Marchant dans la rue, Mattia jeta un rapide coup d'oeil sur la montre qu'il arborait fièrement à son poignet. Un discret sourire se fendit sur ses lèvres. C'était bien fait pour lui. Pour sa gueule. Il l'imaginait bien, ouvrant doucement son placard et découvrant avec stupeur qu'il lui manquait quelques bijoux. Ses yeux s'élargiraient, sa bouche se tordrait, et il fermerait probablement ses poings en les serrant bien fortement. Il aurait envie de l'avoir, de le chopper, de lui faire regretter son geste. Mais qu'importe! Parce que maintenant, il n'était plus à sa merci. Il n'était plus un jouet, un objet de torture. Il n'avait même plus le droit de l'approcher. Pas même de le regarder. Mais il n'en faisait qu'à sa tête. Avec sa gueule de bon pompier, il s'était approché un peu trop près de lui, la veille. Dans un élan de fausse sympathique, un sourire sur les lèvres, il l'avait frôlé, murmurant entre ses dents des mots qui faisaient mal. « Je plains ton tuteur. Les gens ne m'comprenaient pas, mais ils vont vite se rendre compte qu'avec toi, j'avais pas le choix. » J'avais pas le choix. En entendant sa voix, son intonation, Mattia était resté stupéfait, paralysé, incapable de réagir. En un instant, il le replongeait dans ses vieux démons. Pas le choix. Pas le choix que de te tabasser. Pas le choix que te foutre une raclée. Pas le choix que d'te brûler. Pas le choix. Il avait finit par déguerpir aussi vite qu'il était apparu. Mattia n'avait pas eu le temps de réagir; pas même une parole, pas même un regard. Cloué sur place, il avait parfaitement compris de quoi il parlait.

Ca faisait maintenant plus d'une semaine que Mattia et Jona, s'étaient amusées à appuyer à fond sur l'accélérateur d'un bolide en plein milieu de la nuit. Leur balade n'était pas passée inaperçue. Presque tout Arrowsic était au courant. Plus ou moins. En tout cas, son beau-père le savait. Il devait se délecter en buvant sa bière, et en gueulant sous tous les toits que Mattia était un gamin horrible. C'est pour ça qu'aujourd'hui, il arborait fièrement cette si belle montre, bien chère, à son poignet. Ce bijou n'était pas destiné à Mattia à l'origine. C'était le cadeau que sa propre mère, dans un instant de lucidité, avait faite à son bourreau. Elle valait chère; il y tenait comme à la prunelle de ses yeux. Mattia le lui avait dérobé, quelques jours seulement avant que la vérité éclate, et que les murs de la maison commencent à parler. Depuis, il ne lui avait pas rendu: et ne lui rendrait jamais. Porter cette montre, c'était comme le défier. Lui montrer que maintenant, il ne pouvait plus rien lui faire. Lui montrer que malgré tout, il n'avait plus peur de lui -même si, bien au contraire, il mourrait de trouille dès qu'il pensait encore à lui. Ou à sa mère. La pauvre. Elle était encore dans ses griffes, et c'était bien l'une des raisons qui l'ennuyait le plus.
Il marchait donc dans la rue, espérant le croiser. Pour lui montrer, en bombant le torse, ce bijou sur son poignet. Mais malgré tout, il appréhendait quand même. C'est pour ça qu'il sursauta légèrement lorsqu'il sentit une main sur son épaule. "Excusez-moi , j'aimerais savoir..." ouf. Une voix de fille. Bien plus douce, bien plus agréable. Il se retourna alors doucement, et l'observa, la demoiselle. Cheveux bruns. Yeux clairs. Il ouvrit la bouche, et demanda alors « ouais? ». Il l'observa encore, détaillant son visage. Ses traits ne lui étaient pas inconnus. Peut-être que c'était pour ça qu'elle venait lui parler. Elle voulait peut-être simplement l'entendre dire bonjour. Alors, assez poliment, ne souriant pas, il demanda « On se connait, non? » d'une voix posée.

Surpris, Mattia l'était. Il sentait doucement son coeur revenir à la normale, après que celui-ci ai fait un énorme bond dans sa poitrine. Il avait cru, l'espace d'un instant, que c'était lui. Qu'il allait l'attraper, et le forcer à lui remettre cette putain de belle montre. Mais non. Au lieu d'un monstre en face de lui, il avait le droit à une charmante jeune fille. Il la regardait, laissant échapper petit à petit la peur qu'il avait pendant quelques secondes ressentie. Il la connaissait. Il en était certain. Plus il l'observait, plus il suivait la courbe de son visage, plus elle ne lui était pas inconnue. Et puis, elle avait un regard qui ne pouvait pas passer inaperçue. Ses yeux bleus contrastaient sur sa peau blanche et sur ses cheveux bruns. Elle lui rappelait quelqu'un. Mais impossible de savoir qui. Il était sûr de l'avoir connu, un jour. De la connaître peut-être depuis peu. Peut-être faisait-elle partie du lycée. Elle semblait avoir à peu près son âge. Elle venait peut-être le voir, comme quelques autres filles, juste pour le connaître. Quand on sait que quelqu'un va peut-être devenir célèbre, sportif, et gagner des titres, les filles accourent comme des aimants. Elles se collent sur eux. Ca arrivait quelque fois à Mattia. Bien avant que la vérité éclate. Maintenant, on l'évite, on le regarde de travers, on l'observe, on le plaind, on a envie de l'aider, mais on ne fait rien. Peut-être qu'après tout, elle l'avait reconnu, et qu'elle aussi voulait lui parler, faire un peu plus, peut-être sortir avec. Ouais, ça devait être ça; il avait déjà du la voir trainer autour d'un terrain de tennis. C'était la seule chose qu'il voyait.

Elle arqua un sourcil. " Attends t'es sûr de toi là ? Ça fait deux ans qu'on s'est pas vus mais t'as Alzheimer ou quoi ? Deux ans? Apparemment, donc, elle n'était pas une fille intéressée. Il se mit alors à froncer les sourcils, essayant de trouver d'où il la connaissait. Parce que maintenant, c'était sûre, il la connaissait. Son visage déjà ne lui était pas inconnue. Mais cette façon de parler, ce timbre de voix encore moins. Et puis ses yeux..Elle lui rappelait cette fille, connue deux ans auparavant -DEUX ANS! Le déclic fut total. Ses yeux s'agrandirent, et ils se posèrent une nouvelle fois sur elle. Cette fois, il l'a reconnu. C'était elle. Eirlys. Eirlys-Dawn ça te rappelle pas quelqu'un ? C'est moi imbécile . " Elle était aussi folle que lui. Elle faisait les quatre cent coups aussi, comme si rien ne pouvait l'empêcher de s'arrêter de faire une connerie. Mais d'un coup, elle était repartie, sans jamais donner de nouvelles. Mattia avait fini par croire qu'elle détestait les adieux. Tant mieux. Lui non plus n'aurait pas aimé dire au revoir à des personnes qu'il aimait. En tout cas, une chose est sûre; il ne pouvait la confondre. Elle avait le même regard bleu. Un regard captivant. Obnubilant.

Son sourire se fit plus large; beaucoup plus large. Cette fois, son expression de surprise reprit le dessus, mais ce fut une bonne surprise. « J'en reviens pas! » murmura-t-il avant de se rapprocher de la demoiselle, et de lui faire un petit bisou. Un simple petit bisou sur la joue. Parce que ça faisait du bien de retrouver du monde, de retrouver quelqu'un qu'on connaissait. Aussitôt fait, il recula légèrement, et l'observa un instant. Avec un petit rire, il lui dit alors « Tu reviens comme tu pars, discrètement. » Dans la bouche de certaines personnes, cette remarque pouvait paraître méchante. Dans celle de Mattia, elle ne l'était pas du tout. C'était juste une remarque, une simple remarque. Une façon de parler; une de ses manières de lui dire qu'il était heureux de la revoir. Son sourire en disait long après tout. Il ajouta alors « T'es là depuis quand? » Autrement dit: tu es revenue depuis quand.

