J’observais mon profil dans le miroir. Rien. Pas l’ombre de sa présence. Il passait royalement inaperçu. Personne ne pouvait s’en douter. Surtout pas sous ma couche de vêtement. Et pourtant, il était en moi. Prêt à prendre vie. A venir au monde. Pauvre petit truc qui ne savait même pas qu’on ne voulait pas de lui. Ni Mattia. Ni moi. Nous étions bien trop jeunes pour ça. Et lui, il était bien trop jeune pour le comprendre. Il n’était même pas né. Je caressais doucement mon ventre. Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir en faire ? Le garder ? Le donner ? Le tuer ? Je n’en savais rien. Je n’avais pas de préférences. Les trois me faisaient peur. Les trois me donnaient envie de me tirer une balle dans la tête. Je n’avais même pas encore parlé à mes parents de son existence. Je n’avais pas l’intention de le faire. Pas avant qu’il ne me laisse pas d’autres choix. Enfin, si je le laissais atteindre ce stade.

Ma mère hurla pour que je descende manger. Je n’avais pas faim. J’étais tellement anxieuse que je me fichais bien de mes besoins nutritifs. Et de ceux du petit monstre. Je m’asseyais en silence. « Tu ne vois pas Mattia aujourd’hui ? ». Je faisais mine d’avoir la bouche pleine pour ne pas lui hurler dessus. Elle n’aurait pas dû parler de ça. Je n’avais pas envie de parler de ça. « Hum non. » Je répondais assez sèchement. Je me concentrais sur mon assiette. J’avais envie de sortir de table. De me réfugier dans ma chambre. « Comment ça se fait ? » Mon père fit les gros yeux à ma mère. Lui, il comprenait que je n’en parle pas. Elle non. Elle voulait que je lui confie tout. Qu’elle soit au courant de tout. « Parce que. » Je débarrassais mon assiette. Je n’avais pas fini mais, peu importe. Je remontais dans ma chambre.

Le portable entre les mains, je relisais les conversations avec Mattia. J’avais envie de remonter le temps. D’effacer nos erreurs. De changer notre histoire. Les larmes inondaient mes joues. Stupide blondasse naïve. Comment j’avais pu en arriver là ? Je ne voyais mêmes plus les lettres. Mais, je connaissais les conversations par cœur. Je n’avais pas besoin de lire. Je savais. Je les avais relues tellement de fois depuis l’annonce. Je les avais relues au moins une dizaine de fois chaque soir. J’étais incapable de les supprimer. De faire une croix sur notre passé. D’avancer. De me dire que même si j’abandonnais le bébé il ne reviendrait pas. Je ne parvenais pas à le mettre dans le crâne. Pourtant c’était bien le cas. Même si j’avortais, il m’en voudrait trop pour revenir. Même si ses dernières paroles sonnaient comme un ultimatum, c’était plutôt celle de notre fin. Je crois que si je venais à avorter, je ne lui dirais même pas. Après tout, ça n’avait plus d’importance pour lui. Et je n’avais pas l’envie de remettre sa vie sans dessus dessous. Je me torturais l’esprit pour rien. Je pleurais un peu plus.

« Construire un empire juste pour ton sourire, devenir le soleil pour sécher tes sanglots et faire battre le ciel pour un futur plus beau»

