Depuis qu’il était rentré chez lui, Lenny n’avait de cesse de faire les cent pas à travers son appartement. Par moment il essayait de se calmer, de s’asseoir quelques instants mais très vite, son petit manège repartait de plus belle. En réalité, il était bien trop préoccupé et même énervé pour se poser plus de trente secondes. Mais pour sa défense, Rudy venait de lui annoncer une nouvelle… de taille. Et comme à chaque fois qu’il se passait quelque chose d’important dans la vie de Lenny ces derniers temps, cette révélation concernait Quinn. Alors qu’ils avaient décidé tous les deux de garder le silence concernant leurs petits dérapages, la jeune femme s’était fait un plaisir de mettre au courant le deuxième Gavennham. Et aux yeux de Lenny, c’était une véritable catastrophe. Ca ne faisait que prouver à Rudy qu’une fois de plus, il avait déconné, et il lui avait menti. Ou plutôt, il avait préféré lui cacher le fait qu’il ait couché avec leur meilleure amie mutuelle. Bien sûr, son frère avait prit ça comme une trahison, et c’était bien légitime.
N’y tenant plus, le jeune homme décida finalement d’aller mettre les choses au clair avec la principale intéressée, et autant dire que cette entrevue promettait de faire des étincelles. Avant de quitter son appartement, Lenny fit néanmoins un crochet par sa chambre où les affaires ensanglantées de Quinn trainaient encore. En effet, les deux jeunes gens ne s’étaient pas recroisés depuis l’agression de la jeune femme, et elle n’avait donc pas pu récupérer les habits qu’elle avait laissés chez lui. En les serrant rageusement dans sa main, Lenny descendit les escaliers de son immeuble qui le conduirent jusqu’à la rue où était garé son van. Après avoir grimpé à bord de son véhicule, le jeune homme marqua un temps d’arrêt. Il ferma les yeux quelques instants, puis passa ses mains sur son visage tout en soupirant. Comment avait-elle pu lui faire ça ? En avouant leurs ébats à Rudy, elle l’avait trahi… tout comme il avait trahi son petit frère. Même si tout se mélangeait dans son esprit, et qu’il n’avait aucune idée de la marche à suivre pour se sortir de là, il devait la voir. Il fallait qu’ils s’expliquent, même si la conversation tournerait forcément en dispute.
En arrivant devant la demeure des Hepburn-Wilde, Lenny sonna sans réfléchir et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il se retrouva en face de la mère de Quinn. Ecarquillant les yeux, le jeune homme planqua brusquement les vêtements de son amie derrière son dos, et afficha un sourire des plus commerciaux pour faire bonne figure. Et il n’eut même pas besoin de prononcer le moindre mot pour se faire comprendre. « Aaaah Lenny ! Tu viens pour Quinn c'est ça ? Monte, elle est dans sa chambre ! » s’exclama Madame Hepburn-Wilde d’un ton relativement enjoué. Lenny hocha frénétiquement la tête en souriant, s’engouffra dans la maison et commença à gravir les escaliers en lâchant un bref : « Euh… merci ! » Mais en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, Lenny perdit son sourire et ouvrit brusquement la porte de la chambre de son amie. Posant un regard glacial sur elle, il se tut néanmoins pour lui laisser une chance de s’expliquer toute seule.
« Quiiiiiinn ? » « Hm ? » « Tu vas pas lâcher tes bouquins trente secondes pour faire semblant de t’intéresser à ce qu’on raconte ? » Je levai les yeux de mes pages remplies de notes à propos du programme officiel que j’allais devoir enseigner à ma nouvelle classe dans quelques jours à peine. Je fronçai les sourcils en posant mon regard sur Billie, puis poussai un soupir. Je n’aurais même pas dû prendre la peine de descendre pour avoir un semblant de vie familiale. J’aurais mieux fait de m’enfermer à double-tour dans ma chambre et d’y rester jusqu’à ce que quelqu’un se rende compte dans deux ou trois jours que je manquais à l’appel. « J’ai rien foutu de l’été. Là, si je retourne en cours, je vais seulement pouvoir dire à mes élèves qu’en Californie les gars ne sont pas tous surfeurs, blonds et musclés, que ce n’est qu’un mythe et qu’il ne faut pas y croire au risque d’être pire que déçu. Pas terrible hein ? » Je pourrais également leur faire part que prendre des initiatives n’était pas toujours la meilleure solution, surtout quand il s’agissait d’une situation bien trop compliquée et qui se révélait beaucoup trop périlleuse pour soi. Cela relevait de l’expérience personnelle. Ce fut au tour de Billie de soupirer, tandis qu’elle reprenait la conversation qu’elle avait commencé avec Haley. Elle ne me comprenait pas. Nous avions beau être extrêmement proches, elle ne réussissait pas à se mettre à ma place. J’avais des responsabilités depuis quelques années maintenant, alors que ma demi-sœur – de deux ans mon aînée – était encore étudiante, après avoir changé de cursus plusieurs fois. Elle ne savait pas ce que c’était, de devoir canaliser une classe en essayant de se rendre intéressant en parlant de sujets qui les ennuyaient à mourir. Et certes, Billie ne savait pas non plus pourquoi j’étais d’une humeur massacrante depuis quelques jours. Je m’étais bien gardée de lui raconter quoi que ce soit à propos des Gavennham. Tout raconter à Rudy à propos de Lenny et moi ? Check. Cela m’avait donné une leçon : c’était bien la dernière fois que j’allais parler des histoires de coucheries entre lui et moi à quelqu’un d’autre. C’était fini. J’avais rangé ma conscience au placard en jugeant que mon instinct de survie était certainement plus important dans cette affaire. « Je monte. » lâchai-je finalement. Je rassemblai mes affaires tant bien que mal, puis me levai du canapé en passant devant mes deux sœurs. Peter me regarda traverser le salon depuis ses playmobiles, et je montai les escaliers d’un pas lourd et peu motivé. A vrai dire, je n’avais pas réussi en l’espace d’une heure à avancer sur ce que j’étais en train de faire. Mon esprit ne réussissait pas à se défaire de la tête de Rudy quand je lui avais parlé de ce qu’il s’était passé entre son frère et moi. La scène se passait en boucle dans mon crâne. Je ne réussissais pas à me distraire, d’une quelconque manière que ce soit. Je balançai mes affaires sur mon lit, puis m’allongeai dessus en attrapant une feuille au hasard. Toutes ces notes remontaient à l’année dernière, quand j’avais consciencieusement préparé mon année. Je n’aurais qu’à tout réutiliser et espérer que cela ne se passe pas trop mal. Seulement, j’avais également en charge la classe de Russe de l’établissement. Bah. Je n’aurais qu’à improviser. Je restai là à fixer ma feuille sans la lire. Mon esprit était complètement ailleurs. Si loin que je n’avais même pas réussi à le suivre. Je ne réagis même pas quand quelqu’un sonna chez nous. Je n’écoutais même pas attentivement les paroles que ma mère avait prononcées à l’encontre de notre visiteur. Je n’avais pas l’intention de descendre le saluer. Après tout, ce n’était même pas quelqu’un que je connaissais. Ethan n’avait pas parlé de sortir, un peu plus tôt dans la journée ? Peut-être était-ce une personne venue le chercher. J’étais incapable de m’en souvenir. C’est seulement quand je vis la porte de ma chambre s’ouvrir toute seule que je me rendis compte que finalement, c’était peut-être pour moi. Je croisai le regard de Lenny. Je me redressai aussitôt. Immédiatement, je me précipitai sur lui pour le prendre par le bras et le faire entrer entièrement dans ma chambre, avant de fermer ma porte. « Qu’est ce que tu fous là ? Ca va pas de te pointer comme ça ?! Ya ma famille en bas j’te rappelle ! » Ma famille, oui. Cette famille de commères que je voulais tenir loin de nos problèmes pour éviter que tout Arrowsic soit au courant. Et puis, j’avais eu ma leçon avec Rudy. Mon regard se posa successivement sur son visage déformé par la colère, puis sur mes vêtements qu’il tenait dans ses mains. Je savais ce qui l’avait poussé à venir directement me voir ici dans cet état là. Ce n’était pas pour me rendre mes fringues sales. Ce n’était même pas pour récupérer ses vêtements à lui que j’avais gardé précieusement dans ma chambre. Oh non. Ce n’était pas son genre d’être furieux pour une histoire d’affaires non rendues. Oh que non… Rudy avait fini par demander des explications à son frère. J’avais attendu ce moment depuis que j’étais sortie de la boutique de sous-vêtement du cadet Gavennham. Je finis par lui prendre mes habits de ses mains, puis je les posai sur mon bureau. J’allais chercher les siens, tout propres et repassés, avant de lui lancer contre lui. « C’est bon, t’as repris tes fringues, j’ai récupéré les miens. Si t’es venu me parler de Rudy c’est même pas la peine. J'ai fait ce qu'il fallait. » Je n’en revenais pas, du culot qu’il avait eu de se pointer ici et de dire bonjour à ma mère comme si rien n’était. Je n’en revenais pas qu’il soit venu ici parce qu’il voulait parler d’un sujet sensible à trois mètres de ma famille. J’avais tord dans l’histoire, puisque je ne lui avais pas demandé son avis pour raconter un tas de choses à son frère. Cependant, mon sang bouillonnait. Le voir furieux contre moi pour ça me rendait folle.
Dernière édition par Quinn S. Hepburn-Wilde le Lun 17 Sep - 19:44, édité 1 fois
Lenny n’eut malheureusement pas le loisir de lancer son regard noir à Quinn bien longtemps. En effet, à peine était-il entré dans sa chambre que la jeune femme se précipita sur lui. L’espace d’un instant, il eut un énorme doute. Etait-elle bien consciente qu’il était là parce qu’il n’était pas content DU TOUT ? Ou bien croyait-elle qu’il venait la voir parce qu’elle lui manquait trop et qu’il ne tenait plus ? Mais bien vite, ses doutes se dissipèrent. Car le seul but de sa manœuvre était en fait de faire entrer Lenny au plus vite dans sa chambre, afin de claquer la porte derrière lui et ainsi de les isoler un minimum de la famille qui se trouvait en bas. « Qu’est ce que tu fous là ? Ca va pas de te pointer comme ça ?! Ya ma famille en bas j’te rappelle ! » Lenny resta bouche-bée devant un tel accueil, et ne put s’empêcher de répliquer, quitte à ce qu’on l’entende aussi à l’étage du dessous. « Hein ?! Et alors ? Tu t’es pourtant pas gênée pour aller voir la mienne ! » Et par « famille », il entendait bien évidemment Rudy. Car elle avait trahi le silence qu’ils s’étaient imposé depuis le début, et elle ne l’avait pas fait avec n’importe qui. Elle avait réellement choisi la pire des personnes pour cela, démontrant clairement à Rudy que son propre frère lui mentait à longueur de journée.
