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 I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas

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MessageSujet: I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas   I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas EmptyMar 1 Nov - 6:42


I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas Vy6wb5
My good isn't good enough

« Lukas & Tamina »


Je ne me souviens plus quand ça a commencé. Je ne me rappelle pas d’avoir déjà vécue sans. Souvent, je me dis que c’est parce que repenser à ce sentiment de plénitude qui m’avait habitée pendant des années avec lui ne faisait que me rappeler la solitude et ce néant immense qui m’habitait maintenant. Si ma vie avait eu un goût fruité depuis si longtemps, aujourd’hui, elle n’avait pour goût que l’amertume des regrets. Jamais, je n’avais eu le courage d’imaginer ma vie sans lui, parce que dès qu’il quittait mon champ de vision, tout devenait si fade, si terne. Alors, j’avais toujours fais comme si jamais nos chemins pouvaient aller dans des voies différentes, comme si nous allions passer nos vies l’un avec l’autre, simplement pour évité du mieux que je pouvais le goût désagréable de ce manque qui m’habitait aujourd’hui. Parfois, je me dis que si je n’avais pas été aussi idiote, si je ne m’étais pas montrée si naïve de croire en cette histoire à l’eau de rose. Jamais, je n’aurais pu croire que notre histoire aurait été une version moins drastique de Roméo et Juliette. Nous ne nous étions pas empoisonnés l’un pour l’autre, nous nous étions simplement autodétruits jusqu’à devenir de vulgaire fantôme errant sans but. Du moins, c’était mon cas, la majorité du temps, dans ces moments où je n’avais rien à quoi me rattraper, où je ne pouvais rien faire d’autre que de me laisser tomber inlassablement dans ce trou qui s’était ouvert sous mes pieds le jour où il était monté dans cet avion en me laissant seule derrière lui.

Aujourd’hui, c’était de l’une de ces journées où le monde tourne à l’envers et où tout est noir. De ces journées où les rayons du soleil n’arrivent pas à passer la barrière de glace que j’ai érigée autour de moi, où le mur que je me suis construit à son départ ne peut être franchi ou traverser. Aujourd’hui, je me sentais comme un automate dès la sortie du lit. Rien n’avait pu me redonner le sourire, ni même les sourires et les babillements de ma fille, ni la journée splendide qui s’annonçait. Je me sentais lasse de tout, comme si plus rien n’avait de saveur, comme si le monde touchait à sa fin. J’avais l’impression qu’on m’avait arraché le cœur pour le broyer sauvagement sans même me laisser le temps de réagir. J’avais simplement décidé de déposer Maelys chez ma sœur avant de sortir dans les rues désertes. Je me doutais fort bien que ma sœur serait ravie d’avoir la petite chez elle, malgré le fait qu’elle n’a jamais apprécié Lukas, par simple jalousie, parce que j’avais la relation amoureuse qu’elle n’avait jamais été capable d’avoir. Elle était trop instable, trop libertine, parce qu’il était clairement impossible qu’un homme puisse l’intéresser plus de trois mois sans qu’elle ne s’en lasse. Malgré tout, ma petite Maelys, ce petit morceau de lui, elle ne pouvait que l’adorer et la chérir, incapable de résister à la petite merveille. Ironie, quand tu nous tiens…

Sans même m’en rendre compte, mes pas m’emmenèrent au seul endroit où je n’aurais jamais songé mettre les pieds. Le Jack’s Lounge. Pendant un long moment, un moment qui me sembla une éternité, je regardai la façade comme si je la voyais pour la première fois. Gamine, cet endroit ne m’inspirait rien et encore aujourd’hui, près de quinze ans plus tard, cet endroit ne me disait toujours rien. Il n’était attirant pour deux sous à mes yeux. Cependant, rebrousser chemin pour retourner à la maison me noyer de vieux souvenirs douloureux n’étaient pas une bonne idée et je savais que si je n’entrais pas dans ce bar, si je ne retournais pas sous ma couette, je me retrouverais à broyer du noir sur la plage, notre plage, les pieds dans l’eau glacée. J’y passerai de nouveau des heures, jusqu’à ce que je m’endorme là, jusqu’au petit matin où jusqu’à ce que les flics se pointent. Et ça non plus, ce n’était pas une bonne idée. Par moment, je me trouvais pitoyable. À d'autres, je m’en voulais terriblement de me laisser aller. Mais la plupart du temps, c’est lui que je détestais pour m’être détruite ainsi. Pour avoir piétiner mon cœur, pour m’avoir promis l’éternité avant de me laisser en plan, son bébé dans les bras, sans même une lettre d’adieu, tout en sachant que je l’aimais trop pour lui en vouloir réellement. Avec un soupire découragé, je poussai la porte de l’établissement.

Les lumières tamisées de l’intérieur tranchaient avec le soleil éclatant de l’après-midi. Je ne fus pas fortement étonnée d’y voir quelques têtes connues, que je ne saluai même pas. Dans les petites villes comme Arrowsic, tout le monde se connait, tous les visages sont familier, les vieux se souviennent de nous quand nous étions gamins, ils se souviennent même du jour de notre naissance ou de notre arrivée ici. Et tout ça semble normal. Cependant, j’ai toujours eu du mal à m’adapter dans un milieu et souvent, on me connaissait comme étant « la petite amie de Lukas ». Et ce, encore aujourd’hui alors que je ne l’avais pas vu depuis plus d’un an. En un an, les choses changent, mais ça, ici, personne ne semble le comprendre, comme personne ne semble comprenne la douleur brillant dans mes yeux chaque fois qu’on prononce son nom. « Si ce n’est pas la petite Tanya! » Doucement, je relevai les yeux vers l’homme devant moi, derrière son comptoir. Tanya? Pour un homme qui se souvient de mon arrivée ici, il en a oublié mon prénom. Je ne répliquai rien, alors qu’il me sourit, un air niais sur le visage. « Y’ pas si longtemps, vous m’auriez envoyez promenez, ‘savez. Gamine, vous détestiez qu’on massacre vot’ nom ma p’tite Dame. Qu’est-ce que j’vous sers?» Ainsi, monsieur se moquait de moi? Je ne fis que lui lancer un regard blasé qui le fit sourire davantage. «Simple Scotch». Il hoche la tête.

Quelques minutes plus tard, je me retrouve avec un verre dans les mains. Un verre qui ne fait pas long feu. Descendu d’une traite devant le regard un peu moqueur du vieux. « Mauvaise journée, ma p’tite dame?» J’hausse les épaules, redépose mon verre qu’il remplit de nouveau. Je suis maman. J’allaite mon bébé. Je ne devrais pas boire. Mais quelque part, la sensation brûlante dans ma gorge me fait sentir vivante. J’en ai besoin. Ce n’est pas brillant, ce n’est pas une bonne idée, mais tant pis. Maelys boira du lait maternisé ce soir. Assise au bar, le menton dans la paume de main, le regard fixant le vide interstellaire qui flottait devant mes yeux, écho de ce que je ressentais présentement, j’entendais à peine les gens remués autour de moi. Je m’en voulais un peu d’agir ainsi, mais alors que j’essayais d’être forte depuis plus d’un an, je peinais à y arriver quand j’étais épuisée. Et les dernières nuits avaient été agitées, entre la petite qui ne faisait pas encore ses nuits et les cauchemars récurant. Au finale, je me retrouvais dépassée, épuisée et à bout de nerfs. Et une a une les barrières tombaient. Ce fut une voix qui me tira de mes rêveries sinistres. Une voix que je connaissais trop bien, que je n’avais pas entendue depuis des mois et des mois, une voix qui réveilla de nombreuses choses en moi.

Une voix chaude et douce, un peu râpeux, mais si mélodieux. Une voix aux tonalités basse et rassurante qui déclencha une vague de frissons le long de mon dos. Une voix que je n’avais fait que rêver pendant plus d’un an sans jamais l’entendre à nouveau. Doucement, comme de peur de me réveiller d’un rêve sublime, je levai la tête en sa direction. Il était là, à un mètre de moi. Son profil aurait été reconnaissable entre mille. Pendant une minute, je crus que je rêvais, mais non. Réalisant petit à petit, je vidai mon verre, déposa l’argent sur le comptoir et attrapa mon sac pour quitter la pièce. Je ne voulais pas lui faire face, je ne voulais pas qu’il me voit ainsi, cernes sous les yeux, teints pâles…je n’avais pas envie de faire face à ces vieux démons. C’était son compté l’état second dans lequel j’étais depuis le petit matin. En me levant, ne prenant pas comme facteur la hauteur de talons, trop pressé de quitter l’établissement, mon épaule plaqua celle de Lukas. D’instinct, je relevai les yeux vers lui pour me perdre dans ses yeux. Aussitôt, mon cœur cessa de battre et mon monde s’effondra. « Lukas..» Ma voix mourut dans ma gorge, alors que le sol sembla se dérober sous mes pieds.

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MessageSujet: Re: I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas   I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas EmptyMar 1 Nov - 19:10

    Il avait les yeux ouverts depuis un bon moment maintenant. Il fixait le plafond au dessus de lui qui n’avait pourtant rien d’intéressant, rien qui pouvait garder son regard vers lui. Lukas était éveillé depuis plusieurs heures maintenant. Il ne dormait pas vraiment depuis son retour. Ce qu’il avait vécu là-bas avait marqué son corps, mais beaucoup plus son esprit qui lui renvoyait sans arrêt des pires moments de sa vie… enfin le plus traumatisant disons, parce qu’il avait vécu un autre horriblement moment lorsqu’il était revenu en ville. Il s’était retrouvé seul, sans domicile et avec autant d’effets personnels qu’un clochard. Tout ça l’avait plongé dans une profonde dépression qu’il tentait de cacher à tout le monde, mais surtout à sa mère qui semblait toujours pouvoir lire en lui comme s’il avait été un simple livre grand ouvert devant elle. C’était aussi énervant que rassurant quelque part. Ça l’énervait qu’elle soit toujours en train de vérifier s’il ne faisait pas de bêtises, à veiller constamment sur lui comme s’il avait 10 ans de nouveau. C’était au contraire très rassurant parce qu’il y avait quelqu’un qui se souciait réellement de lui. Une personne qui était toujours avec lui malgré le temps passé, malgré qu’il ait pu faire des erreurs.

    Lukas soupira une nouvelle fois alors qu’il tournait la tête vers son cadran. Celui-ci lui renvoya l’heure actuelle dans une lumière bleu clair. Il avait horreur de voir les chiffres lumineux en rouge depuis son retour. Aller savoir pourquoi. Il s’était d’ailleurs débarrassé de presque tous ces vêtements rouges qui étaient trop clairs et qui lui rappelaient de la couleur du sang. Il portait presque toujours du noir, blanc, bleu ou du vert, hormis son uniforme de policier bien entendu. Il portait rarement des couleurs lumineuses. Étrangement, ça le rendait mal de les porter. Il avait essayé pour faire plaisir à sa mère parce qu’avant, il avait presque toujours des t-shirts orange ou rouge, mais il n’y arrivait pas. Ces couleurs sur superposaient avec des souvenirs qui le rendait nerveux et le poussait du même coup à enlever ce qu’il portait le plus vite possible. Mais ça, personne ne le savait. Personne ne savait combien il était déboussolé, combien il souffrait. Il avait été voir un médecin dans une autre ville à plusieurs kilomètres pour être certains que personne ne sache. Celui-ci l’avait mis sous antidépresseur, anti douleur et lui avait donné quelques pilules pour l’aider à dormir en lui conseillant grandement d’aller voir un psychologue le plus vite possible avec que tout ça le bouffe littéralement de l’intérieur. Mais pour ça, il était un peu trop tard maintenant. Lukas poussa les couvertures sur le côté opposé et sorti lentement du lit. Il ne bossait pas aujourd’hui et n’avait pas rien d’important à faire hormis peut-être prendre une douche. Il attrapa des vêtements propres, un jean clair avec un t-shirt noir et une paire de boxers de la même couleur avant de se rendre dans sa toute petite chambre de bain. Il déposa ce qu’il tenait dans ces mains sur le comptoir et leva les yeux. Il vit son propre reflet dans le miroir. Un reflet qui semblait presque malade. Lui qui avait toujours quand même bien pris soit de son apparence physique en se rasant tout les jours afin de faire plaisir à celle qu’il aimait portait maintenant une barbe de plusieurs jours qu’il ne raserait sans doute pas aujourd’hui. Ces cheveux tombaient à plat sur son front et il ne tenterait sans aucun doute rien pour les peigner. Lukas ne le faisait plus depuis longtemps. Sous son orbite droite, on pouvait encore voir deux lignes bien distingue, deux cicatrices qui ne partiraient sans doute jamais, mais qui heureusement, finiraient par être beaucoup moins visible. C’était tout ce que les autres pouvaient voir de lui. Ils ne voyaient pas les marques qu’il avait sur sa poitrine, sur ces épaules ou encore sur ces jambes. Personne ne les verrait. Il n’y avait que ces deux petites cicatrices et le fait qu’il boitait encore légèrement de temps en temps. Il avait eu une entorse sévère à la cheville droite qui avait non seulement était vachement douloureuse, mais qui persistait à lui pourrir la vie jour après jour comme un fantôme.

    Lukas passa plusieurs sous le jet chaud de la douche les deux mains contre la paroi d’en face. Il tentait de s’enlever les dernières images de ces rêves de la tête. Il avait rêvé d’elle parmi les cris. Il se demandait parfois si elle n’était pas pire que de revoir la vie quitter les yeux des hommes et femmes qui servaient avec lui là-bas. Il était en colère quelque part, très en colère, mais ce n’était pas vraiment lui d’être un homme qui frappait. Il était toujours calme, serein. Lukas était celui qui savait instaurer la paix. C’était sans aucun doute pourquoi il aimait tellement son boulot de flic. Il finit par se laver rapidement. Il avait pris conscience depuis bien longtemps à quel point pouvoir prendre une douche était une chose qui n’était vraiment pas donner à tout le monde. Comme dormir dans un lit ou encore pouvoir prendre un café. Il avait eu du mal à devoir renoncer à tout ça, mais l’avait fait pour trouver son frère, pour tenter de le trouver… Ce qui n’avait pas été vraiment le cas… Lukas se disait que son aventure là-bas avait été plus désastreuse et avait apporté à sa mère plus de peur que de réponse. Quelque part, il se traitait encore d’idiot d’être parti… il aurait du resté… au moins comme ça elle lui aurait dit en face qu’elle le quittait… Il frotta vivement son visage sous l’eau, puis frappa son poing et son avant-bras contre le mur sans pour autant causer des dégâts. Il finit par sortir et s’habiller. Il était encore un peu trempé quand son cellulaire sonna. C’était Walter, un ami d’enfance qui lui envoyait un message. Il lui demandait s’il avait envie de venir prendre une bière avec lui et Owen. Lukas accepta, car, de toute manière il n’avait rien de mieux à faire.

    Il enfila donc sa veste, prit ces clés et sortit de son petit appartement. Ce qu’il pouvait bien détester cet appartement. Trop petit, trop coincé… mais il n’avait pas vraiment les moyens, pour le moment, de se payer une maison. Il le ferait. Il se souvenait bien de sa discussion avec sa mère au début de la semaine. Lukas lui avait dit vouloir être muté dans un autre service de police de la région. Il avait tenté de le faire sans qu’elle n’est trop de peine. Elle avait compris, compati même et avait même souligné qu’il serait bien autant pour lui que pour elle d’aller vivre ailleurs. Lukas avait été étonné, mais elle lui avait confié que si elle était toujours ici c’était pour lui alors s’il partait, elle vendrait la maison et partirait rejoindre son frère qui vivait au Texas.

    Il arriva finalement au Jack’s Lounge et regarda la façade avec une certaine nostalgie. Il était souvent venu boire ici avec son frère quand celui-ci était en permission et en ville. Il avait pris des cuites monumentales aussi ici. Il pouvait voir ces deux vieux potes de lycée assis à une table et qui l’attendait. Lukas poussa la porte avec un sourire qui se voulait le plus authentique possible alors qu’il se dirigeait vers eux. Owen fut le premier à le voir et tendit la main aussi tôt.