Ashton jeta sa serviette pleine de transpiration dans le bac à linge sale, panier, trop la classe Ashton, dommage qu’il ne soit pas aussi doué pour faire tourner une machine ou même pour ranger un peu. Cette petite séance à la salle de sport lui avait fait du bien –comme à chaque fois d’ailleurs- seulement, maintenant il n’avait plus à faire, il n’avait plus que la télé et une grosse flemme d’avoir une vie sociale captivante. Il n’avait pas envie de voir ses amis et de prendre le risque d’entendre parler de son divorce et puis tout simplement, il n’avait pas envie d’être sociable même en sachant que c’était la meilleure solution pour aller mieux. Il était bien avec sa peine et son malheur, il s’enfonçait, il s’en foutait, tant qu’on le laissait en paix tout allait bien. Il alluma la télé laissa son sac de sport au milieu du bordel, ne se posant pas plus longtemps la question sur son activité, la semaine reprendrait bientôt, il serait à nouveau occupé, autant profité et ne rien faire. Cependant, son téléphone en avait décidé autrement et l’obligea à se lever pour répondre. Oh bien sûr, il aurait pu ne pas répondre et se dire que ça rappellerait plus tard mais, il s’était dit qu’en décrochant il aurait fait sa BA du jour et qu’il culpabiliserait moins de passer son temps sur le canapé au lieu de faire les moyennes de ses élèves par exemple – même si pour être tout à fait honnête, il ne culpabilisait absolument pas.- « Ashton, c’est maman ! » Oh maman. Pourquoi avait-il décroché déjà ? Quand elle l’appelait c’était bien souvent pour l’inviter aux repas pompeux en famille, ceux où il regardait sa sœur dans les yeux en tentant une conversation psychique avec elle, la plupart du temps ils y arrivaient bien mais, tout de même, il n’en raffolait pas. « Un problème ? » Bonjour, comment tu vas ma petite maman d’amour, ce n’était pas pour lui, c’était un fils, par définition il était tout ce qu’il y avait de plus ingrat. « J’aurais bien aimé que tu passes à la maison cette après-midi. » Cette aprem ? Ah non, il ne pouvait vraiment pas, il y avait un match à la télé qu’il ne pouvait pas louper et puis il y a avait cette série débile, ma famille d’abord, qui passait la nouvelle saison, à moins que ce ne soit cette émission sur les tops modèles ? Non vraiment il ne pouvait pas. « Pourquoi faire ? » Il imaginait sa mère en train de lever les yeux au ciel, comme d’habitude, exaspérée en entendant son fils parler. « Bon je crois ta sœur c’est fait largué par son petit copain et elle a vraiment pas le moral, ton père veut pas que je m’emmêle, tu ne veux pas t’en charger ? » Il explosa de rire, non pas par rapport à la situation mais surtout parce que, ne pas s’emmêler, ça voulait aussi dire ne pas demander à quelqu’un d’autre dans le faire. « Je suis sûr tu te plantes mais, j’arrive par contre tu t’arrange avec papa ! » Ashton raccrocha aussitôt, il n’y croyait pas à cette histoire de rupture, au pire il y avait quoi ? Une petite dispute dans l’air, rien de plus mais, les deux morpions s’aimaient, suffisamment pour qu’Ella passe à l’acte. Bon d’accord, une rupture était tout à fait possible mais Ash ne voulait pas y croire parce qu’il ne souhaitait pas ça à sa sœur.

Il monta les marches quatre à quatre après avoir dit bonjour assez rapidement à ses parents –afin de les laisser se disputer tranquillement sur l’intervention de leur fils dans l’histoire d’amour d’Ella-. Il était assez confiant, la dernière fois qu’il avait vu sa petite sœur, elle ne lui avait pas parlé de quelconque problème alors à moins que Mattia ait été infidèle –auquel cas, Ashton s’occuperait personnellement de lui massacrer les parties génitales- il ne voyait pas trop ce qui aurait pu les séparer. Il entra dans la chambre sans frapper étant tout à fait certain que le blondinet n’y était pas (autrement pourquoi sa mère s’inquiéterait hein ? – et il découvrit son ange blanc, recroquevillée sur elle-même, noyée dans ses sanglots. Les sourcils froncés Ashton s’approcha d’elle pour s’asseoir sur le lit juste à côté d’elle, finalement, peut-être que sa mère avait raison de s’inquiétait, Ella ne pleurerait pas comme ça en pleine journée pour une simple dispute, elle ne se laisserait pas abattre si ce n’était pas si grave, s’il y avait une chance que les choses s’arrangent. Il retira le portable des doigts de fée de sa sœur, ça ne servait à rien qu’elle le garde entre les doigts et qu’elle se fasse du mal en relisant des sms, du moins, si c’était vraiment fini entre eux. « Ma petite princesse, qu’est-ce qu’il se passe avec Mattia ? » Il savait que c’était avec l’adolescent, alors, pas la peine de le cacher, il caressa doucement sa longue chevelure blonde avant de déposer un petit baiser, elle semblait incroyablement malheureuse, il n’avait pas l’habitude de voir sa petite sœur comme ça. Il essuya ses larmes à l’aide de son pousse, cherchant son regard –même s’il était inondé de larmes- attendant une réponse sans la presser pour autant.

Recroquevillée sur moi-même. Je pleurais comme une madeleine. Et quand je ne pourrai plus ? Quand je n’aurais même plus de larme ? Il ne me resterait que la douleur. La réalité que ne je pourrai toujours pas modifier. Quand je n’aurais plus mes larmes, il ne restera que la souffrance. Authentique. Je continuais à regarder les messages. Ou du moins à m’en souvenir. J’avais envie de lui écrire que je l’aimais. J’avais envie de lui dire de revenir. Mais, je ne pouvais pas. Je me l’interdisais. Il n’en aurait rien à faire. Je me ferais plus de mal que de bien. Il fallait que je fasse une croix. Que je l’oubli. J’avais beau me le répéter ça ne rentrait pas. Je rêvais qu’un jour on se retrouve. Idiote.

