Il n’y avait pas à dire, depuis que j’étais arrivée à Arrowsic je m’y plaisais et j’étais heureuse. J’aimais décrire ce lieu comme un petit coin de paradis, c’est la description parfaite pour ce lieu selon mon avis. Cependant il est vrai que je ne suis là que depuis un mois et que je suis encore loin de tout connaître de ses lieux et de connaître tous ses habitants. Je commençais gentiment à m’installer et à m’habituer au lieu et je savais bien qu’à un moment donné je pourrais finir par être déçue par ce lieu d’une manière ou d’une autre. Mais pour l’instant ce n’était pas le cas et je profitais donc de chaque jour que je passais ici. Je n’ai certainement pas eu le passé le plus heureux qu’on peut espérer, loin de là même. Ne pas connaître ses parents biologiques, être violée par son père adoptif n’est sûrement pas la vie dont rêve n’importe quelle petite fille. Mais ma fois je n’ai pas pu vraiment choisir, j’aurais bien aimé connaître mes parents, cela m’aurait aussi permis de connaître mon frère jumeau qui était sûrement quelqu’un de fantastique. Les choses ne se passent que rarement comme on le souhaiterait et aujourd’hui j’étais à la recherche de mon frère jumeau pour avoir enfin la chance de rencontrer quelqu’un de ma véritable famille. C’était ce qui m’avait amené dans cette ville car c’était là qu’il était, je n’avais aucun doute là-dessus. Lorsque je suis partie de la maison de ma famille adoptive, ma mère m’a avoué qu’elle me trouvait vraiment très courageuse et forte. J’en avais traversé des épreuves c’est vrai et pourtant je marchais toujours la tête haute dans les rues et je faisais mon possible pour ne jamais me laisser atteindre par les obstacles que la vie a posé au travers de mon chemin. Personne ne connaît ma véritable histoire, personne ne peut savoir exactement ce que j’ai traversé. Bien sûr une fille qui aurait aussi été violée me dirait qu’elle comprend, mais au final je trouve ça ridicule. Personne ne peut vraiment comprendre l’autre car chacun voit les choses d’une manière différente. J’avais eu le courage d’en parler à ma mère biologique le plus rapidement possible, alors que beaucoup e filles ayant subis un viol n’en parle à personne et ça pendant des années. Enfin bref, depuis mon arrivée ici j’étais bien décidée à chasser le malheur de ma vie et à être enfin heureuse. Je gardais bien sûr en tête tous les moments difficiles que j’ai passé, c’est impossible d’oublier ce genre de choses. Mais j’étais prête à avancer, enfin du moins je l’espérais jusqu’à présent je n’avais pas encore réussi à vraiment m’approcher plus que ça d’un garçon de peur d’arriver au moment de l’acte et de prendre peur. Je savais que ça arriverait et je ne pouvais pas refaire ce pas avec n’importe qui.

Enfin bref, je profitais donc de ma petite vie ici, je faisais des nouvelles rencontres sans arrêt et j’adorais les habitants de ce merveilleux endroit. Aujourd’hui j’avais d’ailleurs décidé de rendre visite à une de ces personnes que je connais. Ma voisine. Toutes les deux on ne se connaît pas super bien encore, mais une chose est sûre : le courant passe bien entre nous deux. J’allais donc parfois frapper à sa porte pour boire un petit café ou je ne sais quoi et discuter un peu de tout et n’importe quoi ! C’était vendredi, la fin de la journée, je rentrais du travail mon parapluie déployé au-dessus de la tête. Le temps était exécrable aujourd’hui et je me réjouissais déjà de rentrer chez moi pour retirer mes habits mouillé et me poser devant la télévision. Cependant en passant devant la maison de ma voisine et en voyant que les lumières étaient allumées dans son salon, je décidais de changer mes plans. Je rentrais chez moi et me changeait pour enfiler un jean et un haut sec et je ressortais de chez moi dix minutes plus tard pour aller frapper à la porte de ma voisine. J’attendais sur son porche avec un petit sourire aux lèvres. Je me réjouissais déjà de passer un petit moment avec elle. Mon parapluie était toujours ouvert au-dessus de ma tête et je jetais un coup d’œil au temps. Apparemment il n’était vraiment pas décidé à changer et je me demandais combien de jour de mauvais temps nous allions devoir encore supporter. Je reportais à nouveau mon regard sur la porte d’entrée. Marla ne devrait plus tarder à venir m’ouvrir à présent.

