Le jour j était enfin arrivé après quelques jours d'attente. J'étais là dans mon nouveau chez moi dans mon lit en train de repenser à toutes les étapes que j'avais dû franchir afin d'arriver à une vie enfin paisible ici. Soit, je n'avais sûrement pas choisi la ville idéale, les gens étaient un peu paumés mais je m'en fichais tant que je pouvais vivre à l'abri de toutes ces merdes qui avaient pu m'arriver dans ma vie, ou encore de mon père parce que je pense que c'est lui le plus dangereux alors tant qu'il ignore où je vis, je pouvais enfin protéger mon cul parce que le jour où il arrivera à retrouver ma trace, je risque de le regretter. M'enfin, je passais le plus clair de mon temps à me foutre de ce que pouvais bien penser mon père, qu'il soit en rogne ou pas, je ne voyais pas pourquoi je devais épouser un mec que je n'aimais pas. Je ne voulais pas suivre les pas de ma mère et vu comment elle avait l'air heureuse, ça laisse à désirer. Non mais franchement, pathétique quoi, être soumise à un homme, ce n'était pas dans ma nature. Je le savais, je n'avais rien pris du côté de ma mère, j'avais pris le foutu caractère de mon père, je ressemblais physiquement parlant à mon père et puis je n'étais pas qu'une sale vendue comme ma génitrice.

Je passais un moment sous l'eau brûlante à repenser au passé et en espérant que c'est terminé, j'en avais marre de fuir et je savais bien que je n'allais pas pouvoir rester toute ma vie ici, un jour où l'autre il me retrouvera bien. A moins qu'il laisse tomber, mais ça encore une fois ça m'étonnerait. Sortie de la douche, je commençais doucement à me préparer, aujourd'hui c'était un grand jour, je ne voulais pas être en retard sachant qu'il ne me restait que deux heures devant moi afin d'être prête. Je m'habillais à ma manière, style un peu coloré, swag comme on dit mais ça faisait ma personnalité. Les minutes passaient comme des heures, j'avais l'impression que l'heure tant attendue n'arriverait jamais. J'avais une grosse boule dans l'estomac, j'avais mal et j'étais stressée en même temps. Je pris donc la voiture que mon fiancé m'avait acheté comme cadeau de mariage et je me dirigeais vers l'aéroport afin d'attendre la venue la plus importante de ma vie. J'étais debout, faisant les cents pas en attendant que l'avion qui partait de Guadeloupe arrive enfin. Je me mordillais la lèvre inférieur en attendant, toujours la boule au ventre. J'espérais juste qu'il ne lui était rien arrivée.

J'étais pas stressée, je n'ai jamais été une fille nerveuse mais le fait de savoir que j'allais enfin retrouver cet être qui était cher me foutait le coeur dans tous les sens et un mal de bide comme t'en a jamais eu. Franchement j'étais dans le mal pour résumer, j'avais juste peur qu'il y ait un problème, qu'elle ne soit pas venue, qu'elle ait raté son avion, qu'elle soit décidé de rester en Guadeloupe. Le fait d'avoir invité ma jumelle a venir vivre ici avec moi était une preuve de cet amour que je lui portais, je ne voulais que son bonheur et elle ne risquait pas de l'être avec un mari comme ce gros porc qu'elle était obligé d'épouser et de ce bâtard conçu un soir alors qu'elle n'était pas consentante. Ce putain de géniteur trouvait ça peut-être normal de se faire violer. Je pensais à toutes nos épreuves alors que je me dirigeais vers l'aéroport afin de revoir le tendre et triste visage de Jasmine. Je voulais enfin clore ce putain de livre, passer à une autre histoire, vivre enfin heureuse. Je ne voulais pas continuer à l'entendre pleurer en pensant à sa vie, je voulais qu'elle redevienne la Jasmine d'avant, cette saleté qui me ressemblait, cette petite bitch drôle et fêtarde. La seule et véritable amie que je n'ai jamais eu, je l'aimais tellement à cette époque. Malheureusement, mon père a tout fait pour nous séparer, il a gagné parce que j'ai du partir pour l'Amérique alors qu'elle vivait encore sur notre île natale. L'enfoiré.

Maintenant tout allait changer, j'étais là, debout, marchant et en me retournant. Je ne savais pas quoi faire, je jouais avec mes cheveux, plongeais mes doigts dans mes poches, bougeais dans tous les sens. Le temps était trop long, je ne savais pas quoi faire pour faire passer ces minutes interminables. Le stress redescendit quand j'eus la confirmation que l'avion avait bel et bien atterrit et que le vol c'était très bien déroulé. Il ne manquait plus que le regard de la plus belle des passagères mais je ne la voyais pas, elle n'était pas là. La panique et la pression était au rendez-vous, je soupirais en crispant mes sourcils. Je m'installais sur un siège derrière moi avant de mettre ma tête entre mes mains, ne sachant plus quoi faire, en gros j'étais dépité. Je me relevais, continuant à marcher et d'un coup une demoiselle un peu paumée était peu loin de moi me fixant du regard. Elle portait des vêtements sobres, d'une tristesse légendaire mais je passais au dessus de son style du jour avant de réaliser qu'elle était bien devant moi, en chair et en os. Ni une ni deux, j'allais vers elle la prenant dans mes bras. Son odeur m'avait manqué, elle m'avait tellement manqué. Je m'en voulais d'être partie de Guadeloupe, je m'en voulais de n'avoir pas empêché son mariage, je m'en voulais tellement de n'être plus là pour elle autant qu'avant mais j'avais décidé de changer. Elle était dans mes bras et j'en oubliais les gens autours de nous. Je me reculais et tout en la regardant je pouvais voir les marques des épreuves qu'elle avait surmonté, je voyais son manque de sommeil. Elle avait changé depuis cette longue année loin de moi, j'avais changé moi aussi. « T'es... horrible. Mais je suis tellement heureuse que tu sois là. » Une mini pointe d'humour afin de faire retomber toute cette émotion que je ressentais à ce moment présent. Je pris son sac afin de le porter. Je mis un bras derrière sa nuque. « Tu m'a tellement manqué. » Je déposais tendrement mes lèvres sur la douce peau de sa joue et posais ma tête contre la sienne afin de lui montrer à quel point j'étais heureuse qu'elle soit ici en ma compagnie. J'allais prendre soin d'elle, je pouvais le promettre et cette fois je ne partirais pas. « Je suis désolée. »

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