Mon frère s’approcha de moi. Qu’est-ce qu’il foutait là ? Je n’en savais rien. Comment je savais que c’était lui ? Son odeur. Sa façon de rentrer sans frapper. Sans un mot. Venir prêt du lit. Mes parents auraient frappés. Ils auraient tué le silence directement. Pas Ashton. Je savais reconnaître mon frère de dix mille façons. Il se mit assis, juste à côté de moi. Mon portable glissa de mes doigts. A croire qu’il savait ce qu’il se passait. Qu’il connaissait mes réactions par cœur. J’avais envie de me jeter dans ses bras. De lui dire de rester avec moi. De ne jamais me laisser seule. De ne pas poser de questions. D’arrêter le temps. La souffrance. J’avais envie d’être dans ses bras, loin du monde. Pour l’éternité.

Je savais qu’il s’inquiétait pour moi. En même temps c’était mon frère. Il n’aimait pas me voir pleurer. « Ma petite princesse, qu’est-ce qu’il se passe avec Mattia ? » Il avait deviné qu’il s’agissait de Mattia. J’ignorais comment. Mais, peu importe. Il a visé juste. Et je ne savais pas comment lui dire. Je ne pouvais pas lâcher bêtement je suis enceinte. Je ne pouvais regarder mon frère dans les yeux et lui dire la vérité. Prendre le risque qu’il s’énerve. Qu’il ne me parle plus jamais. Je n’avais pas le courage d’impliquer mon frère là-dedans. Il était trop protecteur. Il s’impliquerait trop. Mais lui mentir serait sans doute pire. Surtout que je n’avais pas de mensonges valables. Il caressait mes longs cheveux blonds. J’inondais mes joues. Comment allait-il réagir hein ? Et s’il en parlait aux parents ? J’hésitais. Parler ou me taire. J’avais l’impression de reprendre cette décision. De revenir en arrière. Sauf que fasse à Mattia, c’était différent. Si c’était à refaire, je n’aurais rien dit. J’aurais massacré ma vie. Mon avenir. Pas le sien. Je ne lui aurais pas infligé cette épreuve inutile. Surtout qu’il ne voulait pas de l’enfant. Enfin, je regardais mon frère. Mes yeux étaient remplis de larmes. Je ne parvenais pas à les sécher. Et ce même si mon frère essayait à l’aide de son pouce. J’avais envie de lui demander de me promettre de ne pas s’énerver. Mais, c’était ridicule. C’était comme demander à un coq de ne pas chanter le matin. « Je suis enceinte. » Et voilà. Encore cette phrase. Encore ce mot. Encore cette bombe qui détruit tout sur son passage.

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Il la sentait hésitante et bouleversée, il ne doutait pas une seule seconde que c’était un peu plus important qu’une simple rupture, il y avait dû avoir quelque chose en plus, quelque chose qui fait plus mal, mais, il ne savait pas quoi. Il était là avec ses doutes et ses subissions persuadé que rien de ce qu’il pouvait penser n’était vraiment ce qui arrivait à sa petite sœur, il avait la sensation –sans comprendre pourquoi- d’être totalement à côté de la plaque même si ça tournait autour de Mattia. Elle continuait à pleurer à chaudes larmes, laissant à son frère avec l’espérance qu’elle parle enfin, qu’elle lui explique, parce qu’il ne supportait pas ce silence, il ne supportait pas de la voir comme ça et de rester bêtement impuissant ce qui n’était pas nouveau et totalement justifiée. « Je suis enceinte. » La mâchoire d’Ashton aurait pu se retrouver claquée au sol, enceinte ? Avec un bébé dans le ventre comme Lou-Amaryllis en avait eu un avant de le perdre ? Sa petite sœur pouvait vraiment devenir… maman ? Elle qui était encore vierge il y a un mois tout au plus ? C’était une blague, non ? Où était la caméra cachée ? Nulle part, visiblement, la réalité était bien celle qu’il avait entendu, l’état de se sœur en était la preuve vivante. Ashton se leva soudainement, laissant sa sœur sur son lit, au milieu de ses larmes, il passa ses mais dans ses cheveux avant de les passer sur son visage, en trois mots, elle avait allumé le détonateur d’Ashton. Il aurait voulu lui demandé si elle était sûre d’elle mais connaissant sa sœur, il n’y avait aucun doute là-dessus, elle avait dû faire tous les tests possible et imaginable même ceux avec des huiles essentielles et des trucs comme ça trouvé sur internet, elle avait trop peu confiance en la science pour croire une languette sur laquelle elle avait pissé, non, il ne pouvait décemment pas lui demander si elle était sûre d’elle, pas à celle qui jugeait la science comme inexacte et prétentieuse. Il aurait pu lui demander aussi si Mattia était bien le père mais cette question volait tout aussi bas que la précédente, Ella n’était pas une dévergondée, elle s’était enivrée la tête à l’aide de Roméo et Juliette –son livre préféré- et elle voyait dans l’acte sexuel les sentiments les plus pur et l’amour le plus fort qui soit, la plus parfaite des démonstration d'amour, non franchement, elle n’aurait pas donné son corps à n’importe qui et il n’y avait que le jeune Jarvis, celui qu’Ashton voulait protéger à tout prix. Oh et puis bien sûr il aurait pu lui demander ce qu’elle comptait en faire mais, là il avait peur qu’elle ne sache ou qu’elle sache d’ailleurs, il ne voulait pas trop savoir cette réponse, pas tout de suite, il fallait d’abord qu’il s’en remette.

