Le dimanche. Ah, le dimanche ! Quel jour merveilleux, pensa Nolan. Surtout le dimanche matin. Car le plus souvent durant les week-ends, les samedis sont presque entièrement occupés par la correction des nombreuses copies ou par la préparation du prochain cour de littérature. Mais, le dimanche c'est le jour de détente. Pourquoi surtout le dimanche matin ? Et bien il sait qu'il peut dormir autant qu'il le souhaite, c'est la seule journée de la semaine où il peut profiter tranquillement de son petit-déjeuner avec son épouse, c'est là où il peut lire le journal aussi lentement qu'il le souhaite... Bref, le dimanche matin, c'est le petit plaisir de la semaine de Monsieur Bartholomew.

Le jeune homme s'étendit de tout son long, et ouvrit doucement ses paupières en faisant face à son réveil. Dix heure et demi, c'est ce que affichait l'engin. Nolan se mit alors à sourire mais, il perdit vite cette expression de bonheur quand il vit que la place à côté de lui était vide. Il fronça les sourcils, et se leva du lit quand il entendit de l'agitation dans la cuisine. Voilà qui était inhabituel, normalement Iryss se levait en même temps que lui, pensa-t-il, contrarié par ce changement soudain d'habitude. Le dimanche, c'était sacré, on ne changeait rien aux rituels du dimanche, non mais oh ! C'est donc à moitié nu, que le professeur partit en direction de la cuisine. Quand il fût enfin dans la pièce, il vit sa femme bouger dans tous les sens, mettant quelques petites choses dans son sac à main. « Tu sors ? » Demanda-t-il avec curiosité. La jeune femme sursauta et se retourna immédiatement. « Tu m'as fait peur ! » Dit-elle tout en ayant une main sur sa poitrine, comme si ce geste pouvait ralentir les battement de son coeur. Puis, elle reporta de nouveau son attention sur ses affaires. « J'ai... Euh, j'ai un rendez-vous avec la banque aujourd'hui. Je rentrerai tard. » Dit-elle en osant à peine regarder son époux dans les yeux. C'était surement parce que Nolan était fatigué, ou bien trop perturbé par le changement soudain de son programme du dimanche, parce qu'il aurait sans doute alors remarqué que sa femme lui mentait littéralement. Mais, il ne remarqua rien. Iryss Bartholomew partit en direction de son mari, posa brièvement ses lèvres sur les siennes et partit en direction de la porte d'entrée, ou de plutôt de sortie. « Je te conseilles de manger en ville, on a plus rien. J'irai faire des courses toute à l'heure. Je t'aime, à ce soir ! » Cria-t-elle, puis la porte claqua. Nolan resta un peu bête pendant quelques secondes, et haussa les sourcils. Puis, il se fit une raison : Ça ne serait pas un dimanche habituel. Il alla tout de même vers le frigo pour vérifier ce que sa femme lui avait dit, et en effet il n'y avait rien à se mettre sous la dent. Mise à part du pâté et des cornichons. Le professeur regarda quelques minutes les aliments peu attirants pour un matin, partant dans une profonde réflexion, et s'apprêta à prendre le pot de cornichons et finit par s'abstenir. Non, il devait vaincre sa fainéantise, il ne tomberai pas aussi bas. Le jeune Bartholomew partit donc en direction de la salle de bain. Après une demi-heure, il était prêt à sortir pour enfin prendre son petit-déjeuner. Il prit sa veste, son portefeuille au passage, et le voilà partit. Direction ? Le café le plus proche, son estomac grondait aussi fort que le tonnerre, il vallait mieux nourrir la bête le plus vite possible.

