment duré à son goût. « Pas humain ou pas intelligent ? » Question vraiment pertinente à laquelle Colton ne put répondre que du tac au tac, sans la moindre once d’amabilité cette fois : « STUPIDE, t’as raison en effet. C’est stupide comme comportement. » Il devait bien lui accorder cela. Les gens l’avaient souvent déçu et il était tout à fait capable de comprendre que certains comportements étaient stupide plus que véritablement inhumain. Mais il aurait préféré que son interlocuteur ignore la nuance. Cela lui aurait évité de devoir tergiverser des heures durant. Il n’allait pas passer son temps à faire des offres sur sa propre survie. Non seulement, ce n’était pas son genre mais en plus, il n’allait pas faire plaisir à cet atroce personnage qui visiblement, lui, s’amusait beaucoup.
« C'est dégradant la pitié non ? Quant à la reconnaissance ça ... ça ... Comment tu dis déjà ? " Ne vaut pas un clou " ? Moi je pense que tu pouvoir faire mieux que te plaindre et attendre que je me lasse ! On paye pas en Amérique ? » Abasourdi par les propos de cet énergumène tout droit sortit d’on ne sait où, Colton releva la tête adoptant une moue ébahie. Décidément, c’était bien pire que ce qu’il n’avait pu imaginer. Sur un nombre incalculable de personnes qui peuplaient cette ville, il avait fallu qu’il tombe sur la seule qui l’aurait laissé là sans le moindre regret. Laissant échapper un grognement d’entre ses lèvres, Colton se redressa vivement et pointa l’inconnu du doigt. « Tu te fous de ma gueule, là ? » Il laissa alors retomber sa main le long de son corps avant de se mettre à faire les cents pas. Silencieux et tendu, il s’agrippait la nuque de ses mains et sers si étroitement qu’il en était pratiquement à s’étrangler lui-même. Il avait toujours eu de léger problème avec la colère. C’était un sentiment qu’il maitrisait très mal et bien malgré lui. « Ca ne vaut pas un clou ? C’est vrai que ton attitude là, elle vaut tout l’or du monde, connard ! » S’emporta-t-il sans pouvoir calmer le tremblement de ses mains qui commençaient doucement à ne plus savoir quoi palper pour se distraire. Mais plus il songeait aux paroles de l’inconnu et plus il se disait que, de toute façon, s’énerver ne l’aiderait pas. Au mieux, comme il l’avait fait si gentiment remarqué, il se lasserait et partirait en le laissant là. « Si, on paye en Amérique. Mais personnellement, je ne paye personne. Tu vois, me sauver ce sera une bonne action. Ou alors, tu me laisses crever. C’est du pareil au même, pour moi. » Colton était retourné s’asseoir sur son pauvre petit rocher, enfouissant son visage entre ses mains afin de retrouver son calme. Aspirant un bon coup, il déclarant finalement, sans plus le moindre espoir : « dis-moi que tu auras au moins la décence de me balancer une clope. Sinon, une fois mort, je viendrai te hanter. » Mais quelle argumentation, il était sûr d’aller loin avec ça…
Sujet: Re: Le fond du trou ... [Colty] Dim 14 Aoû - 23:08
Qu'on les qualifie (son comportement et lui) de stupide(s) ne froissait pas Romeo outre mesure. Après tout, jouer au con n'était pas donné à tout le monde et voir autrui s’exaspérer de sa capacité inouïe à entrer dans ce genre de personnage ne pouvait que l'amuser, tout au plus, car il n'accordait décemment pas assez de crédit à l'avis d'un inconnu bêtement tombé dans un trou pour prendre à cœur l'insulte qu'il avait lui-même amenée en tendant la perche. Ce qui l'intéressait plus, en fin de compte, c'était de savoir comment quelqu'un capable de s'enflammer aussi vite et pour si peu de chose n'avait pas été capable de se sortir du trou dans lequel il se trouvait. Étant lui-même relativement colérique et entêté, il savait de source sûre que l’agacement et la colère permettaient au corps de réussir certains exploits qu'on ne lui aurait pas soupçonné en temps normal et parfaitement calme. Peut-être fallait-il en déduire que l'animal s'était blessé durant sa chute, mais rien à première vu ne semblait être annonciateur de fracture ou de toute autre blessure grave qui ne puisse être anesthésiée par la colère de se savoir fait comme un rat ... « Tu te fous de ma gueule, là ? » D'un air détaché, Romeo fixa l'indexe que l'on pointait dans sa direction sans même prendre la peine de répondre. Son sourire en disait plus long que n'importe quel discours, on lui avait souvent fait la remarque ... Paisible, il regarda l'inconnu tourner comme un fauve en cage au fond de la fausse, poussant même le vice de ses réflexions intérieures jusqu'à se demander à partir de quand la tension deviendrait trop pesante pour les nerfs du jeune homme. Au bout de quelques aller / retour rageurs, il devint évident que cet homme là, plus que lui-même peut-être, avait bien du mal à calmer ses nerfs. D'ailleurs, le « Ca ne vaut pas un clou ? C’est vrai que ton attitude là, elle vaut tout l’or du monde, connard ! » qu'il lui cracha hargneusement ne fit que confirmer les pensées du marin tandis qu'un énième sourire éblouissant fendait son visage de part en part. N'aurait finalement plus manqué que les pop corn pour faire de ce spectacle un tantinet cruel (d'accord, il voulait bien l'admettre ...), un divertissement digne des jeux de Rome.
« Si, on paye en Amérique. Mais personnellement, je ne paye personne. Tu vois, me sauver ce sera une bonne action. Ou alors, tu me laisses crever. C’est du pareil au même, pour moi. » Après s'être donné un court temps de méditation à ce propos, Romeo décida de se relever. Il avait décidé de prendre le jeune homme au mot et de tourner les talons (puisque c'était du pareil au même ...) quand la voix de l'inconnu refit surface et l'incita à jeter un nouveau regard dans sa direction. Depuis le bas du précipice, on vit sa tête refaire apparition et se découper contre le ciel nuageux. Légèrement penché vers l'avant, il contempla le désespoir de son vis à vis et finit par répondre sur une note bien moins juvénile et insolente que toutes celles qui avaient teinté ses propos auparavant, lorsqu'il jouait encore avec ses nerfs. « Tu sais, y'a un truc qui marche bien quand on a besoin d'aide. Au lieu d'agressives et d'insultes, tu peux juste demander " s'il me plait " ... Chez moi c'est pas l'Amérique, on aide pas les cons qui méritent pas. »
Sujet: Re: Le fond du trou ... [Colty] Lun 15 Aoû - 0:17
Passant de l’agacement à l’irritation et de l’irritation à la résignation, Colton trouvait la situation plus désespérante que réellement critique. Dans le fond, les choses ne s’étaient pas si mal passées, ça aurait pu être bien pire. Il n’avait rien de cassé et semblait, plus ou moins, en était de marche. Son énervement n’avait pas pris des proportions trop importantes comme cela lui arrivait par moment et il s’était montré relativement affable malgré l’impolitesse de son interlocuteur. Alors, à quoi bon chercher à vouloir sortir ? Il n’avait pas mieux à proposer comme option et n’avait, techniquement, rien à offrir. Il était perdu d’avance. Et, au fond de sa fosse, il arrivait à en oublier Angus et ces comportements agaçants. Ces manies plus exaspérantes les unes que les autres. Il avait la preuve sous les yeux que, décidément, l’être humain était épuisant et passait le plus clair de son temps à emmerder l’autre. Bien ! Puisque c’était comme cela, il resterait là jusque mort s’en suive. Puisque autant dire, il ne lui venait même pas à l’idée d’essayer de se sauver seul. De toute façon, les douleurs qui traversaient son corps ne l’aideraient pas à escalader les parois abruptes de ce creux dans lequel il avait bâtit logis depuis un moment qui lui sembla une éternité. Oui, qu’il l’abandonne là. De toute façon, s’il venait à disparaître de la surface de la Terre, Colton était persuadé de ne manquer à personne. Il était sur cette planète, comme un grain de sable dans le désert. Autrement dit ? Profondément inutile et transparent. Un mouton parmi le troupeau. Une perle d’eau dans l’océan. Un rien du tout. Qu’il parte, c’était mieux pour tout le monde. Toutefois, avant de se laisser ronger par les bestioles (qu’il imaginait affamées et affreuses), il avait l’espoir de s’en griller une dernière et c’était cet espoir ridicule qui l’avait poussé à élevé la voix alors que la silhouette joueuse avait disparu de sa vue.
