DOUBLE-COMPTE : Carlie. MESSAGES : 8680 ARRIVÉE : 07/09/2011 LOCALISATION : Dans le pays où on ne grandit jamais.
Sujet: Quand on est jeune, on a l'impression que tout est la fin du monde Ҩ Ven 6 Avr - 22:35
J’observais mon reflet dans le miroir. De quoi j’avais l’air ? D’une adolescente anxieuse. Pourtant, j’aurais dû avoir l’air d’une adolescente heureuse. Après tout j’allais voir Mattia. Et j’en étais vraiment heureuse. Parce que je l’aimais. J’étais toujours impatiente de le voir. Mais, aujourd’hui j’étais anxieuse. Ça crevait les yeux. Je me trouvais encore moins belle que d’habitude. Franchement, j’avais presque honte de sortir comme ça. Je sursautais en entendant la voix de ma mère. « Ella, tu comptes sortir de là un jour ? » Je remettais une mèche de cheveux derrière mon oreille en vitesse. Un dernier coup d’œil au miroir en tentant de lisser mon ventre. « Oui, oui, c’est bon, je sors. » J’ouvrais la porte. Elle me regardait, suspicieuse. « Tout va bien ? » Je hochais vaguement la tête. Pour lui signaler que oui. Tout allait bien. Très bien. Du moins… c’est ce que j’essayais de laisser paraitre.
J'abandonnais ma mère. Pour descendre mettre ma veste. Mes chaussures. Direction le cinéma. J'étais censée aller voir un film avec Mattia. Mais, j'avais plutôt envie de le voir, lui. Je n'avais pas spécialement envie de regarder un film. Aussi intéressant soit-il. Je n'étais pas d'humeur. Mais, d'ailleurs j'étais d'humeur à quoi ? J'avais la trouille. J'étais tourmentée. Je ne savais pas trop ce que je faisais. Si je devais le faire. J'étais perdue. Sur le chemin je traînais les pieds. Je regardais vaguement mes converses. Je pensais à Mattia. Je m'en voulais de lui imposer ça. Je peinais à mettre un pied devant l'autre. Comme si j'allais au gré du vent. J'aurais préféré ça. Je crois.
Et finalement je suis arrivée plus vite que je l'aurais voulu au niveau du cinéma. Je ne sais pas. Pour une fois, j'aurais voulu que les minutes s'étirent. Que le temps s'allonge. J'avais tellement peur que tout change. Parce que ça ne pouvait pas se passer autrement. Il n'y avait pas d'autres alternatives. Je m'en mordais déjà les doigts.
J’avais vu Mattia au loin. Je me dirigeais vers lui. Je remettais une mèche derrière mon oreille. J’essayais de ne pas me mordre la lèvre inférieure. J’avais l’estomac noué. Je déposais un léger baiser sur ses lèvres. Je jouais nerveusement avec mes doigts tout en ayant du mal à le regarder dans les yeux. Il allait se douter que quelque chose n’allait pas. Que j’étais inquiète. Mais, je ne savais pas faire autrement. La situation me rongeait. J’étais obnubilée par ça. Je ne pensais qu’à ça. Je regardais le cinéma avec un maigre sourire. J’espérais que Mattia ne m’en voudrait pas trop. De ne pas avoir envie. De changer nos plans pour quelque chose de moins agréable. Beaucoup moins agréable. Enfin peu importe. Je me retournais vers lui. « Tu tiens vraiment à aller au cinéma ? » En fait, mon regard, mon attitude lui annonçait clairement que moi non. Je m’en voulais. J’avais tellement envie de me jeter dans ses bras. De l’embrasser encore et encore. De me réveiller à ses côtés. Mais, là je n’osais rien. J’appréhendais chaque phrase que j’allais lui dire. Chacune de ses réactions.