Retrouver une amie perdue de vue depuis deux ans, c'est quelque chose d'étrange. On ne se voit plus, on ne se parle plus, on ne s'envoie même pas de sms. On s'oublie. Et là, paf, elle réapparait. Comme par enchantement. Comme ça. Deux ans après. On se souvient alors. On essaye de se parler. On essaye de se dire pleins de trucs. De se raconter ses deux années passées. " Je dirais à James Bond qu'il m'a bien entraînée . " Façon discrète mais habile de ne pas répondre réellement à cette remarque. N'empêche qu'avec ces petits mots, elle fit sourire -encore un peu plus- Mattia. Il imaginait déjà parfaitement la scène. Elle en James Bond Girls. Après tout, ce personnage lui collerait à la peau. Du moins, lui collait à la peau. Deux ans auparavant, ça aurait pu être le cas. Mais maintenant? Il se pouvait qu'elle eut bien changé. Peut-être avait-elle fini par arrêter de faire les quatre-cent coups. Un peu comme lui. Il ne faisait plus autant de conneries qu'avant; même si, la dernière grosse ne remontait à pas si longtemps que cela. Il n'avait plus le choix aussi. Avant, il risquait de se faire tuer. Maintenant, il risquait surtout de foutre sa carrière en l'air. Il ne pouvait plus se le permettre.

Peut-être qu'elle aussi, du coup, avait suivi à peu près le même chemin que lui. En grandissant, souvent, on s'assagit. Il lui demanda alors depuis quand elle était revenue. La questionnant. Encore. Comme si il avait un peu peur du silence. " Mi-juin vers là , toi j'imagine que depuis deux ans tu as pas bougé . " Il hocha alors la tête, un léger sourire encore collé à ses lèvres. On pouvait dire ça comme ça, oui. Il n'avait pas bougé en deux ans. Du moins, pas beaucoup. A dire vrai, il était sans doute l'un des habitants d'Arrowsic qui voyageaient le plus. Les tournois de tennis ne courent pas les rues; il parcourt souvent des centaines de kilomètres pour y aller et essayer de gagner des matchs, encore et encore. « C'est à peu près ça oui » Sa réponse pouvait paraître énigmatique, mais il n'avait pas envie de s'étaler et raconter à Eirlys à quel point il était talentueux. Il paraîtrait trop prétentieux.

Il n'ajouta rien d'autre. Il l'observa. Tout comme elle. Il se sentait dévisagé, dénudé. Elle le regardait de haut en bas. Comme si elle s'attendait à ce que quelque chose la frappe. " T'es devenu riche ? Aucune rumeur ne mentionne que tu aies gagné au loto pourtant et j'pense pas qu'un gars pourrait laisser tomber une montre de ce prix , elle doit être sacrément lourde ! " Mattia avait d'abord haussé les sourcils. Lui, riche? Il avait déjà gagné pas mal d'argent, oui. Mais un peu comme quelqu'un qui travaille à côté du lycée. Pas de quoi faire une montagne. L'argent qu'il avait gagné dans les tournois n'était pas grand chose: bien souvent, l'argent gagné est gagné sous forme de chèque-cadeaux. D'où ses nombreux vêtements de sport et raquettes.. Mais dès qu'elle ouvrit la bouche et parla de la montre, il comprit de suite. Cette montre, si belle, si lourde, si chère. Tant aimée par son beau-père. Il sourit en imaginant déjà sa tête. Il voudrait sans doute aller le voir, mais maintenant, Mattia était intouchable. « Ca? Ah nan! Je l'ai volé. Plutôt pas mal hein? Et bien lourde comme tu dis.. » Il avait dit ses mots si facilement qu'il eut un léger rire. Parce qu'après tout, c'était vrai; il l'avait bien volé. Il l'avait pris, et il ne la rendrait pas. Mieux; il ne se ferait jamais chopper. Il s'en subirait jamais les conséquences. « Nan, je plaisante. C'est un cadeau » Ca, c'était vrai aussi. N'empêche qu'il préférait dire là, qu'il ne l'avait pas volé, que cette montre était un cadeau -ça l'était après tout-. Il ne savait pas ce qu'elle était devenue, ce qui avait bien pu se passer en deux ans. Peut-être avait-elle changé au point qu'à l'heure actuelle, elle était assistante chez les flics. Même si, ça, il s'en doutait sérieusement!

Il lui fit un petit sourire, et puis, d'un coup, demanda alors « pourquoi? T'étais venue me la voler. C'est ça? » Si elle n'avait pas changé, si elle était toujours la même qu'il y a quelques années, nul doute qu'elle avait eu cette idée en tête. Après tout, elle était comme ça. Avant. Il la regarda un instant, sans rien ajouter d'autre. Le temps était passé, les heures avaient défilé, et même si on essaye de faire comme avant, on peut laisser tomber le silence. C'est pas facile de renouer des liens. De reparler à des amis disparus.

Ce n'est pas facile du tout de retrouver quelqu'un. Les années passent, on change plus ou moins. Dans les gens qu'on avait connu égoistes, certains restent incroyablement pareils, et d'autres commencent à avoir le coeur sur la main. Les gens que l'on avait connu très timides peuvent s'ouvrir petit à petit tandis que d'autres se renferment encore plus sur eux même. Certains changent. En bien. Ou en mal. D'autres restent pareils à eux-même. Mais d'une manière ou d'une autre, on évolue. Et c'est bien ça qui embête. Là, Mattia ne sait plus comment réagir face à elle. Quand il avoua avoir volé cette montre, il redit aussitôt un mensonge. Prétextant qu'au final, c'était un cadeau. Un putain de magnifique cadeau pour un putain d'homme. Mais pas là. Il n'était pas le destinataire, il n'était pas celui qui devait être heureux d'avoir cette montre, il n'était pas celui à qui on avait pensé en l'achetant. Mais il s'en fichait. Cette montre, il la méritait bien plus que l'autre idiot. Et puis, là, à s'imaginer la gueule qu'il faisait en imaginant son cher bijou sur le poignet de son immonde beau-fils, il jouissait. Mais devant Eirlys, il changea d'idées. Il lui annonça que c'était un cadeau; et elle perdit aussitôt son sourire.

Ne comprenant alors pas vraiment pourquoi elle changeait aussitôt de grimace sur son visage, elle lui annonça d'une petite voix, en faisant réapparaitre un sourire. " C'est un joli cadeau en tout cas la personne qui te l'a offerte doit beaucoup t'aimer . Tu as de la chance . " Tu as de la chance Si tu savais Eirlys ce qu'il cachait, tu ne dirais peut-être pas cela. Même si, oui, à l'heure actuelle, il avait énormément de chance. Il aurait pu se retrouver dans un foyer à Portland, auquel son rêve de carrière dans le tennis allait être fini. Et là, il était à Arrowsic, il continuait à s'entrainer. Voulant continuer la conversation, il lui demanda alors si elle était venue la voler. Que n'avait-il pas dit là !!! La jeune fille ouvrit de gros yeux ronds, arquant un sourcil. Dans un élan de dédain, elle recula même. Mattia était surprit de cette réaction. " Je croyais qu'on était amis , je peux pas te voler merde ! T'es vraiment trop con mais merci je retiens ! "

Le regard rivé vers elle, Mattia se sentit dépassé par les évènements. Elle avait assorti le mot amis avec les mots voler et con. oui, il était peut-être trop con d'avoir imaginé cela, mais c'était normal non? Si elle était comme avant, elle aurait sans doute eu envie de lui voler sa montre. Peut-être ne s'était-elle pas rendue compte que c'était lui, sa proie. Elle imaginait tomber sur un individu landa, et bam, elle s'apercevait qu'il s'agissait, en réalité, de Mattia. Pour détendre l'atmosphère, pour faire en sorte qu'Eirlys se sente de nouveau bien, un sourire s'élargit sur son visage. « Je sais ça.. Mais peut-être que tu ne m'avais pas reconnu au début. » lâcha-t-il alors. Et ne sachant pas réellement comment, ni pourquoi, Mattia finit par lâcher une autre phrase, révélant alors la véritable nature de ce bijou. « Je n'ai pas hésité longtemps pour la piquer tu sais.. » Peut-être était-ce parce qu'elle lui avait sorti un Je croyais qu'on était amis. Qu'elle venait de remettre les choses au clair en très peu de temps. Toujours est-il que là, il l'avait avoué. Tant pis si elle était devenue flic.

Il lui fit un petit sourire, tandis que de sa main droite, il tapotait la montre du bijoutier. Il passa ensuite une main sur sa tête, et ouvrit encore une fois la bouche. « C'est bizarre de se revoir après tout ce temps.. Tu veux aller boire un petit coup?» Son ton de voix était calme, doux. Une chose qui ne lui était pas arrivée depuis bien longtemps; peut-être parce qu'à cette heure-ci, Eirlys-Dawn l'intriguait..