    « Lukas, vieux je me demandais si t’allais vraiment venir! Et surtout, on n’est pas les seuls qui t’attendaient mon pote. »

    Il lui donna un haussement de sourcil très suggestif alors que lui se posait des questions. Walter reprit pour expliquer la situation alors que Lukas prenait place avec eux.

    « Ce qu’Owen veut dire, c’est que la très jolie Miranda n’a pas arrêté de nous demander si tu venais ce soir. »

    « Mon vieux cette nana est complètement folle de toi! Qu’est-ce que t’attends pour la mettre dans ton lit? »


    Lukas grimaça. Il détestait ce terme et encore plus le faire. Il avait toujours un cœur à soigner et savait que ce n’était pas en couchant avec plein de femmes différentes qu’il allait en guérir.

    « Elle devrait attendre parce que ce n’est pas dans mes plans. Je vais me chercher un verre. »

    Ces amis rouspétèrent à ces paroles alors qu’il déposait sa veste sur sa chaise pour aller vers le bar se commander un verre sans savoir ce qu’il l’attendait. Il croisa la dites Miranda en chemin qui lui sourit de manière très aguicheuse. Lukas lui répondit, mais très rapidement avant de se détourner. C’est à ce moment-là que quelqu’un claqua contre son épaule. Il se retourna donc pour s’excuser de sa maladresse quand ces yeux rencontrèrent un océan de vert qu’il n’aurait jamais cru revoir un jour. Il se figea complètement ces yeux sur elle. Elle qui faisait battre son cœur comme s’il était au milieu d’une course. Elle qui le lui avait brisé sans aucune explication. Elle était là devant lui.

    « Lukas..»

    Son nom lui parvient si doucement qu’il eut du mal à l’entendre vraiment. Lukas avait du mal à croire qu’elle se trouvait devant lui.

    « Tamina? »

    Son souffle se perdit un instant avant qu’il ne se reprenne un détourne les yeux.

    « Je … je croyais que tu n’étais plus ici… »

    Il avait du mal à respirer. Elle lui causait une douleur profonde insoutenable et surtout il aurait aimé qu’elle ne le voie pas comme ça. Lui qui avait toujours été rasé de près, soigné et lumineux en sa présence, n’était plus du tout cet homme. Non, cet homme était sans doute mort maintenant.
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MessageSujet: Re: I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas   I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas EmptyMer 2 Nov - 2:09


Je m’attendais à tout, sauf à ça. J’aurais accepté que le ciel me tombe dessus, j’aurais accepté la mort sans état d’âme, mais jamais je n’aurais accepté que les choses se passent ainsi. Treize mois s’étaient écoulés et ma vie n’avait toujours pas repris son court, pétrifié dans le temps, attendant que l’horloge reprenne sa course. Mais voilà, maintenant qu’il était là, devant moi, que l’oxygène se faisait rare, que mon cœur semblait vouloir imploser, tous les scénarios que je m’étais faits venaient d’éclater. J’avais tout fait pour que ma vie soit plus facile, je n’avais jamais réussi. Mon monde s’était arrêté dans cet aéroport, et depuis, jamais la vie n’avait eu les mêmes couleurs. Je me croyais parfois dans un vieux film en noir et blanc, ou les acteurs évoluent sans son. J’observais l’homme qui avait fait battre mon cœur des années durant, depuis ce soir-là, à la plage, la journée de mon arrivée, dix-sept ans plutôt. Si longtemps, il avait été mon monde, mon univers. Aujourd’hui, il représentait un océan de douleur et de vieux démons qui me hantaient la nuit. Je m’attendais à voir de la moquerie dans ses yeux, il n’en fut rien. Mais la douleur dans ses yeux était le reflet de la mienne. J’aurais voulu détourner le regard, partir, mais j’en fus incapable. Prisonnière du bleu de ses yeux, comme si longtemps autrefois, réalisant que je n’avais jamais perdu l’espoir de les revoir.

Cependant, jamais je n’aurais cru que le revoir aurait été si douloureux. Longtemps, pendant un an, en réalité, j’avais imaginé la scène se déroulant de ce même aéroport, moi me jetant à son cou dès qu’il aurait débarqué de l’avion. Pour une raison ou une autre, parce que je l’avais cru mort en ne recevant pas de lettre pendant des mois, parce que l’armée n’avait rien voulu me dire, disant que je n’étais pas sa femme, que nous n’étions pas mariés, parce que Maelys méritait mieux qu’une mère vivant dans le passer, je ne m’étais jamais pointée à se rendez-vous. J’avais quitté Arrowsic pour la maison que mes parents s’étaient achetée l’été dernier, au cœur du Montana, à repousser toutes les avances des cowboys et les conseils de ma mère, me disant que mon enfant avait besoin d’un père et que le fils du vieux Gilles était plus qu’intéresser. J’avais refusé toutes les avances des hommes, mon cœur était pris par lui et il était mort avec lui. Et quand j’étais revenue à Arrowsic deux semaines plutôt, acceptant le poste que l’on me proposait, je n’avais pas cru que je retomberais sur lui. J’avais simplement acheté une maison, loin de celle qui avait été la nôtre. Et maintenant, je réalisais qu’en louant la maison, elle l’avait privé d’un foyer, de sa maison. Je me mordillais doucement la lèvre, mal à l’aise. Je l’avais privé d’une maison. De son toit. Quel genre de monstre étais-je?

« Tamina? »Mon Coeur arrête de battre en l’entendant prononcer mon nom. Mon regard quitta le sien, alors que la chaleur sembla m’envahir. J’étais troublée, mal à l’aise, perdue et je suffoquais. J’avais l’impression que l’air ne pouvait se rendre à mes poumons et quand elle y arrivait, c’était pour les brûlés. Je sentais le goût salé des larmes qui menaçait de couler tout en me battant pour les retenir.« Je … je croyais que tu n’étais plus ici… »Sortant un peu de ma torpeur, je baissai les yeux, comme une enfant prise en défaut par ses parents. Sauf que jamais je ne m’étais sentie aussi mal devant mes parents, uniquement devant lui. Mon cœur cogne contre mes tympans, bruyamment désagréablement. Je ne sais pas quoi lui dire, quoi lui répondre. Tout ce qui me passe par la tête est d’une platitude digne des plus grands clichés. Que voulait-il que je lui dise? J’étais bel et bien là, debout devant lui, fantôme de celle qu’il avait connue jadis. Je n’étais qu’une pâle copie de moi-même, de celle qu’il avait aimée, tout en étant une personne différente. Il avait quitté l’amoureuse transie, la jeune femme vive, il retrouvait la maman épuisée, la femme brisée. «Je te croyais mort…»chuchotais-je le cœur en miette.

Quittant son profil des yeux, voulant éviter son regard au maximum, ayant trop peur d’y voir du reproche, ou quoi que ce soit, je les laissai ce balader sur les gens rassembler. Je me rendis soudainement compte que tous les regards étaient tournés vers nous. Parmi la foule, je reconnus Walter, l’un des vieux amis de mon Lukas, qui me regardait avec un mépris évident dans les yeux, avertissement à peine masqué. Le fait que tous les regards se posaient sur nous me rendit encore plus mal à l’aise et je commençais à m’agiter. Martyrisant mes doigts en les tortillant, je captais le regard de braise d’une jeune femme sur Lukas. Ça ne me plut pas. Je n’avais jamais apprécié que l’on observe mon homme que cela. Et si Lukas ne l’était plus, je n’aimais quand même pas le regard qu’elle avait en le regardant de la tête au pied, comme un animal jugeant de sa proie. L’ambiance me parut soudainement lourde, douloureuse. « R’garder si c’est beau l’amour! Voyez, ma p’tite dame, il est rev’nu vot’ homme»Je jetai un coup d’œil assassin au barman qui souriant de toutes ses dents éventées. Son commentaire attira encore plus l’attention sur nous. Je coulai un regard vers la sortie. Pourquoi pas? . «Allons parler ailleurs.»

La bouffer d’air frais qui envahit mes poumons à ma sortie du bar fut une bénédiction. Le soleil avait disparu et le ciel avec cette teinte rougeâtre des soirées d’automnes. Bientôt, le froid reprendrait ses droits et le monde serait enseveli sous la neige. Mais pour le moment, la saison en était aux petits monstres quémandant bonbons et friandises. Je resserrai mon manteau autour de mes épaules me protégeant faiblement du vent qui soufflait dans les branches des arbres. Mon regard se posa sur l’homme face à moi. Il était dans un état lamentable, comme moi. Ses cheveux jadis soyeux semblaient ternes, ses yeux ne s’allumaient plus comme autre fois. Et surtout, surtout, il y avait ces cicatrices sur son visage qui me rendait mal à l’aise, qui me disait que je ne savais rien de son enfer en terres ennemi. J’avais à la fois envie de me jeter dans ses bras et de fuir à toute vitesse. . «Pourquoi est-ce que… »Ma voix mourut de nouveau, alors que mes yeux se mirent à piquer. Je baissai les yeux, secouant doucement la tête, essayant de chasser les larmes qui brûlaient sous mes paupières. Je me mordis la lèvre, laissant échapper un soupire blasée. J’ignorais si je devais lui dire pour Maelys, j’ignorais si je devais lui dire toute la vérité. La boule dans ma gorge m’empêcha de dire quoi que ce soit. Je passai une main sur mon front, elle se perdit dans mes cheveux. . «J’aurais aimé que ce se passe autrement…Si j’avais su que …»Ouais, visiblement, je ne pouvais terminer une phrase logiquement. Je secouai doucement la tête, plantant me regard voilé de larme dans le sien un court ainsi. Après tout, étais-je la seule à blâmer dans cette histoire? S’il m’avait donné des nouvelles, j’aurais été présente à l’aéroport ce jour-là, ravie de lui présenter sa fille, heureuse de le revoir en vie. Si seulement…


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MessageSujet: Re: I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas   I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas EmptyJeu 3 Nov - 4:24

    En moins de un an, une petite année et il avait vu sa vie entière, une bonne partie en fais, partir littéralement en fumée en même temps que la femme qu’il aimait. Les choses n’étaient jamais éternelles et il ne fallait donc surtout ne jamais les tenir pour acquis. Lukas n’avait jamais pris Tamina pour être sien. Elle n’était pas un objet ou une chose et la seule personne à qui elle pouvait bien appartenir était elle-même. Il s’était toujours compté terriblement chanceux qu’elle l’est choisi quand ils étaient tous jeunes. Il avait eu beaucoup de mal à comprendre. Après tout, il ne venait pas d’une famille aisée, loin de là, n’était pas un type des plus brillants bien qu’il n’avait jamais eu aucun mal en cours et surtout, il n’avait pas vraiment eu d’énorme plan pour son futur. Il avait toujours voulu être policier ou œuvre dans un domaine ou l’on aidait les gens. La médecine n’étant pas vraiment à sa portée, il s’était rabattu sur le domaine du maintien de l’ordre. Sa mère avait été fière, très fière de le voir dans son uniforme. Lui aussi en avait été fier et surtout, celle qu’il chérissait n’avait eu que de yeux pour lui. Ces yeux… Ces magnifiques et envoutants yeux verts qui ralentissaient immédiatement son cœur le faisaient bafouiller comme un enfant de cinq ans. Il ne pouvait arrêter de les fixés. C’était une chose qui l’avait tout de suite attiré chez elle avait son caractère. Il se souvenait parfaitement et de manière très précise chaque conversation qu’ils avaient eue sur la plage qui était devenue avec le temps leur plage. Le lieu de leur rencontre, le lieu où ils allaient pour se retrouver, le lieu où il aurait aimé la demander en mariage… Mais le destin ou peu importe qui avait décidé du contraire. Jamais il n’aura la chance de pouvoir lui dévoué son amour total et sincère pour l’éternité alors qu’il était près pour ça. Ils en avaient parlé dans le passé. Ils avaient été ensemble pendants près de dix ans quand même! Ils avaient parlé de se marier… mais Lukas n’était pas près à l’époque… Il surtout qu’ils n’avaient pas les moyens financiers pour s’offrir un beau mariage avec son salaire de flic et elle qui tentait d’obtenir ces diplômes en psychologie. Lukas lui avait donc promis qu’ils se marieraient après quand ils seraient bien installés et dans la pleine capacité de pouvoir avoir le mariage dont ils rêvaient depuis de très longues années maintenant. Puis, ils avaient aussi parlé d’avoir des enfants, ce qui était assez logique après tout. Lukas adorait les enfants et rêvait d’être père surtout si elle était la mère. Mais tout ça maintenant n’était plus que de la fumée, le mariage, les enfants, leur maison et même eux. Il n’y avait plus d’eux depuis plusieurs mois à présent. Lukas avait bien du s’en rendre à l’évidence et tout le monde lui avait clairement fait comprendre à son retour de ne pas laisser Tamina détruire ses espoirs de fondés une famille. Mais, lui c’était avec elle ou rien du tout. C’est comme ça qu’il voyait les choses.

    Tout le monde avait dit qu’elle était partie à peine un mois après son propre départ pour les lignes ennemies. Elle avait pourtant répondu à plusieurs lettres avant que le lien ne soit coupé entre eux. Il tentait de comprendre le soir alors qu’il se retrouvait seul couché sur le dos et incapable de fermer l’œil. Elle avait fait ces nuits et ces jours depuis la soirée qu’ils s’étaient rencontrés. Par le passé, elle était sa belle, sa princesse, son amour… Aujourd’hui, elle était son fantôme, sa torture, sa dame blanche intouchable qui revenait sans arrêt jour après jour. Comment pouvait-il aimer une femme autant alors qu’elle lui broyait le cœur? Il ne pouvait le dire et personne ne semblait vouloir comprendre ce qu’il ressentait. Il avait passé des jours entiers à se demander comme il allait bien pouvoir surmonter tout ça et elle réapparaissait soudainement alors qu’il était toujours à mettre les premières pierres aux murs autour de son cœur. Elle allait tout bousiller! Il ne voulait pas saigner de nouveau. Il n’avait pas pleuré souvent dans sa vie, mais cette femme avait déchiré toutes parties de son être et il l’avait pleuré en silence loin des yeux de tous mêmes de sa propre famille. Elle l’avait fait pleurer et maintenant elle était devant lui avec ces grands yeux verts qui brûlaient son âme au fer rouge.

    L’air ne parvenait presque plus à ces poumons maintenant. Il ne voyait qu’elle comme cela lui arrivait par le passé. Sauf que cette fois ce n’était pas le cœur rempli de bonheur qu’elle devenait le centre de son univers. Loin de là même. Elle décroche ces yeux des siens et il soupire, car, il sait que jamais il aurait eu la force de le faire en premier. Lukas croise les bras sur sa poitrine tentant d’avoir un air détaché bien que c’est peu réussi dans son cas. Elle n’avait pas l’air très bien… On aurait dit qu’elle avait passé un sal même tout comme lui… C’est sans doute de la voir dans cet état qui atténuait quelque peu sa colère envers elle.

    «Je te croyais mort…»

    Il ferme les poings légèrement et sa voix sort tout aussi faible que la sienne, mais un peu plus dur, blessé serait sans doute le mot alors qu’il lui répond.

    « Désolé de te décevoir, mais non je suis toujours bel et bien vivant. »

    Il est amer, distant alors qu’il ne l’a jamais été avec elle au part avant. Lukas se dit qu’il doit absolument prendre ces distances avec elle sinon elle lui brisera de nouveau le cœur alors qu’il est toujours fol amoureux d’elle. Il ne veut pas craqué, pas devant elle, non jamais. Autour d’eux, le silence se fait entendre. Les gens n’osent plus rien dire. Pour beaucoup d’entre eux, ils avaient toujours été un couple. Le couple exemplaire et il savait que beaucoup étaient simplement attentif à leur conversation histoire d’avoir quelque chose à dire sur eux. Bande de vautour. Puis, le barmaid décide d’ajouter à l’atmosphère une couche encore plus lourde.

    « R’garder si c’est beau l’amour! Voyez, ma p’tite dame, il est rev’nu vot’ homme»

    Le visage de Lukas se contracte et il lance un des pires regards qu’il n’a jamais lancés par le passé à l’homme qui semble comprendre qu’il vient de gaffer et décide donc qu’il a quelque chose de très urgent à faire à l’autre bout du bar.

    «Allons parler ailleurs.»

