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| Sujet: « vivre dans le passé est ennuyeux. » — Joseph-Colton Ven 9 Mar - 23:49 | |
| Encore une journée qui commence mal. Ma mère ouvre brutalement la porte de ma chambre et se met à hurler des choses telle une folle. Mon corps n'a même pas le courage de sursauter, c'est pour vous dire dans quel état je suis. J'ai rien écouté de ce qu'elle a dit, en même temps, le temps que j'émerge, on a le temps de faire le tour d'Arrowsic. Tout ce que j'ai réussi à garder en mémoire, c'est « t'as voulu un chien, tu te démerdes et tu le sors sinon j'ouvre la porte et il s'en va tout seul. » Dites moi juste quelle personne tout à faire normale aimerait se faire réveiller de la sorte? Pas moi en tout cas. Je ne prends pas la peine de répondre à ma mère, par peur de me lancer dans un débat sans fin, comme d'habitude, en fait. Une bonne dizaine de minutes plus tard, je commence tout juste à ouvrir mes yeux, la lumière irrite mes pupilles encore dilatées, je le sens. Je lance un « putain » me redresse sur mon lit en essayant de me souvenir de ma soirée, impossible. Comme toujours. Et aussi comme toujours, j'ai dormi avec mes vêtements, ça devient presque la routine. Yeux noirs de maquillage, cheveux ébouriffés, cernes. Voilà le sale état dans lequel je me trouve. Douche rapide, nouveau tee-shirt gris et short en jeans, séance démaquillage/maquillage/coiffage. Après tout ça je descends enfin en essayant d'éviter ma mère qui est en train de faire le ménage ou je ne sais quoi dans la salle de séjour. Après avoir bu cul-sec un verre de jus de fruits, j'attrape la laisse de mon chien. - Viens là Cook. Ouais, Cook. Qui aurait l'idée d'appeler son chien Cook? En réalité ce chien n'a pas de vrai prénom, il s'appelle un peu tout. Si j'accepte d'aller le promener c'est uniquement parce que je tiens à lui et qu'il me rappelle Sam, un chien que j'ai eu en étant petite et qui m'a vraiment marquée. Il était adorable. Je pense réellement que le chien est le meilleur ami de l'homme, au moins, il ne peut pas nous trahir, lui. J'enfile une paire de ballerines noires et attrape mon sac qui est accroché au porte manteau avec de sortir. Du soleil. Ça faisait au moins quatre jours qu'il n'y avait pas eu de beau temps à Arrowsic. Ça fait du bien de sentir un peu de chaleur sur mon visage. J'enfile mes lunettes de soleil et ferme les yeux quelques secondes avant que Cook me sorte de mes pensées, il doit avoir vraiment envie. Je marche lentement, je suis encore un peu dans les nuages et j'ai surtout envie de fumer. En fait, à chaque fois que je sors de chez moi, j'envisage de trouver une petite ruelle pour pouvoir rouler tranquillement mon joint et le fumer. Planer, toujours planer, c'est tellement bon que j'arrive plus à m'arrêter. J'avance en ligne droite jusqu'à ce que je me rende compte que je suis à la place centrale, l'endroit où je ne vais jamais. Trop de monde, trop de bruit, trop de tout. Je remarque un peu plus de circulation que d'habitude, c'est rare à Arrowsic... Non, c'est juste le jour du marché. Je soupire. Le marché c'est le lieu de rassemblement des vieux. Je me souviens de quand j'avais dix ans, j'étais au marché avec ma mère et Sam, mon chien, et une petite mamie était venue le caresser en disant « oh il est tellement mignon, je vais le prendre pour chez moi... » en rigolant bien sûr. Mais je l'avais tellement mal pris, je me rappelle encore du regard méchant que je lui avais lancé. Je marche jusqu'à un banc qui se trouve un peu en retrait de la place, je m’assois et regarde un peu autour de moi avant de sortir de mon sac mon paquet de tabac, prenant délicatement le joint qui me reste de la soirée. Y a de la circulation mais je m'en fous, je l'allume et la première bouffée est la meilleure. J'ai l'impression de revivre, en fait. Presque trois minutes plus tard, c'est encore une fois mon chien qui me sort de mes pensées, il essaie de s'agripper à un mec, comme il a l'habitude de faire avec moi lorsqu'il est content de me voir. Je tire un petit coup sur la laisse pour le faire descendre. - Hey Cook, ça s'fait pas d'embêter les gens comme ça. Je lui caresse le coup en relevant la tête pour faire un bref sourire forcé à ce mec, histoire d'être polie et de m'excuser à la place de Cook. Mais en posant mes yeux sur lui, je réalise que je le connais. Ce vieux croulant avec sa cane et ses yeux bleus, ça ne peut qu'être lui. Joseph. Enfin je crois, je me souviens pas très bien de son prénom. En même temps, c'est pas ce à quoi je me suis intéressée quand on a passé la nuit ensemble. À vrai dire ces derniers temps j'avais un peu peur de le croiser, alors j'essayai de l'éviter au maximum. Il se trouve que cette fois, à part si je m'enfuis en courant, je ne peux pas éviter de l'affronter. Je le regarde sans rien dire, priant pour qu'il ne me reconnaisse pas, ou alors qu'il me salue simplement et qu'il passe son chemin. |
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