ஐ Malgré l'amour que l'on porte à une personne - aussi fort soit-il - il n'est jamais simple de pardonner et de prononcer ces quelques mots : « Je ne t'en veux pas. » Mais parfois, il est préférable de le faire car cette simple phrase peut éviter des disputes inutiles et la perte d'un être cher. On a pas toujours envie de le faire que ce soit par fierté ou par simple envie de ne pas mentir, par peur des regrets qui pourraient suivre ce mensonge. La réponse à la question : « Dois-je lui pardonner ? » est oui. Cependant, cette solution n'apparaît que lorsqu'on est confronté à la personne, lorsque l'on croise son regard remplit de regrets et de larmes, cela vient naturellement. Il arrive, quelque fois, que l'on oublie l'éventualité d'avoir à pardonner un jour. Après tout, pourquoi se fatiguer à penser à ça si l'occasion ne se présente jamais ? Peter a pensé, a espéré pendant quelques années que Bliss reviendrait. Il a donc essayé de trouver la solution à son problème, si il devait lui pardonner et la seule réponse que son cerveau trouva fut simple : « Je t'aime mais, ce n'est pas suffisant pour te pardonner. » En effet, depuis le départ de la jeune femme, le garçon a du mal à réfléchir avec autre chose que son cerveau ce qui conduit forcément à un échec sentimental. Le Titanic, vous voyez ? Toutes les relations amoureuses du jeune homme ont eu fin tragique digne du naufrage du tristement célèbre paquebot. Parfois, même en faisant des efforts, on est incapable de réussir et ce n'était pas faute d'avoir essayé... Alcool, cigarettes, rien ne l'avait fait oublié la jolie blonde qui, il y a encore quelques années, était sa meilleure-amie. Maintenant, elle n'était plus rien qu'un lointain souvenir qu'il tentait de chasser. Le blond a un caractère très fort ce qui l'avait longtemps empêché de sombrer, ce qui l'avait aidé à survivre mais il commençait à fatiguer. Alors, comme tous les soirs, pour oublier les nombreux problèmes que le départ de celle qu'il aimait avait causé, il s'assit à une table, dans son bar.

A quoi bon changer une équipe qui gagne ? Voilà quatre années qu'il était propriétaire de ce bar et depuis, il venait ici tous les soirs, s’asseyait à cette place précise, commandait une bière ou un whisky - cela dépendait de son humeur - et buvait jusqu'à ce qu'il ne soit plus en état de se mouvoir. Le départ de Bliss avait été un vrai déchirement, pire qu'une trahison. N'importe quelle personne qui fréquente le jeune homme a déjà entendu parler de la jolie blonde aux yeux verts. Malgré la haine que Peter éprouve à l'égard de la jeune femme, il ne peut s'empêcher de faire des éloges sur elle comme si c'était une déesse et lui un misérable humain à son service. Il le regrettait souvent et pourtant, a ne l'empêchait pas de recommencer dès que l'occasion se présentait. Qu'est-ce que je fous ici à me lamenter... Cette pensée revenait chaque soir mais, il lui était impossible de faire comme si tout allait bien. Il était malheureux, à quoi bon le cacher ? C'était idiot. Le jeune homme saisit sa bière et porta le goulot à ses lèvres, buvant quelques gorgées. Il soupira et posa la bouteille sur la table, devant lui. Tout le monde savait qu'il était interdit ou très fortement déconseillé de s'assoir à la même table que lui lorsqu'il était dans cet état de profond désespoir. Il regarda autour de lui, jetant un coup d’œil au bar. Des hommes étaient agglutinaient autour de celui-ci, espérant avoir le numéro de la jolie barmaid. Ils étaient aussi idiot que l'état le blondinet. Il balaya la salle du regard, pas une seule nouvelle tête. Tout le monde se connaît dans cette ville, si jamais une nouvelle personne arrive, tout le monde est au courant dans les minutes qui suivent son arrivée. Le garçon se leva et s'approcha du bar mais quelque chose le retint ou plutôt quelqu'un.