Sujet: Re: Quand on est jeune, on a l'impression que tout est la fin du monde Ҩ Sam 7 Avr - 11:27
Les yeux rivés sur son téléphone portable, Mattia regarda l'heure. Dans quinze minutes, il avait rendez-vous avec Ella. Ils devaient aller voir un film au cinéma. Un film plutôt cool dont les critiques, et les jugements de ses amis lui donnaient encore plus l'envie d'aller le voir. Encore plus s'il était accompagnée d'Ella.. Il enfila alors son jean, et son pull en vitesse. Puis, il fourra toutes ses affaires dans son casier, prenant bien soin de ne pas écraser sa raquette de tennis, et claqua la porte. Il allait vraiment être en retard.. Si seulement le coach ne leur avait pas parlé pendant aussi longtemps. Il avait tenu, à la fin de leur entrainement, leur expliquer le pourquoi du comment, il avait jugé utile de rétrograder un de ses camarades, et le faire passer de N°2 à N°3. Ca n'avait rien changé pour Mattia. Il restait toujours le seul et unique N°1 « s'il continuait à faire des efforts dans tout les domaines ». Mais ouais, il en faisait. Il faisait tout ce qu'il pouvait pour réussir dans sa vie de tennisman. Le reste, l'école entre autre, n'était qu'une option. Pas pour Ted. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle Jimmy était passé N°3.
Après un « Au revoir! A lundi! » lancé à ses collègues, Mattia se dépêcha de sortir de l'enceinte du lycée. Plus que dix minutes pour arriver au cinéma. Ca allait être dur. Et il ne comptait pas rater une seule seconde en compagnie d'Ella. Alors, sur le chemin, il se dépêcha, priant pour ne croiser personne qu'il connaisse, essayant tant bien que mal de trouver les raccourcis pour aller plus vite. Finalement, il était moins une; il avait réussi à arriver avec une minute d'avance. Parfait. Posté devant le cinéma, il jeta un regard autour de lui, contemplant chaque personne, et cherchant désespérément sa petite amie. Elle n'allait pas tarder à venir. Son excitation était à son comble. Oui, il pouvait bien le dire. Là, à l'attendre devant ce cinéma, il était heureux. Heureux de pouvoir passer du temps avec. Heureux d'être rien que elle et lui.
Et là, il la vit. Ses cheveux lâchés, son petit sourire aux lèvres, elle était comme d'habitude magnifique. Elle s'approcha de lui, et ils échangèrent un baiser sans rien se dire. Puis, il lâcha un « salut » avec une grande banane sur son visage.« Tu tiens vraiment à aller au cinéma ? » lui demanda-t-elle alors. Mattia lui sourit, et répondit « oui, il a l'air cool comme film. Pourquoi t'as plus envie? » Et c'est à cet instant qu'il se rendit compte qu'Ella n'était pas comme d'habitude. Quelque chose dans son attitude clochait. Elle souriait moins. Or Ella souriait tout le temps. Elle avait les traits tirés. C'était rare de la voir comme ça. D'habitude, elle avait tout le temps un sourire sur ses lèvres. Ses yeux riaient. Son visage reflétait le bonheur. Elle semblait tout le temps heureuse.
Tout l'opposé de là. Comme s'ils avaient échangé leurs rôles respectifs. Lui, l'habituelle gamin un peu raleur qui ne souriait que face à Ella, et elle, l'habituelle jeune fille heureuse de vivre en toute circonstance.
Fronçant les sourcils, Mattia l'observa juste une petite seconde. Sa main se leva alors, et il attrapa le coude de la jeune fille, avant de descendre sa main le long de son avant-bras pour attraper enfin la sienne. En lui tenant ainsi la main, il voulait lui montrer qu'il était là, avec elle. Elle pouvait tout lui dire. Les idées les plus folles faisaient son chemin dans son cerveau. Peut-être n'allait-elle pas bien à cause de son frère. Peut-être était-ce à cause de ses parents. Ou alors, peut-être avait-elle raté un examen. Il ne savait pas. « Ella.. ca ne va pas? » demanda-t-il, alors soucieux. Voyant qu'elle allait peut-être avoir du mal à s'exprimer, il montra du doigt le banc installé près du cinéma, clouant ainsi le sujet sur la séance de cinéma. Elle n'allait pas. Il n'allait pas la forcer à aller voir ce film. « Ton exam s'est mal passé? Tu es malade? » Il l'entraina alors vers le banc, persuadé qu'elle allait lui raconter quelque chose, lui dire qu'elle était malade, lui dire qu'elle avait eu une sale note.. Si seulement, ça avait été ça.