Heureusement pour lui, l’intolérable bonhomme avait un semblant de conscience. Ou quelque chose qui devait s’en rapprocher en tout cas. Et alors qu’il relevait la tête pour apercevoir sa silhouette se découper dans le trou, il soupira à l’entente de sa réprimande. « Tu sais, y'a un truc qui marche bien quand on a besoin d'aide. Au lieu d'agressives et d'insultes, tu peux juste demander " s'il me plait " ... » Colton ne put retenir un sourire amusé face ce parler qu’il trouvait des plus ridicules. Pourtant, il fut forcé d’admettre que le jeune homme n’avait pas tort sur toute la ligne. Il n’avait pas demandé d’aide de manière très polie. Mais tout cela n’était pas sa faute. C’était lui qui l’avait mal abordé, aussi ! « Chez moi c'est pas l'Amérique, on aide pas les cons qui méritent pas. » Ah ben voyons, ne put-il s’empêcher de penser en roulant des yeux. Il ne savait pas où c’était chez lui – bien qu’il se figurait le jeune homme comme un latino, mais là-bas, ça devait pas être de la tarte hein. Si Colton soupira avec agacement, le ton de sa voix était calme et posé alors qu’il reprenait la parole. « On dit : s’il te plaît. Pas s’il me plaît… » Et allait-il le dire ? Finalement, plus il y réfléchissait et plus cette demande lui paraissait grossière venue d’un tel jeune homme. Alors il haussa les épaules machinalement et déclara, légèrement blasé : « C’est où chez toi ? Parce qu’il semblerait que là-bas, la pitié c’est dégradant, mais les supplications c’est bandant ? » Colton parlait peu souvent avec autant de vulgarité, autant le dire, ça ne lui arrivait presque jamais. Sauf lorsqu’on l’avait repoussé dans ses tranchements et qu’il était trop las pour garder sa petite coquille d’enfant doux et paisible. Avant de prononcer ses mots, il avait pourtant réfléchis. Il ne voulait pas que son possible sauveur s’en aille, pourtant, il refusait de lui donner satisfaction aussi simplement. Il l’avait ouvertement nargué, comment aurait-il pu lui demander un service de manière aussi courtoise ? « Et je te l’accorde, je suis un con. Mais dans ce cas, on est deux. Alors, sois sympa et me force pas à jouer au petit malheureux. S’il… tu connais la suite, maintenant. » Il n’avait jamais été du genre à dépendre des autres. Que du contraire. Colton était un indépendant, un individualiste. Il aurait préféré ne même pas prononcer ces premiers mots. Mais parfois, il fallait ravaler sa fierté et faire preuve de sagesse.
Sujet: Re: Le fond du trou ... [Colty] Lun 15 Aoû - 23:55
« On dit : s’il te plaît. Pas s’il me plaît … » Arquant un sourcil circonspect, Romeo tenta une fois de plus de comprendre les subtilités de cette langue qu'il ne maitriserait décidément jamais. Après avoir tourné la logique de la phrase plusieurs fois dans sa tête et avoir tenté d'y trouver une explication grammaticale, il décida d'abandonner, sans toutefois pouvoir s'empêcher d'exprimer son scepticisme par un « Pourtant c'est à moi qu'il plait ou pas de le faire ... » qui selon lui tombait sous le sens. « C’est où chez toi ? Parce qu’il semblerait que là-bas, la pitié c’est dégradant, mais les supplications c’est bandant ? » Band-quoi ? En se basant sur le timbre de voix de son interlocuteur lorsqu'il avait articulé le mot, Romeo n'eut aucun mal à comprendre qu'il s'agissait ici d'une comparaison méprisante vis à vis de son échelle de valeurs personnelle, mais pas moyen de mettre une définition sur le dernier mot de la phrase. Ce que c'était agaçant de ne pas tout comprendre et de ne maîtriser de l'anglais que les notions scolaires qu'il n'avait jamais écoutées que d'une oreille durant ses maigres années d'instruction. Il aurait bien aimé se dire qu'il s'agissait certainement d'un mot trop compliqué et trop soutenu pour être compris du touriste qu'il était, mais preuve était faite depuis le début de la conversation qu'il ne s'adressait pas à un milord et qu'il y avait donc fort à parier - compte tenu du nombre d'insultes à la minute dont était capable le piégé - qu'il s'agissait plutôt d'un terme du langage familier qu'on n'avait jamais encore employé dans une conversation en sa présence. Finalement, alors que l'impoli reprenait ses palabres, et piqué par la curiosité, il décida de s'informer du sens du mot dès que l'occasion lui en serait donnée.
« Et je te l’accorde, je suis un con. Mais dans ce cas, on est deux. Alors, sois sympa et me force pas à jouer au petit malheureux. S’il … tu connais la suite, maintenant. » Constatant que la formule exacte n'y était toujours pas, Romeo reprit sa place assise et secoua de nouveau les jambes dans le vide en faisant rebondir l'arrière de ses chaussures contre la paroi du trou. « T'as déjà l'air malheureux tu sais. » Souligna-t-il avec une neutralité quasi déplacée compte tenue de la situation. « Peut-être je te sors de ton trou si tu me dire c'est quoi " bandant ". On n'a pas ce mot là à Brésil. Et quand je dis la pitié c'est dégradant, c'est pas pour moi, c'est pour toi. Personne aime la pitié ... » Surtout pas lui, fallait-il réellement le préciser ? Quoiqu'il en soit, l'idée d'apprendre un nouveau mot semblait l'inciter à rester un peu plus longtemps, peut-être même bien qu'il se laisserait convaincre par l'inconnu et qu'il l'aiderait réellement à s'en sortir si ce dernier faisait preuve d'une plus grande application à lui expliquer les choses, plutôt que de simplement se moquer de ses notions d'anglais alors qu'il y avait tout de même fort à parier pour qu'il ne sache pas lui-même articuler un traitre mot de Portugais ou d'Espagnol.
Sujet: Re: Le fond du trou ... [Colty] Mar 16 Aoû - 0:37
Si Colton avait pris soin de reprendre son interlocuteur, c’était avant tout pour lui éviter bien des désagréments. Pourtant, s’il la logique même de la phrase lui sembla évidente, on eu dit que ce n’était pas le cas pour l’étranger. « Pourtant c'est à moi qu'il plait ou pas de le faire ... » Colton secoua la tête de gauche à droite, avant de sourire amusé. « Bah justement ! S’il te plait de m’aider. Tu le dis toi-même. » Il ne savait pas pourquoi il avait pris la peine de répondre à cela. Après tout, depuis le début, ce type l’agaçait au plus au point. Le narguant de la manière la plus insupportable qui soit. Mais peu à peu, il retrouvait son calme. Acceptant malgré lui qu’il avait eu tort de ne pas se montrer plus poli. Certes, il l’avait été au début, avant qu’il ne lui tombe dessus mais il avait perdu les pédales bien trop rapidement et maintenant, il s’en voulait quelque peu. Rester dans son trou avec une dignité entière et crever orgueilleux ou laisser son amour propre en prendre un coup et demander de l’aide poliment ? Dans les deux cas, il n’aimait pas les options. Allez, il n’y avait plus qu’à se jeter à l’eau ! Mais encore une fois l’étranger chercha à le sortir de ses gonds ! Et voilà que monsieur était de nouveau assis, les pieds dans le vide. Toutefois, Colton trouva cela encore mille fois plus agacement que précédemment. Car au contact des coups, un nombre certain d’écho lui parvenait aux oreilles et l’insupportait. « T'as déjà l'air malheureux tu sais. » Colton se mordilla la lèvre inférieure. Oui, il savait. Mais il aurait préféré qu’on ne lui fasse pas remarquer aussi facilement et avec un détachement aussi évident. « Peut-être que je le suis. » avait-il alors soufflé, plus pour lui-même que pour son vis-à-vis. Sans doute même, qu’il l’était. Mais ça, ça ne le regardait pas.
« Peut-être je te sors de ton trou si tu me dire c'est quoi " bandant ". On n'a pas ce mot là à Brésil. Et quand je dis la pitié c'est dégradant, c'est pas pour moi, c'est pour toi. Personne aime la pitié ... » Colton sourit en levant la tête pour regarder d’un air espiègle le brésilien. Alors c’était de là qu’il venait ? Et il fallait bien l’avouer, sa logique sur la pitié se tenait. Les gens n’aimaient pas qu’on s’apitoie sur leur sort. Pourtant, il avait toujours eu l’impression qu’ils faisaient tout pour que cela soit le cas. Soupirant, il chercha les mots pour expliquer le mot qu’il n’aurait pas du laisser échapper. « J’aime pas ton "peut-être". C’est du chantage. » Pas faux, toutefois, il n’avait pas vraiment le choix. C’était ça ou il finirait là. Enfin, il pourrait toujours finir là même après explication. « Bah… Bandant c’est quand… Comment dire. Au Brésil, y a des belles femmes, tu vois ? Et ben, parfois elles te font genre… euh… trop effet. Tu vois ce que je veux dire ? T’as euh… King Kong qui se redresse, le petit oiseau qui fait coucou, le petit soldat au garde à vous… Je euh… Hum. » Le rouge monta violemment aux joues de Colton qui était loin d’être à l’aise avec ce genre de discours. Il fallait avouer qu’il était le moins bien placé pour en parler. Toutefois, il avait fait un effort surhumain pour se montrer le plus explicite possible sans sortir les mots qu’il redoutait. Il émit un petit raclement de gorge et demandant, sérieux : « Tu t’appelles comment ? » Pourquoi poser cette question maintenant ? Pourquoi se fatiguer avec ça ? Peut-être parce qu’il avait l’espoir qu’en sympathisant avec son camarde, il sortirait plus rapidement de son trou. « Et c’est comment le Brésil ? » Soudainement curieux, Colton voulait réellement avoir les réponses à ses questions. Peut-être juste pour ne pas devoir s’éterniser sur le : bandant.
