« Au fond, j'crois qu'la terre est ronde pour une seule bonne raison : après avoir fait le tour du monde, tout c'qu'on veut c'est être à la maison. »

27 juin 1996.

« Stephen ? Ce doit bien être le cinquantième appel que je te passe. Tu pourrais au moins répondre, ton foutu journal ne va pas louper l'édition de demain si tu as pendant trente secondes ta fille au téléphone. Alors je te préviens Stephen Oengus Valentine, si tu ne réponds pas à mon prochain appel, tu ne mets plus un pied chez moi ! Et surtout tu ne me verras plus. JAMAIS! » Bien sur que maman était en colère. Bien sur que je m'en rappelle. Bien sur qu'elle n'en savait rien. Mais après tout n'était-ce pas mieux ainsi ? Papa au journal, maman à mes côtés et moi entourés de mes quelques "amis" riches que papa avait jugé bon pour notre image d'inviter. Certes il n'y avait pas Ronnie, ma meilleure amie depuis tellement longtemps et pour qui j'avais à son égard les sentiments que j'aurais pu avoir pour une sœur. Mais les enfants étaient plutôt sympa. En plus c'était une jolie fête. Bon je me rappelle tout de même avoir bassiné maman pour qu'elle appelle celle de Ron' en cachette pour qu'elles se joignent à nous étant donné que papa n'était pas là. Après tout qu'était une fête d'anniversaire sans celle qu'à l'époque je me plaisais à qualifier de sœur ? Rien. Ma meilleure amie était mon double, ma moitié. Je me souviens très bien de cette complicité et de cette déception lorsque maman avait refusé. C'était Ronnie et Caelin, meilleures amies et sœurs pour la vie. Après tout c'est ce que nous nous étions promis non ? Pourtant la vie a joué en notre défaveur. Ou plutôt mon père.

______________________________________

16 avril 1994.

Ronnie était une petite fille bien élevée. Je me rappelle encore de ses allures de diablotine mais pourtant tellement amusantes. Bon certes elle ne portait pas les mêmes jolies robes que maman m'achetait, mais n'était-elle pas digne de mon amitié pour une raison si futile ? A l'époque, de mes yeux d'enfant ce n'était pas le cas et aujourd'hui encore moins. Ronnie et moi avions fait un pacte de sang et lorsque papa l'avait appris il avait crié à la catastrophe et m'avait hurlé que du sang de pauvre coulait maintenant dans mes veines. Innocemment je me rappelle d'ailleurs lui avoir dit « Alors je peux jouer avec Abbie maintenant qu'elle a du sang de riche qui coule dans ses ... enfin dans les trucs où son sang coule en moi papa ? » Il avait alors levé les bras au ciel d'une façon théâtrale qui aujourd'hui me donnerait le sourire plus qu'autre chose et était parti dépité comme si sa fille, sa progéniture ne comprendrait jamais rien à la vie. Maman, elle, m'avait regardé avec tendresse et m'avait sourit.
______________________________________


Après le départ des invités, maman avait alors rappelé papa. Celui-ci n'était pas le prochain appel. Elle lui avait laissé encore au moins trente chances de répondre à ce prochain appel mais en vain, bien entendu. Après ça elle avait appelé Stacy qui était arrivée quelques temps après pour me garder. Le temps sans maman se faisait long et j'avais demandé genre cent fois à Stacy quand maman rentrerait. Finalement Stacy m'avait couché et maman n'était jamais rentrée. En fait ma mère était la première personne que je perdais à cause de mon père. Et bien qu'après ça je l'avais revu ça n'avait plus jamais été pareil. Elle m'avait abandonné, à une adolescente, alors que j'avais déjà un père absent. Joyeux anniversaire Caelin !

22 décembre 1998.

