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 i don't need another perfect lie ☞ fernando.

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Aaron Lawford
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MessageSujet: i don't need another perfect lie ☞ fernando.   i don't need another perfect lie ☞ fernando. EmptyDim 29 Avr - 23:12

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Le froid me glaçait le sang. Je grelotais presque. Pourtant, la période hivernale était passée depuis longtemps, et quelques belles fleurs avaient commencé à s’épanouir dans le parc d’Arrowsic. Seulement ce soir-là, il faisait particulièrement froid, et je sentais mes joues brûler sous l’emprise du vent. Moi qui avais décidé de me balader dans la petite ville alors que tout le monde partait se coucher, c’était plutôt raté. Je fis la moue. Tant pis, j’aurais sûrement l’occasion de me pavaner une autre fois. En attendant, il fallait que je rentre quelque part au plus vite avant de choper une hypothermie. Déjà que ma santé n’était pas au beau fixe, il était inutile d’en rajouter. A cette pensée je baissai la tête. Je m’étais emmitouflée dans un gros pull et avait caché ma maigreur à l’aide d’une grosse écharpe. Ce n’était certes pas suffisant, mais cela camouflait déjà bien mes côtes apparentes sous ma peau. De jour en jour, je voyais mon corps s’amincir dangereusement. Bien sûr que j’aurais pu faire quelque chose. J’aurais pu aller consulter un médecin, suivre un traitement, mais je ne le souhaitais pas. Et je ne savais même pas pourquoi. Je crois qu’à force de lutter, j’avais fini par abandonner, à lâcher prise. Mon estomac se tortillait dans tous les sens. Je l’entendais grogner de douleur. A force, ça ne faisait même plus mal : je m’y étais habituée.

Je me frottai les mains, cherchant à me réchauffer, en vain. Je m’arrêtai alors pour regarder autour de moi. A quelques mètres de là j’aperçus l’antre du Jack’s Lounge se dissiper dans la nuit noire. Un petit sourire vint éclaircir mon visage triste. C’était pile ce dont j’avais besoin pour me réchauffer un peu. D’un pas déterminé, je me dirigeai donc vers le bâtiment. De l’extérieur on entendait déjà des cris de joie, des discussions et des rires. Même si je ne fréquentais pas souvent le bar, je devais admettre que c’était un des endroits les plus chaleureux de la ville. Il y avait toujours quelqu’un là-bas, et la plupart des habitants s’y rendaient dans le seul espoir de se détendre et d’oublier leurs soucis le temps d’une soirée. A ce moment-là, j’étais l’une de ses personnes. Certes, je savais que ce n’était pas la solution pour oublier mes problèmes, mais ça les apaisait très largement. Et puis, c’était toujours ça de gagné. Je poussai alors la porte du Jack’s Lougne et une bouffée de chaleur me caressa le visage.

A l’intérieur, il y avait toujours les habitués réunis autour d’une bonne bière, et qui s’extasiaient devant un match d’un sport que je ne connaissais pas. Je les regardai un instant, et me dirigeai vers le bar où le barman m’adressa un regard amical. Je m’assis alors sur un des tabourets libres, à côté d’un jeune homme dont le visage était tourné sur le côté. Avec un petit sourire, je demandai à l’homme qui tenait le bar : « Une vodka s’il vous plait. » Celle-ci arriva quelques minutes après, et je la finis d’une traite. « Une autre s’il vous plait. » Cela continua jusqu’au cinquième, sixième verre peut-être. Ma tête commençait légèrement à divaguer, et ma gorge manquait de s’enflammer tellement le liquide me réchauffait la peau. C’était agréable, si agréable. En revenant à Arrowsic, j’avais décidé de limiter ma consommation d’alcool, et j’y arrivais plutôt bien, ce qui me satisfaisait assez. Mais quand j’avais réellement besoin de boire, je ne m’imposais pas de limites. De toute façon, cela ne pouvait pas me tuer. Je regardai alors autour de moi, le corps un peu ballant, porté par l’ivresse qui commençait à me consumer lentement.
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Fernando Gautier-Perez
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MessageSujet: Re: i don't need another perfect lie ☞ fernando.   i don't need another perfect lie ☞ fernando. EmptyMar 1 Mai - 12:12

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Je ne peux pas nier que ces derniers temps ça ne va pas fort. Vraiment pas fort. Je suis complètement accro à cette fille, Kai. J’y pense nuit et jour. Du lever au coucher. J’y pense parce que je lui ai donné mon numéro. J’y pense parce qu’elle a un moyen de me joindre. J’y pense parce que si je lui plait, elle peut faire le premier pas. J’y pense parce qu’elle n’en fait aucun. Elle ne m’a pas appelé, elle n’a donné aucun signe. J’y pense parce que je sais que c’est mort et que je ne peux pas l’accepter. Je dois être amoureux. Non, ce n’est pas possible. On ne tombe jamais amoureux comme ça, pas si vite. Je parle de l’amour sans rien y connaître. Je n’ai jamais aimé personne. J’ai déjà eu quelques petites amies mais jamais rien qui dépassait le simple attachement de circonstance.

Ce soir, je décide de passer à autre chose. Ce soir, je décide de retourner au Jack’s Lounge. Décidemment, j’ai un abonnement ces temps-ci. J’y vais dans un but bien précis. Oublier Kai. Draguer la première fille sur laquelle je vais tomber et en faire ma nouvelle obsession. Ca ne me ressemble pas. Je ne suis pas du genre à courir après les filles, encore moins dans les bars. Kai était une exception à mes règles. Kai est un exception pour tout. Peu importe. Il faut que je l’oublie et que son nom cesse de résonner dans ma tête. J’en ai marre. J’en ai marre de ne pas pouvoir l’avoir. J’en ai marre d’être ce type accro à cette fille. Je me saoule à force. Je suis niais. Ca m’énerve.

Il fait froid ce soir, ça me réveille et me motive. Je hâte le pas, histoire de me réfugier au plus vite dans le petit bar d’Arrowsic. J’entre, il n’y a personne. Ces temps-ci, je suis toujours le premier client de la soirée. Le barman commence à me connaître. On se salue. Je prends place au bar et je commence tout de suite avec une vodka tonic. Une. Deux. Trois. Quatre. Au fur et à mesure que j’enchaine les verres, le bar se remplit peu à peu. C’est bruyant ce soir, mais je n’entends rien. Trop absorbé par mon état second provoqué par l’alcool.