Sujet: Re: Le fond du trou ... [Colty] Mar 16 Aoû - 1:40
« J’aime pas ton "peut-être". C’est du chantage. » " Et alors " sembla répondre le haussement d'épaules de Romeo tandis que, plus bas, des forces intérieures semblaient entrer en conflit au sein de l'esprit de l'inconnu, comme s'il n'arrivait pas à trouver les mots justes pour définir celui que notre marin ne connaissait pas. Gêne ou complexité ? Intrigué, Romeo redoubla d'attention quant l'autre se mit enfin à parler. « Bah … Bandant c’est quand … » Quand ... ? A l'écoute, Romeo se redressa pour se tenir bien droit sur le rebord du précipice, à l'image d'un élève qui se glisse sur l'extrémité de sa chaise lors d'un cours particulièrement captivant. « Comment dire. Au Brésil, y a des belles femmes, tu vois ? Et ben, parfois elles te font genre… euh… trop effet. Tu vois ce que je veux dire ? »Trop d'effet ? Imperceptiblement, les sourcils du latin se froncèrent. Il s'agissait de toute évidence d'une expression locale ou nationale qu'il ne connaissait pas non plus. Embrouillé et déçu, il sembla perdre un peu de son engouement et se dit que le cours avait beau l'intéresser, si le prof ne valait pas un clou, il finirait vite par décrocher. « T’as euh … King Kong qui se redresse, le petit oiseau qui fait coucou, le petit soldat au garde à vous … Je euh … Hum. » Si les deux premières images ne lui parlèrent pas plus que le " trop d'effet " du début, un nouveau rire enjoué et sucré s'échappa de sa gorge basculée vers l'arrière lorsqu'il comprit enfin de quoi il s'agissait. « AH ! » S'exclama-t-il alors, le nez plissé par le rire. « Empalmarse ! La érection ! » Un terme certainement plus commun et plus acceptable pour un cours d'anglais de terminale (stade auquel il avait définitivement décidé d'arrêter l'école) pensa-t-il en ricanant de plus puisqu'il imaginait mal son professeur de l'époque - une momie mal conservée et probablement vieille fille - apprendre à une classe d'adolescents libidineux et aussi rieurs que des chacals toutes les variantes du mot " érection ", passant du terme le plus populaire à celui le plus soutenu qui soit.
Cependant, lorsque l'inconnu - visiblement gêné - se racla la gorge et lui demanda son prénom comme pour changer de sujet, Romeo consentit à cesser ses railleries et à retrouver un semblant de calme. On lisait sur son visage la satisfaction d'avoir appris un nouveau mot (qu'il ne manquerait pas d'expérimenter prochainement, nota-t-il dans un coin de sa " to do " liste mentale). « Et c’est comment le Brésil ? » « Je m'appelle Romeo. » Commença-t-il, sans accent cette fois-ci, preuve qu'il s'agissait là d'une phrase toute faite, apprise par cœur lors de ses révisions de lycée, contrairement aux autres phrases qu'il devait construire dans sa tête avant de les prononcer, ce qui lui demandait généralement trop de concentration pour lui laisser le temps de penser à ravaler les consonances latines de son phrasé natal. « Et le Brésil c'est super " bandant " ! » Avec un autre sourire éblouissant, il décocha un clin d’œil à la fourmi du contre-bas. « Et toi alors, comment tu t'appelles ? Chez moi on t’appellerait " gringo ". » Gringo, aka l'étranger ; ce qu'il était en fait lui-même ici, dans ce village à des milliers de kilomètres du sien. Étrange comme la distance lui faisait prendre conscience du point auquel il appréciait son pays et tout ce qu'il avait quitté pour finalement se retrouver là, transit de froid sur le bord d'un précipice, à parler avec un autochtone un tantinet agressif et projeté bien malgré lui dans le rôle du professeur improvisé en terme de mots qu'on n'apprend pas sur les bancs de l'école.
Sujet: Re: Le fond du trou ... [Colty] Mar 16 Aoû - 2:26
C’était le rouge aux joues que Colton avait essayé de se débattre avec sa propre langue natale. Jamais il ne lui avait semblé plus difficile de mettre des mots sur une image. Peut-être parce qu’il était légèrement prude et que ce genre de choses le mettait mal à l’aise. Ou, tout simplement, parce qu’il n’avait pas le vocabulaire adéquat. Les raisons lui étaient apparues nombreuses, toutefois, il ne s’en trouvait pas moins ridicule pour autant. À son âge, on ne rougissait pas pour un oui et pour un non. Pourtant, le regard curieux et avare de connaissance qui le scrutait lui avait littéralement enflammée les pommettes. « AH ! » Sauvé ! pensa Colton. Le brésilien semblait avoir finalement compris ce qu’il avait tâché de lui expliquer avec difficulté. Et le petit rire qui résonna au creux de ses oreilles lui confirma ses pensées. En même temps, il avait essuyé le plus d’expression possible pour que ce soit compréhensible du premier coup. Mais ignorant tout du parler brésilien, il était loin de se douter que toutes ses tentatives, sauf une sauveuse, était incompréhensible pour celui qui semblait désormais amusé. « Empalmarse ! La érection ! » Les joues de Colton s’empourprèrent davantage alors qu’il fusilla le jeune homme du regard en lui adressant un signe de la main. « Mais pas si fort ! Toute la ville va t’entendre ! » En effet, il exagérait mais son malaise était plus présent qu’il ne le soupçonnait. Ces choses et sentiments qu’il aurait aimé goûter et qui pourtant, lui semblait interdit et sale. Sans doute à cause de la personne qui provoquait tout cela en lui. Mais qu’importe ce qui le gênait véritablement, il préféra le nier et changer tout bonnement de conversation. Plus simple, moins prise de tête et nettement plus joli comme vocabulaire.
« Je m'appelle Romeo. » Un sourire amer glissa sur les lèvres de Colton. A eux deux, ils venaient de se réinventer une scène mythique made in Shakespeare. Du grand art. Mais c’était à regret qu’il acceptait son rôle. Puisque dans la vraie histoire, c’était Juliet sur le balcon et Roméo était nettement moins insupportable. Du moment, voilà les souvenirs qui lui restaient de cette pièce. « Et le Brésil c'est super " bandant " ! » Le clin d’œil qu’il lui offrit ne l’amusa pourtant pas. Il se trouvait horrible de pourrir ainsi le vocabulaire d’un pauvre étranger. Il se fit mentalement la promesse de surveiller son langage. « Je veux bien te croire. Mais bon, tu sais… Bandant, je ne suis pas sûr que ce soit au dictionnaire. Mieux vaut dire euh… Je sais pas moins : génial ! C’est cool comme mot, non ? » Ouais, trop la classe Colton ! Génial, c’était le mot le plus ravissant qu’il avait dans sa garde-robe ou quoi ? Essayant de faire machine arrière, le jeune trouva un autre mot qu’il lui sembla plus adapté. « Ou alors… Tu veux un beau mot ? Bah dis : mirifique. C’est l’image que je me fais de ton pays… » Pour ce qu’il connaissait du Brésil. Trop peu de choses. Il n’avait eu l’occasion de le découvrir qu’à travers les livres et il n’était pas suffisamment naïf pour croire que les images reflétaient l’exacte vérité. Toutefois, il se plaisait à y croire. « Et toi alors, comment tu t'appelles ? Chez moi on t’appellerait " gringo ". » Le peu de notion qu’il avait d’espagnol lui permit de déduire la signification de ce mot et sans s’en rendre compte, Romeo venait de mettre un nom sur sa personne. Le véritable nom, celui que personne disait mais que tous devait penser. Il n’était qu’un étranger, tout droit venu de sa grande pomme… Qu’est-ce qu’il pouvait bien savoir du Maine et de ces habitants ? « Techniquement, c’est Colton. Mais j’aime bien "gringo". Ca sonne bien. » Oui, ça lui sonnait vachement bien aux oreilles. Il trouvait ça même plaisant et il aurait aimé qu’on le surnomme ainsi plutôt que par son propre prénom. Parce que, Colton, ce n’était pas terrible. « Dis-moi Romeo… Tu comptes me faire sortir de là un jour ou tu t’amuses juste un peu ? » Il avait mis sa main en visière afin de mieux voir les traits de son camarade, avant d’ajouter timidement un vague : « s’il te plait ? »
Sujet: Re: Le fond du trou ... [Colty] Mer 17 Aoû - 14:48
« Je veux bien te croire. Mais bon, tu sais … Bandant, je ne suis pas sûr que ce soit au dictionnaire. Mieux vaut dire euh … Je sais pas moins : génial ! C’est cool comme mot, non ? » Toujours aussi souriant, Romeo s'amusa de plus belle de la gêne palpable qui émanait du discours de son interlocuteur. S'il paraissait évident que ce garçon n'assumait pas le fait de lui avoir appris un mot aussi peu conventionnel, Casador se garda tout de même bien de lui préciser que, dans sa langue natale, il était lui-même bien loin d'avoir le langage BCBG qu'on attendait d'un jeune homme bien élevé. Le fait de s'exprimer en anglais de base et quasi enfantin était trompeur à bien des égares vis à vis de sa personnalité et de la façon dont il communiquait lorsque l'occasion lui était donnée de parler de nouveau dans sa langue natale, mais le fait de voir son professeur improvisé tergiverser pour trouver une alternative positive à l'expression récemment apprise était trop amusant pour tout simplement régler le problème en lui expliquant qu'assimiler le langage familier de l'américain de base ne le dérangeait pas, bien au contraire. Aussi se contenta-t-il de claquer des pieds en rythme contre la paroi en profitant de la bonne humeur occasionnée par ce dialogue insolite. « Ou alors … Tu veux un beau mot ? Bah dis : mirifique. C’est l’image que je me fais de ton pays … » Mirifique, très bien, Romeo l'enregistra dans un coin de sa tête, mais en se faisant tout de même la réflexion qu'il utiliserait probablement plus souvent le terme " bandant " que celui-ci.