Aujourd'hui j'allais perdre une seconde personne chère à mon coeur. Bien entendu je n'en savais strictement rien. Je partais à l'école dans la voiture que papa faisait conduire par Tobias, un chauffeur, afin de ne pas avoir à m'amener lui-même à l'école et pour partir au travail plus tôt. Maman était partie, notre vie avait du être reconstruite. Une fois encore en fonction du temps qu'il daignait m'accorder. J'étais jeune, innocente et arrangeante. Un rien me faisait plaisir et je prenais donc chaque instant passé avec mon père comme un cadeau de sa part, un peu comme si c'était un privilège que de pouvoir passer un peu de temps avec son père. Certes il ne partait plus si souvent mais c'était presque comme si son bureau s'était installé chez nous. Il était soit dans sa pièce, soit au téléphone et ne me prêtait donc guère attention. J'avais tout juste dix ans et cela me touchait bien plus que je ne voulais l'avouer, que ce soit à moi, qu'à mon entourage. Quoiqu'il en soit, comme si tout cela ne suffisait pas, sur le chemin alors que Tobias habituellement s'arrêtait devant chez Ronnie pour nous déposer toutes les deux à l'école, il ne s'était pas arrêté. J'avais alors pour la première fois fait un scandale lui ordonnant de m'expliquer. Il m'avait juste répondu avec un fort malaise que Ronnie et ses parents avaient déménagés. Ce fut un choc pour moi. Pas d'au revoir. Pas d'explications. Rien si ce n'est les souvenirs de mon amie. C'est donc l'âme en peine que j'étais arrivée à l'école. Et comme si cela ne suffisait pas tous les filles de la classe m'avait dit que c'était de ma faute que Ronnie était partie. Je n'avais pas très bien compris. Ce n'est que lorsque j'ai retrouvé Ronnie que j'ai appris qu'en fait mon père avait "offert" -bien que cela avait plus l'air d'être forcé-, un poste dans une ville d'à côté au père de Ron ainsi qu'un beau petit loft neuf pour la famille. Le but ? Les éloigner de moi. Après tout dans une ville telle qu'Arrowsic, pour mon père c'était "la honte" que sa fille fréquente la basse classe.

Septembre 2003 - rencontre.

Je me rappelle m'être répété genre cent fois « Respire Caelin, ils ne vont pas te manger. » et j'y avais finalement cru. Du moins jusqu'à ce que cette pimbêche blonde me fonce dedans et m'incendie ensuite. D'accord j'étais facilement distraite mais c'était elle qui m'avait foncé dedans. Et qui avait donc par la même occasion rendu quasi transparent mon petit haut qui était à l'origine blanc. Décidément j'avais le chic pour me mettre dans des situations... Quoi qu'il en soit il n'a fallut guère longtemps à mes chers camarades pour s'apercevoir de la scène qui semble-t'-il était à mourir de rire. Et c'est à cet instant que les remarques toutes un peu plus embarrassantes les unes que les autres, ont commencé à fuser. J'étais morte de honte et la fille aux pompons semblait être fière d'elle. C'était certain qu'elle ne devait avoir aucune idée de qui j'étais. D'ailleurs personne ici ne le savait. Je prenais un soin non dissimulé à ce que ce soit le cas et j'avais une telle pratique en la matière que c'était avec talent que j'arrivais à me fondre dans la masse, à être dans l'ombre. Du moins jusqu'à ce fameux incident. Qui au delà d'amuser les autres à mes dépends m'a fait LE rencontrer. Bon certes la romantique que j'étais aurait préféré que ce soit tout autrement mais au fond de moi, j'avais une certaine reconnaissance envers cette blonde détestable et envers cet incident embarrassant. Car sans ça, peut-être qu'il ne m'aurait jamais remarqué.

