Une journée paisible, horrible et trop silencieuse. Comme toutes les précédentes. Je ressentais un énorme vide que rien n'y personne pouvait combler. Malgré le peu de secondes que la drogue m'offrait pour disparaître du monde réel ne suffisait pas. Ce manque atroce me rongeait les os pire qu'une charogne affamée. La douleur quotidienne ne faisait qu'empoisonner mon sang jusqu'à me faire pourrir. Je devais réagir, bouger, courir, faire quelque chose d'intelligent au lieu de polluer mes poumons avec des substances infâmes. J'avais honte du personnage que j'étais, complètement lâche de se laisser crever à petit feu. C'était de plus en plus clair dans ma tête, toutes mes idées, toutes mes hypothèses. C'était fini; j'avais perdu Edward. J'en voulais terriblement à mon meilleur ami d'avoir pris la fuite au lieu de s'expliquer calmement, entre adultes. Seulement, il a préféré prendre ses affaires et nous tourner le dos à Izzie et moi, refusant nos excuses les plus sincères. D'accord, nous avions fait une connerie et nous en assumions pleinement les conséquences. Mais tout de même. Il aurait très bien pu m'abattre ou faire la crise du siècle, mais à part ça nous n'avions aucunes traces de lui. Je ne savais pas comment procéder pour me rattraper auprès de lui. C'était eut être trop tôt, ou trop tard. Seul le destin nous le dira, ce fichu destin imprévisible.

Les heures défilaient et je restais planté là dans ce parc qui autrefois était l'endroit où nous pouvions mater les jolies gonzesses faire leur jogging. Mais ça, c'était avec Ed. Maintenant, je ne pouvais qu'observer avec dégoût mon reflet dans le lac en face de moi. Les feuilles qui se glissaient sur l'eau formaient des ondes pour rendre mon visage complètement flou. Putain. Je restai immobile, prêt à me jeter dans l'eau pour m'y noyer comme un enfant ne sachant pas nager. Aucune autre souffrance ne pouvait m'atteindre. La solitude nous rend fou, complètement fou. Elle nous manipule tel un pantin et nous prend pour un idiot. Je ne lui avais rien demandé au destin, pourquoi a-t-il changé ma vie en une seule nuit? Et en plus de perdre mon meilleur ami, j'avais perdu Izzie. Cette fille aux cheveux soyeux, au sourire charmeur, au regard pétillant et au corps brûlant. Qui ne pouvait pas être tenté? Je ne savais pas vraiment ce qu'il m'avait pris de m'envoyer en l'air avec elle, je le faisais tellement souvent que je considérais ce coup d'un soir semblable à tous les autres. Pourtant, ce n'était pas le cas. L'ambiance dans le coin était calme, posée, libre. Il ne restait plus que des drogués du sport et des drogués tout court. Je dévorai mon joint des yeux comme si c'était ma dernière chance, mon échappatoire dans ce monde cruel. Je léchai la feuille du bout de la langue pour le terminer quand une voix familière m'interrompu. Je levai à peine la tête pour reconnaître la personne. Je pouvais savoir parfaitement à qui appartenait ce joli corps suivit de ce visage rayonnement de plaisir. « Jersey. » soufflai-je tout bas en l'invitant à s'asseoir. Je souris légèrement suite à sa remarque et m'emparai de son cupcake qu'elle m'offrait gentiment. Je le portai devant mes yeux pour l'examiner mais après quelques réflexions je le lui rendis. « Tu te trompes, je n'ai pas faim. » Je sortis mon briquet pour allumer mon pet. La fumée que je recrachai contourna le visage doux et séduisant de la jeune brune. Je n'avais pas l'intention de voir quelqu'un aujourd'hui, mais la surprise de Jersey ne me faisait ni chaud ni froid. Enfin, peut être chaud depuis qu'on se voyait souvent pour s'envoyer en l'air. Même ça, j'avais réussi à l'oublier. Mon cas était vraiment désespéré. Mais entre elle et moi, qu'avait-il vraiment à par du cul? Rien. Vraiment rien. Elle ne connaissait rien de moi et vise-versa. C'était peut être mieux ainsi. Après quelques bouffées, je me sentais déjà mieux. J'avais besoin de réconfort, d'un réconfort auquel je tenais énormément. Je me laissai tomber dans les effets du 'bonheur'. Presque sans m'en rendre compte, je m'étendus sur le sol et posai ma tête sur les genoux de la jeune femme, plongeant mes yeux dans les siens. Mes pupilles se noyèrent dans sa beauté divine. J'avais envie de lui dire toutes les plus belles choses au monde. Elle pencha sa tête pour me regarder alors qu'elle passai sa langue sur un cupcake sucré. Je souris. « Je suis blindé content de te voir. Tu es... une déesse. Tu me rends fou. » dis-je entre deux rires séducteurs. J'étais prêt à tout et à dire n'importe quoi pour jouer dans ce jeu charmeur, et passionnel comme nous avions toujours aimé. Mais l'image de mon meilleur ami ne me quittait toujours pas la tête. Je retirai ma mains de ses cheveux bouclés et fronçai les sourcils. Quelque chose me refroidissait à chaque fois. C'était comme s'il y avait une barrière. Je reportai le joint à mes lèvres avant de lui proposer après de tirer une taff. Je m'en foutait si elle allait fumer avec moi ou pas, mais j'espérais juste ne pas être le seul à rêver dans cette putain de vie.

