Une semaine qu’Heather était dans les cartons, une semaine qu’elle s’embêtait avec le rangement. Vu qu’elle ne connaissait plus personne ici, elle devait tout faire toute seule. Même l’eau, l’électricité, le téléphone et internet. Ce dernier a beau faire geek, elle en avait absolument besoin pour son travail vu que celui-ci se faisait sur l’ordi.
Du coup, elle s’accorda une petite pause. Elle enfourcha Sally (sa voiture) et partit faire une petite promenade dans les environs. Elle avait donné ce nom à la voiture en référence à la chanson « Mustang Sally » qu’elle et son père écoutaient tout le temps. Son père ne lui avait pas seulement passait sa passion pour les mustangs mais aussi celle pour la musique. Depuis elle avait tout le temps un mp3 sur elle ou un moyen pour écouter la musique. Ses pensées dérivèrent en même que la voiture mais au bout d’une petite heure, elle revint à son appartement.
Arrivée à destination, elle regarda dans sa boîte aux lettres par réflexe mais se fit la réflexion qu’elle ne connaissait personne et que ça faisait qu’une semaine qu’elle était là donc que c’était assez improbable qu’elle est du courrier. Puis elle partit direction les escaliers pour 2 étages. Le bâtiment était vieux du coup il n’y avait pas d’ascenseur enfin si il y en avait un mais apparemment il marchait une fois tous les 36 du mois. Du coup, la jeune fille n’était pas trop tentée de le prendre. Pas qu’elle soit claustrophobe mais quand même, qui aimerait être enfermé dans une cage ? Mais par contre pour les courses, les escaliers n’allaient pas être très pratique. Voir pas du tout. A moins qu’elle le fasse par petite quantité et encore, elle allait pas faire 36 000 allers-retours. Bref, une fois devant sa porte elle faillit ouvrir la porte quand… une odeur lui vint jusqu’au nez, une odeur familière, une odeur de substance illégale. De la weed plus précisément. Cette odeur lui était familière pas parce que c’était une toxico mais parce qu’elle avait pris l’habitude d’en fumer un par soir avec sa mère depuis ses 17 ans environ et même parti de New York, elle ne comptait pas arrêter parce que c’était un petit plaisir qu’elle aimait s’accorder. De plus, ça lui permettait de se poser l’esprit, d’évacuer le stress et de s’endormir plus vite. Mais là il s’avérait qu’elle avait fini son stock et qu’elle en avait plus pour la suite. Et vu qu’elle ne connaissait personne et qu’elle n’avait aucun contact dans le coin, peut être que son voisin ou sa voisine pourrait lui sauver la mise.
Elle fit des allers-retours pendant 5 minutes entre sa porte et celle d’en face s’en se décider puis se posta devant la porte qui n’était pas la sienne. De 1, c’était une grande timide quand elle ne connaissait pas la personne. De 2, ce n’était pas une chose facile à demander et encore moins convenable. Et de 3, elle ne savait pas qui pouvait se cacher derrière cette porte. Ca pouvait être un vieux pervers, une hippie complètement tarée ou bien d’autres choses encore. Elle hésita encore 5 minutes puis finit par frapper sur la porter ni trop doucement ni trop fort. Elle attendit quelques secondes mais elle n’entendit rien du coup elle allait pour repartir chez elle mais à ce moment là elle entendit 2 ou 3 cliquetis signe qu’on déverrouillait une porte. Effectivement, la porte s’ouvrit mais Heather ne s’était pas du tout attendu à ça…