Il s'appelle Rafaël. Il était selon les critères des gens de ma "génération" cool et était un garçon très convoité. Je n'aimais pas ce système de popularité. En fait je n'aimais pas tout ce qui pourrait faire qu'on me prête trop d'attention. Bref. C'est donc après ce fameux moment de honte qu'il a eu la gentillesse et le courage de s'approcher de moi et de m'offrir sa veste pour me couvrir. Je pouvais voir sur le visage de la cheerleader qu'elle était verte de jalousie et moi ? J'étais autant étonnée que flattée. Après tout pourquoi un gars tel que Rafaël me sortait-il de mon moment de honte et ne riait-il pas de moi avec ses amis ? Je n'en savais strictement rien et l'idée qu'un si beau jeune homme le fasse m'amusait et me plaisait.

C'est donc après avoir échangé quelques banalités et qu'il m'ait conseillé de rentrer chez moi, que je l'ai quitté. J'ai suivi son conseil qui avouons-le était plutôt judicieux. Traîner au lycée d'Arrowsic, toute la journée avec un tee-shirt taché c'est vraiment une mauvaise idée pour quelqu'un qui a horreur de se faire remarquer. Sur la route j'étais pensive et arrivée chez moi je me suis changée jusqu'à finalement me surprendre à amener son haut au niveau de mon visage afin de renifler son odeur. Mon dieu que j'aimais cette odeur. Elle avait un petit quelque chose, une certaine familiarité. M'apercevant de la scène j'avais senti encore quelques secondes son vêtement pour finalement le déposer sur une chaise à mon côté. Je ne savais pas ce qu'il m'arrivait mais c'était nouveau...

Octobre/Novembre 2003 - prénomme-moi.

Après lui avoir rendu sa veste que j'avais humé de temps à autre et ce plus que nécessaire mais bien entendu, en toute discrétion; il m'avait alors demandé mon prénom. J'allais le lui donner jusqu'à me dire que ça serait peut-être mieux de préserver le mystère. Je m'ennuyais par ici et Rafaël avait éveillé des émotions en moi que j'avais depuis bien longtemps oublié. J'ai donc tue mon prénom.

Bien sur que de temps à autres nous nous croisions. Un jeu de regards s'était d'ailleurs installé entre nous. Cependant rien n'avançait. Je ne faisais pas le premier pas, je n'étais pas ce genre de filles. Et encore moins lorsque je définissais une relation telle que celle que je m'étais définie avec lui. C'était stupide de s'en tenir à ça, je le savais bien. Mais je me disais que lui non plus ne faisais pas le premier pas... Alors pourquoi faudrait-il que je le fasse ? Étais-je seulement prête à avoir un ami ici ? Cet étrange sentiment qu'il provoquait en moi alors que je ne connaissais rien de lui ne risquait-il pas de fausser le jeu ? Tant de questions, de non-dits, de non-faits qui faisaient que nous en étions toujours au même point : Rafaël et moi étions deux inconnus. Deux inconnus dont une partie en connaissait bien plus qu'il ne le fallait sur l'autre. Car oui je connaissais bien plus Rafaël qu'il ne se l'imaginait. Discrètement, comme je savais si bien le faire, je l'observais, l'analysais... Et je devais bien avouer que comme sujet d'étude, il n'y avait pas mieux.

Seulement comme si le destin, le hasard, ou que sais-je encore, appelez ça comme vous le voulez ne voulait pas que nous en restions-là, un soir, tout avait changé. Voilà deux mois que mon père et moi préparions le nouvel an. Cette année n'avait pas été spécialement difficile, étant donné qu'elles l'étaient toutes depuis le départ de ma très "chère" mère. Papa attendait beaucoup de cette soirée, notamment pour le journal. Moi je voulais juste m'amuser, oublier, me changer les idées quoi. C'était donc une soirée que j'attendais avec impatience. Ce soir-là je portais une belle robe et un ami de papa était venu avec son fils. Mon père m'avait vanté ses mérites les jours qui avaient précédés, tant que ça n'était même plus si excitant de faire sa rencontre. Cependant j'avais été courtoise avec ce dernier. Après tout ma lignée faisait que je me devais de l'être.

