Sujet: Grandeur et décadence, ft. Owen Jeu 22 Sep - 22:03
Il était plus de trois heures du matin, la musique résonnait encore et tout le monde était ivre. Tout le monde, et Tonia aussi. Encore mineure, elle ne faisait pourtant pas attention à cela. De toute façon, les flics ne viendraient pas. Ou pour se saouler eux aussi. Arrowsic n'était pas très intéressante et chacun s'y amusait comme il pouvait. Et les membres des forces de l'ordre avaient bien compris qu'ils ne récolteraient pas des étoiles en jouant les chaperons auprès des jeunes. Cette fête était au départ une simple fête organisée par un type pour son anniversaire. Mais comme souvent, cela avait dégénéré. Un ami avait invité des amis qui en avaient invité d'autres. Au final, peu de monde savaient ce qu'on fêtait, mais tous savaient qu'il y avait de l'alcool et de quoi prendre un peu de bon temps. Tonia était de ceux-là. Traînée là par un ami à elle, autrement dit un type qui l'avait draguée au bar l'un des soirs de service, elle avait fini par se laisser aller. Elle n'avait plus fait la fête depuis une éternité et l'alcool lui était rapidement monté à la tête.
Assise sur le perron, la tête appuyée contre un des montants en bois, elle prenait l'air. Sa tête tournait et la nausée s'emparait d'elle un peu trop souvent à son goût. Elle fouilla dans sa poche à la recherche d'un briquet, mais elle fut incapable de le trouver. Allongé par terre un peu plus loin, un garçon cuvait en jouant avec une flamme. Elle lui attrapa le briquet, alluma sa cigarette et lui relança son joujou. Elle n'était vraiment pas bien. Et pourtant, elle trouvait un certain bonheur à son état. Au moins, elle ne pensait plus à son passé de mannequin brisé. Un type vint s'asseoir à côté d'elle avec un grand sourire et l'embrassa. Lorsqu'il décolla son visage du sien, elle fronça les sourcils. Elle ne savait pas du tout qui il était, mais elle était bien trop ivre que pour réfléchir à cela. Il lui piqua sa cigarette et ils finirent par rigoler ensemble de tout et de rien. Les vertiges passèrent doucement et, l'esprit plus clair, elle put mieux profiter de la soirée. Après une heure environ passée sur le porche au frais, elle suivit ce qui semblait être sa "conquête d'un soir" à l'intérieur. Elle dansa pas mal de temps, s'oubliant complètement, à tel point qu'elle ne remarquait même pas qu'on se collait à elle ou essayait de l'embrasser. Elle était dans son monde, loin de tout. Au bout d'un moment, épuisée, essoufflée et en sueur, elle s'éclipsa de ce qui s'était transformé en dancefloor pour aller boire quelque chose de frais. Elle trouva un soda dans le frigo ravagé et en vida la moitié d'une traite.
Désaltérée, elle redescendit enfin sur terre. Son regard croisa celui d'Owen. Ah... Owen. Ce type était un drôle de phénomène et elle devait avouer avoir mis du temps à l'apprécier. Encore aujourd'hui, il lui arrivait de le trouver étrange et de ne pas toujours suivre son raisonnement. Mais sa présence, loin de lui provoquer de l'urticaire ou des montées de rage, l'apaisait. Pourtant, cela avait mal commencé entre eux. Elle s'en voulait presque de lui avoir hurlé dessus pour s'être garé devant chez elle, l'empêchant de sortir, un soir de fête forraine où les rues étaient bondées. Elle ne savait plus trop bien comment ils en étaient arrivés à être plus ou moins des amis, mais cette situation lui convenait. Owen faisait tache dans cette fête. Il était bien trop calme et pas assez déluré. Et il n'avait pas l'air ivre du tout. Elle s'approcha de lui, la démarche mal assurée, et passa son bras autour de son cou.
« Owen ! C'est vraiment génial que tu sois là. Tu danses avec moi? » Elle le tira par le bras avec toute la force dont elle pouvait faire preuve dans son état, autant dire pas grand chose. « C'est dingue que tu sois là, tu ne sors jamais. Tu prends un verre? » Elle lui déposa un baiser sur la joue avant de lui sourire comme une gamine de douze ans. « Cette fête est sensas'. Mais j'ai trop bu. Hein? tu crois aussi que j'ai trop bu. Je vais avoir la gueule de bois ! »
Sujet: Re: Grandeur et décadence, ft. Owen Sam 24 Sep - 23:23
Depuis le début de la soirée, Owen s'ennuyait, terriblement. Il faut dire qu'il n'était pas vraiment dans son « environnement naturel » ce soir ! De la musique à fond, des nuages de fumée, des gens de son âge plus ou moins nets qui passaient en titubant pour aller vomir ça et là... Owen se retrouvait bel et bien au beau milieu d'une soirée, une vraie fête comme il aurait du les apprécié s'il avait été un garçon comme les autres. Mais voilà, Owen était... spécial. Les grosses soirées de ce genre n'avaient jamais été sa tasse de thé, et il préférait de loin sa solitude habituelle, ainsi que le calme et le silence qui régnait dans la forêt. C'est un ami, ou un pseudo-ami qui l'avait traîné de force ici. Le jeune saltimbanque n'avait bien évidemment aucune envie de se joindre à la débauche de cette soirée, mais on lui reprochait souvent d'être coincé, et de ne rien faire de sa vie. Alors pour une fois, il s'était laissé convaincre. Faiblement, il avait capitulé devant les assauts incessants de son ami, et avait accepté l'invitation. Owen ne savait même pas vraiment chez qui il se trouvait, ni quel événement était à l'origine de toute cette agitation, mais la seule chose qu'il savait, c'était qu'il regrettait amèrement d'être venu. Et pourtant, il avait essayé de s’intégrer, de prendre part à des conversations, de se joindre à des groupes installés par-ci par-là, mais rien n'y faisait. Le jeune homme n'était définitivement pas dans son monde, et il se sentait terriblement mal à l'aise.