Il fallait qu’il réagisse, qu’il ne reste pas dans ce putain de silence comme il l’avait fait avec sa femme, il ne pouvait pas refaire deux fois la même erreur alors il avait le choix, pété un plomb, tout détruire autour de lui, se mettre à hurler, incendier sa sœur, la faire creuser sa tombe et l’y poussé dedans – ou lui offrir un corde, c’était tout aussi efficace- ou il pouvait dire simplement merde mais ne pas en rajouter devant une jolie blonde qui semblait anéantie, la prendre dans ses bras et ne pas dire tout va bien se passer mais nous allons trouver une solution, lui faire comprendre qu’elle n’était pas seule dans cette galère et que son grand frère serait là. Ashton ouvrit la bouche mais aucun son ne sortit, il avait voulu crier, lui montrer à quel point il était furax, mais rien, peut-être parce qu’il n’était pas vraiment furax quand il voyait sa sœur s’accuser de tous les tors du monde alors qu’elle avait un pauvre petit être qui n’avait rien demandé à personne, peut-être parce qu’il comprenait sa souffrance, lui non plus n’avait pas su aimer un enfant, son enfant, lui non plus n’en avait pas voulu et pourtant, sa perte l’avait détruit. Aurait-il pensé comme ça avant de vivre cette épreuve ? Certainement pas, il aurait été incapable d’être aussi posé, réfléchi, de s’asseoir à côté d’elle à nouveau de la forcer à le regarder dans les yeux en crassant ses petites mains d’ange. Que pouvait-il bien lui dire sans l’accabler un peu plus et sans lui faire croire que tout ça n’était rien ? Il n’avait jamais été très douée dans les situations délicates et pour le coup, s’en était une. « Tu n’es pas toute seule Ella, je suis là. » Murmura-t-il, étrangement, il était certain que Mattia n’était pas présent pour Ella parce qu’en étant ado, il aurait fui la première fille à lui dire ça, il l’aurait traité comme du poisson pourri –après tout il l’avait bien fait avec sa femme en étant adulte- et il était persuadé que le blondinet avait réagi un peu près comme ça, dans le cas inverse, Ashton serait le premier à applaudir cette maturité –si habituelle chez les femmes et si rare chez les hommes-. Le grand frère était tout aussi certain qu’elle n’en avait pas parlé à leurs parents, ne leur laissant pas l’occasion d’être là pour elle et même s’il comprenait son choix, il savait que c’était toujours mieux d’en parler mais, là-dessus il ne la forcerait pas. Alors, c’était nécessaire de lui dire qu’il était là et qu’elle n’était pas seule parce que c’était certainement la première fois depuis longtemps qu’elle entendait ça –ou peut-être pas mais, mieux vaut prévenir que guérir dit le dicton- . « Et Mattia, il en pense quoi ? » Il s’était tout de même aventuré à poser cette question n’ayant pas le courage de lui demander ce qu’elle comptait faire de ce petit être, il préférait affirmer –ou infirmer- ses pensées, au fond, il voulait savoir dans quelle situation était exactement sa petite sœur, si elle avait un pied dans la tombe ou si elle s’accrochait à une motte de terre pour ne pas tomber –étrangement, il aurait mis sa main à couper sur la motte de terre.-