Arrowsic. Charmant petit village paumé dans le Maine. Entre le mer et les plaines. Je n'aurais jamais crus qu'un jour je puisse habiter dans un tel endroit. Un si petit village. Si peu d'habitant que tout le monde se connait. Je ne suis pas encore encore habituée. Je viens de Londres, ou Liverpool, deux villes qui n'ont pas les même coutumes et surtout deux villes cent fois plus grandes. D'ailleurs Londres me manque déjà, mais je suppose que cela passera avec le temps. Je ne suis pas prête à retourner en Angleterre. Ce pays qui m'a fait naître m'a aussi donné un vie misérable. Un père absent, un mère alcoolique voir toxico, et un fiancé infidèle. Comme quoi, peut-être que je suis destinée à vivre avec ma soeur dans ce patelin. Pour le moment j'aime assez le climat, il ressemble assez à celui d'avant. Il ne me change pas. Je suis un peu perdue avec le changement d'horaires mais je suppose que cela s'arrangera.

D'ailleurs aujourd'hui je me suis levée à 14 heures. Pour m'être couché aussi à 3heures du matin. Oui je n'arrive pas encore à trouver le sommeil. Mais cela va arriver. En tout cas je suis ravie d'avoir retrouver ma soeur, depuis 5 ans loin d'être.. c'était bien trop long, surtout qu'on s'adore alors je ne vois pas pourquoi on se devait de vivre si loin. Je vis d'ailleurs chez elle pour le moment. Et on a décidé de faire de la colocation, donc pour que je lui puisse également payer le loyer il me faut un travail. A la base je suis une jeune institutrice en primaire et je pense qu'un compté comme ici a bien besoin d'un enseignante en plus. Qui aurait envie de travailler ici en même temps ? Arrowsic est surement la ville la moins connue du monde alors pour venir y emménager c'est soit comme moi qu'on retrouve quelqu'un, soit qu'on y a toujours vécu. C'est tout à fait possible.

Je prend la voiture de Polly avec son autorisation. Je me rend à l'école primaire pour déposer mon CV en espérant être retenue car effectivement il leur manque une enseignante. Quelle chance j'ai. Je repars et je passe par le bord de mer pour profiter de la vie. Dommage que le temps ne soit pas au beau fixe. Je soupire et j'accélère pour arriver dans le bourg. Je m'arrête au bar. Je n'ai pas encore d'ami et peut-être que je peux m'en faire. Je ne sais pas si c'est possible, est ce qu'ici on aime les anglaises? Je ne sais pas. En tout cas je ne vais pas passer inaperçue vu mon accent. Je n'ai pas eu le temps de le faire disparaître en trois jours.

J'entre dans la pièce. Je vais faire le bar en saluant la personne qui est derrière. Je commande une bière. Je sais que pour une fille ce n'est pas très raffiner mais depuis que je suis ado j'en bois. Mon meilleur ami m'avait initié. Je me tourne vers les tables. Et sur l'une d'elle un homme blond. Je fronce les sourcils. Je ne le vois que de dos mais j'ai sérieusement l'impression de connaître cette personne. Je prend mon grand verre et je fais mine d'aller à une table un peu plus loin pour voir son visage. Et quel visage !

- Peter !

Je crois avoir un arrêt cardiaque. Mais qu'est ce qu'il fait là ?

- Mais.. mais.. tu .. comment tu as atterri là ? Mais..

Je me revois. Là dans une grande plaine à la banlieue de Londres, l'endroit ou l'on jouait toujours lorsque nous étions gosse. Je cours, les bras grands ouverts et l'air me fouette le visage. Nous sommes au printemps et il fait super beau pour une fois. L'herbe est plutôt haute. Il y a des pissenlits et des marguerites. Plein. Des pâquerettes aussi. Mes longs cheveux blonds couvrent mon insouciance. Je cris. Je n'ai que 12 ans même pas. Et je profite de la vie comme jamais j'ai pu en profiter. C'est l'un des rares moments où je ne suis pas avec ma soeur. Polly. Où ma mère est loin avec sa bouteille d'alcool. Où je ne pense pas à mon père qui n'est jamais là. La seule personne qui est là, c'est.. disons Peter. Mon meilleur ami. Depuis toujours d'ailleurs. Il est devant moi et il a les bras grands ouverts lui aussi. Je me jette sur lui jusqu'à le faire tomber dans l'herbe haute. Là on en nous voit plus. On roule, et on est mort de rire. Peter est blond, un regard azur et un gueule d'ange comme on dit. Un mec génial. C'est pour ça qu'il était mon meilleur ami je crois. Il a toujours été là pour moi. Tout marchait si bien à cette époque. Je me demande pourquoi les choses ont tant changé. Je sais que c'est de ma faute. Je ne sais pas pourquoi je suis partie sans le lui dire, sans lui dire en revoir. Je le sais un peu enfaîte, mais ce n'est absolument pas une raison valable. Il ne méritait pas cela. Et je m'en veux terriblement de l'avoir blesser. Car je sais très bien au fond de moi que perdre son ou sa meilleur(e) ami(e) c'est terrible. Et à cause de moi Peter a vu ça se produire.