    Il ne dit rien, hochant simplement la tête comme réponse. Lukas se retourne et ramasse son manteau sur la chaise. Il voit le regard d’avertissement de ces amis, mais ne les écoute pas. S’il a une chance de mettre les choses au clair avec Tamina, il doit le faire surtout qu’il ne croit pas vraiment qu’ils se recroiseront après. Lui fera tout pour ne pas la revoir surtout si elle reste dans le coin. Une mutation dans un autre service lui semble de plus en plus la meilleure idée. Pour le moment, c’est sa colère qui parle et non pas sa raison. Il la suit finalement dehors, lui tenant la porte comme un gentleman. L’air frais frappe doucement son visage. Il fait quelques pas restant à une certaine distance d’elle. Elle avait voulu lui parler, alors il entendrait qu’elle ouvre la bouche la première.

    «Pourquoi est-ce que… »

    Il ne répondit rien se contenant de la regarder avec un visage sans expression. Il attendait qu’elle fasse une phrase complète, qu’elle dise quelque chose qui valait la peine pour lui d’engager la conversation dans un but, une ligne.

    «J’aurais aimé que ce se passe autrement…Si j’avais su que …»

    « Tu aurais aimé? Il arrive rarement que ce qu’on aurait aimé comme tu dis et ce qu’on a vont dans le même sens. Dommage pour toi non. »


    Il est conscient que ces paroles sont très loin d’être douces à son égard, mais il continue tout de même.

    Tu ne serais pas revenu? Ou peut-être tu t’aurais donné la peine de laisser une note pour me dire de ne pas rentrer parce que je n’avais plus de maison et que tu t’étais barré sans rien dire. Ça aurait sans doute été trop j’imagine. »

    Sa voix siffle sa colère avant même qu’il ne sent rend compte réellement. Il avait souffert tellement qu’à la première occasion, tout sortait. Lukas réalisa alors qu’il n’avait pas été juste, qu’il avait été blessant sans aucun doute.

    « Je … Je suis désolé. »

    Il soupire en frottant son visage fatigué et las de la vie tout simplement. Ces bras retombent mollement le long de son corps alors qu’il a les yeux baissés. Il n’avait jamais été en colère de cette manière avec elle. Oui, ils avaient eu des disputes, comme tout le monde, mais pas comme ça…
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MessageSujet: Re: I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas   I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas EmptyJeu 3 Nov - 5:36

Quand j’étais petite, ma mère me lisait ce livre aux mots durs et à l’histoire d’une enfant massacrée par les rivalités entre ses parents. Une enfant à la vie démolie par la cruauté des hommes et dans ce livre aux pages décharnées par les années, il y avait cette phrase; « On regrette toujours pour rien, étant donné qu'on ne peut regretter qu'après. »* Petite, j’avais trouvé cette phrase stupide, étonnante, sans sens réel. Pour moi, la Bérénice de Ducharme n’avait jamais été une référence, jamais elle n’avait eu raison, simplement parce qu’elle était folle, parce que le monde l’avait rendu cinglé avec sa cruauté et qu’elle ne pouvait plus sortir de cette folie dans laquelle elle s’était enfermée. Des années plus tard, je me retrouvais là, à me dire que cette Bérénice avait plus que raison. Que les regrets que je ressentais présentement, qui me broyaient cœur depuis des mois n’étaient là que pour rien. Simplement parce qu’il n’y avait rien d’utile à regretter, puisque la faute était déjà commise. Pourtant, j’avais regretté de ne pas lui avoir démontré toute mon affection pour lui, j’avais regretté de le laisser partir, d’avoir quitté Arrowsic, de ne pas être à l’aéroport ce jour-là. Et maintenant, je regrettais de me retrouver comme ça, face à lui, à regretter de nouveau, sans savoir ce que je regrettais réellement. On regrette toujours pour rien… mais on ne peut refaire le passer, si ce n’était qu’avec des « si seulement » répété sur le bout des lèvres de peur que les rêves s’effondrent si on y croyait trop. Et présentement, debout devant lui, je flottais entre les regrets et les « et si ».

J’ai l’impression d’étouffer, j’ai l’impression que l’air et des l’acide qui liquéfie mes poumons, j’ai l’impression que mon monde éclate encore et encore. Je suis devant lui, fantôme de moi-même, luttant contre les larmes et les pleurs, essayant d’être plus forte que je ne le suis. Mais les masques tombent toujours. Le mien commençait seulement à se fissurer. J’ignorais combien de temps je pourrais jouer les braves, combien de temps je pourrais faire comme si la vie était belle alors que mon monde n’était que souvenirs douloureux et regrets. J’avais séparé ma vie ne deux pour que tout soit plus simple, ça ne l’avait jamais été. J’avais quitté Arrowsic pour ne plus ressentir ce manque, ça n’avait jamais aidé. Et je me retrouvais de nouveau là, luttant conte cet océan de larme que je n’avais jamais voulu laisser couler. « Désolé de te décevoir, mais non je suis toujours bel et bien vivant. » Ces mots me firent l’effet d’un coup de poignard en plein cœur. J’étais psychologue, la douleur des autres j’y faisais face tous les jours, je jonglais avec elle, sans qu’elle ne me gêne réellement, non sans compatir à ces douleurs qui brûlent les âmes. Cependant, la mienne, je n’ai jamais été capable de la gérer entièrement, surtout quand il s’agissait de lui. Fais ce que je dis et non ce que je fais. Cette phrase m’allait comme un gant. Je ne réponds rien, mon contentant de lui lancer un regard profondément blessé.

Je passai devant lui, alors qu’il me tenait la porte, comme il l’a toujours fait. Son parfum m’enveloppe un instant avant d’être remplacé par la brise froide. La rue est calme, le monde s’endort, et nous sommes là, deux étrangers qui ne savent plus ce qu’ils sont, deux amoureux trop attachés pour faire une croix sur l’autre, mais trop brisée pour s’aimer. Je suis soulagée de ne plus ressentir les regards des gens sur nous, sachant que nous avons toujours été le couple parfait. Quelque part, je me demande qui était le méchant dans l’histoire, si ce n’était que la faute au destin ou la notre, trop aveuglé pour voir le drame qui pointait le bout de son nez avec la subtilité d’un éléphant au milieu d’un village de Schtroumpfs. Il attend, patiemment, que je prenne la parole. Je suis sans doute trop naïve, je ne m’attendais pas à un tel éclat. Et ces paroles me firent l’effet d’une bombe, douloureuse et mortelle. « Tu aurait aimé? Il arrive rarement que ce qu’on aurait aimé comme tu dis et ce qu’on a aillent dans le même sens. Dommage pour toi non. Tu ne serais pas revenu? Où peut-être tu te serais donné la peine de laisser une note pour me dire de ne pas rentrer parce que je n’avais plus de maison et que tu t’étais barré sans rien dire. Ça aurait sans doute été trop j’imagine. »Je ne dis rien pendant un long moment. Blessée, effarée. Détruite.

Je ne sais pas ce qui me blessa le plus dans ces propos. Le fait qu’il pouvait penser une tellement chose de moi ou le fait qu’il ne faisait que remué un peu plus le mal-être que je ressentais éveillant tous les démons que je tachais d’endormir au plus profond de moi? Pour la deuxième fois en peu de temps, je me demandais quel genre de monstre pouvais-je bien être. Quel genre de personne faisait ça? Qui pouvait détruire à ce point la personne qu’elle aime le plus au monde? Bien entendu, la partie rationnelle de mon cerveau ne cessait de me rappeler que tout cela n’était qu’un immense mal entendu. Mais je me refusais de l’écouter. J’inspirai profondément, essayant de chasser les sanglots qui barraient ma trachée. Doucement, lentement, je relevai mes yeux noyés de larmes vers lui, incapable de les refouler. J’avais abandonné le masque de neutralité que j’avais essayé de me bâtir dans le bar. Il me connaissait trop bien pour que ça puisse fonctionner, il connaissait chacune de mes faiblesses, de mes silences, il savait quand j’allais bien, quand j’allais mal, le tout dans un seul regard. Était-ce toujours le cas maintenant que nos chemins s’étaient séparés?

«Je serais venue à ce rendez-vous à l’aéroport. Comme promis.»Ma voix n’est qu’un murmure d’amertume et de souffrance noyé sous une indifférence médicale. «Mais tu as cessé de m’écrire, je n’ai pas reçu de lettre depuis des mois, l’armée est tout sauf arrangeante, pas de mariage, pas d’information! Je t’ai cru mort, Lukas. Mort! J’ai l’impression que c’est treize derniers mois ont été un cauchemar. Tu sais ce que ça fait de croire que la personne qu’on aime est morte? Tu sais ce que ça fait de passer toutes ces nuits dans son lit sans trouver le sommeil en se disant qu’on ne pourrait jamais lui faire ses adieux décemment? Tu sais ce que ça fait de devoir faire face à l’image de ton corps pourrissant dans un désert au milieu d’un champ de mines tous les foutus jours de ta vie?»Je me tue quelques secondes, le temps de reprendre mon souffle, mais je ne lui laissai pas celui de me couper la parole. «Et toi, tu débarques comme ça! Comme si de rien n’était! Et tu prends la liberté de m’accuser de chose que j’ai faite alors que je te croyais en train de pourrir quelque part au Moyen-Orient! Tu m’as laisser en plan dans ce taudis avec ta gosse dans les bras et tu reviens un an après en croyant que tout aurait été comme avant alors que tu n’as même pas été en mesure de m’envoyer un signe de vie? Un code morse m’aurait suffi! Mais c’était trop te demander!» Ma voix se cassa, me parvint, pénible à entendre, incertaine et fébrile, jouant entre les tonalités, vibrante sous la douleur. Je m’arrêtais, secouée de sanglots, les larmes coulant à flots, mais tout cela n’avait plus d’importance maintenant. J’encrai mes prunelles dans les siennes, soufflant un bon coup, tâchant de calmer ma respiration chaotique.

Peu à peu, je réalisais les paroles que je venais de prononcer. J’étais tétanisée, incapable de bouger un muscle, stupéfaite par mon propre éclat de rage. Je tremblais comme une feuille, les larmes roulaient sur mes joues pour se perdre dans mes boucles brunes. Il semble réaliser qu’il a été trop loin. Moi, je ne réalisais rien. Trop noyé dans la douleur pour y voir clair. Que pouvais réaliser si ce n’était que mon monde volait en éclat par sa faute? Par la mienne? Parce que j’avais été trop naïve de croire que j’étais assez forte pour pouvoir survivre avec lui loin de moi? « Je … Je suis désolé. »Sa voix me parvenait en sourdine à travers l’épais brouillard qui m’entourait. Pendant ce qui me sembla être une éternité ponctuée de sanglots et de larmes, je réalisai que depuis longtemps, je n’étais plus cette petite fille forte assise près de l’eau sur la plage. En un an, j’avais passé de la force à l’invulnérabilité et j’en payais chèrement le coût aujourd’hui alors que je lui faisais face. Rageusement, j’effaçai les larmes qui sillonnaient mes joues et qui furent rapidement remplacées par d’autres encore chaudes. «Et moi donc…»Après l’éclat de ma voix si fébrile, j’en revenais au chuchotis à peine audible, d’une voix rouillée, semblable à celle qu’utilise les enfants qui ont trop pleurer. Un soupire passa la barrière de mes lèvres entrouvertes, un soupire coupé de sanglots sans pitié et me comprimèrent la cage thoracique de façon douloureuse.

* L'avalée des Avalés - Réjean Ducharme

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MessageSujet: Re: I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas   I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas EmptySam 5 Nov - 6:14

    Leur vie avait pris sans aucun doute la pire des tournures possible en seulement une petite année qu’il avait été quoi dix ans ensemble. Dix ans et tout éclate en quelques instant. Lukas souhaitait souvent pouvoir revenir en arrière afin de changer d’avis, de ne pas monter dans cette avions, de tout simplement resté avec elle. IL avait voulu revenir après moins de trois mois… Il avait revenu dès le moment ou elle avait arrêté de lui écrire ayant peur qu’il lui est arrivé quelque chose de grave. Il serait sans aucun doute mort si c’était le cas. Mais tout ça, tout ces « et si… » n’avaient aucunes importances, aucuns effets sur le présent. Aucuns d’entre eux ne pourrait changer ce qui avait été fais alors il lui fallait vivre avec point barre. Ça lui faisait mal, ça le brûlait profondément, mais que pouvait-il faire d’autre que souffrir en gardant toute sa douleur à l’intérieur de lui mélanger avec ces peurs, son désespoir et Dieu sait quoi d’autre qui hantait nuit après nuit ces rêves les transformant en horribles cauchemars. Lukas ne pouvait plus regretter. Son père lui aurait fort possiblement dit de vivre avec ou plutôt d’apprendre à vivre avec à défaut de pouvoir changer quoi que se soit. Il se demandait tous les jours, à chaque instant mêmes, si un jour son cœur allait pouvoir aimer de nouveau comme il avait bien pu aimer Tamina durant toutes ces années ou ils furent ensemble.

    Son souffle se coupe comme si on avait posé deux énormes mains contre son cou et que quelqu’un s’amusait sans arrêt à serrer puis à desserrer afin de voir jusqu’à quel point il pouvait le supporter avant de mourir sans air. Il devait se faire presque violent pour ne pas oublier le simple fait de bien respirer ou encore comment le faire tellement il était déboussolé par sa simple présence devant lui. Lukas réalisait du même coup qu’elle lui avait encore plus manqué que ce qu’il avait bien pu penser. Elle était partie avec la lumière de sa vie, les couleurs du monde, la musique, avec tout ce qu’il y avait de plus beau en se bas monde laissant qu’une trame de noir au blanc avec du gris déprimant qui avait tendance à le plonger de plus en plus bas. Soudainement, il la revoyait et tout ce qu’il avait perdu en réalisant son départ réapparaissait comme par magie. Cependant, tout avec un air d’illusion. Tout lui semblait si faux comme si ces yeux lui jouaient un mauvais tour.

    Lukas avait parlé avec une voix qui n’était tellement pas lui. Sa réponse causa de la douleur chez son ex-compagne, parce que c’était bel et bien ce qu’elle se trouvait être, son ex alors, qu’il avait voulu tout lui donné. Ironique non? Il avait donné son cœur à la femme qu’il pensait aimer autant qu’elle l’aimait… puis elle se tirait dès que possible. Enfin, c’est ce que lui murmurait froidement une petite voix dans sa tête. La voix de la rancœur, de toutes les douleurs que cette femme lui avait apportées durant les derniers mois. Elle le poussait à être ainsi… si distant, direct avec elle. Il montrait une partie de lui qu’il n’avait pas eu le choix d’adopter quelque part afin de ne pas d’un se faire tuer derrières les lignes ennemies et de deux pour tenter de lui cacher qu’il souffrait. Lukas voyait qu’elle souffrait, simplement son état physique, ces cernes sous ces yeux, le montrait clairement. Il connaissait aussi assez bien l’éclat de ces yeux pour reconnaître les sentiments par ceux-ci.

    Puis, ils se retrouvèrent seuls devant le bar. C’était sans doute mieux, car, leur conversation ne serait pas des plus joyeuses autant pour lui que pour elle. Il l’avait laissé passé en premier et elle l’avait frôlé en sortant ce qui l’avait non seulement fait frissonner de la tête au pied , mais aussi son odeur bien distinct qu’il avait tellement chercher ces derniers mois s’engouffra dans son nez comme pour le nargué de sa présence. Il n’avait qu’une envie alors qu’il fermait les yeux pour se ressaisir du mieux qu’il le pouvait. L’autre partie de son cerveau lui hurlait de l’embrasser tout simplement. Au diable les conséquences ou encore le passé… Malheureusement, il ne pouvait pas non plus l’écouter. Il avait parfois l’impression d’avoir un petit ange et un petit démon sur chaque épaule qui lui hurlaient des choses bien différentes. Autour d’eux, il n’y a personne. La rue est vide et dans le bar la musique est si forte que personne ne peut les entendre de l’intérieur. Fort heureusement, parce que dès qu’il le peut, dès qu’elle a fini de parler, Lukas éclate. Le petit démon sur son épaule lui fait dire des choses avec cette voix qu’il regrette presque aussitôt d’avoir dites. Il voit clairement la douleur de ces yeux. Lui qui s’était toujours juré de ne jamais la faire souffrir venait d’être sans aucun doute le pire des bourreaux. Il souffre, il souffre parce qu’il la fait souffrir tout simplement après lui avoir promis alors qu’ils étaient encore tout jeunes de ne jamais le faire. Il avait promis d’être tellement de chose… et il ne tenait sans aucun doute aucune de ces promesses en ce moment. Quand elle lève les yeux vers lui, son cœur hurle et se tord alors qu’il y a des larmes dans ces beaux iris verts. Il serre les poings et détourne la tête ne pouvant voir ce qu’il a causé chez elle. Ça lui fait bien trop mal.

