Lendemains difficiles...

« Fêtes nationales ?... Fêtes religieuses ?... Le peuple n'est pas toujours tellement regardant, quant à l'origine de ses joies. Pourvu qu'il s'amuse, il n'en demande pas davantage. »

        Les rêves sont merveilleux. Car même si le retour à la réalité se trouve être brutal, à un moment donné ils ont été beaux. Dans mon rêve cette fois-ci, un drôle de rêve soit dit en passant, je me contentait de faire la fête, comme je savais si bien la faire avant. De l'eau coule et... HEIN ? DE L'EAU COULE ?
        Réveillée en sursaut, j'ouvre les yeux. Où suis-je ? Je ne porte qu'un t-shirt par dessus mes sous-vêtement, mon short se retrouvant par terre, mais que s'est-il passé hier soir ? Oh non, j'ai du accpeter de boire un verre ou un truc du genre, et un inconnu a du me mettre je ne sais quoi dedans, nous avons fait l'amour toute la nuit et me voilà chez lui ce matin, tandis qu'il se trouve sous la douche. Je vois pas d'autres explications possibles...

< June > Ouh... ma tête...

        Je m'étais pourtant promis d'arrêter toute ces conneries. Il faut croire que je ne suis pas assez forte. Un peu comme cette fille hier... Je me souviens ! C'est avec cette fille que tout à commencé. Comment s’appelait-elle déjà ? Linie ? Lexa ? Arf, comment c'était déjà... Lina-Lexie ! Je me souviens de l'avoir vue seule, accroupie dans son coin à fumer son joint. Un passant un peu prétention la regardait de travers, et moi, au lieu de passer mon chemin, je me suis arrêtée avec elle. Elle m'a proposé de fumer, je n'ai pu refuser. J'en avais besoin, moi aussi. Oh, voilà son sac. Soulagements, je ne suis donc pas chez un inconnu ayant voulu profiter de moi, je suis chez elle. Enfin, peut-être pas chez elle, mais avec elle, du moins. Des restes de cocaïne jonchaient la table de nuit, un nombre incalculable de bouteilles en tout genre (mais toutes vides), venait combler ce vide entre les meubles appelé sol. Et un appareil photo, sur le lit, près de tomber. Il n'est visiblement pas à moi, et je ne me souviens pas d'avoir vu Lina avec. En fait, je ne me souviens pas de grand-chose...
        Tiens, la voilà...

< June > On est de grosses vieilles toxico hein ?

Lendemains difficiles...

« Fêtes nationales ?... Fêtes religieuses ?... Le peuple n'est pas toujours tellement regardant, quant à l'origine de ses joies. Pourvu qu'il s'amuse, il n'en demande pas davantage. »

        J'avais en face de moi la fille d'hier, la fille de la rue, la fille du joint, de la clope, et de tout ce qu'il y a eu avec. Elle venait apparemment de prendre une douche, mais avait-elle conscience qu'elle ne s'était pas démaquillée avant ? Du noir coulait de ses yeux à ses pommettes joliment dessinées. A travers ce amas de maquillage souillé, je tentais d'y voir clair. Mais aucun dessin ne se forma sur ses joues mis à par de douteux barreaux de prison. Juste des traits, en soi. Comme elle avait l'air perdue.

< Lina-Lexie > Ça tu l'as dit ma vieille. Tu te souviens de quelque chose toi ?

        Mais je me ressaisit. l'heure n'était pas à laisser mon imagination vagabonder sur tout ce qui avait lieu d'être. Lina s’empara de l'appareil photo, et commença à les regarder. Pendant ce temps, je cherchais mon short avec attention. Mais où était-il ?

< Lina-Lexie > Viens voir ça June !

        J'accouru alors auprès de Lina, passant par dessus le lit et trébuchant sur mon short. Moi qui le cherchais, le voilà.
        Oh mon dieu... Les photos défilèrent, l'angoisse apparu. N'importe quelle fille aurait rigolé en voyant ses photos, mais pas moi. Pas nous. Ni l'une ni l'autre ne bronchait. Le début de la soirée restait soft, on nous voyait, avec deux hommes, fumer dans un bar, un verre à la main. Sûrement pas de l'eau, le verre. Puis trois hommes, deux verres chacune. Puis un nouveau joint. Puis deux, trois. Je me souviens du deuxième. De l'amnésia. Son gout laissait paraître une quasi pureté, quelque chose de fort, en définitive. Puis vint la coke, dont les barres dessinaient un smiley. Sur la photo suivante, je me vois prendre de l'ecsta... Je passe de commentaire la suite. Nous avons été trop loin. Et pourtant... pourtant ce genre de soirées me manquaient, me manquaient terriblement.