Vers le milieu de soirée, alors que ses potentiels interlocuteurs commençaient à être plus ou mois éméchés, Owen avait décidé de sortir, histoire de prendre un peu l'air. Il s'était alors dégoté un petit coin plutôt tranquille au fond du jardin. Le jeune artiste s'y était installé seul et avait observé la fête de loin, tout en rêvassant, comme il en avait l'habitude. Il passa deux heures dans son refuge, peut-être plus... En réalité, le temps était passé relativement vite pour lui. Toute la nuit il avait observé le ballet des fêtards alcoolisés dans le jardin, et des nouveaux-venus qui apportaient quasiment tous des ravitaillements. Tout à coup, un couple s'approcha dangereusement de sa « cachette ». Les deux jeunes gens qui se bécotaient ne lui inspiraient rien de bon pour la suite des événements, et Owen put rapidement constater qu'il ne se trompait pas. Se laissant tomber au sol sans même remarquer sa présence, ils avaient plus l'air d'animaux en rut que de simple étudiants en train de festoyer. En levant les yeux au ciel, Owen n'eut d'autre choix que de quitter son refuge, en les laissant tranquille et à l'abri des regards. A regrets, il pénétra donc une nouvelle fois dans la maison. Le spectacle était quelque peu... affligeant à l'intérieur. Le décor était à présent celui d'un champs de bataille, et des corps endormis se mêlaient aux canettes et au débris de verre dispersés au sol.
Alors qu'il essayait de se frayer un chemin à travers la pièce, histoire d'aller retrouver son ami et surtout de vérifier l'état dans lequel il se trouvait, Owen sentit un bras passer autour de son cou. Il écarquilla alors les yeux, se demandant ce qu'il se passait. Mais un petit sourire se dessina vite au coin de ses lèvres lorsqu'il reconnut Tonia. Une fille qu'il avait rencontrée dans des circonstances un peu étranges, mais avec qui il avait finit par sympathiser, contre toute attente. Mais ce soir, la jeune femme en question paraissait complètement ivre, et le poids qu'il devait supporter alors qu'elle s'agrippait à son coup pouvait en témoigner. Sa piètre tentative pour l’entraîner dans une danse avec elle ne fut qu'un élément supplémentaire pour convaincre Owen de l'état de son amie. « Non... non non, je ne danse pas, pas question. Et je ne bois pas non plus, merci. » Évidemment, vu sous cet angle, Owen était bel et bien un mec coincé. Mais le fait de ne pas se sentir dans son élément ne l'incitait pas vraiment à se lâcher, et à profiter de la soirée. Alors que Tonia lui souriait depuis un moment, le jeune homme répondit ironiquement : « Sensas' oui... C'est le mot. Mais tu sais, tu devrais rentrer là. La fête est finie regarde, tout le monde ici est passablement... mort, et tu es... » Il la dévisagea et se concentra sur le sourire toujours aussi niais qui éclairait son visage, puis termina avec un petit rire : « complètement ivre ! ».
Sujet: Re: Grandeur et décadence, ft. Owen Mer 26 Oct - 20:41
Tonia n'avait plus fait la fête depuis beaucoup trop longtemps et elle était bien décidée à se rattraper. En réalité, ce n'était pas tant qu'elle n'avait pas bu depuis longtemps. Non, elle n'avait simplement plus été d'humeur à s'amuser depuis une éternité. Elle s'était terrée dans ses peurs, ses regrets et son mal être. Elle s'était laissée couler lentement mais sûrement. Et si aujourd'hui, elle n'avait pas particulièrement envie de se saouler, elle s'était laissée entraîner. Ce soir, elle voulait lâcher prise, se laisser faire, quitte à finir dans les bras d'un mec aussi ivre qu'elle et qu'elle ferait tout pour éviter par la suite. Ou pas. Elle n'avait plus envie de dire "non", de jouer les filles raisonnables comme elle l'avait fait à New York. Elle savait bien que cela ne lui ramènerait pas sa carrière de coucher avec le premier venu à Arrowsic, mais au moins elle n'aurait plus en bouche ce goût amer de "et si?" L'ami avec qui elle était venu avait la tête dans les toilettes depuis au moins une heure. Depuis, elle l'avait un peu perdu de vue et avait cherché d'autres personnes prêtes à s'éclater. Elle avait la voix rauque d'avoir trop crié et chanté. Elle riait pour des bêtises et toutes ses bonnes manières s'étaient envolées en même temps que son taux d'alcoolémie. Elle se laissait porter par son instinct sans chercher à réfléchir. Résultat des courses, elle avait fait un concours de beer pong qu'elle avait emporté de justesse, s'était jetée dans la piscine beaucoup trop froide des propriétaires de la maison et avait embrassé une fille dans un défi. Elle l'aurait probablement oublié demain, mais les autres invités l'oublieraient nécessairement moins rapidement et se feraient certainement un plaisir de le lui rappeler à coups de photos et de vidéos. Mais pour l'heure elle se fichait bien pas mal d'attirer l'attention.
Qu'elle tombe sur Owen dans son état était sûrement une bénédiction. Pour elle, s'entend, car le pauvre jeune homme aurait à la supporter. Elle aimait beaucoup Owen. Il était terriblement différent de toutes les personnes qu'elle fréquentait. Il était loin de tout ce que les gens pensaient de lui. La preuve, c'est qu'il continuait à vivre dans son van hippie malgré ce que toute la ville en disait. Et qu’il était toujours cet artiste que les gens regardaient de travers en se demandant quelle maladie il avait pu développer à la naissance pour ne pas vouloir exercer un métier normal qui rapportait de l’argent. Tonia n’était pas de ceux-là. Elle était une de ceux qu’on regarde de travers. Et quelque part, elle se sentait elle-même avec Owen. Et si leurs rêves étaient foncièrement différents, ils se comprenaient un peu. Et avec lui, elle n’avait pas à se prendre la tête pour expliquer les choses. D’ailleurs c’était bien simple, avec lui, elle n’avait pas à se justifier. Au contraire de tous les autres à qui elle devait donner les raisons du pourquoi de son rêve, tout expliquer en détail. Avec lui, ce n’était pas nécessaire, parce qu’il ne vivait pas pour se faire du fric. Il se faisait suffisamment de fric pour pouvoir vivre son rêve. Elle, elle avait vécu un tout petit peu de son rêve et tout s’était écrasé. Elle se demandait ce qui était le pire : avoir pu vivre un fragment de tout ce vers quoi on a toujours tendu et voir tout voler en éclats, ou n’avoir jamais rien vécu ? Parfois, elle aurait voulu pouvoir effacer tout de sa mémoire et continuer à rêver innocemment aux podiums du monde entier. Souvent, elle se disait que son rêve était futile et totalement stupide. Immature et inconscient. Qui pouvait bien rêver de servir de porte-manteau pour les vêtements des plus grands créateurs avec pour seule récompense des « et ta taille zéro, tu l’as oubliée dans ton appart ? » parce que tu as avalé un grain de raisin avant d’enfiler une robe ultra moulante. Le métier de mannequin était un métier ingrat et elle le savait très bien. Elle en avait bavé, et pas qu’un peu, et pourtant, malgré tout ce qu’elle avait enduré, elle donnerait tout pour y retourner tête baissée.