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Sujet: Re: Quand on est jeune, on a l'impression que tout est la fin du monde Ҩ Dim 8 Avr - 17:11
Mattia avait un large sourire sur le visage. Un de ce qui vous donne envie de rêver. Et de sourire aussi. Un sourire que j'aurais dû apprécier davantage. Mais, ce sourire et son « salut » rendait les choses plus compliquées. Je n'avais pas envie de lui dire j'annulais tout. Que je préférais lui parler de quelque chose de plus important. De moins agréable. Et pourtant, je le devais. Le pire c'était qu'il ne s'était pas rendu compte. De mon mal à l'aise. Il souriait. Et il voulait aller au cinéma. « oui, il a l'air cool comme film. Pourquoi t'as plus envie? » Je me sentais encore plus égoïste de lui imposer ça. J'aurais peut-être dû faire comme si de rien n'était. Lui dire après la séance ? Mais, n'étais-ce pas pire ? Je n'en savais rien. Je ne savais plus quelle décision était bonne ou non. J'étais stupide. « Plus trop » soufflais-je de façon extrêmement basse en regardant mes pieds. Je n'arrivais même plus à parler en le regardant dans les yeux. J'avais honte. Terriblement honte.
Mattia fronça les sourcils. Là, il avait compris que quelque chose ne tournait pas rond. Il fit glisser sa main de mon coude jusqu'à la mienne. Je me perdais dans ses belles prunelles. J'avais envie de lui dire de ne pas être aussi intentionné. Qu'il allait m'en vouloir par la suite. J'avais envie de lui dire qu'il valait mieux qu'il se contente d'écouter. Parce que ce n'était pas une bonne nouvelle. Mais, égoïstement, je n'avais pas le courage. Je voulais profiter de son contact. Comme si c'était la dernière fois qu'il pouvait à voir ce geste envers moi. « Ella.. ça ne va pas? » Mes yeux me brûlaient. Je retenais toutes mes larmes. Je me sentais prête à craquer. La gorge nouée. Je lui fis un non de la tête, n'arrivant pas à dire un mot. Non, ça n'allait pas. Pas aujourd'hui. Je ne pouvais pas sourire. Je ne pouvais pas aller au cinéma. Je ne pouvais pas faire comme si tout allait bien. Parce que ce n'était pas le cas. Et je me détestais à penser de cette façon.
Il me montra un banc du doigt. Et il m'y entraîna. « Ton exam s'est mal passé? Tu es malade? » J'aurais tellement aimé que ce soit si peu. Que ce ne soit qu'une mauvaise note. Qu'un stupide petit souci de santé. J'aurais tellement voulu que ce soit ça. Mais, non. D'après moi, c'était un peu -beaucoup- plus important. Je m'asseyais sur le banc à ses côtés. Incapable de dire le moindre mot. De savoir comment tourner mes phrases. Peut-être que je ne devais pas lui dire ? Peut-être que je pouvais éviter ça ? Il n'était pas obligé de savoir. Je pouvais toujours feindre quelque chose de moins important. Me raviser au dernier moment. Prendre la décision de ne rien lui avouer. Je pouvais. Mais, je n'en avais pas le courage. Je ne voulais pas lui mentir. Ce n'était qu'une pensée folle qui m'avait effleuré l'esprit. Une pensée soufflée par l'angoisse. J'inspirais profondément en regardant Mattia dans les yeux. Y avait-il une bonne façon d'annoncer ça quand on a dix-sept ans ? Je ne crois pas. « Je suis enceinte. ». C'était tombé comme un bombe. C'était tombé aussi brutalement que le résultat du test de grossesse. Je n'étais pas soulagée. J'étais horrifiée en imaginant la suite des évènements.