Il y a une fille à côté de moi, une blonde, d’à peu près mon âge. Je vois flou, mais il me semble que je la connais. Mes yeux ont besoin d’un temps pour faire les bons réglages histoire que je puisse voir un peu plus clair. Oui, je la connais. C’est Abbey. Mon premier amour de vacances, ma première fois. En Suisse. Chez moi. Là où personne ne devrait m’avoir connu ici. Ce n’est pas la première fois que j’ai affaire à elle. Je l’avais déjà croisée, une fois. Elle m’avait demandé si on se connaissait et j’avais répondu par la négative, traçant la route. Elle sait qu’elle me connait, mais elle ne sait pas d’où, c’est toujours ça. Pourtant, ma tête tourne et je n’ai pas les capacités cérébrales pour réfléchir à mes actes et mes paroles. « Salut Abbey ! » Elle me regarde. Je ne suis pas sensé connaître son prénom, mais je suis bourré. Sobre, je suis maladroit et gaffeur. Bourré, ben… C’est pire. Tant pis.
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Aaron Lawford
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MessageSujet: Re: i don't need another perfect lie ☞ fernando.   i don't need another perfect lie ☞ fernando. EmptyMer 2 Mai - 16:55

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L’alcool commençait à m’enivrer lentement, comme une fontaine de chocolat qui se formait petit à petit. C’était une sensation agréable, une sensation dont j’avais été dépendante à un certain moment de ma vie. Je me rappelais à quel point j’étais heureuse de sentir l’alcool couler dans mon sang, je me rappelais à quel point c’était bon et addictif. Je me souvenais aussi que je buvais tellement que j’avais l’impression que j’avais quitté la Terre et que j’étais sur une autre galaxie, un autre monde loin de tout, loin de rien. Je fermai les yeux un instant. J’avais été bête et ignorante, mais je crois que si l’expérience devait se refaire, je crois que j’aurais fait exactement la même chose. Je me rappelais qu’à cette époque, la seule chose que j’avais en tête c’était que je voulais profiter de chaque moment, chaque instant. Et c’est ce que j’avais fait. Je m’y étais investie complètement. Peut-être un peu trop. J’avais dépassé les limites. C’est là que j’ouvris les yeux. Je n’avais pas besoin de me remémorer de mes sombres instants. Au contraire. C’était la dernière chose dont j’avais envie de penser ce soir-là. Alors je finis d’une traite mon verre, et en profitai pour demander au barman de m’en ramener un autre. Décidément, l’alcool rendait faible. Je l’étais déjà, en fait. Qu’importe, à ce moment-là, rien ne me préoccupait vraiment. Tout me semblait futile, simple, facile. J’avais presque envie de danser tellement cela m’était agréable. Mon insouciance reprenait le dessus et me possédait avec magie. Oui, c’était magique. Comment un simple liquide pouvait-il vous rendre à ce point heureux ?

Et puis je vis le jeune homme qui se tenait à côté de moi se retourner et me fixer sans rien dire. Je le regardai aussi, un peu perplexe. Il s’apprêta d’ailleurs à ouvrir la bouche. « Salut Abbey ! » Une décharge électrique me pinça le bras. La première question qui me venait dans la tête était : comment connaissait-il mon nom ? Je m’attardai alors sur son visage croyant reconnaitre une personne familière. Oui, il me semblait que j’avais déjà abordé cette personne auparavant, ici-même, à Arrowsic. Je me souviens aussi que je lui avais demandé si on se connaissait, mais celui-ci m’avait affirmé que non. J’avais abandonné. Mais le fait qu’il m’appelle par mon prénom était un signe troublant et excitant. D’un autre côté, je m’en voulais un peu de ne pas pouvoir mettre un nom sur ce joli minois. « Salut. » dis-je, en guise de réponse. Ce n’était pas tellement satisfaisant mais bon, les mots me manquaient. « On se connait ? Je me demande bien comment vous connaissez mon prénom. » Un sourire taquin s’affichait sur mes lèvres. J’avais envie de me sentir jolie. Sympathique. Agréable. Je n’avais pas envie de me montrer timide et renfermée comme je l’étais habituellement. J’avais envie de croire que je pouvais être une fille normale, comme toutes les autres, sans histoire. « Alors dites-moi, est-ce que je peux avoir le privilège de vous associer un nom ? » Je ne savais pas exactement pourquoi, mais j’avais la bizarre impression que je connaissais cet homme. Mais comment ? Et où ? Et quand ça ? Tant de questions sans réponses qui brûlaient dans mon esprit.
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MessageSujet: Re: i don't need another perfect lie ☞ fernando.   i don't need another perfect lie ☞ fernando. EmptySam 5 Mai - 13:05

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L’alcool, le bruit, la solitude, le bar, l’envie de parler à des gens et l’envie de tous les ignorer. L’envie d’être seul, l’envie d’être accompagné. Paradoxal ? Rien qu’un peu. Je noie mon désespoir dans un verre d’alcool, et c’est bien la cinquième fois depuis le début de la semaine, depuis que j’ai rencontré Kai. Je ne me reconnais plus, il faut que je fasse quelque chose vite. Je songe à partir, à quitter le bar, je regrette la raison de ma venue ici. Me choper une fille ? Comme si ça allait résoudre mes problèmes, comme si j’allais oublier Kai ? Impossible. Et puis, il y a Teddy. Cette fille avec qui j’ai passé un excellent moment mais qui s’est bien moquée de moi au final. Tout fout l’camp. Il n’y a décidément aucun espoir pour que l’amour me réussisse à Arrowsic. Mon père avait peut-être raison lorsqu’il ne cessait de répéter qu’avoir une femme dans les pattes, ce n’était qu’un poid, quelque chose qui empêche la réussite. Sympa pour ma mère ! Mais oui, il ne l’avait aimée que pour lui avoir donné un fils. Un mini-lui. Enfin c’est ce qu’il croyait. Je ne pouvais pas accepter qu’il soit rester avec elle par amour. Pour moi, ce type était incapable de sentiments. Parfois, on dit que les enfants reproduisent le schéma parental. Au diable ces stéréotypes, jamais je ne serai comme mon père. Et pourtant, à l’heure actuelle, toutes mes relations sentimentales me rappellent les relations qu’il entretenait avec les femmes. J’ai beaucoup trop de mal à accepter les ressemblances qui nous lient, lui et moi.

Mais il y a cette blonde, à mes côtés : Abbey. Cette fille que je connais, cette fille qui m’amène cinq ans en arrière. J’avais bientôt dix-huit ans et elle en avait seize. C’était juste avant l’évènement qui a changé ma vie, juste avant le meurtre de mon père. À l’époque, mon paternel assistait à beaucoup de show mondain. Il y avait un défilé cette semaine là, c’était les vacances, et il avait insisté pour que je vienne avec lui. C’est ainsi que j’ai rencontré Abbey. Elle défilait, comme toutes les autres, mais elle était différente. Je ne saurais dire pourquoi, mais elle dégageait quelque chose qui me donnait envie d’en savoir plus. Je n’avais jamais eu de petites amies, pas un semblant de relation amoureuse et mon père voulait remédier à ça. « Elle est belle, hein ? Allez fiston, je vois bien comme tu la regardes, je vais te présenter après. » Il se prenait pour dieu tout puissant, il ne la connaissait pas, mais c’était absolument lui qui devait m’introduire. Je détestais ça. Après le show, j’avais eu l’occasion de discuter avec elle, de l’approcher. J’avais appris qu’elle était en réalité extrêmement seule. Jamais je n’aurai pu imaginer qu’elle avait seize ans, elle faisait bien plus âgée. Elle était frêle, fragile et j’avais envie de l’aider. Ce soir-là, Abbey avait passé la nuit chez moi. Ce soir-là, j’avais eu ma première relation sexuelle. Ce soir-là j’avais connu mon premier amour. Evidemment, c’était un amour de vacances, un amour à durée déterminée, c'est-à-dire le temps d’une semaine. Un amour rapide, facile et heureux. Abbey m’avait libérée. Après ça, je n’avais aucune difficulté avec les filles, j’avais confiance. C’est pour ça que je n’ai jamais oublié Abbey. Notre semaine avait été l’une des plus heureuses de ma vie. Mon père lâchait la bride, mon père me laissait tranquille. Juste le temps d’une semaine. Lui, qui d’ordinaire prenait un mâlin plaisir à contrôler mes moindres mouvements et toutes mes relations. J’étais libre.

Lorsque je l’ai revue à Arrowsic, je l’ai fui comme la peste. Pas moyen de me faire remarquer, pas moyen qu’elle me reconnaisse. Mais ce soir, l’alcool coule à flot, l’alcool noie mon cerveau dans une brume infinie. J’en perds mes réflexes et je n’agis que par instinct. Et là, mon instinct me dit de la saluer. Je le fais sans réfléchir, parce que je ne peux pas réfléchir. « Salut » elle me réponds d’un air étonnée. « On se connait ? Je me demande bien comment vous connaissez mon prénom. » J’éclate de rire, franchement. C’est le fait qu’elle puisse me vouvoyer qui me tord de rire. On a pratiquement le même âge et puis… « Pas b’soin de me vouvoyer, on s’est déjà vu à poil je te rappelle. » Et là, je ris encore plus fort, encore plus. Je me prends le ventre et je chiale. Je ne peux plus m’arrêter, mes spasmes deviennent incontrôlables. Le rire prend le dessus sur tout mon corps. Abbey semble nagé dans l’incompréhension la plus totale. J’essaye de me calmer, mais c’est dur d’arrêter un rire de bourré. Je respire, plusieurs fois. Je me calme, enfin. J’avale une grogée d’alcool pour me remettre les idées en place – ou pas. « Alors, dites moi, est-ce que je peux avoir le privilège de vous associer un nom ? » J’ai pas envie de donner mon vrai nom, enfin je sais pas. Pendant un instant, je n’arrive même pas à me souvenir du vrai, je pars en vrille. Je me prends la tête dans les mains et tout à coup, comme un éclair qui me revient en plein fouet, je déclare : « Fernando, super espion pour vous servir mademoiselle. » Et je repars dans un grand et long fou rire.
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Aaron Lawford
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MessageSujet: Re: i don't need another perfect lie ☞ fernando.   i don't need another perfect lie ☞ fernando. EmptyMar 8 Mai - 23:10

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Une douce chaleur me bouffait le visage, empourprant mes fines joues. Autour de moi, riaient et hurlaient une dizaine de personnes, avec enthousiasme. Je pouvais distinguer des bribes de conversation dans tout ce brouhaha, mais avec difficulté. En tout cas, j’appréciais cet endroit. J’appréciais être entourée de chaleur humaine, de cette si bonne chaleur qui me remontait le moral. J’aspirai une bouffée de cette atmosphère agréable avant de reposer l’attention sur mon verre, qui fut mon compagnon de soirée pendant bien longtemps. Je regardai le liquide caresser les parois du verre pendant que je m’amusais à le faire tourner dans mes mains. C’était plutôt amusant d’ailleurs. Je ne sais pas combien de temps j’étais restée ainsi, à sourire bêtement devant ce jeu puéril. Au bout d’un moment, je finis par poser le verre, ennuyée. Puis je le finis d’une traite –encore une fois- comme si de rien n’était. Je me sentais un peu seule, parmi tous ces hommes avec des tatouages et toutes ces filles qui exhibaient leurs formes sans gêne. Parfois, j’avais l’impression d’être un alien, un petit-être incompris dans ce vaste monde. J’étais un peu effacée, un peu translucide, à moitié cachée sous un voile, marchant sur le bord de la route, tranquillement. On passait devant moi, sans forcément me voir, sans vraiment faire attention à moi. Le monde se fichait pas mal de ce que je pouvais bien penser. Le monde était égoïste et continuait à avancer quel que soit les plaintes de ceux qui le peuplaient. C’était comme ça ; c’était la vie. Il fallait l’accepter cette fatalité : on ne pouvait rien faire contre le monde. Car le monde est bien plus fort que nous. On aura beau vouloir le changer, le chambouler, de toutes les manières possibles, cela n’aurait mené à rien. Après tout, nous ne sommes que des petits être insignifiants ; et le monde n’a que faire de nous.

Une mine boudeuse, je reportai mon attention sur mon voisin assez déconcertant. « Pas b’soin de me vouvoyer, on s’est déjà vu à poil je te rappelle. » Un pincement. Un électrochoc. Ce garçon avait le don de me surprendre, et je ne savais pas si c’était une bonne, ou une mauvaise chose. L’alcool lui faisait dire des choses débiles, c’était ce que je pensais à première vue. Mais peut-être que non. Peut-être qu’il disait la vérité, sans même s’en rendre compte. Alors comme ça, ce jeune homme a été un de mes nombreux amants ? Je le contemplai quelques secondes, sans rien dire. Oui, il était plus mignon. J’étais satisfaite de constater que j’avais fait des bons choix en matière d’hommes. Plutôt que de poser des questions –ce que j’aurais dû faire- je pris un air amusé, un peu sous l’effet de l’alcool qui coulait dans mon sang : « Et alors, j’étais comment ? » Je m’étais rapprochée de lui, respirant au passage son odeur qui se dégageait discrètement de sa peau. Puis, je m’étais éloignée, sans le quitter du regard néanmoins. « Fais attention à ta réponse. » dis-je, finalement. Tout d’un coup, je me sentais renaitre. Je me sentais désirable et belle. Le temps d’une soirée, je retrouvais l’entrain que j’avais eu pendant de longues années, attirant ainsi pas mal de mâles dans mon lit. Cette époque était terminée à présent, mais cela ne me faisait pas de mal d’y goûter, de temps en temps. « Fernando, super espion pour vous servir mademoiselle. » « C'est pas vrai ! J'ai toujours rêvé de rencontrer un super héros ! Est-ce que t'as une cape ? Est-ce que t'as un masque ? Et c'est quoi tes supers pouvoirs ? Est-ce que tu peux voler ? Moi j'aimerais TELLEMENT voler. Comme un oiseau, zouuuuuu ! » Et puis je ris, mélangeant alors son rire au mien. J'imitai le super héro, avec un enthousiasme fou. Je me sentais déconnectée, déconnectée du monde, déconnectée de tout. « Alors Fernando, quand est-ce que j’ai eu le plaisir de te rencontrer ? » J’étais peut-être un peu ivre, mais je n’avais pas perdu complètement ma lucidité. Le cœur léger, je commençais à me déhancher sur ma chaise, chantonnant une mélodie comme une idiote. Le monde était beau, siiiii beau.
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MessageSujet: Re: i don't need another perfect lie ☞ fernando.   i don't need another perfect lie ☞ fernando. EmptyDim 13 Mai - 19:36

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Je bois, encore et encore. Et ce n’est pas la présence d’Abbey qui va me faire arrêter. Au contraire. Sa présence m’éffraie, la possibilité qu’elle puisse me reconnaître me stresse. Donc je bois, je bois parce que pour moi c’est un échappatoire. Parce que j’ai tendance à fuir les problèmes plutôt qu’à les affronter. Mais, oh, profonde erreure. L’alcool me rend bavard. Je parle, je dévoile. C’est pire finalement. Tant pis. Elle me vouvoie. C’est chou mais on s’connait. Du coup, je le lui fais remarquer – qu’on se connait, même intimement. Je l’ai déjà vu en tenue d’eve. Elle ne s’en souvient pas, mais je ne me fais pas prier pour le lui rappeler. Je fais exactement tout le contraire de ce que je devrais faire. J’attise sa curiosité, je la pousse à poser des questions. Le pire, c’est que dans l’état dans lequel je suis je vais très certainement lui répondre. « Et alors, j’étais comment ? » Je la regarde de haut en bas. Certainement aussi belle et séduisante que maintenant. Mais non, je ne dis pas ça. Je ne vais pas draguer. Je ne vais pas essayer de la mettre dans mon lit. Je vais arrêter mes conneries. « Fais attention à ta réponse » dit-elle en voyant que je tarde à répondre. Elle n’a pas a se faire de soucis. C’était ma première fois et c’était mémorable. « C’était génial. Dommage que ça n’ait eu lieu qu’une seule fois. » Et hop, les mots ont filés entre mes lèvres avant même que je n’ai pu y réfléchir. C’est trop tard, c’est fait, c’est dit. On dirait un pervers qui n’attend qu’une chose : lui sauter dessus. Alors que ce n’est pas le cas. C’est juste qu’à l’époque, j’aurai beaucoup aimé réitérer l’expérience. Je passe ma main dans mes cheveux et je lui sors un sourire charmeur. On dirait que je la drague, ouais, je la drague, c’est pas le but bon sang. Mais je suis incontrôlable quand je suis bourré. Je ne sais pas me retenir et je fais n’importe quoi. Faut vraiment que j’arrête de boire.
Comme si ça ne suffisait pas, je me renfile un verre, j’en recommande un, mais le barman me fait non de la tête, il en a certainement marre de me voir bourré. C’est pour mon bien dit-il, mais bon. Je suis pas content et je grimace. Mais Abbey me ramène à notre discussion en me demandant mon prénom. Je réponds un truc débile. Complètement débile. « C'est pas vrai ! J'ai toujours rêvé de rencontrer un super héros ! Est-ce que t'as une cape ? Est-ce que t'as un masque ? Et c'est quoi tes supers pouvoirs ? Est-ce que tu peux voler ? Moi j'aimerais TELLEMENT voler. Comme un oiseau, zouuuuuu ! »

Nous rions, elle est adorable. Décidemment, elle me fait vite oublier mon petit soucis avec le barman. Je me prends au jeu. Je ris. « Ouais, je suis magique. Tu veux aller voir la lune avec moi ? Je peux t’y emmener, je vole super vite ! » dis-je à moitié plié en deux. Mes mots vont à peu près ensemble, mais ma phrase est difficilement audible. Je ris tellement que j’ai du mal à m’exprimer. On se calme un peu et elle me demande : « Alors Fernando, quand est-ce que j’ai eu le plaisir de te rencontrer ? » Là faut que j’assure, j’essaye de me contenir, de réfléchir, mais c’est dur. Du coup, je lâche un truc flou, mieux que rien. « Il y a très très très très longtemps, puisque… » et là mes joues se teintent de rose. « Puisque tu étais ma première fois. » Je ris encore, de gêne, cette fois.
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MessageSujet: Re: i don't need another perfect lie ☞ fernando.   i don't need another perfect lie ☞ fernando. EmptyLun 14 Mai - 0:25

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On était jeunes, on était peut-être un peu trop fou, on riait peut-être un peu trop fort, mais c’était bon, tellement bon ! Si je pouvais vivre des instants comme celui-ci plus souvent, je le ferai avec plaisir. C’était mon insouciance qui parlait, mon ivresse qui me consumait. Mon corps me disait certainement d’arrêter cet instant d’inconscience, mais je ne l’écoutais pas, trop envoutée par les néons de la pièce. Parfois je fermai les yeux, et appréciait les bruits qui se faisaient échos un peu partout dans l’antre du Jack’s Lounge. Pourquoi parlaient-ils si forts ? Ça résonnait dans tous les sens, ça bourdonnait comme dans une ruche remplie d’abeilles, ça me faisait mal à la tête mais je ne m’en rendais même pas compte. Je souriais bêtement, incrédule à toute raison possible. Et puis il y avait ce mec à côté de moi, particulièrement mignon, qui me montrait ses dents à chaque fois qu’il parlait. Je le regardais, sans vraiment trop le regarder. Les informations s’accumulaient à une allure déconcertante, et ma tête ne semblait pas tenir le coup. J’espérais que demain je me rappellerai de tout ça. « C’était génial. Dommage que ça n’ait eu lieu qu’une seule fois. » Ses paroles me firent plaisir, bien évidemment. Ça ne faisait vraiment pas de mal de se faire complimenter de temps en temps. Parfois on avait besoin d’entendre qu’on était génial pour essayer de croire qu’on l’était vraiment. Je me rapprochai alors de lui et dit d’une voix basse : « Je devais vraiment être idiote pour ne pas avoir tenté de recommencer. Tu étais si mauvais que ça ? » Je lâchai un rire fort, spontané, aigu. Fernando me faisait sentir vivante, et j’en étais absolument ravie. Je me plaisais à le draguer, lui lancer quelques piques, mais ce n’était pas bien sérieux. Et puis, lui non plus ne semblait pas être dans un état normal. Nous étions portés par l’ivresse, cette ivresse grandissante qui nous déconnectait de la réalité.

Et puis son rire se mêla au mien, encore et encore. On était incapables de s’arrêter, pris dans un élan de fou rire trop intense. Les autres nous regardaient avec des regards interrogatifs, mais cela ne m’importait que trop peu. Qui étaient ces gens ? Que pouvaient-ils faire contre nous ? Nous étions libres de nos actes, nous faisions ce que bon nous semblaient, et eux, ils n’étaient que des petits insectes. Nous, nous étions de grands animaux devenus incontrôlables le temps de quelques heures, le temps d’une simple soirée. Je me plaisais à me sentir puissante et intouchable, même si ça n’était pas le cas. « Ouais, je suis magique. Tu veux aller voir la lune avec moi ? Je peux t’y emmener, je vole super vite ! » Ses mots me faisaient sourire, ses mots me faisaient rêver, me transportaient dans un autre monde, bien meilleur que celui dans lequel nous vivions. Les yeux illuminés, je dis : « OH OUUUUUI ! J’ai toujours rêvé de voir s’il y avait vraiment des trous sur la lune. Tu sais, comme dans les fromages ! Oui, je suis persuadée que la lune est un énorme fromage. Pas toi ? » Je souris gaiement, et ajoutai : « Tu as vraiment trop de chance. Moi aussi j’aimerais bien être magique. » Je mimai une mine boudeuse, un peu jalouse des supers dons de mon nouvel ami. La vie pouvait vraiment être injuste parfois. Et puis, comme envoutée par une soudaine illumination, je m’écriai : « Dis ! Tu ne veux pas m’apprendre à voler ? S’il te plaaaaaaaaaaaaaaaait ! Je ferai tout ce que tu veux, c’est promis ! S’il te plait, s’il te plait, s’il te plait ! » Je me sentais comme une gamine de cinq ans : un peu trop rêveuse et optimiste, mais je m’en fichais, j’allais apprendre à voler. Et ça, c’était incroyable, magique, formidable, orgasmique ! Mieux que les dessins animés à la télé, mieux que l’océan, mieux que tout.

Je tentai de me calmer avec peine. Ce garçon était si gentil, si adorable. Comment se faisait-il que j’avais pu l’oublier ? Je me sentais un peu bête sur ce coup-là. « Il y a très très très très longtemps, puisque… » Mon attention était à son comble, je le regardai sans rien dire, il me tenait en haleine, et il aimait ça. Il jouait avec ma patience, mais c’était plutôt marrant. Il ne manquait plus que les roulements de tambour et le suspens aurait été à son comble. « Puisque tu étais ma première fois. » Boulette à canon. Choc imminent. Avalanche à 2000m d’altitude. J’étais surprise, mais c’était une bonne surprise. J’étais plutôt flattée même, heureuse d’avoir donné la liberté à un homme charmant comme lui. Il se rappelait donc de moi, puisque j’étais un peu spéciale. C’était moi, la première. Je ne pus m’empêcher de me sentir importante, l’espace d’une seconde. « Ohhhhhh ! » Un peu émue, mes mains vinrent se joindre sur ma poitrine, comme pour lui montrer ma sincérité. « J’espère que j’ai été un bon professeur en tout cas. » J’étais ravie. Ravie d’être ici, avec lui. Même si apparemment le barman ne semblait pas apprécier notre présence et nos discussions incompréhensibles. Pourquoi se plaignait-il ? On lui faisait gagner de l’argent ! Décidément, je ne comprendrai jamais la logique humaine.
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Fernando Gautier-Perez
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MessageSujet: Re: i don't need another perfect lie ☞ fernando.   i don't need another perfect lie ☞ fernando. EmptyMar 15 Mai - 22:03

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Alcool, confidences, secrets révélés, dérapages, que de synonymes, que de mots différents pour désigner la même chose. Cette chose, quelle chose ? Mon état, mon état actuel. La tête qui tourne et les idées embrumées. Je peine à réfléchir, en réalité, je n’essaye même plus. C’est fini, c’est mort. Toutes mes réponses sont instinctives. Peut-être que mon instinct de survie me protégera de la curiosité d’Abbey, ou peut-être pas. Ca reste à voir. Mais là, on parle de sexe, de notre première fois, de notre unique fois, de ma première fois. On en rigole, on se cherche, on se drague presque. C’est pas bien. Je lui dis même que c’est dommage que nous n’ayons pas recommencé. Je sais pas si je le pense vraiment, je sais rien. Je parle c’est tout. Ma gorge est sèche j’ai besoin d’un verre de plus. Je suis déshydraté. Je vide mon verre. « Je devais vraiment être idiote pour ne pas avoir tenté de recommencer. Tu étais si mauvais que ça ? » Je rigole. Moi ? Mauvais au pieu ? Ou pas. Je lui fais un petit clin d’œil qui veut tout dire. « T’avais l’air d’aimer en tout cas ! C’est surtout qu’on a pas eu le temps de recommencer… » On est resté qu’une semaine ensemble, et on a couché ensemble le dernier jour. Avant son départ, pour se dire au revoir. C’est arrivé comme ça. Du simple baiser en début de semaine, à la bestiale coucherie de la fin. Juste comme ça.

On rit, on rit parce qu’on dit n’importe quoi. C’est presque un reflexe chez moi. Le rire et le sourire. Comme une arme. Une manière d’être. Il y a quatre raisons pour lesquelles je souris ou je ris. 1) quand je suis heureux et qu’il y a quelque chose de drôle, ou alors quand je suis avec Kai. 2) quand je suis gêné. 3) quand j’ai envie de détendre l’atmosphère. 4) quand je me sens obligé. Ah et puis, j’oublierai presque le plus important finalement, quand je suis bourré. Je ris pour un rien. Pour tout. C’est inévitable. Mais alors là, avec Abbey, c’est le gros fou rire. On en pleure presque. Tout le bar nous entend. À nous deux, on couvre largement le bruit assourdissant des supporteurs de football qui regardent le match à la télévision. « OH OUUUUUI ! J’ai toujours rêvé de voir s’il y avait vraiment des trous sur la lune. Tu sais, comme dans les fromages ! Oui, je suis persuadée que la lune est un énorme fromage. Pas toi ? »

Je ris, j’ai du mal à répondre à sa question tellement je suis parcouru de spasme. « Oh ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii, j’adoooooooooooore le frrrrromaaaaaage. Surtout le gruyère. » Je commence ma phrase en anglais, et je la finis en français. La gaffe. Je parle d’un fromage suisse en plus. Heureusement pour moi, Abbey ne doit certainement pas connaître, impossible même. « Tu as vraiment trop de chance. Moi aussi j’aimerais bien être magique. »

Et là, instantanément, je reprends mon sérieux. Et là, instantanément j’arrête de rire. Comme un éléctrochoc, comme si ce que je vais dire est une évidence. « Mais, tu es magique Abbey. » Simplement, doucement je le dis. D’une petite voix, presque inaudible. Parce que je repense encore à ce qu’elle m’a apporté, à cette libération que connait un homme après sa première fois. Parce que C’est elle qui m’a appris à aimer les plaisirs de la chair, parce qu’elle m’a initié à ce jeu. Parce que. Abbey grimace. « Dis ! Tu ne veux pas m’apprendre à voler ? S’il te plaaaaaaaaaaaaaaaait ! Je ferai tout ce que tu veux, c’est promis ! S’il te plait, s’il te plait, s’il te plait ! »

Je ris. Je ris. Encore. « Je te montre après si tu veux ! » Je lui fais un grand sourire, on dirait deux enfants. Deux enfants qui jouent à un jeu, un jeu stupide. C’est un peu ce qu’on est Abbey et moi, deux grands enfants. On a pas grandi, pas encore, pas assez. Ca viendra, mais c’est encore trop tôt. On a besoin de ces moments de gamineries.

J’avoue à la belle blonde que notre rencontre date d’il y a très très longtemps et pour cause, c’est elle qui m’a dépucelé. C’est pas forcément le genre de choses qu’on lâche autour d’un verre. En plus, je devrais être vexé qu’elle ne m’ait pas reconnu. Mais non, au contraire, je m’amuse de la situation. Toujours pour la même raison, je suis encore et toujours… bourré. Elle pousse une exclamation de joie et un « J’espère que j’ai été un bon professeur en tout cas. »

Je lève mon pouce en l’air pour lui dire que oui, c’était géant. Je souris, je ris, je grimace. Je ne garde pas mon sérieux. Mais le barman débarque, encore. Ouais, il est chiant celui-là, même pas capable de laisser ses clients tranquilles deux minutes. « Dis donc, on s’en fout de vos histoires de baise. Cassez-vous, alors faire vos trucs bizarres ailleurs. » Je fais non de la tête. Abbey aussi, on rigole. On se fout de sa gueule. Il aime pas. Je me sens tiré par le col, je vois pas Abbey parce que ma tête tourne. Et je me retrouve dehors. Sur le béton froid, à rire comme un con. Un rire féminin se mêle au mien. Il nous a mis dehors, tous les deux. On reste assis là, par terre, complètement à côté de la plaque. Pour changer.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: i don't need another perfect lie ☞ fernando.   i don't need another perfect lie ☞ fernando. EmptyMer 16 Mai - 22:03

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Je me tortillais dans tous les sens, et je me plaisais à m’imaginer en train de danser au-dessus des étoiles, en lévitation, complètement hors du temps. La Terre n’existait plus, l’atmosphère était légère, et le monde tournait dans tous les sens, comme un gigantesque manège. Dans tout ce bazar, moi j’étais la petite enfant qui s’émerveillait de toutes les choses, même les plus minimes. Mon verre presque vide me semblait être un bijou précieux qu’il ne fallait absolument pas perdre. Le siège cassé du bar était un trône, et moi, j’étais la reine, toute fière et belle. A côté de moi se trouvait Fernando, mon valet serviable et amusant. Devant moi se trouvait mon serveur personnel qui préparait toujours des mets exquis. Et tout autour de nous, c’était le peuple, qui fanfaronnait dans tous les sens. C’était incroyable. En un instant, le Jack’s Lounge s’était transformé en un magnifique palais que je régnais toute seule. J’étais donc puissante et admirée. Que c’était bon de se sentir de cette façon ! Même si ce n’était que mon imagination qui me jouait des vilains tours. « T’avais l’air d’aimer en tout cas ! C’est surtout qu’on a pas eu le temps de recommencer… » « Oh. » dis-je, simplement. Je le regardai, pensive. Je me demandais pourquoi nous n’avions pas eu le temps de recommencer. « Donc j’en déduis que je t’ai rencontré lors de mes nombreux voyages, sinon je t’aurais facilement revu à New York, je pense. » J’avais peur qu’il me trouve trop curieuse, mais de toute façon il était trop soul pour réfléchir, peut-être ne l’avait-il même pas remarqué. « Est-ce que j’ai le droit de savoir où nous nous sommes rencontrés, Fernando ? » Je lui adressai un des sourires les plus charmants, comme pour l’inciter à me répondre. Décidément, cette soirée se montrait très enrichissante.

« Oh ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii, j’adoooooooooooore le frrrrromaaaaaage. Surtout le gruyère. » Son enthousiasme m’enchantait et se mêlait au mien avec délice. Je remarquai qu’il avait dit son dernier mot avec un accent étrange, assez particulier. Mais je n’y prêtais pas attention, étant trop absorbée dans un monde parallèle où tout était beau et magique. Au bout d’un moment il s’arrêta de rire et prononça quelques mots : « Mais, tu es magique Abbey. » Un large sourire se planta sur mon visage. Je devais sûrement paraitre débile à sourire comme ça, mais ça me faisait réellement plaisir. Fernando était un garçon vraiment surprenant. Sa compagnie me distrayait et m’enchantait grandement. Je passais une soirée formidable, et ce, en grande partie grâce à lui. « Je te montre après si tu veux ! » Satisfaite, je répondis du tac au tac : « D’accord ! » en gigotant dans tous les sens, un peu trop excitée par l’idée. Je ne volais pas encore, mais dans ma tête j’étais déjà au-dessus des nuages, en train de batifoler dans les airs comme une gamine.

Et puis nous continuons à rire, encore et toujours. J’avais l’impression que mon ventre allait exploser tellement je riais de toutes mes forces. J’avais peur que mes joues restent contractées, aussi. Mon estomac se tordait dans tous les sens mais c’était marrant. Et puis le barman revint nous voir. Au début je l’ignorai mais il prit la parole avec sa voix un peu trop grave, alors je fus forcée d’écouter ses bêtises. « Dis donc, on s’en fout de vos histoires de baise. Cassez-vous, alors faire vos trucs bizarres ailleurs. » Mais c’est qu’il était plutôt drôle, lui aussi ! Sans réfléchir, je ris, je lui ris en plein visage, mais visiblement ça ne lui plaisait pas. Pas très fun. Et puis sans que je n’eus le temps d’agir, je me retrouvai dehors, le froid venant me paralyser les côtes avec force. A côté de moi j’entendais toujours le même rire doux et agréable, se distinguant dans la nuit noire. Alors je souris, et profitai de l’air frais qui vint me rafraichir la tête. Je voyais un peu flou, j’avais peur de me perdre dans tout ce grand espace. Mais heureusement, il y avait un super héros à mes côtés, il ne fallait pas que je m’inquiète. Je me levai, et je me mis à courir dans tous les sens, faisant des cercles et des sauts de kangourou. C’était bon, c’était frais, c’était parfait. Le vent me fouettait les visages et me déséquilibrait de temps en temps. C’était presque comme si je volais. « JE SUIS LA REINE DU MONDE ! » m’écriai-je avant de recommencer à partir de tous les côtés. J’allais réveiller tout Arrowsic, mais tant pis. Ce jeu continua encore quelques minutes, puis je m’arrêtai, constatant que je ne voyais plus Fernando, avec cette obscurité lourde. « Bah, t’es où ? MON SUPER HEROOOOOS ! Où es-tuuuuu ? Tu joues à cache-cache, c’est çaaaa ? Mais c’est pas juste, je suis NULLE moi ! » J’agitai les bras, pensant qu’il me verrait peut-être. J'étais stupide, je me sentais comme une gamine. « Tu ne me laisses pas tomber, hein ? » finis-je par dire, un peu essoufflée par ma course frénétique. Il était là, quelque part. J’en étais certaine. Mais l’ivresse dans laquelle je baignais me donnait l’impression que j’avais plongé dans les abîmes.
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MessageSujet: Re: i don't need another perfect lie ☞ fernando.   i don't need another perfect lie ☞ fernando. EmptyDim 20 Mai - 21:23