Ashton resta bouche bée. Littéralement bouche bée. Il devait sûrement croire qu’il avait mal entendu. Ou du moins, l’espérer. Mais, non. J’étais enceinte. Ce n’était pas une blague. Et vu comme il me dévisagea, il le comprit très vite. Il se leva de mon lit. Il avait certainement besoin de bouger. De ne pas rester à côté de moi. De tout casser. Il allait peut-être me hurler dessus. Ou me gifler. En tout cas ça ne signalait rien de bon. Mais, je m’y attendais. C’était de mon frère dont on parlait. Il voulait tellement que j’évite les erreurs. Il était certainement en train de fulminer. Il devait se poser mille questions. Ça devait fuser dans sa tête. Le problème, c’est qu’il ne réagissait pas. Qu’il laissait le silence trahit par mes larmes. Il ne disait rien. Ne faisait rien. Et les choses allaient tomber d'un coup. Ashton était connu pour ça. Ne pas savoir réagir. Ou Réagir mal. Dans les situations délicates. Là s’en était une. Mais, y avait-il une bonne manière de réagir ? Comment pouvait-il accepter que sa petite sœur soit enceinte ? Il n’allait pas me dire, c’est cool, continue Ella. Je ne le voyais pas non plus me dire que ce n’était pas grave. Parce que ça serait une connerie. C’était grave à dix-sept d’être enceinte. Parce que je n’étais qu’une gamine. Que je n’avais pas la maturité pour élever un enfant. J’étais seule. Sans revenu. Que si mes parents me foutaient à la porte j’étais foutue. Et je doutais qu’Ashton m’accepterais chez lui. Mattia encore moins. Enfin, mes pensées avaient déviées de mon frère. La faute à son silence. La faute à ce calme si inquiétant.

Il ouvrit la bouche. Il était prêt à dire quelque chose. Mais aucun son ne sortit. Rien. Pas un bruit autre que mes larmes. Ma respiration saccadée. Pour briser ce silence. C’était comme si on cerveau lui avait interdit. Son cœur. Son cerveau. Son esprit. Ce que vous voulez. C’était juste comme une interdiction. Comme si sa place lui empêchait de dire ça. Les mots qu’il allait dire prenaient l’allure d’un blasphème. Il se remit assis à côté de moi. Comme si durant ce silence, il avait oublié ce que je lui avais dit. Il n’allait pas me crier dessus ? Ce n’était pas logique. Ce n’était pas Ashton. Et pourtant. Il me caressait les mains. Je n’arrivais pas à me calmer. Je m’alarmais. Peut-être que cette réaction était bien pire ? Peut-être que ce calme apparent était plus flippant ? Parce qu’il allait me dire, Ella, je ne veux plus te voir. Ou, Ella débrouilles-toi comme tu veux. Peut-être qu’il allait me faire aussi mal que Mattia. Mais, en gardant son sang-froid. Et finalement, c’était probablement plus ignoble. J’angoissais. Littéralement.

Cependant, j’angoissais pour rien. « Tu n’es pas toute seule Ella, je suis là. ». Je ne m’étais pas attendu deux secondes à une réponse comme ça. Je ne pensais pas qu’il pourrait… me dire ça. Être présent pour moi. Ne pas s’énerver. Ne pas m’en mettre plein la figure. Je le regardais, surprise. Et sincèrement reconnaissante. Je ne pouvais pas m’empêcher de croire que la perte de son enfant y était pour quelque chose. Que ses erreurs avec Lou ne l’avaient pas changé. Parce que mon frère était bien plus immature avant ça. Qu’il aurait réagi comme Mattia. Et non pas comme un adulte. Un adulte qui n’a pas mesuré toute la situation mais, qui sait que seule je ne m’en sortirais pas. Un adulte qui tenait trop à moi pour réagir violemment. Je me blottissais dans les bras. C’était mon super-héros. Le seul. L’unique. Celui qui était toujours là pour moi. Aujourd’hui plus que jamais, il me le prouvait.