Sujet: Re: Quand on est jeune, on a l'impression que tout est la fin du monde Ҩ Mer 11 Avr - 14:22
Ella n'allait pas bien. C'était évident maintenant. Et puis, elle, d'habitude si joyeuse ne changeait jamais d'avis au dernier moment. Quand elle ne voulait pas faire quelque chose, elle ne le disait pas à la dernière minute. Pas comme là. Alors, inquiet, Mattia s'était dirigé vers un banc placé devant le cinéma. Personne n'y était, les deux vieux présents quelques secondes auparavant, s'étant enfin décidé à bouger leurs derrières, après avoir débattu de longues minutes sur la fin du film qu'ils avaient été voir. Sa main dans sa main, Mattia l'entraina donc, là-bas, au calme. Il s'assit dessus, et observa de nouveau sa petite amie. Cette fois, c'était pire. Aucun sourire sur son visage. Aucun signe de gaitude. Rien ne laissait paraître son bonheur. On n'y lisait que de la tristesse. Son visage était fermé, et ses yeux étaient maintenant emplis de larmes. Son hochement de tête, son « non » exprimé par un geste était donc véritable. Et lui, il demandait si elle était malade, si elle avait raté son examen, inconscient de toute la gravité de la situation.
Elle mit longtemps à lui répondre, laissant planer le doute sur sa tristesse. Vu son manque de confiance, vu la difficulté qu'elle avait à dire ce qu'elle avait sur le coeur, Mattia posa sa main sur sa cuisse. Comme pour l'encourager. A l'intérieur, il bouillonnait de curiosité. Parce qu'il n'aimait pas la voir si mal. Parce qu'il préférait largement son sourire habituel. Mais il ne voulait pas la brusquer. Alors il attendait, patiemment, les yeux rivés vers elle, sa main caressant doucement sa cuisse. Et puis, enfin, elle inspira un grand coup, posant son regard dans le sien. Et le verdict tomba.
« Je suis enceinte. »
Enceinte. Enceinte. Enceinte. Enceinte. Enceinte. Enceinte. Enceinte. Enceinte. Ce mot ne cessait de résonner dans la tête de Mattia, tel un échos. Et durant quelques secondes, il resta bouche-bée, incapable d'émettre le moindre son, incapable de bouger le moindre muscle, incapable de faire quoique ce soit. Incapable. Et encore, il n'avait pas réalisé toute la portée de ce que signifiait ce mot; être enceinte. Il n'avait pas encore comprit ce que ça impliquait pour le futur. Lui, à cet instant, ce n'était que le présent, et le futur proche qu'il voyait. Il ne voyait pas plus loin que son nez. Le regard perdu, il retira la main de la cuisse de la jeune fille. Et il resta quelques secondes, comme ça. Tout tournait au ralenti. Pire. Le monde s'était carrément arrêté de tourner autour de lui. Il était seul. Même Ella n'existait plus. Il était seul, avec comme seul compagnie ce mot qui résonnait sans cesse dans sa tête, prononcée par la douce voix d'Ella. Enceinte. Enceinte. Enceinte. Enceinte. Et quand enfin, il reprit connaissance, comme un idiot, les seuls mots qu'il réussit à prononcer furent un « de moi? » étouffé par sa gorge serrée. Et puis, petit à petit, la réalité reprit le dessus. Il sortit de son état de torpeur. Ses yeux cessèrent de fixer Ella sans la voir, et là, il la redécouvrit. Ella toujours aussi mal. Toujours aussi malheureuse. Toujours sans sourire. Toujours le regard humidifié. Il aurait aimé la réconforter; mais c'était bien au-dessus de ces forces. Pas un geste pour elle. Il secoua juste la tête, de gauche à droite, incapable de voir la vérité en face. « c'est pas possible » murmura-t-il. « C'est pas possible Ella » lui répéta-t-il, plus pour lui même que pour elle. Ses mains sur lui, il n'osait plus toucher sa petite amie. Il préférait l'éviter. Un peu, comme si, son mal était transmissible. Il l'était de toute façon. Elle l'avait atteint..