Owen était loin d’être le type fêtard prêt à se saouler et à finir dans des endroits improbables en fin de soirée. Dommage pour lui, car il était tombé au mauvais endroit. Et sur la mauvaise personne. Ivre, Tonia était collante et ne renonçait à rien de ce qu’elle avait en tête. Et elle était bien décidée à s’offrir une petite danse avec Owen. Appuyée sur lui comme sur une bouée de secours, elle peinait encore à garder l’équilibre, et c’était à se demander comment elle n’était pas déjà tombée par terre, perchée sur ses escarpins trop hauts. Elle avait mal aux pieds depuis au moins quatre heures, mais elle n’avait pas l’intention de renoncer au galbe sexy que ses talons aiguilles fournissaient à ses longues jambes fuselées. Mais elle était trop mince, et sa robe supposée moulante flottait sur son corps de squelette. Pourtant, elle n’avait pas un régime très équilibré. Mais ses soucis l’empêchaient de reprendre un peu de poids, au grand dam de ses parents qui la forçaient à manger dès qu’elle franchissait le seuil de leur porte. Elle avait repris un peu de poids depuis son retour de New York et son visage de poupée reprenait un peu de couleurs. Elle était mieux, mais il y avait encore du travail. Elle tanguait et manquait de tomber, heureusement que le pauvre Owen était là. « Allez Owen, viens danser. Fais pas ton rabat joie ! Je suis sûre que tu danses très bien. » Elle, par contre, vu son état, était loin de pouvoir en dire autant. La musique résonnait trop fort dans la maison et faisait vibrer ses tympans. En fait, ce qui lui ferait du bien, et elle s’en rendit compte, ce serait de prendre l’air. Elle avait chaud et commençait à avoir du mal à respirer. Oubliant totalement qu’elle avait envie de danser, elle attrapa la main d’Owen et tenta de l’entraîner dehors. « Bon, puisque tu refuses de bouger tes jolies petites fesses sur la piste, viens avec moi. On va dehors. J’ai besoin d’air, j’étouffe. » Elle franchit difficilement la porte après avoir évité des tas de gens appuyés contre les murs et d’autres plantés au milieu du chemin. Ce petit trajet d’une dizaine de mètres s’apparentait à un parcours du combattant dans sa tenue. Arrivée à l’air libre, elle prit une longue inspiration et se sentit déjà mieux. Elle s’assit sur les marches du perron, encore épargné par les occupants. Dans sa petite robe sans manches, elle eut un frisson et sa peau se parsema de chair de poule. Elle se tourna vers Owen et le regarda fixement, les sourcils froncés. « Dis-moi, si tu ne bois pas et que tu ne danses pas… qu’est-ce que tu fous là ? » La question n’était pas dénuée de sens, car il était rare de voir Owen dans des soirées. Ou en tout cas, elle ne l’avait jamais croisé.
Sujet: Re: Grandeur et décadence, ft. Owen Jeu 27 Oct - 22:53
Ce soir, Owen n'était résolument pas à sa place, ni dans son élément. En effet, son quotidien était d'ordinaire bien loin de cette ambiance de fête, et quoi que l'on puisse penser en voyant son look ou son mode de vie, le jeune homme était tout sauf un débauché. Loin des clichés qui lui collaient à la peau depuis qu'il vivait dans son vieux van de hippie, Owen était en réalité un garçon calme, posé et tout à fait recommandable. Même si la plupart des habitants d'Arrowsic voyaient d'un mauvais œil le fait qu'un saltimbanque hippie déambule en ville, ils n'avaient néanmoins jamais eut à s'en plaindre. Il faut dire qu'Owen était un garçon extrêmement discret, et plutôt solitaire. Peut-être un peu sauvage aussi... Du moins assez sauvage pour avoir le cran de vivre en forêt pendant que d'autres se faisaient dorloter par leurs femmes au coin du feu. Mais il aimait ça, et ça ne se discutait pas. Peu de gens le comprenaient certes, et il doutait même parfois de la sincérité de ceux qui disaient partager son point de vue, mais il était bien comme ça. Il ne faisait pas ça pour le plaisir d'être en marge de la société, mais parce qu'il préférait réellement la fuir. Il en gardait néanmoins les bons côtés comme pour se nourri par exemple , mais retournait à sa vie de Robinson dès qu'il le pouvait. Ce soir, Owen avait affaire à un autre côté de la « société d'Arrowsic », et autant dire qu'il aurait préféré jouer de la guitare dans son van à l'heure qu'il était. Mais le fait d'avoir rencontré Tonia donnait un certain regain d'intérêt à cette soirée. Ok, elle n'était pas forcément apte à parler avec lui comme ils avaient pu le faire auparavant, mais au moins : il la connaissait. Sa simple présence était pour lui l'assurance de se sentir beaucoup moins perdu, alors qu'il avait été tout bonnement parachuté dans cette maison dont il ignorait jusqu'à l'identité de son propriétaire.
