NAISSANCE, ENFANCE, SOUFFRANCE.Assez rapidement après ma naissance, j'ai réalisé que j'étais une enfant mal aimée. J'avais été un accident, mon père ne voulait pas d'enfant. Il n'a pas trop digéré mon arrivée et l'a fait payé à ma mère. Du coup, instinctivement elle a décidé de ne pas m'aimer. J'étais la cause de la dégradation de son
"mariage parfait" comme elle disait. Je savais qu'elle mentait, grand-mère m'a toujours dit qu'elle rêvait d'avoir 3 enfants, 2 filles et un garçon. Ma mère vivait dans le déni, comme beaucoup de gens d'ailleurs. Un jour, j'ai retrouvé ma mère affalée sur le canapé, une clope à la main
(elle ne fumait plus depuis vingt ans) et des larmes coulant toutes seules sur ses joues. Elle avait dit, le regard dans le vide et d'un ton solennel:
Iris, tu vas avoir une petite soeur. Ca sonnait comme une nouvelle morbide pour elle. Inutile de dire que quand mon père l'a appris ça n'a pas été une partie de plaisir. Il a même failli la frapper. Finalement il a décidé de rester et moi, trop enfant, je ne comprenais pas très bien pourquoi je vivais dans une ambiance si pesante.
Alekseï est arrivée un jour et elle fut la deuxième enfant mal aimée. Peu après sa naissance, notre père quitta notre mère car il avait finalement décidé que c'était
"l'enfant de trop". Ma mère ne nous le pardonnera jamais et en particulier à Alekseï qui, elle, n'a jamais accepté la part de responsabilité que nos parents lui donnait dans l'échec de leur mariage. Je ne saurais dire pourquoi, mais moi j'ai toujours pris les choses comme elle venait en ce qui concerne mes parents...
Papa nous quittait ? D'accord.
Maman est insupportable ? D'accord.
Alekseï est malheureuse ? Pas d'accord.
... Pour Alekseï c'était différent. J'étais la grande soeur, je devais la protéger.
VINGT-TROIS ANS APRES MA NAISSANCE...J'ai vingt-trois ans, je suis mère d'une petite fille d'un an et demi qui s'appelle Charlie. Aucune nouvelle de mon père, aucune nouvelle de son père. L'histoire se repète. Être jeune, c'est tomber amoureuse d'un con, ne pas mettre de preservatif
(Pour une fois), tomber enceinte et être contre l'avortement. Aimer sa fille et être là pour elle quoi qu'il arrive alors que votre propre mère vous dénigre pour avoir donner la vie. Un jour le père se pointe, comme une conne je lui donne une deuxième chance car il sera toujours ma faiblesse. Charlie commence à s'attacher à lui et prononce même son premier mot "Papa", puis il disparait encore une fois. Faire des études de graphisme, être douée, puis être paumée, sans boulot puisque trop de compétition. Je n'aime pas la compétition. On me parle d'un stage payé dans la petite ville d'Arrowsic dans le Maine, je saute sur l'occasion. Evidemment le père se repointe 3 semaines avant le départ, il veut s'occuper de la petite, il veut me retrouver, on lui manque trop. Difficilement, je l'envoie bouler et je me barre, avec ma petite soeur comme bagage. Oui, elle en a marre de ma mère, elle ne supporte toujours pas notre situation familiale et elle vit une adolescence difficile. Au fond, je m'occupe déjà d'elle comme une mère.
Vivre à Arrowsic c'est un nouveau départ pour deux soeurs pour qui la vie n'a pas été toujours rose. Alekseï, Iris et Charlie ou les trois supers nanas nouvelle génération.
Juste une dernière chose, sachez que je rêve qu'un jour, le New York Times
(journal préféré de mon cher et inconnu père) me mentionne dans sa première page. Quelque chose du genre "Iris Hendrix, nouveau prodige du graphisme".
C'est beau de rêver.