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Sujet: Re: Quand on est jeune, on a l'impression que tout est la fin du monde Ҩ Jeu 12 Avr - 14:21
Une larme roula sur ma joue. Pourquoi y avait-il fallut que ça arrive ? Pourquoi avait-il fallut que j'en parle à Mattia ? Je posais ma main sur mon ventre. La réponse était, simple, parce que c'était son enfant. Je n'avais pas le droit de lui cacher. Mon regard se posa sur lui. Il était perdu. Bouche bée. Les mots lui manquaient. Et moi je voulais fondre en larme. Comme ce matin. Je n'avais pas le courage d'être forte. De faire comme si tout allait bien se passer. Parce que ce n'était pas le cas. Parce que c'était un problème. Pas un cadeau. Pas un bonheur. Simplement un problème. Un frein pour l'avenir. Je n'avais pas fini d'affronter ce silence. Je n'avais pas fini d'entendre ce foutu mot. De le dire. Sans même regarder bien loin, je savais que ce n'était pas une bonne chose. En y pensant, les larmes roulaient silencieusement.
Mattia retira sa main sa ma cuisse. Je ne disais rien. Je ne réagissais même pas. Comment le blâmer ? C'était normal. Justifié. Il était seul avec ses pensées. Le problème c'est que je n'étais jamais seule. Je devais bien accepter que j'abritais un... bébé. Rien que le mot me rendait folle. Qu'est-ce que je pouvais bien faire d'un bébé à dix-sept ans ? Rien. Absolument rien. Et il n'avait rien à faire dans mon ventre. Pourtant, il y était. Je ne bougeais pas. J'avais le regard dans le vide.
Mattia me ramena sur terre quand il retrouva la parole. « De moi? ». Je le regardais, surprise. Était-il sérieux là ? Évidemment que c'était de lui. Qui d'autre ? J'avais envie de croire que j'avais mal entendu. De croire qu'il n'avait pas osé me demander ça. Les larmes coulaient davantage sur mes joues. Je mettais ma tête dans les mains. J'allais exploser. Craquer. Je n'avais même pas envie de répondre. Et pourtant je relevais la tête. Je me tournais vers lui. « Évidemment de toi. » Rien que le dire me faisait mal. Bordel, il n'y avait que lui. Il n'y avait même pas eu quelqu'un avant.
Mattia sembla enfin réaliser. Analyser. Retrouver l'usage de son corps. Il secoua sa tête de gauche à droite. J'avais eu la même réaction ce matin. Face au premier test. Face au second. Face au troisième. Mais, j'avais dû ouvrir les yeux. « C'est pas possible » Non ça ne devait pas l'être. Et pourtant c'était bien le cas. « C'est pas possible Ella » répéta-t-il. Je savais que c'était plus pour lui que pour moi. Pour s'en convaincre. Je le savais parce que je me l'étais répétée mille fois. J'avais envie de me donner un coup dans ce putain de bide. De ne pas y croire. J'avais envie de détruire cette chose qui venait bouleverser ma vie. Mais, voilà, le problème c'est que ce n'était pas une chose. C'était un bébé. Un tout petit bébé. Notre bébé. Un petit être qui n'avait rien demandé à personne. Qui subissait à notre bêtise. Oui, c'était de notre faute. C'était Notre problème. Le début de nos emmerdes. Mais, ce que j'ignorais c'est si nous allions l'affronter ensemble ou séparer. Ou plutôt je ne voulais pas voir la réalité en face. « Je suis désolée, je ne savais pas comment te le dire... » Soufflais-je. Désolée de ne pas avoir su lui dire plus délicatement. Désolée d'être enceinte. Désolée de pleurer. Désolée de ne pas pouvoir lui dire que c'était une mauvaise blague. Désolée de le contraindre à vivre ça. J'étais désolée de tout un tas de choses.Mais, le mal était fait.
