''Que dois-je écrire à la feuille blanche ?
Je dois avouer que c'est assez délicat d'écrire sur une feuille blanche en s'adressant tout bonnement à elle... Enfin, je me demande qui est ce qui lira ma lettre d'ailleurs. Sans doute mon ami qui m'avait dit d'écrire une lettre concernant mon passé pour les journaux qui aimeraient bien écrire une autobiographie me concernant. C'est vrai que c'est bien la première fois qu'on me fait cette demande-là et c'est assez bizarre. Pourquoi ? Parce que Adrian m'avait dit d'écrire sur cette pauvre feuille blanche tout les détails me concernant. Je ne vais pas forcément tout dire moi, sachant qui lira cette lettre et qui la réécrira à sa façon. Donc là, je vous adresse la personne qui lit cette lettre... ''

Je prend la feuille, je l'arrache du bloc note et la jette dans la poubelle tout en ne bougeant pas de ma position. C'était au moins la trentième lettre ratée que je faisais. Je regardai la corbeille et je vis qu'il y avait une montagne de papier en boule... Ce n'était visiblement pas la trentième lettre que j'avais ratée... Ce genre de chose était assez agaçante car... Quand on nous demandait d'écrire une lettre à un journaliste qui voulait faire un article sur moi, on se disait que c'était forcément bien facile. Or, ce n'était pas vraiment le cas du tout... Il n'y avait même pas une heure et demi, j'étais très motivé à écrire cette fameuse lettre... Mais je n'y arrivais pas du tout... C'était bien compliqué. Je mordillai le bout de mon stylo, en train de réfléchir.

''Que dois-je écrire à la feuille blanche ?
Pourquoi t'appelles-je feuille blanche ?
Pourquoi mes phrases se terminent souvent par cette maudite feuille blanche ?
Et pourquoi ça commence par pourquoi ?
Et pourquoi je compose un poème alors que je suis absolument nul là-dessus ? ''

Je me pinçai intérieurement la lèvre inférieure et arrachai à nouveau la feuille pour la jeter dans la corbeille. Que m'avait-il donc pris de composer ce... Ces rangées de mots ? Je regardai encore la nouvelle feuille blanche – oui... je l'ai encore mentalement répétée ça va devenir fatiguant à bout de force – . C'était très agaçant... Ah, si seulement je n'avais pas à faire ce genre de chose... Mais c'était important si je voulais me faire connaître encore plus dans le pays avec ce que je faisais. Je regardai le plafond en bougeant un peu ma chaise de gauche à droite et de droite à gauche... Puis, je décidai de me forcer à écrire le début, pensant que la suite viendra tout seul. J'écrivis pour la millième fois les formules de politesses habituels... C'était assez lassant et je ne voyais pas vraiment quelle était la raison qui me bloquait de faire mon autobiographie...

'' Je suis né à Arrowisc le 31 janvier 1983 et j'y ai grandi là-bas. Mes parents sont des artistes, mon père est photographe dans ma ville natale et aide son ami à tenir le journal de la ville. Quant à ma mère, elle est peintre et peint beaucoup de tableaux – dont certains ont été vendus – . En gros, ils sont bien connus dans Arrowisc pour leurs bonnes actions et ils sont aimés. Bien que je sois fils unique, je ne m'ennuie jamais avec eux. Parce que ma famille est très grande et j'avais beaucoup de cousins qui vivent pas loin de chez nous. J'aime beaucoup ma famille même si je ne les ai pas revus depuis deux ans... ''

