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 Quid pro quo - Mattia

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MessageSujet: Quid pro quo - Mattia   Quid pro quo - Mattia EmptyJeu 1 Mar - 21:48

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« Quid pro quo. I tell you things, you tell me things. Not about this case, though. About yourself. Quid pro quo. Yes or no? »

Si on demandait à Elizabeth pourquoi elle avait choisi des études de médecine, elle dirait sans doute, par curiosité, pour la beauté du corps, pour la fascination de l'humain. Certes, il y avait derrière l'envie d'être en contact avec des gens différents à chaque fois plutôt que de rester cloîtré dans un laboratoire à côtoyer échantillon d'urine et de sang, et éventuellement la bonté de l'âme qui fait que certaines personne désirent aider les autres plus que tout. Il y avait sans doute de ça, un peu d'influence fraternelle, et là voilà embarquée dans des années et des années d'études. Et elle s'y accrochait plutôt bien en dépit de tout ce qui lui tombait dessus, parce que d'une façon ou d'une autre, lorsqu'elle mettait les pieds à l'hôpital, elle n'était plus Elizabeth avec tous ses malheureux soucis, elle était surtout celle qui apprenait à régler ceux des autres. De quoi occuper sa journée, et tenter de relativiser – vainement. L'hôpital entier devait savoir qui les Calaan étaient, il ne manquait plus que les patients dont la mémoire n'était pas encore défaillante, faisant une remarque qui se voulait charmante et chaleureuse, mais qui se révélait plutôt incisive. Hasard, malchance, ce que vous voudrez, cela allait arriver.

Et il s'annonçait sous l'image d'un jeune homme blond, cheveux peu coiffés, l'air impatient qui collait aux visages de toutes les personnes attendant la venue du médecin, bref, un patient ordinaire qui n'attendait qu'une vulgaire prescription, de quoi retourner chez lui le plus vite possible. C'était vrai, les hôpitaux n'étaient certainement pas les lieux les plus rassurants – beaucoup de naissances, mais aussi beaucoup de morts. L'odeur était singulière, propre à chaque bâtiment, mais avec quelques notes toujours similaires. « Mattia Jarvis, s'il-vous-plait. » dit-elle, une feuille en main, avec tous les renseignements administratifs nécessaires à l'hôpital et inutiles pour elle, la radio précédemment passée. Entorse bénigne, il était là il y avait deux semaines, bref, le genre de patient à qui on sourit gentiment, qu'on rassure à l'aide de quelques mots plein de tendresse, et qu'on renvoie à la maison. Cela vous fera vingt-six dollars s'il vous plaît, merci, bonne journée. Le genre qu'on confie à un étudiant sans la moindre crainte. « Donc c'est pour votre poignet ? Faites-moi voir. » Ses doigts se glissèrent sur son poignet, quelques appuis, silence radio, et elle conclut : « C'était une entorse légère, et en deux semaines vous avez eu le temps de reposer votre poignet, donc tout va bien. Vous faites du sport ? » Après tout, il n'était pas la dégaine de l'adolescent hypocondriaque, qui venait là consulter en urgence dès lorsqu'il voyait un poil de bras se hérisser. C'était peut-être une part de curiosité, certes, mais il y avait aussi tout une démarche médicale derrière, oui, oui. « Ah oui, du tennis. Ça vous arrive souvent de vous blesser, ou c'était la première fois ? Si une blessure de ce genre n'est pas bien traitée et soignée, à force de serrer la raquette et frapper une balle à répétition, ça peut devenir dangereux. Je veux dire, la blessure peut devenir chronique et ça serait handicapant. » Léger sourire aimable – il faut toujours savoir adapter les mimiques de son visage à la situation présente en étant médecin. Ne jamais pleurer en annonçant un cancer trop développé pour être soigné, mais ne jamais sourire non plus. Savoir afficher un visage assez neutre, sans pour autant être froid. Tout un art, un équilibre entre la courbure des lèvres et l'angle d'ouverture des paupières. Respiration assez calme, voix claire. Dans ce cas là, il valait mieux afficher un sourire amical et aimable, duquel serait sans doute suivi quelques formules de politesse avant d'ouvrir la porte au patient, qu'on salue par la suite.

Salle B, murs de couleur crème, comme toutes les autres salles de ce même couloir. Salles interchangeables, sans personnalité, sans souvenirs médiocres qui vous rappellent que vous avez une vie au delà de ces gens qui viennent vous raconter la leur. Parfait, pas d'éléments perturbateurs. Seuls le médecin et le patient changeaient : lorsque vous êtes le médecin, il ne reste plus qu'une option. Que fait-on lorsque le patient s'avère être l'élément perturbateur, et qu'une simple foulure se révèle être bien plus que ça ?
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MessageSujet: Re: Quid pro quo - Mattia   Quid pro quo - Mattia EmptySam 3 Mar - 16:22

L'hôpital, Mattia allait finir par le connaître par coeur. Il pourrait y aller à l'aveugle, les yeux fermés, rien qu'en comptant le nombre de pas qu'il faisait. Dix pas, on est devant le bureau d'acceuil. A droite, quinze pas. Puis on entre par une porte, sur notre gauche; on fait cinq pas, et on arrive dans la salle d'attente. Puis on vous appelle, et on vous traine dans la salle de radio, pour finalement refaire une vingtaine de pas et atterrir dans la même salle d'attente.
A force de venir y faire des contrôles, ou à force de venir demander un avis médical, l'hôpital était presque une deuxième maison. La secrétaire, il la connaissait depuis qu'il était gosse. Les infirmières aussi. Seuls les médecins et ces fichus internes changeaient sans cesse. L'avant-dernière fois, il avait eu le droit à une brune, cheveux jusqu'aux épaules, qui lui avait interdit de continuer son sport. A la vieille d'une finale capitale à ses yeux. Et le pire, c'est qu'elle était à deux doigts de lui faire passer d'autres examens car 'se blesser aussi souvent n'était pas normal'. Il s'en souvenait encore, près d'un mois plus tard, mais ce jour-là, il avait pesté, râlé contre elle, juré. Bref, il avait joué le rôle du parfait ado égocentrique.

Ses mains tenant un magasine automobile, Mattia releva vivement la tête quand il entendit un « Mattia Jarvis, s'il-vous-plait. ». Tête relevée, il l'aperçut; une interne, brune, cheveux longs, feuille en main contenant sans doute toutes les informations nécessaires à son dossier. Il la suivit -quelques pas-, et pénétra dans une salle où il était déjà venu, deux semaines auparavant. « Donc c'est pour votre poignet ? Faites-moi voir. » Les fesses posées sur la table, Mattia tendit alors son bras. Il n'eut pas le temps de dire quoique ce soit, qu'après quelques secondes d'un silence, elle ajouta. « C'était une entorse légère, et en deux semaines vous avez eu le temps de reposer votre poignet, donc tout va bien. Vous faites du sport ? » Ouais, il devinait que la petite dame se demandait pourquoi lui, ce beau jeune homme, venait à l'hôpital pour vérifier que tout allait bien. Aller chez le médecin suffisait. En temps normal, oui. Pas quand on est sportif. Ted, son coach, voulait absolument qu'il passe un examen de contrôle pour déterminer si oui, ou non, il n'y avait vraiment rien. « oui ». « Ah oui, du tennis. Ça vous arrive souvent de vous blesser, ou c'était la première fois ? Si une blessure de ce genre n'est pas bien traitée et soignée, à force de serrer la raquette et frapper une balle à répétition, ça peut devenir dangereux. Je veux dire, la blessure peut devenir chronique et ça serait handicapant. » Elle lui accorda alors un léger sourire. Lui aussi. Même si sourire n'était pas justifié. La question qu'elle posait lui posait problème. Comme d'habitude. Il aimerait pouvoir lui dire que c'était la première fois qu'il se blessait. Mais un coup d'oeil dans son dossier le ferait passer pour un menteur, et avec la chance qu'il aurait, elle demanderait une consultation avec le psychiatre de la ville. Ce Calaan. Et dire la vérité, lui posait aussi problème. Le savoir si souvent blessé commençait à inquiéter les médecins. Ils posaient des questions énervantes, ou alors, voulaient chercher une cause à ces blessures.