La toute première épreuve d'Owen après avoir salué Tonia fut de lui faire comprendre que non, il ne danserait pas avec elle. Il ne danserait pas tout court car il ne savait pas faire ça. Autant était-il un vrai acrobate à l'extérieur, autant se déhancher sur une musique entêtante n'était vraiment pas sa tasse de thé. Certes, son handicap venait très probablement de sa timidité, mais quoi qu'il en soit il n'était pas question qu'il pose un seul de ses pieds sur ce qu'on pouvait apparenter à une piste de danse. D'abord insistante, Tonia sembla changer de stratégie, ou plutôt renoncer d'un seul coup et l'entraîna vers l'extérieur de la maison. Le jeune homme n'était pas mécontent de ce revirement de situation, et il préférait de loin l'air libre (quoi qu'un peu frais par cette heure tardive) à la chaleur étouffante qui régnait dans l'enceinte de la maison. Slalomant entre les fêtards plus ou moins éveillés, les deux jeunes gens parvinrent enfin à l'extérieur, et Tonia se laissa tomber sur une marche encore libre du perron. Owen s'installa à ses côtés, et l'observa attentivement histoire de voir si l'air frais lui faisait du bien... ou pas. La voir dans cet état, avec sa petite robe qui lui valut un petit frisson, et les échasses qui lui servaient de chaussures le faisait sourire. Mais ce sourire s'effaça bien vite lorsque Tonia le fixa en fronçant les sourcils. Qu'avait-il fait ou dit de mal ? A quoi venait-elle de penser pour lui décocher un tel regard ?
« Dis-moi, si tu ne bois pas et que tu ne danses pas… qu’est-ce que tu fous là ? » Le jeune homme ne put s'empêcher de rire en entendant sa question, mais surtout en voyant à quel point elle avait l'air de la tracasser. A vrai dire, ses interrogations étaient pour le moins justifiées, Owen s'était demandé exactement la même choses des milliers de fois pendant cette soirée. Il secoua la tête en reportant son attention sur son amie, et lui répondit tout en souriant : « Tu veux que je te dise ? Je n'en ai pas la moindre idée ! Je suis venu pour faire plaisir à un ami qui est... je ne sais où. Et j'aurais mieux fait de rester chez moi. » Par son chez-soi, le jeune homme entendait bien évidemment son van. Et d'ailleurs, son chez-soi n'était pas tellement loin d'eux puisqu'Owen avait prit soin de garer son véhicule non loin de la maison où se déroulait la fête. Il songea que son van abritait quelques couvertures ainsi que ses propres pulls, et en remarquant un nouveau frisson de Tonia, il se décida à lui faire une proposition. « Tu vas attraper froid... » lui dit-il tout en lui assénant un petit coup de coude. « Il est temps de rentrer maintenant tu ne crois pas ? Mon van est garé pas très loin, je peux te prêter un pull. »
Sujet: Re: Grandeur et décadence, ft. Owen Mer 2 Nov - 12:21
Owen avait quelque chose qui finissait toujours par apaiser Tonia. Était-ce sa retenue ou sa gentillesse, ou encore son bon sens aiguisé ? Elle n’en savait rien, mais elle était certaine que ce garçon avait une bonne influence sur elle. Il n’avait pas d’arrières pensées, il n’agissait jamais en manipulant les gens. Il était honnête et intègre. Le genre de personnes qu’elle n’avait pas fréquentées pendant des années. C’était sûrement pour cette raison qu’elle se sentait si bien avec lui. Elle ne cherchait pas à le rouler dans la farine, à lui raconter des mensonges pour avoir l’air « ci » ou « ça ». Elle était ce qu’elle était, et il ne la jugeait pas. Il avait cette incorrigible tendance à toujours vouloir la remettre dans le droit chemin, et si parfois, cette manie l’agaçait, elle savait qu’il avait raison. Profondément raison. Depuis qu’elle le connaissait, elle était moins agressive. Oh certes, la colère bouillait toujours au fond d’elle et il lui arrivait encore de s’emporter pour des bêtises. Mais plus jamais avec lui. Et avec de moins en moins de monde. Elle se sentait mieux depuis qu’elle le fréquentait, mais sitôt qu’il tournait le dos et qu’elle se retrouvait avec ses mauvaises fréquentations, elle retombait dans ses travers et faisait n’importe quoi. Il était son Jiminy Cricket, sa conscience. Elle avait besoin d’entendre sa voix lui dire qu’elle allait trop loin. C’était étrange. A la fois agréable et inquiétant.
Assise sur le porche, elle frissonnait sans s’en rendre compte. L’alcool aidant, elle ne ressentait pas le froid qui était tombé avec la nuit. Elle regardait son ami en fronçant les sourcils et semblait attendre une réponse, comme si sa vie en dépendait. Son taux d’alcoolémie n’aidant pas, le caractère vital que prenait cette question était surprenant. « Tu veux que je te dise ? Je n'en ai pas la moindre idée ! Je suis venu pour faire plaisir à un ami qui est... je ne sais où. Et j'aurais mieux fait de rester chez moi. » Il se mit à rire et elle en fit autant. Owen était tellement gentil ! C’était lui tout craché. Il venait pour faire plaisir à quelqu’un tout en sachant parfaitement qu’il allait s’ennuyer comme un rat mort. Car c’était bien le cas : Owen s’ennuyait monstrueusement et se sentait mal à l’aise. Ca se voyait rien qu’à l’air dégoûté qu’il prenait en voyant des types ivres morts allongés sur le canapé ou dans les regards à moitié terrifiés qu’il lançait à ceux qui faisaient les pire bêtises du monde. « Tu es beaucoup trop gentil, Owen. Ta gentillesse te perdra. » Qui sait d’où cette sagesse lui était soudain venue à travers le nuage d’alcool qui embuait son cerveau ? Et pourtant, c’était la réalité. Owen était beaucoup trop gentil. Un peu naïf, même. Elle le pinça au bras en souriant. « Et pourtant tu refuses de danser avec moi ! » Ca y est, cette idée fixe lui était revenue. Elle enroula ses deux bras autour d’un bras d’Owen et posa sa tête sur son épaule. « Tu es méchant avec moi. » Elle prit son air de petite fille gâtée aux bords des larmes et le regarda avant d’éclater de rire. Il allait la prendre pour une dingue.
« Tu vas attraper froid... Il est temps de rentrer maintenant tu ne crois pas ? Mon van est garé pas très loin, je peux te prêter un pull. » Il était sincère. Encore une fois sa gentillesse sans limites épatait la jeune femme. Elle le regarda avec un sourire. « Serait-ce une proposition ? » Elle se décolla de lui pour voir un peu mieux sa réaction. «J’ai pas envie de rentrer, Owen. J’ai pas envie d’être toute seule chez moi. » Pourtant, elle se leva et descendit les marches du perron avec toute la prudence qui s’impose lorsqu’on est ivre et perchée sur 12 centimètres de talons aiguilles. Elle regardait ses pieds pour ne pas avoir à faire face au regard d’Owen. Car c’était bien là tout ce qui l’angoissait : être seule avec pour seule compagnie ses regrets et ses cauchemars. Aussi ivre et joyeuse qu’elle était à la fête, elle savait qu’aussitôt qu’elle aurait fermé la porte de chez elle et qu’elle se retrouverait seule dans son petit cottage au bord de la mer, elle se mettrait à repenser à New York. Et elle n’en n’avait pas la moindre envie.
Sujet: Re: Grandeur et décadence, ft. Owen Jeu 3 Nov - 16:46
Trop gentil ? Certainement oui, mais Owen ne pouvait rien y changer. Parfois, il aurait aimé inspirer la crainte, être un de ces gros bras devant lesquels on passait son chemin sans rien dire. Mais ce n'était définitivement pas son rôle. Owen... c'était Owen. Un peu à part, il ne semblait être comparable à personne d'autre, mais dans un sens il était plutôt fier de ça. Non pas qu'il soit délibérément anticonformiste, mais de son point de vue, ça faisait toujours plaisir de sortir du lot. En réalité le jeune homme ne faisait pas grand chose pour ça, mais le seul fait de vivre dans son van le plaçait automatiquement dans une catégorie de marginal dont les jeunes filles de bonne famille tendaient à s'écarter. Bref, le petit saltimbanque était un personnage qu'on avait bien du mal à oublier dès lors qu'on le croisait.
Sa gentillesse qui le perdrait, c'était une certitude ! La preuve en était qu'il n'avait pas su dire non à cet ami qui voulait le traîner dans cette soirée où il n'avait rien à faire. Tout ça pour le laisser croupir dans un coin, et probablement s'envoyer en l'air avec la première venue. Owen aurait pu lui en vouloir, mais il préférait rester indifférent. Et l'arrivée de Tonia avait tout changé, et améliorerait certainement la fin de la soirée. Le seul moment où sa gentillesse lui avait fait défaut avait été quand Tonia lui avait demandé de danser avec elle. C'était vraiment au dessus de ses capacités, et il avait préféré éviter le désastre, comptant sur l'état alcoolisé de son amie pour qu'elle oublie. Mais visiblement, il se fourrait le doigt dans l’œil en espérant ça ! Quelques minutes seulement après qu'ils se soient installés sur les marches, elle revint sur le sujet, lui assénant au passage un regard de chien battu auquel il était difficile de résister. Mais le simple fait de s'imaginer sur une piste de danse donnait assez de force à Owen pour rester de marbre. Fort heureusement, Tonia finit par éclater de rire, et le jeune homme ne put réprimer un petit soupir de soulagement. Bref, il était tant de passer à autre chose, et vite, avant que le sujet de la danse ne lui revienne en tête.
« Serait-ce une proposition ? » En entendant ces mots, Owen écarquilla tout d'abord les yeux. Elle ne le pensait pas réellement ? Elle savait très bien que ce n'était pas son genre de profiter des gens ainsi... Elle avait reculé, comme pour mieux le regarder, et le jeune homme ne se sentait pas vraiment à son aise. Essayant de se calmer peu à peu, et en se disant qu'elle se moquait de lui, il lui adressa un sourire timide. Sourire qui s'effaça bien vite au moment où elle reprit la parole. Son ton avait l'air sincère, et en la voyant s'éloigner de lui et fuir son regard, Owen pencha légèrement la tête sur le côté, comme si ça l'aiderait à comprendre quoi que ce soit... A son tour il se leva, pour s'approcher de Tonia qui semblait plus instable que jamais sur ses échasses. « Mais... Tu ne vas pas rester là n'est-ce pas ? Tu seras bien mieux chez toi, crois moi ! » Owen tentait de sonder le regard de la jeune femme afin d'y voir ce qu'elle pensait réellement, et il ne la trouva pas particulièrement convaincue par ce qu'il venait de dire. Les raisons lui échappaient, mais elle ne voulait visiblement pas être seule, pas ce soir. En essayant d'être le plus rassurant possible, même s'il ne comprenait pas tout, Owen déclara : « Tu sais, tu peux dormir dans le van, sans problème... Mais je ne pense pas que ça te plaise... enfin, c'est pas très confortable.. » A première vue, c'était la seule solution qu'il avait trouvé, tout en doutant que cela convienne à son amie qui était plus habituée à un véritable lit qu'à un simple matelas à l'arrière d'un van ! Néanmoins, il voulait l'aider, et lui proposer son propre « lit » était la meilleure chose qu'il puisse faire pour elle.
Sujet: Re: Grandeur et décadence, ft. Owen Mer 9 Nov - 22:13
Tonia se rendit compte qu’elle avait mis le pauvre Owen mal à l’aise. Elle était beaucoup trop directe, et surtout beaucoup trop cash pour lui. L’alcool n’aidant pas le cas « Tonia Hasbrough », le pauvre ne devait plus savoir où se mettre. Elle eut un peu pitié de lui. Mais cela lui passa aussi vite que c’était venu. Owen était un garçon adorable. Beaucoup trop sage au goût de la belle brune qui aurait voulu qu’il se lâche de temps en temps. Il était un artiste, non ? Pourquoi semblait-il prisonnier de lui-même. Car il était là, le problème : il ne se laissait pas aller. Il ne se le permettait jamais. Elle se demanda s’il s’imaginait, parfois, revivre des situations en prenant une autre décision. Elle, elle le faisait souvent. Si j’avais été plus raisonnable à ce moment-là, j’aurais peut-être… C’était son jeu favori pour se mettre dans tous ses états. Et cela ne manquait jamais, car il arrivait toujours un moment où elle abordait le fameux « et si » qui aurait tout changé. Finalement, Owen avait peut-être raison d’être timide, de se protéger. Mais ne s’ennuyait-il pas ? N’avait-il jamais envie de s’amuser ? « Dis-moi, Owen, est-ce que ça t’arrive, parfois, d’éteindre ta conscience et de faire un peu le fou ? » La question était sortie toute seule. Encore une démonstration de sa franchise sans pareille. Et il était clair que cela n’allait pas mettre Owen à l’aise. « Le prends pas mal, c’est juste que tu es tellement raisonnable ! Comment tu fais ? J’aimerais avoir ta sagesse. » Ceci non plus ne faciliterait pas les choses, se dit-elle. Mais soit. Si elle continuait, elle allait s’enfoncer et Owen s’en irait en courant. Et c’était tout ce qu’elle voulait éviter.
Elle n’avait pas envie de rester seule, c’était la seule chose dont elle était certaine. Ici ou ailleurs, tant qu’elle ne se retrouvait pas avec son esprit comme seule compagnie, cela n’avait pas d’importance. La fête était un endroit comme un autre pour se distraire de ses idées noires. Owen semblait relativement décidé à l’entraîner loin de ce lieu de débauche, et peut-être devrait-elle l’écouter. Il était bien trop tard et elle était bien trop ivre pour qu’il arrive encore de bonnes choses. Car c’était bien connu, plus on tardait, et plus il y avait de chances de se trouver là lorsque les choses dégénèreraient. Et elles dégénéraient toujours. Elle jeta un regard en arrière en se mordant la lèvre. « Ai-je envie de rester là ? » Telle était la question. Et pour être tout à fait honnête avec elle-même, elle devait bien s’avouer que non. En réalité, elle n’avait jamais voulu venir ici. Elle aurait tout aussi bien pu passer la soirée au cinéma avec une amie ou au bar de Pete à donner un coup de main en dehors de ses heures, mais elle était tombée sur cette fête. Elle reporta son regard hésitant sur Owen. « Crois-moi, je serais mieux ici que chez moi. » dit-elle en soupirant, mais elle suivit tout de même Owen sans opposer la moindre résistance. Elle savait qu’il avait raison.
Elle sursauta presque lorsqu’il lui proposa de dormir dans le van. Elle le regarda, éberluée, et s’arrêta net sur le trottoir. Cette invitation la mit mal à l’aise, pour une fois. C’était la première fois que le jeune homme se montrait si avenant envers elle et elle ne savait comment réagir. D’autant qu’elle était parfaitement consciente qu’il n’aurait pas d’autre endroit où dormir. « Owen Nicholson, je vais finir par croire que tu en pinces pour moi ! » C’était sa façon à elle de dédramatiser la situation, mais cela ne fit qu’empirer les choses et elle s’en rendit compte aussi vite que les mots n’avaient franchi ses lèvres. Elle rejoint Owen et marcha à ses côtés. « Non, Owen, sérieusement. Je ne peux pas accepter. C’est pas question de confort, je crois que ça me plairait bien de dormir dans un van pour une nuit. Mais, tu vas dormir où ? Je ne peux pas te mettre dehors de chez toi et il n’y a clairement pas de place pour deux. » Elle avait repris tout son sérieux, c’était comme si l’alcool s’était évanoui de ses veines. Sans doute la fraîcheur de la nuit lui faisait-elle du bien. « Tu es adorable. Sans toi, je ne sais pas comment et où j’aurais fini la soirée. » Impulsivement, elle déposa un baiser amical sur la joue du jeune homme, sans se soucier de la façon dont il allait réagir. « Tu crois que tu pourrais me ramener chez moi ? » demanda-t-elle d’une petite voix. La simple idée d’être chez elle lui donnait des frissons, mais elle avait besoin de dormir et surtout d’être au chaud.
Sujet: Re: Grandeur et décadence, ft. Owen Ven 11 Nov - 11:53
« Dis-moi, Owen, est-ce que ça t’arrive, parfois, d’éteindre ta conscience et de faire un peu le fou ? » Sur le coup, le jeune homme ne comprit pas vraiment le sens de la question, ni même son but. Comme souvent dans ces cas-là, il se contenta d'afficher un petit sourire en coin, attendant la suite avant de se risquer à répondre quoi que ce soit. « Le prends pas mal, c’est juste que tu es tellement raisonnable ! Comment tu fais ? J’aimerais avoir ta sagesse. » Cette fois-ci, Owen laissa échapper un éclat de rire. Sa sagesse... A vrai dire, il ne pensait pas vraiment être plus sage qu'un autre. Il était comme ça, tout simplement. Peut-être un peu moins extravagant qu'un garçon « normal », un peu plus timide aussi, mais pas forcément plus sage. « On ne voit peut-être tout simplement pas les choses de la même façon... Tu crois que c'était une sage décision que de partir faire le tour du monde seul dans mon vieux van ? » ajouta-t-il en souriant. Il est vrai que son paru avait été osé, et semé d’embûches. A plusieurs reprises il s'en était voulu d'être parti seul comme ça, il se traitait intérieurement de fou furieux et allait même jusqu'à se maudire. Mais ça faisait aussi partie du jeu, et les moments durs n'avaient fait que rendre l'aventure plus belle, et plus exaltante pour le jeune aventurier.
Visiblement, la jeune femme n'avait pas spécialement envie de quitter la fête, mais elle décida néanmoins de suivre Owen. En soupirant, et en affirmant qu'elle serait mieux ici, Tonia lui emboîta le pas, à la plus grande satisfaction de l'artiste. « Ici ? Avec ces gens qui ne tiennent plus debout et qui ont l'air de vouloir... copuler avec tout ce qui bouge ? » déclara-t-il en grimaçant. Sérieusement, les deux jeunes gens ne partageaient pas du tout les même intérêts ni les mêmes loisirs. Owen savait que les jeunes de son âge trouvaient du plaisir dans ce genre de soirées, mais il ne comprenait décidément pas pourquoi. Ceci dit, il préférait de loin que ce gens soient là, et qu'ils le laissent tranquille dans sa forêt où jamais personne ne venait le déranger.