Puis vint le temps des présentations et le champ lexical de ce qui était plaisant et agréable sembla perdre de son importance. Lorsqu'il entendit l'autre se présenter sous le nom de Colton, Romeo se fit la réflexion en simultané que lui aussi préférait de loin " gringo ". Non pas que le prénom du jeune homme lui parût laide ou particulièrement déplaisant à prononcer, mais plutôt qu'il avait - dans son esprit en tout cas - plus une tête de gringo qu'une tête de Colton (même mentalement c'était dur à prononcer ... non ?). « Ça restera gringo alors ! » Sourit-il avec entrain, ravi de voir qu'il y avait finalement moyen d'accrocher un peu plus positivement que de manière agressive avec ce garçon. « Dis-moi Romeo … Tu comptes me faire sortir de là un jour ou tu t’amuses juste un peu ? » Nouveau rire. C'est vrai que depuis son perchoir - et hormis le vent frisquet - la situation ne lui paraissait pas si désagréable que ça, or ça ne devait pas être le même ressenti quelques mètres plus bas pour celui qui s'était fait piéger par le trou. « s’il te plait ? » Avec un haussement de sourcils à la fois malicieux et appréciateur, Romeo joua de souplesse pour se remettre debout d'un bond et adresser un air coopératif à Colton. « C'est " okay ", je t'aide ! » Lâcha-t-il tout en regardant à l'entour afin de voir si un quelconque élément du décor pourrait l'aider à remonter le gringo du trou. Malheureusement, ces falaises désertes semblaient vouloir rester fidèles à leur statu de territoire hostile et aucune corde providentielle ne se détacha de l’amoncèlement de gravas et de touffes d'herbe qui jonchaient le sol. « C'est merde ! » S'exclama-t-il, contrarié à l'idée que le sauvetage puisse s'avérer plus délicat que prévu. « Je devoir descendre pour te porter je pense, pousse, je saute ! » Et sans plus attendre, il se laissa pendre au rebord du précipice avant de lâcher prise et de tomber lourdement mais sans heurts notables sur le sol irrégulier du fond.
« Allez ! » Encouragea-t-il en donnant à ses mains la forme d'un marche-pied pour que Colton puisse se hisser jusqu'en haut. « Tu tirer et moi pousser, je pouvoir remonter tout seul après. » En pleine forme et d'un naturel sportif, il n'avait en effet pas peur d'escalader à mains nues la paroi abrupte du ravin pour remonter à la surface, cela se lisait son visage confiant et déterminé.
Sujet: Re: Le fond du trou ... [Colty] Mer 17 Aoû - 19:22
« Ça restera gringo alors ! » adjugé, vendu ! De toute façon, cela ne ferait que trop de bien à Colton de se voir attribuer un sobriquet qui le ramènerait à sa propre réalité. Celle d’avoir quitté son chez lui pour devenir un étranger et tout ça dans l’unique but d’être là pour lui. Un lui qui prenait un malin plaisir à faire de lui sa marionnette et qui gagnait davantage de chose à sa présence que lui-même. Bref, cherchant à chasser ses pensées peu joyeuses, Colton secoua négligemment la tête avant de poser la question qui lui brûlait les lèvres. Il avait volontairement apaisé la discussion avant de réitérer sa demande. De toute façon, il était évident qu’il gagnerait à se montrer plus sympathique avec son interlocuteur, sinon, celui-ci l’aurait très certainement laissé là pour de bon. Mais rassuré par le haussement de sourcils de Romeo, il détailla le moindre de fait lorsque ce dernier se remis sur ces deux pieds. « C'est " okay ", je t'aide ! » Un soupire de soulagement quitta ses lèvres alors qu’il observait toujours le brésilien. Visiblement à la recherche de quelque chose qui pourrait aider à le remonter à la surface. Mais déjà Colton affichait une moue sceptique. Bien qu’il n’avait pas eu le temps de détailler les lieux, il était persuadé que rien ne pourrait être susceptible d’aider son sauveur à lui porter secours. Et son avis ne fut que confirmé par l’exclamation qui lui fit relever la tête. « C'est merde ! » Bien qu’il ait pu mal prendre cette nouvelle, Colton se contenta de sourire amusé. C’était la merde, oui. Mais bon, il allait le sortir de là malgré tout, pas vrai ? « Je devoir descendre pour te porter je pense, pousse, je saute ! » Quoi ? Le jeune homme ouvrit de grands yeux à l’entente de cette idée qu’il trouva des plus stupides ! C’était assez ridicule de se jeter lui aussi de son trou. Il allait lui-même sauter dans la bouche du loup et gardait l’espoir d’en sortir malgré tout ? Sidéré, Colton s’écarta pourtant quand l’étranger s’échoua lourdement sur le sol. Lui, au moins, n’avait pas eu de mauvaise surprise et la chute n’avait pas été trop douloureuse. « Mais ! Qu’est-ce que tu fabriques ?! » Totalement décontenancé par la façon d’agir de Romeo, Colton le dévisagea un air ahuri sur le visage. Le voir de plus près rendait les choses tellement plus… étranges et cette nouvelle proximité gêna Colton qui se sentait soudain mal à l’aise. Peut-être qu’à cause de lui, Romeo finirait, à son tour, coincé au fond de cette falaise.
« Allez ! » Colton fronça les sourcils en regardant le brésilien joindre ses mains en courte échelle. Il avait vraiment de sérieux problèmes, ça devait être un drôle de pays le Brésil. Après réflexion, il n’était plus certain de vouloir y mettre les pieds un jour. Ou, du moins, pas avant de s’être remis de cette rencontre des plus étranges. « Tu tirer et moi pousser, je pouvoir remonter tout seul après. » Colton le dévisagea et, sans raison apparente, éclata de rire. D’un rire profondément sincère et enfantin. De ces rires qu’il n’avait plus communiqué depuis longtemps. A bout de souffle et les côtes douloureuses, il déclara : « Non mais t’es sérieux ? » Respirant péniblement, il plaça une main sur son ventre tout en essayant d’apaiser son hilarité. Il ne savait pas ce qu’il y avait de drôle dans cette situation, mais en tout cas, ça le faisait bien rire. « Attends, faut que je me calme. » A peine avait-il formulé cette phrase qu’il recommençait à rire avec ostentation. Non vraiment, il ne savait pas ce qui lui prenait ! Il lui fallut une bonne minute pour enfin retrouver son calme et récupérer son calepin à dessin échoué sur le sol. Il lança ce dernier afin qu’il se trouve déjà au-dessus d’eux avant de poser un pied dans les mains de Romeo. « Ne me joue pas de mauvais tour, l’étranger ! » avait-il dit en souriant avant de laisser le poids de son corps reposé dans ces mains. Il s’agrippa aux parois et parvint à se hisser. Finalement sorti de son trou, il se sentit revivre de plus belle et laissa un vague sourire ravi prendre place sur ses traits alors qu’il se penchait dangereusement pour observer la nouvelle fourmi. « Ok, j’avoue. Vu comme ça, c’est hyper drôle ! Tu veux que je te tende la main ou tu vas sérieusement remonter seul ? » Peu rancunier, Colton était déjà prêt à tendre la main. Bien que ça ne risquait pas d’être aussi simple. Mais il avait hâte de voir ce petit macaque de Romeo à l’action !