Il regarda l'interne, et avec un petit sourire se décida. « Non, je me suis déjà fait une petite entorse à la cheville, il y a un mois. » Il se tut durant quelques secondes, et ajouta, l'air d'ayant réfléchit. «  Ou un peu plus d'un mois peut-être. » Il ne se souvenait plus vraiment, tellement il avait l'impression de laisser défiler le temps. Puis, il ajouta alors, encore avec un petit sourire pour alléger la situation. « Et je suis venu aussi quelques petites fois pour des choses mineures... ».Il laissa planer le doute pendant quelques temps, avant d'ajouter « Après des bagarrres. ».

En disant cette dernière phrase, il avait cessé de regarder son poignet, et quand sa tête se relevait vers l'interne, il avait aperçut le badge. Badge qu'elle portait sur sa blouse. Elizabeth Calaan. Plus sa fonction, mais Mattia ne la retint pas, tellement il resta stoïque devant ce nom de famille-là. Les yeux toujours rivés sur ce badge - et non sur sa poitrine -, il demanda alors « Vous êtes Elizabeth Calaan? Ou vous avez piqué la blouse de quelqu'un d'autre? »

Le doute pouvait être permis. Peut-être avait-elle piqué la blouse à un autre interne -ou médecin. Peut-être qu'elle n'avait rien à voir avec le Calaan que lui connaissait. Ou peut-être que si. Mais si c'était le cas, il devait avoir la poisse; il attirait tout les Calaan de la terre.
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MessageSujet: Re: Quid pro quo - Mattia   Quid pro quo - Mattia EmptySam 3 Mar - 17:48

Ribambelle de consultations qu'il lui avouait une à une, cheville, quelques visites par-ci par là pour des broutilles disait-il, des bagarres. Elle le laissait parler, se demandant s'il avait encore autre chose à ajouter à chaque fois, des précisions peut être. Lorsqu'il lui sembla avoir terminé, elle acquiesça, avec le même léger sourire flottant sur ses lèvres. Ce n'était pas moqueur, ni spécialement drôle comme situation certes, mais il lui semblait être comme un enfant qui avoue une à une ses bêtises, tentant de les minimiser au possible afin d'éviter, ou de réduire la sanction éventuelle. « Ça fait beaucoup, en si peu de temps. Vous n'avez plus de douleurs à la cheville ? » Le sport avait l'air d'occuper une grande place dans sa vie ; il semblait être de ces sportifs acharnés qui refusent le repos même en ayant blessés, tellement ils sont persuadés de leur capacité de résistance, et aussi parce qu'ils ne supportent pas l'idée de rester assis alors que l'entraînement les attend. Eli n'avait jamais été une grande sportive – plutôt du genre à se noyer dans un mètre d'eau – mais elle imaginait bien ce sentiment insupportable d'être mis sur le côté alors qu'on est convaincu de pouvoir réaliser la chose. Car au final, une entorse toute légère ne faisait plus vraiment mal au bout de quelques jours, alors pourquoi rester assis comme un idiot ? « Faites attention quand même, les blessures à la cheville sont assez récurrentes, reposez-vous lorsque vous vous faites mal, et ne forcez pas dessus. »

Le regard perturbé du jeune homme intrigua Elizabeth. Elle baissa la tête, se demandant s'il y avait quelque chose de particulier sur sa blouse ou sur le t-shirt qu'elle portait en dessous, et n'y voyait rien d'extraordinaire, tout était propre, il n'y avait pas de tâche dégoulinante, son badge affichait bien son nom et sa fonction, ses collègues ne s'étant pas permis une blague de mauvais goût... L'idée qu'il regarde sa poitrine ne lui effleura même pas l'esprit, on avait passé l'époque où un petit bout de mollet était considéré comme de l'érotisme ; puis de toute façon, il avait plus l'air étonné que obnubilé par ses formes qu'on ne voyait finalement pas du tout. Sa question vint l'éclairer, c'était donc son nom qui avait attiré son attention ? Elle fronça les sourcils, un peu perplexe, tentant de trouver le pourquoi du comment, et essayant de se demander si elle n'était pas l'objet de rumeurs douteuses. Non, elle ne voyait pas, et ce Mattia Jarvis lui était totalement inconnu. Il avait à peine dix-huit-ans, elle ne voyait pas où elle aurait pu le rencontrer ; et n'était définitivement pas une grande adepte du tennis donc aucun chance de s'être rencontré en faisant du sport. Elle fouillait dans sa mémoire, mais rien ne semblait expliquer sa question. Elle n'était pas non plus une grande célébrité ou un médecin de renommée – elle n'était même pas médecin, sa famille n'avait jamais vécu à Arrowsic... Néant total. « Pourquoi ? » finit-elle par lui demander, presque inquiète, mais surtout intriguée. Puis comme un flash, elle se rappela que son frère travaillait ici – enfin, se rappeler, comme si elle l'avait oublié. Bon, peut-être que les sportifs doivent aussi passer des test psychologiques... Mais dans tous les cas, elle ne voyait pas ce qu'elle avait à faire là dedans. Ils avaient assez honte tous les deux de leur situation actuelle, alors ni lui ni elle ne criait sur les toits qu'un autre Calaan était dans l'hôpital, qu'ils étaient liés, qu'ils s'aimaient, mari et femme, regardez-les, regardez-les ! Elle lui aurait sans doute affirmait qu'elle était Elizabeth Calaan sans se poser de question s'ils n'étaient pas dans une telle situation, mais là chaque mot qu'elle prononçait pouvait avoir des conséquences. Elle voulait tout anticiper, tout contrôler, bien que souvent tout lui échappait. « J'essaie de savoir ce qu'on lui veut à cette Calaan, je ne voudrais pas m'attirer des ennuis inutilement, vous voyez. » rajouta-t-elle. Elle ne voulait pas passer pour une fille affolée à la moindre question, et encore moins attirer le doute sur ce qu'elle avait de plus sombre. Autant jouer la carte de la sympathie.
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MessageSujet: Re: Quid pro quo - Mattia   Quid pro quo - Mattia EmptyDim 4 Mar - 14:32