Etant donné que Nolan habite proche du centre ville, le jeune homme avait préféré utiliser ses jambes. Il marchait d'un pas assez rapide, tout en faisant bien attention à ne pas se faire écraser. Puis, il traversa à droite, et puis après à gauche pour se trouver dans une grande rue, là où se trouvait la plupart des restaurants et cafés de la ville. Quand soudain, il tomba face à face devant une tête bien connue. « Robyn ? » Dit-il très surpris de tomber sur la jeune femme ainsi. Puis à peine il eut le temps de prononcer son prénom, que la jolie blonde tournait déjà les talons pour presque partir en courant dans la direction opposé. C'était l'occasion ou jamais de s'expliquer avec elle, pensa Nolan. C'est pourquoi, il lui courra après, et il lui prit le bras pour qu'elle s'arrête et se retourne de nouveau vers lui. « T'as pas fini d'essayer de me fuir, non ? » Dit-il avec un petit sourire taquin, un peu amusé que la jeune femme lui en veuille toujours autant pour quelque chose qui remontait presque à des milliers d'années.

Nolan avait bel et bien décidé de ne pas laisser la jeune femme lui échapper comme elle le faisait d'habitude dès qu'elle le voyait. Cette histoire remontait il y a si longtemps, bon sang ! Pensa le jeune homme, presque ahuri par cette vielle rancœur que possédait la jeune femme. Il plongea son regard dans le sien, tout en gardant un léger sourire sur les lèvres. Quand soudain, Robyn lui mit alors une petite tape sur la joue, il fût surpris par ce geste mais, pas assez pour lâcher prise. Le professeur de littérature était d'ailleurs assez amusé de regarder la jeune femme se débattre pour s'échapper de son emprise. Bien évidemment il veillait à ne pas lui serrer trop fort son petit bras pour ne pas lui faire trop mal. Car elle serait bien capable d'aller se plaindre au premier flic du coin pour coups et blessures juste pour l’emmerder un peu. « Non, je n’ai pas fini. Je ne parle pas aux goujats sans cœur qui attrapent les filles comme des morceaux de viande. » Et bam. Un pour Robyn, zéro pour Nolan. Il ouvrit grand les yeux, et laissa s'échapper un petit rire nerveux pour lui cacher qu'elle avait bien réussi à le toucher de plein fouet. Il regarda d'un bref regard autour de lui. Ça va, il n'y avait juste que le couple là-bas et les deux adolescentes qui avaient entendu. Bon tout ce petit monde n'hésitaient à rire de Monsieur Bartholomew, évidemment. « Et bien... » Commença-t-il à dire en reportant son attention sur son ancienne amie d'enfance. « Le moins qu'on puisse dire c'est que tu ne mâches pas tes mots, toi. » Continua-t-il en tentant d'esquisser un sourire .« Tu m’excuseras mais je suis affamée qui plus est je suis attendue par un charmant jeune homme et je ne pense pas qu’il apprécierait me retrouver avec toi… » Elle mentait, et elle ne savait absolument pas cacher ça, c'était le moins qu'on puisse dire aussi, pensa Nolan. Le jeune homme sentait qu'elle était sur le point de se libérer de son emprise, alors il se rapprocha davantage, tout en lui tenant le bras. « Oh ça tombe bien je suis affamé aussi. » Dit-il avec large sourire, surement absolument insupportable à regarder pour Robyn. « Et puis je suis sûr que ce merveilleux jeune homme comprendra que tu décommandes pour déjeuner avec un vieil ami. » Dit-il avec grande ironie, sachant très bien que ce sois-disant charmant jeune homme n'existait pas. Quand, le professeur regarda de nouveau autour de lui, il vit que le couple ne le regardait déjà plus et que les adolescentes qui se moquaient de lui étaient déjà parties. Tout en vérifiant cela, Nolan vit qu'il y avait un Starbuck tout près d'eux, ce qui le fit sourire. C'était parfait pour prendre un bon petit déjeuner ça, pensa-t-il avec gourmandise. « Tiens, regarde ! » Dit-il en pointant du doigt le café avec sa main libre. « Allez viens on y va ! » Dit-il sans laisser la jeune femme dire quoi que ce soit. Avec quelques difficultés, ils arrivèrent dans le Starbucks, et sans laisser la chance à Robyn de s'échapper, il la fit s'asseoir de force, et s'installa à côté d'elle pour être sûr qu'elle ne s'échappe pas. « Il fait meilleur ici. » Dit-il en se frottant les mains pour les réchauffer. Un pour Robyn, et un pour Nolan cette fois-ci.