Sujet: Re: Le fond du trou ... [Colty] Jeu 18 Aoû - 23:46
Battant des cils d'un air interdit lorsque Colton se mit à rire, Romeo se redressa légèrement et la détermination qu'on avait pu lire précédemment dans la manière dont il avait joint ses mains en marche-pied sembla en prendre un coup. « Non mais t’es sérieux ? » Bah oui qu'il était sérieux ! C'était même parfaitement con comme question venant de la part d'un type qui se fendait la poire ... Ça se voyait bien qu'il était le seul à ne pas rire présentement, non ? Ces américains ... de drôles de bonhommes tout de même ! « Tu me moques ? »[/b][/color] S'enquit-il d'un air profondément surpris sans savoir s'il fallait interpréter ce fou rire comme une raillerie ou comme une sorte d'extériorisation nerveuse et incontrôlable du stress occasionné par l'attente au fond de ce trou. « Attends, faut que je me calme. » Finalement, voyant que Colton se massait les côtes pour reprendre ses esprits, Romeo décida que l'explication à ce comportement inattendu n'était pas plus importante que ça. Aussi haussa-t-il les épaules avant de reprendre sa position initiale, à savoir mains offertes et jambes légèrement fléchies en prévision du poids qu'il lui faudrait bientôt soutenir (si toutefois le gringo ne crachait pas un poumon à force de gargouiller de rire). Lorsque l'américain s'en fut enfin remis et qu'il eut lancé ce qui semblait être un livre de poche par delà la délimitation du ravin, notre marin s'assura d'avoir fermement planter ses pieds dans le sol et serra les dents pour ne pas trembler lorsque arriverait le moment d'éjecter le colis vers le ciel.
« Ne me joue pas de mauvais tour, l’étranger ! »« Tente-moi pas ... » Répliqua-t-il sur le même ton avant de donner l'impulsion nécessaire à la remontée du jeune homme. Quant ce dernier eut retrouvé la surface, Romeo se frotta les mains puis leva les yeux dans sa direction pour lui rendre son petit air satisfait. Et voilà, c'était aussi simple que ça, pas de quoi rire et pas de quoi émettre de réserve, il savait parfaitement ce qu'il faisait. « Ok, j’avoue. Vu comme ça, c’est hyper drôle ! Tu veux que je te tende la main ou tu vas sérieusement remonter seul ? »« Tu le crois pas, hein ? Que je peux monter tout seul ! » Avec une insolence détestable mais qui n'était pas tant tournée vers Colton que vers le défi que représentait cette remontée en solitaire, Romeo recula alors de quelques pas, prît de l'élan et sauta contre le mur pour s'y agripper tel une araignée géante. Bien sûr, lorsque son corps entra en collision avec la roche, il se sentît repoussé vers l'arrière, mais ses doigts se resserrèrent sur leurs prises et les muscles de ses bras vigoureux se bandèrent pour compenser la perte d'équilibre. Une fois qu'il fut parvenu à trouver une fissure où glisser l'un de ses pieds, il pût même se détendre un tantinet et porter la plus grande partie de son poids sur sa jambe stable. Son bond vers le haut l'avait propulsé à la moitié de la distance à gravir, mais une chute restait toujours possible et les aspérités ainsi que les rochers qui jonchaient le sol en contrebas semblaient n'attendre qu'une seule chose : qu'il s'y écrase pour lui casser un os. Cela dit, au lieu de s'angoisser, Romeo décocha un énième sourire au gringo puis reporta son attention sur ses propres mains pour plus de concentration. Il avait beau avoir pleinement confiance en ses capacités (à tort ou à raison, cela restait à voir et dépendait souvent des situations ...), ça ne l'empêchait pas de prendre conscience qu'il valait tout de même mieux ne pas se rater, sous peine d'avoir l'air ridicule en plus de se faire mal. Alors, après avoir observé les brèches qui creusaient le mur, il finît par prendre le risque de lâcher l'une de ses prises pour en agripper une autre, trente ou quarante centimètres plus haut. « ¡ Joder ! » Marmonna-t-il entre ses dents quand ses doigts glissèrent légèrement au contact d'une roche humide. « Le triste d'ici c'est la pluie partout nom de dieu ! » Lâcha-t-il alors, sans trop savoir si Colton l'écoutait ou l'observait tandis qu'il évoluait à tâtons et avec précaution.
Finalement, après deux ou trois minutes d'endurance physique à l'état brute, il parvint à rejoindre la surface et paraissait d'ailleurs étonnement frais et pimpant lorsqu'il se retrouva debout, face à l'américain, les mèches en pagaille. « HAHA ! Je te bouche un coin là ! » Bras écartés en signe de victoire, Romeo redevenait Romeo, aka ce gamin des quartiers populaires qui adorait relever son t-shirt par dessus sa tête en faisant l'avion lorsqu'il marquait un but au foot de rue.
Sujet: Re: Le fond du trou ... [Colty] Sam 20 Aoû - 1:28
« Tu me moques ? » D’autant plus amusé par cette répartie, Colton n’avait que redoublé d’euphorie. Non, il ne se moquait pas. Mais la raison de son rire lui échappait tout autant qu’à son interlocuteur qui semblait véritablement dubitatif face à cette hilarité soudaine. Était-ce le trop plein de pression accumulé qui lui faisait perdre les pédales alors qu’il voyait enfin une issue à son malheur ? Sans doute, oui. Ca ne pouvait être que ça. Il ne voyait pas d’autres raisons pour expliquer cela. Mais alors qu’il se calmait, il ne put s’empêcher de constater le bien fou que cela lui avait fait. Depuis combien de temps ne s’était-il pas fendu la poire à ce point ? Depuis combien de temps n’avait-il, tout simplement, pas rit pour rire vraiment ? Trop longtemps et voilà qu’il reprenait plaisir à le faire. Pourquoi ne pouvait-il pas partager ce genre de moment avec celui qui était – à peu de choses près – son univers ? La question ne fit qu’une brève apparition dans son esprit avant qu’il la relègue dans un coin très sombre. De toute façon, pas la peine de rêver, ce genre de chose n’arriverait pas de si tôt. Peut-être même jamais, alors, à quoi bon ?
Décidant de faire finalement confiance au brésilien, Colton avait pu remonter à la surface sans encombre. C’était avec plaisir qu’il recouvrait sa liberté et le bien-être que cette dernière pouvait provoquer. Son regard vrilla sur les alentours alors qu’il se rendait compte que tout cela n’était pas qu’un fichu rêve. Il avait bien été assez maladroit pour chuter dans un trou et une âme charitable (même si le terme était tout sauf exact) l’avait secouru. Son calepin au pied, il le repoussa vaguement avant de se pencher vers l’interstice qui le séparait de l’étranger pour lui demander si un quelconque coup de main pourrait lui être utile. « Tu le crois pas, hein ? Que je peux monter tout seul ! » L’arrogance du jeune homme ne put que faire sourire Colton qui, en effet, doutait qu’il puisse remonter seul. « Bah vas-y, montre-moi c’est qui le plus fort ! » l’encouragea-t-il un sourire amusé scotché aux lèvres. Il n’avait aucune certitude sur la réussite de ce projet, mais déjà il s’amusait à imaginer son camarde en pleine action. Penché par-dessus le trou, veillant toutefois à ne pas y chuter à nouveau, Colton observa le moindre mouvement de Romeo. Impressionné par les gestes qu’il posait, il ne put que se taire admiratif. Finalement, il avait bien fait de ne pas avoir essayé. Il aurait, de toute façon, manqué son coup et serait tombé de nouveau. « Le triste d'ici c'est la pluie partout nom de dieu ! » Lorsque cette phrase lui était parvenue aux oreilles, il n’avait pu retenir un nouveau rire, amusé. Pour un étranger comme ce Romeo, le temps ne devait pas être des plus tropicaux. Mais ceux qui habitaient ici depuis toujours n’avait jamais trouvé cela vraiment gênant. Aussi se retient-il de toute remarque. À quoi beau l’ennuyer avec ça, de toute façon ? C’était son droit d’être frileux, mauviette.
