Sujet: now it's too late to apologize Ҩ abbey Ven 3 Fév - 18:23
Abbey & Barbara
Je crois que je me déteste. Cette manière de regarder tout le monde de haut, de toujours vouloir avoir raison, ce mépris constant dans ma voix. J'aimerai bien changer cela, mais je ne peux pas. Je ne sais même pas comment m'y prendre. Je ne sais pas à partir de quel moment de ma vie j'ai commencé à être une garce, mais je sais que je ne l'ai pas toujours été. Je crois que ma gentillesse s'est envolée avec mon enfance.
Enfance. Un mot si doux à l'oreille, mais si douloureux pour le coeur. Qui n'a jamais rêvé de retourner dans ces temps insouciants, où le seul problème était de savoir si il restait des gaufres pour le goûter ? Cette époque, où on passe son temps à rire et à s'imaginer être des gens hors de l'ordinaire : des chevaliers, des princesses, des fées.
Deux mois que j'étais retourné à Arrowsic, dans l'espoir de revivre cette enfance. Neuf mois et demi que j'avais avorté, effaçant la multitude de possibilités de vie que mon enfant aurait pu avoir si il était né. J'avais dû faire un choix, et j'avais fait le mauvais. Ce sont des choses qui arrivent, mais c'est d'autant plus grave lorsque cela touche deux vies. La sienne et la mienne. Car oui, tous les jours, minutes après minutes, ce choix dictait ma vie, me rongeant toujours un peu plus de l'intérieur.
Alors pour oublier, je fais ce que je peux. Je me plonge dans ma peinture, je me soûle et je couche avec des quasis inconnus. Tous les stratagèmes sont bons. Mais quelques fois, aucun d'eux ne marche. C'était par exemple le cas, aujourd'hui. J'avais fermé ma galerie tôt dans l'après midi, et m'étais enfoncée dans la forêt. C'était pas l'idée du siècle vu la hauteur de mes talons, mais j'avais envie de m'y rendre.
C'était toujours ce que je faisais quand le reste ne marchait pas. J'allais me promener dans les bois, pensant à ce que j'y faisais, enfant. C'était notre lieu favori avec Abbey, mais cela faisait bien longtemps que nous n'y étions plus allées ensembles. Et je n'avais aucune envie que cela recommence. Elle m'avait délaissée pour je ne sais quelle junkie de New York. Elle m'avait abandonnée une fois, je n'allais pas lui donner une occasion de répéter son erreur.
Depuis mon retour à Arrowsic, nous nous étions parfois croisées dans la rue ou dans les bars, de loin, mais jamais nous ne nous étions reparlées depuis New York. Surement qu'elle m'avait oublié... Mais ce n'était pas encore le cas pour moi.
Je marchais, les yeux dans le vague, une main distraite posée sur mon ventre - comme je le faisais lorsque j'étais encore enceinte - le regard baigné de larmes que je ne voulais pas laisser couler. Puis mon talon s'est cassé, et je suis tombée. Rien de grave, juste quelques égratignures, mais c'était la chose de trop. Je me relevais, tant bien que mal, et marchait jusqu'à un arbre pour m'y adosser. Cette fois ci, les larmes glissaient sur mes joues.
J'en avais assez. Assez d'être forte et meilleure que tout le monde. Il y a des fois où tu as juste envie de t'arrêter un moment pour pleurer et mieux repartir.
Le hasard - ou le destin - voulait bien sur que je me sois arrêtée juste au niveau de l'endroit où nous avions l'habitude de nous asseoir avec Abbey, pour parler rêves et faire des couronnes de fleur. Peut être un des endroits les plus heureux de mon enfance.
hors jeu:
Désolée, c'est mon tout premier rp avec Barbie, j'ai encore un peu de mal Je me rattrape au prochain !
Dernière édition par Barbara J. Callahan le Jeu 19 Avr - 18:31, édité 1 fois
Sujet: Re: now it's too late to apologize Ҩ abbey Sam 4 Fév - 11:58
j'ai compris qu'il y a des priorités dans la vie. que les gens que tu rencontres, ne sont pas forcément tes amis. j'ai compris que dans la vie, on n'a pas toujours se qu'on veut. j'ai compris qu'on est rien sur terre, en une seconde tout peut s'écrouler. rien n'est jamais acquis. j'ai compris qu'il ne fallait pas être prétentieux ni incapable mais se préserver de se qui est blâmable. que certains sujets importants font réfléchir jusqu'à atteindre l'endroit sensible qui parfois nous déchire. j'ai compris que faire du mal aux gens n'était pas bien. que les regrets ne sont plus utiles quand la mort te parvient. j'ai compris que chaque seconde nous est enlevée de notre crédit de vie. que sans patience, courage et volonté, on n'arrive à rien. j'ai compris qu'il ne faut pas se fier à l'apparence ni à la grandeur. car j'ai compris que l'important, c'est ce qu'il y a dans le cœur.
Quelques rayons de soleil se frayaient un passage dans les nuages avec timidité. C’était une journée classique à Arrowsic. Le temps était relativement beau, et il ne faisait ni trop chaud ni trop froid. C’était une de ces journées où l’on pouvait sortir et se balader tranquillement sur les terres calmes d’Arrowsic. Ce jour-là je ne travaillais pas au Muffy’s. J’avais donc profité de cette journée de repos pour aller me promener, seule. Ici se trouvait beaucoup de souvenirs. A Arrowsic. C’était ici que j’étais née, que mes racines étaient encrées, que mon histoire avait commencé. Et je crois bien qu’elle se finirait aussi, également. A chaque fois que je regardais un arbre, une fleur, un endroit, des milliers de souvenirs remontaient à la surface, comme un souffle léger et qui me soulevait de tout poids. Les souvenirs. C’était ce à quoi je m’accrochais parfois, même s’ils étaient légers et flous, même s’ils avaient l’apparence d’une illusion.
Sans m’en rendre compte, je m’étais enfoncée dans la belle forêt d’Arrowsic, que je trouvais à la fois magnifique et mystérieuse. En pénétrant dans cet endroit, je ne pouvais m’empêcher de penser à Barbara, ma grande amie d’enfance, avec qui j’avais partagé le début de mon séjour à New York. Quand nous étions petites, nous avions pris l’habitude de venir nous cacher ici, loin de tous, là où personne ne venait. C’était notre endroit à nous, à toutes les deux. Là où nous nous sentions en sécurité, là où on pouvait rire de tout et de rien, et profiter de l’instant présent. Je me rappelle encore de ces moments, ces moments merveilleux que j’avais passés avec elle ici. D’ailleurs, je me dirigeais vers l’endroit où nous allions le plus souvent, à côté du grand arbre aux feuilles vertes foncées.
Et puis, elle était là. Barbara. Elle avait un peu changée, mais je l’avais reconnue. Au début je croyais qu’elle n’était qu’un mirage. Mais elle était là, en chair et en os, à notre endroit. Mon cœur s’accéléra. Que faisait-elle ici ? Je savais qu’elle était revenue à Arrowsic, mais nous n’avions pas réellement parlés. Je savais qu’elle m’en voulait, et c’était normal. Je savais aussi que nous avions beaucoup de choses à nous dire. Dans la pénombre de la forêt je pouvais tout de même distinguer son beau visage. Je m’approchais doucement, silencieuse. Je ne voulais pas l’effrayer. Plus je me rapprochais, plus je voyais qu’elle ne semblait pas bien. Je pouvais entendre quelques sanglots. La voir dans cet état me serra le cœur. Même après tout ce temps, même après tout ce que je lui avais fait. « Barbara ? » dis-je, presque inaudible. Je me rapprochais d’elle et m’assit à côté de sa silhouette belle et gracieuse. « Ça va ? » demandais-je, inquiète. Je ne savais pas si elle me détestait encore, mais une chose était sûre : à ce moment-là, elle avait besoin d’aide. Et il n’y avait que moi, dans cet endroit qui nous appartenait auparavant.
Dernière édition par Abbey Jill Strugatsky le Mar 21 Fév - 9:42, édité 1 fois
Sujet: Re: now it's too late to apologize Ҩ abbey Dim 5 Fév - 14:05
Venir sur les lieux de mon enfance n'avait servi à rien. Au contraire, je me demandais si cela n'avait pas empiré mon état. Durant les six mois passés à New York après mon avortement, j'avais tenté de m'accrocher à mon rêve, espérant que le gout de mon métier me reviendrai un jour où l'autre. C'était un réconfort de savoir que, peut être, je n'avais pas avorté pour rien. Revenir à Arrowsic signait la fin de tout espoir de revenir un jour sous le feu des projecteurs. J'avais choisi de régresser, de revenir à l'endroit où je n'étais rien aux yeux de tous. Je pensais que quitter la grand pomme m'aiderai, mais les résultats étaient encore pour l'instant très mauvais. Je savais maintenant que j'avais fait tout cela pour rien. Mon avortement qui à l'origine avait pour but de pouvoir continuer ma carrière avait abouti à la même conclusion que si j'avais gardé mon enfant : un retour à la case départ.
J'avais bien Bambi pour m'aider à surmonter ma peine. Cela marchait. Je me sentais mieux. Pendant trois jours. Puis je replongeais plus profondément que jamais, j'étais plus méprisante chaque fois. Je n'en pouvais plus, de cette tristesse qui dictait ma vie jour après jour. J'en avais assez de sentir ce poids sur mes épaules, me forçant à me courber, j'en avais assez d'avoir la gorge nouée tout les matins en me réveillant pour une nouvelle journée d'enfer. Je me forçai à sourire, toujours, mais quiconque avait des yeux et une once de perspicacité pouvait se douter que mes yeux rieurs cachaient quelque chose de bien plus sombre.