Mes yeux se régalaient face à la belle Jersey. Malgré le fait qu'elle grimaçait à chaque fois que j'expirai de la fumée. Je voulais rire, mais je n'en avais pas envie. C'était de plus en plus fréquent. Des situations qui pouvaient me faire tordre de rire qui maintenant, m'étaient complètement indifférentes. Si seulement Jers pouvait me comprendre, ressentir ce que je ressentais, vivre avec la vie que j'avais. Mais je me voyais mal lui parler de mes soucis, très mal même. Je me contentai alors de lui afficher un petit sourire que j'avais puisé loin dans mon morale. Je l'installai à s'asseoir à côté de moi et elle me proposai de jolies pâtisseries sucrées, soit disant mes préférées. C'était le cas, mais je ne pouvais rien avaler pour le moment, qu'elle le veuille ou non. Elle semblait vexée face à mon refus. « Est-ce que j'ai l'air de blaguer? » lui lançai-je froidement. J'étais confus, je devais rattraper le coup. Jersey était bien l'une des seules filles en qui j'essayais d'avoir un grand respect. Même si nous nous lancions très souvent des piques, j'essayais de me calmer pour ne pas la faire fuir. Car oui, je voulais qu'elle reste près de moi. Une présence féminine me faisait toujours du bien au mental. « Je... excuse-moi. C'est surement la fatigue. » répondis-je paisiblement. Je posai ma tête sur ses genoux et étendit mes jambes sur l'herbe. Une brise douce et légère vint caresser nos cheveux alors que nos yeux se rencontrèrent tendrement. Jersey était particulièrement séduisante aujourd'hui. C'était soit le fait qu'elle l'était à chaque fois qu'elle me voyait, ou soit le fait que je ne m'en étais pas rendu compte plus tôt. Je me souvenais parfaitement de notre première rencontre. Elle s'était précipité sur moi pour m'engueuler de fumer devant son magasin. Elle avait même jeté le joint de mon bec pour le jeter par terre. Dès cet instant, j'ai su, j'ai vu, j'ai ressentit cette alchimie électrique entre nous. Je lui avais souris tout bêtement. Rien d'autre, c'était trop simple. On se comprenait en un simple regard. Elle m'avait attiré sans la réserve pour 'soit disant' tester de nouvelles sucreries pour le mettre sur le marché. Mais j'avais préféré goûter au corps brûlant de cette demoiselle. Depuis notre rencontre, on ne se séparait jamais. Je m'envoyais souvent en l'air avec elle. C'était comme ma deuxième drogue. Mais la première que je consommai pour l'instant ne lui plaisait pas. « T'occupes. Je te l'ai dit, je suis épuisé. Mes yeux vont très bien. Ne me dis pas qu'ils ne te font plus d'effets? » Je lui fis un clin d'oeil puis me redressai légèrement pour réduire le peu d'espace qui nous séparait. Je fermai un instant mes yeux en me délectant de son parfum fruité dans son cou qui avait l'art de réveiller tous mes sens. « C'est toi qui va te faire défoncer si tu continues à t'inquiéter pour moi, bien que ça soit touchant. » Jersey rit. Elle avait remarqué mon attitude joyeuse face au petit bonheur en fumée que je tenais entre mes doigts. Mais il y avait quand même un touche de sincérité dans mes paroles. Jersey était vraiment la plus belle femme que je connaissais. J'ignorai si elle avait un quelconque homme dans sa vie, mais la voir si libre comme l'air me rendait radieux. Je ris suite à sa remarque. « Filme moi si tu veux. Seulement je ne suis pas très présentable. » La jeune femme passa sa main dans mes cheveux ce qui me fit frissonner. Elle se pencha vers moi pour déposer un baiser sucré sur mes lèvres. Elle était aussi contente de me voir. Je relevai ma tête vers elle pour lui faire face. Nos regards charmeurs se cherchèrent. Un simple coup d'oeil, un simple battement de cils pouvaient envoyer le message. Ma main glissa sur sa nuque alors que je déposai des baisers brûlants dans son cou. « Tu ne travailles pas? Mademoiselle a sa petite pause déjeuner j'imagine. Quel dommage. » soufflai-je dans son oreille. Je n'aimais pas m'exposer de la sorte en public, mais il n'y avait presque personne. Et puis, il n'y avait plus qu'elle et moi. Rien d'autre ne comptait, même pas ce joint que je jetais dans le lac à contre-coeur. Juste pour elle. Jersey avait le don de me rendre le moral, rien que pour quelques minutes, qui sembleront irréelles à chaque moment de solitude. Mes doigts se baladèrent dans son dos, arrivant jusqu'à sa taille. J'interrompus mon étreinte pour lui glisser ce mots qui était banale mais qui voulait tant dire pour moi. « Merci. » Je voulais dire "merci d'être là", sa présence était réconfortante. Je me sentais mieux, pour le moment.