Les médecins sont des gens très curieux. Vous venez pour vérifier que tout va pour bien pour un de vos organes, et on vous demande tout votre historique médical. Pas par curiosité, certes. Mais ça en avait tout l'air à chaque fois. Et vous, quand vous détestez les gens curieux, ou simplement quand vous détestez qu'on vous pose autant de questions pour si peu, vous vous sentez gêné. C'était le cas de Mattia. Parler de toutes ces blessures le mettait mal à l'aise. Et elle, elle le laissait dire un sourire aux lèvres. Tant mieux. Souvent, les gens ne souriaient pas quand il racontait ça. Ils s'inquiétaient, et voulaient lui faire passer d'autres tests. Elle, au moins, réussissait à rater un autre diagnostic; pour le bien -ou le mal- de Mattia. « Ça fait beaucoup, en si peu de temps. Vous n'avez plus de douleurs à la cheville ? » Ouais, bon.. Son sourire était contradictoire à ses paroles. Oui, ça faisait beaucoup, mais le sport explique pas mal de choses, non? Il lui fit un petit sourire et répondit alors « Non, plus du tout. » Sa cheville allait à merveille. Tout comme son poignet. « Faites attention quand même, les blessures à la cheville sont assez récurrentes, reposez-vous lorsque vous vous faites mal, et ne forcez pas dessus. » Il acquiessa et ajouta alors un « Ok »

Et c'est là qu'il le vit, ce badge. Ce badge qui l'obnubilait. Alors, il ouvrit la bouche, posant cette question qui fit froncer les sourcils de la jeune femme. Il l'aperçut réfléchir, chercher pourquoi il demandait ça. Et lui, trop intrigué, n'ouvrit plus la bouche. Il préférait attendre, et voir ce que la jeune femme allait lui dire. « Pourquoi ? » finit-elle par le lui demander. Lui, il n'ajouta rien, la laissant réfléchir encore un peu. Mais apparemment, elle n'avait aucun lien avec l'autre Calaan. L'autre, c'était le psychiatre. Celui-ci qui passait son temps à écouter les gens, quand ceux-ci voulaient bien parler. Ce qui n'était évidemment pas son cas.. « J'essaie de savoir ce qu'on lui veut à cette Calaan, je ne voudrais pas m'attirer des ennuis inutilement, vous voyez. » ajouta-t-elle alors, sympathiquement.

Mattia sourit. Ainsi donc, son nom de famille n'était pas faux. Ainsi donc, elle avait peut-être un lien avec lui, autre que collègue du même hôpital. Ainsi donc, peut-être n'avait-elle rien à voir avec. Ce « cette Calaan » voulait tout dire, et ne voulait rien dire. Lui laissant planer le doute complet.
Alors, tout en descendant la manche de son pull, afin de couvrir son poignet qu'elle avait examiné quelques secondes auparavant, et qui, apparemment, n'avait plus rien, il ouvrit la bouche. « Ah, je ne vous veux rien du tout! Je me demandais juste si vous aviez un lien avec Calaan..heu... » Il s'interrompit une seconde, essayant de se rappeler le prénom de cet homme. Comme son prénom ne lui revenait pas en tête -il revoyait juste sa tête, son bureau, mais était incapable de se souvenir immédiatement de ce prénom-, il continua alors « Vous savez, il est psychiatre ici. Je dois y aller, parce que je joue au tennis justement – là, il mentait clairement, mais qu'importe – Il passe son temps à essayer de faire parler ces patients.. » Il repensa à la dernière fois où il avait été le voir, contraint et forcé. « Et il s'énerve pour un rien; juste parce qu'on ne dit rien. ». Il eut un léger, tout léger petit rire. « Je me demande comment il est devenu psy.. » Puis, là, il s'arrêta un instant, guettant la réaction de la jeune femme, pour savoir si oui, ou non, ils se connaissaient, avant de continuer. « Je me demandais si vous étiez de la même famille; mari-femme, ou frère-soeur avec lui. » Se souvenant alors de son prénom, il reprit, avec un sourire. « Ca y est, j'ai retrouvé son prénom; Ethan Calaan qu'il s'appelle.. Mais ouais, je suppose que vous n'avez aucun lien avec.. »
Parce qu'avec toutes les impressions qu'il venait d'avoir pour la jeune femme, il se rendit compte qu'ils n'avaient rien en commun. L'un souriait, l'autre pas. L'un restait calme, l'autre pas. Ils n'avaient sans doute que leur nom de famille en commun; nom de famille pas si commun que ça d'ailleurs...
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MessageSujet: Re: Quid pro quo - Mattia   Quid pro quo - Mattia EmptyJeu 8 Mar - 23:01

Sans grande surprise, Mattia faisait le lien avec l'autre Calaan... Ah, oui, son prénom lui échappait, mais ce n'était pas grave, il n'y avait pas trente-six Calaan dans cet hôpital, et il n'y avait aucun doute possible pour que l'autre ne soit pas Ethan. Les informations sur sa profession était inutile. Oui, elle savait, elle savait très bien, elle pouvait même te dire le parcours qu'il avait fait pour arriver dans son petit cabinet à l'étage supérieur, si ça t'intéresse. Quelques reproches balancés mine de rien ; alors Ethan n'était pas si patient que ça, finalement ? Il avait enfilé sa veste pour travailler en oublier d'enlever toute son armure, orgueil, impatience et agressivité y compris ? « Il a sans doute dû soudoyer ses profs. » Un léger sourire s'étira sur ses lèvres, amusée. Elle se permettait une pointe d'ironie avec le jeune homme, lui semblant avoir assez de jugeote pour faire la différence entre le vrai du faux. Elle ne se doutait pas une seconde qu'elle avait répété mot pour mot avec le même ton ce qu'Ethan avait pu lui dire avant ; c'était sans doute de famille ça. Continuant dans sa lancée, elle ajouta : « J'ai entendu du bien de ce psychiatre pourtant ; pas du genre à hurler sur ses patients ni à s'énerver. Ouais, j'ai eu de bons échos à son sujet ; il s'est énervé avec vous ? Qu'est-ce que vous avez refusé de lui dire, Mattia ? » Elle espérait qu'il comprenne que ce n'était rien de bien sérieux, qu'elle ne faisait pas l'éloge du beau psychiatre – elle s'en moquait plutôt. Surtout qu'elle devra sans doute lui dire qu'ils sont d'une façon ou d'une autre liés, et qu'elle ne voulait pas être celle qui jette des fleurs aveuglément. Il était peut-être muet comme une carpe avec l'homme qui était payé pour l'écouter parler, là, il se révélait presque bavard. Certes, ce n'était pas un moulin à parles qui vous balance un flot de mots immense, mais il se débrouillait plutôt bien, et ce, sans qu'Elizabeth n'eut à hausser sa voix. Peut-être qu'elle dégageait une aura spectaculaire qui mettait ses patients en confiance et qu'ils parlaient, et parlaient sans qu'elle n'aie à lever le petit doigt. Ouais, c'était peut-être ça, il fallait peut-être envisager la psychiatre en spécialité, elle y excellerait peut-être.