Sans rien demander, Quinn s’empara de ses habits sales, et lança littéralement ceux de Lenny sur lui. Il les attrapa au vol en fronçant les sourcils. Visiblement, elle les avait lavés… Lui avait été beaucoup moins précautionneux mais après tout, elle le connaissait, ça ne devrait pas la surprendre. Et puis la question n’était pas là et d’ailleurs, la jeune femme reprit rapidement la parole : « C’est bon, t’as repris tes fringues, j’ai récupéré les miens. Si t’es venu me parler de Rudy c’est même pas la peine. J'ai fait ce qu'il fallait. » En l’entendant, Lenny crut rêver. Comme si elle vivait sur une autre planète, ou qu’elle ne comprenait pas tous les enjeux que cela impliquait, Quinn était persuadée d’avoir prit la bonne décision. Et dans un sens c’était le cas, mais l’ainé des Gavennham se refusait à l’accepter. « Tu as fait ce qu’il fallait ?! C’est ce que tu crois, vraiment ? » lança-t-il en posant les habits qu’elle venait de lui balancer sur son bureau, lui signifiant du même coup qu’il n’avait pas du tout l’intention de quitter l’endroit sans avoir eu plus d’explications. « Putain tu lui as tout balancé sans rien me dire Quinn ! Mais qu’est-ce qui t’as prit ?! T’es devenue folle ou quoi ?! C’était pas à toi de lui dire, pas du tout ! Et puis c’était vraiment pas le moment ! » protesta-t-il encore en secouant la tête. Il soupira longuement en passant une de ses mains sur son visage, comme pour essayer d’y voir un peu plus clair dans le petit jeu de Quinn, alors que c’était apparemment impossible. Mais se laissant emporter une nouvelle fois, Lenny rebraqua ses yeux sur elle d’un air sévère. « Tu lui as dit quoi alors ? Hm ? J’espère au moins que tu lui as donné tous les détails, ça aurait été dommage de l’en priver ! »
J’étais en colère… En colère contre lui pour avoir eu l’audace de venir sonner chez moi alors que ma mère était en bas avec mes frères et sœurs. En colère contre lui pour être venu avec mes fringues sales à la main comme si c’était tout à fait normal de se pointer pour me rapporter des vêtements tâchés de sang sous le nez de ma génitrice, connue pour tout de suite s’inquiéter pour un rien et me couver comme si j’avais encore deux ans. Je lui en voulais également parce que je savais qu’il était là parce que Rudy lui avait dit. Je le lisais dans son regard. Il était furieux. Moi aussi. Tant mieux. Dans l’affaire, j’avais tord, lui aussi, donc nous étions presque quittes. Je l’attirai dans ma chambre avec empressement pour refermer ma porte le plus rapidement possible. Je ne voulais pas que notre conversation soit écoutée par des oreilles indiscrètes, et cette pauvre tentative était tout ce que je pouvais faire pour limiter les éclats de voix. Je lui fis une remarque acide à propos de son intrusion dans ma vie familiale ; cependant, il me répliqua immédiatement que j’avais fait de même avec lui. Très bien. L’atmosphère était fixée. Nous allions bel et bien parler de Rudy. Je levai les yeux au ciel, décidée à ne pas lui donner la satisfaction de répondre à cela, puis allai chercher ses vêtements que j’avais gardé suite à la dernière fois que nous nous étions vus. Ils étaient propres, repassés. Cependant, cela ne m’empêcha pas de lui lancer contre le torse, peu amène, avant de lui dire que maintenant il pouvait lever le camp, puisqu’il avait récupéré ce qui lui appartenait, que ce n’était pas la peine de me parler de Rudy puisque j’étais persuadée d’avoir fait le bon choix. Je savais qu’il n’allait pas bouger. Je savais que cela n’avait été qu’une excuse pour venir jusqu’ici. Je savais qu’il voulait me traiter d’inconsciente, d’abrutie, de tous les mots qui allaient pouvoir lui passer par la tête, me dire que je l’avais déçu, qu’il m’en voulait, que je n’aurais jamais du mettre au courant Rudy de nos ébats sans venir le consulter avant. Nous avions été une équipe, tous les trois. Une équipe fragilisée depuis des mois, certes. Cependant, j’avais certainement brisé quelque chose en prenant l’initiative qu’il avait été incapable d’avoir. Je lui avais rendu un service, au fond. Mais j’avais moi-même du mal à y croire. « Tu as fait ce qu’il fallait ?! C’est ce que tu crois, vraiment ? » s’écria-il, marquant une pause. « Putain tu lui as tout balancé sans rien me dire Quinn ! Mais qu’est-ce qui t’as prit ?! T’es devenue folle ou quoi ?! C’était pas à toi de lui dire, pas du tout ! Et puis c’était vraiment pas le moment ! » Il lança ses habits sur mon bureau, au dessus des miens qu’il m’avait rendu. Je ne l’avais jamais entendu prendre cette intonation avec moi, je ne l’avais jamais vu hausser le ton contre moi. Je levai les yeux au ciel, poussai un soupir d’agacement avant de lever une main pour désigner le mur, mais également son frère qui se trouvait à des kilomètres. « Justement Lenny, avec toi ça aurait jamais été le moment ! Tu n’aurais jamais été capable de lui dire, tu le sais très bien bordel ! » lâchai-je, la voix venimeuse. « Si j’étais venue te voir pour te consulter, t’aurais tout fait pour m’en empêcher. Avoue-le. T’es incapable d’assumer en face de ton propre frère. » Tout comme j’étais incapable de l’assumer face à ma propre famille. Je me répétai intérieurement que ce n’était pas pareil. J’avais passé mon enfance avec les deux frères Gavennham. Toutes nos histoires à deux concernaient forcément Rudy, de quelque manière que ce soit. Ma famille n’était pas impliquée là-dedans. Pas de la même manière que le frère de Lenny, en tout cas. Il me laissa un regard sévère, avant de s’emporter une nouvelle fois. Une remarque sarcastique. Lui avais-je raconté tous les détails ? Cela eu le don de me faire secouer la tête d’exaspération, puis je passai une main sur mes paupières pour essayer de me contenir. En vain. J’avais beau lutter, il m’énervait. Sa réaction m’énervait. Le fait qu’il ne me comprenne pas m’énervait. « Oh oui, bien sûr, je lui ai donné des details à propos de notre vie sexuelle ! Manquait plus que ça. Je lui ai même confié le temps que tu mettais pour me faire atteindre l’orgasme, ça va de soit. » Je lui lançai un regard noir. « Putain Lenny ! Je lui ai juste dit ce qu’il avait besoin de savoir. Ce que t’étais incapable de dire depuis des mois. » finis-je par dire. « J’ai fait ça parce qu’il le fallait, d’accord ? Il devait le savoir. J’en pouvais plus de nier la vérité. » Je lui tournai alors le dos pour m’avancer dans ma chambre, regarder par la fenêtre pour tenter de me calmer. C’était mal, de réagir au quart de tour. Cependant, j’avais tellement eu peur d’avoir un jour cette dispute avec lui que j’avais fini par me dire que cela n’allait peut-être pas arriver. Qu’il allait me comprendre. Qu’il serait peut-être compréhensif, soulagé que l’abcès soit enfin crevé, même s’il y allait avoir certaines conséquences à assumer. « Vaut mieux que ça soit moi maintenant plutôt que quelqu’un d’autre dans dix. » lançai-je d’une voix acide. Je me retournai vers lui, les bras croisés. Ca devait être un beau spectacle, en bas, pour ma famille. Lenny et Quinn. Après vingt ans à se connaître, ils s’engueulaient enfin.
Dernière édition par Quinn S. Hepburn-Wilde le Lun 17 Sep - 19:44, édité 1 fois
D’ordinaire si calmé et posé, presque impossible à énerver, Lenny devait aujourd’hui faire énormément d’efforts pour se canaliser. En même temps, on parlait là des deux personnes qui comptaient le plus pour lui, à savoir : celle qui jusque là avait toujours été sa meilleure amie, et son frère qui était bien plus que ça. Et en constatant que tout le petit monde qu’ils s’étaient construit tous les trois était en train de s’effondrer, après plus de vingt ans d’amitié, Lenny avait l’impression de perdre pied. Pour lui, il était tout bonnement impensable de s’éloigner de Quinn d’une quelconque manière que ce soit, et cet argument était encore plus vrai en ce qui concernait Rudy. Seulement voilà, depuis quelques temps il n’était plus vraiment le même, et il devait apprendre à composer avec un élément nouveau : son attirance irrémédiable pour Quinn. Et pour l’heure, on ne pouvait pas dire qu’il gérait très bien la chose. Dans son esprit, la jeune femme l’avait tout simplement trahi en précipitant les choses, en balançant toute leur histoire à la figure d’un Rudy certainement loin d’être préparé à ça. Alors à ce moment précis, Lenny trouvait tout à fait légitime de s’énerver comme il le faisait.
« Justement Lenny, avec toi ça aurait jamais été le moment ! Tu n’aurais jamais été capable de lui dire, tu le sais très bien bordel ! Si j’étais venue te voir pour te consulter, t’aurais tout fait pour m’en empêcher. Avoue-le. T’es incapable d’assumer en face de ton propre frère. » Jamais auparavant Lenny n’avait eu l’occasion d’entendre Quinn lui parler de cette façon, et il resta d’ailleurs bouche bée un instant. Au fond, elle n’avait pas tout à fait tort, et c’était bien ça qui le tracassait. « Tu comprends vraiment rien Quinn ! Ca aurait prit le temps que ça aurait prit, mais on aurait bien fini par trouver un moyen de lui dire ! Maintenant c’est foutu, t’as tout gâché avec tes conneries… » Rudy avait été blessé, vexé, et c’était bien normal. Même s’il devait avouer qu’elle avait été plus courageuse que lui sur ce coup-là, Lenny restait persuadé qu’elle n’avait pas du tout choisi la bonne méthode. « Comment t’as pu nous faire ça… » souffla-t-il sans même le vouloir. Il était déçu, tout simplement, et ne parvenait toujours pas à y croire. Puis soudain, il repensa à leur dernière entrevue et la colère qu’il ressentait ne fit que décupler. Après tout ce qu’il avait fait pour elle, l’inquiétude qui l’avait étreint… elle osait le trahir comme s’il était le dernier des crétins sans intérêt. Chose qu’il ne se priva d’ailleurs pas de lui dire : « T’avais pas le droit Quinn ! Quand tu m’as appelé l’autre jour je t’ai aidée, sans réfléchir ! Et toi, en guise de remerciement, t’es partie. Et maintenant tu me fais ça… Y’a vraiment un truc que j’arrive pas à suivre… »
J’usais mes arguments bien trop vite, j’en avais conscience. Je lui avais listé toutes les bonnes raisons que j’avais pour avoir tout balancer à son frère, accompagnée d’une voix venimeuse, sans avoir pensé une seule seconde à ce que j’allais bien pouvoir lui dire une fois que j’aurais tout déballé, à part reformuler les mêmes choses, encore et encore. Il allait finir par me coincer, j’en avais conscience. Cela me faisait presque peur. A la base, je m’étais cherchée toutes ces excuses principalement pour justifier mon acte à moi-même, et ce, sans même penser que j’aurais à les servir à Lenny un jour. Certes, j’avais su au moment où j’étais partie du magasin de Rudy que j’aurais le droit à cette conversation, à cette dispute. Mais je m’étais forcée à ne pas y penser, une fois encore. Je n’avais même pas osé imaginer comment son comportement et son ton allaient me rendre folle et furieuse. J’avais su que cela allait fatalement arriver. Je l’avais su. Cependant, j’étais incapable de me faire une raison. Je ne réussissais pas à me dire que je n’étais pas entièrement fautive. Je trouvais que j’avais autant de droit que Lenny d’être en colère. Je ne réussissais pas à me dire qu’il avait agi sur un coup de tête, qu’il était simplement venu parce qu’il était encore dans le feu de la situation et qu’il était encore énervé. Il n’avait pas eu le temps de peser le pour et le contre, il n’avait pas eu le temps d’avoir un regard objectif sur ce que j’avais fait. Je n’en avais pas non plus. Mais sincèrement, combien de temps aurait-il fallu qu’il s’écoule pour que nous puissions avoir une conversation d’adultes, une conversation posée et qui nous avancerait ? Nous n’avions jamais réussi à le faire. Ce n’était pas aujourd’hui que cela allait changer. Et puis, je n’étais pas résolue à lui donner raison. Pas cette fois. Pas à ce sujet. « Tu comprends vraiment rien Quinn ! Ca aurait prit le temps que ça aurait pris, mais on aurait bien fini par trouver un moyen de lui dire ! Maintenant c’est foutu, t’as tout gâché avec tes conneries… » Je poussai un violent soupir, agacée. Je lui tournai le dos pour essayer de reprendre mes moyens, mais tous mes efforts demeurèrent vains. Vraiment ? Il osait réellement me dire ça ? Lui qui avait été faible et qui avait préféré ne rien dire ? A l’heure qu’il était, j’étais persuadée que si nous avions opté pour sa méthode, Rudy serait toujours en train de baigner dans son ignorance. Et pour longtemps. « Je comprends rien, vraiment ? Je comprends certainement mieux que toi. » lâchai-je. « En tout cas, vas-y, je t’écoute. Quelle est ta miraculeuse méthode pour tout lui dire, hm ? Notre premier faux pas a été de ne pas lui dire tout de suite. C’était déjà mort d’avance, tu le sais ! » Je me raclai la gorge. « Vaut mieux que ça soit maintenant. Au moins, c’est pas aussi grave que si on avait encore attendu six mois. Tu le sais ! » J’étais persuadée de ce que j’avançais. J’étais peut-être pleine de tords pour 1) ne pas l’avoir consulté avant d’avoir foncé droit dans le magasin de son frangin 2) ne pas y être allé avec des gants en dentelle avec Rudy et 3) ne pas l’avoir averti une fois que je l’avais faite, mais il ne pouvait pas me dire que plus tard cela serait mieux passé. Il n’avait pas le droit. Lenny attaqua une nouvelle fois. Je me tournai vers lui pour planter mon regard dans le sien. Il me parla de la dernière fois que je l’avais appelé. De la manière avec laquelle j’avais fui. De la manière dont je le trahissais. Je sentis mon courage faiblir, mes jambes vaciller, mais je me saisis bien vite. « Peux-tu me dire en quoi ça concerne Rudy ? » demandai-je d’une voix lente. Je savais que je faisais tout de travers. Je savais que je ne faisais que rajouter de l’huile sur le feu. Cependant, je ne m’étais absolument pas attendue à ce genre de réplique. Je ne m’étais pas attendue à ce qu’il ait encore l’évènement en tête, suffisamment pour me le sortir une fois furieux contre moi. « Tu m’as embrassé, Lenny ! Tu voulais que je réagisse comment ? » finis-je pas dire. « Je ne pouvais pas faire comme s’il ne s’était rien passé ! Franchement, je suis vraiment reconnaissante pour ce que tu as fait et tout, mais ça… Non. Tu crois pas que c’est assez compliqué comme ça ? » Mon ton avait changé ; il était plus exaspéré, plus suppliant. Mon cœur battait à tout rompre contre ma poitrine, j’avais l’impression que nous n’allions pas en finir. Je n’avais pas l’habitude de me disputer, avec qui que ce soit. La dernière fois que le ton était monté de cette manière avec quelqu’un, cela avait été avec ma mère. En même temps, j’étais plus d’une nature à rire de tout. Je n’aimais pas les confrontations. Je perdais tout le temps. C’était frustrant. Et puis, là, c’était bien trop sérieux pour être pris à la légère. C’était encore pire. « Si tu veux te venger, vas-y. » lâchai-je, furieuse, désignant ma porte de chambre du doigt. « Vas dire tous mes secrets à ma famille, tout ce que tu veux, si ça te soulage. Mais tu n’as pas le droit de me dire que j’ai eu tord de tout balancer à Rudy. J’avais tous les droits. Tu le sais très bien ! » A vrai dire, je n’étais même plus sûre moi-même. C’était là tout le problème.
Dernière édition par Quinn S. Hepburn-Wilde le Lun 17 Sep - 19:43, édité 1 fois
Lenny en voulait à mort à Quinn qui avait eu le culot de tout balancer à son frère sans même le prévenir ni lui demander son avis. Mais dans l’histoire, la personne à qui il en voulait le plus, c’était bel et bien lui. Il se sentait coupable, et ce pour tout un tas de raisons différentes. D’abord, il était tout à fait conscient du fait qu’il aurait du tout avouer à Rudy bien avant que Quinn le fasse. Dès leur premier dérapage, Lenny aurait du aller voir celui qui avait toujours été son confident pour lui demander conseil, ou au mieux simplement soulager sa conscience. Mais il ne l’avait pas fait, et il n’avait aujourd’hui d’autre choix que de s’en mordre les doigts. Le second élément qui faisait que Lenny s’en voulait était tout simplement le fait d’avoir craqué pour Quinn. Elle était sa meilleure amie, et techniquement, ils n’avaient pas le droit de se considérer autrement. Et pourtant, ils avaient couché ensemble à plusieurs reprises, Lenny s’était même laissé allé à quelques gestes tendres qu’il n’avait jamais eut envers quelqu’un d’autre. Pour tout cela, il se maudissait intérieurement. Il avait fait le con, et se retrouvait désormais dans une impasse a priori insurmontable. Et pour preuve, cette dispute avec Quinn… Jamais auparavant ils n’avaient connu d’altercation aussi violente, et Lenny sentit immédiatement que quelque chose s’étai brisé. Rien ne pourrait jamais être pareil entre eux, et le jeune homme n’avait qu’une seule envie : celle de baisser les bras.
« Le seul et unique faux pas qu’on ait fait, c’est d’avoir couché ensemble Quinn. cracha-t-il d’un ton amer. Il était fatigué, dégouté, et définitivement résolu à en finir avec toute cette histoire. Il s’était connu bien plus têtu, mais cette nouvelle épreuve semblait être au-dessus de ses forces. Alors il tenta de se raccrocher aux branches, en évoquant avec un certain désespoir leur dernière entrevue. Tout ce qu’il en gardait était d’ailleurs de l’amertume et beaucoup de déception. Durant cette soirée, il avait eu l’impression que tout allait pouvoir s’arranger mais le lendemain matin, le revers de médaille lui avait fait mal. Très mal. Quinn et Lenny étaient officiellement irrécupérables, et cette constatation était d’une tristesse accablante. « Oui je t’ai embrassé, et je ne t’ai pas interdit de me repousser si tu n’en avais pas envie Quinn ! Mais rassure-toi, ça ne se reproduira plus ! » Il la fusillait du regard, comptant bien lui montrer à quel point il était furieux, pour lui faire regretter la trahison et la désillusion qu’elle venait de lui infliger. Lenny n’écoutait Quinn plus que d’une oreille tant son esprit était ailleurs, et il se contenta de secouer la tête en signe de résignation. « Quinn, c’est foutu. On ne pourra plus jamais être amis, et comme on ne peut pas être autre chose non plus… c’est plus la peine d’essayer, ni même de faire semblant. » Lenny se saisit alors à nouveau de ses vêtements, et lança un dernier regard douloureux vers la jeune femme. Tout au fond de lui, il gardait néanmoins un maigre espoir. L’espoir qu’elle ait une solution, qu’elle le retienne ou qu’elle le rassure. Mais il n’y croyait plus vraiment, et lâcha un long soupir avant de poser sa main sur la poignée de la porte que Quinn avait claquée quelques minutes plus tôt.
J’avais eu raison en disant à Rudy que c’était le bordel, dorénavant, entre Lenny et moi. Cependant, je me rendais compte que je n’avais rien arrangé. Au contraire, cela était comme si je m’étais appliquée pour que cela devienne pire encore. Mettre le bazar encore plus, c’était tout ce que je savais faire de toute manière. C’était tout ce que la pauvre petite Quinn faisait, depuis sa tendre enfance. Je ne voulais pas le perdre. C’était à peu près la seule chose dont j’étais certaine, à l’instant précis. Je ne savais pas où j’en étais, ni même ce que nous allions bien faire, mais j’étais persuadée que je n’allais pas pouvoir continuer ma vie sans qu’il y soit. Il avait toujours été là. Comment pouvais-je prétendre y arriver sans lui alors que je n’avais jamais réellement été toute seule ? Nous en étions arrivés à un stade où nous nous comprenions plus. C’était la première fois que cela arrivait, je ne m’étais pas attendu à ce que cela se passe réellement. Je m’étais toujours dit qu’au fond, Lenny allait comprendre mes motivations et inversement, puisque cela arrivait fatalement, même si nos disputes n’étaient jamais aussi violentes. J’avais pensé que nos colères respectives allaient forcément retomber. Et bien, non. Ce n’était pas possible, apparemment. Au fond de moi-même j’étais désespérée, malgré le ton acide que je pouvais utiliser, malgré les remarques furieuses, malgré tout. Il me reprit. Notre première erreur n’avait pas été d’attendre pour parler de nos histoires à Rudy, mais tout simplement d’avoir dérapé la première fois. Je demeurais silencieuse et interdite, incapable de faire autre chose hormis de le fusiller du regard. Il savait très bien que je ne parlais pas de cela. Rien que le fait qu’il puisse jouer avec les mots de cette manière pour me reprendre méchamment m’exaspérait. Cela me blessait, également. Puis il utilisa un nouvel argument de manière vicieuse, me reprochant d’être partie comme une voleuse alors qu’il avait été là pour moi. Je tentai de me défendre. Mais j’avais presque l’impression que cela ne changeait strictement rien. « Oui je t’ai embrassé, et je ne t’ai pas interdit de me repousser si tu n’en avais pas envie Quinn ! Mais rassure-toi, ça ne se reproduira plus ! » J’ouvris la bouche pour répliquer, mais aucune phrase ne vint. J’avais l’impression qu’il ne comprenait pas. J’avais réellement l’impression qu’il ne comprenait rien. Je le regardai donc secouer la tête avant de reprendre la parole, me disant que c’était foutu, qu’il n’y avait rien à faire et qu’il fallait arrêter de faire semblant. Je mis quelques temps avant de comprendre ses paroles. Suffisamment de temps pour le voir prendre ses affaires et se diriger vers la sortie de ma chambre. J’eus du mal à reprendre possession de mon corps pour me diriger vers lui. Je me glissai entre lui et la porte, mes mains dans mon dos emprisonnant ses doigts sur la poignée. Je lui lançai un regard implorant. « Tu peux pas partir comme ça. » lançai-je d’une voix brisée. Il ne pouvait tout simplement pas m’abandonner de cette manière. Il ne pouvait pas baisser les bras. Il n’avait pas le droit. Je ne voulais pas être toute seule à lutter, tenter de recoller les morceaux et faire des faux-pas. Je ne voulais pas être toute seule sans lui. Pourtant, c’était ce que j’avais fait la dernière fois. J’étais partie. « Tu n’as jamais pensé qu’il y avait forcément une raison si je t’avais laissé faire ? » demandai-je, le menton levé vers lui, alors que je me trouvai toujours entre lui et la porte, en lui barrant le passage d’une manière presque désespérée. « J’en mourrais d’envie. Puis j’ai eu peur. Pas simplement parce que c’était mal, parce qu’on recommençait à tout faire de travers, non. Mais parce que je me suis rendue compte que je t’aimais certainement plus qu’il ne fallait. » J’avais tenté de garder le peu de fierté qu’il me restait en prononçant ces paroles, mais je fus bien incapable de maintenir son regard. Je baissai le mien, prise de vertige, la respiration saccadée, alors que je sentais mes yeux s’humidifier. J’avais l’impression d’essayer de me raccrocher désespérément à quelque chose lors d’une chute qui me semblait être sans fin. J’étais égoïste. J’en avais conscience. Je n’agissais que dans mon propre intérêt, ignorant avec superbe ce que Lenny avait voulu faire. Peut-être souhaitait-il ne plus me voir. Peut-être considérait-il que tout ce qui nous arrivait était de ma faute. Peut-être en était-il arrivé à un stade où il me détestait. Simplement, je m’en foutais. Je m’en foutais royalement. Je voulais simplement qu’il reste. Qu’il reste pour moi. « S’il te plait, ne pars pas. Je préfère encore que tu me hurles dessus plutôt que tu t’en ailles comme ça. » Je serrais comme une perdue ses doigts sur la poignée de ma porte. Je relevai la tête vers lui, le regard fatigué. J’avais l’impression d’être seule à mener cette bataille… Que Lenny, lui, avait déjà rendu les armes.
Contre toute attente, Lenny lâchait l’affaire. Il baissait les bras, épuisé par cette situation, fatigué de courir après cette relation qu’il semblait avoir perdu avec Quinn. Elle n’était clairement plus sa meilleure amie, mais elle n’était pas pour autant devenue plus que ça. A vrai dire, le jeune homme ne savait plus vraiment comment la définir, dans quelle case la ranger, et ça le tuait. Alors, dans l’espoir que tout ça devienne moins compliqué et surtout moins douloureux, Lenny avait choisi la fuite… mais c’était sans compter sur la ténacité de Quinn. Avant même qu’il n’ait eu le temps d’ouvrir la porte, elle se précipita pour s’interposer, et attraper la main d’un Lenny au regard toujours aussi noir. « Tu peux pas partir comme ça. » En entendant l’intonation de la jeune femme, il ressentit une certaine tristesse, mais aussi et surtout une pointe de soulagement. Malgré leurs différents, et malgré l’abandon notable de Lenny, elle ne comptait pas le laisser partir aussi facilement. Ca n’arrangeait rien, bien au contraire, mais c’était un signal assez fort et important pour que le jeune homme stoppe son mouvement, et daigne rester quelques minutes de plus dans l’enceinte de cette maudite chambre.