Froissement d'une feuille suivit du bruit d'un tir à la corbeille ratée.
Encore un autre soupir. Je commençai vraiment à en avoir ma claque... Je ne savais pas combientième lettres j'ai tenté d'écrire, mais aucunes ne me plaisaient et je sentais qu'à ce rythme-là... Je n'allais jamais y arriver. Je n'osais pas de parler de mon enfance. Bien que celle-ci avait été heureuse... Né le 31 janvier 1983... ça faisait comme si c'était une fiche scientifique. Je n'aimais pas trop cela. Puis, on s'en fichait un peu de ma famille non ? Mieux valait parler carrière que de vie privée... C'était peut-être mieux afin de les protéger contre les gens indiscrets. Surtout quand je commençai à être en voie du succès. Je lâchai le stylo et je me massai les tempes. Pause. Cétait mieux de prendre une pause. À force d'être saturé comme ça, je n'arriverais plus à écrire des bonnes lettres et je continuerai à en faire des ratées, surtout je ne serais plus capable de tenir un stylo. Hm... Au pire, je demanderais à Adrian de me rendre un service : l'écrire à ma place. Mais il me fallait une bonne excuse... Je gonflais un peu mes joues en regardant le plafond et en cherchant une excuse valable pour pouvoir qu'il le fasse. D'ailleurs pourquoi c'était moi qui devait écrire cette lettre.. ? Je pouvais très bien refuser de faire l'autobiographie, mais moi seul je connaissais très bien mon passé – ce qui était fort normal bien sûr – que quiconque. Pourtant Adrian m'avait suivit depuis tout le début de ma carrière, donc bon... Il n'aura pas vraiment de problème quand il s'agit de parler professionnel.

Un autre soupir.
Je n'écrivais plus et je ne cherchais pas à écrire. Sans trop y faire attention, je me laissais emporter dans le monde des rêves. Je le savais parce que je pouvais entendre une musique qui m'était très familière mais je n'arrivai pas à trouver le nom de l'artiste, en même temps je m'étais mis une musique dans ma tête... Une musique que je prenais vraiment du plaisir à écouter quand j'étais petit... Fallait croire que je m'étais laissé emporté dans les souvenirs de mon enfance... Ou plutôt, que je ''dormais''

-Alors on rêve monsieur X ?

Cette voix... Celle-là... J'étais absolument sûr que je l'aimais pas celle-là. Elle venait peut-être de mon professeur de mathématiques et il était aussi mon professeur principal de ma troisième. Pourquoi il avait fallu que ça soit un prof qui excellait dans une matière que je détestais tant ? Je me rappelais qu'il m'avait demandé ce que je voulais faire plus tard mis à part de devenir un rêveur. Je lui avais répondu que je voulais suivre la voie de mes parents. Je n'avais forcément pas besoin d'être très bon en maths pour ça... Enfin, j'étais parfaitement conscient que j'étais un rêveur qui aimait beaucoup écrire des histoires, aller au cinéma, prendre des photos comme mon père. J'adorais surtout les films et je ne cessais pas de me poser des questions sur comment ils avaient été fait. Je me surprenais des fois en train d'écrire des petits scénarios. C'était juste après le collège que j'avais décidé de faire des courts-métrages. Je ne voulais pas aller au lycée, j'avais trouvé que c'était tellement beaucoup de travail et que c'était un peu du temps perdu – surtout quand je devais aller à des matières dont je ne voyais pas vraiment l'utilité pour mon avenir – . Mes parents n'étaient pas vraiment contre et j'avais eu de la chance qu'ils avaient des moyens de faire en quelque sorte que je ne bossais pas. Cependant, je savais que tout cela n'allait pas durer. J'avais décidé de travailler dans le domaine du cinéma, tellement cela me passionnait. Et puis, mon père m'avait dit que suivre sa passion et se faire du plaisir à créer des choses, on allait forcément réussir sa vie. Armé d'une très grande motivation et de ma caméra que j'avais achetée avec mes économies, j'avais écris un scénario et je l'avais fait lire à mes amis qui aimaient aussi le cinéma tel qu'Adrian.

Tu sais que tu es fou toi ?

Oui, mais ça vaut le coup non ? C'est juste pour un festival ! Tu verras, c'est pas vraiment de la prise de tête, on fait juste ça pour le plaisir.

Hm.. Ouais.. En tout cas, c'est juste un court-métrage pas plus.

Je me rappelais d'avoir sourit à ce moment-là et que nous avions commencé à travailler pour le prochain festival qui avait lieu dans ma ville. Le tournage avait duré au moins quatre mois et le montage un mois. Chacun avait son équipement pour faire un film, c'était un très bon moment. Personne n'avait regretté d'avoir accepté mes propositions, j'avais trouvé ça amusant que je me prenais pour un petit chef qui exposait ses idées et qui disait ce qui allait, ce qui n'allait pas... Et puis, on avait présenté notre film au festival et ça avait été un succès. Ce qui m'avait donné envie de continuer encore et encore, mais pas dans cette ville... Dans le département, puis dans la région, puis dans tout le pays. Je faisais de nombreux courts-métrages qui certains étaient des vrais chefs d’œuvres et d'autres non. Mais c'était comme ça, on devait connaître les échec et les erreurs pour que je ne les refasses plus. Je n'avais jamais tenté de quitter ma ville natale. J'y étais toujours resté depuis mon enfance et je m'étais bien sûr acheté un loft pour éviter de vivre chez mes parents et en tout cas, c'était sûr que ça serait bien moins marrant de vivre chez eux que de vivre seul bien qu'ils me manquaient un peu la plupart du temps . En revanche, c'était peut-être mieux quand on devait tout gérer soi-même et cela me permettait d'apprendre à comment me débrouiller dans ma vie de tout les jours. De plus, ça ne m'empêchait pas de les aller voir un soir pour parler avec eux et rire un bon coup avec des gens en plus ou non. Comme mes cousins, mes oncles et tantes. On ne se perdait pas vraiment de vue. Tout le monde me connaissait – et je connaissais tout le monde aussi, ce n'est pas étonnant quand on était dans une ville où il n'y avait pas vraiment de secret – et m'aimaient bien, malgré le fait que je sois un artiste à part selon Adrian. Je vivais la vie comme j'aimais la vivre telle quelle. Je voyageais partout pour aller dans quelques festivals, mais je restais toujours dans ma ville natale...

Toc Toc Toc Toc Toc !
Rien qu'en entendant ces bruits venant de la porte me faisaient sortir de mes songes. C'était fou en fermant juste les yeux et en écoutant une musique qui était dans ma tête, je ne voyais pas le temps passer et les pensées s’enchaînaient les unes des autres. Enfin... Ce n'était pas vraiment ça, j'avais pensé à mon enfance jusqu'à mes vingt-trois ans. J'avais ouvert mes yeux et je m'étais tourné vers la porte sachant que c'était Adrian qui allait entrer et qui allait sans doute me demander où en était-je dans ma lettre.

Oups...
J'avais oublié la lettre... Je me retournai tout de suite faisant semblant de réfléchir encore et encore devant la feuille blanche après une petite grimace. Peut-être qu'avec un peu de chances, je pourrais lui demander gentiment de faire cette corvée à ma place. Je laissai échapper un oui après tout ces enchaînement de quelques secondes et Adrian y entra. Je laissai échapper un soupir d'agacement et je ne me retournai pas.

-Je commences à en avoir marre de cette lettre... J'ai beau essayer d'écrire mes informations strictement professionnelles et non personnelles ou les deux si tu veux. Je n'y arrive absolument pas. Je te l'avais dit, c'est une très mauvaise idée.
-Nathan …
-Hm ? Tu en tires une sale tête ! Il s'est passé quelque chose ?
-Oui.. Ton père est mort...

Gros silence.
Je ne disais plus un mot. Enfin, je n'en étais plus vraiment capable, tout était soudainement étourdi autour de moi. Je regardai Adrian qui avait une expression vraiment désolée et il me regardait. Moi, je restai figé là, comme un crétin qui venait de se faire paralyser et qui ne pouvait plus bouger. Mon père était mort. Ok ok.. Ton père, celui que tu n'avais plus revu depuis deux ans était mort, il ne reviendra plus, il ne rira plus. Plus rien ne serait vraiment comme avant. Je crus que c'était à ce moment-là que je venais de me rendre compte que j'étais parti trop longtemps, sans donner de nouvelles, sans envoyer une carte, sans chercher à les rendre visite, sans chercher à les appeler...

D'ailleurs vous deviez vous demander pourquoi j'étais parti de ma ville natale et que je n'avais plus cherché à contacter à nouveau mes parents ? Non, ce n'était pas parce que je m'étais disputé avec eux. C'était que je voulais faire un grand trait à mon passé. En effet, à mes vingt-cinq ans. J'avais rencontré dans les airs une jeune femme qui était une hôtesse de l'air. J'étais dans la classe des affaires et je devais vous avouer que c'était bien mieux de n'y pas être quand on était pas un homme d'affaire. Je me rappelai d'être habillé comme eux, mais je n'avais pas vraiment la même allure et cela m'avait assez troublé. Alors c'était plus relaxant de regarder les nuages et de comparer les formes tout en écoutant de la musique. Je me demandai pourquoi diable... J'avais voyagé dans la classe affaire ? C'était en revenant d'une visite chez un producteur je crois.. Si j'avais réservé une autre classe... Je l'aurais sans doute pas rencontrée. Oui '' Elle '', la jeune hôtesse de l'air que j'avais visiblement attiré son attention parmi tout les gens dans cet avion. Je ne me rappelais plus le nombre de fois qu'Elle était passée devant moi, après avoir commandé une bière. Je devais avouer qu'Elle m'avait aussi attiré mon attention. Mais quand même, j'étais vraiment un sacré idiot de me dire qu'il y avait eu un coup de foudre rien qu'en nous regardant et que je m'étais levé pour aller soi-disant aux toilettes alors que c'était juste pour la rejoindre tout en pensant que c'était peut-être ma femme de ma vie. On s'était bien entendu et on s'était bourré la gueule – disons que j'avais quand même eu de la chance de tenir à l'alcool contrairement à Elle – . Mais quel idiot aussi de lui avoir donné mon numéro et de lui avoir envoyé au moins dix textos durant son vol ! Si je n'avais pas pris ce billet, si Elle était partie bien avant, et si et si... Je n'en serais peut-être pas là, je serais toujours chez moi, dans ma ville natale... Je ne voulais pas vraiment rejeter la faute à Elle, mais c'était quand même à cause d'Elle que j'étais parti d'Arrowisc. À l'heure actuelle, je l'aime plus et c'est fini entre nous. Il n'y aura plus de pardon, mais plus rien entre nous. Malgré que nous avions passé des bons moments. Elle s'appelait Thabyta. Après six mois de connaissance, elle avait décidé de me suivre dans ma ville que j'aimais beaucoup en abandonnant sa Virginie, sa famille. Sans trop savoir vraiment pourquoi et sans vraiment y réfléchir, on s'était marié en route. Bien avant que Thabyta ait rencontré ma famille. J'étais vraiment amoureux d'elle et c'était réciproque. On s'était installé dans le loft et j'étais rassuré qu'Elle s'entendait très bien avec mes parents qui semblaient beaucoup l'aimer. C'était de même pour mes amis. On était très heureux, je voyais vraiment la vie en rose.

C'était une chose que j'avais tort.