Au bout de quelques minutes d’efforts pour l’un et de pleine contemplation pour l’autre, le but fut finalement atteint ! Hourra ! Ils avaient donc échappés au pire, Colton pouvait donc se sentir rassuré. « HAHA ! Je te bouche un coin là ! » En le voyant lever les bras en signe de victoire, le jeune homme ne put que lever les yeux au ciel, mi-amusé mi-exaspéré par tant d’assurance. Il aurait donné n’importe quoi pour échanger sa place avec ce héro qu’il estimait de plus en plus. Lui, au moins, n’aurait pas passé des heures à se morfondre sans raison. Colton ramassa alors le calepin qui se trouvait à ses pieds avant de finalement poser ses prunelles intrigués sur l’être qui lui faisait face. Il passa chaque détail au peigne fin, se disant qu’il aurait fait un magnifique Narcisse ! « T’es tout le temps comme ça ? » se risqua-t-il finalement. « Je veux dire… assuré, blagueur et aussi insupportablement souriant ?! » Un sourire glissa sur ses lèvres alors que ses propres paroles résonnaient à ses oreilles. Finalement, Romeo si agaçant avait tout pour être attachant, ne put-il s’empêcher de constater. Ou bien, tout simplement, il était trop facilement impressionnable. Dans un cas comme dans l’autre, il n’avait rien à y gagner. « Et on dit : je t’embouche un coin. Mais bon… ça n’veut pas dire grand-chose quand on y pense. Enfin, je ne sais pas… Mais je doute que tu mettrais en application le sens premier du terme ! » avait-il ajouté, haussant les sourcils avec malice. Que devait-il faire maintenant ? Le remercier et s’en aller, comme si de rien n’était ? Ou laisser la rencontre s’éterniser aux risques d’en voir des franchement vertes et pas mûres ? Bonne question…
Sujet: Re: Le fond du trou ... [Colty] Sam 20 Aoû - 20:37
« T’es tout le temps comme ça ? » Figé dans sa pause triomphale, Romeo battît des cils sans trop comprendre le sens précis de la question. Comme quoi ? Pensa-t-il, suspicieux. « Je veux dire … assuré, blagueur et aussi insupportablement souriant ?! » Pour toute réponse, un nouveau sourire éblouissant illumina le visage du brésilien. Il était comme ça, oui. Peut-être pas tout le temps car, comme tout le monde, il avait des jours " sans ", mais d'aussi loin qu'il s'en souvenait, il avait toujours été comme ça, oui. Et, maintenant qu'il y pensait, Colton n'était pas le premier à lui dire que ce comportement pouvait s'avérer insupportable. Mais les choses étaient ainsi faites et il se moquait bien que sa bonne humeur et sa foi en l'avenir agacent ou désespèrent autrui. Au mieux, sa bonne humeur communicative se répandait comme une trainée de poudre et contaminait chaque personne qui avait la chance (ou la mal chance ?) de l'approcher ; au pire, elle agaçait les râleurs, ce qui lui donnait une raison de plus de rire et de se sentir en harmonie avec lui-même. Il n'aurait pas été jusqu'à dire qu'il jubilais de se savoir en meilleure forme psychique que certaines des personnes moroses qu'il lui arrivait de rencontrer mais n'aurait pas non plus nié apprécier le fait de se sentir bien dans ses baskets. Un tracas de moins à gérer c'était toujours ça de gagné pour lui qui, récemment, avait du faire face à bon nombre de situations aussi improbables que dangereuses et compliquées. Quoiqu'il advienne, pensa-t-il, tandis que Colton le reprenait sur la mauvaise formulation de son expression, la vie gagnait toujours à être prise du bon côté, quand bien même il fallait choisir de deux maux le moindre.
« [...] Mais bon … ça n’veut pas dire grand-chose quand on y pense. Enfin, je ne sais pas … Mais je doute que tu mettrais en application le sens premier du terme ! » Il y eut un temps de silence religieux qui appuya la réflexion de Romeo tandis qu'il faisait dans son esprit les traductions et les connexions nécessaire à la compréhension de la phrase et au sourire taquin qui l'accompagnait. Dur dur de comprendre un sous-entendu autre qu'en espagnol ou en portugais pensa-t-il, indécis. Mais, n'ayant de toute évidence pas peur de passer pour un flan, il y répondit tout de même lorsqu'il cru enfin avoir saisi l'allusion : « C'être sexuel ça aussi ? Drôle d'image quand même, pour parler de sexe ... " Emboucher un coin ... ". » Partant d'un ricanement pensif et stimulé par son imagination qu'on savait débordante, Romeo secoua gentiment la tête de gauche à droite comme pour chasser son amusement. « Ça va faire souvenir improbable tu sais ... Rencontrer un gringo dans un trou qui explique " bandant " et qui parle de sexe en coin ... Ils vont pas vouloir croire que c'était vrai. » Owi, il s'imaginait déjà racontant l’anecdote à une bande d'amis morts de rire et parfaitement incrédules. A moins que ... « Attend ! " Emboucher ", comme " mettre dans la bouche " ? » Frappé par ce qu'il passa être un rayon de lumière divine mais qui n'était en réalité qu'un mauvais tour que la ressemblance des mots venait de lui jouer, Romeo fronça le nez d'un air gentiment dégouté, comme s'il s'agissait là d'une blague salasse. Là, il plaça sa main devant sa bouche pour mimer l'acte de fellation, qu'il ne savait pas traduire en anglais, tout en lançant à Colton un regard interrogatif traduisible par " c'est bien de ça dont tu parles ? ". Cette fois-ci plus de doutes possible, c'était bien un pervers qu'il avait repêché au fond de ce trou ! Comble de l'humour grivois !
Sujet: Re: Le fond du trou ... [Colty] Dim 21 Aoû - 20:21
Note à lui-même : ne pas jouer au plus malin avec un étranger. Ne pas le reprendre sur ses tournures de phrases chaotiques. Ne pas employer un vocabulaire autre que basique et éviter toutes expressions qui pourraient s’avérer tendancieuses. Sauf que voilà, Colton ne l’avait compris que trop tard et bien que le passage inopiné du "bandant" restait encore présent dans son esprit, il avait encore dit les mots de trop. Ceux qui, bien entendu, ne manquèrent pas d’interpeller ce fougueux de Romeo. « C'être sexuel ça aussi ? Drôle d'image quand même, pour parler de sexe ... " Emboucher un coin ... ". » Techniquement ça n’avait rien de sexuel, non et ce n’était pas ce que Colton avait voulu dire. Mais il avait pour manie de s’exprimer de manière douteuse et voilà que maintenant il devait l’assumer. Romeo ne semblait pourtant pas gêner, lui, avec ses ricanements et ses hochements de tête amusés. Et alors qu’il ouvrait la bouche pour s’apprêter à dire le véritable fond de sa pensée, à savoir : que l’expression voulait dire réduire au silence et donc, le voir fermer son clapet plus de trente secondes, le jeune homme se vit couper dans son élan avant même d’avoir prononcé un mot. « Ça va faire souvenir improbable tu sais ... Rencontrer un gringo dans un trou qui explique " bandant " et qui parle de sexe en coin ... Ils vont pas vouloir croire que c'était vrai. » A nouveau les joues de Colton s’empourprèrent alors qu’il détournait le regard gêné. Il était entrain de passer pour un gros pervers qui ne s’assumait pas, il n’y avait rien qui puisse le mettre davantage mal à l’aise. Et se creusant lui-même une tombe un peu plus large, il se mit à penser à ce que pourrait croire Romeo quant à sa véritable présence dans le trou. Avec une imagination aussi développé, il aurait pu avoir envie de redescendre et vérifier que Colton était bien seul dans sa cage. Quelle horreur, il en frémissait de dégoût alors que l’étrange reprenait encore la parole. Mais, il voulait sa mort ou quoi ? « Attend ! " Emboucher ", comme " mettre dans la bouche " ? » Mais non ! Ce n’est pas ce qu’il voulait dire. Il voulait parler du sens premier de l’expression ! Il allait se débattre corps et âme pour expliquer concrètement ce que tout cela voulait dire. Mais alors qu’il posait son regard timide dans celui de son vis-à-vis, ce dernier fronça le nez et ne fit un geste qu’il aurait préféré ne pas voir ! Colton écarquilla les yeux, incroyablement choqué par ce qu’il venait de faire et interdit, il piqua un nouveau far. Ce qu’il pouvait paraître niais et très farouche lorsqu’il s’agissait de… même le mot lui semblait délicat !
Le regard de Romeo posé sur lui était plein de questionnement et il semblait avoir une réponse. Était-ce bien là ce qu’il avait voulu dire ? Pour toute réponse, Colton frappa sur la main du jeune homme en fronçant les sourcils. Puis, comme un papy qui disputerait ses petits enfants, il agita son index devant lui. « Non mais ça va pas ? Je vais te laver la bouche avec du savon, si tu continues ! » Il devenait évident, par ces gestes et réflexions, que le sexe : c’était tabou ! ON N’Y TOUCHE PAS, NON MAIS ! Alors qu’il repesait le doigt, conscient d’exagérer légèrement, Colton vint se gratter la nuque gêné. Il avait peur de faire une nouvelle gaffe et de prononcer de nouveaux mots qui, une fois de plus, le mettrait dans l’embarras. « Et je parle pas de… truc en coin, arrête ! Je suis pas un pervers ! Avoue, tu le penses hein ? » Plein de suspicions, Colton regardait Romeo d’un air franchement peu folichon. Le pauvre s’inquiétait pour sa réputation. (et quelle réputation, puisqu’il n’en avait pas !). Il préféra tout de même mettre les choses au clair et reprendre vivement : « Je parlais du sens premier de la réflexion, patate ! J’étais persuadé que tu n’pouvais pas fermer ton clapet et je crois que c’est clair là ! Quoi, y a pas le jeu du silence "à Brésil" ? » lâcha-t-il légèrement sur la défensive que la gêne occasionnait chez lui.
