Premier chapitre ҨApolda, Allemagne.La pluie ne semblait plus pouvoir s’arrêter. De lourdes gouttes d’un transparent sale tombaient sur les routes gelées de la ville Allemande, éclaboussant les quelques courageux passants, dansant sur le toit des habitations, ruisselant des étroites gouttières. Un vent tout aussi présent jouait avec les feuilles tombantes de par l’automne engagé. Des tourbillons orangés se lançaient dans une lutte infernale contre la brume qui, elle, semblait vouloir recouvrir le paysage. Les filles du feu contre l’eau, l’air, et la terre glacée. Un combat singulier, toute force équitablement répartie. De la fenêtre de sa petite chambre du cinquième étage d’un bâtiment délabré, bien que récemment restauré, Amaranthe observait l’étrange spectacle mêlant les différents éléments. Elle savait pertinemment qu’elle ne survivrait pas. Trop faible, c’était eux qui l’avaient dit. Mais elle s’en fichait, elle savait que son bébé serait une fille, elle savait qu’elle l’appellerait Ornora : un prénom de reine pour sa future princesse. Alors, ce soir, elle n’était pas triste. Elle se livrait, caressant son ventre et regardant au dehors ce monde à qui elle allait laisser une fille. Elle cherchait des yeux le danger dont il faudrait protéger sa douce progéniture. Et tout s’accéléra. Des premières contractions à l’arrivée des sages-femmes. Elle accoucha, laissant son enfant aux bras d’inconnus, mourant, un sourire aux lèvres. N’était-ce pas la plus belle des morts ? Disparaitre pour sauver un être, donner la vie puis se donner soi-même. Depuis le début, elle savait : c’était elle ou le bébé. Le choix n’en avait pas été un, elle s’était sacrifiée à juste titre pour un être à cette époque bien fragile mais pourtant tellement prometteur.
A la demande de sa mère, on appela la survivante Ornora. Personne ne comprit ce prénom, mais ils n’avaient pas à comprendre. Obéissant à cette même demande, les autorités décidèrent que Veila ferait un magnifique second prénom. Et alors que peu à peu la nuit établissait son pouvoir sur les prairies gorgées d’eau, dans un tissu bleu fut transporté l’enfant. De main en main, on le regardait, d’un œil curieux on observait l’absurde bébé qui ne pleurait pas. Cette étrangeté les énerva bien vite, la norme était la norme, un bébé devait pleurer, gesticuler, chercher à se faire entendre : vivre. Or, la petite surnommée Orna n’agissait pas comme telle. Elle semblait vouloir se cacher, se faire oublier. Avait-elle conscience que sa vie équivalait à la mort de son unique tutrice ? Avait-elle honte d’être ici, sans sa défunte mère ? Bien sûr que non, un bébé de quelques heures ne réfléchissait pas, se rassura-t-on bien vite. Catégorisée comme étant un légume, l’étrange être enchaina les maisons jusqu’à l’âge de cinq an. Toujours dans la même ville, c’est cette journée que la chétive enfant prononça son premier mot. Les autres, à cet âge tardif, suivirent relativement vite et alors le légume devint Ornora, la jolie blonde aux yeux bleus transparents. La dernière maison fut la bonne, on l’éleva sans encombres, la petite était renfermée mais obéissante.