La journée avait été rude pour Lenny. Et pourtant, il venait tout juste de vivre la journée type d’un étudiant modèle. En vérité, le jeune homme était censé passer le plus clair de son temps sur les bancs de la fac, à suivre des cours d’art plus ou moins intéressants. Mais évidemment, ce programme était bien loin de l’emploi du temps habituel du jeune homme. Même si ce qu’il étudiait l’intéressait vraiment, il préférait d e loin trainer chez lui, jouer de la guitare ou partir en balade à bord de son van de hippie. Suivre un cours, ça impliquait aussi de rester assis pendant des heures, de rester ATTENTIF pendant des heures et de côtoyer un tas d’autres étudiants qui se précipitent pour répondre aux questions de professeurs tous plus stupides les uns que les autres. Tout ça pour dire que lorsque Lenny regagna son appartement après les cours en fin d’après-midi, il était totalement lessivé. La seule chose dont il fut capable à ce moment-là fut de s’étaler dans son canapé, une bouteille de bière à la main. A vrai dire, le jeune homme n’était même plus capable de dire s’il s’était assoupi un moment ou pas, si ce qui défilait sur l’écran de sa télévision avait un intérêt quelconque… ou pas. Comme une véritable épave, il ne se sentait même pas capable de décoller de son canapé pour aller se préparer quelque chose à manger. Au lieu de ça, il préféra se rouler un petit pétard et passer le reste de la soirée à trainer sa fatigue sur son bon vieux canapé.

Alors qu’il sombrait de nouveau dans un demi-sommeil sans même avoir prit le temps de terminer son pétard, quelques coups contre la porte d’entrée le sortirent de cette torpeur. La première réaction de Lenny fut de froncer les sourcils. Qui venait donc lui rendre visite à cette heure-ci ? S’il s’était agit de son frère il n’aurait certainement pas prit la peine de frapper à la porte. Pareil pour Quinn qui, en plus, l’aurait probablement appelé avant. La meilleure solution était donc de s’extirper de ce foutu canapé, et d’aller voir ce qui se tramait dans le couloir. Posant son pétard au bord du cendrier sur la table du salon, le jeune homme se leva donc, non sans peine, et se dirigea d’un pas las vers la porte. Là, il l’ouvrit et tomba sur… personne. Personne n’attendait qu’il ouvre, personne n’était planté devant la porte prêt à l’agresser parce qu’il aurait mis trop de temps à réagir… Ce n’est qu’en penchant un peu la tête sur le côté que le regard de Lenny tomba enfin sur une silhouette. Vraisemblablement, il ne la connaissait pas et même en s’y reprenant à plusieurs fois, impossible de reconnaitre cette fille qui le regardait pourtant avec insistance. L’étudiant arqua alors un sourcil tout en l’interrogeant du regard. « Hm ? C’est toi qui viens de frapper à la porte ? J’peux t’aider ? » Postée devant la porte voisine, la jeune femme semblait un peu surprise. Peut-être s’agissait-il de cette nouvelle voisine que Lenny avait entendu emménager il y a quelques jours ? Du moins, il avait supposé en entendant tout ce fracas que quelqu’un investissait enfin l’appartement se trouvant à côté du sien. Plus par habitude que pour faire bonne figure, il se mit alors à lui sourire, attendant impatiemment qu’elle se présente.

Ce n’était pas un vieux pervers ou une hippie comme elle l’avait pensé mais un jeune homme. La brune avait un voisin salement canon ! Elle ne pensait pas qu’il pouvait y avoir ce genre de gars à Arrowsic et pourtant… Elle le regarda des pieds à la tête : des cuisses musclées, un torse bien dessiné, des bras ni trop ni pas assez musclé. Il était hyper bien foutu. Pourquoi n’avait elle pas frappé avant ? Son visage n’était pas mal du tout non plus. Un visage masculin mais quand même assez jeune, il devait avoir entre 22 et 25 ans. Un sourire mignon. Des yeux charmeurs. Des cheveux courts et bruns qui le rendait encore plus intéressant. Heather avait toujours préféré les bruns aux blonds. Elle ne sait pas vraiment pourquoi, elle trouve que les bruns ont plus de charme. Se rendant compte qu’elle le fixait depuis un moment, elle se mit à rougir. « Hum, ouais. Salut. Hum, moi c’est Heather ou Sunny ou même Sun… Je préfère Sun mais c'est comme tu veux. Enfin bref je suis la voisine d’à côté, j’ai emménagé y a une semaine » Elle lui montra la porte située sur la gauche de celle de l’appartement du garçon pour lui confirmer ses dires. Elle avait lâcher ces quelques phrases à une certaine vitesse et elle se sentait assez bête de lui avoir montrer sa porte alors qu’il y en avait qu’une sur cette étage à côté de chez le garçon. P***** de timidité et de maladresse. Puis elle se rendit compte d’une chose, mais comment elle était habillée !? Pas qu’elle soit superficielle mais il y avait quand même des limites, se présenter comme ça devant un gars comme ça… Elle portait un vieux pantalon de jogging ¾ qu’elle portait pour rester chez elle ou pour le sport, un t-shirt court qui dévoilait la moitié de son ventre et ses cheveux devaient être ébouriffés à cause du vent avec la voiture. Déjà qu’ils n’étaient pas coiffés à la base mais là ça devait être pire. Ho et puis elle s’en fichait, au pire elle le croiserait dans les escaliers ou à l’entrée de temps en temps alors la tête qu’elle avait ça ne comptait pas vraiment. Mais elle passa tout de même une main dans ses cheveux pour se redonner un peu de contenance. Puis pour ce qu’elle avait à lui demander ça ne devait pas poser problème, il avait dû en voir d’autres. Elle le refixa pendant quelques secondes se demandant si elle devait ou non lui demander, ouvrant 2 ou 3 fois les lèvres pour se préparer à parler s’en qu’aucuns sons ne sortent à chaque fois… Ho et puis mince ! Elle se rapprocha de lui pour n’arriver qu’à quelques centimètres du jeune homme et baissa d’un ton pour pas qu’on l’entende trop. « Dis moi, l’odeur que je sens ce ne serait pas de la weed par hasard ? » Se rendant compte du peu distance entre eux, elle rougit et se recula pour reprendre sa place de départ et rassembla ses mains en baissant un peu son tshirt, signe de gène. Stupide timidité ! « Je sais que c’est pas très orthodoxe comme demande et je me suis peut-être même ridiculisée mais bon ça coûte rien de demander. » Après coup, elle se rendit compte d’un truc : il sentait bon ce con aussi ! Un mélange musqué typiquement masculin. Et d’ailleurs vu l’odeur, elle ne s’était pas trompée : il y avait bien de l’herbe dans cette appartement.

A vrai dire, Lenny s’était plus attendu à une blague, voire même à une petite vieille qui se serait trompée d’étage, mais certainement pas à ce qu’il avait sous les yeux maintenant. S’il avait su qu’il avait désormais une voisine comme celle-là, il se serait très certainement proposé bien volontiers pour l’aider à emménager ! Mais ils n’avaient visiblement pas les mêmes emplois du temps, et Lenny n’avait encore jamais eu l’occasion de la croiser au détour d’un couloir, ni même dans les escaliers. La jeune femme semblait un brin embarrassée, pas très sereine, et elle lui déblatéra tout un discours dans lequel il ne retenu que son prénom. Ce qui, soit dit en passant, n’était déjà pas si mal pour lui. La nouvelle venue se prénommait donc Heather, et elle était bel et bien sa voisine. Pas très à l’aise, elle n’avait de cesse de le regarder, ce qui fit sourire Lenny de plus belle. Etait-il coiffé n’importe comment ? Certainement. Avait-il quelque chose collé au visage, une tache sur son t-shirt ? Il pouvait y avoir des centaines de raisons qui expliqueraient pourquoi la jeune femme le regardait comme ça, mais Lenny s’en fichait pas mal. Au contraire, il était pour le moins amusé de voir son attitude. Elle passa maladroitement une main dans ses cheveux, puis essaya de parler plusieurs fois de suite sans qu’aucun son ne sorte de sa bouche. Intrigué, le jeune homme appuya son épaule contre le montant de sa porte d’entrée, et posa un regard interrogatif sur elle tout en fronçant les sourcils.

Subitement, sans qu’il ne s’y soit attendu ni préparé, Heather arriva à quelques centimètres de lui. Sans broncher, il la regarda du coin de l’œil en souriant. « Dis moi, l’odeur que je sens ce ne serait pas de la weed par hasard ? » Cette fois, Lenny arqua un sourcil. C’est qu’il avait affaire à quelqu’un de perspicace ! Et connaisseuse ! D’un ton qu’il voulait rempli de mystère, le jeune homme répondit avec précautions : « Ca dépends… Peut-être… » Immédiatement, il put voir le visage de son interlocutrice s’empourprer, et il la regarda s’éloigner amusé et presque fier de lui.