    «Je serais venue à ce rendez-vous à l’aéroport. Comme promis.»

    « Mais tu n’y étais pas… »


    Sa voix est rauque. Il a bien du mal à garder une voix stable et échoue lamentablement. Elle n’est pas la seule dont l’envie de verser quelques larmes est forte. Mais, il ne peut se permettre de pleurer. Il ne veut pas pleurer devant elle en fait.

    «Mais tu as cessé de m’écrire, je n’ai pas reçu de lettre depuis des mois, l’armée est tout sauf arrangeante, pas de mariage, pas d’information! Je t’ai cru mort, Lukas. Mort! J’ai l’impression que c’est treize derniers mois ont été un cauchemar. Tu sais ce que ça fait de croire que la personne qu’on aime est morte? Tu sais ce que ça fait de passer toutes ces nuits dans son lit sans trouver le sommeil en se disant qu’on ne pourrait jamais lui faire ses adieux décemment? Tu sais ce que ça fait de devoir faire face à l’image de ton corps pourrissant dans un désert au milieu d’un champ de mines tous les foutus jours de ta vie?»

    Comme s’il avait été piqué à vif par on ne sait quel animal, Lukas bondit vers elle en restant à bonne distance tout de même avec un air blessé. C’était faux! Tout était faux! Il avait écrit dès qu’il le pouvait, plus que la majorité des autres le faisait. Il avait passé tout son temps libre à lui écrire!

    « C’est faux! Je t’ai écrit! Des dizaines et des dizaines de lettres qui ont toutes fini par me revenir. Elles sont toutes dans une boîte avec chaque fois les mots « Retour à l’envoyeur d’écrit dessus. » Alors, ne me dis pas que je ne t’ai pas écrit. Je les fais même quand toi tu ne me répondais plus, même quand je … même quand je n’avais plus la force d’écrire tellement mes mains me faisaient mal. Je suis revenu vivant pour toi et tu n’étais plus là! Je n’ai jamais arrêté de t’écrire. JAMAIS! »

    Sa voix se brise plusieurs fois alors qu’il parle en appuyant bien sur les derniers mots. Comment pouvait-elle croire qu’il ne lui avait jamais écrit!! Il n’en revenait pas. Tout son être brûlait entre la colère contre elle de croire une telle chose alors qu’il pensait qu’elle se trouvait être la personne le connaissant le mieux sur cette planète. Ces yeux bleus luisaient, mais il les détournait le plus possible ne voulant pas la fixer de nouveau. Elle reprit la parole.

    «Et toi, tu débarques comme ça! Comme si de rien n’était! Et tu prends la liberté de m’accuser de chose que j’ai faite alors que je te croyais en train de pourrir quelque part au Moyen-Orient! Tu m’as laisser en plan dans ce taudis avec ta gosse dans les bras et tu reviens un an après en croyant que tout aurait été comme avant alors que tu n’as même pas été en mesure de m’envoyer un signe de vie? Un code morse m’aurait suffi! Mais c’était trop te demander!»

    « Je? Non, mais je rêve! Tu t’étais barré! Je n’étais quand même pas pour débarquer dans une ville ou je ne connaissais personne! C’est chez moi ici! Tu l’oublies? Je me demande si ça n’aurait pas été mieux qu’ils me tuent comme ça t’aurait eux ce que tu voulais! J’aurais réellement pourri dans un trou! Quoique t’as eu presque de la chance! C’est passé à deux doigts!... »


    Lukas avait de nouveau piqué en l’entendant. Cependant, son cerveau mit un temps à bien enregistré l’ensemble de ce que Tamina venait de lui dire ou plutôt de lui avouer. Son visage changea soudainement du tout au tout. Il devint livide et se figea pendant un instant alors qu’elle pleurait devant lui.

    « Attends… Comment ça mon gosse? Tu n’étais pas enceinte quand je suis parti… »

    Il a du mal soudainement à voir clair. Tout tourne autour de lui à une vitesse folle. Lukas recule entendant à peine les quelques mots qu’elle prononce.

    «Et moi donc…»

    Il recule et son talon s’enfonce dans un trou qui malheureusement se trouve derrière lui. Lukas perd l’équilibre et s’écroule sur le dos alors que sa tête être le lampadaire qui se trouve derrière lui. Sonné, il reste là les yeux ouvert et un peu vide alors qu’il voit de nombreuses tâches devant ces yeux. Il cligne ceux-ci plusieurs fois toujours par terre.


Dernière édition par Lukas M. Salvatio le Mer 9 Nov - 2:39, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas   I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas EmptyDim 6 Nov - 5:34


Je me souvenais encore de son sourire sur cette plage où nous nous étions connus, plus de quinze en plus tôt. Un sourire invitant, un regard lumineux, joyeux, amusé. Il avait été le premier ami que je m’étais fait ici. Je n’avais jamais été la personne la plus facile à connaître, je n’avais jamais été la personne la plus facile à approcher, j’en ai toujours été consciente, mais ça ne l’avait jamais réellement dérangé. Comme s’il avait été le seul à être capable de brisé chacun des murs que j’avais battus autour de moi sans même avoir du mal à le faire, comme s’ils avaient été en carton, alors qu’encore aujourd’hui, j’avais nombre de réserve face aux gens qui étaient mes amis depuis plus de dix ans. J’ignore comment il avait fait, j’ignore comment il avait fait pour faire éclater toutes mes barrières, mais ça n’avait jamais été important à mes yeux. Et au final, des années plus tard, je me retrouvais à lui en vouloir d’avoir réussi à me toucher de si près, puisqu’il était la cause de la douleur que j’avais toujours voulu éviter. Et je me retrouvais devant lui, avec l’impression de n’être rien d’autre qu’une plaie à vif, brûlante et saignante pour lui, que le monde n’avait plus de goût et que sa seule couleur était le rouge de mon sang. Et il était si difficile de reprendre mon souffle, alors que son simple regard brulait mon épiderme comme le feu ne l’avait jamais fait. Néanmoins, j’avais toujours l’impression que c’était hier qu’il me prenait les mains dans les siennes, me murmurant combien il m’aimait, que j’étais la chose la plus importante de sa vie. Et à ce moment précis, j’aurais tout fait pour l’entendre me dire de nouveau ces paroles qui m’avaient semblé si normal enfant.

Si j’avais su, ce soir-là, à l’aéroport que ce serait le dernier « je t’aime » que j’entendrais de sa part, je lui aurais dit. Je lui aurais dit tout ce que j’ai pensé avoir le temps de lui dire, je l’aurais supplié de rester ici, en sécurité. Mais il était trop tard et je ne pouvais pas faire marche arrière. Irrationnellement, je m’en voulais. Je m’en voulais de lui en vouloir. Je m’en voulais de l’avoir blessé, de me blesser en le faisant. Quelque part, je cherchais à rationalisé les choses, à mes dires que je ne devais pas me montrer si excessive, mais je n’y arrivais pas. Tant d’années, j’avais été la psychologue que rien ne touchait, avec une parfaite maîtrise de ses émotions, les tenant en bride comme personne ne savait aussi bien le faire que moi. Cependant, chaque fois qu’il s’agissait de lui, je n’arrivais pas à rationaliser, à agir avec la tête froide, je n’arrivais pas à mettre les sentiments de côté. C’était comme si je ne contrôlais plus rien, comme si tout partait en vrille, inévitablement. Moi qui avais l’habitude d’être si forte, moi qui avais l’habitude de me ternir la tête haute, je suffoquais, je paniquais, je perdais tous mes points de repère face à lui. J’avais l’impression d’être une petite fille trop effrayée pour aller à la salle de bain au milieu de la nuit, de peur que le monstre sous son lit ne lui attrape la cheville. Je me disais que si je faisais un mouvement de travers je le perdrais pour de bon, lui, et tout ce qui me rattachait de près ou de loin à sa personne.

Malgré moi, ça me faisait un mal de chien de voir que nous ne pouvions pas simplement sauter dans les bras l’un de l’autre, comme nous aurions dû le faire, comme deux amoureux transis, comme un couple banal. Ce que nous étions il n’y avait pas si longtemps, avant qu’il ne monte dans cet avion, avant que mon monde n’éclate, avant que ma petite Maelys ne naisse, avant que la terre arrête de tourné pour se figer à mi-chemin entre le jour et la nuit la plus noire. Et ma terre ne semblait pas prête à reprendre sa course autour du soleil, comme je n’étais pas prête à réapprendre à respirer, avec ou sans lui. Je me complaisais bien dans mon monde de faux semblant et de sourire aux tonalités fausses, comme une mélodie apprise par cœur, sans jamais en connaître les paroles. Et il revenait, bousculant mon monde comme si ce n’était pas assez difficile comme ça. « Mais tu n’y étais pas… » Je levai les yeux vers lui, avec la douleur de gens qui réapprennent à se relever après les tempêtes. J’ouvris la bouche, puis la refermai, sans avoir prononcé un mot, aucun ne me venant à l’esprit. Je n’avais aucune raison, aucune justification valable en dehors de ce fait indéniable. Je l’avais cru mort. Simplement mort.

Ses réactions ne passent pas inaperçues. Je les voyais, comme je les avais toujours vues. Je les analysais, comme s’il n’était qu’un patient mal à l’aise devant sa thérapeute trop inquisitrice. Je voyais son corps crispé, ses muscles bandés, ses poings serrés et sa façon d’éviter de me regarder dans les yeux, pour ne pas y voir les larmes qui y régnaient. Il souffrait de me voir souffrir. Et quelque part, j’en ressentais une délectation malsaine que je n’avais jamais ressentie de toute ma vie. C’était comme si j’étais heureuse de savoir que je n’étais pas la seule à ne pas souffrir. Ce n’était pas du soulagement, ou quelque chose comme ça, mais bel et bien une forme de joie perverse qui me dégoûtait moi-même. Je n’aimais pas ce que j’étais à ce moment précis, comme l’espèce de monstre qui vivait sous mon toit, enfant, comme ce père adoptif qui avait toujours été le mien, à la fois doux et aimant, à la fois dure et violent. Je sais combien il aimait entendre mes cris quand sa main volait sur ma joue parce que je n’avais pas agi comme il le voulait. Je pouvais m’imaginer qu’il ressentait un peu ce que je percevais à ce moment. Une joie perverse qui me prenait d’assaut, s’emmêlant à la souffrance qui me noyait petit à petit. Je perdais pied.

Et me voilà qui craquais devant lui, comme une enfant qui n’a aucun contrôle sur le flot d’émotion qu’elle ressent. J’étouffais sous les sanglots, je me noyais sous les larmes. Mon éclat passé, ce fut le sien qui se fit entendre, pas plus glorieux que le mien. Il bondit en avant, comme si je l’avais piqué, mais veillant à garder une distance raisonnable entre nous, sachant que si nous étions trop prêts, les barrières tomberaient, sans doute. « C’est faux! Je t’ai écrit! Des dizaines et des dizaines de lettres qui ont toutes fini par me revenir. Elles sont toutes dans une boîte avec chaque fois les mots « Retour à l’envoyeur» d’écrit dessus. Alors, ne me dis pas que je ne t’ai pas écrit. Je les fais même quand toi tu ne me répondais plus, même quand je… même quand je n’avais plus la force d’écrire tellement mes mains me faisaient mal. Je suis revenue vivante pour toi et tu n’étais plus là! Je n’ai jamais arrêté de t’écrire. JAMAIS! »C’est au tour de sa voix de jouer au yoyo entre les tonalités. Pendant quelques secondes, l’émeraude fusionne avec l’azur dans une rencontre troublante avant de se détacher, douloureusement. [b]«Alors pourquoi je n’ai jamais rien reçu de toi? Pourquoi est-ce je n’ai reçu aucune de tes lettres? Même après t’en avoir envoyé une indiquant que je retournais chez mes parents? Même quand je revenais ici, dans l’espoir futile et dérisoire de voir une enveloppe à ton nom dans cette foutue boîte aux lettres, rien! Et maintenant je ne commençais à me faire à l’idée que je devais apprendre à vivre une demi-vie, tu reviens! Comme ça, sans t’annoncer. » Ma voix se veut posée. Elle ne l’est pas. Je n’arrivais pas à faire disparaître ces traces de désespoirs qui transperçaient. De nouveau, j’effaçai les larmes roulantes sur mes joues sans que je ne m’en rende compte, bien que peu surprise de les retrouver là.

L’air était une denrée de plus en plus rare autour de moi, ou alors, trop abondante pour pouvoir pénétrer mes poumons avec les sanglots qui me secouaient toujours. J’évitais son regard comme on évite de se mettre la main dans les flammes pour une pas se brûler. J’avais vu les ravages de la vie, celles de la mort, j’avais vu la destruction des vies par les mots, par l’amour. J’avais cru voir la plus grande partie de la douleur humaine. Sa cruauté, sa dureté, mais jamais je n’aurais cru qu’elle pouvait être si démoniaque et violente. De nouveau, sa voix me parvint à travers l’épais brouillard qui m’entourait, de plus en plus épais et dense. « Je? Non, mais je rêve! Tu t’étais barré! Je n’étais quand même pas pour débarquer dans une ville ou je ne connaissais personne! C’est chez moi ici! Tu l’oublies? Je me demande si ça n’aurait pas été mieux qu’ils me tuent comme ça t’aurait eux ce que tu voulais! J’aurais réellement pourri dans un trou! Quoique t’as eu presque de la chance! C’est passé à deux doigts!... »Peu à peu, ses mots traversent mon monde embrumé pour se frayer un chemin à mon cerveau.

Tuer? Qu’est-ce que c’était cette histoire? Ces paroles furent comme un coup de poignard dans le dos. Je me raidis, croisant les bras sur ma poitrine dans une attitude que je définirais de protectrice, comme pour me protéger de sa prochaine attaque, plantant mon regard brillant de larmes dans le sien. «Tu crois que c’est ce que je voulais? Que tout ce que je souhaitais c’est que tu meures, alors que chaque fois que tu t’éloignes de moi, je me sens oppressée? Tu crois vraiment ce que tu dis, Lukas? Tu crois vraiment tout ce que tu avances? Que je voudrais ta mort? »Cette fois-ci, j’ai parlé d’un ton médical, celui que j’utilise avec mes patients pour les rendre à l’aise, un ton chaleureux, mais qui ne dévoile rien des sentiments. Bien qu’en général, je ne suis pas en larme devant mes patients. C’était la preuve que Lukas n’était pas n’importe qui. Et alors? À quoi ça servait de retenir la pluie, les larmes? Puis, peu à peu, il semble comprendre quelque chose que je n’ai pas vu. « Attend… Comment ça mon gosse? Tu n’étais pas enceinte quand je suis parti… » Je ne réponds pas immédiatement. Je me remémore les paroles que je venais de prononcer. Je réalisai, petit à petit, avec une douleur lancinante à la poitrine, que je venais de lui cracher au visage ce que je n’avais pas voulu qu’il sache. Pas comme ça.

Avant que je ne puisse ouvrir la bouche, cherchant les mots que je voulais prononcer pour désamorcer la situation, il recula d’un pas, son pied s’enfonça dans un trou creusé dans le trottoir et bascula à l’arrière. Je tendis la main, instinctivement, comme pour tenté de le rattraper. Mes doigts se refermèrent dans le vide alors qu’il s’écrasa au sol. Je m’approchai de lui, une grimace peinte sur le visage, réprimant une envie irrépressiblement de rire, un rire nerveux qui se bloqua dans ma gorge. Je m’agenouillai près de lui, essayant d’évalué les dégâts sans le toucher. «Ça va allez?» Murmurais-je en l’aidant à s’asseoir sur le bitume. Je m’installai à ses côtés, à une distance raisonnable, encore chamboulée de ce contact avec lui. Cette chute était un peu une bénédiction. Ça me laissait le temps de trouver quelque chose à dire sur le bébé. Pendant un long moment, j’observe le lustre des mes chaussures. Doucement, je secouai la tête avec un sourire triste, effaçant les dernières traces des larmes sur mes joues. Je savais que dans quelques minutes, je devrais retourner à la maison avec ma petite chérie, faire comme si tout allait bien. Je lui lançai un regard en biais, un pauvre sourire aux lèvres. «Que nous arrive-t-il?»