J’essayais de me calmer dans ses bras. Je n’en revenais toujours pas. Et c’était au moins une bonne surprise. Même si je m’en serais bien passée. « Et Mattia, il en pense quoi ? ». Je regardais Ashton. Mattia. Qu’est-ce qu’il en pensait ? Rien. Il n’en voulait pas. Il avait rompu avec moi. M’avait de me démerder comme je le voulais. Entre autres. Mais, Ashton n’avait pas à savoir ça. Parce qu’il risquait d’en vouloir à Mattia. Ce que je ne voulais surtout pas. J’étais suffisamment inquiète pour Mattia. Je n’allais pas lui rajouter mon frère sur le dos. Je voulais plutôt qu’il soit de son côté. « Il en veut pas, la nouvelle l’a un peu… perturbé. ». J’esquissais un sourire attristé. Perturbé. N’importe quoi. Ça l’avait énervé. Effrayé. Rendu fou de rage. Dégouté. Mais, perturbé ? Le mot était si faible. « Je m’inquiète pour lui Ash… Tu voudrais pas le surveiller de loin ? J’ai vraiment peur qu’il fasse une bêtise. ». Non. Je ne mentais pas à mon frère. Je voulais qu’il s’assure que tout aille bien pour Mattia. J’avais peur que son impulsivité le pousse à faire des choses stupides. Qu’il lui arrive des emmerdes. Et je ne le souhaitais pour rien au monde.

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La belle blondinette ne semblait pas réussir à se calmer, le comportement de son frère avait tout l’air de l’affoler, en même temps, elle s’était certainement attendue à ce qu’il hurle, qu’il l’insulte, qu’il la gifle, elle avait peut-être peur de le voir trop calme et au fond, elle avait raison d’avoir peur. Ashton aussi avait peur de lui en se voyant réagir comme ça, ne pas parvenir à s’énerver et comprendre –voir surtout- la détresse de sa petite sœur, c’était quelque chose qu’il n’avait pas l’habitude de faire. Les épreuves change un Homme, il en avait douté pendant longtemps mais en avait souvent eu la preuve sans jamais vouloir l’admettre, là il n’avait plus trop le choix. Il voulait à tout prix qu’elle sache qu’il était là pour elle et le bébé, qu’il ne la laisserait pas seule et ce quel que soit son choix parce qu’il n’avait pas l’intention de la forcer à quoique ce soit, cette réflexion pouvait paraitre surréaliste quand on connaissait Ashton Jaime Clarke mais, au moins, c’était une agréable surprise et certainement un immense soulagement pour sa petite sœur. Son joli minois -oui parce que malgré les larmes, il était joli- trahissait sa surprise alors que son regard plein d’étoiles lançait mille merci au grand frère qui n’avait pas pu s’empêcher de sourire en voyant ça, il aimait cette gamine putain et il était prêt à tout pour elle, le pire, c’est qu’il était certain qu’elle l’ignorait. Elle se blottit contre lui et il resserra son emprise sur elle ayant une envie de la protéger de tout, de l’emmener loin d’ici et de casser la gueule à tous ceux qui oseraient lui faire du mal –non, il ne pouvait changer entièrement quand même- elle lui appartenait et il détestait la voir pleurer ainsi.