Et le début de soirée fut plus promettre que je ne l'aurais cru. Le jeune homme qui répondait au prénom d'Aaron était tout à fait galant et charmant. J'aimais me faire charmer, ça me rappelait que je pouvais malgré ma timidité, plaire. Et tandis que je me disais que cette soirée était une franche réussite pour une fois, je m'étais dirigé vers l'une des salles de bain de la maison pour permettre à mon cerveau d'apprécier le calme. J'aimais le contact, mais ces soirées mondaines - bien que celle-ci était tout à fait agréable - n'étaient vraiment pas faites pour moi. Trop de bruit, trop d'hypocrisie. Très peu pour moi, déjà à l'époque. J'aimais Arrowsic parce que c'était une petite ville et mon père lui, espérait toujours que j'accepte un jour de partir en ville. Seulement je ne voulais rien savoir. Je me pliais à toutes ces règles à condition que nous restions ici, du moins c'est ce que je me disais pour expliquer le pouvoir que mon père avait sur moi. Une fois dans la salle de bain, je me refis "une beauté", rien de bien extravagant, j'aimais rester simple, je ne voulais pas être superficielle comme tous ces gens que mon père avait invité. Et alors que j'hésitais à monter dans ma chambre pour fausser compagnie à ses invités, je m'étais dit que j'étais plus forte que tout ça et qu'étant donné que je m'amusais autant en profiter encore un peu d'autant que mon père serait heureux de voir que je faisais des efforts pour m'intégrer. Cependant en sortant tout ce qui avait pu me plaire dans la soirée fut... balayé. ELLE était là. Apparue de nul part. Revenue de je ne sais où. Et le sentiment que j'avais ressenti à ce moment, fut un sentiment que je n'avais ressenti dans ma vie que très rarement. On l'appelle la colère mais dans son extrême comme à ce moment, la fureur. Oui j'étais furieuse. Furieuse contre cette mère qui m'avait abandonnée quelques années plus tôt et qui revenait l'air de rien comme si elle ne m'avait jamais quitté. Comme si un sourire pouvait balayer toutes les souffrances que son départ avait occasionné. Et lorsqu'elle s'était approchée de moi me soufflant « Ma petite fille... » , ça avait été la goutte de trop.

« Que fais-tu ici ? Tu crois que tu peux revenir comme ça ? Décider de réapparaitre dans ma vie et encore me considérer comme ta petite fille ? Non je suis désolée... Mais non. Je ne veux pas. Je n'ai plus besoin de toi. C'était il y a sept ans que j'avais besoin de toi. Seulement tu as fais le choix de partir. De me laisser seule. De m'abandonner. Enfin tu qualifies cet acte comme tu l'entends mais saches que tu peux aller jouer à la maman avec quelqu'un d'autre car je ne suis plus une petite fille et encore moins la tienne. » J'avais alors quitté la maison, folle de rage tandis que je sentais à chaque pas que je faisais ma vision se troubler un peu plus par les larmes qui commençaient à m'échapper.

Ce n'était qu'un ou deux kilomètres plus loin, que j'avais finis par m'arrêter dans une petite rue de la ville. J'étais effondrée et seule. Mais le pire dans tout cela c'était que je ne savais pas quoi faire. Seulement ce signe, que certains appellent donc le destin et d'autres le hasard, étaient apparus, lui aussi de nul part. Rafaël.

J'étais assise par terre et n'avait sur le corps que cette robe que je regrettais d'avoir accepté de porter. D'autant qu'elle ne ressemblait plus à grand chose. Mais je m'en foutais, après tout pour qui devais-je être présentable ? Pour cette mère qui avait décidé de revenir plus de sept ans plus tard ? Non. Ce n'est que lorsque j'avais senti une présence et qu'en relevant la tête avait aperçu Rafaël face à moi à ma hauteur, que cela avait eu tout à coup beaucoup plus d'importance. Malgré tout n'ayant pas le cœur à m'attarder sur cette chose si futile qu'était l'apparence je ne lui avais même pas présenté mes excuses pour cette vilaine tenue. Dans un premier temps en fait, j'étais surtout resté muette. J'avais drôlement honte qu'il me voit ainsi mais j'avais surtout peur qu'il ne gâche la sympathie que j'avais à son égard en me posant des questions. Ce que tout garçon aurait normalement fait. Seulement ce soir-là, Rafaël m'a prouvé pour la seconde fois qu'il n'était pas un gars normal. Non il était bien plus que ça, à tel point d'ailleurs qu'il avait la décence de ne rien exiger, si ce n'est peut-être de passer le reste de la soirée en ma compagnie. Et pour cela, je lui étais plus que reconnaissante. Tant que je n'avais même pas rechigné et l'avais juste suivi après qu'il m'ait offert son épaule pour pleurer et son étreinte pour me consoler.

C'est ce jour-là que Rafaël a prit de l'importance dans ma vie et surtout une place toute particulière dans mon cœur. Bien sur que je n'étais pas ce genre de fille faciles qui enivrée par ce sentiment de paix et de sécurité se laissait aller au point de s'offrir à lui de quelque manière que ce soit. Non, Rafaël et moi allions à une toute autre allure. Au ralenti. Seulement je lui en étais reconnaissante, si bien que comme premier pas je lui avais soufflé mon prénom alors que nous marchions l'un contre l'autre dans les rues de Arrowsic. Ça n'avait peut-être en théorie l'air de rien, mais je savais que pour lui et moi c'était beaucoup plus qu'un prénom donné. C'était le début. Un début. De quoi ? Je n'en savais strictement rien et au fond je ne voulais à l'époque pas le savoir. Je voulais juste vivre. Prendre ce qui s'offrait à nous et ce que nous nous offrions mutuellement. Je n'y réfléchissais donc pas, ne voulant pas gâcher la magie de cette relation. Je la vivais juste, en toute innocence.

Bal de fin d'année, 2004 - Première danse, dernière chance.

Après cette fameuse soirée, Rafaël et moi nous étions considérablement rapprochés. A tel point que nous étions devenus meilleurs amis. J'avais un soucis, je le lui confiais, il avait un soucis, il me le confiait. Ajouté à ça une bonne dose de délires tous aussi puérils qu'essentiels pour nous. Et voilà sur quoi avait débouché ce début. Ce qui était étrange c'était que cette relation allait au-delà de mes espérances. Jamais un garçon n'avait été aussi attentif, fidèle et gentil que Raf' avec moi. Cependant il y avait quelque chose qui faussait le jeu. J'en étais folle amoureuse, et chaque soirée passée dans ma chambre à discuter et se taquiner, chaque journée shopping où il arrivait à ma plus grande surprise à supporter l'indécise que j'étais, en fait chaque moment passé à ses côtés me consumait un peu plus. Oui tous les moments passés en sa compagnie me consumait d'amour. Il n'en savait rien et au fond je ne savais pas si je désirais réellement qu'il le sache. J'avais peur. Peur de le perdre ou encore de lui forcer la main à m'aimer. Après tout Rafaël était un garçon franc, je me disais donc que s'il m'aimait il aurait dû me le dire. C'est pourquoi après qu'il m'ait invité au bal de fin d'année je lui ai laissé sans qu'il le sache jusqu'à cette soirée pour m'avouer ses sentiments. Après ça je m'étais promis à moi, à mon estime, à mon cœur mais surtout à notre amitié, de passer à autre chose.