C'est lorsqu'il lui proposa de dormir dans son van qu'Owen réalisa que son discours pouvait être mal interprété. Et effectivement, la jeune femme ne se fit pas prier pour le lui faire remarquer, sans même prendre la peine de déguiser sa réflexion. Il sentit une nouvelle fois ses joues s'empourprer, mais tenta de dissimuler tout ça derrière un regard levé vers le ciel. Owen prenait un air faussement détaché, et asséna un nouveau coup de coude à son amie sans pour autant lui adresser la parole. Entre ses propositions à double-sens, et les questions de Tonia... le jeune homme devait faire énormément d'efforts pour ne pas partir en courant. Même si sa proposition paraissait lui convenir, la jeune femme refusa l'offre d'Owen sous prétexte qu'elle ne voulait pas le mettre dehors. Aussitôt, il arqua un sourcil, étonné. En effet, ce n'était pas la première fois qu'il hébergeait quelqu'un dans son véhicule. Bien sûr, il fallait se serrer un peu, mais il y avait assez d'espace pour accueillir deux personnes. La plupart du temps, il avait dormi avec des amis trop éméchés pour reprendre leur propre voiture. Plus rarement, le van avait accueilli des filles... Mais en considérant les capacités de séduction du jeune homme, on comprenait aisément que l’événement était assez exceptionnel. « Hé ! Ne sous-estimes pas mon van ! J'ai déjà hébergé des gens là-dedans, tu sais ! » Malgré ça, Tonia lui demanda d'une toute petite voix s'il pouvait la ramener chez elle. En se souvenant qu'elle ne voulait surtout pas rester seule, Owen posa son regard sur elle, sans cesser de marcher. Les deux jeunes gens arrivèrent dans le même temps à hauteur du-dit van, et le jeune homme fouilla dans ses poches jusqu'à en sortir une clé. « Oui bien sûr, je peux ! Mais... tu ne voulais pas rester seule ce soir... » Il haussa les épaules sans vraiment attendre de réponse, et ouvrit la portière du côté passager afin qu'elle puisse s'installer. « Enfin... si c'est ce que tu veux... »
Sujet: Re: Grandeur et décadence, ft. Owen Dim 20 Nov - 1:25
Aux yeux de Tonia, Owen prenait toujours les bonnes décisions, comme si c’était inné chez lui. Il avait ce quelque chose de sage et de très réfléchi en lui qu’elle appréciait beaucoup. Bien sûr, il était peut-être trop réfléchi. Il semblait toujours peser le pour et le contre avant de faire quelque chose. Venir à cette fête avait dû lui causer pas mal de problèmes de conscience. Elle se demanda combien de temps il avait réfléchi avant de prendre cette décision. Elle fut étonnée lorsqu’il répondit tout à fait naturellement qu’il était loin d’être empreint de sagesse. Il était clair que de partir à l’aventure autour du monde sans rien d’autre que son vieux van n’était peut-être pas l’idée la plus intelligente. Et pourtant, elle avait la réelle sensation qu’il était resté lui-même, qu’il s’était peut-être trouvé dans ce voyage. Owen n’était pas le genre de personne à rester enchaînée dans un lieu. De l’extérieur, elle voyait bien qu’il avait besoin de changement, de nouveauté. Faire le tour du monde était un rêve comme un autre. Qui avait pu tourner mal à certains moments, elle en était sûre. Les tours du monde ne se passaient jamais sans encombre, dans les films. Mais c’était tout ce qu’elle connaissait du monde : les films. Sa brève carrière de mannequin lui avait ouvert les portes de prestigieux podium tout autour de la planète, mais les aéroports et les taxis étaient les seules choses dont elle avait pu profiter. Certes, des shootings en plein milieu du désert du Nevada étaient une aventure en soi, mais elle n’avait jamais été libre d’explorer tous ces endroits magnifiques qui lui avaient été offerts sur un plateau d’argent. Elle avait eu la chance de voir des paysages paradisiaques, des plages de sable blanc désertes, des forêts luxuriantes... et pourtant, elle n’avait rien gardé de tout cela. Si seulement elle avait l’occasion de retourner là-bas, peut-être qu’elle les découvrirait d’un autre œil. Et là seulement, elle pourrait savourer la chance de se trouver sur une île avec pour seule compagnie le vent et les vagues et les cris des oiseaux. La mode ne lui avait offert qu’une photo du monde. Elle regrettait de ne pas avoir pu prendre avec elle toutes les sensations qu’elle aurait dû ressentir dans des endroits pareils. Owen, lui, aurait sûrement passé des jours entiers à dessiner. Elle, elle n’avait gardé que les photos en papier glacé du magazine où elle figurait. Quel genre de personne était-elle pour être restée insensible à la beauté du monde ? « Ce n’était certainement pas une mauvaise décision. Tu as vécu des tas de choses que je ne peux même pas imaginer. Et tu sais qui tu es. Je suis sûre qu’au fond de toi, tu sais que c’était une bonne décision de partir à l’aventure. Tu es un aventurier. Que ferais-tu si tu étais cloîtré dans un endroit pour le restant de tes jours ? » Si seulement, elle savait qui elle était et ce qu’elle voulait vraiment.
Elle manqua de rire lorsqu’Owen la regarda complètement étonné en constatant qu’elle préférait être dans cette fête de débauchés plutôt que chez elle. « Tu as un problème avec la copulation ? » Elle sourit. Elle s’imagina qu’il ne valait mieux pas embrayer sur ce terrain sous peine de mettre son ami encore plus mal à l’aise. Owen n’était décidément pas le genre à plaisanter sur les questions de sexe. Il avait du respect pour les gens, et certainement pour lui-même aussi. Chose qui faisait cruellement défaut à Tonia.