Enfin, Ashton avait décidé de lui parler de Mattia, avec l’idée que ça n’allait pas –plus- du tout entre eux, Ella ne tarda pas à lui confirmer. « Il en veut pas, la nouvelle l’a un peu… perturbé. » Le sourire triste de sa sœur le cloua sur place, il avait toujours vu de beaux sourires, francs, sincères, remplis de joie de vivre, là c’était comme si elle souriait à sa douleur et qu’elle n’avait plus envie de se relever, il la sentait vulnérable et dans le gouffre – et non pas accroché à une motte de terre comme il avait pu le penser-. Il ferma les yeux un instant en caressant les cheveux de sa sœur, il fallait qu’il calme sa colère un peu, parce que qu’elle soit enceinte c’était une chose, qu’on la rende aussi malheureuse ? S’en était une autre. Certes, Mattia avait dû réagir comme un gamin, ce qui était tout à fait normal, il n’aurait sans doute pas fait mieux que lui –même si là, Mattia avait eu affaire à Ella, il aurait dû savoir qu’il était plus facile de l’écraser elle plutôt qu’une vulgaire fourmi- il avait l’infâme sensation que le blondinet en avait fait voir des vertes et des pas mûres à Ella, qu’il avait décidé de la piétiner de plus belle. Bon, il espérait que ce scenario catastrophe n’était que le fruit de son imagination et qu’en plus d’un bébé qui pleure et qui bave – à noter : l’absence de l’emploi du terme « truc »- il n’allait pas avoir un ex petit copain insupportable prêt à tout pour que sa sœur se foute une balle dans la crâne –parce que là, les choses risquaient de tourner en bain de sang-. « Je m’inquiète pour lui Ash… Tu voudrais pas le surveiller de loin ? J’ai vraiment peur qu’il fasse une bêtise. » Qui que quoi ? Il avait bien entendu là ? Il regardait sa sœur choqué, avait une forte envie de la claquer, elle l’énervait à être trop gentille à penser aux autres avant elle-même, un peu d’égoïsme ne lui ferait pas de mal à cette gamine. Bordel, est-ce qu’elle savait au moins qu’elle existait ? Qu’il fallait qu’elle pense à elle ? Il commençait à en douter et pourtant, en regardant au plus profond des yeux de la future maman –ou pas- il comprit bien vite que ce n’était pas une blague, qu’elle était vraiment morte d’inquiétude pour le blondinet tout comme elle crevait d’amour pour lui. Ashton souffla, il ne savait pas vraiment s’il était capable de jouer ce rôle, être là pour elle et la gaver de glace au chocolat ou l’accompagner pour se faire avorter, ce n’était pas un problème mais, surveiller Mattia de loin de n’était pas tout à fait la même chose. Quoi ? Oui, il avait l’habitude, c’est vrai que le jeune homme avant d’être le petit ami de sa sœur était son petit protégé, qu’Ashton l’appréciait beaucoup et c’est vrai aussi qu’il ne lui souhaiterait jamais de mal, qu’il garderait sa place de petit protégé mais tant qu’il n’aurait pas eu une conversation avec le blondinet il ne serait pas capable de tenir ce rôle, il voulait avoir l’esprit clair sur les intentions de Mattia envers sa sœur parce qu’il voulait la forcer à faire quoique ce soit ou faire d’elle un vulgaire jouet, il n’y aurait plus de petit protégé qui tienne parce que sa sœur passait bien avant –même si elle ne risquait pas de voir les choses sous cet angle-. « Je le ferais si tu prends soin de toi, ok ? » Il la regarda sérieusement même s’il n’était pas encore certain qu’il allait veiller sur Mattia. « Et prendre soin de toi, ça veut aussi dire ne laisser personne choisir pour toi. » Il savait qu’elle était influençable et que Mattia n’avait qu’à lui faire de belles promesses pour qu’elle court faire ce qu’il désirait, leur père n’avait qu’à lui ordonné d’avorter et elle le ferait et ça c’était sans parler de leur mère, et puis il y avait aussi l’influence de son coach de natation synchronisée, non vraiment, personne n’avait le droit de l’influencer dans ce choix-là, même pas lui.

Ashton me caressait les cheveux. Doucement. J'avais du mal à croire que c'était possible. Mais, je l'en remerciais. De ne pas s'énerver. Et puis, comme ça, il allait peut-être me faire une promesse. Celle de faire attention à Mattia. Parce que je ne pouvais pas le faire. Parce que j'avais peur qu'il fasse une bêtise. Et puis Ashton l'aimait bien. Il ne le laisserait pas dans la merde. Même si j'étais enceinte. Enfin, je voulais y croire. Je n'étais pas toute à fait certaine que mon frère philosophait ainsi. Certainement pas même. Il suffisait de voir son air choqué en entendant ma demande. J'avais l'impression d'être une folle. Qu'il allait m'interner. Il avait comme une envie soudaine de me frapper. Du moins, c'est l'impression que ça donnait. Je n'avais rien dit de si affreux pourtant, si ? Mattia n'était pas un junkie. Ni même un violent. Il ne m'incitait pas à faire des conneries. En fait, je ne comprenais pas sa réaction. Ashton ne comprenait pas ma demande. Sublime. A nous deux, nous ne nous comprenions pas. Franchement, communication de pensée, aujourd'hui ce n'était pas ça. Ashton souffla. Comme s'il était exaspéré par mon comportement. Qu'est-ce que j'avais fait ? « Je le ferais si tu prends soin de toi, ok ? » Prendre soin de moi ? Alors, c'était ça le problème ? Il trouvait que je pensais trop à Mattia ? En même temps, c'était normal. Je l'aimais. Malgré la grossesse. Malgré les larmes. Malgré son comportement. Je l'aimais. Et s'il allait mal, comment pourrais-je essayer de remonter la pente ? C'était stupide. Je ne pouvais pas. Surtout que je m'enfoncerais dans la culpabilité. J'avais vraiment besoin qu'il le fasse pour moi. « Et prendre soin de toi, ça veut aussi dire ne laisser personne choisir pour toi. »Hein ? Je le regardais, surprise. Je ne m’attendais pas à ça. Et puis, c’était quoi ses sous-entendus ? J’agitais la tête de gauche à droite. Il en faisait un peu trop là. Je n’allais pas laisser les autres choisir pour moi. « Je le ferais toute seule mon choix Ash, t’inquiète pas. » Je lui faisais un maigre sourire.