Second chapitre ҨNew York, Etats-Unis.La gare. Un train puis un autre, le bruit effréné des passants attendant leur tour, descendant à l’arrêt, les bras chargés de merveilles oubliées. La grande horloge annonçait dix heures. Ornora s’était levée tôt ce jour-là, c’était le premier jour de sa nouvelle vie, et elle ne pouvait le rater. Elle s’était vêtue simplement, prenant soin de recouvrir ses longues jambes et ses bras fins en ce mois de Décembre. Ornora Veila Hortenss quitta ceux qui l’avaient éduquée pour les Etats-Unis et tout ce que l’avenir pouvait lui promettre. Elle monta à bord du premier train, en prit un second, puis arriva l’avion. Etrange oiseau aux ailes solides, froides, rigides. Symbole de liberté enfermé dans un corps en béton armé. Ornora détesta l’avion, Ornora détesta le fait de se sentir enfermée dans cette cage métallique, forte et faible à la fois. C’est pourquoi elle descendit rapidement de l’animal, New-York fit l’office de terminus pour la jolie blonde. Ornora ne savait pas ce qu’elle voulait faire, ni question étude, ni question métier. Elle trouva un appartement qu’elle partagea avec un camarade Ukrainien, et découvrit du même élan l’anatomie humaine et les plaisirs qu’elle pouvait délivrer à quiconque en ressentant l’envie. Il lui apprit tout, des noms de rues de la grosse pomme jusqu’au nom des plus complexes positions. Sans être amoureuse, Ornora lui resta fidèle. Alekseï était photographe, Ornora devint photographe. Quelques années plus tard, pourtant, le mentor annonça qu’il quittait la ville pour quelque autre contrée bien moins fréquentée, et décidemment plus éloignée.
***
- Depuis deux mois mademoiselle.- Deux mois.. ? Ornora, les mains tremblantes, regardait le médecin. Deux mois. Deux mois de nausée, de nuits courtes et de nourriture abondante qu’elle semblait absorber sans même s’en rendre compte. Ornora était seule. Ni famille, ni amis. Ni père. De lui, il ne lui restait qu’un numéro timidement laissé sur une feuille de papier déchirée. Déchirée, elle l’était. Ornora se laissa aller sur le bord de sa chaise, sentant les centimètres qui la séparait encore du sol de moins en moins nombreux. Cette fois-ci, elle ne lutta pas : elle accepta la chute. Et alors, bien plus tard et bien moins tôt, l’inconsciente accepta l’enfant.
Troisième chapitre ҨArrowsic, Maine.- Maman, moi aussi j’ai un papa ?Carlie, dix années de douceur et d’amour, d’une tendresse infinie et de l’adoration la plus pure. Dix années de déni de celui qu’on appelait père, mais qu’Ornora, elle, n’appelait simplement pas. Elle avait enregistré son numéro, appris par cœur le peu de nombre qui la reliait avec ce soir où leurs corps s'étaient entremêlés. Elle gardé emprisonné leurs souvenirs. Elle revoyait son corps sur le sien. Elle revoyait ses yeux, prenait ses mains. Ornora revint au présent en un soupir d’excuse envers sa bien-aimée, sa toute puissante, sa dulcinée. Mais elle ne répondit pas, et frénétiquement, se cacha derrière son appareil photo. Se cacher. Se cacher de lui, la cacher de lui, de se père qui n’était pas là mais qu’elle ne pouvait complètement oublier. La maman prit une photo de ce qui était l’éternelle phrase du moment. Où est papa. Qui est papa. Il aime quoi papa ? Dans un sens, c’est bien qu’il ne soit pas là papa, il me priverait de toi. Mon adorée, ma princesse, ma préférée. Puis alors, Ornora repensait à elle. A son histoire, et aux nombres de fois où, orpheline, elle avait rêvé d’un père, d’une famille. Carlie avait Ornora, Ornora avait Carlie. N’étais-ce pas suffisant ?
Ornora se leva, prit le téléphone et composa ces faibles nombres comme elle l’avait tant de fois fait, à cette différence près que cette fois-ci, elle ne raccrocha pas. Quatre tonalités, un million de frissons et une bonne centaine de battements de cœur. Puis sa voix, plus âgée, plus virile, plus homme. Le lendemain, Ornora, Carlie, la maison et les bagages partirent pour l’expédition la plus périlleuse de leur vie, la rencontre de ce primate sur ses deux pattes : papa.
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J'adore <3 Bienvenue parmi nous avec la belle Scarlett ! 
En tout cas bienvenue et bonne chance pour ta fiche. 
Amuse-toi bien parmi nous. :celestine:
