« Bien, n'oubliez pas de réviser les analyses sur Frankenstein pour le prochain cour. » Dit-il avec un petit sourire au coin, pour tenter de faire comprendre à ses élèves qu'au prochain cour il y aurait très certainement un devoir sur ces analyses littéraires. C'était amusant de sentir quelques regards se tourner vers lui, qui montraient qu'ils avaient compris ce message codé. Pendant que d'autres étaient en train de ranger leurs affaires, sans se douter qu'une petite interrogation serait là, à les attendre le lundi prochain. C'était les quelques rares plaisirs, certes sadiques, mais plaisants du métier de professeur. Mais, Nolan perdit vite son sourire et son plaisir quand il croisa le regard de Kate qui semblait ne pas l'avoir lâché du regard depuis le début du cour. Il la fixa pendant quelques secondes, et cela suffit pour lui pour se remémorer les souvenirs de cette nuit ensemble. Cette nuit avait été une grosse erreur, et pourtant le jeune homme se sentait exalté quand il se rappelait des baisers passionnés échangés avec l'adolescente. Puis quand il croisa ensuite le regard soupçonneux d'Ella, cela le ramena à la réalité et il ne ressentait plus qu'une seule chose : La honte. Il se racla alors la gorge tout en faisant semblant de mettre quelques feuilles en ordre sur son bureau, puis la sonnerie de la fin des cours retentit, le libérant de son malaise. « Et bien bon week-end ! » Dit-il avec un petit sourire forcé à toute la classe. Certains répondirent, d'autres étaient déjà partis pour savourer ces deux jours de tranquillité, ce que Monsieur Bartholomew comprenait parfaitement. Nolan commença ensuite à effacer le tableau quand il se retourna, il vit qu'il restait encore quelques élèves dont Kate. Cette fois-ci il osa à peine la regarder, refusant de repenser à cette nuit, il rangea précipitamment ses affaires et il quitta donc la salle de classe pour se diriger vers la salle des professeurs. Il fuyait. En plus d'avoir trompé sa femme, il était un lâche, pensa-t-il. Il se dégoûtait de lui-même mais, que pouvait-il bien faire ? Pensa-t-il de nouveau. Il était complètement perdu, c'était tout ce qu'il y avait à dire. Puis, il croisa un de ses collègues et amis : Ashton, qui était un professeur de sport à McDonell. Il profita de la présence de son ami pour se changer les idées et prendre une bonne tasse de café. Ils parlèrent pendant plus d'une heure mais, malheureusement Ashton devait rentrer chez lui pour rejoindre sa femme qui était enceinte. Les deux amis se serrèrent la main et se donc quittèrent ainsi. Quant à Nolan, lui, il devait rester là. Enfin ce n'était pas un devoir d'être là mais, il n'avait pas envie de rentrer chez lui... Il regarda l'horloge qui était dans la salle de détente des enseignants du lycée, et il fût rassuré par l'heure. « Elle doit être partie... » Se murmura-t-il à lui-même. Il soupira longuement, prit ses affaires et retourna dans sa salle de classe. Il s'installa de nouveau à son bureau, et commença à sortir des copies pour les corriger. Il corrigea une copie, une bonne copie d'ailleurs, et il se rappela qu'il n'avait pas prévenu sa femme qu'il rentrerai tard ce soir. Il sortit son portable, tapa son texto, et voilà son excuse pour ne pas faire face à sa femme fût envoyée. Si facilement. Il se replongea dans ses copies, même si presque toutes les cinq minutes, il regardait son portable pour voir si sa femme lui avait répondu. Mais, toujours rien. Après tout, ils s'étaient encore disputés ce matin, c'était surement pour ça qu'elle ne lui répondait pas. Nolan posa son stylo rouge, se pencha un peu en arrière tout en mettant ses mains sur son visage. Comment leur couple avait-il pu devenir comme ça ? Pensa-t-il tristement. Quand soudain, il entendit la porte de la classe s'ouvrir, il se replaça alors correctement sur sa chaise pour voir de qui il s'agissait. Surement la femme de ménage, vu l'heure qu'il était. Cela ne pouvait décidément pas être une élève, n'est-ce pas ?

Non, malheureusement ce n'était pas la femme de ménage. Mais, au fond je le savais. Je savais que ça ne pouvait qu'être qu'elle. Qui cela aurait pu être d'autre ? « Nolan... » Avait-elle murmurée. Il était difficile d'oublier cette nuit que j'avais passé avec elle quand nous étions en cours, entouré de nombreux autres élèves. Alors maintenant que nous étions rien que tous les deux, dans cette petite salle, en pleine nuit, penser à autre chose relèverait presque de l'exploit. En y réfléchissant bien, depuis cette fameuse nuit, nous nous étions pas retrouvés seuls, et je savais bien évidemment pourquoi. Car je savais que si je me retrouvais encore seul avec elle, une petit voix au fond de moi, se serait mise à me murmurer des choses que je ne voulais tout bonnement pas imaginer. Et à présent, quand je la regardais, là, la tête baissée, désireuse de mon amour, cette voix commençait à se réveiller. Je détournais la tête, tout en fermant les yeux. Je devais reprendre mon calme. Je devais agir en tant qu'adulte responsable. Je devais penser à ma femme, à mon mariage. Je ne devais pas tout foutre en l'air pour une histoire sans lendemain, sans espoir. Elle était mineure, bon sang. Et alors ? Commençait à me murmurer cette maudite voix. A quoi bon résister ? Tais-toi. Tu l'as fait une fois, après tout, le mal est déjà fait. Je t'en supplie, arrête ! J'ouvris de nouveau les yeux en passant brièvement ma main sur mon visage pour me ramener à la réalité. Allez, Nolan, agis en tant qu'adulte responsable. Je mis en ordre les copies, puis je décidais de me lever, tout en prenant une grande inspiration. Je me dirigeai vers elle, puis m'arrêtai presque net quand je fus à une distance raisonnable. « Kate... Que fais-tu ici ? » Demandais-je naïvement. Mon pauvre amis, tu sais très bien pourquoi elle est là... « Il est très tard. » Disais-je en regardant ma montre qui m'indiquait qu'il était presque vingt-deux heures. « Il faut que tu rentres chez toi. » Disais-je doucement avec un petit sourire. Je devais faire attention à chaque mots prononcés, parce que si je la froissais, elle pourrait bien s'énerver et me menacer de nouveau. Oui je devais faire attention. Pourtant, je ne pouvais pas non plus rester seul avec elle, c'était bien trop dangereux...