Je me taisais. Ce choix j'allais le faire. J'allais finir par me décider. Même si ce n'était pas simple. Toutefois, aujourd'hui, je n'avais pas envie d'en parler. J'avais des conversations avec moi-même là-dessus. Ça suffisait. « J'ai pas vraiment envie d'en parler Ash tu sais. Je.... Je suis heureuse que t'ais réagi si bien mais, j'ai simplement besoin d'être seule... pour réfléchir. » Je baissais les yeux. J'avais honte de lui dire ça. Parce qu'il m'avait vraiment consolé mais, je n'avais pas envie d'afficher des sourires. Je voulais être seule. Et me laisser submerger par la souffrance si nécessaire. Je n'avais pas envie de lutter. D'afficher une joie de vivre. Et je n'avais pas non plus envie qu'on me voit dans cet état. Alors, oui, j'avais envie d'être seule. D'affronter tout ce bordel. « Et si tu pouvais me rendre un dernier service, ça serait cool. » Je lui en demandais beaucoup. Je le savais. Mais, j'avais besoin de lui. « Invente n'importe quoi à maman pour qu'elle arrête de s'inquiéter. » Au fond, j'étais certaine qu'il l'aurait fait sans que je lui demande. Mais, mieux vaut prévenir que guérir. Ça j'avais fini par le comprendre.

« Construire un empire juste pour ton sourire, devenir le soleil pour sécher tes sanglots et faire battre le ciel pour un futur plus beau»

La petite sœur le regardait complètement surprise comme si ce qu’il venait de dire était totalement saugrenu mais il savait que c’était censé, il connaissait sa façon d’agir et de réfléchir. Elle secoua sa tête de gauche à droite et le regarde comme s’il en faisait trop mais, c’était elle qui minimaliser les choses. « Je le ferais toute seule mon choix Ash, t’inquiète pas. » Ouais, ça il ne doutait sérieusement, il savait qu’il y avait de quoi s’inquiétait, encore fallait-il qu’elle le comprenne. Enfin, la blondinette se taisait à présent, elle semblait perdue dans ses pensées, chose que le brunet respectait. « J'ai pas vraiment envie d'en parler Ash tu sais. Je.... Je suis heureuse que t'ais réagi si bien mais, j'ai simplement besoin d'être seule... pour réfléchir. » Il déposa un baiser sur sa tempe comprenant ce sentiment, c’est vrai que le malheur exige parfois une solitude, il le savait et vu dans l’état où il l’avait retrouvé, il l’avait compris en vivant une épreuve similaire, oui, il allait la laisser même si ça lui déchirait le cœur de la savoir comme ça alors que pour Mattia ça devait être si simple de laisser toute la responsabilité à Ella même s’il y pensait un peu. Quoi ? Oui il rageait, oui, il refusait que ce soit si simple pour les hommes d’être si lâche parce qu’il s’agissait d’Ella et que même si le répétait pour la quinze millième fois, elle ne méritait pas ça. « Et si tu pouvais me rendre un dernier service, ça serait cool. » Un dernier service ? Si c’était du niveau protéger Mattia c’était hors de question, il risquait de finir par massacrer le gamin en s’énervant après avoir vu sa sœur pleurer, il était hors de question aussi de lui fournir une excuse auprès des profs pour sécher et ainsi se défiler de ses responsabilités, il la savait plus courageuse que ça et il n’allait pas l’inciter à se laisser aller et à se couper du monde à cause de ce bébé, non ça non. « Quel genre ? » Demanda-t-il en sachant qu’il n’avait pas besoin de poser la question et qu’en réalité elle allait lui demander qu’il réponde. « Invente n'importe quoi à maman pour qu'elle arrête de s'inquiéter. » Ah ça, il l’aurait fait sans qu’on lui demande, il n’avait pas l’intention de laisser sa mère s’inquiéter et donc subir un interrogatoire corsé. « J’ai pitié de toi je vais te laisser et convaincre maman de ne rien faire pour tenter de te délier la langue mais, je ne pourrais pas te couvrir indéfiniment. » ça elle el savait sans aucune doute c’est pour ça qu’il se leva du lit avec un regard plein d’affection pour l’adolescente avant de quitter la chambre. Il fallait maintenant qu’il trouve une excuse valable pour sa mère, qu’il rentre chez lui, qu’il s’ouvre une bière et qu’il se détende.