< June > Bon, alors écoute moi Lina... J'en ai marre de tout ça. Je veux dire, j'adore ça, et c'est ça qui fait chier. J'avais arrêté ce genre de soirées depuis des mois et des mois. Je sais pas pourquoi hier... mais ça a eu lieu. Effaçons les photos, détruisons l'appareil. On s'en fou du propriétaire du truc, il avait qu'à pas le laisser à deux filles défoncées.

        Et c'était vrai, après tout. Je voulais que cette soirée reste dans nos mémoires, juste dans nos mémoires. Qu'on puisse se dire "STOP, ça a déjà eu lieu, et voilà ce que ça a donné". Cette fille, je l'aimais bien, le peu dont je m'en souvient. Et je voulais qu'on se connaisse autrement que totalement mortes. Je voulais qu'on se connaisse vivantes. Et j’espérais de tout coeur qu'elle souhaitait également se défaire de tout ça. J’espérais qu'elle soit comme moi, dans un sens. J'espérais.

Lendemains difficiles...

« Fêtes nationales ?... Fêtes religieuses ?... Le peuple n'est pas toujours tellement regardant, quant à l'origine de ses joies. Pourvu qu'il s'amuse, il n'en demande pas davantage. »

        Mon amie d'un soir couru aux petits coins. Et au son qui me revenait, cela n'était pas pour faire ses besoin. Un cri étouffé sortit, suivit de quelques toussotements. Lina venait de vomir. J'aurais sûrement rejeter tout mon foie moi aussi, si j'avais eu de quoi rejeter. Malheureusement, j'avais vomi hier tout ce que j'avais eu à vomir, tout l'alcool, toute ma bile. Soudain je me souvint. Nous nous étions enfuie, car nous avions provoqué une bagarre dans notre dernier bar. Nous sommes parties, les jambes à notre cou, la bouteille à la main, l'appareil autour du cou, la coke à la main. Et là, essoufflées, dans un coin de rue, des hommes sûrement tout aussi bourrés de nous sont venus nous chercher les noises. Ils voulaient nos corps, notre bouteille, notre poudre. Enfin, les deux dernières n'étaient pas vraiment à nous, mais passons. Mais voilà, je leur ai vomi dessus. Et c'est peu dire.
        Le revoilà, pas franchement en meilleur état.

< Lina-Lexie > J'ai plus qu'envie d'y arriver... J'veux dire d'arrêter ! Si tu savais, ça fait des mois que j'essaye. Seule je n'y arrive pas. Peut-être qu'ensemble...

        Ensemble... pensait-elle réellement réussir avec moi ? Je suis le parfait exemple de la défaite, de l'échec, de la faillite et de l'insuccès. Je ne suis que la déboire d'un espoir raté. J'ai déjà arrêté, en vain. Je sais que je n'y arriverai pas. Je sais. Je suis devenue dépendante de l'échec.
        Alors c'est or de question.

< June > Ok.

        Je sais. Je sais. J'ai dit que c'était or de question. Mais quitte à perdre, je ne serait pas seule. Elle sera entraînée dans ma sinueuse chute. Mais c'est elle qui me l'a proposé, je ne l'ai forcé en rien. Je l'aiderai dans le tourbillon de l'obsession. Mais il faut qu'elle sache.
        Je pris une profonde inspiration, la sentant s'écraser dans mes fragiles poumons.

< June > Faut que tu saches, Lina. Déjà ton prénom est à chier, tu permet que j'tappelle Line ? Ok, ensuite, Line... avant de vouloir arrêter, faut que tu comprennes ce que ça veux dire.

        Elle semblait stupéfaite. Comme si elle ne savait pas ce que ça voulait dire. Du moins c'est ce qu'elle croit. Elle n'a jamais essayer. Je vais lui dire, moi...

< June > Ça va devenir une obsession. Tu n'auras plus que ça en tête : arrêter. Et au final, ça va te bousiller ta vie et ta santé. Tu vas devenir dépendante. Encore plus que ça, si tu était déjà dépendante. Inconsciemment, tu vas le tatouer dans ton âme. Tu vas chuter. Tu vas te tuer à la tâche. Littéralement. Plus qu'une addiction, une obsession maladive. Tu te retrouveras comme une anorexique et la nourriture. Ta nourriture, les stupéfiants, deviendrons ta seule raison de vivre, et en même temps tu ne voudras pas y toucher. Quand tu craqueras, tu en prendras plus que de raison. Et ça va être les plus beaux instants de ta vie, mais tu vas t'en vouloir au point de décider de te tuer, au sens propre, car au figuré tu le seras déjà. La folie te guêtras, l'harmonie te scieras la tête. Tu traîneras tes chaînes.

        Bien. C'était dit. Et maintenant, qu'elle me prenne pour une folle ou non ne m’intéressait pas. Si elle n'était pas assez forte pour supporter de signer sa dégringolade en tout conscience, qu'elle me foute à la porte, et plus jamais elle n'aurait à faire à moi. Mais je devait la prévenir, j'étais déjà en cours de chute, et elle se trouvait sur le point de sauter me rejoindre.