D’ailleurs, elle se rendit bien compte qu’il était gêné de sa dernière remarque. Il avait beau essayer de cacher sa gêne, il s’enfonçait plus qu’autre chose. Elle fut attendrie de sa réaction. Il était tellement différent des gens qu’elle avait l’habitude de côtoyer. Il était tellement plus délicat, plus terre à terre. Plus responsable, aussi. Plus humain. C’était sans aucun doute sa meilleure qualité. Et sa timidité excessive le rendrait encore plus attendrissant. Elle s’étonna par contre de l’ardeur qu’il mit à défendre la capacité d’hébergement de son van. Elle éclata de rire en attrapant le bras de son ami et en se serrant contre lui. Elle commençait réellement à avoir froid et la chaleur rassurante d’Owen lui fit instantanément du bien. « Loin de moi l’idée d’offusquer ton authentique van VW de Woodstock. Je suis sûre qu’il fait des merveilles. Je ne veux simplement pas m’imposer. » Elle ne voulait surtout pas le mettre mal à l’aise. Elle avait déjà couché avec des tas de types sans y accorder la moindre importance, et elle s’était endormie blottie dans les bras de quasi inconnus un nombre incalculable de fois. Les contacts physiques n’avaient pratiquement plus aucune valeur à ses yeux. Cependant, elle devinait que ce n’était pas le genre d’Owen de serrer les gens dans ses bras ou de partager son lit facilement. Et puis elle-même n’était pas sûre de comment elle réagirait à cela. Elle n’était pas certaine de pouvoir le gérer.
Arrivés au van, elle grimpa sur le siège passager et attendit que son comparse s’installe pour répondre. « Non, je n’ai pas envie de rester seule. » Sa voix sonnait réellement mal assurée et malgré tout l’alcool qui remplissait ses veines, elle s’en rendit parfaitement compte. « Est-ce que tu voudrais bien rester avec moi cette nuit ? » Une boule d’angoisse s’était formée dans sa gorge, attendant la réponse avec appréhension. Elle pria pratiquement pour qu’il répondre « oui ».
Sujet: Re: Grandeur et décadence, ft. Owen Mer 30 Nov - 18:01
Rester cloîtré dans un endroit pour le restant de ses jours ? Voilà bien une idée dont la seule évocation le révulsait. Owen ne pouvait tout simplement pas concevoir que quelqu'un puisse souhaiter rester enfermé toute sa vie, et vivre au même endroit. Bien sûr, il savait que c'était le cas de la plupart des gens, et c'est un des points essentiels sur lesquels il se sentait réellement différent des autres. S'il avait du vivre au même endroit toute sa vie, le jeune saltimbanque serait certainement devenu fou. Il avait cette envie et ce besoin de vouloir en voir toujours plus, de découvrir des endroits dans lesquels il lui semblait être le premier à pénétrer. Owen se sentait clairement l'âme d'un aventurier, et la vie sans ça aurait été totalement insipide selon lui. Même si la vie de vagabond comportait certains inconvénients, il ne la troquerait jamais contre une petite vie tranquille de bureaucrate qui regagne sa maison et ses enfants tous les soirs à la même heure, et pour qui un périple en forêt est synonyme d’événement exceptionnel, réservé aux longs dimanche après-midi d'automne. La forêt, c'était précisément la maison d'Owen, le seul endroit où il ne s'ennuyait jamais malgré la solitude apparente que l'endroit dégageait. Au contraire, le jeune homme se sentait continuellement entouré. Les oiseaux, les plantes et les ruisseaux étaient sa seule compagnie, et elle était bien plus recommandable que celle des hommes.
« Tu as un problème avec la copulation ? » Venait-elle réellement de lui poser cette question ? Owen ne put s'empêcher d'arquer un sourcil, et de lui décocher un regard surpris. Il ne savait pas exactement s'il devait mettre cette question sur le compte de l'alcool que son amie avait ingurgité, ou tout simplement sur la personnalité si différente de Tonia. Dans le doute, il se contenta de lever les yeux au ciel une nouvelle fois, et continua son chemin sans prononcer le moindre mot.
Tonia ne voulait pas s'imposer et pourtant, en tant qu'amie elle était la bienvenue dans la maison roulante d'Owen. Ses portes (ou plutôt ses portières) restaient grandes ouvertes pour les personnes qu'il appréciait, et la jeune femme faisait sans aucun doute partie de ceux-là. Même si leur première rencontre n'avait rien auguré de bon la suite, les deux jeunes gens avaient fini par devenir un peu plus proche au fil du temps. Owen aida Tonia a grimper dans le van et à s'installer du côté passager, puis contourna le véhicule pour s'installer à son tour. Il inséra la clé dans le contact, mais écouta avec attention ce qu'elle avait à dire avant de démarrer. Tout à coup, Owen capta dans sa voix ce qui ressemblait fort à de la détresse, voire même de l'angoisse. Il n'avait évidemment pas tous les éléments en main pour la comprendre, mais il devinait en l'entendant que sa présence auprès d'elle la soulagerait un peu. Aussi, il hocha la tête sans aucune hésitation et acquiesça. « Oui, bien sûr. Je resterai t'en fais pas. » t sans demander plus de détails, le jeune homme démarra, engageant le van dans la rue voisine et s'éloignant peu à peu du théâtre de débauche qu'ils venaient de quitter.
Conduisant machinalement sur les routes d'Arrowsic qu'il connaissait si bien, Owen ne prêta pas réellement à la direction qu'il prenait. Tonia, dans son état, ne fut visiblement pas à même de l'aiguiller, et c'est au moment où une piste de terre se présenta devant les roues du van que le jeune homme prit conscience de son erreur. « Oh non ! » Par habitude, Owen avait suivi la route qui menait à la forêt dans laquelle il créchait d'habitude. Alors qu'il allait s'excuser et faire demi-tour au plus vite, un petit sourire prit place au coin de ses lèvres. A l'heure qu'il était, Tonia devait être épuisée, et c'était aussi un peu son cas. Il était donc inutile de reprendre la route pour la raccompagner jusqu'à chez elle. « Changement de programme, on arrive chez moi... » Une grimace signalant à la jeune femme qu'il était un bel étourdi termina sa phrase, et après quelques minutes de plus sur la-dite piste de terre, Owen gara son van tout près du ruisseau qu'il affectionnait tant. Il tourna un peu la tête vers son amie afin de guetter sa réaction, et attendit un peu fébrilement qu'elle lui donne son avis.