Sujet: Re: Quand on est jeune, on a l'impression que tout est la fin du monde Ҩ Ven 13 Avr - 18:26
Tellement surprit par cette annonce, Mattia n'avait pas réalisé la portée de son « de moi? ». Il poignardait la jeune fille par ces mots, si blessants. Comme si, Ella, son Ella pouvait aller voir ailleurs. Comme si elle utilisait son corps comme un bout de chair. Mais la surprise, la réalité, lui avaient fait sortir ces deux mots bien trop précipitamment. Et le pire dans toute cette histoire, c'est qu'à aucun moment, il regretta ses paroles. Non, il était bien trop occupé à regarder la jeune fille, et un bout de son cerveau espérait qu'elle lui avoue qu'il n'était peut-être pas le père.
Le regard rivé sur sa petite amie, Mattia n'eut pas le coeur fendu en voyant ses larmes. Elle mit sa tête entre ses mains, et pleurant à chaudes larmes, elle finit par relever la tête, et lui dire. « Évidemment de toi. » Merde! Voilà ce à quoi Mattia pensa à ce moment-là. Merde. Merde. Merde. C'était lui le géniteur, lui le fautif, lui le gagnant de la course.
Et c'était bien la première fois de sa vie que Mattia pestait d'avoir gagné. Gagner, c'était son combat de tout les jours. Mais là, faire une course de spermatozoides, nager le plus vite possible, être le premier à brandir la coupe ovule, ne lui plaisait pas. Ca lui aurait sans doute plus... Dix ans plus tard.
Alors, incapable de réaliser que c'était vrai, il secouait la tête, répétant que c'était pas possible. Pas possible. Parce qu'ils étaient jeunes. Bien trop jeunes pour avoir un bébé. Parce que c'était bien de ça qu'il s'agissait, c'était bien un petit être qui se cachait derrière ce mot « enceinte ». Le regard perdu, il dériva sur le ventre de la jeune fille. Espérant peut-être voir le signe de début de vie dessus. Mais non, rien. Le néant. Il ne se voyait pas de l'extérieur. Il se cachait. Il aurait mieux fait de ne pas pointer du tout le bout de son nez. Les yeux toujours rivés sur cette partie de son corps, il entendit Ella souffler un « Je suis désolée, je ne savais pas comment te le dire... ». Désolée. Qu'elle soit désolée, ça ne changeait rien. Relevant les yeux prestement vers elle, il se releva du banc, et une fois devant elle, lui souffla « Arrête d'être désolé. Arrête d'être désolé. ARRETEEE! » Il avait presque hurlé. Hurlé ce mot. Hurlé d'arrêter. Hurlé pour se sentir mieux, pour faire passer tout ces sentiments étranges qui passaient dans son corps. Accompagnant ces paroles d'un geste brusque de la main, Mattia finit par se calmer, passant une de ses mains sur son front. Il secoua encore une fois la tête, comme à son habitude quand il se sentait nerveux. Son regard se reposa sur Ella, et il lui demanda alors. « T'es sûre au moins? T'as fait un test? »
Question bête. Ella n'était pas une fille du genre à s'avancer. Elle avait du faire ce qu'il fallait. La connaissant, elle avait fait plutôt deux fois qu'une le test. Elle était comme ça.
Un heureux événement, ça devait bien porter son nom. Ca ne devait pas arrivé quand on était au lycée, quand on était promis à un bel avenir, quand on avait la vie devant soi. Non. Ca devait arriver bien plus tard, quand on s'était posé, quand on avait un métier, quand on n'avait plus qu'à penser à ça. Le regard toujours dérivant, perdu dans ses pensées, Mattia finit par murmurer de nouveau un « c'est impossible. » Il essayait de se convaincre que tout ce qu'elle venait de lui dire, c'était faux. Qu'elle se trompait. Qu'il n'était pas un vainqueur. Qu'elle était juste stressée. Qu'elle pleurait pour rien. Mais en aucun cas, il ne se voyait avec un bébé dans les bras...