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MessageSujet: Re: I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas   I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas EmptyLun 7 Nov - 2:27

    L’amour était déjà à la base complexe. Beaucoup avait tenté de le décrire, bien souvent du mieux qu’ils le pouvaient, mais personne ne pouvait réellement dire ce qu’était l’amour. Personne qui n’avait jamais eu la chance de vivre une vraie histoire d’amour. Pas celle qu’on voit dans les films qui finissent toujours bien avec la belle musique et les enfants. Non, l’amour qui fait mal, mais après lequel on court toujours parce que c’est ce qui nous fait nous sentir plus vivants encore et encore. L’amour est la plus douce des tortures, la souffrance la plus cruelle, mais elle en vaut toujours la peine. Aimé est la plus belle chose qu’on puisse faire dans la vie. Ces paroles, elle venait toutes de sa mère qui n’avait jamais arrêté d’aimer l’homme qu’elle avait épousé de nombreuses années plutôt, et ce, même si aujourd’hui ce même homme n’était plus depuis des années. Elle l’aimait toujours autant que le premier jour. Il avait été son seul et unique comme elle le disait… En voyant ces parents, Lukas avait rêvé lui aussi d’avoir une femme unique qu’il aimerait toute sa vie et ce peu importe les obstacles qui se mettraient sur sa route. À ces yeux, Tamina avait tout de suite était cette femme. Enfin, dès le moment où leur relation était devenu plus intime et qu’ils étaient un couple, un vrai. Souvent, il se disait que l’endroit de leur première rencontre, la plage, avait été pour beaucoup. C’était un endroit unique, magnifique et pourtant ils avaient été presque les seuls à voir cet endroit comme la leur ce qui était sans aucun doute mieux comme ça si on y pense bien. C’est sur le sable qu’il lui avait murmuré le premier « Je t’aime », c’est là qu’il lui avait demandé officiellement de sortir avec lui et c’était sur cette plage qu’il avait voulu la demandé en mariage. Aujourd’hui, il avait beaucoup de mal à ne pas ressentir une haine incontrôlable avec cette étendue de sable et d’eau pour tous les souvenirs qui s’y trouvaient attachés, ancrés solidement comme si elle racontait leur histoire chaque fois qu’il y mettait les pieds. Lukas savait que c’était vrai… Elle lui murmurait sans arrêt le passé et c'est pourquoi il avait fini par ne plus y aller. Il ne pouvait plus tout simplement. S’il voulait guérir de tous ces « Je t’aime » murmuré avec amour, il devait effacer la plage de sa liste d’endroit.

    Lui dire qu’il partait quelque temps dans l’espoir de retrouver son frère disparu avait été la chose la plus dure qu’il avait faite… Non en fais, c’était de partir en la laissant derrière lui qui avait été la chose la plus dure qu’il avait pu faire et du même coup sa pire erreur il faut croire. Il avait cru tellement en leur amour qu’il s’était dit qu’à son retour les choses seraient comme avant… Quel idiot il avait bien pu être pour croire à ça? Il était presque mort là-bas et il ne lui dirait peut-être jamais, mais elle l’avait sauvé. Sa promesse de revenir pour elle l’avait sauvé en fin de compte. Elle lui avait donné tellement de force alors qu’il ne pouvait que ramper entre les corps morts de soldats autant amis qu’ennemis. Il eut un terrible haut-le-cœur juste à ce souvenir précis. L’odeur de la mort n’avait jamais été plus présence qu’à cet instant. Même quand il se trouvait assis dans sa cellule d’une prison ennemie. Non, rien ne pouvait être pire que de passer à côté du corps d’un frère d’armes mutilé qui n’avait même pas encore atteint l’âge légal pour boire. La vie est parfois plus horrible qu’on ne veut bien le croire. Il avait eu la chance de bien voir à quel point l’homme était sans aucun doute la pire créature que Dieu avait créée sur terre. Elle tuait et torturait par plaisir, non pas pour ce nourrir comme le faisait les autres animaux. Parce que oui, l’homme est un animal… et de loin le pire. Lukas serait resté avec elle s’il avait su ce qui l’attendait. Encore un autre si qui ne fait que rendre les choses plus réelles, plus douloureuses aussi. C’est si remettait en question tellement de choses dont leur histoire d’amour en elle-même.

    Parfois, il avait douté de son amour, jamais en dix ans il ne l’avait fait, mais en seulement un an, une petite année de rien du tout, Lukas s’était mis à douter. Ces doutes étaient devenus des monstres qui le mangeaient de l’intérieur. Ils créaient en lui des idées plus noires que jamais, des idées qu’il n’aurait jamais eues avant de partir, de tout quitté pour une sois disant bonne cause. Il ne voulait pas le dire, ni y penser, mais Lukas avait pensé tout arrêter à son retour quand les choses étaient aux pires. Sa première semaine dans son ancienne chambre chez sa mère avait presque été la dernière semaine sur cette terre. Il venait de recevoir de nombreuses ordonnances médicaux avec aussi de nombreuses restrictions, dont l’alcool qui était d’ailleurs toujours en vigueur, mais dont il se fichait un peu faut dire. Il avait passé presque toute la nuit à regarder les flacons dans une main et une photo d’eux dans l’autre. Résultat, au petit matin, Lukas était malade comme un chien. Il avait fait une surdose légère et son corps avait décidé qu’il ne partirait pas de cette manière en recrachant tous les comprimés. Il se doutait que sa mère avait compris, mais il n’en avait pas parlé. Il voulait retourner bosser comme les autres hommes, il voulait oublier comme tous les soldats. Il se fichait tellement de finir avec une balle aujourd’hui plus que jamais… c’était sans doute égoïste de parler ainsi surtout envers sa seule famille qui devrait vivre un autre terrible deuil.

    Puis, il ne pouvait pas s’empêcher de ressentir une colère irrationnelle quand il pensait à cette nuit ou il avait voulu en finir. Il lui en voulait à elle, celle qu’il aimait de ne pas avoir été là à son retour afin de l’empêcher de tenter quelque chose d’aussi stupide. Il lui en voulait de l’affecter à ce point qu’il aurait voulu littéralement mourir juste pour arrêter la douleur. Il se demandait parfois comme elle aurait pu réagir s’il avait réussi cette nuit-là, s’il était vraiment mort et non qu’il avait été malade comme un chien au lieu. Aurait-elle pleuré? Serait-elle revenue pour lui comme lui était revenu pour elle? Quelque part, il ne le saurait jamais. Après tout, elle n’était pas revenue pour lui, Lukas l’avait clairement compris en voyant son si grand étonnement de simplement le voir vivant devant elle. C’était encore une autre douleur de savoir que Tamina était de retour sans savoir qu’il était là et donc pas pour lui. Il avait envie de lui hurler sa haine, son désespoir, mais il ne pouvait pas le faire. Lukas ne voulait pas lui montrer l’ampleur de sa blessure, même si quelque part elle le connaissait si bien qu’elle saurait sans doute la voir comme il pouvait voir sa douleur. C’était ironique. Il souffrait de lui faire du mal, mais une partie de son être riait méchamment de voir ces yeux verts pleins de larmes et de douleur. Elle hurlait très fort que c’était tout simplement tout ce qu’elle méritait de souffrir, de pleurer et que lui ne devrait même pas à verser une larme pour elle. Qu’à partir de maintenant, de ce jour, il n’en verserait plus jamais une pour elle… Mais, Lukas savait que c’était faux. Aussi blessé qu’il fût, Tamina était ironiquement la personne qui lui apporterait le plus de réconfort dans ce bas monde. La femme qui le détruisait par l’amour qui lui portait était la même qui pourrait chasser les horribles cauchemars qui hantaient toutes ces nuits depuis plus d’un mois maintenant. Pitoyable… il était littéralement pitoyable pour s’accrocher de la sorte. Ces vieux copains de lycée le lui avaient clairement fait comprendre et Lukas se sentait encore plus mal après. Ils étaient les derniers qui sauraient comment il se sentait mal à l’intérieur. Il se l’était promis en les entendant lui donner d’aussi horrible conseil comme « Coucher avec des nanas que tu ne connais absolument pas aide à changer les idées. » Peut-être… et vous donne la chance de choper une infection après… Joyeux tout ça non? De bons copains et de mauvais conseils…

    Puis la conversation va où finalement elle doit aller après un silence, après la douleur que l’un et l’autre voient dans les yeux de celui qui se trouve en face de lui. Lukas est en colère. Elle pense qu’il ne lui a pas écrit et son cœur brûle alors que la petite voix lui répète comment Tamina se moque de lui.

    «Alors pourquoi je n’ai jamais rien reçu de toi? Pourquoi est-ce je n’ai reçu aucune de tes lettres? Même après t’en avoir envoyé une indiquant que je retournais chez mes parents? Même quand je revenais ici, dans l’espoir futile et dérisoire de voir une enveloppe à ton nom dans cette foutue boîte aux lettres, rien! Et maintenant je ne commençais à me faire à l’idée que je devais apprendre à vivre une demi-vie, tu reviens! Comme ça, sans t’annoncer. »

    Il serre les poings. Ces paroles ne font que faire augmenter la colère en lui et lui fait sentir comme s’il était le seul à blâmer dans cette histoire.

    « Comment veux-tu que je sache pourquoi tu n’as reçu aucune de mes lettres! J’étais à l’autre bout du monde probablement attaché sur une chaise à tenter de ne pas mourir. Tu crois être seul qui ressent ça? Hein? Et puis, t’aurais pu aller voir ma mère non? Elle se serait sans doute fait un plaisir de te dire que j’étais toujours vivant, coincé dans une prison afghane, mais toujours vivant! Désolé de troubler le cher monde de madame en revenant au pays!!! »

    Il se fiche des larmes qu’il voit sur ces joues. Lukas ne crie pas, mais sa voix est dure, tranchante et surtout blessante. C’est à son tour de la blesser avec des mots, ces mots et il en est presque heureux. Dès le moment où il s’en rend compte, il tente de tuer ce sentiment horrible. Tamina change de position. Elle semble vouloir se protéger et il sait qu’elle a toutes les raisons du monde d’agir de la sorte.

    «Tu crois que c’est ce que je voulais? Que tout ce que je souhaitais c’est que tu meures, alors que chaque fois que tu t’éloignes de moi, je me sens oppressée? Tu crois vraiment ce que tu dis, Lukas? Tu crois vraiment tout ce que tu avances? Que je voudrais ta mort? »

    Il se recule d’elle et soupire. Il lève les yeux vers elle.

    « Rien ne me fait penser le contraire Tamina. Tu es partie et quand tu reviens tu m’accuses de tous les maux. Je suis revenue et tu n’étais pas là. Est-ce que tu sais comment on se sent quand on s’accroche à une toute petite lumière dans le noir en se disant qu’elle va nous sauver des ténèbres? Puis, on finit par sortir des ténèbres en croyant que cette lumière nous mènera vers un endroit paisible… mais que finalement elle ne fait que nous faire retomber dans le noir… un noir encore pire qu’avant? Tu étais ma lumière et j’y ai cru avec chaque partie de moi… mais maintenant, tout s’est éteint. »

    Il avait commencé sur une note remplie de colère pour finir avec une voix faible qui ne portait que son désespoir par ces paroles. Il ne voulait pas se battre avec elle. Il ne l’avait jamais voulu. Devant elle, il avait les épaules vers le bas comme si elles portaient tout le fardeau du monde sur celle-ci. Lukas se sentait épuisé et il allait bientôt avoir un mal de tête en plus. Sympa non? Son trouble après qu’elle lui avoua qu’il était l’heureux père, bien que cela ne semble pas si heureux… c’était sans aucun doute la manière dont elle venait de lui avouer qu’il avait un enfant. Secoué, il ne regarda pas ou il mettait les pieds et se retrouvait sur le sol assommé avec un air quelque peu comatique. Lukas vit partiellement Tamina tenté de l’empêcher de partir par en arrière sans succès. Il voyait toujours quelques étoiles quand sa voix lui parvient un peu en sourdine.

    «Ça va allez?»

    Lukas secoua la tête un instant sans pouvoir lui répondre. Elle l’aida à se mettre assis avant de s’éloigner alors qu’il se frottait le derrière de la tête encore confus de ce qu’il venait de se passer et encore plus de l’avoir sentis le touché. Ils se retrouvaient maintenant tous les deux assis sur le sol. Lukas tourna la tête vers elle quand elle parla de nouveau lui posant une question que lui-même se posait.

    «Que nous arrive-t-il?»

    « Je ne sais pas… mais j’aimerais vraiment que tout revienne comme avant… Surtout... surtout si on a un enfant maintenant...»


    Il soupire en frottant douloureusement le derrière de sa tête sentant un horrible mal de tête venir tout doucement lui broyer le crâne. Il n’aurait jamais imaginé sa soirée de cette manière.
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MessageSujet: Re: I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas   I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas EmptyLun 7 Nov - 5:31

Je me souvenais de ma première soirée seule dans notre maison. Seule dans ce lit trop gros, perdue dans l’immensité de ces draps blancs, d’un froid que ma propre chaleur ne réussissait à chasser. J’étais seule, en sachant qu’au petit matin, je serais toujours seule, que cette fois-ci ce n’était pas seulement une garde de nuit, mais que ce serait le début de longs mois seuls. Au final, le sommeil m’avait fuie pendant plus d’un an. Ce fut pire lorsque j’appris cette grossesse non désirée, quand j’ai sur que je portais en moi la seule chose à laquelle que je pouvais me rattacher. Une lueur d’espoir fébrile et chancelante, incertaine dans l’océan de noirceur qui m’enveloppait comme un épais nuage de brouillard. J’ignore ce que j’aurais pu faire si j’avais perdu Maelys. Cette petite vie fragile qui m’avait permis de continuer à respirer. Ce petit morceau de lui, aussi fragile que la flamme d’une bougie sous le vent. Dans ces petites mimiques d’enfants, j’avais reconnu les siennes, dans ses yeux remplis de merveilles, je pouvais voir les siens. Et si soudainement, en un clignement d’œil, je me retrouvais sans rien, alors que cette mimique disparaissait ou que les larmes naissaient dans les yeux de cette petite chose si innocente. Et malgré sa présence si rassurante à mes côtés, malgré le fait que je me sentais vivant, en quelque sorte, quand la petite était avec moi, elle n’éclipsait pas son absence à près de moi.

Et maintenant qu’il était là, devant moi, comme un fantôme qui ne faisait que hanter mes pires cauchemars et mes plus beaux rêves. C’était à la fois un soulagement de le savoir vivant et déroutant. Un poids de moins sur mes épaules, mais un coup de poignard de plus en plein cœur. Mon regard se planta encore une fois dans le sien, comme pour m’assurer qu’il était vraiment là, réellement là. Ce contact fut bref. Trop court, trop long. J’avais l’impression que de plonger dans ces yeux était comme sauter dans un canyon sans harnais de sécurité. Je sentais le vertige me prendre d’assaut sans aucune pitié. Je passai une main dans mes boucles brunes, essayant de reprendre mes esprits, de chasser les souvenirs et les brides du passé qui allaient et venaient dans mon esprit flottant dans la brume la plus dense. J’aurais aimé lui expliquer ma vie depuis son départ. J’aurais aimé lui expliquer comment j’avais accueilli l’hiver, cette saison que j’aimais tant jadis. J’aurais aimé qui est là pour voir le désastre après que j’ai voulu planter des tulipes, j’aurais voulu lui dire combien j’avais été heureuse quand notre fille avait fait son premier sourire. Mais son absence avant été ma seule compagne dans ces moments et je ne me sentais pas prête à lui dévoilée tout cela sur un plateau d’argent.