Puis vint enfin la question tant redoutée, mais inévitable. Mari-femme, frère-soeur. Il avait tout résumé en quatre mots, et elle perdit son sourire au même moment. Disons que c'était un peu les deux, mais ce n'était sans doute pas la réponse attendue. C'était soit l'un soit l'autre, personne ne s'attend à ce qu'on choisisse les deux à la fois, du moins personne ne s'attend à ce qu'une personne équilibrée choisisse les deux à la fois. Fraction de seconde où elle avait perdu son calme, se mordant l'intérieur de la joue pour tenter de retrouver sa neutralité, ou en tout cas un semblant de sourire qui vous induit en erreur. « Ca y est, j'ai retrouvé son prénom; Ethan Calaan qu'il s'appelle.. Mais ouais, je suppose que vous n'avez aucun lien avec. » Elle aurait tant aimé, tant donné pour ça. Elle baissa légèrement les yeux, s'humecta les lèvres et avala sa salive, ravalant par la même occasion tant bien que mal le lot de regrets impurs qui s'était montré. « Qu'est-ce qui vous fait dire ça ? Après tout, il s'appelle Calaan, je m'appelle Calaan. » Elle allait sans doute répondre à ses questions une par une, avec un décalage à chaque fois. Répondre à la question précédente alors qu'il en pose une nouvelle ; et éventuellement lui en renvoyer une. « Donc tu y vas car tu fais du tennis ? Je savais pas que les sportifs devaient suivre un traitement psychologique régulier. C'est pour quoi, exactement ? » Sourcil légèrement arqué, elle ne savait pas réellement si elle poursuivait la conversation par curiosité, par intérêt quelconque, ou pour grappiller quelques vaines informations sur son frère. Ils étaient incapables de communiquer entre eux sans ressasser inlassablement ce qui les rongeait. Enfin, sans ce qu'elle ressasse constamment ce qui les rongeait. Désormais, il n'y avait plus de longs monologues pour se raconter sa journée, plus d'anecdotes à se partager, de nouvelles surprenantes qui ne pouvaient pas attendre, plus rien. C'était des piques assassines, des hurlements à vous briser le coeur, ou des silences étouffants qui en disaient plus que n'importe quels mots. Inapte à trouver le juste milieu de la balance, penchant tantôt d'une extrémité à l'autre. C'était sans doute ça, l'envie de s'immiscer dans son quotidien, savoir ce qu'il fait de ses journées. Voir qu'il existait un monde au-delà de leur bulle incestueuse dans laquelle ils s'enfermaient avec un plaisir malsain. Nid douillet qu'on ne semblait pas vouloir quitter. Comme un oiseau frêle et minuscule qui panique à l'idée de faire battre ses ailes pour la première fois, rebuté par le vide qui se trouve sous ses pieds, et qui préfère mourir là où il est né. Et lorsqu'une occasion, aussi infime soit-elle, aussi ridicule soit-elle se présentait, elle la saisissait. Certes, ce n'était pas si intéressant que ça de savoir la vie de ses patients, surtout que le secret médical était là pour que ces histoires restent confidentielles et ne se transforment pas en ragot du jour ; puis de toute façon, elle n'en avait d'ailleurs que faire pour être honnête – on n'est pas dans une série américaine où tous les patients possèdent une histoire loufoque et cruelle, et trouvent cependant le moyen de rendre leur vie encore plus terrible. Il n'y avait pas tous les jours des consultations dans des prisons, tous les psychiatres ne rencontraient pas Hannibal Lecter. Non, la réalité était tout autre, des histoires moroses et soporifiques, mais qui étaient un gagne-pain certain. Mais voilà, c'était toujours ça. « Ça vous embête ces consultations, n'est-ce pas ? Pourquoi est-ce que vous ne répondez pas à ses questions, et puis comme ça, vous pouvez arrêter ce supplice ? »
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MessageSujet: Re: Quid pro quo - Mattia   Quid pro quo - Mattia EmptyDim 11 Mar - 15:33

Parlant sans cesse sur le lien hypothétique entre Ethan Calaan et cette Elizabeth Calaan, Mattia finissait par croire que tout compte fait, ce n'était le fruit que du hasard si son chemin avait croisé deux Calaan. Autant l'un semblait prêt à tout, impatient, pour arriver à ses fins. Autant l'autre était beaucoup plus calme. Peut-être un semblant de calme, mais en tout cas, ils étaient bien trop différents pour être en couple. Quoique.. En y réfléchissant, c'était peut-être possible. Après tout, Ella et lui étaient bien comme ça. Elle, elle était douce, calme, insouciante, et faisait partie des élèves que les profs adoraient. Lui, il était impulsif, bagarreur, et s'il échappait à une heure de colle ou tout autre sanction pendant une semaine, c'était un miracle. Alors, ouais, peut-être bien que finalement, ils étaient mari et femme. En tout cas, frère et soeur, c'était impossible !

Ceci dit, en maugréant contre lui, Mattia entendit la jeune femme énoncer alors tout haut. « Il a sans doute dû soudoyer ses profs. » Son léger sourire sur les lèvres fut contagieux. Mattia aussi se mit à sourire, amusé. Amusé, parce que c'est exactement ce que le psychiatre lui avait dit. A croire que c'est deux-là sortaient les même âneries. « J'ai entendu du bien de ce psychiatre pourtant ; pas du genre à hurler sur ses patients ni à s'énerver. Ouais, j'ai eu de bons échos à son sujet ; il s'est énervé avec vous ? Qu'est-ce que vous avez refusé de lui dire, Mattia ? » Refuser de lui dire était un peu bien grand mot. Il n'avait rien refusé, il n'avait juste pas envie de parler de tout ce qu'il lui demandait. Il préférait se taire. C'était son droit, non?

Il ne répondit donc pas à sa question, se souvenant alors du prénom de ce psychiatre, qu'il avait oublié jusqu'à maintenant. Pendant un instant, il crut voir qu'elle semblait déconcerté. Mais de ses yeux fixant la jeune femme, il oublia complètement cela. Elle n'avait peut-être pas assez dormi; c'était sans doute pour ça qu'elle paraissait s'être sentie mal quelques petits instants. « Qu'est-ce qui vous fait dire ça ? Après tout, il s'appelle Calaan, je m'appelle Calaan. » Il murmura alors un « Justement, Calaan, ce n'est pas un nom de famille si courant », et n'eut pas le temps de répondre autre chose qu'elle se remit en tête de le questionner. « Donc tu y vas car tu fais du tennis ? Je savais pas que les sportifs devaient suivre un traitement psychologique régulier. C'est pour quoi, exactement ? »

Pour quelqu'un qui s'en fichait du psychiatre, elle posait beaucoup de questions. Et ça commençait à agacer un peu Mattia. Parler, il n'était pas contre, tant qu'elle restait loin du problème dont le psy, son frère ou son mari peut-être, avait posé le doigt dessus. « Ça vous embête ces consultations, n'est-ce pas ? Pourquoi est-ce que vous ne répondez pas à ses questions, et puis comme ça, vous pouvez arrêter ce supplice ? »

Supplice.. Si elle savait.. Cette phrase aussi anodine soit-elle avait explosé comme une bombe dans l'oreille de Mattia. Durant un laps de temps il se demanda, les yeux rivés sur elle, si elle ne savait pas tout, si elle avait usé de ce mot exprès. Il dut faire un petit effort, pour se dire que non, il fabulait. Elle ne savait rien, et pour elle, le supplice, c'était juste de partager une heure de son temps avec ce psy dans son bureau si glacial. C'était ça, pour elle, ce que signifiait ce mot. Pas autre chose. Pas son beau-père. Pas la peur qui se frayait un chemin dans son ventre quand il faisait une connerie. Pas la peur de pousser la porte de chez lui en sachant qu'il risquait de se retrouver face à son bourreau. Pas la peur de refermer la porte sur lui en sachant qu'il s'enfermait lui-même dans sa prison. Pas la peur de le croiser, de dire une connerie, de l'énerver. Non. Pour elle, le supplice, c'était juste le fait de devoir aller chez le psy, parler de son problème.. Ce supplice, c'était celui-là. Rien d'autre.