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Sujet: Re: Quand on est jeune, on a l'impression que tout est la fin du monde Ҩ Ven 13 Avr - 23:51
Quand je repensais à sa question. Quand je repensais à ses mots. J'en avais la nausée. Il ne mesurait pas la violence de ses mots. Et je ne devais pas lui en vouloir. Pas avec de telles circonstances. Mais, la douleur était là. La blessure. De moi ? Quelle question stupide. Comme s'il espérait que je lui réponde non. Comme si ça avait un intérêt de lui en parler s'il n'était pas le père. Comme s'il me croyait infidèle. Et l'évidence de sa paternité n'avait pas l'air de lui plaire. Il aurait sans doute préféré que ce soit un autre après tout. Pour pouvoir fuir sans le moindre problème. Je le comprenais. Mais, ce n'était pas pour autant que le poids de cette question n'écrasait pas mon coeur.
Il pouvait bien secouer la tête. Se répéter que c'était impossible. Que nous étions trop jeunes. Qu'on ne pouvait pas avoir un enfant. C'était bel et bien le cas. J'en étais désolée. Et Mattia se leva d'un bond en entendant ça. Parce que ça ne changeait rien. Parce qu'il était à bout. « Arrête d'être désolé. Arrête d'être désolé. ARRETEEE! » Je baissais les yeux. Hurler. Ça l'aidait sûrement à se sentir mieux. Peu importe. Il en avait bien le droit. Je ne pouvais pas lui reprocher. Et j'étais bien trop anéantie pour accorder de l'importance à ce hurlement. Ce n'était que l'écho d'une souffrance. Une souffrance que je vivais aussi. Peut-être d'une manière différente. Mais, elle avait la même source. Au fond, c'était le même mal. Je regardais à nouveau mon ventre, laissant une larme tomber dessus. Un bébé qui n'avait rien demandé. En quoi cela pouvait-il être un mal, hein ? Nous avions dix-sept ans et tus les deux bien trop d'ambition pour un enfant.
Mattia passa la main sur son front. Secouant la tête de gauche à droite. Comme à chaque fois qu'il était anxieux. Je connaissais bien cette mimique. « T'es sûre au moins? T'as fait un test? » Cette fois, ce fut à mon tours de montrer mon anxiété. Je me mordais la lèvre inférieure. J'avais peur de sa réaction en entendant le chiffre. Que ça le braque encore plus. Ça allait ruiner tous ses espoirs d'erreur de ma part. « Trois. » soufflais-je sans oser le regarder dans les yeux. Qu'est-ce qu'il pensait ? Que j'y avais cru tout de suite comme ça ? Que je lui en aurais parlé sans en être certaine ? Franchement non. Il savait très bien que je n'étais pas comme ça. Je ne prendrais pas le risque de lui faire subir ça inutilement. « c'est impossible. ». Il le répéta encore une fois. Croyait-il encore que ça pouvait changer la situation ? Certainement pas. Mais, s'il avait besoin de se le répéter, qu'il le fasse. Je me contentais de laisser couler les larmes. Attendant le moment où il cesserait de dire ça. Le moment où il commencerait à accepter la dure réalité. Ou plutôt à la voir. J'attendais le moment où il allait soit m'aider, soit partir. J'attendais dans les larmes. Je ne savais rien faire d'autre.
Sujet: Re: Quand on est jeune, on a l'impression que tout est la fin du monde Ҩ Sam 14 Avr - 20:25
A sa question bête, une réponse intelligente sortie de sa bouche. Se mordant la lèvre inférieure -signe de son anxieté-, Ella finit par avouer quelque chose qui cloua le bec définitivement à Mattia. « Trois. ». Trois tests. Trois positifs.. Qu'un test se trompe, c'était possible. Après tout, la publicité à la télévision ne disait-elle pas que les tests étaient fiables à 99%? Ca laissait 1% d'erreur. Celle qu'il attendait. Celle qu'il espérait. Celle qui le rendrait heureux. Mais qu'un deuxième test, puis qu'un troisième test se trompent, c'était rare. La probabilité? (1/100) à la puissance 3. Soit 0,000001. Autant dire que c'était rare, quasiment impossible. Ca ne devait jamais arriver. Jamais.