Le soir du bal je m'étais donc mise sur mon trente et un. Alors qu'il ne se doutait de rien j'attendais en fait énormément de ce bal. J'aimais beaucoup ce genre de soirée et je trouvais que c'était le moment idéal pour que le rêve que j'avais bien fait au moins cent fois depuis que je le connaissais se réalise enfin. Seulement, bien que maintes fois l'éternelle rêveuse que j'étais avait cru que c'était le moment, il n'avait rien dit, rien fait. Certes il y avait ce perpétuel jeu de regards, mais j'avais l'habitude avec Rafaël. Depuis plusieurs mois déjà nous étions à ça : se regarder. [ De cette manière qui avait si bien entretenu mes espérances que ça faisait déjà presque deux ans que j'étais tombé dans ses filets. ] D'abord attirée, puis amoureuse. C'était un fléau pour moi. Si bien qu'en rentrant chez moi je m'étais assise sur mon lit et avait pleuré. Pendant des heures j'avais pleurer mon amour pour lui.

Bien entendu mes sentiments n'étaient pas partis. Mais chaque jour qui passait me donnait un peu plus la force de me détacher de lui. J'aurais aimé à l'époque pouvoir continuer à le fréquenter, à le voir sans souffrir de mon amour pour lui mais je savais qu'il était vain. La relation que lui et moi entretenions était un cercle vicieux, quelque chose qui me retenait prisonnière. Prisonnière d'un amour que je pensais vivre sans réciprocité. Seulement lorsque j'ai commencé à fréquenter Dean, bien que je savais me mentir à moi-même mais aussi à lui, il m'était tout de même plus aisé de passer du temps avec quelqu'un d'autre que Rafaël. Dean n'était peut-être pas celui que j'aimais mais il était pourtant celui que je pensais devoir aimer. Il était tout ce que on père désirait pour moi. Beau, intelligent, sympathique mais surtout... riche. Son père tenait une agence immobilière dans la ville à côté et sa mère une entreprise de lingerie féminine de luxe. Il avait tout pour me plaire pourtant...

21 mai 2005 - C'est lorsque l'on n'espère plus...

Pourtant une après-midi alors que j'étais entrain de venter les mérites de Dean auprès de Rafaël pour éviter d'avoir à parler ou à faire quelque chose qui raviverait ce que j'avais non sans peine enfouit au plus profond de moi d'un coup d'un seul, Rafaël m'avait presque ordonné de me taire. Je n'avais d'ailleurs pas compris et me demandait pourquoi il n'aimait plus m'écouter. Cependant lorsqu'il a levé les yeux vers moi et planté son regard dans le mien, un regard que j'avais pourtant redouté je l'avais laissé faire et l'avais écouté. Et j'avais bien fait car c'est à cet instant qu'il m'avait alors donné ce que j'attendais depuis bien longtemps. En effet Rafaël, mon meilleur ami, celui pour qui mon cœur battait la chamade et qui me donnait les papillons dans le ventre, m'avait alors lancé « Arrête de parler de lui, ça me rend dingue. J’en ai assez que tu me parles de toutes les qualités qu’il a ! Tu te rends même pas compte que je suis là, moi, juste près de toi, depuis tellement longtemps ! On dirait que t’en as rien à faire. ». Bien sur après il s'était apprêté à partir, à fuir et je le comprenais. Je savais au fond de moi que si j'avais été amoureuse de Dean, je n'aurais pas agis ainsi. Seulement je n'aimais pas Dean c'est pourquoi je n'avais pu faire autrement que de le retenit. Et alors qu'il s'était laissé faire, je lui avais donc donné ce que je brûlais d'envie de lui donner depuis bien longtemps : notre premier baiser.