Sujet: Re: Le fond du trou ... [Colty] Lun 22 Aoû - 10:52
D'un naturel sans gêne et spontané, Romeo était à mille lieux d'imaginer que son imitation fellationesque puisse choquer ou mettre mal à l'aise son vis à vis, d'autant plus que - dans son esprit - c'était lui qui, après tout, était parti sur le chemin des expressions à connotations sexuelles. Il fallut que Colton pique un far impressionnant et lui tape sur la main de manière réprobatrice pour que notre marin consente à réaliser qu'il faisait peut-être fausse route et que la conversation l'amusait certainement plus qu'elle n'amusait l'américain. « Non mais ça va pas ? Je vais te laver la bouche avec du savon, si tu continues ! » Sourcils haussés et air interdit sur le visage, Romeo laissa son bras retomber le long de son corps tandis que son regard interrogatif se changeait en regard perplexe. Eh bah quoi ? N'avait-il pas bien compris le sens de la phrase une fois de plus ou fallait-il voir une autre illustration douteuse derrière la promesse de lui laver la bouche avec du savon ? Suspicieux, Romeo préféra garder le silence cette fois-ci, histoire de laisser le temps à Colton de lui expliquer le pourquoi du comment de cette réaction prude et crispée. « Et je parle de … truc en coin, arrête ! Je suis pas un pervers ! Avoue, tu le penses hein ? » Nouveau silence durant lequel Romeo se fit la réflexion qu'il valait mieux éviter de répondre avec sincérité à cette question ... « Je parlais du sens premier de la réflexion, patate ! J’étais persuadé que tu n’pouvais pas fermer ton clapet et je crois que c’est clair là ! Quoi, y a pas le jeu du silence "à Brésil" ? » Passé le stade de l'incompréhension mutuelle, Romeo se mit à sourire de coin, retrouvant ainsi l'air assuré qui le caractérisait en temps normal. S'il n'avait pas su comprendre ce que Colton voulait lui dire de prime abord, il était désormais certain d'avoir saisi ce que le jeune homme ne voulait en revanche pas avouer de vive voix. Aussi, taquin, il n'hésita pas à mettre les pieds dans le plats, convaincu que les tabous gagnaient toujours à être malmenés et fusillé en place publique : « Tu préfères que je taise parce que le sexe te stress ? Alors quoi ? On n'est plus 15 ans hein, c'est fini les timides qui assument pas, décoince ! ».
Évidemment, " décoincer " à la demande d'un inconnu dont on ne connaissait que le prénom et qui, de surcroit, s’emmêlait pas mal de pinceaux niveau phrasé ne devait pas paraître évident pour tout le monde. Mais ça, Romeo - qui n'était pas du genre à ce formaliser de si peu - ne semblait pas l'intégrer à son mode de pensée. Lui qui n'avait honte de rien (ou du moins, de pas grand chose), n'envisageait pas qu'on puisse avoir des réticences à parler de tout et de n'importe quoi avec un inconnu. En revanche, ce qu'il n'avait aucun mal à envisager, compte tenue de l'attitude crispée du principal intéressé, c'est que Colton soit une sorte de traumatisé de la chose. Il fallait au moins ça pour qu'il se braque à ce point et rougisse d'une simple évocation de pipe, non ? Quel autre homme n'aurait pas trouvé l'imitation ne serait-ce qu'un tantinet amusante, si ce n'était franchement drôle, tout simplement ? Est-ce qu'on était coincé et dépourvu de recul sur soi-même dans ce bled nordique ? N'y avait-il que sous les longitudes latines que le sexe et les autres plaisirs de la vie étaient évoqués de manière tout à fait naturelle ? En quoi était-ce si dérangeant, au final ? En y repensant, Colton comme lui n'étaient rien d'autre que le résultat de parties de jambes en l'air parentales après tout. « Tout le monde baise ! » Pensa-t-il à haute voix, réaliste et détaché, visiblement beaucoup plus épanoui que Colton dans l'acceptation de la chose.
Dernière édition par Romeo M.-Casador le Mar 23 Aoû - 15:53, édité 1 fois
Sujet: Re: Le fond du trou ... [Colty] Lun 22 Aoû - 15:58
Et encore ce foutu air assuré collé à la face ! Comme il pouvait être agaçant avec son sourire Colgate et sa franchise orgueilleuse. Si Colton avait pensé qu’il pouvait s’accoutumé au manque de gêne de son interlocuteur et que, même, il pourrait trouver cela sympathique à la longue et bien, il commençait sérieusement à en douter. Il refusait obstinément qu’on le prenne pour le dindon de la farce ou pire encore, que l’on se moque de ses manières pudiques et de son air renfrogné qui ne le quittait pas lorsque le sexe était abordé. Non pas qu’il trouvait cela dégoûtant et qu’il refusait de s’y donner à cœur joie, simplement... Au fond, lui-même n’avait pas vraiment la clé du problème. Il avait toujours été renfermé dans sa petite bulle personnelle et avait mis une barrière suffisamment imposante entre lui et le monde pour ne pas être obligé de faire… ça. Sans doute un peu vieux jeu, ou simplement grand romantique, il avait toujours voulu se préserver pour la bonne personne. Et autant dire que jusqu’ici, il ne l’avait jamais trouvé. Et bien qu’il avait une idée bien fixe sur le choix de cette dite personne, il préférait ne pas y penser, sachant que tout serait perdu d’avance de toute façon. Alors qu’on le taquine avec ça, c’était vraiment la pire chose qui pouvait lui arriver. Il n’avait pas de véritable argument pour se défendre et n’être considéré que comme un coincé ne l’enchantait pas. « Tu préfères que je taise parce que le sexe te stress ? Alors quoi ? On n'est plus 15 ans hein, c'est fini les timides qui assument pas, décoince ! » Et ce Romeo qui, visiblement s’amusait beaucoup, n’arrangeait rien à l’affaire. Le sexe ne le stressait pas ! Ca n’avait rien à voir. C’était beaucoup plus compliqué, beaucoup plus personnel. Et non, il n’allait certainement pas se décoincé pour le premier venu. Et même s’il n’avait plus quinze ans, il demeurait encore trop perturbé par des sentiments d’adolescent pré-pubère pour ainsi s’autoriser la timidité. « Je suis pas coincé, arrête. » avait-il alors glissé timidement, le rouge colorant toujours ses joues. Comment expliquer à un brésilien chaud comme la braise que le sexe c’était pas qu’une question de cul à ses yeux ? Bonne question et malheureusement pour lui, il n’avait pas encore trouvé de réponse à cela.
« Tout le monde baise ! » Le détachement avec lequel il avait prononcé ses mots désarçonna complètement Colton qui se trouva complètement stupide. Tout le monde baise ? Alors, il devait avoir de sérieux problème, lui. Pourquoi n’était-il pas comme tout le monde ? Pourquoi fallait-il qu’il fasse les choses différemment ? Et pourquoi tout le monde baisait ? C’était quoi la beauté de cet acte ? Il ne s’était jamais posé ses questions auparavant, préférant ne pas se torturer l’esprit sans raison. Mais voilà qu’un inconnu réveillait en lui un milliard de questions. Et à qui pouvait-il les poser ses questions ? Et, inévitablement, il rougit encore. Toujours. Comment pouvait-il ne serait-ce que songer à poser ce genre de question. Se grattant la nuque et observant le bout de ses chaussures avec passion, Colton chercha à tout prix à retrouver son calme et à perdre cette vilaine timidité qui lui donnait d’horrible bouffé de chaleur. « Mais pourquoi tout le monde baise ? » faiblarde, sa voix s’était élevée alors qu’il relevait ses prunelles pour les déposes dans celle de Romeo. Puisque monsieur avait lancé le sujet et qu’il avait sauté à pied joint dans ce sujet tabou et bien Colton allait s’en servir. « Je veux dire… Tout le monde baise pour dire de baiser. Ah ouais, super, on prend son pied. Et après ? J’ai pas envie de… Je… » Colton se rendait compte qu’il était sur le point de délivrer une information capitale sur sa propre personne. Une information qui ne manquerait sans doute pas de faire le brésilien sans gêne. Il s’éclaircit la gorge et d’une voix qu’il voulait assurer mais qui tremblotait malgré tout, il déballa tout d’un coup : « Je suis vierge, t’es content ? Et ça n’a rien à voir avec le fait d’être coincé ou d’être stressé. Je suis loin d’avoir peur d’être nul ou d’être timide. Et avant que tu le demande, j’ai pas non plus honte de la taille de mon entre-jambe ! Mais le sexe c’est… Je sais pas ! J’ai pas envie de faire ça dans tous les coins juste parce que tout le monde le fait. C’est plus important. Je pense qu’on doit pas coucher à droite et à gauche s’il n’y a pas la moindre once de sentiment. Enfin, c’est sûr, c’est facile. T’enfile une capote, tu te vides et olé, tu te sens léger ! Mais… moralement, psychologiquement, intérieurement : t’as quoi à y gagner ? » Si ses joues auraient pu s’empourprer à nouveau, ce ne fut pas le cas. Aussi étrange que cela pouvait paraître, ces questionnements avaient besoin d’être expulser et de recevoir une réponse. Et s’il avait fallut chuter dans un trou et rencontre un trou du cul pour y parvenir et bien… soit !