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Finalement, j’avais bien fait de me résoudre à venir, finalement, la simple présence d’Abbey vaut bien mieux que celle de n’importe quelle autre jeune excitée que j’aurai essayé de mettre dans mon lit. Au fond, coucher avec une fille ne me ferait pas aller mieux, ça ne me ferait pas oublier cette jolie tête rousse qui trotte sans cesse dans mon esprit. J’avais en fait juste besoin d’un petit moment de détente, un moment à moi, un moment de rire. Et grâce à Abbey, je l’ai ce moment. C’est parfait. Avec l’alcool qui tourne dans nos veines, nous n’avons pas peur de dire des bêtises, nous n’avons pas peur de nous remémorer notre première rencontre. Enfin, ça, c’est plutôt moi, puisqu’elle a oublié. Je ne sais pas si je dois en être soulagé ou pas ? Peut-être que j’étais un mauvais coup. Mais non, je n’ai pas oublié l’expression sur son visage, après notre nuit de folie. Je lui explique que c’était super, grandiose, mais que malheureusement, nous n’avions pas pu remettre ça.

« Oh. » dit-elle simplement, visiblement déçue comme si c’était hier. « Donc j’en déduis que je t’ai rencontré lors de mes nombreux voyages, sinon je t’aurai facilement revu à New York, je pense. » Je souris et j’acquiesce, bonne déduction. Le simple fait de bouger la tête me fait presque tomber de ma chaise. Décidemment, j’ai bien trop bu. Mais c’est ça qui est drôle. « Est-ce que j’ai le droit de savoir où nous nous sommes rencontrés, Fernando ? » Je la regarde d’un air mystérieux. Je la fais languir, je ne réponds pas tout de suite, marquant quelques longues minutes de pause. « Non, en fait je vais pas te dire, t’as qu’a deviné… Du moins t’en souvenir ! » dis-je d’un air moqueur. Je la taquine, comme un enfant de neuf ans qui embête sa petite sœur. Ca parait con comme ça, mais c’est mortellement amusant, j’adore. J’aime cet aspect libérateur de l’alcool, où tout est permis, où on peut retourner en enfance avec une bonne excuse.

Et on continue les conneries, les bêtises d’enfants. Je parle de super héros et Abbey me suit en me disant qu’elle rêverait de voler. Evidemment qu’elle peut. Je vais lui apprendre, je veux qu’elle ressente cette liberté et ce bonheur de voltiger dans les airs comme un oiseau. « D’accord ! » dit-elle avec enthousiasme. Nous rions, encore et toujours, parce que c’est le thème de la soirée, parce que ça nous fait du bien, parce qu’apparemment, c’est ce dont nous avions besoin. Mais ça ne plait pas à tout le monde. La plupart des clients du bar nous fusille du regard depuis un moment. Le barman l’a remarqué et, excédé par nos cris et nos rires qui couvrent même le bruit des supporters de foot, il décide de nous jeter dehors. Ni une ni deux, je me retrouve le cul par terre, perdu dans le noir, loin de la chaleur du bar. Je ris. Parce que la situation est ridicule et qu’à ce moment-là je trouve marrant d’avoir le cul sur le trottoir. Parce que c’est même hilarant pour moi d’avoir les fesses gelées par le béton froid. Et j’entends le rire cristallin d’Abbey se mêler au mien. Je ne la vois pas, mais je sais qu’elle est là. Pas loin.

« JE SUIS LA REINE DU MONDE ! » elle hurle à en réveiller tout Arrowsic. J’entends d’ailleurs des voisins qui lancent quelques injures et qui referment leurs volets. Mais moi je m’en fous, je ris toujours et je me roule sur le béton. C’est pas aussi agréable que de se rouler dans l’herbe mais tant pis, je ne sens rien. Je m’amuse. Doucement, je me calme, je reprends ma respiration et je me lève doucement, avec difficulté. Je ne tiens pas vraiment debout et je regarde autour de moi. Plus de bruit, plus d’Abbey. J’aimerais avoir des yeux de chat pour y voir quelque chose. « Bah, t’es où ? MON SUPER HEROOOOOS ! Où es-tuuuuu ? Tu joues à cache-cache, c’est çaaaa ? Mais c’est pas juste, je suis NULLE moi ! » Je ris doucement, d’un rire à peine audible. J’ai une idée derrière la tête. « Tu ne me laisses pas tomber, hein ? » Je ne réponds toujours pas. Je l’entends gigoter dans tous les sens. Je m’approche du bruit, je le laisse me guider. Malgré mon état de bourré, j’arrive à me déplacer à pas de loup, non sans manquer quelques fois de tomber, je l’admets. Je suis tout près. J’y suis presque. « BOUUUUUH ! » je hurle en lui sautant dessus. Tout les deux surpris, on s’encouble sur je-ne-sais-quoi et on finit tête la première par terre, à moitié avachis l’un sur l’autre, morts de rire.
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MessageSujet: Re: i don't need another perfect lie ☞ fernando.   i don't need another perfect lie ☞ fernando. EmptyDim 27 Mai - 10:59

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Finalement, je m’amusais plutôt bien. Énormément, même. Et tout ça, grâce à la présence d’une personne, d’une simple personne. C’était incroyable. Il y avait ces personnes qui vous faisaient rires, qui vous emmenaient au-delà de la réalité, avec une magie qui venait d’ailleurs. Fernando était magique. Fernando était un super-héros. Fernando était un être sensationnel. Et maintenant, j’avais la chance de dire que je le connaissais, cet homme. Cet homme qui réussissait à me faire décrocher un sourire toutes les deux minutes. « Non, en fait je vais pas te dire, t’as qu’a deviné… Du moins t’en souvenir ! » Je fis la moue, un peu déçue de ne pas savoir. Mais qu’importe, j’allais bien finir par le découvrir, tôt ou tard. Et je passais à autre chose, préférant rire de tout et n’importe quoi avec mon nouvel ami. Je ne voulais plus savoir qui il était. Je voulais juste passer le reste de la soirée avec lui, sans me soucier de son identité. Juste nous. Juste de grands enfants qui retrouvaient leur insouciance d’antan.