Quand on tombe amoureux, on finit par devenir aveugle et on ne fait pas vraiment attention aux éléments qui pourraient casser notre bonheur. Moi qui faisait confiance à Thabyta après un an et demi d'un beau mariage. Après lui avoir offert l'instrument de musique que j'aimais beaucoup : l’ukulélé. Je l'avais encouragé à suivre sa passion pour la musique tellement elle était douée – je voulais même la produire – pensant vraiment qu'en suivant la passion, de ce qu'on aimait on finirait par réussir sa vie. Cela ne pouvait toujours pas être le cas. Sous mes conseils, Elle avait engagé un musicien assez louche qui s'appelait Azrael... Au début j'étais très méfiant et peu sûr de ce qu'il était : il n'était pas vraiment très aimable. Thabyta me disait qu'il était très doué dans la musique alors elle avait accepté en me rassurant qu'elle ne me tromperait pas avec lui. Et bien sûr, je l'avais cru et je lui avais fais confiance. Bon sang, rien que d'y penser à ça... Cela m'énervait vraiment. Je l'avais invité à manger avec nous afin de l'avoir à l’œil, mais je m'étais visiblement fait avoir. Je me disais bien que c'était trop ''parfait'' et que quelque chose ne tournait pas vraiment rond entre ces deux-là. Peut-être qu'ils avaient couchés ensemble, elle le regardait jouer à la guitare ainsi de suite. Rien de tout cela ne m'avait plu. Donc, un soir. Je les avais suivi pour vérifier et confirmer mes hypothèses bien qu'une partie de moi-même m'en dissuadait. Or, je ne m'étais pas trompé du tout. Thabyta avait accepté de jouer dans un clip qu'Az avait proposé et je n'avais pas vraiment eu du mal à trouver le fameux studio.

…

Je les avais retrouvé en train de s'embrasser, là devant moi. Sous mes yeux. Cet homme-là, oui.. Il n'avait pas vraiment perdu son temps pour se déshabiller et moi je n'avais pas vraiment perdu mon temps pour le frapper de toutes mes forces sous un accès de colère. Bien que Thabyta avait essayé de me calmer, ce n'était pas vraiment réussi. Azrael était assommé sous le coup. J'en avais profiter pour la ramener sous un gros silence menaçant et quand elle tentait de m'expliquer les choses, je l'ordonnais de se taire. Je ne voulais pas entendre ses excuses, encore moins ce qu'Elle voulait me dire. Je ne voulais plus entendre sa voix, je ne voulais plus la revoir. Je ne voulais même pas savoir, Elle avait abusé de ma confiance et de mon amour, Elle allait en subir les conséquences.

… …

Après une longue nuit à resté éveillé, à fumer à en vider les paquets de cigarettes – or je n'étais pas vraiment du genre à beaucoup fumer en une journée, j'étais plutôt modéré là-dessus – et à vider une bouteille, j'étais parti avec mon sac pour aller voir ma famille. J'y étais resté pour une demi-journée expliquant ma situation et de mon envie de partir ailleurs le temps que je m'en remette de tout ce qui s'était passé, tout en leur promettant que je reviendrais dans cette ville. J'étais vraiment d'une humeur à vouloir casser les assiettes. Du coup j'étais parti chez mon ami Adrian qui vivait à York pour y rester une semaine avant d'aller m'acheter un appartement. Ce n'était pas vraiment facile de s'en remettre. Quand quelqu'un prononçait le prénom tabou et faisait référence à Thab, je devenais tout d'un coup glacial. Il fallait que tout ceci cesse. Le divorce était la seule solution. J'ai contacté ma mère pour transmettre cela à Thabyta.

Je l'avait revue trois mois plus tard pour le divorce.
Je n'avais rien à lui dire. Je ne lui avait pas dit un mot et elle semblait essayer de vouloir s'expliquer. Mais je n'étais pas vraiment en ''état'' à écouter encore une fois de plus ses mensonges. Elle m'avait menti depuis tout le début depuis qu'elle avait rencontré son Az. Je ne pouvais pas vraiment m'empêcher de me demander si elle vivait à présent avec lui. Cependant, après les dires de mon père. Ce n'était pas vraiment le cas et à ce qu'il paraissait, elle allait rester dans ma ville natale... Raison de plus de ne pas devoir retourner à Arrowisc. Cela impliquait de ne plus aller revoir mes parents pour un bon moment, de ne plus revoir mes amis, les gens que je connaissais. Je savais qu'au fond de moi même, cela allait me faire un sacré vide.