J'avais envie de bouger de cet état d’hébétude quotidien, d'aller vers le futur et de me dégager du passé. Pourtant je m'étais rendue à la forêt, sans réfléchir. Venir ici était le meilleur moyen de regretter ce que j'étais devenue. Ce n'était pas ce que je cherchai. Non, ce que je voulais c'était guérir et me pardonner.
Plongée dans mes pensées, je ne prêtai aucune attention à ce qui m'entourait. Ainsi, je sursautai en entendant une voix. Une voix si singulière, que je connaissais parfaitement. Sans même détourner la tête pour regarder la personne assise à côté de moi, je savais que c'était Abbey. « Barbara ? Ça va ? » Je poussais une sorte de grognement de mécontentement, tout sauf élégant et m'essuyais les yeux, rageuse d'être vue dans un état si pathétique par celle que j'avais finie pas considérer comme une ennemie. Mauvais réflexe qui ne fit que me rendre encore plus ridicule, rajoutant de la terre aux sillons de mascara ayant coulé sur mes joues.
J'étais surprise de voir Abbey ici. Certes, enfant nous y avions passé une bonne partie de nos vacances et week-ends, mais je pensais qu'elle avait oublié cet endroit, tout comme elle m'avait oubliée. Pendant plus de trois ans, nous ne nous étions plus adressé la parole. Depuis New York, nous ne nous étions jamais retrouvée à moins de vingt mètres l'une de l'autre. Et d'un seul coup, elle revenait dans notre endroit, et me demandait d'un air compatissant si j'allais bien. Comme si rien n'avais jamais changé entre nous. Comme si ces trois dernières années d’indifférence n'avaient pas eu lieu. Non. Non, je refusais qu'elle s'en sorte aussi facilement. J'avais le goût amer de l'hypocrisie sur mon palais. Hypocrisie d'Abbey envers moi.
Elle m'avait fait souffrir, m'avait laissée dans l'incompréhension, m'avait abandonnée comme une malpropre qui n'avait jamais compté à ses yeux, et maintenant elle osait s’asseoir à mes côtés ? Un rire aigre sorti de ma gorge, et je secouais lentement la tête, effarée par la situation. « Merde, Abbey. C'est tout ce que tu trouves à me dire ? » Je n'avais toujours pas tourné la tête vers elle depuis mon arrivée. Chose que je fis après mes paroles. Elle n'avait pas changé. C'était toujours la Abbey qui avait été ma meilleure amie durant toute mon enfance. Je pouvais même voir une inquiétude sincère sur ses traits. Comme si j'étais toujours une amie, à ses yeux. « Où es Joy ? Elle t'as foutue dans le fond et est partie ? » C'est ce que j'espérai. Je voulais ma vengeance, je voulais qu'Abbey ressente ce que j'avais ressenti par sa faute.
Sujet: Re: now it's too late to apologize Ҩ abbey Lun 6 Fév - 21:07
j'ai compris qu'il y a des priorités dans la vie. que les gens que tu rencontres, ne sont pas forcément tes amis. j'ai compris que dans la vie, on n'a pas toujours se qu'on veut. j'ai compris qu'on est rien sur terre, en une seconde tout peut s'écrouler. rien n'est jamais acquis. j'ai compris qu'il ne fallait pas être prétentieux ni incapable mais se préserver de se qui est blâmable. que certains sujets importants font réfléchir jusqu'à atteindre l'endroit sensible qui parfois nous déchire. j'ai compris que faire du mal aux gens n'était pas bien. que les regrets ne sont plus utiles quand la mort te parvient. j'ai compris que chaque seconde nous est enlevée de notre crédit de vie. que sans patience, courage et volonté, on n'arrive à rien. j'ai compris qu'il ne faut pas se fier à l'apparence ni à la grandeur. car j'ai compris que l'important, c'est ce qu'il y a dans le cœur.
Ce que je faisais ? Je n’en avais absolument aucune idée. Après tout, cela faisait plusieurs années que je n’avais pas parlé à Barbara. Après tout, je n’étais même pas certaine que nous soyons encore amies toutes les deux. A vrai dire, je n’étais sûre de rien. Mais maintenant j’étais là, j’étais prêt d’elle, et je ne pouvais plus reculer. Pour l’instant, elle était encore noyée dans ses propres larmes, dans un chagrin dont j’ignorais la cause, et je ne pouvais rien faire à part la regarder, inquiète. Je me demandais ce qui lui arrivait et pourquoi elle était dans cet état. Je me demandais si elle avait fait exprès de venir ici, à notre endroit, notre endroit à toutes les deux. Pensait-elle encore à moi ? Me détestait-elle ? Avait-elle gardé nos beaux souvenirs dans son cœur ? Ce qui était certain, c’est qu’elle n’était pas arrivée ici, précisément, comme ça. Des millions des questions se bousculaient dans ma tête, mais une seule résonnait plus fort que les autres : comment se faisait-il que nous nous retrouvions ici, toutes les deux, au même moment, à la même heure, à ce même jour ? Coup du destin, hasard, chance ? Arrowsic était une terre mystérieuse, c’était certain.
Et puis finalement, au bout de quelques instants, elle dégagea sa tête pour laisser résonner un grognement dans toutes les parcelles de la forêt. Visiblement, ma présence ne semblait pas franchement la réjouir. Je devais m’y attendre, après tout. Je l’avais tout de même laissée tombée pour Joy, et je m’en rendais compte à présent, que c’était un mauvais choix que j’avais pris. Si j’étais restée avec Barbara, j’étais persuadée que ma vie ne serait plus la même qu’aujourd’hui. Une erreur de plus, un autre mauvais faux pas. Plus le temps avançait, et plus j’avais l’impression que je n’avais fait que des erreurs dans ma vie. Ou peut-être n’était-ce pas qu’une simple impression. « Merde, Abbey. C'est tout ce que tu trouves à me dire ? » Elle ne semblait pas tellement de bonne humeur, ce qui ne tournait pas vraiment à mon avantage, et ce qui avait le don de m’irriter un peu, je devais l’avouer. « J’en sais rien Barbara. Je ne comprends pas ce que t’attends de moi. Tu veux des excuses, c’est ça ? » Je ne voulais pas me montrer sèche, mais je devais avouer que le caractère de Barbara avait le don de m’exaspérer très rapidement. Et pourtant, je n’étais pas du genre à m’énerver, loin de là.
« Où es Joy ? Elle t'as foutue dans le fond et est partie ? » Et en plus de ça, elle était incroyablement dure et sévère dans ses mots. Elle n’avait pas le droit. Elle n’avait pas le droit de me faire du mal. Pas comme ça, non. Même si je savais pertinemment qu’elle ignorait tout de ce que j’avais vécu après l’avoir laissée vivre sa vie à New York. Il n’empêche que ses paroles me frappaient comme des coups de poignard dans le dos. « T’as besoin d’être aussi arrogante ? Je suis juste venue te voir parce que tu ne semblais pas aller bien alors si tu ne veux pas de mon aide très bien je m’en vais. » Malgré tout, j’avais bien évidemment envie de rester. Nous avions tellement à nous dire. J’avais tellement de choses à lui demander. Et j’avais aussi beaucoup de choses à me faire pardonner, je le savais. Et c’était sans doute une occasion qui ne se représenterait plus jamais, alors je devais la saisir. « En ce qui concerne Joy, c’est à peu près ça oui. » Je marquais un bref silence, avant de reprendre : « Et alors ? T’es contente, c’est ça ? Ça te fait plaisir de voir que j’ai souffert ? Ça te fait du bien, ça te soulage ? » Je fronçais les sourcils. Où était mon amie d’enfance ? S’était-elle évadée pour toujours ? J’avais beau être en colère, je ne voulais pas la perdre. « Si c’est le cas alors je suis contente pour toi Barbara que mon malheur te réjouisse. » J’étais arrogante, peut-être même presque autant qu’elle, sans même le vouloir. « C’est juste.. Je ne pensais pas que tu étais comme ça. » Je plongeais mon regard dans ses beaux iris. Et je pouvais voir qu’elle allait s’énerver, elle aussi. Après tout, je méritais sa rancune.
Dernière édition par Abbey Jill Strugatsky le Mar 21 Fév - 9:42, édité 1 fois
Sujet: Re: now it's too late to apologize Ҩ abbey Jeu 9 Fév - 12:51
Je n'avais pas envie d'être une garce. Pas avec Abbey. À vrai dire, je voulais même me relier d'amitié avec la jeune femme. Sinon pourquoi serais-je revenue en ces lieux ? Mais entre penser et agir, l’abysse est énorme. Ma meilleure amie d'enfance était juste à côté de moi , nous avions enfin l'occasion de recoller les morceaux et de repartir sur de bonnes bases, et il fallait que je gâche tout. Comme d'habitude. Il fallait l'avouer que le fait qu'Abbey m'ai délaissée pour Joy à New York avait profondément blessé mon ego démesuré. Je n'ai jamais eu l'habitude d'être mise à l'écart. J'ai toujours tout fait pour attirer toutes les attentions. C'est même pour cela que j'ai choisi de faire de la mode mon quotidien. De plus, qu'Abbey semble oublier toute notre enfance comme on oublie une chose sans importance m'avait attristée.
Alors il y avait cette colère qui pourrissait au fond de moi, qui me disait de continuer ma route sans plus me soucier d'Abbey. Et il y avait du regret caché dans mes entrailles qui me dictait de pardonner. Pardonner est surement la meilleure façon d'accéder au bonheur. Même si c'est quelque chose de terriblement difficile à faire, c'est toujours la meilleure solution.
J'étais partagée entre deux sensations contradictoires. J'étais incapable de me décider, car chacun des deux choix qui s'offraient à moi nécessitaient un sacrifice. «J’en sais rien Barbara. Je ne comprends pas ce que t’attends de moi. Tu veux des excuses, c’est ça ? » C'est par ces quelques mots qu'Abbey m'appris pourquoi j'étais incapable de choisir entre aimer et haïr. Comment pardonner si aucune excuse n'a jamais été faite ? Comment repartir à zéro quand les choses n'ont pas été mises à plat et examinées par les deux partis ? Je resterai toujours coincée à cet embranchement de choix, si Abbey ne m'aidait pas un peu.
«T’as besoin d’être aussi arrogante ? Je suis juste venue te voir parce que tu ne semblais pas aller bien alors si tu ne veux pas de mon aide très bien je m’en vais.» Abbey avait repris. Des mots pleins d'animosité qui me faisaient presque frémir. Un sentiment d'injustice s'insinua en moi. J'étais la victime, et pourtant Abbey avait l'air de penser le contraire. J'avais le droit d'être méchante à mon tour, de manifester mon mécontentement, et surtout de me venger. J'avais besoin d'une sorte de dédommagement, si on pouvait appeler cela ainsi.
Et comme si ces reproches dont Abbey m'avait accablée de suffisaient pas, elle continua à manifester son dégoût envers moi. Les mots qui sortaient de sa bouche étaient une torture pour moi. Toute chance de recoller les morceaux me semblait alors inexistante. Tant de déception dans le ton d'Abbey... et elle avait à moitié raison, c'était cela le pire. Par ma dernière phrase, j'avais tenté de lui faire du mal. Ce n'était pas la bonne solution, certes, mais Abbey n'avait pas l'air de comprendre à quel point elle aussi m'avait fait souffrir. «Tu es injuste, Abbey. Tu me juges, tu réponds à ma place. Non, je ne suis pas heureuse que tu aie souffert. J'ai cru que je le serai, mais maintenant que je sais ce que tu as vécu, je peux te dire que j'aurai autant préféré avoir tort au sujet de Joy.» J'avais en effet toujours pensé que cette fille était mauvaise. Elle avait entraîné Abbey dans des affaires pas nettes, l'avait poussée à la drogue et à la débauche. Le monde de la mode était fait ainsi, mais Abbey serait tombée bien plus lentement sans Joy, cela ne faisait aucun doute.
Quelques fois, on éprouve tous cette satisfaction en prononçant les mots je t'avais prévenue mais pour une fois ce n'était pas mon cas. J'avais toujours de l'amitié envers Abbey, malgré notre situation délicate, et voir une amie souffrir ne fait jamais de bien. Même si vous avez de bonnes raisons de voir cette personnes au fond du gouffre. «Comment peux tu affirmer avec tant de naturel que tu ne me pensais pas comme ça, hein ? Comment peux tu me dire qui je suis alors que tu as été absente pendant plus de trois ans ? J'ai changé, Abbey. Plus que tu ne le crois. Mais bien sur, tu ne peux pas le savoir, puisque tu étais trop occupée pour me demander quelques nouvelles.» J'avais les sourcils froncés, je tremblais presque de rage. J'avais la sensation qu'Abbey aussi avait changé. En mal. Dans mes souvenirs, elle était bien plus douce et attentionnée.
Les premiers mots de la Abbey de mes souvenirs auraient été des excuses. «Tu me manques... J'aimais bien la Abbey d'avant New York. La Abbey qui ne m'aurait jamais laissé en plan comme la chose la plus insignifiante et inutile de la planète. Tu peux pas comprendre ça ? On était comme les deux doigts de la main, et d'un seul coup je me suis retrouvée éjectée de ta vie. Et j'attends toujours la moindre petite excuse. Sauf que tu préfères m'accabler de tous les maux plutôt que de te résoudre à cela, à ce que je peux constater...» Je détournais la tête vers le sol, incapable de soutenir plus longtemps le regard de la jeune femme. J'avais sorti ce que j'avais sur le coeur. J'avais réussi à être faible. Et si je ne voulais pas le regretter, il n'y avait qu'une seule réponse juste de la part d'Abbey.
Sujet: Re: now it's too late to apologize Ҩ abbey Jeu 9 Fév - 18:33
j'ai compris qu'il y a des priorités dans la vie. que les gens que tu rencontres, ne sont pas forcément tes amis. j'ai compris que dans la vie, on n'a pas toujours se qu'on veut. j'ai compris qu'on est rien sur terre, en une seconde tout peut s'écrouler. rien n'est jamais acquis. j'ai compris qu'il ne fallait pas être prétentieux ni incapable mais se préserver de se qui est blâmable. que certains sujets importants font réfléchir jusqu'à atteindre l'endroit sensible qui parfois nous déchire. j'ai compris que faire du mal aux gens n'était pas bien. que les regrets ne sont plus utiles quand la mort te parvient. j'ai compris que chaque seconde nous est enlevée de notre crédit de vie. que sans patience, courage et volonté, on n'arrive à rien. j'ai compris qu'il ne faut pas se fier à l'apparence ni à la grandeur. car j'ai compris que l'important, c'est ce qu'il y a dans le cœur.
Au fond, malgré ma colère, tout ce que je voulais c’était retrouver Barbara. Retrouver notre amitié, retrouver notre complicité si forte, retrouver nos moments remplis de bonheur. Même si ça n’allait pas être facile, même si beaucoup de choses avaient changé. Mais quelque chose me disait que notre amitié n’était pas morte, pas encore, et que notre haine l’une envers l’autre n’était qu’éphémère, et qu’elle pouvait s’en aller si nous le souhaitions assez. Ça allait être difficile, cependant, je le savais. Car pour l’instant, nous n’étions que deux jeunes femmes qui se retrouvaient dans leurs terres natales, remplies de remords, de regrets, de rancœur, de colère, de haine, mais aussi et surtout d’espoir.
Je savais que je m’énervais pour rien. Que c’était inutile de se lui crier dessus ou de lui balancer des mots méchants qu’elle ne méritait pas. Dans l’histoire, c’était tout de même moi la fautive, et j’en avais conscience. Je n’avais rien à lui reprocher, rien du tout. Elle avait le droit d’être en colère. A sa place j’aurais certainement fait de même. Alors pourquoi étais-je aussi irritante et sévère dans mes mots ? Pourquoi la critiquais-je alors qu’elle n’avait strictement rien fait ? Je ne comprenais pas, et je n’aimais pas cette Abbey-là. Je n’aimais pas cette Abbey égoïste qui ne faisait pas attention aux autres et qui se renfermait dans son propre malheur. Je n’aimais pas cette Abbey qui faisait du mal aux autres, et surtout à ses proches. Ça n’était pas moi. Cette Abbey n’existait plus. Elle était restée à New York, elle s’était évadée pour toujours. Du moins, c’est ce que je croyais. Car ce côté de moi revenait parfois me hanter et m’alourdissait la tête avec douleur. « Tu es injuste, Abbey. Tu me juges, tu réponds à ma place. Non, je ne suis pas heureuse que tu aie souffert. J'ai cru que je le serai, mais maintenant que je sais ce que tu as vécu, je peux te dire que j'aurai autant préféré avoir tort au sujet de Joy. » Et le pire dans tout ça, c’est qu’elle avait raison. Sur toute la ligne. Il fallait que je me calme. Je ne voulais pas la laisser colère m’envahir. Car elle était injustifiée. Je baissais la tête. Parler de Joy faisait revenir des souvenirs en moi que j’aurais préféré oublié. « Moi aussi j’aurais préféré avoir tort à son sujet. Mais c’est trop tard. Elle m’a coulée. Et je me suis laissée faire. Comme un vulgaire pantin, comme une vulgaire poupée. » Je m’étais radoucie. J’étais tout de même heureuse que Barbara compatisse pour moi. Je ne voulais pas la perdre, non. Elle était là, elle. Elle était là, malgré tout. Et pour ça que je lui en étais extrêmement reconnaissante. « Je sais que je n’aurais jamais dû la fréquenter. Je sais que j'ai fait des erreurs. Te laisser tomber en était une. » Le cœur serré, je la regardais, tendrement. Comment pouvait-elle encore venir me voir ? Comment pouvait-elle encore m’apprécier ? J’avais été horrible avec elle. Et aujourd’hui je le regrettais amèrement.
« Comment peux tu affirmer avec tant de naturel que tu ne me pensais pas comme ça, hein ? Comment peux tu me dire qui je suis alors que tu as été absente pendant plus de trois ans ? J'ai changé, Abbey. Plus que tu ne le crois. Mais bien sur, tu ne peux pas le savoir, puisque tu étais trop occupée pour me demander quelques nouvelles. » Je me rendis compte qu’effectivement, j’ignorais beaucoup de choses à son sujet. J’avais été bien trop occupée à me préoccuper de moi-même, j’avais été bien trop occupée à ne penser qu’à mon propre bonheur, qu’à mon propre rêve. J’avais été incroyablement égoïste. Et elle, qu’avait-elle vécu ? Qu’avait-elle fait pendant tout ce temps ? Qu’était-elle devenue ? Je n’en savais rien. C’était ça le pire, je n’avais plus eu de nouvelles de Barbara depuis longtemps, alors qu’elle avait toujours été là pour moi, alors qu’elle avait été mon amie en qui j’avais confiance, alors que je la connaissais pas cœur. « Je.. Je sais que je n’ai pas d’excuses, Barbara. Mais j’aimerais vraiment que tu me dises tout ce que tu as à me dire un jour. Quand tu seras prête. Je peux t’attendre, si tu le souhaites. » J’inspirais l’atmosphère légère et fraiche de la forêt, avant de dire doucement : « Je suis désolé. Vraiment. Et je sais que je te demande beaucoup, mais j’espère que tu me pardonneras. » Je savais qu’on ne pouvait pas toujours rattraper le temps perdu. Je savais qu’il y avait des erreurs impardonnables. Mais j’avais envie d’y croire.
Je ne pouvais plus la quitter du regard. Elle était tellement belle. Mais en même temps il me semblait que quelque chose clochait chez elle, quelque chose dont j’ignorais la raison. Il y avait une sorte de fragilité qui se dégageait de ses iris, derrière sa grande carapace qu’elle s’était construite. Il y avait quelque chose qui me disait qu’elle avait beaucoup souffert, et c’était atroce parce que je ne savais pas pourquoi ni comment. J’étais dans l’ignorance totale. « Tu me manques... J'aimais bien la Abbey d'avant New York. La Abbey qui ne m'aurait jamais laissé en plan comme la chose la plus insignifiante et inutile de la planète. Tu peux pas comprendre ça ? On était comme les deux doigts de la main, et d'un seul coup je me suis retrouvée éjectée de ta vie. Et j'attends toujours la moindre petite excuse. Sauf que tu préfères m'accabler de tous les maux plutôt que de te résoudre à cela, à ce que je peux constater... » Moi aussi j’aimais la Abbey d’avant New York. Ce qu’elle ne savait pas, c’est que j’essayais de la retrouver, désespérément. Elle était encore en moi. Elle se cachait juste derrière mes démons qui me faisaient mal constamment. Mais j’allais la retrouver. Il le fallait, si je voulais aller mieux. Je ne pouvais pas laisser l’enfer s’abattre sur moi, sans rien dire. « Tu me manques aussi, tu sais. Plus que je ne l’aurais cru même. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça. Mais je regrette sincèrement. » A quoi cela servait-il de me blâmer ? Tout était fait maintenant. Je ne pouvais pas remonter le temps et corriger mes erreurs. Tout ce que j’avais à faire, c’était avancer sur ma route, même si elle était mal dessinée.
Dernière édition par Abbey Jill Strugatsky le Mar 21 Fév - 9:42, édité 1 fois
Sujet: Re: now it's too late to apologize Ҩ abbey Sam 11 Fév - 18:33
Peut-être que j'avais réagi trop brusquement et impulsivement. J'avais peur que rien n'aille jamais mieux entre Abbey et moi. J'aurai dû baisser la tête, ravaler ma fierté, taire les mots qui attendaient sur mes lèvres d'être prononcés, et laisser Abbey refaire partie de ma vie comme si de rien n'était. J'avais le pressentiment que notre conversation allait être un dialogue de sourd, chacune de nous deux ne voulant tenter quelque chose pour pardonner l'autre. Dans certains cas, lorsque l'on désire vraiment quelque chose, il faut faire des sacrifices. Oublier mon ego blessé et l'abandon d'Abbey allait être dur, mais je me sentais capable de le faire. Tout simplement parce que je sentais la présence de la belle blonde à côté de moi, et que c'était mieux que son abscence.
Pendant plus de dix-huit ans, elle avait été comme une soeur. Une soeur qui avait souffert sans que je ne sois là pour la réconforter. Bien que ce ne soit pas intentionnel. « Moi aussi j’aurais préféré avoir tort à son sujet. Mais c’est trop tard. Elle m’a coulée. Et je me suis laissée faire. Comme un vulgaire pantin, comme une vulgaire poupée. » J'aurai dû me sentir galvanisée par cette annonce. C'était ce que j'avais voulu pendant trois ans. Qu'Abbey se sente mal, qu'elle ressente ce que j'avais subi. C'était ma vengeance personnelle, la petite lumière au bout du tunnel. Je ne me leurrais pas, je savais pertinemment que, dans la plupart des cas, je me nourrissais du malheur des autres, me complaisais dans leurs larmes. Le fait était que j'étais assez inhumaine pour tenter de faire retomber Sheila, la propre soeur d'Abbey, dans la drogue juste pour lui prouver qu'elle était faible ; que je draguais le fiancé d'Evalee parce que j'étais jalouse qu'elle ait trouvé l'âme soeur avant moi. Et pourtant, ma réaction était totalement différente lorsqu'il s'agissait d'Abbey. Je ressentais de la peine envers la jeune femme, et avait presque envie de retrouver Joy pour lui pourrir la vie comme elle avait pourri celle d'Abbey et, en quelque sorte, la mienne. « Je sais que je n’aurais jamais dû la fréquenter. Je sais que j'ai fait des erreurs. Te laisser tomber en était une. » Un sourire s'étira sur mon visage. J'avais enfin ce que j'avais désiré depuis mon retour à Arrowsic. De la reconnaissance. Ce n'était pas encore des excuses, mais je savais que celles ci n'étaient pas loin. Déjà à ce moment là, j'avais presque pardonné Abbey. Mais il y avait tout de même cette amertume en moi qui réclamait encore de vraies excuses. Mais ces quelques phrases me suffisaient pour l'instant. C'était mieux que rien. Mieux que la colère, mieux que l'ignorance. «Je.. Je sais que je n’ai pas d’excuses, Barbara. Mais j’aimerais vraiment que tu me dises tout ce que tu as à me dire un jour. Quand tu seras prête. Je peux t’attendre, si tu le souhaites. Je suis désolé. Vraiment. Et je sais que je te demande beaucoup, mais j’espère que tu me pardonneras. » Abbey avait raté beaucoup de choses. Surement autant que ce que j'avais raté dans sa vie à elle. Je ne savais pas si je serais prête à en parler. Trop tôt. Si j'avais pardonné la jeune femme, je n'avais pas oublié pour autant. Il me faudrait surement un peu de temps avant d'en parler de moi même à Abbey. Mon avortement était déjà un sujet assez difficile à énoncer, juste après une dispute et une réconciliation, je doutais d'avoir assez de courage pour cela. Pourtant, j'avais envie d'en parler. Envie de tout raconter à cette fille qui savait si bien écouter et comprendre avant New York. « Tu me manques aussi, tu sais. Plus que je ne l’aurais cru même. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça. Mais je regrette sincèrement. » Je haussais les épaules, comme pour mettre fin à ces excuses que j'avais attendu depuis longtemps et tournai enfin le regard vers Abbey. Je sentais des larmes perler à mes yeux. Des larmes de soulagement ? Possible. Les choses iraient bien, à présent. J'avais eu ce que je voulais, je n'avais plus qu'un pas à faire avant de revenir à une situation plus détendue entre Abbey et moi.
J'avais été dure. Perdre une amie de vue, c'est courant, même lorsque c'est censé être une meilleure amie. J'avais été assez excessive, comme dans presque toutes mes réactions. Ma fierté avait pris son premier coup, et c'était pour cela que j'en avais autant voulu à Abbey. Je ne m'y connaissais pas en réactions raisonnables mais je savais pertinemment que la mienne avait été loin de l'être. « On fait tous des erreurs un jour ou l'autre. La mienne a été de t'avoir laissé partir trop vite sans me battre. Je crois que j'étais trop vexée pour cela. Cependant, je suis heureuse que tu reconnaisses ton tort. » Ces mots avaient été difficile à prononcer, mais je voulais être honnête avec Abbey. J'avais aussi ma part de responsabilité dans cette histoire. Lorsque l'on voit une amie sombrer, on la soutient. Je ne l'avais pas fait. J'avais préféré lui tourner le dos, la laissant en plan. Peut être que si j'avais tenu tête un peu plus longtemps face à Joy, les choses auraient été autrement, et nous ne serions pas là dans une forêt à tenter de se pardonner, parce que, justement, il n'y aurait rien eu à pardonner.
Je haussai une nouvelle fois les épaules. «Bref. Je pense que tu es pardonnée, Abbey. Enfin, disons que ce ne sera pas aussi facile, mais je vais essayer de faire ça le plus vite possible. Il faut avancer, hein ? » Pendant un temps, cela avait presque été ma devise. Avancer. D'abord pendant mon adolescence. Avancer pour quitter ma ville natale et réaliser mon rêve sans jamais rien regretter. Puis ce mot était revenu dans ma vie après mon avortement. Avancer, me pardonner, oublier. Oublier qu'un petit être aurait pu naître, oublier que j'aurai pu être mère. Mais cette fois ci, cela n'avait pas marché. «Tu as manqué beaucoup de chose, tu sais. Comme je te l'ai dis, j'ai changé, et ce n'est pas forcément en bien. Mais je suppose que je ne sais pas certaines nouveautés sur toi non plus... » Qu'est ce qu'était devenue Abbey depuis New York ? Je n'en savais strictement rien. Tout ce que j'étais capable de dire c'était qu'elle était maigre. Trop maigre. Et que Joy ne lui avait pas fait vivre les meilleurs moments de sa vie. «Pourquoi as-tu arrêté ta carrière ? Je croyais que c'était ton rêve. Notre rêve à toutes les deux. » Cette question avait deux interlocuteurs. Abbey, tout autant que moi. Je ne savais même pas précisément pourquoi j'avais arrêté le mannequinat. Cela avait un lien avec mon avortement, comme tout dans ma vie actuelle. Mais c'était tout ce que je savais. Les défilés et les photographes me manquaient, et pourtant j'avais décidé de mon plein grès de revenir au milieu de nulle part. Arrowsic.
Sujet: Re: now it's too late to apologize Ҩ abbey Mar 14 Fév - 21:45
j'ai compris qu'il y a des priorités dans la vie. que les gens que tu rencontres, ne sont pas forcément tes amis. j'ai compris que dans la vie, on n'a pas toujours se qu'on veut. j'ai compris qu'on est rien sur terre, en une seconde tout peut s'écrouler. rien n'est jamais acquis. j'ai compris qu'il ne fallait pas être prétentieux ni incapable mais se préserver de se qui est blâmable. que certains sujets importants font réfléchir jusqu'à atteindre l'endroit sensible qui parfois nous déchire. j'ai compris que faire du mal aux gens n'était pas bien. que les regrets ne sont plus utiles quand la mort te parvient. j'ai compris que chaque seconde nous est enlevée de notre crédit de vie. que sans patience, courage et volonté, on n'arrive à rien. j'ai compris qu'il ne faut pas se fier à l'apparence ni à la grandeur. car j'ai compris que l'important, c'est ce qu'il y a dans le cœur.
Je sentis un vrai frais frapper ma peau avec douceur. Comme si l’atmosphère s’était radoucie après les excuses que j’avais présentée à Barbara. Je me sentais plus légère, plus libre, plus calme. Comme si j’avais été soulagée d’un poids. Je crois qu’à elle aussi, ça la rassurait d’entendre ses mots. Je sentais dans son regard une certaine satisfaction. Peut-être qu’elle avait besoin d’entendre ses mots, peut-être qu’elle avait besoin de les entendre pour me pardonner et avancer. Pendant quelques secondes je demeurais silencieuse, appréciant la fraicheur de la forêt et le calme serein qui y régnait. C’était tellement agréable ! C’était comme avant. Exactement comme avant. Rien n’avait changé. La terre était restée intacte, notre endroit n’avait pas perdu de sa fabuleuse magie. Cet endroit nous appartenait, et il était resté, tout comme notre amitié, bien que très fragile. Mais nous étions encore là toutes les deux. Certes nous avions encore beaucoup de secrets, de choses à nous dire, mais nous étions là. Toutes les deux. Et c’était tout ce qu’il comptait vraiment à ce moment-là.
« On fait tous des erreurs un jour ou l'autre. La mienne a été de t'avoir laissé partir trop vite sans me battre. Je crois que j'étais trop vexée pour cela. Cependant, je suis heureuse que tu reconnaisses ton tort. » Des erreurs. Oui j’avais fait beaucoup d’erreurs. En assumer les conséquences s’avérait être très difficile, je devais l’avouer. Mais tout était fait. Plus rien n’était entre mes mains. « Bref. Je pense que tu es pardonnée, Abbey. Enfin, disons que ce ne sera pas aussi facile, mais je vais essayer de faire ça le plus vite possible. Il faut avancer, hein ? » La seule chose que je pouvais espérer, c’était le pardon. Et Barbara venait juste de me l’offrir. Je savais bien que tout n’allait pas revenir comme avant, qu’elle n’allait pas se confier à moi comme elle avait l’habitude de le faire auparavant d’aussi tôt, mais on allait y arriver. Il le fallait, même si ça allait prendre du temps. Qu’importe, le temps n’était pas un obstacle. Car je ne comptais pas partir d’Arrowsic. Jamais. « Tu peux prendre ton temps Barbara. On n’est pas pressées. » Un léger sourire s’afficha sur mes lèvres. Sourire était difficile à présent. Ça me paraissait trop faux, trop fabriqué. Bien que j’étais heureuse de retrouver Barbara, il y avait toujours cette boule en moi qui me disait que j’allais forcément échouer. Mais je ne voulais pas gâcher ce moment. Je ne voulais pas laisser ma peine me consumer petit à petit.
Et maintenant ? Qu’étions-nous censés faire ? Rattraper le temps perdu ? Je n’étais pas certaine de vouloir parler de mes problèmes à Barbara. Mais il fallait bien que je lui fasse confiance à nouveau. « Tu as manqué beaucoup de chose, tu sais. Comme je te l'ai dis, j'ai changé, et ce n'est pas forcément en bien. Mais je suppose que je ne sais pas certaines nouveautés sur toi non plus... » Finalement, c’est elle qui entreprit de parler en premier. Je l’écoutais, attentivement, essayant d’assimiler chaque mot qui sortait de ses fines lèvres. Je ne pouvais m’empêcher d’imaginer ce qui pouvait lui être arrivé. Mais mon imagination n’égalerait sûrement jamais la réalité bien trop dure. « Qu’est-ce qu’il s’est passé Barbara ? Qu’est ce qui a bien pu te faire changer à ce point ? » C’est vrai qu’elle n’était pas tout à fait la même. Bien sûr, elle était toujours aussi extravertie, franche et directe, mais il y avait quelque chose d’autre. Quelque chose de plus profond, de plus enfoui. Et je n’avais qu’une envie : découvrir la façade cachée de Barbara, la fameuse façade que tout le monde cache, y compris moi. Mais je ne voulais pas être indiscrète. Et surtout, je ne voulais pas la brusquer. « Si c’est trop tôt pour en parler, ce n’est pas grave. Je comprendrais. » J’étais prête à attendre tout le temps qu’il fallait.
J’inspirai l’air douce, plongeant mon regard au loin, entre les nombreuses feuilles d’arbres qui se baladaient ici et là. C’était beau. Extrêmement beau. « Effectivement, ma vie a été plutôt tourmentée, c’est le moins que l’on puisse dire. Je ne sais pas ce qui m’est arrivé. Je suppose que j’ai été trop naïve, trop stupide pour me rendre compte à quel point je n’allais pas bien. » Oui, j’avais été idiote. J’avais été idiote de croire que la vie était parfaite. J’avais été idiote de suivre n’importe qui et n’importe quand. J’avais été idiote sur toute la ligne. Une belle bêtise. Forcément, passer mon temps à regretter le moindre de mes actes n’arrangeait pas vraiment la situation, mais je ne pouvais pas m’en empêcher. C’était comme si mes tourments venaient me hanter la tête constamment, comme s’ils étaient encrés en moi pour toujours. « Pourquoi as-tu arrêté ta carrière ? Je croyais que c'était ton rêve. Notre rêve à toutes les deux. » Je levai les sourcils. Que répondre à ça ? Il y avait à la fois des tas d’explications et à la fois rien du tout. A vrai dire, j’avais été trop insouciante pour comprendre ce qu’il me tombait sur la tête. « Je n’ai pas arrêté la carrière, c’est la carrière qui ne voulait plus de moi. C’est tout le monde entier qui s’est retourné contre moi. Ce sont tous mes rêves qui se sont envolés, comme de la poussière. Et je n’ai même pas compris. J’ai tout vu partir, et moi je suis restée là, muette et sourde. » La vérité, c’était que je m’étais laissée tombée dans ce tourbillon infernal et je n’avais même pas tenté de m’en sortir. Il était déjà trop tard quand je m’en étais rendue compte. « Et toi alors ? Qu’est ce qui t’as poussé à tout quitter ? » J’avais envie de tout savoir, tout comme elle, je supposais. Tout ce qu’il nous fallait, c’était du temps. Du temps.
Dernière édition par Abbey Jill Strugatsky le Mar 21 Fév - 9:43, édité 1 fois
Sujet: Re: now it's too late to apologize Ҩ abbey Lun 20 Fév - 8:53
Vivre loin de New York s'avérait de plus en plus dur pour moi chaque jour. J'aimais Arrowsic, son air frai, son calme permanent, mais il fallait avouer que ma carrière me manquait. Je savais que si je retentais de relancer ma carrière, j'allais vite revenir dans ma ville natale. Le mannequinat, ce n'était plus fait pour moi. Depuis que j'avais sacrifié un être innocent pour ce rêve, me pavaner sur les tapis rouges me dégoûtait. C'était un métier tellement futile, tellement inutile. L'art n'était pas forcément mieux pour mon utilité au monde, mais au moins c'était un moyen de s'exprimer. Je n'étais plus un simple objet sur qui tester les nouvelles marques en vogue. C'était plus enrichissant. Mais tellement monotone, aussi.
Mais oui, Arrowsic avait ses bons côtés. C'étaient ici que se trouvaient les personnes chères à mon coeur. Malgré les engueulades, les coeurs brisés. New York change les gens. Abbey avait bien changé en y arrivant mais je retrouvai de nouveau le vrai caractère de mon amie à Arrowsic. Certes, elle était changée, mais elle tentait de réparer les erreurs commises à New York. C'était le principal. « Tu peux prendre ton temps Barbara. On n’est pas pressées. » Je hochais la tête. Le temps s'étirait lentement dans la petite ville du maine. Et vu mon état, je risquais d'y rester encore un petit bout de temps. Alors oui, nous avions tout notre temps. Ce presser ne servirait qu'à repartir sur des bases fragiles qui s'écrouleraient à la première vague. « Qu’est-ce qu’il s’est passé Barbara ? Qu’est ce qui a bien pu te faire changer à ce point ? Si c’est trop tôt pour en parler, ce n’est pas grave. Je comprendrais. » Je sursautais à la première phrase d'Abbey et sentit le rose me monter aux joues. Je lui avais dis que j'avais changé, mais avec ces deux phrases, Abbey me donnait l'impression qu'elle savait parfaitement ce que j'avais subi. Son ton calme semblait m'affirmer qu'elle était capable de lire dans mon âme et de comprendre. Ma détresse, mon changement se remarquaient ils tant que ça ? Je n'étais avec Abbey que depuis dix minutes, tout au plus, et déjà elle remarquait que quelque chose avait changé. Certes, l'ancienne Barbie n'aurait pas éclaté de colère aussi facilement contre Abbey, mais mes motifs étaient justifiés.
Abbey me connaissait bien. Trop bien. Et cela me gênait. J'aurai voulu qu'elle pense que tout était parfait pour moi - hormis les quelques larmes qu'elle avait surpris en arrivant dans la forêt. Je voulais qu'elle pense que tout allait bien. Je voulais être forte, avec tout le monde. Même avec des amis qui ne demanderaient que de me soutenir, je voulais leur montrer le côté le plus dur et inébranlable de ma personnalité. « Je n'ai pas changé tant que ça. J'ai juste compris quelles étaient mes priorités. Mais oui, il est peut être un peu tôt pour en parler. » Je détournais la tête, gênée. Quelques années plus tôt, l'idée de cacher quelque chose de ma vie à Abbey m'aurait semblé absurde. Maintenant, c'était plutôt le contraire.
«Effectivement, ma vie a été plutôt tourmentée, c’est le moins que l’on puisse dire. Je ne sais pas ce qui m’est arrivé. Je suppose que j’ai été trop naïve, trop stupide pour me rendre compte à quel point je n’allais pas bien. » Je ne savais pas exactement ce qu'il était arrivé à Abbey, bien que j'en aie une petite idée grâce aux rumeurs qui circulaient en ville. Drogues. Voilà quel était le mot clé. Le synonyme de Joy. Et puis anorexie, peut être. Les mannequins tombant dans ce cercle vicieux n'étaient pas rare, et Abbey me semblait bien trop maigre. « Je n’ai pas arrêté la carrière, c’est la carrière qui ne voulait plus de moi. C’est tout le monde entier qui s’est retourné contre moi. Ce sont tous mes rêves qui se sont envolés, comme de la poussière. Et je n’ai même pas compris. J’ai tout vu partir, et moi je suis restée là, muette et sourde. Et toi alors ? Qu’est ce qui t’as poussé à tout quitter ? » Je ne comprenais Abbey que trop bien. J'avais vécu une expérience similaire, à la différence que c'est mon dégoût que j'avais vu s'installer, sans pouvoir empêcher son ascension entre mon rêve et moi. Pourtant, tout était censé être parfait. J'étais très demandée, je gagnais un bon paquet de fric, j'avais trouvé quelqu'un qui m'aimait pour ce que j'étais... mais il s'est insinué en moi, petit à petit, jour après jour jusqu'à me faire tout quitter.
« Est-ce que... est-ce que tu veux en parler ? » Chose que j'avais refusé quelques minutes plus tôt, mais si Abbey avait besoin de parler, alors je voulais être là. Ce n'était que par la parole que la confiance s'installerai de nouveau entre elle et moi. Il fallait forcer un peu cette confiance, partager ses secrets. C'est comme ça que tout irait mieux.
Appliquant ma théorie, je me forçais à articuler quelques mots. « De toute façon, il faudra bien que tu comprennes un jour pourquoi je suis revenue ici, hein . je pris une grande inspiration, terrorisée par les mots qui s’apprêtaient à glisser de mes lèvres. Hum.. je suis tombée enceinte, et... » Je me suis tue, incapable de finir ma phrase, de confier la période la plus sombre de ma vie à celle qui m'avait déjà abandonnée une fois. J'éprouvais le besoin d'enjoliver la réalité, de la rendre plus douce afin que je passe moins pour un monstre. Et si Abbey ne comprenait pas ? Et si elle me détestait pour mon avortement et allait raconter toutes ces histoires à la ville entière ? Ou pire, à Rumor has it, qui sévissait depuis peu ? Je frémis à cette idée, avant de me reprendre. « Et j'ai fait une fausse couche. Voilà, c'est dit. » Mensonge ! Mais un mensonge tellement plus acceptable que la réalité. Tellement plus humain que d'admettre que j'avais tué mon propre enfant par choix.
hors jeu:
désolée, c'est nuuuuuuuul... et sorry pour le retard
Sujet: Re: now it's too late to apologize Ҩ abbey Mar 21 Fév - 10:21
j'ai compris qu'il y a des priorités dans la vie. que les gens que tu rencontres, ne sont pas forcément tes amis. j'ai compris que dans la vie, on n'a pas toujours se qu'on veut. j'ai compris qu'on est rien sur terre, en une seconde tout peut s'écrouler. rien n'est jamais acquis. j'ai compris qu'il ne fallait pas être prétentieux ni incapable mais se préserver de se qui est blâmable. que certains sujets importants font réfléchir jusqu'à atteindre l'endroit sensible qui parfois nous déchire. j'ai compris que faire du mal aux gens n'était pas bien. que les regrets ne sont plus utiles quand la mort te parvient. j'ai compris que chaque seconde nous est enlevée de notre crédit de vie. que sans patience, courage et volonté, on n'arrive à rien. j'ai compris qu'il ne faut pas se fier à l'apparence ni à la grandeur. car j'ai compris que l'important, c'est ce qu'il y a dans le cœur.
La vie était tout de même remplie de surprises. Jamais je n’aurais cru retrouver Barbara un jour. Jamais. Pour moi elle se serait installée à New York, avec une magnifique carrière derrière elle, elle serait riche et son mari serait un puissant homme d’affaires qui l’aimerait de tout son cœur. C’était ce à quoi elle était destinée, j’en étais persuadée. Mais le destin en avait décidé autrement. Le destin avait préféré que Barbara arrête sa fabuleuse carrière et retourne dans son pays natal, à Arrowsic, la magnifique Arrowsic. Arrowsic était une terre magique. Elle pouvait accomplir des miracles. Comme notre amitié. Oui, Arrowsic avait conservé notre amitié depuis tout ce temps, et ce jour-là, elle nous l’avait rendue. C’était magique. C’était beau. C’était fabuleux. Je ne pouvais avoir meilleure compagnie que Barbara ici, celle qui faisait partie de mon passé, celle qui m’avait suivie, celle qui était encore là, malgré tout.
« Je n'ai pas changé tant que ça. J'ai juste compris quelles étaient mes priorités. Mais oui, il est peut être un peu tôt pour en parler. » J’approuvais d’un signe de tête. Elle n’avait pas à tout me dire si elle n’en avait pas encore envie. Je comprenais parfaitement, et je ne lui en voulais pas, pas du tout. Comment aurais-je pu ? C’aurait été trop égoïste. « De toute façon, il faudra bien que tu comprennes un jour pourquoi je suis revenue ici, hein. » Je la regardais tendrement, et resta muette. « Hum.. je suis tombée enceinte, et... » Je commençais horriblement à avoir peur. Les pires des scénarios circulaient dans ma tête, et finalement, le verdict tomba. « Et j'ai fait une fausse couche. Voilà, c'est dit. » Stupéfaite, je restais interdite, quelques secondes. Je ne pouvais pas imaginer l’ampleur de sa tristesse, de son désespoir. Je ne pouvais pas imaginer à quel point cela devait être douloureux de perdre l’enfant qu’on a porté pendant neuf long mois. Je pouvais bien deviner que Barbara n’était pas sortie indemne de cette expérience, et sans doute que la perte de son enfant la suivrait pour toujours. Ce n’était pas quelque chose que l’on pouvait oublier aussi facilement. Sans réfléchir, je pris sa main douce, et avec une voix calme, je lui dis : « Je suis sincèrement désolé, Barbara. Et j’espère qu’un jour tu t’en remettras, vraiment. » Je me pinçais légèrement les lèvres. Je ne pouvais pas la comprendre, parce que je ne l’avais jamais vécu, mais je voulais être là pour elle. « Si jamais tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là, d’accord ? » A vrai dire, je crois que Barbara était comme moi : elle voulait se montrer forte, elle voulait faire comme si tout allait bien, et elle gardait sa propre douleur la ronger de l’intérieur. Alors je ne pense pas qu’elle m’appellerait pour m’en parler mais qu’importe, je voulais qu’elle sache qu’elle pouvait compter sur moi. « Et tu sais, si jamais tu veux avoir un autre enfant, ce n’est pas comme si quelqu’un t’en empêchait. » Un sourire compatissant aux lèvres, je regardais autour de moi avec mélancolie. Rien n’avait changé. C’était toujours aussi magnifique.
Après toutes ses confessions, je crois que nous n’avions besoin que d’une seule chose : oublier, oublier un peu notre douleur, notre passé, nos remords peut-être. Et juste se laisser aller, faire comme si le monde nous appartenait complètement. Un sourire aux lèvres, je lui demandai : « Tu te souviens quand on venait ici quand on était petites ? C’était tellement génial. » Rien qu’à cette pensée, mon visage s’illumina. C’était la bonne époque, c’était l’époque où nous étions encore innocentes et que nous pensions que le monde était beau et parfait. Soudain, une idée me traversa l’esprit. « Tu crois qu’il y a encore notre boite sous la terre ? » Cette boite, on l’avait enterré avant de partir à New York, avec tous les objets qui nous tenaient à cœur, avec tous nos souvenirs d’enfance, à toutes les deux. Je me souviens même que j’avais dit que jamais personne ne la trouverait, tellement on avait fait un trou profond. Et je pensais réellement qu’elle était encore là. Certes, l’ouragan Ivan était passé il y a plusieurs mois de cela, mais il n’avait pas pu toucher les profondeurs d’Arrowsic. Je l’espérais en tout cas, très fort.
Sujet: Re: now it's too late to apologize Ҩ abbey Sam 3 Mar - 19:03
J'avais fait une grosse connerie. Sérieusement, qu'est ce qui m'étais passé par la tête pour inventer un truc pareil ? Tout ce que j'avais voulu, sur le moment, c'était enjoliver ma situation, me rendre moins inhumaine. Et égoïstement, j'avais également désiré lorsque j'avais prononcé ma phrase qu'Abbey culpabilise en pensant à tout ce qu'elle avait manqué, à tous ses moments où j'aurais eu besoin de ma meilleure amie. Et alléger ma propre culpabilité par la même occasion. Peu de gens étaient au courant de mon avortement, et le rendre moins réel en transformant un meurtre en fausse couche me permettait d'avoir un peu moins de poids sur la conscience. Certes c'était totalement idiot, étant donné que je savais parfaitement que je mentais, mais le fait qu'Abbey pense que j'étais une pauvre et triste innocente, c'était réconfortant, en quelques sorte. Cela rendait la réalité plus facile à digérer pour moi.
Mais ce que j'avais fait était loin d'être la bonne solution, et je le savais. Tôt ou tard, la vérité sortirait au grand jour. Surement via rumour has it. Mais même sans la blogueuse d'Arrowsic, le bouche à oreille commencerai un jour où l'autre, un des détenteurs de mon secret ne pouvant plus tenir sa langue. Oui, Abbey découvrirait la vérité, que ce soit dans un mois ou un an. Et ce jour là, elle m'en voudrait. Peut être même me détesterait pour à la fois mes actes et mes mensonges. Parviendrait elle à me pardonner comme j'avais moi même effacé ses erreurs ? Rien n'était sur.
Peut être aurait été t'il mieux si Abbey avait trouvé quelques traces de mensonge dans mon ton dès ma phrase prononcée, mais ce ne fut pas le cas. Au contraire, elle fonça la tête la première dans mes paroles, et me pris immédiatement la main, douce et prévenante. C'était la Abbey que je connaissais. C'était la Abbey que j'aimais. Celle qui était là pour moi. Toujours et quoi qu'il arrive. « Je suis sincèrement désolé, Barbara. Et j’espère qu’un jour tu t’en remettras, vraiment. Si jamais tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là, d’accord ? » Son ton était plein d'une réelle compassion. Abbey ne feignait pas d'être désolée pour moi, elle l'était vraiment. Malgré tous les obstacles qui avaient parsemé notre amitié, Abbey les surmontait un à un, toujours avec plus d'aisance et de naturel. Et moi, tout ce que je parvenais à faire c'était placer encore plus d'embûches sur sa route, mes paroles n'étant que mensonges. Je me sentais tellement coupable... Mais il était trop tard maintenant. Trop tard pour sortir un « non, non, lol, je déconne en fait j'ai avorté parce que ma carrière était plus précieuse qu'un gosse, ma fausse couche c'était juste un gros poisson d'avril avant l'heure ». J'avais atteint le point de non retour, et j'allais le regretter amèrement.
La culpabilité dictait ma vie, depuis mon avortement. Culpabilité d'avoir tué le petit être qui grandissait en moi, culpabilité de n'avoir jamais mis au courant le père de quoi que ce soit, culpabilité d'être partie de New York sans prévenir personne du jour au lendemain, culpabilité pour mes infidélités envers Niallàn. Culpabilité encore et encore. Et ça ne finissait pas. Avoir menti à Abbey sur quelque chose d'aussi grave alors que nous étions entrain de recoller les morceaux venait encore s'ajouter à la liste des choses pour lesquelles je me sentais coupable. « Ne t'inquiète pas pour moi, tu me connais je suis forte, je me remets toujours de tout. Merci pour ta proposition, mais très peu de personnes sont au courant pour la simple et bonne raison que c'est encore très dur d'en parler. Peut être un jour, qui sait... Et malgré mes problèmes, je suis là aussi si tu as besoin de quoi que ce soit. Cela a toujours été le cas, et ça le sera toujours. » Je serrais sa main, toujours lovée dans la mienne, un sourire triste aux lèvres.
Celui d'Abbey était plus naturel, plus plein de vie. Elle avait une idée derrière la tête. « Tu te souviens quand on venait ici quand on était petites ? C’était tellement génial. » Et comment je m'en souvenais. J'étais venue ici pour m’imprégner de ces souvenirs heureux et m'en remplir la tête quelques minutes. Pendant un temps, j'avais passé une bonne moitié de mon temps dans ces bois, sous cet arbre. Petite, lors des vacances scolaires j'y passais parfois des journées entières, me souciant peu du froid glacial de l'hiver ou de la chaleur caniculaire de l'été. Je m'étais toujours sentie bien ici, en sécurité. « Tu crois qu’il y a encore notre boite sous la terre ? » Je sursautais à l'évocation de la fameuse boite. Je l'avais totalement oublié, et si Abbey ne m'avait pas rappelé son existence, elle serait surement restée enfoui dans mes souvenirs encore bien longtemps. Cette boîte contenait tout ce qu'il y avait à savoir de notre enfance. Nos joies, nos peines, nos coups de coeurs. Des vielles coupures de magazines de modes où nous avions collé notre tête sur les visages des plus beaux mannequins. Une boîte à rêve, comme en ont tous les enfants un jour où l'autre. Et des lettres de réconciliation que nous nous étions échangées lors de diverses mineures dispute de gamins. Quelques mèches de cheveux de nos poupées respectives, et toute une sorte de souvenirs du même genre. Peut être même la fameuse histoire qu'Abbey et moi avions écrite ensemble du haut de nos douze ans racontant les aventures de deux mannequins de talent meilleures amies depuis toujours et à jamais, dans la gloire et la joie. Je souris en me rappelant tout ce que nous avions pu entreposer dans cette boîte. Nous l'avions enterrée il y avait bien longtemps, mais maintenant qu'Abbey m'avait rappelé l'existence de cette boîte, j'avais l'impression de me souvenir de toutes sortes de détails que je pensais oubliés à jamais. «J'en sais rien, mais je l'espère ! » Je me relevais, tentant tant bien que mal de marcher malgré mon talon cassé. Je jetais un regard ironique à Abbey. « Aucun commentaire sur mes chaussures, s'il te plait ! Je tiens à préciser que j'avais pas prévu de venir ici. » J'avais toujours été très coquette et Abbey m'avait déjà souvent taquiné à ce propos, petites, bien que l'ayant elle aussi également toujours été. « Cinq pas vers le nord à partir de l'arbre, et il reste plus qu'à creuser, c'est ça ? » Nous avions enterré cette boîte à souvenirs aussi précieusement que les pirates entèrent leur butin sur une île déserte. « Mais comme on n'avait aucune idée d'où se trouvait le nord, on a fait une marque sur l'arbre au hasard et on a décidé que c'était par là.» J'eu un petit rire réjoui. Naïveté, douce et regrettée. Je fis le tour de l'arbre, à la recherche de nos initiales gravées. A&B. C'était là. Je caressais doucement l'inscription sur le bout de mes doigts avant de faire cinq pas en m'éloignant de l'arbre. «Prête à te salir les mains ? C'est trop dommage pour ma manucure, mais ça vaut peut être le coup. » Tout allait bien. Pendant quelques minutes, j'avais l'impression qu'Abbey et moi avions retrouvé notre âme et notre complicité d'enfants.
hors jeu:
pardon pour l'énorme retard et par contre là j'ai trop la flemme de relire donc regarde pas les fautes, je corrige tout ça demain
Sujet: Re: now it's too late to apologize Ҩ abbey Mar 17 Avr - 22:49
j'ai compris qu'il y a des priorités dans la vie. que les gens que tu rencontres, ne sont pas forcément tes amis. j'ai compris que dans la vie, on n'a pas toujours se qu'on veut. j'ai compris qu'on est rien sur terre, en une seconde tout peut s'écrouler. rien n'est jamais acquis. j'ai compris qu'il ne fallait pas être prétentieux ni incapable mais se préserver de se qui est blâmable. que certains sujets importants font réfléchir jusqu'à atteindre l'endroit sensible qui parfois nous déchire. j'ai compris que faire du mal aux gens n'était pas bien. que les regrets ne sont plus utiles quand la mort te parvient. j'ai compris que chaque seconde nous est enlevée de notre crédit de vie. que sans patience, courage et volonté, on n'arrive à rien. j'ai compris qu'il ne faut pas se fier à l'apparence ni à la grandeur. car j'ai compris que l'important, c'est ce qu'il y a dans le cœur.
Évidemment que notre amitié n’allait pas être facile à reconstruire. Évidemment que nous étions encore sur nos gardes, sur nos doutes. Il nous fallait du temps. Il nous fallait du temps pour accepter l’autre, pour accepter ses erreurs, pour accepter de pardonner. Mais le fait que nous étions ici, à Arrowsic, dans la forêt, notre forêt à nous, était déjà un grand pas. Cela signifiait que nous étions toutes les deux prêtes à faire des efforts, que nous voulions toutes les deux retrouver notre amitié qui s’était dissipée avec les années. Alors oui, ça n’allait pas être facile, ça allait demandait du courage, mais nous y arriverons, j’en étais presque persuadée. Parce qu’avant tout, Barbara était mon amie, et je tenais à elle, malgré tout. Parce que j’avais envie d’y croire. De croire que c’était encore possible.
Alors qu’elle s’apprêtait à parler, je la regardais, un sourire aux lèvres. Elle était magnifique. Elle avait une beauté qui se distinguait des autres, elle avait quelque chose de plus qui plaisait à mes yeux. Je ne pouvais m’empêcher de la contempler, peut-être avais-je peur qu’elle s’en aille, qu’elle me quitte, comme je l’avais fait auparavant. Peut-être avais-je peur que l’image qui se reflétait devant moi s’efface en un instant, sans même que je ne le remarque. Nous étions encore fragiles. Peut-être trop fragiles. Il y avait beaucoup de choses que j’aurais aimé savoir, beaucoup de questions que j’aurais aimé poser, mais c’était encore trop tôt. Mais ce n’était pas grave, cela pouvait attendre, je pense. « Ne t'inquiète pas pour moi, tu me connais je suis forte, je me remets toujours de tout. Merci pour ta proposition, mais très peu de personnes sont au courant pour la simple et bonne raison que c'est encore très dur d'en parler. Peut être un jour, qui sait... Et malgré mes problèmes, je suis là aussi si tu as besoin de quoi que ce soit. Cela a toujours été le cas, et ça le sera toujours. » Barbara voulait se montrer forte, et c’était tout à son honneur. J’aurais fait la même chose de toute façon. Montrer ma douleur aux autres, ce n’était pas quelque chose que j’avais l’habitude de faire. Alors oui, peut-être que je n’étais qu’une peureuse qui ne voulait pas affronter la vérité, qui ne voulait pas voir la réalité, mais c’était mieux ainsi. Cela me semblait plus simple, plus facile à vivre. L’était-ce vraiment ? Peut-être pas. Et quand j’entendais Barbara parler, je ne pouvais m’empêcher de me voir en elle. On se ressemblait énormément, et ça, ça n’avait toujours pas changé. « Tu sais, se montrer forte ce n’est pas toujours la solution. Au fond tu sais que ce n’est qu’une image que tu donnes de toi, qu’en fait tu souffres mais tu ne veux pas le montrer. Mais bon, je sais à quel point c’est dur, à quel point c’est mille fois mieux de faire comme si t’allais bien. Mais Barbara, si tu ne vas pas bien s’il te plait ne me mens pas. Pas à moi. Je sais bien qu’il ne faut pas que je m’inquiète, mais je dois t’avouer que c’est difficile quand même. » Je la regardais avec insistance, je ne voulais pas prendre le risque de la perdre. Pas une deuxième fois. Je voulais me comporter comme une véritable amie, parce qu’elle le méritait. Elle méritait d’être aimée et de se sentir en confiance. Elle méritait d’avoir une belle vie. Et même si ça n’avait pas toujours été le cas, je voulais être là pour elle, quoi qu’il arrive. « Merci Barbara. » dis-je finalement, pour conclure. Son dernier mot, « toujours » résonnait comme une jolie mélodie dans mes oreilles. Est-ce qu’elle le pensait vraiment ? Est-ce que nous pourrions rester ensemble pour le reste de l’éternité ? Peut-être pas, mais cette promesse me paraissait si belle, que j’avais envie d’y croire. Juste un peu.