Je savais que cette histoire ne serait pas réglée ce soir, je savais qu’il faudrait du temps, si seulement nous avions une seconde chance. Et quand je le regardais, je voyais encore cet homme qui avait été ma force quand je tombais, qui avait été ma voix quand je ne pouvais pas parler, qui avait été mes yeux quand j’étais trop aveuglée pour voir. Et quelque part, je voulais toujours le voir comme l’homme qui n’avait qu’à frôlé ma peau pour me permettre de toucher les plus hauts cieux ou de survivre aux chaleurs les plus denses de l’enfer. Et en quelques mots, il faisait éclater mes illusions avec la violence d’une balle se logeant dans mon corps, créant dommages et ravages.« Comment veux-tu que je sache pourquoi tu n’as reçu aucune de mes lettres! J’étais à l’autre bout du monde probablement attaché sur une chaise à tenter de ne pas mourir. Tu crois être seul qui ressent ça? Hein? Et puis, t’aurais pu aller voir ma mère non? Elle se serait sans doute fait un plaisir de te dire que j’étais toujours vivant, coincé dans une prison afghane, mais toujours vivant! Désolé de troubler le cher monde de madame en revenant au pays!!! » Aucun mot, aucune réaction de ma part. S’il souhaitait un éclat une fois de plus, il n’eut rien, pas même un regard, pas même un soupire.

Pensait-il vraiment que je n’avais jamais songé à tout cela? Pensait-il vraiment que l’idée de revenir ici et de parler à sa mère ne m’était jamais venue à l’esprit? J’y avais songé des centaines et des millions de fois, sans jamais le faire. Pour un tas de raisons. Je l’observe avec ce regard qui se veut neutre, celui qui essaie de camoufler chaque sentiment, malgré les larmes qui coulent toujours par intermittence, malgré les traces de sel sur mes joues. La voix de Lukas s’élève à nouveau, et je baisse lamentablement les yeux. « Rien ne me fait penser le contraire Tamina. Tu es partie et quand tu reviens tu m’accuses de tous les maux. Je suis revenue et tu n’étais pas là. Est-ce que tu sais comment on se sent quand on s’accroche à une toute petite lumière dans le noir en se disant qu’elle va nous sauver des ténèbres? Puis, on finit par sortir des ténèbres en croyant que cette lumière nous mènera vers un endroit paisible… mais que finalement elle ne fait que nous faire retomber dans le noir… un noir encore pire qu’avant? Tu étais ma lumière et j’y ai cru avec chaque partie de moi… mais maintenant, tout s’est éteint. » Mon regard se relève doucement, j’ouvrais et fermais les poings, nerveusement, sans même m’en rendre compte.

Un faible sourire nait sur mes lèvres, un sourire reflétant la douleur et la solitude, l’amertume aussi, celle qui ne m’est jamais quittée depuis tout ce temps et avec laquelle j’essaie d’apprendre à vivre depuis si longtemps déjà. «Aussi étonnant que cela puisse te paraître, oui je sais. » Simples quelques paroles prononcées à mi-voix, plantant mon regard dans le sien, pour leurs donner du poids. Je n’arrivais pas à croire qu’il pouvait douter que j’ignorasse cette sensation. Après tout, c’était lui qui était parti en fermant toutes les lumières de mon monde pour le plonger dans les ténèbres. Sa chute coupa court à mes réflexions. Rapidement, je me retrouvai assise sue le bitume, à ne rien y comprendre, encore sous le choc que de sa peau contre la mienne. Ma question à sa réponse, pas celle que je souhaitais, mais une réponse quand même. « Je ne sais pas… mais j’aimerais vraiment que tout revienne comme avant… Surtout... surtout si on a un enfant maintenant...» Je me raidis. Un enfant. Mon bébé. Je lève les yeux vers lui, le toise d’un regard brillant d’une lueur indéfinissable un moment. «Je, Lukas. J’ai un enfant. » Ma voix n’est pas dure, il n’y aucune méchanceté. Ces une voix douce et maternelle. J’inspire profondément, reprenant la parole d’une voix toujours aussi douce, sans reproche, sans dureté. « Je sais ce que ça fait d’être plongé dans l’obscurité sans lumière. Elle est arrivée, comme un cadeau des Dieux, la seule petite chose à laquelle je pouvais me rattacher, Lukas. Si fragile et incertaine. Mais elle était là. Et sans elle, sans doute serais-je restée ici, sans elle, je serais venue à ce rendez-vous à l’aéroport. Mais je devais apprendre à avancer, pour elle. Que voulais-tu que je fasse? Que je me pointe chez ta mère, enceinte jusqu’aux yeux en réclamant de tes nouvelles alors que personne ne savait pour elle? Ce n’était pas contre toi, je t’assure»
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MessageSujet: Re: I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas   I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas EmptyMer 9 Nov - 2:38

    Ce soir, il avait voulu oublié un peu comment il se sentait, le mal qui glissait toujours un peu plus sous sa peau, dans son âme et qui ne cessait de vouloir le détruire petit à petit. Non, ce soir Lukas avait tout simplement voulu s’asseoir avec ces vieux potes du lycée pour prendre une bière en riant de tout et rien comme ils le faisaient avant. Avant que sa vie ne soit le cauchemar qu’elle était présentement et qui le poussait à être si distant avec tout le monde. Mais la vie en avait encore une autre fois décidé autrement faut croire. Il devait se résoudre à mettre le passé derrière lui afin d’aller vers un futur qui ne lui donnait guère envie de le vivre. Il était si sombre, sans espoir. Lukas ne voulait pas vivre le restant de sa vie à regarder dans un filtre monochrome parce que tout lui semblait terne. Il voulait être vivant… mais comment quand la seule chose qui vous y aide est si près et pourtant inaccessible à vos doigts. C’est frustrant, ça fait terriblement mal, mais il faut faire avec parce que la vie donne souvent des épreuves qui nous pousse à ramper sur le sol. Pour ramper, il se souvenait l’avoir fait. Ramper dans les ténèbres, ramper dans la poussière, ramper dans le désespoir toujours plus profond qui était autant le sien que ceux des autres. Il n’avait rien, rien du tout pour s’accrocher à vouloir en sortir maintenant. La seule chose qui pouvait peut-être l’aidé était la possibilité de retourné dans l’armée afin de vraiment pouvoir trouver les traces de son frère disparu… ou il pouvait tout simplement mettre toute sa vie dans cette ville de côté et partir loin pour tout reprendre à zéro. Après tout, qu’est-ce qu’il y avait pour lui ici? Tamina? Pas vraiment… Il doutait que les choses puissent s’arranger facilement si un jour elles s’arrangeaient. Lukas avait appris à ne pas trop espéré autant venant des autres que de la vie pour ne pas être déçu au final alors qu’autre fois il avait toujours été l’homme le plus optimiste qu’on pouvait croiser dans une vie. La guerre détruit les gens et elle les change aussi.

    Il devait avoir une belle soirée. Il aurait pu être en train de fleureter avec la jolie serveuse qui lui faisait de l’œil depuis son retour bien qu’il ne lui portait pas grand intérêt. Il avait toujours détesté les blondes. Il aimait les brunes… mais s’intéresser à une femme qui se trouvait être l’opposé parfait de celle qu’il aimait tellement pourrait peut-être l’aider… Bien qu’il n’y croyait pas vraiment. Tout son petit monde, ou plutôt ce qui en restait, reprenaient doucement position et il avait fallu qu’encore une fois le destin lui joue un mauvais tour les plaçant tous les deux dans le bar le même soir au même moment. C’est était presque ridiculement ironique quand on y pense sérieusement deux secondes. Combien de chance il avait que ça lui arrive même si la ville était petite? Combien? Si on réfléchissait deux petites secondes, il aurait dû savoir qu’elle était de retour dans le coin. Les gens parlent et généralement les nouvelles vont vite dans une si petite ville surtout quand tous se connaissent. Il se maudissait de ne pas l’avoir su. Il aurait sans doute fait bien plus attention ou aurait tout simplement décidé de quitter la ville avant qu’elle ne sache qu’il était revenu. C’était lâche, peut-être, mais ça lui aurait épargné ce moment douloureux qu’il vivait présentement face à elle. Lukas aurait pu se reconstruire avant de lui faire face. Quelque part, il savait que s’il avait appris que Tamina était de nouveau dans le coin, il aurait fichu le camp sans rien dire et surtout sans revenir pour être certain de ne pas la revoir par inadvertance. Cependant, une petite voix lui disait que rien n’arrivait jamais pour rien. Que s’ils s’étaient revus ce soir c’était bien pour quelque chose. Avec la révélation qu’il était père sans le savoir… cette voix n’avait sans doute par totalement tord… Mais pourquoi fallait-il que ce soit si douloureux?

    Il lui parle, il dit finalement ce qu’il avait voulu dire depuis tellement longtemps… Bien qu’il retienne les mots les moins tendres qu’il sait qu’ils n’ont pas leur place dans leur conversation. Pas pour le moment du moins. Mais Lukas ne peut s’empêcher de ressentir l’envie violent de voir ces mots l’atteindre profondément pour lui faire mal, pour l’ébranler. Elle, elle pleure encore tout simplement et en silence. Elle ne répond rien, elle ne réagit même pas et c’en est presque frustrant. Il soupire en fermant les yeux, en se détournant loin d’elle ne pouvant plus supporter de voir son visage. Malheureusement pour lui, celui-ci semble presque imprégné dans sa mémoire alors qu’il a les yeux clos, il le voit toujours clairement dans le noir. Lukas met une main sur son visage, devant ces yeux qu’il frotte légèrement. Il avait pourtant passé beaucoup de temps dans son lit ayant été de garde de nuit cette semaine et dormant donc de jour, mais pourtant en ce moment Lukas sentait une fatigue énorme pesée sur ces épaules l’écrasant de tout son poids. Il est fatigué de courir après des illusions, il a couru après l’ombre de son frère, courir après un amour qu’il ne sache même plus s’il existe encore ou s’il veut qu’il existe encore. Il est fatigué de la vie tout simplement et son corps semble ne pouvait en prendre plus à présent tout comme son esprit. Il n’a plus la force de se tenir droit, plus la force d’avancer. La lumière dans ces yeux est partie et peut-être pour toujours.

    «Aussi étonnant que cela puisse te paraître, oui je sais. »

    Un rire ironique s’étrangle dans gorge, mais il ne dit rien. Il ne la regarde même plus à présent. Les choses ne s’arrangeront pas facilement et il doute qu’il puisse faire quoi que se soit pour qu’elles s’arrangent. Il se demandait même s’il le voulait quelque part. Lukas l’avait à peine regardé quand leurs yeux s’étaient croisés. Il voulait rentrer dans ce bar, s’asseoir dans un coin et boire à ne plus se souvenir, boire à ne plus avoir mal. C’était loin d’être la solution idéale, mais au moins il l’effacerait de sa mémoire pendant un moment. Parfois, il aimerait tellement que ça soit définitif. Que sa mémoire décide de mettre une croix sur elle. Peut-être aurait-il le sentiment qu’il lui manque quelque chose, mais au moins il pourrait vivre sans elle.

    Sa chute avait été un rappel assez lourd du fait que son corps guérissait toujours de certaines blessures. Sa tête avait pris le plus gros du choc, mais les paumes de ces mains étaient douloureuses comme sa cheville qui avait trouvé le trou en reculant. Il grimaça en tournant celle-ci légèrement. Intérieurement, il se maudissant. Lukas venait fort probablement de se tordre une cheville. Heureusement, il était devenu plutôt doué pour cacher ce genre de maux. Tamina l’avait à peine touché pour lui venir en aide et il avait senti tout son être brûler, en demander plus, mais aussi désirer être le plus éloigné de sa chaleur que possible. Assis sur le sol, Lukas avait tenté de lui répondre du mieux qu’il le pouvait. Il était encore sous le choc de savoir qu’il était père.

    «Je, Lukas. J’ai un enfant. »

    Même si ces paroles n’avaient rien de méchant et prononcé avec une douceur. Il eut l’impression horrible qu’elle le rejetait de la vie de cet enfant. Il avait presque l’impression qu’elle le punissait de ne pas avoir été là. Lukas serra les poings sur le sol. Il ne dit rien, que pouvait-il dire de toute manière. Il se releva de peine et de misère, mais se remit sur pied tout de même alors que sa tête lui faisait aussi mal que sa cheville.

    « Tu as raison… Tu, il n’y a plus de nous. »

    Lukas fit quelque pas vers le band qui se trouvait non loin. Il marchait tant bien que mal, mais était résolu à mettre de la distance entre eux.

    « Je sais ce que ça fait d’être plongé dans l’obscurité sans lumière. Elle est arrivée, comme un cadeau des Dieux, la seule petite chose à laquelle je pouvais me rattacher, Lukas. Si fragile et incertaine. Mais elle était là. Et sans elle, sans doute serais-je restée ici, sans elle, je serais venue à ce rendez-vous à l’aéroport. Mais je devais apprendre à avancer, pour elle. Que voulais-tu que je fasse? Que je me pointe chez ta mère, enceinte jusqu’aux yeux en réclamant de tes nouvelles alors que personne ne savait pour elle? Ce n’était pas contre toi, je t’assure»

    Il se laissa tomber sur le band sans un mot alors que ces paroles l’atteignaient comme s’il se trouvait dans un brouillard avec toutes les émotions qui fusaient de partout. Il tentait de faire le tri, mais n’y arrivait pas. Il se pencha vers l’avant en mettant son visage entre ces mains qui finir par être des poings. Après un moment de silence, Lukas parla.

    Tu sais quoi? J’en ai assez. J’arrête les frais. Tu fais ce que tu veux et je vais disparaître comme ça tu pourras vivre avec ton enfant comme tu le souhaites. On se reverra plus. Je vais me faire muter à Orlando. »

    Il ne l’avait pas regardé en disant ça. Son regard avait fixé un point vide devant lui durant qu’il parlait. Puis, Lukas se leva. Il avait sorti les clés de sa voiture d’une main qui tremblait.

    « Je te souhaite une foutre belle vie avec ton enfant. »
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MessageSujet: Re: I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas   I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas EmptyMar 15 Nov - 5:06


Elle était douloureuse, cette flèche de glace qui s’enfonçait lentement de ma poitrine à chaque fois que je prenais conscience que mon monde ne serait plus jamais le même, à chaque fois que j’inspirais cet air qui se bloquait dans ma gorge, à chaque fois que je lui jetais un coup d’œil. Et je réalisais que ce que j’avais fait était la pire erreur de ma vie. Et je me sentais de plus en plus oppressée malgré l’espace qui nous entourait. Mon regard se perdit un moment sur un homme sortant du bar, la démarche flageolante, l’air hagard. Il avait visiblement trop bu et hoquetait en chantonnant de vieilles paroles d’une chanson que je ne connaissais pas. Pendant une fraction de seconde, je me disais qu’il aurait été facile de faire comme lui, de simplement me noyer corps et âme dans un liquide ambré et brûlant jusqu’à ne plus pouvoir tenir debout. Mais je ne pouvais pas. Parce que j’avais des responsabilités, parce que ce n’était pas dans mes habitudes, parce que ce n’était pas moi, tout simplement. Je n’avais jamais bu jusqu’à ne plus savoir marcher droit, je n’avais jamais bu jusqu'à ne plus savoir mon nom. C’était mieux ainsi. Enfin, ce l’avait toujours été. Jusque-là. J’envisageais de peut-être me laisser tenter par la chose, tout en sachant que j’étais trop raisonnable pour le faire réellement.

Je m’en voulais, d’une façon que jamais je n’aurais pu imaginer. Je m’en voulais parce que mes larmes ne cessaient de rouler sur mes joues sans que je ne puisse les retenir, sans que j’aie un moindre contrôle sur elles. Elles roulaient sur mes joues traçant de nouveaux sillons de sel humide et s’écrasant dans mes cheveux sans aucune barrière pour les arrêter. Je m’en voulais parce que je pouvais voir la douleur dans ces yeux à lui, parce que je ne pouvais pas compter sur mes doigts le nombre de fois que j’avais imaginé cette scène et qu’aucune d’elles n’était si dramatique et douloureuse. Peut-être étais-je trop romantique pour pouvoir imaginer les choses autrement qu’avec la douceur du sucre et du miel. C’était utopique. Je m’en rendais maintenant compte et je n’avais qu’une envie, celle de rire de moi-même. J’avais été sotte. Ça n’était que plus douloureux encore. Mes propres paroles me revinrent en mémoire avec la brutalité des accidents de voiture. Je venais, avec le plus grand manque de tact du monde, de massacrer mes chances de le revoir dans ma vie. Mon enfant. Pas le notre. Je regrettais mes paroles et un goût amer me resta sur la langue. Je venais de dire complètement le contraire de ce que j’avais pensé pendant des mois. Maelys avait toujours été notre enfant, je lui ai toujours parlé de ce moment où papa rentrera à la maison pour elle. Et je massacrais tout avec quelques mots. Et après ça, on osait dire que j’étais une psychologue brillante? Mon œil oui!