Et ce chiffre effraya Mattia bien plus qu'il ne l'était jusqu'à maintenant. Un frisson parcourut son échine. Un petit être poussait dans le ventre Ella. Un petit bout de chou avait commencé à se faire un petit nid douillet, bien au chaud, là-dedans. Loin de se douter du tumulte que, même pas né, il faisait. Tel un ouragan, il faisait un ravage tout autour de lui. Qu'importe tout ce qui arrivait, lui, il faisait son petit bonhomme de chemin, raflant tout sur son passage. Le regard toujours rivé sur le ventre de la jeune fille, Mattia ne répondait rien, perdu dans toutes ces pensées. Il essayait de s'imaginer, avec un bébé dans les pattes. Il ne supporterait pas ces cris. Il s'énerverait parce qu'il ne pourrait pas dormir. Son plein de sommeil ne serait pas entier. Il jouerait mal au tennis, trop fatigué. Et puis, les gosses, ça pleure, ça crie, ça ne s'amuse pas, ça ne fait que manger et dormir. Et en plus, il faut leur changer les couches, les amener partout, être tout le temps avec eux. Non, ce n'était pas possible. Il ne pouvait pas avoir un bébé dans les pattes. Et sa carrière dans tout ça? Il allait passer pro. Dès le lycée finit, il allait y passer. Il serait sur toutes les routes; à passer sur divers tournois..
Et puis, plus que tout, l'image de quelqu'un lui revint en mémoire. Sa famille. Son beau-père surtout. Sa mère ne comprendrait certainement pas. Mais si son beau-père savait ça, s'il savait qu'un petit bébé poussait dans le ventre d'Ella, s'il savait qu'il était le père, il le tuerait. Littéralement. Pour lui, faire un gosse sans être marié, c'était une honte. Alors, faire un gosse à 17 ans.. Mattia n'osait même pas penser à ce qu'il dirait.
Sa famille, le tennis, Ella, le bébé.. Quatre choses qui rentraient en ligne de compte. Quatre choses qui faisaient peur. Quatre choses qui ne cessaient de tourner dans sa tête. Mais plus que tout ça, il y avait un sentiment étrange qui poussait en lui. Lui tordant le ventre. Lui arrachant ses tripes. C'était la peur, l'effarement. Il ne serait pas capable d'assumer ça. En aucun cas. Il ne saurait pas s'occuper d'un bébé. Il ne saurait pas s'occuper d'une femme enceinte. Il ne saurait rien faire. Il serait juste, incapable. Et cette incapacité lui tordait les boyaux. Déglutissant avec peine, il leva lentement les yeux vers Ella. Ella. Son Ella. En larmes. Mais là encore, incapable, il ne s'approcha pas d'elle. Il resta de marbre devant la jeune fille dont la tristesse ressortait par vagues de larmes. « J'veux pas avoir à faire à ça. » Ca. Doux nom pour citer le bébé. Son futur bébé. « Je veux rien à voir là-dedans. » Il passa une nouvelle fois, sa main devant son visage, comme pour espérer, encore une fois, que ce mauvais rêve cesse. Mais en rouvrant les yeux, il aperçut de nouveau Ella dans sa détresse, noyée sous un flot de larmes. Les yeux dans les siens, il ajouta alors « Tu fais ce que tu veux. Mais je serai personne. Personne pour lui. » Là-dessus, il fit demi-tour, laissant Ella, toute seule devant le cinéma.
Il ne se retourna pas. Il ne pensa pas à retourner vers elle. L'embrasser. La consoler. La réconforter. Non. Il avait décidé; c'était soit lui, soit le bébé. Un ultimatum en quelque sorte. Il ne l'avait pas clairement cité, mais c'était sous-entendu. Il ne voulait pas mêler sa vie à celle du bébé. Il ne pouvait pas; sa vie l'en empêchait. Il ne pouvait pas, et avait peur. Peur d'un bébé. Peur d'un foetus qui à l'heure actuelle ne faisait que quelques centimètres.. Il avança hagard dans les rues d'Arrowsic. Perdu dans de drôles de sentiments. La peur. L'effarement. La colère. Et la lâcheté.. Parce que malgré tout, il se sentait lâche de l'abandonner comme ça.