Alors qu’elle lui avouait que sa demande n’était pas spécialement correcte, Lenny continua de la toiser d’un air mystérieux, comme s’il cherchait à la sonder pour savoir s’il était prudent de la laisser entrer chez lui. Mais avant de passer cette étape, il décida de la faire mariner encore un peu. Pas qu’il soit méchant, bien au contraire, mais la situation était tellement drôle… Et puis c’était un moyen comme un autre de faire connaissance avec sa nouvelle voisine. Il reprit donc en croisant les bras sur son torse : « Bien… Et qu’est-ce qui me dit que, dans le cas où j’aurais ce que tu cherches, je puisse te faire confiance ? » Un éclair de malice traversa alors son regard, et il ajouta promptement : « Et puis d’abord, qu’est-ce que j’aurai en échange ? »

Une certaine présence, un charisme émanait de ce garçon. Sa façon de s’être appuyer contre l’encadrement de la porte et son sourcil levé donnait à Heather l’envie de le prendre en photo. En fait ça lui rappelait un gars qu’elle avait déjà photographié. Il ferait un bon modèle. Elle lui demanderait à l’occasion s’il s’avère qu’ils s’entendent bien. Sinon ce sera un peu plus dur. Elle n’avait pas pris beaucoup d’hommes en photo parce qu’elle trouvait que les femmes dégageaient plus de choses et jamais les même. Mais par contre quand elle choisissait un homme, celui ci montrait toujours quelque chose de très fort sinon ça ne l’intéressait pas.
Mis à part ça, elle n’était pas la seule à avoir fixer l’autre ou c’était une impression ?

« Ca dépend… Peut être… » La jeune fille avait beau être timide, elle n’était pas naïve. Et avec cette phrase et le ton par lequel elle avait été prononcée, elle comprit que le garçon voulait jouer mais malheureusement pour lui quand on l’a provoqué comme ça, le jeune fille pouvait s’avérer être une grande joueuse aussi. Effectivement, il avait dû remarquer sa grande timidité (en même temps qui ne la remarquait pas) et il s’en amusait comme à peu près tous les gens qu’elle rencontrait. Mais elle ne leur en voulait pas parce que si c’était le cas inverse elle ferait certainement la même. Et quand on la provoquait, le timidité laissait place à la provocation tout comme la personne qu’elle avait en face d’elle. Et son hypothèse se confirma quelques minutes après, après un petit blanc, par la reprise de parole du brun. « De l’argent. C’est ce qu’on donne généralement pour avoir ce genre de chose non ? Ou alors tu préfères en nature ? » Bien sûr cette proposition était purement ironique même si avec lui ça l’aurait pas du tout déranger. « Parce que si c’est ça que tu veux, t’es tombé sur la mauvaise personne. Mais si c’est ça que tu veux, je crois que tu dois t’adresser au genre de personne que l’on nomme pute si je me souviens bien. Il y en a dans toutes les villes il me semble » Certes elle y allait au culot mais elle connaissait ce genre de gars, elle en avait l’habitude du coup elle savait comment s’y prendre. Ils testaient toujours les clients pour voir s’ils étaient fiable ou pas de peur d’être balancé aux flics. Et quand, en l’occurrence, le client était une cliente là ils la testaient et ils sortaient des phrases de ce genre pour l’intimider. Mais malheureusement pour le garçon, c’est elle qui achetait à fumer pour sa mère et elle depuis qu’elle en consommait avec sa mère donc depuis 4 ans. Et, histoire de bien conclure et de savoir qu’il pouvait vraiment avoir confiance, il y avait cette phrase : « ou alors un petit coup de fil au 911 ? » Ses yeux se posèrent fixement dans ceux du jeune homme comme pour le défier.