« J’en mourrais d’envie. Puis j’ai eu peur. Pas simplement parce que c’était mal, parce qu’on recommençait à tout faire de travers, non. Mais parce que je me suis rendue compte que je t’aimais certainement plus qu’il ne fallait. » Cette fois, Lenny se figea et eut à peine la force de déglutir. Le mot était lâché, et même s’il ne l’en aurait jamais cru capable, Quinn avait avoué. Avoué une chose à laquelle il se refusait de songer depuis le début, et qui pourtant pouvait certainement expliquer un tas de choses. Elle l’aimait donc « plus qu’il ne le fallait »… et il ne savait même pas comment le prendre. Il aurait pu être ravi, la prendre dans ses bras et l’embrasser langoureusement, enfin libéré de toute cette pression qui pesait sur eux jusqu’ici. Mais au lieu de ça, il resta immobile, et totalement incapable de dire quoi que ce soit. Son comportement était celui d’un lâche et il s’en voulait pour ça, mais il ne trouvait définitivement pas le courage nécessaire pour faire mieux. Alors il la laissa continuer et se débrouiller seule, même s’il voyait qu’elle était mal à l’aise et surtout très affectée par cette petite visite qu’il lui rendait. « S’il te plait, ne pars pas. Je préfère encore que tu me hurles dessus plutôt que tu t’en ailles comme ça. » Malgré le fait qu’il tente de ne pas trop la regarder dans les yeux, Lenny devina sans peine que les yeux de la jeune femme étaient de plus en plus humides. Et c’est certainement cette constatation qui le fit craquer. Il ferma alors douloureusement les yeux, et laissa aller sa tête sur le côté, juste assez pour qu’elle se pose doucement contre la chevelure de Quinn. Toujours aussi immobile et silencieux, il huma pendant un long moment son parfum qu’il aimait tant, puis esquissa un semblant de petit sourire sans âme avant de chuchoter : « Euh… tu me fais mal là. Mes doigts… » En effet, elle était en train de broyer sa main contre la poignée de sa porte, et si elle n’arrêtait pas très vite, Lenny perdrait probablement l’usage de ses doigts dans les minutes qui suivraient.
Puis, pour éviter un nouveau silence pesant, Lenny décida de rebondir sur la dernière réplique de son amie. « Ecoute, j’veux pas te hurler dessus… Je… J’ai juste l’impression de te perdre. Et de perdre Rudy par la même occasion… Et je ne sais absolument pas quoi faire, je… je sais même pas s’il y a une solution pour tout ça. Je voulais pas que ça change… »
Je n’avais rien trouvé de mieux à faire que de l’empêcher de s’en aller. J’avais agi sur un simple coup de tête, je m’étais glissée entre lui et la porte sans y réfléchir. Il m’avait prise de court. La simple perspective qu’il me laisse là de cette manière m’avait fait si mal que j’en avais presque oublié que j’avais prié pour qu’il s’en aille au plus vite quelques minutes plus tôt. Son geste pour quitter la pièce m’avait fait réaliser que je ne voulais pas qu’il parte, que je ne voulais pas qu’il abandonne, qu’il m’abandonne moi. Je ne voulais pas qu’il finisse par devenir comme un étranger à mes yeux. J’étais dans tous mes états. Je me sentais mal. Je tenais prisonnière sa main entre mes doigts afin qu’il ne puisse plus esquisser le moindre geste, pour qu’il n’ait pas la marge de manœuvre pour ouvrir la porte et s’enfuir, tout cela dans un geste désespéré et inutile. Je me trouvais stupide, idiote, complètement paradoxale et insupportable, mais j’étais bien incapable de me contrôler, d’arrêter mes idées et mes pensées. J’avais l’impression de ne plus rien avoir sous contrôle. Je finis par ouvrir la bouche pour tout lui dire, ou presque. J’avais enfin eu le courage suffisant pour lui avouer que mes sentiments n’étaient plus les mêmes, que je ne le repoussais pas parce que je n’avais pas envie de le faire. Je me sentais presque mise à nue, faible, fragile. J’étais incapable de lever les yeux vers lui, incapable de rassembler un minimum de courage et de fierté pour maintenir son regard. Au lieu de cela, j’ajoutai que je préférais le voir rester pour me hurler dessus plutôt qu’il s’en aille sans un mot. Il ne répondit rien, laissant juste tomber sa tête sur le côté et effleurer mes cheveux. Cela ne fit qu’aggraver les choses. Je n’osai pas même un regard vers lui pour voir son visage et son expression. Puis il finit par parler. Et je fus déçue. « Euh… tu me fais mal là. Mes doigts… » Je me tournai légèrement pour observer sa main sous la mienne dans mon dos, et je lui libérai ses doigts après une demi-seconde d’hésitation. Oui, la simple idée qu’il en profite pour s’en aller m’avait effleuré l’esprit, mais j’étais bien vite revenue à la réalité. S’il essayait quoi que ce soit pour sortir de ma chambre, il n’aurait pas d’autre solution que de me trainer avec lui. « Pardon. » murmurai-je. Je ne levai pas la tête vers lui pour autant. Je n’ajoutai rien non plus. J’attendais qu’il réagisse, qu’il m’aide dans cette foutue détresse que je ressentais dans chaque parcelle de mon corps. Je ne voulais pas être toute seule et je l’obligeais à rester avec moi. C’était égoïste. Je m’en foutais. J’essayais de me convaincre qu’il aurait fait la même chose. Mais je n’étais même plus sûre de rien. « Ecoute, j’veux pas te hurler dessus… Je… J’ai juste l’impression de te perdre. Et de perdre Rudy par la même occasion… Et je ne sais absolument pas quoi faire, je… Je sais même pas s’il y a une solution pour tout ça. Je voulais pas que ça change… » Je levai les yeux au ciel en poussant un soupir, alors qu’une première