Je l’observais attentivement, avec cette impression de mourir chaque fois qu’il regarde ailleurs, chose plutôt agaçante quand on sait qu’il faisait tout pour me regarder dans les yeux. J’effaçai mes larmes du revers de la main, soudainement agacée par leur présence sur mes joues, comme si elles me brûlaient la peau de leur sel. Lukas bougea près de moi et sans m’y attendre, je perdis en hauteur lorsqu’il s’installa sur le banc tant bien et mal après sa chute. « Tu as raison… Tu, il n’y a plus de nous. ». Je me mordis la lèvre durement, jusqu’à ce qu’un goût d’hémoglobine envahisse ma bouche. Celle-là, je l’avais cherché, mais elle faisait un mal de chien. Quelque part, une portière de voiture claqua, une voiture se mit en marche, des pneus crissèrent avec violence sur le bitume humide. Je me souviens que pendant une fraction de seconde, je me demandai si ce n’était pas l’homme ivre de tout à l’heure, mais cette idée disparut rapidement de mon esprit tourmenté. Tout s’entrechoquait dans mon esprit et ma vue ne cessait de se brouiller de larmes. Au fin fond de moi, se jouait la mélopée d’un « je te l’avais bien dis » répétée mille et une fois par mon père au sujet de Lukas.

Mes parents n’avaient jamais approuvé cette relation. Adolescente, c’était ce qui m’avait fait le plus plaisir en m’affichant avec Lukas. Mon père était notaire, ma mère était directrice d’un établissement scolaire. Tous deux plutôt aisé, pouvant nous offrir une vie de rêve – que je n’ai pas vraiment eu en réalité- et tous deux voulant quelque chose de bien pour ma sœur et moi. Enfin, surtout pour ma sœur, leur vraie fille, pas moi, la petite fille venait de Grèce adoptée parce qu’ils ne pouvaient avoir d’enfant, du moins le croyaient-ils. Ils nous ont poussés dans des métiers réputés, ils ont tous fait pour nous trouver de bons partis. Et Lukas, le seul qui comptait vraiment pour moi, venait d’une famille modeste, il était flic et il n’avait rien de scintillant à me promettre. Ils ont cru à une révolte d’adolescente. Ils avaient dit que ça passerait avec le temps, que je réaliserais que je méritais mieux. Je n’avais pas trouvé mieux que lui. Il était ma vie. Je ne vous raconte pas la crise quand mes parents ont su qu’il partait en Irak en me laissant là. Les paroles blessantes sur le fait qu’ils me trouveraient mieux ailleurs. Aucun de leur prétendant ne lui arrivait à la cheville. Quant à l’annonce de la grossesse, leur réaction fut digne d’eux. On me cloîtra dans la maison de campagne en tentant de me trouver un père pour le bébé, sans cesser de me dire que je déshonorais la famille. Une famille qui n’était pas la mienne. La mienne était avec lui et ce bébé qui devenait le centre de ma vie. Et je gâchais tout.

« Tu sais quoi? J’en ai assez. J’arrête les frais. Tu fais ce que tu veux et je vais disparaître comme ça tu pourras vivre avec ton enfant comme tu le souhaites. On se reverra plus. Je vais me faire muter à Orlando. »Je sursautai en entendant sa voix. « Je te souhaite une foutre belle vie avec ton enfant. » Relevant la tête, je l’observais avec des yeux ronds et noyés de larmes avant de me relever en même temps que lui, ma main se refermant sans que je ne m’en rende compte sur son poignet. «Tu n’as pas le droit de partir comme ça! »L’éclat de ma propre voix me fit sursauter. Je l’observais perdue, ne sachant comment réagir, mes doigts toujours fermés autour de son poignet. «Tu ne peux pas aller et venir comme ça dans nos vies en te fichant éperdument des ravages! Tu ne peux pas simplement tourner les talons et faire comme si je n’avais jamais fait partie de ta vie et qu’il n’y avait pas, quelque part, une petite fille qui se demanderait toujours qui est son papa parce que ce dernier à simplement fait une croix sur elle pour des raisons qui ne la regardent pas! Parce que sa mère était terrifiée à l’idée que tu la quittes de nouveau, parce que le monde entier était contre eux! Pour plein de choses qu’elle ne comprendra jamais! »Je m’arrêtai, chamboulée, la respiration saccadée, les mains tremblantes. Je venais de comprendre les paroles que je venais de prononcer et sans demander mon reste, je me retournais pour lui faire dos.

Je ne voulais pas que ma fille vive les mêmes questionnements que moi. Je ne voulais pas qu’elle se demande toute sa vie si c’était parce que ses parents ne l’aimaient pas qu’ils l’ont donné à des étrangers. Bien entendu, je serai toujours là pour elle, mais ça n’empêcherait pas les questions de fusées dans son esprit quand elle aura l’âge. Et je sais que s’il partait maintenant, je n’aurais jamais la force de lui expliquer pourquoi son père s’il partait maintenant en nous laissant derrière. Je connaissais les doutes. Je connaissais toutes ces nuits sans sommeil dans mon petit lit à me demander si ceux qui m’avaient mise au monde m’avaient un jour aimée. Je me souvenais de ces questions que les autres enfants ne se posaient pas. Si papa et maman étaient morts dans un accident de voitures ou d’avion, s’ils avaient été assassinés, s’ils m’avaient envoyée à l’orphelinat à cause de leurs parents, parce qu’ils étaient trop jeunes, parce qu’ils n’avaient pas le choix, ou simplement parce qu’ils ne voulaient pas de moi. Et toutes ces questions ne faisaient qu’en apparaître des nouvelles. Et je refusais de voir ma fille vivre cet enfer. Faisant volte-face, je plantai mes prunelles dans les siennes «Tu veux me punir? Me faire mal? Vas-y, ne te gêne pas! Fais-moi tout ce qui te plaira, hurle, frappe, je m’en fiche! Fais de ma vie un enfer si tu veux, Lukas. Mais ne lui fait pas ça à elle! Ne l’abandonne pas. Tu n’as pas le droit! Je t’interdis de lui faire du mal pour m’atteindre, compris?! ». De rage, je lui avais assignée une tape sur le torse de mon poing fermé, les yeux toujours noyés de larmes qui commençaient à m’épuisée encore plus que je ne l’étais quelques minutes plutôt. Sans comprendre comment j’en étais arrivée là, je me retrouvais blottie contre lui, le visage contre sa poitrine si réconfortante, toujours en larmes, bien que soulagée de le sentir contre moi. Était-ce la proximité que j’avais instaurée dans ma rage qui m’avait poussée à me jeter dans ses bras? Le trop-plein d’émotion? Le bonheur de le savoir vivant? La douleur d’avoir l’impression de le perdre à jamais? Je n’en savais trop rien et j’étais trop à fleur de peau pour y trouver une réponse logique.


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MessageSujet: Re: I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas   I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas EmptyMer 16 Nov - 5:31

    De l’air, de l’air, il avait besoin d’air, mais il ne semblait plus être capable d’en trouver assez pour pouvoir bien respirer sans s’étouffer. Sa gorge était serrée, trop serrer et son cœur saignait comme s’il avait une source sans fin de liquide qui pouvait s’en échapper. Lukas souhaitait tellement qu’il arrête de cette manière il pourrait peut-être un peu souffler, respirer avant de tomber raide mort sur le sol. Son monde, leur monde en commun avait basculé en même temps et il se savait être le premier responsable, mais il n’était pourtant pas l’unique fautif, loin de là. Faut dire que dès le départ, beaucoup de choses les séparaient. Il était le deuxième d’une famille modeste alors qu’elle venait d’une famille aisée dont les parents aspiraient à tellement mieux que ce qu’il pouvait lui offrir. Il avait appris pourtant à vivre avec leur regard toujours braqué sur sa nuque qui observait le moindre de ces faits et geste en attendant d’en voir un qui leur déplaisait afin de lui faire remarquer. Parfois, il se demandait s’il était assez bien pour elle. Tamina avait un très bon boulot alors que lui… et bien lui n’était qu’un pauvre flic dans une petite ville qui se trouvait être sa ville natale. Il s’était souvent posé la question et à chaque fois, elle avait su le rassurer, lui prouver qu’elle l’aimait et que peu importait son métier, ça n’avait aucune importance pour elle. Il se souvenait encore de quand il avait dit à sa mère qu’il sortait avec Tamina. Elle avait été si heureuse de les voir ensemble finalement après toutes ces années à se tourner autour. Même son père dans la maladie et sur son lit de mort lui avait dit qu’il finirait avec Tamina. Qu’elle était la femme faite pour lui comme sa mère avait été la sienne! Lukas y avait cru et quelque part encore au fond de lui, malgré les blessures encore bien ouvertes et saignantes, il y croyait. Ils ne pouvaient quand même pas mettre toutes ces années ensemble littéralement à la poubelle, non? Non! Il ne voulait pas faire ça, il ne pouvait pas et doutait qu’elle puisse en faire autant de son côté. Ce qu’il avait partagé avec Tamina, il ne pourrait plus jamais le partager avec personne parce qu’il lui avait laissé la moitié de son cœur en partant. Lukas savait qu’il ne pourrait plus jamais reprendre ce qu’il lui avait donné par le passé. C’était quelque chose qu’on ne pouvait pas reprendre, pas quand on aimait comme il l’aimait.

    Alors pourquoi fallait-il que tout soit aussi compliqué? Pourquoi ne pouvaient-ils pas tous simplement trouver le problème puis le régler? Mais non, ils ne pouvaient pas, personne ne pouvait défaire ce qui avait été fait par le passé. Une barrière ou plutôt carrément un ravin les séparaient à présent. Lukas ne savait pas s’il trouverait le moyen et encore moins la force de se rendre de l’autre côté. Il était tellement fatigué de tout… même si son cœur lui disait de se battre pour elle encore et encore. Qu’il ne devrait jamais là laisser le quitter de nouveau. Mais s’était tellement plus simple à dire qu’à faire surtout vu comment leurs retrouvailles se dérouillait. Il avait imaginé tellement de choses, des bonnes comme des mauvaises, mais jamais rien d’aussi douloureux. Voir ces larmes sur son visage lui donnait la simple envie de la prendre dans ces bras afin de les effacer, de la consoler même si quelque part il était content d’être la source de ces larmes. Il voulait faire taire ces sentiments tellement contradictoires qui le tuaient à petit feu depuis qu’il l’avait revu quelques instants plus tôt dans le bar et qu’il ressentait toujours alors qu’elle se trouvait près de lui. Il pouvait presque sentir la chaleur de son corps… Sans pouvoir la toucher…, c’était un véritable supplice!

    Il entendit la porte du bar s’ouvrir pour voir le vieux Bobby en sortir ivre, comme toujours. Les barmaids avaient du le mettre dehors, car, il ne quittait jamais un bar sans cette raison pour le quitter. Lukas le regarda marcher ou plutôt tenter de se tenir debout alors qu’il s’éloignait. Heureusement qu’il ne se trouvait plus en service. Il détestait devoir arrêter Bobby qui agissait toujours différemment avec eux. Parfois très sympa, il pouvait être violent et bagarreur la fois d’après. Lukas avait eu quelques bleus comme preuve. Il détourna les yeux de l’homme de nouveau happé par la réalité qu’il vivait. Il était père, père d’une petite fille qu’il ne connaîtrait peut-être jamais vu la manière dont il comprenait le sens de sa phrase. C’était son enfant, pas le leur, son enfant uniquement. Lui qui avait toujours voulu en avait avec elle… Ça le tuait littéralement de l’entendre dire ces mots. Il avala les autres pensées néfastes qui lui traversaient la tête ou encore les mots qui seraient sans doute trop blessants pour être dit à haute voix. Lukas avait quitté le sol ne pouvant rester près d’elle. Trop douloureux. Il soupire silencieusement le visage bien caché dans la paume de ces mains. De cette manière, elle ne pourrait pas voir les quelques larmes qui coulèrent de ces yeux. Il put les enlevé avec qu’elles ne soient visible pour qui que ce soit d’autre. Il ne pouvait ou plutôt ne devait pleurer devant elle. Elle voyait déjà comment il souffrait sans elle alors pas besoin d’avoir l’air encore plus pitoyable!

    Il n’entendit qu’à peine le bruit de pneu sur le bitume ou encore le bruit qu’elle fit en se levant alors qu’il renonçait à voix haute. Il était prêt à s’écrouler comme un château de carte et renoncé lui semblait tellement plus facile. Il sentit ces mains contre son poignet le retenir, l’obligeant à se retourner vers elle, à lui montrer son visage encore plus ravagé par la tristesse. L’eau brillait au coin de ces yeux.

    «Tu n’as pas le droit de partir comme ça! »

    « Alors, dis-moi que suis-je sensé faire! Qu’est-ce que tu attends de moi Tamina? »


    Sa voix sonnait littéralement désespéré. Il ne l’avait jamais été autant.

    «Tu ne peux pas aller et venir comme ça dans nos vies en te fichant éperdument des ravages! Tu ne peux pas simplement tourner les talons et faire comme si je n’avais jamais fait partie de ta vie et qu’il n’y avait pas, quelque part, une petite fille qui se demanderait toujours qui est son papa parce que ce dernier à simplement fait une croix sur elle pour des raisons qui ne la regardent pas! Parce que sa mère était terrifiée à l’idée que tu la quittes de nouveau, parce que le monde entier était contre eux! Pour plein de choses qu’elle ne comprendra jamais! »

    Lukas s’approcha d’elle sans vraiment s’en rendre compte éclatant à ces paroles avec une voix brisée.

    Tu crois réellement que c’est ce que je voulais? Faire des ravages alors que j’ignorais même qu’on avait un enfant? Si on ne s’était pas vu ce soir, me l’aurais-tu dit? J’ai des doutes alors ne vient pas croire que c’est ce que je veux qu’elle ne me connaisse pas, que je ne puisse la connaître. Tu viens de dire que c’était ton enfant! Tu m’exclus et maintenant tu m’en veux! Qu’est-ce que tu attends de moi hein? Que suis-je sensée faire? Dis-le-moi… Dis-le-moi parce que je ne sais plus où je vais… je suis perdu. »

    Son souffle se perdit dans les derniers mots qu’il prononça lui avouant de manière voilé combien sans elle il ne savait plus où aller, combien sans elle sa vie ne valait plus la peine d’être vécu. Avec ces quelques phrases, il lui disait tout ça… Mais les comprendrait-elle? Saurait-elle lire entre les lignes? Il l’ignorait… Lukas était à bout de souffle. Sa tête lui faisait tellement mal et tout tournait autour de lui, mais pourtant, il trouvait encore la force de se concentrer sur elle alors que leurs yeux s’accrochaient de nouveau. Il ne détourna pas cette fois.

