Un son strident, un soupire, puis des bras chaleureux qui entoure sa taille. Un sourire affiché aux lèvres, sa main glisse lentement vers le réveil, qui au contact de ses doigts frais, arrête son alarme stridente. Elle se retourne, ouvrant les yeux et s'émerveille une fois de plus de voir qu'il a bien voulu dormir avec elle, encore une fois. Ils ne devraient pas, mais elle ne peut s'en empêcher. Surtout que chaque nuit, son esprit est assaillit par des images confuses, désordonnées, floues. Des images qui lui rappèle qu'elle a mis fin à la vie d'un être humain. Certes, il n'était pas innocent et il avait faillit la tuer mais sa conscience était lourde. Il restait un être vivant. Peu importe ce qu'il avait fait, il aurait été puni, tôt ou tard, peu importe la forme que cela aurait pris, il aurait reçu son châtiment pour les crimes qu'il avait commis. « Bonjour. » Le son de sa voix l’enchantait, il avait une de ces voix qui se voulait à la fois rassurante et sexy. Irrésistible, même. Elle lui répondit par un simple baiser. Zelda n'était franchement pas bavarde le matin, elle se réveillait en douceur et prenait son temps pour permettre à son cerveau de bien s'éveiller. Pourtant, elle n'avait pas beaucoup de temps aujourd'hui. Elle devait aller voir quelqu'un. Se levant du lit, elle partit dans la salle de bain pour prendre une douche et se préparer. La douche fut courte, quinze minutes seulement. Après qu'elle se soit habillée et coiffée, la jeune femme descendit, pour rejoindre son mari dans la cuisine qui avait eu la gentilesse de lui préparer son petit-déjeuner. « Mmh, ça sent bon. » Se souriant mutuellement, ils s'embrassèrent pendant de longues minutes avant de se détacher. Ces moments étaient rares. Toute la ville pensait qu'ils étaient divorcés et que Timéo vivait chez son ex-femme seulement parce qu'il n'avait pas assez d'argent. Que de mensonges. C'était cependant nécessaire s'ils voulaient qu'on ne les retrouve pas. Non, ils n'étaient pas des fugitifs. Ils étaient sous couverture. Pour se protéger de la mafia italienne qui devait surement bien les rechercher à l'heure actuelle. Arrowsic était l'endroit parfait pour se cacher, tellement petite et inconnue du monde, cette ville était très accueillante et chaleureuse. Tout le monde se connaissait et même si la jeune femme pouvait sembler antipathique, elle appréciait cette ambiance.

Ses cheveux blonds dorés dans le vent, Zelda bifurquait dans une petite ruelle d'Arrowsic. Elle tenta de ne pas se faire remarquer mais le moteur de sa moto BMW F800ST rouge ne l'aida pas vraiment. Malgré qu'elle puisse être féminine, la jeune femme aimait assez tout ce qui touchait à l'automobile et à l’auto-moto. Aujourd'hui, elle devait parler avec Eden. Une jeune fille russe comme elle, qui a fait un séjour en prison pendant sept ans pour avoir tuer l'homme qui avait décimer sa famille. L'experte en détection de mensonge et micro-expressions avait été affectée à ce dossier, pour essayer de comprendre les raisons qui avait poussé l'autre blonde à tuer un homme. Lorsqu'elle l'avait vu pour la première fois, elle s'était demandé comment elle avait pu faire ça. C'était une de ces filles qui avait un regard attachant, un visage presque angélique. Pourtant, c'était tout autre chose. Finalement, elle avait vu quelque chose en elle qui l'avait poussé à mentir aux autorités. Elle avait prétexté qu'elle ne laissait rien transparaître, pas même une once de culpabilité ou de regret. Alors que c'était faux. Zelda avait tout compris, tout vu, tout gardé. Et c'est plus tard, lorsqu'elle s'est retrouvé avec une arme dans les mains, un homme à terre, qu'elle s'était soudain mise dans la peau d'Eden. Elle avait ressenti ce que la jeune fille avait ressenti, bien que les circonstances étaient totalement différentes. Et un jour, elles s'étaient revues ici. Toutes les deux gardaient un secret. Elles avaient leur secret et celui de l'autre. Et c'est ainsi qu'elles en sont venues à conclure un pacte de silence. Tandis qu'Ann-Lou gardait le secret de Stanislava, cette dernière gardait le secret de la première. Si l'une rompait le pacte, l'autre le rompait aussi. Aussi simple que ça. Bien évidemment, son mari ne sait pas. S'il savait, il lui dirait que jamais elle n'aurait du faire ça, que c'était dangereux. Sauf qu'elle s'en fichait. Elle avait trouver quelqu'un qui, chaque jour, revivait le meurtre. Et ça, c'était plus que rassurant à ses yeux.

Descendant de son engin, elle retira son casque et le posa dans le coffre arrière. Démêlant rapidement sa chevelure, elle regarda autour d'elle avant de s'aventurer dans le petit parc qui semblait désert. La main sur son ventre, elle ne cessait de penser à cette chose qui grandissait de jour en jour dans son ventre. Une chose qui, à sa venue au monde, serait en danger, à son tour. Soupirant, Zelda s'aventura jusqu'au fin fond du parc, avant de s'asseoir sur un banc. C'était leur point de rendez-vous. Il n'y avait pas de raison particulière pour qu'elles se voient, à part leur secret. Peut-être que la jeune femme voulait en parler. Elle ne savait pas. Elle patientait juste. Le Soleil dominait le ciel, il n'y avait pas de nuages à l'horizon, l'air était chaud, presque suffoquant mais heureusement, à quelque moment, il y avait une brise légère qui faisait son apparition. Eden ne tarda pas à faire son apparition. Lorsqu'elles se retrouvaient, il y avait rarement des contact physiques. Un bonjour suffisait. Sauf que Zelda disait rarement bonjour. « J'allais finir par croire que tu t'étais perdu dans ce trou. » Un sourire aux lèvres, elle observa son amie s'asseoir près d'elle. « Alors, ça va ? » Ça commençait toujours par des questions qui semblaient futiles, c'est après, que ça devenait plus intéressant.