Toujours sur le pallier, elle se rendit compte qu’elle s’était présentée mais que lui non. Pas que ça la dérangeait mais elle préférait connaître le prénom de quelqu’un quand elle lui parlait, surtout si c’était une personne qu’elle serait appelée à recroiser par la suite comme un voisin ou même un dealer. « Au fait, comment s’appelle mon voisin ? »

Ce soir, Lenny avait prévu de s’ennuyer. Mais plus le temps passait, plus son programme semblait susceptible de changer. En effet, la rencontre qu’il venait de faire lui paraissait pour le moins intéressante. Premièrement, il s’agissait de sa voisine et il était toujours bon de connaître ce voisin. Mais il s’agissait aussi et surtout d’une fille qui avait sensiblement son âge. Et ça, ça changeait indéniablement des voisines de palier de quatre-vingts ans qui ne sortent que pour aller promener leur chihuahua hargneux sur lequel on risquait de marcher à chaque fois que l’on ouvrait sa porte. Bref, cette fois, Lenny avait le sentiment qu’il n’allait pas s’ennuyer. Et en matière de jeu, autant commencer tout de suite. C’est donc en essayant de cacher un ton ironique que Lenny demanda à son interlocutrice ce qu’il mériterait s’il acceptait de la fournir en herbe. Et la réponse qu’elle lui apporta sans ciller manqua de le laisser bouche bée. A première vue, il n’aurait pas imaginé que la jeune femme puisse avoir autant de répartie, mais en l’écoutant, l’étudiant ne fut pas déçu. « De l’argent. C’est ce qu’on donne généralement pour avoir ce genre de chose non ? Ou alors tu préfères en nature ? » Surpris, Lenny arqua une nouvelle fois un sourcil en se donnant l’air intéressé. En réalité, il ne l’était pas spécialement, mais ça aussi ça faisait partie de son petit jeu. Lenny était bien loin d’être ce genre de pervers qui aurait profité d’une telle situation pour sauter sur une cliente aussi jeune. Mais avec lui, et même si elle ne le savait pas, Heather ne risquait pas grand-chose.

« Parce que si c’est ça que tu veux, t’es tombé sur la mauvaise personne. Mais si c’est ça que tu veux, je crois que tu dois t’adresser au genre de personne que l’on nomme pute si je me souviens bien. Il y en a dans toutes les villes il me semble » Cette fois, elle n’y était pas allée de main morte. Un peu trop fort peut-être ? C’était un peu ça le risque quand on jouait un jeu comme avait décidé de le faire Lenny. A tout moment, ça pouvait déraper. Mais plus elle en rajoutait, plus le jeune homme avait envie de continuer dans la direction qu’il avait choisie, quitte à perdre une cliente. Après tout, il ne vendait sa marchandise que pour arrondir ses fins de mois, mais en règle générale, l’argent que lui donnaient ses parents lui suffisait amplement. Concrètement, il n’avait pas besoin de ce petit commerce pour survivre.

« Au fait, comment s’appelle mon voisin ? » déclara-t-elle, comme pour détourner la conversation et effacer le semblant de défi qu’elle venait tout juste de lui lancer. Mais malheureusement pour elle, Lenny était resté bloqué sur sa déclaration précédente, celle qui insinuait clairement qu’il pouvait être un de ces dealers pervers. Désireux de lui faire payer ça, et de continuer leur petit jeu, Lenny fit volte face et entreprit de regagner son appartement. En posant sa main sur la poignée de la porte, il se contenta de lâcher un « Va savoir ! » des plus énigmatiques.

Son voisin avait l’air d’être un coriace, il savait jouer lui aussi apparemment. Elle n’en avait pas douté depuis le début mais au moins maintenant elle en était sûre. De 1, il adoptait un position « je m’en foutiste » du genre appuyé sur la chambranle de la porte. De 2, il prenait un comportement assez arrogant avec un sourcil froncé mais aussi le fait qu’il ne réponde pas du tout aux deux répliques de la brune (ce qui a légèrement le don de l’énerver des fois). Mais bon, ça ne la gênait pas du tout vu que ce n’est pas la première et surtout pas la dernière fois qu’elle rencontrait un mec comme ça. Les ¾ des hommes dans le journalisme ou la mode était comme ça, elle en voyait tous les jours depuis ses 18 ans et du coup, elle avait appris à pouvoir et à savoir leur répondre comme il fallait pour leur clouer le bec. Et apparemment, elle se débrouillait pas trop mal selon sa patronne. Tellement qu’une fois elle avait laissé bouche bée (et pas que lui) un journaliste de 40 ans pendant une réunion qui lui avait dit qu’elle n’avait rien à dire dans ce genre de réunion vu qu’elle était nouvelle dans la boîte. Il ne savait pas à qui il s’attaquait le garçon.