Finalement Barbara se leva et je me mis à marcher vers l’endroit où nous avions enterré notre fameuse boite auparavant. Cette boite contenait de si nombreux souvenirs, j’en avais le cœur qui s’affolait, c’était dingue. J’étais prise d’une euphorie étrange, comme celle que je ressentais quand j’étais petite, quand je courais dans la prairie, le sourire aux lèvres. C’était l’innocence et l’insouciance retrouvées pendant quelques instants. C’étaient les doux souvenirs qui faisaient chavirer mon cœur. C’était un bon vent frais qui venait me rafraichir la peau et me vider l’esprit. « J'en sais rien, mais je l'espère ! » Son ton exclamatif me donnait envie de sourire. Elle semblait aussi enthousiaste que moi, et j’en étais heureuse. « Aucun commentaire sur mes chaussures, s'il te plait ! Je tiens à préciser que j'avais pas prévu de venir ici. » Je me retournai alors pour constater que son talon était cassé. Un léger rire retentit entre les arbres remplis de feuilles, pour s’éparpiller dans l’atmosphère. « Ce n’est pas très malin ça dis-moi ! En plus tu fais du mal à l’herbe, la pauvre ! » dis-je, d’humeur taquine. « Cinq pas vers le nord à partir de l'arbre, et il reste plus qu'à creuser, c'est ça ? » « Ouais, il me semble. » Elle aussi se rappelait des moindres détails. Au moins elle ne m’avait pas complètement oublié. Elle aurait pu, pourtant. Mais elle ne l’avait pas fait. Et ça, ça me faisait chaud au cœur. « Mais comme on n'avait aucune idée d'où se trouvait le nord, on a fait une marque sur l'arbre au hasard et on a décidé que c'était par là. » C’était vrai, encore une fois. Mon visage s’illumina à cette remarque. Je me revoyais encore regarder le soleil et essayer de déterminer le nord, mainte et mainte fois. « Et bah dis donc, on peut dire que tu ne souffres pas d’Alzheimer toi. » Elle se mit alors à contempler l’arbre et passa ses doigts sur nos initiales gravées sur le vieil arbre. Je ne pensais pas qu’elles seraient encore là. Et pourtant. Elles s’érigeaient, fièrement, en bas de cet arbre qui se mourrait lentement. « Prête à te salir les mains ? C'est trop dommage pour ma manucure, mais ça vaut peut être le coup. » « Définitivement prête. Et bien sûr que ça vaut le coup ! Si tu veux je te payerai même la manucure. » Je pris alors l’initiative de me baisser, de remonter mes moches et de dégager les quelques débris qui s’y trouvaient. « S’il n’y a rien en dessous je crois que je vais commettre un meurtre. » Je ris un peu, mais quelque chose me disait qu’elle y était encore, enfouie dans un coin. Comme si elle attendait qu’on la déterre. C’est alors que je mis ma main dans la terre et en extirpa une petite masse. Voilà, c’était fait. Maintenant, il fallait juste continuer. Continuer pour retrouver notre boite, notre trésor, notre sésame. Pour nous.
Spoiler:
Je suis vraiment désolé de l'énorme retard, ma petite barbie.
Sujet: Re: now it's too late to apologize Ҩ abbey Jeu 19 Avr - 16:52
Mentir, toujours et encore. Je savais que je finirai par le regretter, je savais que mes erreurs s'accumulaient et qu'elles finiraient bientôt par étouffer ma vie entière, mais je n'arrivai à faire autrement. Ce besoin de se sentir au dessus de tout et de tous, par tous les moyens possibles et imaginables était plus forte que ma volonté de changer. J'avais rêvé de gloire, de célébrité et je me retrouvais dans ce bled pommé du maine, entourée par la mer, les champs. Campagne désespérante et pleine de routine. C'était tellement loin de mon idéal, de mes rêves. Alors j'éprouvais le besoin de briller, au moins ici. Et pour cela, il fallait que je paraisse heureuse, forte, inébranlable. Les loques humaines n'ont jamais été admirées de personne. Mais cela allait plus loin. Plus que leurrer mon entourage sur mon « bonheur parfait » je me leurrais moi même. J'avais besoin de me dire que ce caractère de battante que je m'étais construite n'étais pas qu'une simple façade pour cacher mon mal être. Dire à Abbey que j'avais fait une fausse couche me permettait de me décharger un peu de ma culpabilité vis à vis de mon avortement. Il me permettait de me sentir plus légère, plus humaine. Mais bientôt, je le savais parfaitement, cet état de soulagement s’estomperait pour me laisser une double culpabilité sur la conscience : avoir tué mon enfant, et trahi la confiance de mon amie.
Abbey était si compréhensive, si douce. Comment avais-je pu lui en vouloir, toutes ces années ? Elle avait simplement perdu le contrôle, s'était laissée emporter par le monde de la mode, avait réussi à flotter quelques instants puis avait plongé dans les profondeurs. Et au lieu de la soutenir, de l'empêcher de se noyer, je l'avais laissée tomber. Je n'avais pas beaucoup insisté pour garder contact après qu'elle ait rencontré Joy. Je lui avais passé quelques coups de fils, sms ou mail, mais j'avais abandonné très vite son amitié. Je l'avais laissé aux mains de cette monstruosité blonde qui l'avait empoisonnée petit à petit. Comment avais-je pu lui en vouloir pour mes erreurs ? « Tu sais, se montrer forte ce n’est pas toujours la solution. Au fond tu sais que ce n’est qu’une image que tu donnes de toi, qu’en fait tu souffres mais tu ne veux pas le montrer. Mais bon, je sais à quel point c’est dur, à quel point c’est mille fois mieux de faire comme si t’allais bien. Mais Barbara, si tu ne vas pas bien s’il te plait ne me mens pas. Pas à moi. Je sais bien qu’il ne faut pas que je m’inquiète, mais je dois t’avouer que c’est difficile quand même. » Voilà la réaction que j'aurai du avoir. Insister, ne pas abandonner au bout de deux jours et trois emails. On venait de se retrouver, et déjà Abbey se démenait pour me soutenir. Chose que je n'avais jamais faite. Je tournai une nouvelle fois le regard vers mon amie, cherchant une quelconque marque de pitié dans ses yeux. Je suis soulagée de ne pas en trouver. Je voulais être forte pour éviter cela, justement. La pitié dans les yeux de mes proches. Pitié est synonyme de dégoût. C'est ma manière de voir les choses. Un peu extrême peut être, mais personne ne peut nier cette vérité. Je secouais lentement la tête de droite à gauche, les yeux baissés vers le sol. «Oui, bien sur que c'est dur. Je suis triste, je pleure des fois. Mais il faut passer à autre chose, tu ne crois pas ? Si je reste faible, je ne me relèverai jamais. Et je refuse de devenir l’œuvre de charité de la ville. Si ils sont au courant, ils se mettront tous à mes côtés, prétendant vouloir m'aider. Mais tous ce qu'ils voudront, ce sera être au première loges pour voir ma chute. Faire le bien n'est qu'un prétexte pour voir le malheur de prêt. Alors si, je dois être forte. Je dois me relever et réapprendre à vivre avec ma peine. Promets moi que tu ne diras rien, Abbey. C'est tout ce que je te demande. J'apprécie ton aide, vraiment, et je finirai sûrement par attraper la main que tu me tends, mais pour l'instant, je vais essayer de m'en sortir seule. »
Et je repris, comme si de rien n'étais, enchaînant sur notre fameuse boîte à secret. La conversation fut tout de suite plus légère, plus heureuse. Cette boîte, c'était tout ce qu'il restait de notre enfance. Enfance tant regrettée, pour ma part. J'aurais tout donné pour retourner en ces jours heureux ou rien ne comptait, sinon notre amitié. Amitié si solide et pure. Nulle trace de trahison ou de mensonge, à l'époque. Retrouver notre boîte me permettrait de me replonger dans mon enfance quelques précieuses minutes. « S’il n’y a rien en dessous je crois que je vais commettre un meurtre. » J’eus un petit sourire à la remarque d'Abbey, plongeant mes mains dans la terre meuble et fraîche avec bonheur, retrouvant mon insouciante âme d'enfant. « Ne t'inquiètes pas, si nous avons réussi à retrouver notre amitié après tant d'épreuves, trouver notre boîte c'est du gâteau ! » Et un nouveau sourire illumina mon visage. Un vrai comme je n'en n'avais plus connu depuis longtemps.
Spoiler:
pas de problème, c'était justifié de toute façon terminé ?