    «Tu veux me punir? Me faire mal? Vas-y, ne te gêne pas! Fais-moi tout ce qui te plaira, hurle, frappe, je m’en fiche! Fais de ma vie un enfer si tu veux, Lukas. Mais ne lui fait pas ça à elle! Ne l’abandonne pas. Tu n’as pas le droit! Je t’interdis de lui faire du mal pour m’atteindre, compris?! »

    « Même si je le voulais j’en serais incapable de te faire du mal. Je suis peut-être un pauvre type d’un plaid paumé, mais je ne suis pas ça. Je ne lui ferai aucun mal, mais c’est toi qui sembles sous-entendre que tu ne voulais pas de moi dans sa vie il y a quelques minutes… »


    Il est désespéré, sa tête hurle de douleur. Puis, elle le frappe et Lukas en est surpris. Surtout que l’instant d’après, Tamina se retrouve à pleurer dans ces bras. Il ne la repousse pas, au contraire. Il la tient contre lui en tentant d’apaiser sa peine comme il tente d’apaiser la sienne en même temps. Il ne dit rien, il ne fait que la consoler comme il le faisait avant en caressant doucement son dos et ces cheveux.
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MessageSujet: Re: I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas   I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas EmptyVen 18 Nov - 6:22



J’aurais aimé pouvoir dire que la vie était belle. J’aurais aimé dire être que j’étais en mesure de faire de la limonade avec les citrons que m’offraient la vie. Au final, je ne pouvais pas dire ni l’une ni l’autre de ces deux choses. Chaque fois que je posais les yeux sur lui, cette réalité ne cessait de me revenir. La vie n’était pas belle, elle était injuste et cruelle. Le monde ne faisait que m’offrir des citrons dont le jus était trop amer pour que je puisse en faire de la limonade même avec tout le sucre du monde. Et je réalisais que je passais à côté de choses bien plus belles, d’un monde beaucoup plus doux. Si seulement. Mais on ne peut refaire le monde avec des « si ». Ça, j’en étais consciente. Plus que tout au monde. À ce moment précis, je n’avais que cette envie, celle de tout recommencer à zéro, de tout refaire. J’avais toujours eu l’impression que tous mes secrets étaient mis à nue devant lui, sans aucun secret, parce qu’avec lui, je n’en avais pas besoin. Et maintenant, je me retrouvais devant lui, avec l’impression qu’il ne me connaissait pas, comme je ne le reconnaissais plus. Je me souvenais de toutes ces années où il était capable d’arrêter la pluie seulement avec un sourire qu’il pouvait chasser mes nuages gris d’un seul sourire. Mais le passé était révolu, le monde n’était plus le même, les couleurs avaient changé, et le soleil me paraissait moins chaud à présent.

J’avais toujours imaginé qu’il était le bon, je l’avais toujours cru. Je m’étais imaginé ce jour merveilleux, moi dans ma robe blanche, lui me regardant comme si j’étais la plus belle chose du monde. Nous deux croulant nos vieux jours sous la véranda près de la mer, regardant nos petits enfants joués sans nostalgie parce que nous aurions eu la plus merveilleuse des vies. Mais il était parti là-bas, loin de moi, j’avais perdu le cocon protecteur de ses bras et je savais que je n’y retournerais pas de si tôt. J’observais attentivement l’homme face à moi, le regard rempli de regret sur ce à quoi j’avais fait une croix sans même m’en rendre compte. Nous nous aimions. Il n’y avait aucun doute là-dessus. Mais cela suffisait-il? L’amour seul pouvait-il suffire au bonheur? J’aurais aimé croire que oui. J’aurais aimé pouvoir affirmer que cet amour indéniable allait nous sortir des ténèbres qui nous noyaient. Mais ce serait me mentir. Il fallait plus que l’amour. Il fallait de l’espoir, de la confiance. Et à ce moment précis, je n’avais ni un ni l’autre, trop éprise par ce mélange de sentiments négatifs pour espérer. Et j’avais tellement peur qu’il parte que je ne pouvais lui faire confiance.

Néanmoins, j’avais conscience d’être emprisonnée dans ce passé qui avait été le nôtre. Je me surprenais, chaque matin, de faire son petit déjeuner préféré, de préparer le café comme il l’aimait, je me surprenais à l’attendre le soir pour le dîner, alors que je savais qu’il ne rentrerait pas. Et la situation me semblait à la fois pénible et rassurante, comme si, en ayant cet espoir désuet qu’il passe la porte avec un sourire aux lèvres, je pouvais continuer à respirer. « Alors, dis-moi que suis-je sensée faire! Qu’est-ce que tu attends de moi Tamina? »Je sursautai, levant les yeux vers lui, à la fois déboussolée et agacée qu’il me pose une telle question. Comme s’il ne le savait pas. Comme s’il ne s’en doutait pas. Je ne trouvais, cependant, pas de quoi lui répondre. Ce que j’attendais de lui? Qu’il me prenne dans ses bras, qu’il me dise ces choses qu’il m’avait toujours dites, qu’il efface le temps et qu’il rende les choses plus belles. Mais il ne pouvait rien faire de ce que je voulais qu’il fasse.

Je fus néanmoins frappée par le ton qu’il avait employé. J’ouvris bouche, mais aucun son n’en sortit. Je la refermais, laissant échapper un soupire blasée. «Tu crois réellement que c’est ce que je voulais? Faire des ravages alors que j’ignorais même qu’on avait un enfant? Si on ne s’était pas vu ce soir, me l’aurais-tu dit? J’ai des doutes alors ne vient pas croire que c’est ce que je veux qu’elle ne me connaisse pas, que je ne puisse la connaître. Tu viens de dire que c’était ton enfant! Tu m’exclus et maintenant tu m’en veux! Qu’est-ce que tu attends de moi hein? Que suis-je sensée faire? Dis-le-moi… Dis-le-moi parce que je ne sais plus où je vais… je suis perdu. » Le voir comme ça me faisait mal. Ça me broyait le cœur, me faisait perdre mon sang froid, ça me donnait envie de disparaître dans un trou qui s’ouvrirait sous mes pieds. « Ce que je veux? Ce que je veux c’est que tu ne sois jamais parti. Ce que je veux c’est que ces derniers mois n’aient jamais existé! Ce que je veux c’est que ce soit comme avant! Mais ça ne le sera pas! Jamais. Parce que tu es parti, parce que j’ai joué les imbéciles, parce que je me suis retrouvé toute seule avec un bébé sur les bras alors que tu te la jouais les super héros en Irak! J’étais fière de toi, fière que tu défendes notre pays, et maintenant, je regrette de ne pas t’avoir retenu. Alors ce que je veux? Je ne le sais même pas moi-même!»Je lui avais débité ces paroles en une seule traite, sans prendre le temps de respirer et maintenant, j’essayais de regagner mon souffle. Je venais, à mi-mots, de lui avouer que j’étais aussi perdue que lui.

Je savais que j’avais été injuste avec lui un peu plutôt et cette constatation me rendit plus lasse que je ne l’étais. Je n’avais qu’une envie, celle de me retrouver sous la couette et de ne plus en sortir avant des jours. « Même si je le voulais j’en serais incapable de te faire du mal. Je suis peut-être un pauvre type d’un plaid paumé, mais je ne suis pas ça. Je ne lui ferai aucun mal, mais c’est toi qui sembles sous-entendre que tu ne voulais pas de moi dans sa vie il y a quelques minutes… » Sans savoir comment, je me retrouvai dans ses bras, envahie par son odeur et je m’en voulais de me laisser aller. Mais contrairement à ce que j’aurais pu croire, il ne me repoussa pas et bientôt ses bras m’entourèrent avec cette force rassurante qui m’avait tant manquée. J’ignore combien de temps je restai ainsi. Combien de minutes passèrent avant que je daigne me détacher de lui à contrecœur, regrettant déjà sa chaleur. Il était tard, j’étais épuisée par les larmes et les sanglots, par les émotions qui ne me laissaient aucun répit et ma fille m’attendait à la maison. Je laissai traîner mes doigts sur son bras, délibérément, comme pour faire durer un peu plus longtemps ce contact déplacé, mais si naturel. Cela sonnait nos adieux. Il était tard, nous étions épuisés et dévorés par la tristesse, nous ne tirerions rien de bon de cette conversation. Je le savais et je décidai de couper court. «Je…je t’appellerai, Lukas. » chuchotai-je sincèrement, sans pour autant lui donner de date, d’heure ou de promesse. Avec un dernier regard brillant des larmes qui avaient coulées, je tournai les talons et disparut dans les rues d’Arrrowsic.


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MessageSujet: Re: I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas   I just have to stay and face my mistakes ♥ Lukas EmptyDim 20 Nov - 2:09

    Amer, tout avait un goût amer aujourd’hui. Il voyait tellement de couple qui lui semblait si heureux alors que lui avai9t perdu tout ce bonheur qu’il croyait être bien à lui. Tout ça…. C’était comme se faire enlever le cœur et ne pas être d’accord pour le donner à une autre personne. Mais pourtant, c’est bel et bien ce qu’il avait fait au final. Il avait donné son cœur tout entier, sans exception, sans demande de retour, sans attente à Tamina quand ils avaient commencé leur histoire intime… Maintenant, il se demandait si ça comptait encore pour quelque chose. Il avait tellement été dévoué à eux et il avait tellement voulu lui offrir la vie qu’elle voulait et méritait même s’il n’avait pas le métier qui ramenait l’argent à flot. Il croyait que c’était le bonheur, l’amour entre deux personnes qui étaient le plus important dans un couple et non pas l’argent que pouvait bien faire l’autre. Cependant, tout le monde n’était pas d’accord sur ce point. Tellement de choses tournaient dans sa tête depuis son retour. Il y avait tellement de doutes qui s’imposaient à lui telles les montres qui se cachent dans la chambre d’un tout jeune enfant attendant la nuit pour venir le dévorer en entier. Ces doutes le rendaient nerveux et bien qu’il ne pouvait le dire à qui que ce soit, il espérait sincèrement ne pas se retrouver face à face avec un homme armé… Il ne savait pas s’il serait capable de faire quoique ce soit contre lui après tout ce qu’il avait vécu là-bas. Il en était venu à douter de ces propres capacités comme flic. Le psychologue qu’il avait quelques fois vu après son retour à la base militaire lui avait clairement fait sous-entendre que c’était commun. Il avait aussi vu un autre psychologue dans une ville non loin qui s’y connaissait en cas comme lui… Un cas… c’était ce qu’il était devenu en partie… un cas… Un esprit brisé par la guerre et les tortures qu’on tentait de réparé avec du ruban bas de gamme n’ayant pas mieux sous la main. Parfois, il lui arrivait de se demander si un jour il guérirait… Si un jour il arrêtait d’entendre et voir toutes ces choses dès qu’il fermait les yeux en tentant de trouver un peu de repos dans ces nuits sans fin.

    Plus Lukas se posait de questions, plus elles le détruisaient parce qu’il n’arrivait pas à trouver de réponse. Est-ce qu’elle l’aimait toujours? Est-ce qu’elle l’avait aimé, par le passé où avait-il tout simplement été son premier amour, celui auquel elle s’accrochait par peur d’on ne sait quoi? Qui se trouvait-il être pour elle maintenant? Un inconnu, un ancien amour… le père de sa fille? Qui? Mais il ne pouvait le dire… Toutes ces questions restaient encore sans réponses… T’en qu’il ne les demanderait pas à la principale concernée… Mais il ne pouvait pas, ne voulait pas plutôt… Lukas ne savait pas s’il survivrait à une réponse négative de sa part. C’était horrible… mais quelque part il se demandait même s’il était bien le père de cet enfant… après tout en un an les gens changeant… et si elle le croyait mort… Elle aurait pu trouver un autre homme pour la consoler sans savoir qu’il la mettrait enceinte par la suite… Malgré tout, son esprit refusa de penser à cette possibilité. Non, Tamina ne ferait jamais ça. Elle n’était pas comme ça… enfin, c’est ce qu’il croyait dur comme fer. Elle n’était pas ce genre de femmes.

    Lukas frotta de nouveau son visage laissant ces mains aller dans ces cheveux. Il grimaça en sentant une douleur vive à l’arrière de son crâne. Clair, il allait avoir une vilaine bosse. De plus, sa vue était toujours troublée. Est-ce possible que se simple coup est pu cause une légère commotion chez lui? Possible, mais il n’irait pas voir pour savoir alors autant oublié. Du coin de l’œil, il pouvait voir des ombres par les fenêtres semi-teintées du bar. Lui qui était venu pour se détendre repartirait avec un mal de tête sans avoir bu une seule goûte, mais en plus… son cœur serait de nouveau en mille morceaux et il lui faudrait encore un temps fou pour le réparé. Il tentait désespérément de savoir où sa vie allait alors qu’il croyait avoir finalement trouvé le début d’un chemin dans le noir… Tamina venait d’éteindre la lumière de son espoir à nouveau. Lukas ne savait plus trop quoi pensait. Il était si perdu. Que voulait-elle de lui? Il avait l’impression dans un premier temps qu’elle avait tout simplement le désir de fuir le plus loin possible de lui, et franchement, d’un côté ça il pouvait très bien le comprendre ayant le même. Mais en apprenant qu’elle avait mis au monde leur enfant… Luka s’était dit pendant une seconde que peut-être c’était un signe afin de leur permettre d’être de nouveau ensemble… Son espoir s’était cependant presque aussitôt envolé quand elle avait que cet enfant était son enfant… pas le leur… Il avait parlé sans qu’elle ne lui réponde, d’un côté ça lui avait été égale… il avait pu dire ce qu’il avait à lui dire au final.

    « Ce que je veux? Ce que je veux c’est que tu ne sois jamais parti. Ce que je veux c’est que ces derniers mois n’aient jamais existé! Ce que je veux c’est que ce soit comme avant! Mais ça ne le sera pas! Jamais. Parce que tu es parti, parce que j’ai joué les imbéciles, parce que je me suis retrouvé toute seule avec un bébé sur les bras alors que tu te la jouais les super héros en Irak! J’étais fière de toi, fière que tu défendes notre pays, et maintenant, je regrette de ne pas t’avoir retenu. Alors ce que je veux? Je ne le sais même pas moi-même!»

    Lukas détourna la tête, regardant loin. Il aurait voulu la même chose qu’elle… ne jamais être parti, mais que pouvait-il faire?

    «Tu as raison, plus rien ne sera jamais comme avant… On est plus les mêmes. Je ne suis pas un héros… Je suis un pauvre type d’un plain perdu qui aurait du crevé dans le fond d’une cellule… Ça fera sans doute plaisir à tes parents que le disent enfin…»

    Il avait parlé si bas qu’il s’étonnerait qu’elle est puisse l’entendre. Quelque part, il s’était retenu de dire certaines choses… il n’était pas près de le dire. Puis, la vie lui offrit un moment apaisant à double tranchant. Tamina se retrouva dans ces bras. Son odeur si familière apaisante l’enivra… malheureuse ça ne dura pas et elle s’éloigna de lui alors qu’il ne pouvait rien y faire. Il avait l’impression que peu importe ce qu’il ferait au final, elle finirait toujours par partir, par le quitter seul sous la lumière d’un lampadaire dans une rue déserte ou le froid commençait à se faire mordant. Lukas ne dit rien, que pouvait-il dire? Son regard était triste, abattu, découragé alors qu’elle s’éloigna après un dernier contact qui lui causa plus de mal que de bien.

    «Je…je t’appellerai, Lukas. »

    Même si sa voix était sincère, Lukas n’y croyait pas. Le regarder partir était trop douloureux, il devait s’éloigner. Sans faire attention à ce qui l’entourait, Lukas tourna les talons pressé, bien trop pressé même. Son souffle se coupa soudainement. Avant qu’il ne le réalise, il heurtait un objet métallique dans un chuintement avant d’être protégé de nouveau dans le sens inverse se retrouvant donc sur le sol froid de la rue. L’impact se déroulant dans un silence presque religieux. Il n’y eut que deux bruits qui brisèrent le silence. Celui de son corps qui s’écroulait presque mollement sur le chaussé et un craquement sinistre qui n’annonçait rien de bon. Lukas tenta de se remettre debout, mais son corps ne semblait pas être du même avis et il s’écrasa de nouveau lourdement sur le sol alors que la voiture repartait en trompe. Le chauffeur semblait ne pas désirer lui venir en aide… Est-ce que c’est comme ça que sa vie allait finir? Il avait survécu à la guerre pour venir mourir le cœur brisé seul dans une ruelle alors que celle qu’il aimait ne croyait plus en leur amour, alors qu’il avait une fille qui au final ne le connaîtrait peut-être même pas. Pourquoi personne ne semblait avoir vu ou entendu l’accident. Lukas n’arrivait même pas à ouvrir la bouche tout simplement pour tenter de demander de l’aide. Il n’était pas médecin, mais quelque chose lui disait qu’il avait probablement un ou deux trucs de brisés avec peut-être autre chose de plus grave encore.

    « Tamina… »

    Malgré toute sa douleur, ce fut la seule chose qu’il réussit à dire alors qu’il toussait. Que Dieu lui pardonne et l’envoi en enfer s’il devait mourir sans lui avoir dit comment il l’aimait. Il ne méritait ni plus ni mois.
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