« Je pourrais ouais.. Mais je veux leur faire comprendre que ça ne sert à rien. » Il s'interrompit, essayant de trouver les bons mots pour expliquer la raison de sa venue chez le psy, et essayant de montrer que ce 'leur' était pour plusieurs personnes, pas que pour ce psy. « J'y vais juste parce que je joue au tennis, que j'ai peut-être un avenir, et que mon coach veut que je grandisse comme tout le monde. Et aussi parce qu'il voudrait savoir pourquoi je suis tant impulsif. » Cette dernière phrase, c'était la plus importante aux yeux de Ted, son coach. Parce qu'il en avait marre de le voir arriver, des stigmates de ses bagarres sur son visage. Parce qu'il en avait marre de le séparer, dans la cour du lycée, face à des jeunes. Et parce qu'il en avait marre surtout de le voir gâcher son talent pour des bleus formés à la suite de petite guerre. Sauf que la plupart des bleus, ce n'était pas dû à ses bagarres à lui. Et ça, Ted ne le voyait pas, préférant l'engueuler plutôt que d'ouvrir ses yeux. « Sauf que j'ai rien à lui dire au psy. Je suis impulsif, c'est tout, c'est inscrit dans mes gènes, c'est comme ça. Alors, je me tais. Ca l'énerve de faire des monologues mais tant pis.. »

Toujours assis sur la table d'auscultation, Mattia se rappela qu'il était à l'hôpital, qu'elle venait voir son poignet, et qu'elle ne lui avait plus rien dit dessus, tellement obnubilé par cette histoire de psychiatre. « C'est bon au fait? La visite est terminée? » Aussitôt dit, aussitôt fait, Monsieur Jarvis se remit debout sur ses pieds, prêt à s'en aller de cette salle. « Mon poignet va bien, vous allez pouvoir me donner mon certificat que je puisse recommencer à jouer comme avant.. » répondit-il avec un petit sourire. Il préférait couper court à cette entrevue, sourire aux lèvres, histoire qu'elle n'aille pas fouiller plus loin. Qu'elle reste dans ce qui la regardait, son poignet. Pas autre chose. Il passa une main dans ses cheveux, histoire de les ébouriffer un peu, et lui demanda alors, toujours amusé. « Alors, vous ne voulez toujours pas me dire si vous êtes liés avec le psy? » Non, il n'allait pas oublié la partie la plus importante de leur conversation quand même..
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MessageSujet: Re: Quid pro quo - Mattia   Quid pro quo - Mattia EmptyLun 12 Mar - 23:40

Mattia n'avait pas tort, Elizabeth et Ethan n'avaient rien en commun, surtout d'après son expérience personnelle avec les deux. Entre celui qui serrait les dents, victime de soudaine pulsion et excès d'impulsivité, et celle qui souriait constamment, même lorsqu'il n'y avait aucune raison de relever les commissures de ses lèvres. Et pourtant, ce n'étaient que des apparences, car sous cette carapace plus ou moins sociable, ils se ressemblaient énormément. Mais ça, Elizabeth le savait au bout de vingt-quatre-ans d'existence partagée avec lui ; et si elle n'avait pas été sa soeur, elle ne lui aurait sans doute pas tant donné. Elle n'avait rien contre la différence, elle l'appréciait même, préférant avec une teigne devant elle plutôt que quelqu'un qui se soumet à ses désirs les plus fous sans broncher. Mais si Ethan n'avait été son frère, alors elle l'aurait peut-être rencontré par hasard, surprise par son arrogance démesurée, et incapable de développer ne serait-ce qu'un minuscule sentiment d'affection pour lui. Alors au final, qu'était-ce le mieux ? Leur quotidien infernal et masochiste, ou plutôt une vie qui aurait pu se révéler banale et joyeuse sans Ethan. Cruel dilemme si on y pensait ; mais de toute façon, le choix ne se présentait pas. C'étaient juste quelques pensées de trop qui divaguaient par-ci par-là et s'éloignaient de la réalité trop éprouvante. Et Mattia la tira vers celle-ci, en évoquant la très faible probabilité pour que deux Calaan de la même ville ne soient pas liés. Elle se contenta de lui poser une nouvelle question, ne désirant pas spécialement lui apporter la réponse tant attendue. Réponse qui n'était pas véritablement utile d'ailleurs, car qu'ils soient liés ou non, frère et soeur ou mari et femme, au fond, cela ne changerait pas la vie du jeune sportif.

« Je pourrais ouais.. Mais je veux leur faire comprendre que ça ne sert à rien. » Leur faire comprendre. Dit comme ça, les personnes qu'il fallait convaincre semblaient être n'importe qui, sauf le psychiatre. Du moins, c'était l'impression qu'elle avait eu. Ils devaient donc être plusieurs à vouloir lui tirer les vers du lui, alors que lui était persuadé qu'il n'y avait rien à faire. Persuadé qu'il n'y avait pas de problème là où tout le monde s'échinait à creuser, ou persuadé que son monde était plus douillet, ou disons moins froissé, en se taisant. Puis il enchaîna, sans même qu'elle ait à le lui demander, et encore, et encore. Il ne s'arrêtait presque plus, se justifiant plus que ce qu'elle n'avait espéré entendre. Elle s'attendait à quelques phrases qu'il lui balancerait par politesse au maximum, si ce n'étaient que quelques mots lui disant que ce n'étaient pas ses affaires, et qu'elle n'avait pas à s'en mêler. C'était un adolescent lambda, qui n'avait pas spécialement envie de se plier aux règles, qui avait besoin de dépenser le surplus d'énergie qu'il semblait contenir, qui avait certainement ses petits soucis – mais qui n'en a pas, à dix-sept ans, à vingt-quatre, à soixante ? - et qui refusait qu'on perce sa bulle d'intimité. Se faire psychanalyser n'était pas toujours une idée facile à accepter ; et Elizabeth comprenait parfaitement ce sentiment. Se confier à un parfait inconnu qui n'avait peut-être aucune expérience personnelle, qui avait tout appris dans ses livres et dans les dires de ses différents professeurs. Peut-être un idiot qui n'était jamais sorti de sa chambre, connaissant sur le bout des doigts les petits défauts des quatre murs mais rien au monde extérieur, et qui pourtant récitant ses leçons comme des prières, prêchant une idée qu'il avait assimilée pendant des années et des années. Exposer sa vie à quelqu'un qui gagnait la sienne juste en écoutant quelques histoires, demandant quelques radios et annonçant des nouvelles plus ou moins rassurantes. L'insupportable sentiment que cet homme là n'en avait que faire, qu'il ne s'attachait pas réellement à ses patients, les voyant défilant à une allure folle. Se dire qu'on est sur le point de partager une des choses qui nous tenaille le plus, à quelqu'un qui fermera son dossier aussitôt qu'on aura franchi la porte, oubliant ainsi tous les malheurs et toutes les misères tout juste confiées. Non, c'était tout à fait compréhensible, et Elizabeth n'aurait d'ailleurs pas réagi autrement. Elle aurait sorti les crocs et les griffes face à celui qui l'aurait traînée de force dans un cabinet immaculé, et elle se serait plongée dans un mutisme profond, avant d'éventuellement, éclater comme une véritable bombe, et balancer au malheureux docteur toute sa haine. Malheureux docteur qui n'y comprendrait rien, et qui la jugerait même si son expérience médicale lui disait qu'il se devait rester neutre. Que pouvait-il y comprendre cet ignorant, que pouvait-il imaginer de la douleur tiraillante associée à un dégoût immense de sa personne, couplée par la suite à une passion indécente et démesurée ? Que pouvait-il savoir ? Rien, ses rêves les plus fous ne pouvaient atteindre un dixième de leur pauvre réalité. Son esprit scientifique n'était capable d'enfanter que des atomes comparé au vaste océan dans lequel elle se noyait.
A peine avait-elle entrouvert sa bouche que Mattia lui demanda si la consultation était terminée. Ah oui, car ne l'oublions, pas, elle était là pour lui dire que son poignet allait bien et qu'il n'avait pas à s'inquiéter, qu'il pouvait reprendre le tennis et continuer à bosser pour construire son avenir sportif. « Hum oui, oui, je vous imprime ça. » Impression, tampon de l'hôpital, espèce de gribouillis qui était une signature. Voilà, les médecins vous déclarent aptes à pratiquer votre passion Monsieur Jarvis. « Tenez. »