« Va savoir ! » La phrase du garçon passa complètement inaperçue, Heather venait d’être distraite parce quelque chose qu’elle avait vu ou du moins cru voir à l’intérieur de l’appartement du jeune vu que l’entrebâillement de la porte laissait voir un petit bout du lieu. Elle avait cru voir non pas un grominet mais belle et bien un caméléon. Elle s’abaissa afin de s’accroupir pour être un peu plus à la hauteur du sol pour mieux apercevoir l’animal. Puis de toute façon le brun lui cachait un peu la vue avec son buste. Dans cette position, elle pouvait maintenant confirmer que c’était un caméléon. C’est la première fois qu’el en voyait un depuis bien longtemps. C’était le genre d’animal assez rare mais qui plaisait de voir à la brunette. L’animal vert fascinait assez Heather du fait qu’il puisse se cacher n’importe où sans qu’on le voit, qu’il soit transparent quand il le veut, qu’il puisse être quelque chose d’autres pendant un instant. Beaucoup de personnes trouvaient ça moche comme bête mais pas la jeune fille. « Il est à toi ? » dit–elle en levant les yeux pour rencontrer ceux de son voisin pour lui montrer que la question lui était adressée. Quand elle vit la hauteur de la tête du garçon, elle se rendit compte de sa position mais surtout de la hauteur de sa tête et se releva d’un coup. Tout ça en rougissant bien sûr.

Une chose était certaine : la nouvelle voisine de Lenny était culottée. Mais ce n’était pas fait pour lui déplaire. Elle n’avait visiblement pas froid aux yeux, savait exactement ce qu’elle voulait, et semblait être en mesure de mettre un peu de piment dans l’existence monotone du jeune homme. En réalité, Lenny n’avait rien contre la monotonie, bien au contraire. Il était du genre à mener son petit train-train sans embêter personne, sans se soucier des autres et encore moins de ce qu’on pouvait bien penser de lui. Passant de son appartement à son van, parcourant la forêt au lieu d’user son pantalon sur les bancs de la fac, il était un personnage un peu à part, mais tenait énormément à sa tranquillité. Mais tout bien considéré, l’arrivée d’Heather pouvait avoir un côté intéressant pour lui. C’était bien la première fois qu’il avait une voisine aussi jeune, et surtout aussi sexy. Alors son emménagement ne pouvait être qu’un bien pour lui. Mais pour l’instant, Lenny avait plutôt opté pour une sorte de jeu, histoire de bien montrer à la demoiselle que rien n’était acquis, et qu’il ne faisait pas partie de ces gars pour lesquels toutes les raisons étaient bonnes pour sauter sur la première fille venue. Pas qu’il ne soit très distingué, mais il était une sorte de gentleman… à sa façon. Restant mystérieux sur sa véritable identité, le jeune homme tenta de rentrer chez lui comme si de rien n’était… chose que sa voisine sembla complètement ignorer. Au contraire, elle se contorsionna pour pouvoir regarder à l’intérieur de son appartement. Lenny posa un regard à la fois faussement indigné et amusé sur elle, l’interrogeant silencieusement en arquant un sourcil.

« Il est à toi ? » questionna-t-elle en se redressant, se retrouva alors à quelques centimètres d’un Lenny impassible. Visiblement gênée, Heather se mit à rougir, induisant du même coup un nouveau sourire sur le visage du jeune homme. Néanmoins, il se retourna rapidement histoire de vérifier de quoi elle parlait. Et ses hypothèses furent vite confirmées en voyant John perché sur le canapé, qui regardait la scène d’un air tout aussi impassible. « Oh lui ! Oui… C’est John ! » répondit-il alors comme s’il s’agissait d’une évidence.