Maintenant la réalité me rattrape. Je n'avais pas pour but de lui faire du mal. Je ne sais pas pourquoi je n'ai plus donné signe de vie. J'avais un compagnon jaloux. Je ne voulais surement pas prendre le risque de le perdre avec un meilleur ami. J'étais bien trop proche de lui. Marc n'aurait jamais apprécié. Et il m'aurait largué. Cela aurait peut-être mieux valut finalement. Je suis de retour à la case départ mais je ne suis pas passée mais la prison, nous ne sommes pas dans un jeu là. C'est la véritable vie. Et là il est devant moi. Il est là. Arrowsic, cette ville qui compte 400 habitants à tout casser. Il est là. Bon sang, il est là. Je ne comprend pas. Il y avait une chance sur 100000000000000 et encore je vise petit pour qu'il vise dans la même ville que ma soeur. Ce patelin là..quoi.. pourquoi il est là ? Il me faut comprendre. Je veux comprendre. Car là, je suis dans une totalement incompréhension !

Mais alors que j'essaie de parler.. ce qui sur le coup fut difficile à la fois à cause du choc mais aussi parce que je viens peut-être de comprendre la plus grosse erreur de toute ma vie. S'il est venu là.. c'est surement qu'il savait que ma soeur y était, et il espérait surement me trouver.. mais pourquoi ? Si ce n'est parce qu'il m'aimait ? Et moi je n'étais qu'à Liverpool dans les bras d'un gros connard. Mon coeur se fend lorsque je comprend. Je suis trop stupide.. Le cliché des blonde est-il si juste ? J'ai l'impression que oui à ce moment donné. J'essaie de continuer à parler, mais il me devance. Il me regarde, un regard aussi sur que le béton armé, et aussi glacé que la glace elle-même. Je déglutis. Je me sens super mal à l'aise. J'en tremble. Ok, je crois qu'il m'en veux, et encore le mot à l'air faible. Je retiens les larmes qui déboulent dans mes yeux sans que je m'y attende. Alors il me demande de sortir. Sur un ton pire que froid. Un ordre même. Il m'ordonne de sortir. Mais je fais encore ce que je veux.. je ne suis pas chez lui. Il se répète et rajoute que je ne dois plus jamais revenir. Ces mots là sont durs à encaisser. Un larme coule alors que je m'efforçais de la retenir. Merde. Alors je suis immobile depuis tout à l'heure lui se lève et se dirige vers la porte. Il sort. Mes jambes ne me tiennent plus et je m'affale sur la chaise juste derrière renversant un peu de bière sur ma main. D'ailleurs je constate que j'ai de quoi boire. Parce que là, j'ai la bouche sèche comme le Sahara. Je bois d'une traite le verre et je le claque sur la table comme pour me donner du courage. J'ai conscience que tout le bar me regarde. Je suis la petite anglaise fraichement arrivée. Alors forcément déjà je ne passe pas inaperçue et en plus j'ai brisé le coeur à un habitant. Forcément je ne vais pas être bien vu.

Je me lève alors en prenant mon courage à deux mains. Je sors de mon sac mon paquet de cigarettes. Il parait que le tabac ça déstresse, je pense que ça nous tue à petite dose c'est tout mais tant pis. Il n'est pas loin et je le rattrape en courant. J'ai toujours couru vite. En même temps je faisais des courses avec lui, un garçon.. alors j'ai dû apprendre pour le battre des fois.

- Peter attend ! s'il te plait attend ! faut qu'on parle.

Je fume mais j'arrive à être une fille assez sportive. Comme quoi on peut conjuguer les deux. Je le rattrape vite et je lui bloque le passage en me mettant face à lui pour lui faire face. Les yeux dans les yeux.