J'essayais de deviner à travers ses yeux saphirs, quelle était la raison pour laquelle elle avait l'air si heureuse. Est-ce qu'il suffisait juste de sourire, d'avoir un corps presque parfait et d'avoir l'envie de parler à un gars comme moi? Certainement pas. J'étais un lâche, une sous-merde. Je comprenais mieux pourquoi Edward ne voulait plus me voir. Il avait sans doute raison. Laissons le bon vieux Tyler qui a un coeur de baiseur. C'était donc ça, les nouvelles pages de ma vie. Seulement, je n'arrivais pas à en écrire les lignes. Même couché sur Jersey, je n'y arrivais pas. Il s'inquiétait, je le voyais sur son visage quand elle fronçait les sourcils. Je ne savais que répondre. Ses réflexions sur la drogue et mes yeux défoncés me faisaient rire doucement. A vrai dire, je m'en foutais complètement de ce qu'on pouvait bien penser de moi pour le moment. Rien ni personne, même pas Jersey pourrait me faire oublier ma connerie. « Si c'est si moche que ça, éloigne-toi de moi, c'est contagieux. » répondis-je calmement. Les remarques de Jersey devenaient de plus en plus nombreuses au fil du temps, mais j'étais tellement habitué que ça ne me faisait presque rien. Je dis presque rien car d'habitude je pète la forme, mais ici, même la plus petite des moindres piques m'effleurait le coeur. J'étais en train de devenir quelqu'un de sensible, quelqu'un de moche comme mes yeux le prouvaient. Pourtant, elle restait là, à caresser les cheveux et à me couvrir d'un joli sourire. Néanmoins, je réussis à répondre à une de ses attaques en lui précisant que c'était moi qui allait la défoncer si elle continuait à jouer la maman inquiète pour son gosse. « T'as pas peur de moi. Tu es bien la seule. » J'inspirai une nouvelle fois sur mon joint et recrachai la fumée parfumée de délices. Je me sentais déjà mieux, et ça ne pouvait être que par la présence de Jersey. Je plongeai mes yeux tantôt défoncés, maintenant tendres dans les siens. La jeune brune se pencha pour m'embrasser et je me redressai pour lui rendre un autre baiser. J'avais oublié quel effet ça faisait de l'embrasser, sentir cette petite décharge électrique qui parcouru tout mon corps. Je me débarrassai du joint presque inconsciemment. Mes lèvres se baladèrent dans son coup et ce goût légèrement sucré était bien meilleur que les pâtisseries qu'elle faisait. Ses doux cheveux caressaient mon visage et je pouvais deviner qu'elle entrouvrait sa bouche. Je ne savais pas vraiment pourquoi je faisais ça, pourquoi tout à coup je me jetais sur elle. Peut être que sa simple présence n'était pas assez suffisante pour me 'consoler' même si elle ne savait toujours pas que j'avais le moral plus bas que zéro. J'avais envie de la serrer contre moi, juste pour avoir un joli geste d'affection. Mais nous étions tellement bien partis que je ne pouvais point ralentir le rythme. « Qu'il soit midi ou 17 heures, je m'en fou complètement. » répondis-je en la couchant sur l'herbe. Mes mains coururent sur ses jambes alors qu'elle déboutonnait un bouton de ma chemise. Un sourire malice de dessina sur mon visage. Il n'y avait presque personne dans les parages, mais là, à deux pas du lac c'était une grande première. C'était complètement fou. Je chuchotai un dernier mot à son oreille dans l'espoir d'aller plus loin dans leur câlins mais directement la jeune femme se raidit. C'était comme si elle était devenue en glaçon. Je fermai les yeux en soupirant puis me retirai d'elle. Je ramenai mes genoux contre mon ventre et prit -cette fois-ci- une cigarette de ma poche pour me donner du courage à affronter cette confrontation de merde. Jersey se redressa à son tour et me dévisagea comme si j'étais devenu un monstre en quelques minutes. Je posai ma clope à mes lèvres puis déclarai: « Mais quel délire? C'est toi qui délires totalement. T'es chiante. Ça te regarde pas. J'ai pas besoin de t'étaler ma vie pour qu'on baise merde! Vous êtes chiantes les nanas à vouloir savoir tout sur tout. J'ai une vie, tu as une vie, ne mélangeons pas tout. Maintenant si t'es pas contente tu peux ficher le camp moi ça m'est totalement égale, je reste ici. Pas besoin d'avoir quelqu'un pour me rappeler que j'ai toujours une vie de merde. J'étais bien mieux seul. » La colère m'avait emporté trop vite. J'espérai ne pas recevoir une gifle de la part de Jersey car je savais qu'elle régissait souvent comme ça. Je ne la regardai pas, juste la cigarette que je tenais entre mes doigts et mon joint qui flottait un peu plus loin dans le lac. Je serrai les dents et posai ma tête sur mes genoux. Je voulais disparaître, quitter et tout recommencer.