Devant le regard plutôt insistant de sa voisine, Lenny leva les yeux au ciel en laissant échapper un petit rire. « Ok, ça va… Tu peux entrer ! » Il se poussa alors du milieu pour lui laisser le champs libre, mais ne put s’empêcher de rajouter : « Mais ne le contrarie pas… il mords ! » Evidemment, il n’y avait pas plus calme et placide que John, mais Lenny n’avait pas pu retenir ce qui constituait pour lui une plaisanterie. Doucement, il referma la porte de son appartement derrière eux, et rallia le salon sans quitter ce petit sourire que ceux qui ne le connaissaient pas avaient en général bien du mal à décrypter.

« Oh lui ! Oui… C’est John ! » C’était peu commun d’avoir un animal tel qu’un caméléon et encore plus avec un prénom qu’on attribuerait d’habitude à un homme. « C’est original comme animal. Moi j’ai juste un chat. Plus commun mais ça fait tout de même une présence. » Heather avait le besoin d’avoir une présence auprès de soi, elle n’arrivait pas à être seule. Elle avait pourtant essayé mais rien y faisait, la solitude lui pesait. D’autant plus qu’elle était revenue sur Arrowsic mais elle ne connaissait plus personne alors la présence de son chat, Tomy, lui était indispensable. De plus, elle ne se voyait pas le laisser à New York et ne pas l’amener avec elle. Elle s’était trop habituée, attachée à lui.
A la base, elle cherchait un chat pour l’aménagement de son premier appartement à NYC. Sauf qu’elle ne trouvait pas chaussure à son pied parce qu’elle était assez exigeante, elle savait ce qu’elle voulait et ce qu’elle ne voulait pas. Elle cherchait un chat entièrement noir avec des yeux bleus ou verts. Pas qu’elle faisait une discrimination envers les autres chats mais elle s’était toujours dis que si elle avait un chat, il serait comme ça. Elle a cherché pendant quelques mois mais en vain. Et pourtant, un soir où il pleuvait averse dans la grande ville (et où comme par hasard elle avait oublié son parapluie ce jour là), elle le trouva comme par miracle juste à côté de son appartement. Elle courait sous la pluie dans l’espoir d’arriver la plus sèche possible à destination mais quelque chose l’interpella : un chaton, que l’on remarquerait à peine vu sa couleur noire, errait sous la pluie complètement trempé. Elle s’approcha doucement de lui essayant de ne pas l’effrayer. Une fois à sa hauteur, elle s’abaissa doucement aussi sans faire de geste brusque et attendit que l’animal s’approcha d’elle. Ce qu’il fit au bout de cinq minutes. Il la regarda avec ses yeux d’un bleu d’un bleu magnifique, d’un regard désespéré et là, elle sut qu’elle était perdue et que le chaton finirait chez elle. Et ce fut effectivement le cas. Elle repartit chez elle trempée jusqu’à l’os mais avec le compagnon de ses rêves dans les bras. Ils ne se sont plus quittés depuis et cela fait presque 3 ans.

« Ok, ça va… Tu peux entrer ! Mais ne le contrarie pas… il mords ! » Elle passa devant lui doucement mais surement. Bizarrement, elle ne crut pas un poil à la dernière phrase de son voisin.
Une fois dans l’appartement, elle se dirigea tranquillement vers l’animal appelé John tout en regardant et en analysant l’appartement. Les meubles placé ainsi donné l’impression que cet appartement était plus petit que le sien, mais cela devait surement venir du fait que son salon à elle était encore rempli de cartons et non de meubles. L’espace, les meubles rendaient le lieu très masculin. A ce qu’elle pouvait voir, le brun étudiait l’art. Un domaine qu’elle appréciait beaucoup. Et apparemment, elle ne s’était pas trompée pour l’activité secondaire du jeune homme. Il y avait quelques pousses de la plante qu’elle convoitait. Tout en s’approchant très près du caméléon, elle retourna sa tête vers le garçon. « Tu habites tout seul ? »