Sujet: Re: Le fond du trou ... [Colty] Mar 23 Aoû - 16:43
S'il avait été, jusqu'à présent, amusé et taquin au point de ne pas se rendre compte qu'il y avait, chez son interlocuteur, de réelles névroses rattachées au sujet de conversation, Romeo se retrouva vite perplexe, voire même pris au dépourvu, par la réaction à la fois renfermée et douloureuse de Colton. Silencieux et animé d'une curiosité qu'on aurait pu qualifier de mal venue, mais qui était, en réalité, la preuve d'un intérêt réel, il détailla le jeune homme sans comprendre ce qu'il pouvait bien y avoir de gênant dans le fait de parler de sexe, de rire du sexe ou de faire ou dire quoique ce soit qui ait un rapport, de près ou de loin, au sexe. Était-ce un sujet tabou en Amérique où était-ce un terrain miné seulement chez ce type en particulier ? L'information en tant que telle intéressait Romeo ; il aurait bien voulu savoir s'il devait s'attendre à ce genre de réaction à chaque fois qu'il aurait le malheur de faire un rapprochement bancale et tendancieux, histoire de savoir quoi dire et ne pas dire auprès des américains par la suite ... Mais lorsque Colton s'adressa de nouveau à lui pour lui demander la raison qui faisait que " tout le monde baise ", l'idée de s'en aller sans réponse à ses propres interrogations lui traversa l'esprit. Plus il le regardait et plus il devenait évident que le problème venait de ce gringo en particulier ; et même s'il n'avait pas confirmation au final, il préférait de loin le laisser là à ses prises de tête existentielles plutôt que d'être le témoin d'une crise métaphysique qui attendrait de lui qu'il se montre réconfortant ou rassurant. Il n'avait pas sorti Colton du fond de son trou pour avoir à jouer les psychologues ou les oreilles attentives ; jamais il n'aurait imaginé qu'une blague puisse dévier à ce point sur l'étalage de la vie personnelle d'un inconnu. Vie personnelle qui, par ailleurs, devait être d'une complexité épouvantable pour que le jeune homme en vienne à lui révéler à la fois sa virginité et ce qui semblait être des affirmations pas si convaincues que ça sur ce que se devait d'être le sexe moral et légitime.
Après cet étalage du point de vue Coltonesque, une expression de supériorité non calculée se dessina sur les traits de Romeo. Sans se moquer ou faire preuve d'une condescendance méprisante, le brésilien ne pouvait s'empêcher, en cet instant, d'adorer sa propre personnalité et ses propres valeurs. Des valeurs et une personnalité simples, directes, franches, qui ne cherchaient pas midi à quatorze heure et qui faisaient de lui un être visiblement bien plus heureux que ne l'était ce gringo névrosé, insatisfait et rempli d'interrogation. Aussi, vaguement compatissant, lui offrit-il un regard empathique et encourageant, comme pour lui dire " bon courage dans la vie, mec ". « Le sexe c'est du sexe, c'est tout. » Dit-il, désinvolte, en amorçant un pas pour contourner l'américain et reprendre sa route vers le phare. « C'est en plus du sentiment, mais ça gagne rien. C'est comme manger la glace au chocolat, c'est juste bon, même si tu as pas faim. Ça sert à rien de donner l'utilité à quelque chose qui en a pas ... Manger la glace ça rendra pas plus intelligent ou heureux ou autre chose, c'est juste bon. » Enfin, haussant les épaules et fourrant les mains dans les poches de son ciré, il se retourna pour un au revoir un peu spécial : « Si tu donnes trop l'importance aux raisons et que tu concentres seulement sur ce que tu gagnes, jamais tu profites. C'est pas parce que tu faire l'amour à quelqu'un que tu aimes, mais c'est pas parce que tu aimes pas que tu respectes pas et que c'est interdit. C'est toi qui voir, mais je pense que tu seras toujours dans le même trou dans 10 ans si tu gardes la pensée comme ça ... Salut. » Puis il reprit sa marche. Easy come, easy go, comme disent les gringos !
Sujet: Re: Le fond du trou ... [Colty] Sam 3 Sep - 11:39
Si Colton regrettait déjà d’avoir déballé sa vie à un parfait inconnu, la réaction de celui-ci ne manquerait probablement pas d’alimenter son mal à l’aise. Il n’avait jamais été du genre à parler de lui et dire tout ce qui le préoccupait. Au contraire, silencieux et taciturne, il mettait des images sur ses sentiments afin de les déguiser et qu’ils ne soient pas trop lourd à endurer par son public. Et voilà qu’en une fraction de secondes, ses barrières s’étaient évanouies, le temps d’interroger cet étranger sur les choses qui le dépassait complètement. Il était évident qu’ils n’avaient absolument rien en commun et que leurs avis sur le sujet serait plus que divergeant mais c’est ça qui intéressant l’américain. Il voulait avoir une vision des choses plus simples afin, d’éventuellement, se l’approprier et cesser de tergiverser avec lui-même. Il ne s’était jamais rendu compte que c’était peine perdue, qu’il s’était lui-même enfoncé dans une névrose ridicule et infondée. Personne ne pourrait le sortir de là, si ce n’est son autre et encore, il ne serait qu’une étape à franchir. Colton aurait simplement du accepter les choses tels qu’elles étaient même si les personnes autour de lui le faisait rarement. C’est lui qu’il devait remettre en question. Pas la vie, ni les choses qui la constituaient. Le jour où il l’aura compris et il le mettra en application, alors oui, les choses seront plus simples. En attendant, il se retrouvait dans une situation délicate face à un parfait crétin insolent et supérieur, bien que sympathique par moment. « Le sexe c'est du sexe, c'est tout. » Et voilà encore qu’il jouait de cette désinvolture qui glaçait le sang de Colton. Le sexe c’est du sexe, c’est tout. Il se répéta la phrase, inlassablement, pour y découvrir son sens caché. Mais il n’y en avait visiblement pas, alors pourquoi chercher plus loin ? Pourtant, Colton n’appréciait pas vraiment cette affirmation. À ses yeux, elle ne voulait pas dire grand-chose. Il savait que le sexe c’était du sexe, mais… ça ne pouvait pas être que ça. Ce serait trop simple sinon, non ? Il observa l’inconnu le contourner sans rien dire, attendant sagement la suite des explications. « C'est en plus du sentiment, mais ça gagne rien. C'est comme manger la glace au chocolat, c'est juste bon, même si tu as pas faim. Ça sert à rien de donner l'utilité à quelque chose qui en a pas ... Manger la glace ça rendra pas plus intelligent ou heureux ou autre chose, c'est juste bon. » La bouche du jeune homme se tordit dans une moue d’incompréhension alors qu’il arquait un sourcil, interdit. Il n’aimait pas vraiment ce genre d’image, il trouvait même ça agaçant. Qu’est-ce qu’il en avait à faire de la glace au chocolat ? Sérieux, ce n’était pas le moment pour parler de bouffe ! Il s’était finalement tourné vers lui, les mots dans les poches, pour le saluer amicalement. « Si tu donnes trop l'importance aux raisons et que tu concentres seulement sur ce que tu gagnes, jamais tu profites. C'est pas parce que tu faire l'amour à quelqu'un que tu aimes, mais c'est pas parce que tu aimes pas que tu respectes pas et que c'est interdit. C'est toi qui voir, mais je pense que tu seras toujours dans le même trou dans 10 ans si tu gardes la pensée comme ça ... Salut. » Colton le regarda avancer, silencieux. Dans sa tête, les informations tournaient à toute allure.
Peut-être qu’il aimait bien son trou et qu’il voulait s’y terrer indéfiniment. Peut-être que Romeo ne pourrait jamais comprendre ce qu’il avait voulu dire parce que, lui, n’avait pas à supporter cette sensation d’être une erreur de la nature ou un truc qui devait y ressembler, de près comme de loin. Redressant la tête pour poser son regard sur la silhouette qui avançait, il en hurla dans la direction : « Mais je t’emmerde ! De toute façon, la glace ça fond, ça coule, ça colle… C’EST DEGUEULASSE ! » A bon entendeur… Il n’avait rien à ajouter et il n’avait pas envie d’affronter une quelconque réprimande face à cela, aussi, il récupéra son cahier à dessin et se mit en marche pour rentrer chez lui. Maudissant intérieurement tous les Romeo de la terre. Tous ces foutus cons heureux et qui prennent la vie comme elle vienne. Un jour, il essayerait.