« Alors, vous ne voulez toujours pas me dire si vous êtes liés avec le psy? » Elle laissa échapper un léger rire. Tout en sortant de la salle, se dirigeant vers l'accueil des urgences où elle n'y trouvait personne – pause déjeuner sans doute, puis de toute façon il n'y avait pas patient après Mattia. « Vous y tenez hein ? On est liés, oui. » S'adossant contre le bord du comptoir d'accueil, les bras croisés sur la poitrine, elle se permit une remarque de plus. « Mattia, je peux concevoir que l'idée d'aller chez un psychiatre soit dérangeante. Si vous êtes véritablement persuadé que votre vie va bien, que vous ne refusez pas de parler parce que vous avez peur de voir les choses s'envenimer, bien. Vous êtes impulsif, et c'est le seul truc qui vous pose problème, d'accord. Alors dites-lui, dites à votre psychiatre ce que vous m'avez dit. » Elle était certaine qu'il pourrait comprendre, car elle ne doutait pas en ses capacités à aider ses patients, même si d'après ce que Mattia avait vu, il n'était qu'un docteur qui s'emportait aussi vite qu'une frêle feuille de platane. « On est marié. Et ce n'est absolument pas pour cette raison là que je vous dis ça, mais c'est un psychiatre qui tient à ses patients. Je veux dire, il s'implique. Et même s'il vous crie dessus, et même si c'est pas professionnel du tout, et qu'il se fera sans doute réprimer si vous vous plaignez ; mais s'il insiste autant c'est pas parce que ça lui fait plaisir de savoir que vous lui rapporter une certaine somme à la fin du mois. » Au fond, elle disait ça, elle ne savait pas réellement comment il travaillait. Mais elle était persuadée qu'il ne faisait pas ça pour le plaisir, après tout, il devait sans doute avoir assez d'occasions de passer ses nerfs sur elle, inutile d'aller en chercher parmi ses patients. Que s'il se permettait de faire des pas en dehors du sentier dicté, ce n'était pas parce qu'il voulait se foutre un peu d'adrénaline. Mais ce manque de professionnalisme était peut-être un peu de famille aussi – vous voyez, un nouveau point commun. Elizabeth qui aurait dû tendre l'attestation à Mattia et lui souhaiter une bonne déjeuner ; mais non, elle s'était lancée dans un long discours élogieux. « Mais bon, vous êtes impulsif, et ça va de paire avec l'obstination, n'est-ce pas ? Donc un discours de plus, un discours de moins, c'est pas ça qui vous fera changer d'avis, hein ? »
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MessageSujet: Re: Quid pro quo - Mattia   Quid pro quo - Mattia EmptyDim 18 Mar - 16:33

En très peu de temps, Mattia avait débité bien plus de paroles que presque toutes ces dernières séances chez le psychiatre. Une vraie pipelette. N'importe qui aurait entendu tout ce qu'il venait de dire aurait pu croire que c'était une fille qui se trouvait face à ce docteur. Une fille, et pas un gars. Parler autant n'était pas dans ses habitudes. Il ne faisait pas non plus parti de ces personnes qui parlaient juste pour dire les choses essentielles, mais disons qu'à chaque fois qu'il ouvrait la bouche, il évitait de noyer son interlocuteur par un flot de paroles dont les trois quart étaient presqu'inutiles. Surtout face à des adultes. Face à d'autres adolescents, face à sa petite amie, c'était bien différent. Là, tout était intéressant à dire. Parler de l'école, parler des vacances, parler du week-end, parler d'Ella, parler de ses amis, et surtout parler de ces matchs de tennis. Pour ce dernier point, il pouvait en parler des heures, et des heures. Il expliquait tout; de son adversaire, à sa façon de jouer, à son jeu à lui, à son envie de casser sa raquette contre le crâne de son adversaire s'il était si peu agréable à jouer, ou alors de son envie d'aller boire un coup avec en sortant du match pour qu'ils se félicitent mutuellement de cette belle partie ensemble. Parce qu'il y avait une règle importante au tennis; le gagnant offre à boire au perdant. Cette règle, Mattia n'y coupait pas. Mais il s'arrangeait pour la moduler, plus ou moins à sa façon. Si son adversaire avait eu l'incroyable don de l'exaspérer au cours du match, il disait qu'il devait partir rapidement, prétendait un devoir de philosophie pour le lendemain -devoir qu'il ne ferait évidemment pas-,.. Parler avec quelqu'un, c'était sympa. Encore fallait-il que la personne en face vous plaise.

A croire que cette Elizabeth Calaan avait plus de charme qu'Ethan Calaan.
Oui, évidemment, elle en avait plus. Mais ça, c'était le chromosome Y de Mattia qui le disait. Le psychiatre avait une bonne tête; sa tête 'revenait' à Mattia. Et nul doute que s'il ne l'avait pas connu en poussant la porte de son bureau, il aurait sans doute été plus bavard avec lui.

Toujours est-il que Mattia finit par demander son certificat. La docteur acquiessa alors « Hum oui, oui, je vous imprime ça. » Elle ne tarda pas à le faire, se retournant vers un ordinateur, cliquant sur un bouton, et l'imprimant. Il la vit ensuite gribouiller quelque chose, et il aperçut la signature de la docteur. Magnifique.. on dit souvent que tout les médecins ont une sale écriture. Au vue de sa signature, cette Calaan ne devait pas faire partie des exceptions.