« T’es tellement stupide ! » lui avais-je alors soufflé ensuite. Bien sur qu'il l'était. Comment avait-il pu ne jamais remarquer que seul lui comptait dans ma vie ? Je n'en savais strictement rien et encore aujourd'hui je me pose la question. Fidèle à lui-même il avait alors rétorqué « Oh je t’en prie, toi t’es pire ! » avant d'attraper à nouveau mes lèvres me donnant alors notre second baiser. Celui-ci fut suivi de près par un troisième, un quatrième, un cinquième, jusqu'à ce que finalement ni lui ni moi puissions continuer à les compter, bien trop sous l'emprise de la magie du moment. Puis, d'un coup il m'avait plaqué contre la porte de ma chambre et avait murmuré « J’ai envie de toi. » . D'abord surprise j'étais resté muette, lui laissant alors le temps de me présenter des excuses. Bien sur que tout cela allait trop vite. Cependant j'avais attendu et imaginé ce moment des milliers de fois. Et tous mes rêves étaient bien fades en comparaison à ce moment. C'est pourquoi, j'avais levé les yeux, les y avais déposé dans les siens et lui avais dis timidement « Dis-moi que ça se passera bien. ». Je n'avais besoin que de cela pour sauter le pas. Après tout j'avais attendu plus d'un an, presque deux d'ailleurs, ce moment. Je ne voyais aucune raison d'attendre plus longtemps. J'avais assez souffert de prendre mon temps avec Raf. Cette fois je voulais me laisser guider par mes envies, mes désirs et les siens aussi. Et me disant que s'il le désirait autant que je le désirais, il ne pouvait alors pas avoir meilleur moment, je l'avais rassuré lorsqu'il m'avait demandé si j'étais certaine. C'est donc quelques instants après avoir partagé notre premier baiser que je m'étais offerte à Rafaël. Et je ne l'ai jamais regretté, car ce fut l'un des plus merveilleux moments de mon existence.

Juillet 2005 - These violent delights have violent ends.

Voilà plus de cinq ans que j'étais avec Rafaël. Nous étions malgré nos disputes un couple très heureux. Je l'aimais, il m'aimait bien qu'il m'arrivait bien trop souvent de lui reprocher d'être trop peu expressif quant à ses sentiments. Seulement lui et moi étions encore jeunes et je savais que l'âge le ferait mûrir et le rendrait plus démonstratif. Ce que je ne savais pas c'était que je n'aurais pas l'occasion de le vivre. En effet se trouvait une ombre au tableau. Une ombre qui n'était ni lui, ni moi mais... Mon père. J'avais cru et espéré que le temps le ferait changer d'avis au sujet de Raf. Malheureusement mon père était un riche borné qui ne connaissait pas les vraies valeurs de la vie et encore moins celles de l'Amour. Tout ce qu'il aimait et tout ce qui l'intéressait c'était l'argent et sa réputation. Certes ce côté de lui que je détestais n'aurait pas dû avoir d'incidence sur moi cependant j'ai très vite déchanté m'apercevant alors qu'à mon plus grand malheur lorsqu'il s'agissait de sa réputation j'étais plus que concernée.

C'était le 26 juillet 2010 au matin. Je me préparais tandis que Rafaël devait venir me chercher d'ici quelques heures. J'écoutais en boucle cette chanson qui me poursuivait depuis tellement longtemps que je ne saurais même plus dire la première fois que je l'ai écouté. J'étais de très bonne humeur, comme chaque fois que je voyais mon cher et tendre d'ailleurs. Bref tout allait pour le mieux. Du moins jusqu'à ce que mon père ne frappe à la porte. Ne sachant pas qui c'était j'avais juste répondu « Entrez ! » et lorsque les silhouettes de mes parents s'étaient dessinées sur le pas de la porte de ma chambre j'avais alors levé les yeux. Certes ce n'était pas les meilleurs parents du monde mais j'avais beaucoup de respect pour eux. Puis même s'ils m'avaient autant l'un que l'autre énormément fait souffrir, je les aimais. Je ne les aimais pas pour leur personnalité, mais parce qu'ils étaient mes parents, ils m'avaient donné la vie. Je leur jetais un regard interrogatif me demandant bien pourquoi ils était là en "bloc". D'autant que ma mère semblait perplexe et inquiète. Mon père, lui, avait cet air heureux et fier qu'il avait lorsqu'il venait de boucler une affaire. Jusqu'alors il n'avait jamais eu cet air lorsqu'il s'agissait de moi, du moins pas que je m'en rappelais à l'époque. J'avais donc éteint la musique et leur avait lancé « Il y a un soucis ? » .