Quand on y repense, on a bien changé depuis tout ce temps. Là, en une seule phrase, il imaginait déjà Eirlys-Dawn, la grande Eirlys-Dawn lui voler sa montre. Parce qu'ils étaient comme ça, avant. Des gamins incontrôlables qui faisaient tout pour se faire remarquer. Mattia avait fait parti de la bande. Chacun avait plus ou moins un objectif. Il ne connaissait pas celui d'Eirlys. Il ne savait pas vraiment pourquoi elle-même volait, ou faisait toute chose interdite. Mais lui, il avait clairement un but à ce moment-là. Un objectif. Il voulait emmerder son beau-père. L'emmerder le plus possible. Faire en sorte qu'il regrette de 'prendre soin de lui'. Il ne voulait qu'une chose en faisant cela; le défier. Plus son beau-père s'en prenait à lui, et plus il essayait de trouver quelque chose, qu'importe quoi, quelque chose pour qu'on le remarque. Quitte à se prendre une raclée -et il faut avouer que ça finissait toujours comme ça-. Mais au moins, voir son regard d'homme taré, dépité, déçu, en colère, ça n'avait pas de prix. Tu ne pourras rien faire pour moi. Je t'emmerderais jusqu'à ta mort Connard! Il aurait tellement aimé lui gueuler ça en pleine figure. Il n'avait jamais osé le faire; ou du moins, n'avait-il jamais osé le dire dans ces termes là. Mais il avait tenu sa promesse. Il volait. Il se bagarrait. Il faisait râler les profs. Il détournait les lois. Juste pour lui. Juste pour l'emmerder. Juste pour qu'il le regrette.

Eirlys-Dawn faisait pareil. Ils trainaient ensemble à l'époque. Et bizarrement, parler de cette époque de sa vie, de ce petit morceau de vie en commun avec elle, le mettait mal à l'aise. Peut-être tout simplement parce qu'il n'en était pas très fier. Cette époque était, pour lui, révolue. Parlant alors avec elle, il finit par lui demander si elle ne voulait pas aller boire un coup. Elle avait fini par hocher la tête. Il pensait que c'était donc bon, et continuait alors à avancer pour aller vers un bar. Mais Eirlys finit par reprendre la parole. " Tu veux pas plutôt marcher et parler en même temps puis... je sais pas moi... Reprendre où on en était ? " Reprendre où ils en étaient? Mattia mit un instant avant de comprendre de quoi elle parlait. Pour lui, cette phrase, c'était celle qu'Ella aurait pu lui sortir. On reprend où on en était. Si un jour ils décidaient de se remettre ensemble. Mais là, jamais il n'était sorti avec Eirlys.. ou alors.. Serait-il possible qu'il l'ait embrassé? Non non non. Il s'en souviendrait. Il se souvenait toujours de ces choses là. Et c'est là qu'il comprit, qu'il sut de quoi elle parlait. Reprendre où on en était. Il se mit alors à rire doucement, un léger rire, tout doux. Il se revoyait déjà. Eirlys-Dawn et lui. Reprendre où on en était. Reprendre nos conneries. Recommencer nos plans foireux de petits monstres.

Alors, elle était toujours pareille. Le temps ne l'avait pas changé. Il posa son regard sur la jeune fille, et lâcha ses quelques mots. « Alors tu n'as pas changé.. » Il avait dit ça avec un petit sourire. Puis, il reprit presque aussitôt la parole, déclarant le plus simplement du monde. « Tu sais, je ne fais plus autant de conneries qu'avant.. » Du moins, il essayait. Ne serait-ce que la semaine dernière, il avait joué avec le feu en conduisant ce bolide avec Jona. Ils auraient pu se tuer. Ils ont eu un accident, et par miracle, il s'en était sorti indemne. Jona un peu plus mal. Mais au moins, ils étaient vivants. Tout Arrowsic connaissait l'histoire maintenant. Mais il essayait au moins de se calmer. Parce qu'il n'habitait plus avec le monstre. Parce qu'il avait peur de la réaction d'Ashton si jamais il apprenait un de ses exploits. Il avait peur de se faire engueuler, peur de se prendre un coup -ça, malgré qu'il vivait avec Ashton, il avait comprit qu'il aurait toujours peur-, mais surtout, il avait peur de le décevoir. Alors, il tentait de devenir un "sage".