Pendant deux ans, j'ai parcouru dans presque tout le pays à montrer encore et encore de nouveaux courts-métrages qui plaisaient généralement au grand monde. Je continuai encore à voyager davantage avec mon groupe de production et pas une seule pensée à la femme que j'aimais. Pas une question comme se demander si elle s'en sortait bien et qu'elle s'en remettait de mon absence. Je lui en voulais vraiment, je ne voulais plus rien avoir quelque chose avec elle. Ni même rester amis. J'avais tourné la page et elle en devait faire de même tout en commençant par quitter la ville d'abord... Je commençais à devenir de plus en plus célèbre, mais aussi de plus en plus fatigué... Il m'arrivait par moment d'avoir des moments d'absence comme si je dormais et que je nageais dans mes pensées. C'était par pur manque de sommeil et je ne cherchais pas vraiment à vouloir dormir. Je dormais trop mal pour ça et je ne voulais pas dormir des fois. Bref, je me retrouvais à nouveau à York – la ville dont à laquelle j'habitais pour un certain moment – bloqué devant cette satanée lettre que je n'arrivais pas vraiment à écrire. Tant pis pour ça, elle ne m'avait vraiment plus d'importance. Un, le journaliste pouvait très bien recueillir les informations lui-même. Deux, je perdais vraiment mon temps à être bloqué là-dessus. Trois, je trouvais quand même cela étrange que mon ami me demandait de faire cette lettre alors que d'habitude, les rencontres ne se déroulaient pas de cette façon. Quatre, mon père était mort alors je n'allais pas forcément continuer à perdre mon temps à faire cette fichue lettre et je devrais accourir pour aller voir ma mère. Cinq, je commençais à être à court de chiffre.

Nathan ? Ça va ? Ça fait au moins quatre minutes que je t'ai annoncé cette nouvelle et depuis tu ne parles plus.
Hm ? Ah... Non, j'étais juste dans les pensées. Je vais bien.
Sûr ? Parce que perdre un père que tu n'as pas vu depuis deux ans... ça fait carrément mal.. Surtout tu l'adorais...
… Je vais bien je te dis.

Je le regardai et lui il me regardait sans essayer d'ajouter un mot de plus. Il me connaissait et il savait comment j'allais réagir. Je soupirai et détournai le regard, en silence. Il va falloir que je retourne dans ma ville natale. Retrouver ma mère et être à ses côtés pour s'entraider et à se remettre de la mort de mon père. Assister à l'enterrement, accueillir les gens, remercier de leurs venues et bonjour l'ambiance de mort. Je n'avais jamais aimé les enterrements, encore moins ceux des gens que j'avais beaucoup aimé. Je me demandais d'un coup, comme ça. Pourquoi c'était moi qui était parti de cette ville au lieu de Thaby ? C'était sans doute une idée que j'avais dû prendre durant toute la nuit avant de partir de tout lui laisser afin qu'elle se rende vraiment compte de la gravité de sa situation. En même temps, un ami avec qui j'avais gardé contact m'avait dit qu'elle avait continué à vivre dans cette ville, essayant de s'en sortir dès qu'elle le pouvait.

Malgré tout, j'étais tout bonnement bien conscient qu'en revenant dans cette ville, je recroiserais à nouveau Thabyta. Que se soit dans un supermarché, dans une pizzeria, dans une rue, dans un parc... J'étais sûr que j'allais la croiser et que je ne pourrais pas vraiment fuir. Deux ans de silence radio entre nous deux, on allait sans doute avoir une petite conversation se donnant des nouvelles et rien de plus. En même temps, ça me fera chaud au cœur de revenir dans cette ville qui était en quelque sorte un endroit qui saurait très bien apaiser les gens. C'était une ville différente des autres. Je me rappelai d'avoir ressenti un sacré malaise quand j'étais arrivé à York au milieu de tous les gens que je ne connaissais pas vraiment. Je voyais la grosse différence entre Arrowisc et York. D'un coup, comme ça je titlai en fronçant les sourcils et regardant à nouveau mon ami.

Au fait... J'ai une question...
Oui ?
La lettre que tu m'avais demandé d'écrire-là... Ce n'était pas vraiment pour le journaliste ?