Demandant ensuite si oui, ou non, elle était liée à l'autre Calaan, Mattia l'ententit rire.
En l'invitant à la suivre, ils sortirent tout les deux, et atterrirent dans le hall, là où normalement se trouvaient l'acceuil, actuellement vide. « Vous y tenez hein ? » oui, il y tenait. « On est liés, oui. » Là, la jeune femme s'adossa contre le bord du comptoir, et croisant les bras sur sa poitrine, elle ouvrit une fois de plus sa bouche. « Mattia, je peux concevoir que l'idée d'aller chez un psychiatre soit dérangeante. Si vous êtes véritablement persuadé que votre vie va bien, que vous ne refusez pas de parler parce que vous avez peur de voir les choses s'envenimer, bien. Vous êtes impulsif, et c'est le seul truc qui vous pose problème, d'accord. Alors dites-lui, dites à votre psychiatre ce que vous m'avez dit. » Encore une qui pensait comme tout les autres. Mais après tout, ce qu'il venait de lui dire à elle, il lui avait déjà dit. Plus ou moins. Et il n'en avait pas déduit la même chose. Il s'obstinait, continuait à attendre beaucoup plus de lui. Il hocha la tête légèrement. Il allait lui répondre, quand elle-même, ouvrit la bouche. « On est marié. Et ce n'est absolument pas pour cette raison là que je vous dis ça, mais c'est un psychiatre qui tient à ses patients. Je veux dire, il s'implique. Et même s'il vous crie dessus, et même si c'est pas professionnel du tout, et qu'il se fera sans doute réprimer si vous vous plaignez ; mais s'il insiste autant c'est pas parce que ça lui fait plaisir de savoir que vous lui rapporter une certaine somme à la fin du mois. » Mariés.. Et bien.. Il ne l'aurait presque pas cru tellement ils étaient différents. Mais au fond de lui Mattia pensait que justement, c'était parce qu'elle était mariée avec qu'elle disait ça. Ethan n'était pas si méchant, ce n'était pas le soucis. Il avait son caractère, il ne correspondait en rien au stéréotype typique du psychiatre. Normalement, c'était des femmes, avec de grosses lunettes, des petits yeux, un peu grassouillette qui tenaient toujours entre leurs mains un calepin. Ethan n'était pas du tout comme ça. « Mais bon, vous êtes impulsif, et ça va de paire avec l'obstination, n'est-ce pas ? Donc un discours de plus, un discours de moins, c'est pas ça qui vous fera changer d'avis, hein ? »

On pouvait effectivement se poser cette question. Mattia n'était pas du genre à écouter les gens. Bien souvent, il les laissait parler. Leurs paroles rentraient par une oreille, passaient le cerveau, et là un tri était fait. Il ne prenait le meilleur, il ne prenait que ce qu'il avait réellement envie d'entendre. Et puis, une fois que ce tri était fait, les autres paroles, inutiles, celles qui ne servaient à rien, celles qui ne lui servaient pas, ressortaient par l'autre oreille.

Posant à son tour une main sur le comptoir, Mattia ouvrit alors la bouche. « Non ça ne me fera pas changé d'avis. » Si ça ne tenait qu'à lui, il se serait déjà sauvé, et l'aurait laissé en plan. Mais elle tenait entre ses mains ce petit bout de papier si précieux à ses yeux, et il ne pouvait pas s'en aller sans lui. « Vous avez déjà parlé à un psychiatre? Enfin, je veux dire, autre qu'à votre mari... Vous êtes déjà allé dans le bureau d'un psy?» Il venait de reformuler sa question, se rendant compte que sa première pouvait prêter à confusion. «Je lui ai déjà vite fait dit tout ça.. » Vite fait, c'était exactement ça.. «  Mais lui -ou n'importe quel psy j'imagine, je ne dis pas ça pour votre mari-, il s'obstine. Il essaye de trouver un truc qui cloche chez moi. Mais il pourra toujours essayer de chercher, il ne trouvera rien. » Comme pour conclure sur les psychiatres, il ajouta. « Je veux juste qu'ils me fichent la paix. »



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MessageSujet: Re: Quid pro quo - Mattia   Quid pro quo - Mattia EmptyJeu 22 Mar - 20:53

Non, évidemment que ça n'allait pas le faire changer d'avis, la question lui semblait tellement idiote une fois qu'elle avait entendu la réponse. Elle ouvrit la bouche, l'étira en un espèce de sourire qui se transforma en soupir. Elle avait cette fâcheuse tendance à pousser ses patients vers ce qui était sans doute le mieux pour eux de façon totalement objective, mais qui ne rentrait pas dans les plans du dit patient. Patient qu'elle voyait quelques fois sans plus, n'étant qu'une simple interne qu'on envoyait tantôt ici, tantôt là-bas. Découvrir le métier, se forger une expérience, car la partie théorie est certes nécessaire, mais imaginez un peu le bordel si le major de la promo, qui a réussi sa première année qui est pourtant assimilée à une véritable guerre, se découvre hématophobe. Le sang n'était pas le problème d'Elizabeth, elle, c'était son attache personnelle, ou juste ce sentiment si dérangeant de savoir qu'une personne pourrait aller mieux si seulement elle acceptait de voir son problème avec sa raison plutôt que ses sentiments. Ça lui avait valu des reproches du Dr.Bradford, fatigué de l'entendre dire à une patiente qu'elle devait réellement se secouer et qu'il était inconscient (pour ne pas dire totalement stupide) de rester attaché à une personne qui use des poings sur elle. Mais c'était plus fort qu'elle, comment pouvait-on rester de marbre, prescrire une jolie ordonnance, adresser un sourire crispé à une femme qui ne cesse de revenir, semaines après semaines, mois après mois, avec des bleus qui ne s'en vont pas, des fractures qui ne guérissent pas, et des sanglots qui se multiplient à chaque fois qu'on essaie de découvrir la raison de ces nombreuses blessures. Comment pouvait-on lui souhaiter d'aller mieux après chaque consultation, en sachant pertinemment qu'elle est abusée ? Tu ne pourras jamais aider quelqu'un à guérir de cette façon, lui avait-on dit. Si cette femme ne souhaite pas être aidée, tu ne pourras rien faire pour elle. Tu dois apprendre dès maintenant à fermer ton coeur si tu souhaites être un bon médecin. A ne pas te laisser envahir par tes émotions. Voilà ce qu'elle devait faire apparemment, pour être un bon médecin. Arrêter de s'impliquer comme elle le fait, arrêter de fouiner et et de chercher là où ça fait mal. Car ça fait mal justement, et on se sent agressé, et on se braque, et on refuse toute aide extérieur, la pensant inutile et inapte à comprendre les maux qui nous tourmentent. Et ce n'était pas faute d'essayer, mais c'était plus fort qu'elle.
Avec Mattia, c'était un peu pareil. Certes, il ne se présentait pas devant elle avec des ecchymoses sur les toutes les parties possibles du corps en lui prétextant d'être tombé en faisant du skate, mais il éveillait sa curiosité. Elle voulait réellement savoir si tout cela n'était qu'une carapace, ou s'il n'avait véritablement pas de problèmes, et que son frère grattait là où il n'y avait rien à trouver. Car il était clair que l'humain était une véritable machine complexe et formidable, aux engrenages insensés et fous. Le corps en lui-même était fantastique, merveilleux, à tous les niveaux, mais la psychologie humaine était un labyrinthe des plus vicieux dans lequel il pouvait être agréable de s'y perdre parfois – jusqu'à ce qu'on veuille s'arracher les yeux face à tant de bêtise et d'obstination.