Et puis c’était le froid, c’était la nuit sombre et effrayante, c’était le vent qui me secouait à chaque souffle. C’était l’euphorie qui m’habitait, la folie, le bonheur, la joie, la liberté et l’ignorance. C’était la jeunesse et la vie qui s’entremêlaient dans un fabuleux cocktail. Et rien, ni personne, ne pouvait me faire décoller de ce moment parfait, de ce moment parfait déconnecté de la réalité. Rien ni personne ne pouvait me faire sortir de cette béatitude. C’était parfait, c’était formidable, c’était féérique. Oui, je vivais un moment de pure extase. Grâce à Fernando, encore une fois. Et pour ça, je lui en étais entièrement reconnaissante. Si je pouvais vivre ma vie ainsi, ça aurait été génial. Mais je savais, au fond de moi, que ce moment qui me semblait si incroyable n’était qu’une illusion due à l’alcool. Que cela ne pouvait pas durer éternellement. Tant pis. Tant pis pour moi, tant pis pour tout. Du moment que je pouvais me sentir vivante, même pour le temps de quelques heures, cela me suffisait. Car moi, moi j’avais l’impression de me morfondre dans le néant chaque jour. Moi, je me sentais transparente et inutile chaque jour. Moi, je n’avais pas l’impression de vivre réellement. Alors si je pouvais retrouver la sensation d’être heureuse, la sensation d’être humaine, ne serait-ce qu’une toute petite seconde, alors je m’estimais gagnante. Alors oui, cela pouvait paraitre complètement bête pour certaines personnes, mais pour moi, ce bonheur, ce sourire qui irradiait de toutes les personnes que je croisais chaque jour, était un cadeau du ciel.

Je courrai, dans tous les sens. Je trépignais dans cette nuit qui ne me faisait même plus peur, tellement je me sentais puissante et fantastique. Au bout d’un moment je m’arrêtai, peut-être un peu trop essoufflée. Puis je regardai autour de moi, et constatai que Fernando n’était plus là. Je restai ainsi quelques minutes, immobile et inconsciente, et puis un grand bruit s’abattit sur moi et manqua d’exploser mon cœur. « BOUUUUUH ! » Un simple mot. Et puis le sol. Ou peut-être de l’herbe, je ne savais pas trop. Et puis Fernando avachi sur le sol et moi par-dessus. Je n’avais même pas eu le temps de comprendre ce qu’il se passait. Alors je rigolai, encore et encore, jusqu’à ce que je n’en puisse plus, jusqu’à ce que ma voix s’éraille et devienne sourde. C’était bon, c’était divin. La chaleur humaine de Fernando venait se mêler à la mienne. Je sentis son souffle court me caresser le visage. Je le tapai sur le torse avec le peu de forces que j’avais, et m’exclamai : « Tu m’as fait peur ! » Et puis je rigolai, avant de m’affaler sur lui, une bonne fois pour toute. Je pouvais voir le ciel. Il était grand, trop grand. Mais c’était beau. Les étoiles illuminaient le ciel, et me semblaient être des diamants. J’étais épuisée, fatiguée, mais je me sentais bien. Et puis le silence, un beau silence, s’installa entre nous. Nous profitions de la beauté de l’obscurité, de la beauté de ce moment. Puis, d’un simple murmure, je dis : « Est-ce qu’on peut rester ici pour toujours ? » Puis je posai ma tête sur son épaule. J’aurais aimé arrêter le temps, pour profiter de cet instant éternellement.

hj:
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MessageSujet: Re: i don't need another perfect lie ☞ fernando.   i don't need another perfect lie ☞ fernando. EmptySam 2 Juin - 23:10

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Même le cul sur le béton froid, même foutu dehors par un patron un peu con, j'arrive encore à être mort de rire. Parce que la présence d'Abbey me fait rayonner. Parce que ses enfantillages se joignent aux miens et que tout ça c'est agréable, tout ça ça fait du bien, tout ça ça donne du baûme au coeur. J'en avais besoin. Et Abbey aussi, je pense. Je sais reconnaître ces rires, ceux qui semblent sortir du placard, du placard qui a été longtemps fermé. Ces rires rouillés par le temps, ces rires trop peu exploités. Et ça fait du bien quand ils sortent, et ça fait du bien quand on les réveille. Mais je suis d'humeur joueuse, j'ai pas envie de rester assis sur le béton froid toute la vie. J'ai envie de m'amuser, j'ai envie d'embêter Abbey et de lui en faire voir de toutes les couleurs. J'ai envie d'entendre ce rire encore, ce rire qui doucement s'estompe. Je me tais. J'entends qu'elle me cherche. Et je bondis. Je lui saute dessus. Elle a peur. Je ris. « Tu m’as fait peur ! » Je ris. « C'était le but petite abeille. D'ailleurs t'es plutôt gentille, tu m'as pas piqué. Tiens, je te fais un bisous. » Comme un enfant, je murmurre. Comme un enfant, je lui dépose un petit baiser sur la joue. Comme un enfant, j'ai un petit rire gêné après ce baiser volé. Comme un enfant.

À nouveau par terre, l'un contre l'autre, la tête perdue dans les étoiles, nous rêvons. Nous partageons l'un de ces rares moments de bonheur parfait, l'un de ces moments de béatitude, l'un de ces moments qui manque terriblement à nos vies. « Est-ce qu’on peut rester ici pour toujours ? » Je souris. Dans le noir, évidemment ça ne se voit pas, mais je souris tellement fort que j'ai l'impression qu'Abbey peut l'entendre. Comme si mes muscles du visage se tendent si fort qu'on peut entendre le poid de leurs efforts. J'y crois. J'y crois dur comme fer. « Peut-être pas, mais on pourra toujours recommencer. En tout cas, moi je le veux. J'étais malheureux et tu m'as rendu heureux, donc je t'aime, d'accord ? » L'alcool, ça me rend plus que sociable. Je suis du genre à être un vrai machmallow avec tout le monde quand je suis bourré, du genre à faire des déclarations et tout ça. Et puis, Abbey, je l'aime bien. Elle était sympa quand on s'est rencontré. Maintenant j'ai l'impression qu'elle l'est encore plus. J'ai l'impression qu'elle est comme moi, qu'on est semblable sur certains points. On a été arraché à l'enfance, on a pas eu l'occasion de faire les cons, on a pas pu faire d'enfantillage. Du moins, pas moi. Je pense qu'elle non plus, parce qu'on a le même comportement, parce qu'on a la mentalité de deux enfants de cinq ans et parce que ça nous rend heureux. Parce que ça manquait à nos vies, parce qu'on a pas connu ça, nous. On en avait besoin. J'en ai besoin.

« Même en Suisse, c'était pas aussi bien que ce soir. » Et c'est l'information de trop, et c'est le truc qu'il fallait pas dire. Et c'est le truc qui file hors de ma bouche sans que je ne m'en rende compte. Non, je ne m'en rends pas encore compte. Pour moi, c'est juste une phrase comme ça, un truc que je pense sur le moment, un truc qui me vient comme ça. Parce que pour une fois je me sens libre, libre de parler, de me livrer, de dire tout ce que je ressens. Je ne pense à rien, je ne pense pas aux conséquences, je pense juste à mon bien être de l'instant. « Je suis tellement plus heureux depuis qu'ils l'ont tué. » De pire en pire. Mais c'est vrai, je suis heureux bordel. Il me manque pas ce connard. C'était bien fait. BAM, la balle dans sa poitrine. Il l'avait cherché ce con. BAMBAMBAM. Bien fait. J'imite le bruit du pistolet, mais Abbey ne rit pas. J'aimerais qu'elle rit, comme moi. Donc je la chatouille, je me jette sur elle et je ne lui laisse plus l'occasion de respirer. Je la chatouille et elle rigole, si fort.

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