Mon père s'était approché de moi et tout en me souriant m'avait dit avec assurance « Non aucun. » Puis s'asseyant sur ma chaise de bureau il m'avait alors fait signe de m'assoir face à lui, sur le lit. J'avais lancé un regard à ma mère et elle avait hoché la tête. Je venais à peine de me réconcilier avec elle. Elle s'était battu bec et ongle pour que je lui pardonne son abandon je m'étais donc dit que je pouvais lui faire confiance. Une fois assise, elle m'avait d'ailleurs rejointe sur le lit posant sa main sur ma cuisse puis papa avait alors lancé à mon encontre « Caelin. Je sais que tu aimes Arrowsic, cependant nous déménageons. J'ai besoin... » Après ça je ne suivais plus. Je voulais essayer de l'écouter mais je n'entendais plus. J'avais l'impression que le monde s'écroulait. Que tout cela n'était qu'une mauvaise blague, un cauchemar... Et lorsqu'enfin j'avais émergé, que j'avais réalisé que non, que tout cela était bien réel je m'étais aperçu que maman me caressait la cuisse et que papa me regardait attendant certainement une réponse ou une réaction. Ne sachant ni quoi dire, ni quoi faire j'avais juste soufflé « Quand ? Et où ? » Je m'en foutais du pourquoi. Je me doutais bien que l'égoïste que mon père était, cela ne devait sans aucun doute me concerner. Ça devait être pour son travail. Seulement c'était tout le contraire et ce n'est qu'après que j'ai compris...

« En ville. Nous partons dans une heure. Tu n'as rien à faire les domestiques et les déménageurs s'occuperont de tout. » « Mais... Mais... Mes amis ? Et Rafaël ? Papa ! Tu ne... Tu n'as pas le droit de me faire ça. Comment je vais faire ? Qu'est ce que je vais bien pouvoir lui dire ? Quand le verrais-je ? Je ne peux pas rester ici ? » « Il y a plein de garçons à Portland. Des biens mieux que ton Rafaël. De toute manière nous vendons la maison et je veux que tu partes avec nous. Et bien sur que je peux te faire, je suis ton père. Je fais ça pour ton bien. » « Ne.. Ne me dis pas que nous partons pour que je ne vois plus Rafaël ? Maman dit quelque chose. » Bien sur elle n'avait rien dit et papa était juste parti en me lançant. « Prends le stricte minimum, on nous attend. Et n'essaie pas de partir Caelin, tu ne pourras pas. » J'étais choquée que mon père me retienne prisonnière, car oui c'était ce qu'il faisait. De plus j'étais effondrée... Cependant Papa avait parlé et jusqu'alors je n'avais jamais remis en doute ses décisions. Et même pas celle-là... Pourtant c'est la pire décision qu'il ait prise à mes dépends.

___________________________

Quelques heures plus tard -
underco -

DATE - citation

underco

Ici, tu nous racontes ta petite vie. Si tu veux la rendre plus passionnante, il t'est permis d'ajouter des gifs ou des bannières, ainsi que de la musique. N'oublie pas de créditer les œuvres des autres en revanche. Pour ce qui est du contenu, on est très libéral sur ce forum. Tu fais comme l'inspiration te vient : en anecdote, en texte suivi, tu peux même nous confier une petite séance chez le psychologue de ton personnage s'il suit une thérapie. Les journaux intimes sont à la mode, alors tu peux aussi nous en montrer des extraits. C'est comme tu veux. Tant que tu atteins les trente lignes, on sera très heureux de t'accueillir parmi nous.