« Non, j'ai jamais parlé à un psychiatre dans un contexte patient – docteur. » lui répondit-elle, en toute sincérité. Et là, il pourrait sans doute lui dire qu'elle n'avait donc pas la moindre idée de ce que c'était, et il aurait raison. Elle ne pouvait pas s'imaginer l'espèce d'ambiance qui régnait lors de ces séances, là où le patient était censé confier toute son intimité à un bel inconnu à lunette et au calepin bien serré entre les doigts. Elle ne pouvait pas savoir ce que c'était, ni à quel point il était irritant, de se retrouver face à un individu auquel on ne voulait absolument pas parler, et qui tentait de mettre son doigt grassouillet sur la plaie béante. Non, elle ne pouvait pas le savoir avec exactitude, car elle n'y avait jamais été, et que même si elle y allait, et qu'elle déballait dans les moindres détails l'histoire de sa misérable vie... et bien, il n'y aurait pas grand chose à faire. Elle était d'une certaine façon tiraillée entre le médecin en elle qui lui soufflait que Mattia était peut-être un adolescent effrayé qu'il fallait à tout prix faire parler, et sa propre-personne, qui imaginait plus ou moins la révolte qu'une visite chez le psychiatre provoquait. Incapable de départager ces deux parties, comme elle était incapable de faire la part dans sa vie personnelle. Tout était toujours mélangé, ce qu'il y avait de pire et ce qu'il y avait de mieux ; inapte à départager le plaisir du dégoût, la raison du sentiment. Au final, elle ne valait pas mieux que ces patients bornés. Et c'était une véritable blessure que de s'en rendre compte. « Il ne trouvera rien... car, il y a vraiment rien à trouver, ou parce que vous vous entêtez à l'enfouir ? Vous voulez qu'ils vous laissent tranquille juste parce que ça vous ennuie, ça vous embête ces séances, ou parce que vous avez peur de ce qu'il pourrait découvrir ? Et de ce qui pourrait basculer dans votre quotidien ? »
Se rendant compte qu'elle tenait encore entre ses mains le certificat tant désiré de Mattia, elle le lui tendit, avec une pointe d'hésitation cependant, se disant qu'il serait plus ou moins contraint de rester, et de parler éventuellement, si elle ne le lui rendait pas dans l'immédiat. Mais non, elle n'allait pas jouer ridiculement à ça, il fallait se comporter en tant qu'adulte après tout.
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MessageSujet: Re: Quid pro quo - Mattia   Quid pro quo - Mattia EmptyLun 26 Mar - 20:27

A peine lui avait-il répondu à sa question que le sourire qu'affichait l'interne se transforma petit à petit en un soupir. Il fallait croire que c'était de famille, cette façon de toujours vouloir contrôler les choses. Son mari et elle s'étaient apparemment bien trouvés..
Mattia se mit alors à parler, usant de mots pour essayer de ramener à sa cause la jeune femme. Il en vint même à lui poser une question. Et sa réponse fut sans appel. « Non, j'ai jamais parlé à un psychiatre dans un contexte patient – docteur. » Voilà. Elle n'avait donc rien à dire. Elle ne s'était jamais retrouvée, contrainte et forcée devant un type qui essayait avec tant de mal d'essayer de faire son métier. C'était frustrant, humiliant. Pour Mattia, aller là-bas, c'était comme lui coller une étiquette sur le front où tout le monde pouvait lire « fou ». Fou.. Mais le plus fou dans sa famille, ce n'était évidemment pas lui. Et pourtant, c'était à lui qu'on collait cette étiquette. C'était lui qu'on contraignait à passer du temps avec lui. C'était son cerveau dont on essayait de comprendre le fonctionnement. Et ça, rien que de se savoir dans l'aile « psychiatrie » de l'hôpital, Mattia se sentait mal.
Encore heureux que personne au lycée en savait -hormis Ella- qu'il allait voir un psychiatre. Si jamais ça se savait, nul doute que les lycéens s'amuseraient à le traiter de « fou ». Il ne pourrait pas les blâmer, lui-même réagirait de la même façon.. Mais si jamais il entendait quelqu'un dire ce mot devant lui, il risquait de se montrer peu sympathique, et risquait de jouer de ses poings encore une fois.

L'interne le regardait encore, et finalement, ouvrit de nouveau la bouche. « Il ne trouvera rien... car, il y a vraiment rien à trouver, ou parce que vous vous entêtez à l'enfouir ? Vous voulez qu'ils vous laissent tranquille juste parce que ça vous ennuie, ça vous embête ces séances, ou parce que vous avez peur de ce qu'il pourrait découvrir ? Et de ce qui pourrait basculer dans votre quotidien ? » Touché. Coulé. Elle venait de taper en quelques mots là où ça faisait mal. A l'endroit précis que Mattia essayait avec tant de mal de cacher ces derniers temps. Apparemment, il s'y prenait mal. Il s'y prenait mal car c'était la deuxième personne en si peu de temps à insister dessus. Ca le rendait malade. Il lui en voulait, il leur en voulait, et il s'en voulait.. Surtout à lui pour ne pas réussir à cacher la vérité comme il le voulait. C'était quoi son problème? Pourquoi il n'arrivait pas à se faire passer pour quelqu'un de normal? Il n'avait pas l'impression de faire mal les choses. Il essayait de rester lui-même, mais parfois, il avait l'impression de lâcher trop de mots qui éveillaient les soupçons.

Mattia lâcha alors un soupir, assez bruyant. Pour qu'elle se rende compte qu'elle l'ennuyait avec toutes ces questions. Il la vit tendre la main, l'incitant alors à prendre son certificat qu'il désirait tant. Il ne tarda pas à l'attraper. Ses yeux se relevèrent vers la jeune interne. Cette fois, il ne mâcha pas ses mots. Parce qu'il s'en fichait. Parce qu'il ne la verrait plus. Parce qu'il avait ce qu'il était venu chercher; son certificat. Son intonation de voix était plus énervée, toute sa sympathie s'était comme envolée. « Putain, vous et votre mari, arrêtez de chercher des petites bêtes.. » C'était rare, mais il ne baissa pas le regard devant elle. Il voulait vraiment lui montrer qu'il n'avait rien à cacher. Elle pouvait lire dans ses prunelles si elle le désirait.. « C'est sans doute une déformation professionnelle que de voir le mal partout, mais arrêtez, parce que c'est super fatiguant et super chiant d'être le patient, et d'essayer de se justifier d'un truc qui n'existe pas ! » Sur ce, il tint fermement ses résultats et son si cher certificat en mains. Il lui lança un dernier regard, et, de mauvais poil, il l'abandonna là, dans le hall de l'hôpital, passant près d'elle, et la poussant presque sans faire exprès. Tellement énervé, il ne remarqua presque pas qu'il l'avait bousculé. Il avait juste senti son épaule frôler quelques chose..
Si elle râlait, poussait un cri? Il n'en avait aucune idée. Ses pensées l'obnubilaient.
La facette d'adolescent charmant qu'il lui avait montré jusque-là s'était envolée. Que sa mauvaise humeur, que son tempérament de chien soient reconnus, il s'en fichait.
Cette façon de s'insinuer dans sa vie, ça l'énervait. Et pour une fois, il pouvait le dire haut et fort. Avec Ethan, il valait mieux y aller mollo. Même s'il s'était déjà énervé, même s'il s'était sauvé de ce rendez-vous, il ne pouvait pas se permettre de sécher continuellement ses heures-là. Il ne pouvait pas non plus se permettre de s'exclamer comme là il l'avait fait. Mais elle, cette Elizabeth Calaan, il n'allait plus la revoir. Elle n'était qu'une personne éphémère dans sa vie. Une petite dame qu'on rencontre un jour, à qui on parle, et qu'on ne revoit pas après. Normalement pas..

D'un pas rapide, il sortit de l'hôpital, pressé de s'éloigner de ce lieu maudit. Il avait beau essayer de tout cacher sous un petit mouchoir; il suffisait d'un petit coup de vent, pour que le mouchoir se soulève légèrement, et pour que quelques personnes dont le regard se perdait entrevoie ce qu'il tentait désespérément de cacher. Et cet hôpital était bourré de courant d'air..
En tout cas, maintenant, il y avait une chose qu'il fallait qu'il fasse : éviter de se blesser, éviter de s'en prendre trop la figure, éviter de revenir mettre les pieds ici, et risquer de la croiser. Il n'avait pas envie qu'elle se mêle encore de ce qui la regardait pas..
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