Comme toujours lorsque j’allais rendre visite à ma voisine Marla, celle-ci m’accueillait avec plaisir dans sa maison. C’était comme ça entre nous, le courant passe si bien qu’à chaque fois c’est un plaisir de pouvoir rendre visite à l’autre. J’essayais de le faire assez régulièrement, mais parfois avec mon travail et son travail ce n’était pas toujours évident de trouver un moment où nous sommes toutes les deux disponibles. Aujourd’hui c’était la journée idéale pour ça apparemment, en même temps j’avais vu la lumière chez elle donc je savais déjà qu’elle était là et moi et bien je n’avais rien de prévu pour le moment donc autant en profiter pour aller lui dire un petit bonjour et parler de tout et n’importe quoi. Ce que j’aimais bien avec Marla c’était que jamais on ne parlait vraiment de nos histoires respectives, on ne se confiait pas spécialement l’une à l’autre et on ne posait pas trop de questions sur la vie de l’autre. On discutait simplement de ce dont on avait envie tout en sachant que si vraiment on avait un truc qui nous tracasse et qu’on a besoin d’en parler, on peut faire confiance à l’autre pour que tout reste entre nous deux. C’était parfait, exactement le genre d’amitié dont j’avais besoin en ce moment et c’était aussi pour ça que je me faisais toujours un plaisir de lui rendre visite, tout est si simple entre nous deux. Lorsque Marla ouvrit la porte, elle me salua et ajouta que ça lui faisait plaisir de me voir ce qui me fit sourire. Jamais elle n’avait dit le contraire lorsque je m’étais plantée devant sa porte sans prévenir. Elle me proposa d’entrer et je m’exécutais avec plaisir. « Merci moi aussi ça me fait plaisir de te voir ! » J’entrais donc dans sa belle maison et je refermais la porte derrière moi. Marla s’excusa alors pour le désordre, elle venait de rentrer de New York et n’avait pas encore eu le temps de tout ranger. Je souriais encore plus tout en regardant autour de moi. Ce n’était pas vraiment le désordre, disons que c’était encore acceptable. « Ne t’en fais pas pour ça, ce n’est pas le bordel, je n’y fais même pas attention ! C’était bien par New York alors ? » La demoiselle était souvent en déplacement à cause de son travail de mannequin. Parfois ça devait être pénible, mais en même temps ce genre de rythme de vie avait vraiment l’air de lui plaire. C’était bien pour elle et puis mannequin était sans doute un boulot superbe. Du moins c’était ce que je supposais, après je n’ai jamais eu la possibilité de voir à quoi pouvait ressembler ce genre de métier. Ce n’est pas le genre de carrière qui m’attirait en même temps. Chacun son truc, il faut de tout pour faire un monde comme on dit.

Je m’installais ensuite dans le magnifique salon de la demoiselle, une fois assise sur le canapé, Marla me demanda si je souhaitais boire un café et j’acceptais avec plaisir. Ca ne pourrait me faire que du bien avec un temps pareil. Je la regardais s’éloigner avant de reporter mon regard sur la fenêtre pleine de goutte de pluie. C’était franchement déprimant comme temps, mais malheureusement il fallait faire avec. Marla revint ensuite avec ma tasse de café que je pris dans mes mains tout en la remerciant et celle-ci me demanda ce qu’il y avait de neuf dans ma petite vie, si je n’étais pas trop débordée au cabinet. J’affichais un petit sourire et pris une goutte de mon café avant de déposer la tasse sur la table basse et de relever les yeux vers elle. « De nouveau, je dirais qu’il n’y a pas grand-chose, j’ai revu Roman hier c’était sympa mais bon rien de bien intéressant à raconter. Sinon au cabinet ça va c’est encore assez calme je dois dire ! » Marla savait que Roman m’a tapé dans l’œil dès la première fois où j’ai croisé son regard, c’est une chose à mon sujet que je n’ai pas pu résister de lui dire. En même temps parer de mec entre filles c’est plutôt normal non ? Il avait donc fallu que je lui dise que Roman me plaisait, mais que pour le moment je voulais encore un peu le connaître et puis j’avais peur de faire le premier pas. Peur de me prendre un râteau et puis surtout vu mon passé l’idée d’une relation sérieuse me fait peur, mais cette partie de l’histoire Marla ne la connaît pas bien évidemment. Ce n’est certainement pas le genre de choses que je vais crier sur tous les toits. « Et toi alors à part New York tu me racontes quoi ? »