Un des psychologues d'Arrowsic ouvrit la porte de son cabinet pour laisser entrer une jeune patiente : Camélia McCallum, avec qui il avait à présent rendez-vous. Il fit un geste poli pour l'inviter à s'asseoir sur le divan, quant à lui il s'installa dans un autre fauteuil en face, qui semblait à première vu beaucoup plus confortable, pensa l'adolescente en levant un sourcil. Mais, elle n'y prêta pas davantage attention, et elle s'installa à sa place. Elle croisa les jambes, mit ses coudes sur ses genoux pour se tenir la tête, et regarda l'homme en face d'elle avec dédain. Comme si tout cela n'avait aucune importance. Pourtant elle en avait, et elle le savait au fond d'elle-même. « ▬ Alors, Camélia, prête à parler aujourd'hui ? » Dit-il avec un léger sourire. A cet instant, la jeune femme voulait juste se jeter sur lui, le frapper pour lui faire ravaler ce maudit sourire complètement hypocrite, et qu'il arrête enfin de se la jouer au psy très proche de sa patiente, alors que c'était bien loin d'être le cas. Toute cette mascarade l'insupportait. Mais, au lieu de ça, elle s'enfonça au fond du divan, s'affalant complètement. « ▬ Que voulez-vous que je vous dise ? » Dit-elle avec le même sourire. « ▬ Et bien peut-être, comment tu te sens en ce moment ? » Dit-il avec un petit regard triste tout en sortant un calepin. Camélia afficha un sourire au coin, amusée par l'hypocrisie que faisait preuve cet homme. Il faisait semblant d'être touché par son cas mais, en fin de compte, il s'en fichait bien d'elle. Elle était surement un cas parmi tant d'autres, devait-il surement penser. D'habitude, la jeune McCallum ne répondait jamais aux questions de son psy, ou quand elle le faisait, elle s'amusait plus avec lui qu'autre chose. Mais, sans trop savoir pourquoi, aujourd'hui elle voulait avancer. Enfin avancer à sa manière... « ▬ Et bien.. » Commença-t-elle à dire en se redressant un peu. « ▬ Comment vous sentiriez-vous si vous aviez la mort de vos parents sur la conscience, Monsieur ? » Dit-elle avec ironie tout en haussant un sourcil et fixant droit dans les yeux son médecin. Le psychologue soupira légèrement, un peu désespéré par le comportement de sa patiente, puis il prit quelques notes dans son calepin, et releva les yeux pour regarder la blondinette en face de lui, au-dessus de ses lunettes carrées qui lui donnaient un visage très sévère. « ▬ Bien... Camélia, comment pourrais-tu me rappeler les faits de cette horrible journée ? » Dit-il doucement. La jeune adolescente haussa de nouveau un sourcil, et finalement elle se prêta au jeu, pour montrer de nouveau à ce maudit psy que tout ce qu'il faisait ne servait à rien. « ▬ Et bien, je me souviens qu'il faisait beau et que... » Puis elle s'arrêta quand elle vit que l'homme en face d'elle avait déjà regardé sa montre alors qu'elle avait à peine commencé. Il veut que je fasse vite ? Je vais faire vite alors... Pensa-t-elle énervée. « ▬ Enfin bref, on venait d'apprendre que ma mère était belle et bien enceinte. Et mon père voulait qu'on fête ça. Moi, je sais pas pourquoi, je n'arrivais pas à m'en faire une joie. Enfin c'était pas horrible non plus. Je m'en foutais quoi... Donc on est allé à la banque pour retirer de l'argent et puis... » Camélia se sentit soudainement mal. Elle qui voulait se montrer insensible comme d'habitude, repenser à ce moment la faisait souffrir. « ▬ Et ? » Demanda-t-il avec peu de délicatesse visiblement. Camélia lança un regard mauvais à l'homme en face d'elle mais, elle fixa de nouveau la table qui la séparait de son psy pour continuer son histoire. « ▬ Et je me suis disputée avec mon père... On s'est arrêtés alors et puis... Après tout est allé si vite... Les coups de feu... Mon père me protégeant... Le sang... » Dit-elle difficilement, puisqu'elle avait l'impression de revivre la scène, d'entendre de nouveau les coups de feu, de revoir le corps de sa mère tombée au sol, son père se plaçant devant elle pour la protéger... Tous ces petits détails, pour un hold-up raté par des minables. « ▬ Bien... Je vais revenir sur un détail que tu m'avais parlé la dernière fois. Pourquoi ne pas avoir pleuré le jour de l'enterrement de tes parents ? » Dit-il presque froidement. La demoiselle se leva d'un coup, serra les poings, et regarda le psychologue avec haine. « ▬ Peut-être parce que je suis qu'une petite conne sans sentiments qui n'en a rien à foutre de la mort de ses parents ?! » Cria-t-elle. Puis elle quitta le cabinet sans même se retourner une seule seconde.

Camélia était enfin chez elle, enfin plutôt chez son oncle et sa tante, quand elle ouvrit la porte peu délicatement elle percuta au passage un carton. C'est alors que surement à cause du bruit, son oncle se dirigea vers l'entrée. « ▬ Alors cette séance ? Déjà terminée ? » Demanda-t-il en fronçant légèrement les sourcils. Puis, Caleb, le jeune homme que son oncle et sa tante avait pris en charge en tant que famille d’accueil, passa en coup de vent. « ▬ Je pense qu'elle a dû partir bien avant... Comme elle fait d'habitude. » Dit-il avec un sourire au coin, puis il monta les escaliers pour aller surement dans sa chambre. Camélia lança un regard noir au jeune homme, puis elle reporta son attention sur son oncle qui s'était rapproché d'elle. « ▬ Ecoute petite ange, je sais que ça ne te plait pas, personnellement ça ne me plait pas non plus mais, il faut que tu continues, ça peut t'aider à... » Dit-il doucement tout en prenant la main de sa nièce. « ▬ A gérer que j'ai tué mes parents ?! » Dit-elle en dégageant sa main violemment, puis elle avança davantage dans le hall pour s'éloigner de son oncle. « ▬ Dis-moi... » Commença-t-elle à dire avec les yeux légèrement humides. « ▬ Tu ne me détestes pas ? Après tout c'est à cause de moi que ta soeur est morte, qu'on a dû déménager parce qu'il n'y avait pas assez de place parce qu'une pauvre petite orpheline est venu faire chier ? » Cria-t-elle presque. L'oncle de Camélia prit directement la jeune fille dans ses bras. « ▬ Ecoute-moi bien Camélia... Rien n'est de ta faute ! Tu m'as compris ! Et jamais tu pourras m'embêter ! Tu m'entends ?! Jamais ! » Dit-il en embrassant le haut du crane de sa nièce. « ▬ Tout est de ma faute, c'est à cause de moi que je suis toute seule maintenant... » Dit-elle en laissant couler quelques larmes. Oui, Camélia avait avancé aujourd'hui. Elle avait enfin pleuré la mort de ses parents. Elle avait accepté l'idée qu'ils n'étaient plus là...