larme coulait sur ma joue. Je l’essuyai presque avec rage alors que j’essayais de me reprendre. « J’avais pas spécialement envie que ça change non plus, tu sais. » lui répondis-je. J’avais été idiote de lui parler de sentiments. J’avais été idiote d’espérer qu’il me dise qu’il m’aimait aussi plus qu’il ne le faudrait. Je le connaissais. Je savais que c’était parfaitement le genre de choses qu’il était incapable de répondre, qu’il était incapable de me dire, à moi. J’avais fait le premier pas sur ce terrain sensible mais il ne m’avait pas suivi. Je ne réussissais pas à focaliser mon esprit sur autre chose que ça, j’en faisais une véritable fixation alors que j’essayais de rebondir sur ce qu’il venait de me dire. Je fermai les paupières, la tête toujours baissée. Je poussai un nouveau soupir. Je relevai la tête, me dégageant de lui toujours dans mes cheveux. Je plongeai mon regard dans le sien. « Je n’ai pas de solution, tu le sais très bien. Je ne sais pas quoi faire non plus. C’est pas comme un exercice de maths où tu pouvais me faire confiance en copiant parce que je trouvais toujours les bons résultats, Lenny. » dis-je, douloureusement. « Arrête de vivre dans le passé. Arrête de dire que tu aurais aimé que tout reste comme avant. On pourra jamais avancer. » Une phrase me vint en mémoire. Le passé c’est le passé, ça parasite le présent. Les indestructibles. Un jour, j’arrêterai de regarder des dessins animés avec mon petit frère. Je n’eus même pas envie de la sortir. Ou même de sourire en y pensant. J’avais l’impression que mon cœur pleurait. J’avais l’impression que mon cœur saignait. Chaque pulsion me faisait souffrir, comme s’il manquait quelque chose pour que tout se passe bien, comme si on m’avait arraché la moitié et qu’il était condamné à une lente agonie. Cette histoire m’affectait tellement. Je ne pouvais pas me résoudre de le laisser partir. Alors je m’accrochais. Je m’accrochais comme si ma vie en dépendait.
Depuis qu’il avait rendu visite à son frère, Lenny avait un peu l’impression de vivre un cauchemar éveillé. Ce dernier lui avait apprit que son petit secret jusqu’ici bien gardé avait été trahi par Quinn elle-même. Et autant dire que malgré leurs très nombreuses années d’amitié, elle n’était jamais parvenue à lui faire aussi mal. Juste quelques mots qu’elle avait lâché devant Rudy, et c’était toute l’existence du jeune hippie qui s’effondrait. Du moins, c’est la vague impression que toute cette histoire lui donnait. Il perdait du même coup les deux personnes qui comptaient le plus pour lui, et ça lui était tout bonnement insupportable. La solution la plus simple aurait alors été de s’éloigner d’eux, de s’isoler totalement pour repartir à zéro, laisser le temps agir et décanter tout ça… Mais Lenny avait été incapable de se contenir. Il avait foncé chez Quinn pour lui réclamer des explications, et sa petite visite s’était très vite transformée en véritable coup de sang. D’ordinaire si calme, si posé et pragmatique, le jeune homme assistait à sa propre « mutation ». Devant l’épreuve qui lui été imposée, il ne lui restait qu’à constater ses faiblesses : impossible pour lui de prendre la moindre des décisions.
Et c’était sans compter sur Quinn qui, loin de tout arranger, insistait pour qu’il reste près d’elle et qu’il ne fuit pas comme un lâche qu’il aurait préféré être à cet instant précis. Elle ne voulait pas que ça change elle non plus, mais il était désormais un peu tard pour s’en rendre compte. Lenny était bien conscient que le fait d’avouer ses sentiments, même à demi-mot, n’avait pas du être une chose facile. Mais il était aussi persuadé qu’il ne pouvait rien lui apporter en retour. Qu’aurait-il bien pu lui répondre de toute façon ? Lui qui ne savait même pas ce que signifiait vraiment le mot « aimer », lui qui n’avait jamais porté une très grande importance aux filles et qui pouvait se targuer de n’avoir jamais vécu une seule véritable histoire d’amour ? Il n’y connaissait rien, s’en contrefichait, et ce n’était pas prêt de changer.
« Arrête de vivre dans le passé. Arrête de dire que tu aurais aimé que tout reste comme avant. On pourra jamais avancer. » déclara la jeune femme après s’être détachée de lui. Et bizarrement, Lenny fut comme piqué au vif. Aussitôt, ses sourcils se froncèrent et son visage se ferma. Tout avait l’air si facile lorsqu’elle en parlait… Savait-elle au moins sur quel terrain glissant elle s’avançait ? « Qu’est-ce que tu veux que je fasse Quinn ? Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?! Tu dis ça comme si c’était évident, comme si ça allait tout arranger, mais ça ne marche pas comme ça ! » Le jeune se retourna et fila droit vers le lit, sur lequel il s’installa rageusement. Même les larmes qu’il avait vues sur les joues de Quinn semblaient ne lui faire aucun effet, trop absorbé qu’il était à vouloir trouver la solution-miracle. « Tu sais bien qu’on ne peut pas être ensemble de toute façon. A quoi ça sert d’insister ? » finit-il par lâcher en serrant la mâchoire, sans même accorder le moindre regard à son amie.
Sujet: Re: You, crazy girl ! ~ Quinn & Lenny Mer 3 Oct - 16:31
THINGS ARE NEVER GONNA BE THE SAME.
∞ LENNY&QUINN
Je lui avais demandé de rester pour ne pas me sentir seule, pour qu’il ne m’abandonne pas. Cependant, je commençais à me rendre compte que mon geste avait été vain, malgré tout. Je n’étais pas seule physiquement, non... Mais la personne présente à mes côtés n’était pas lui. Ce n’était pas Lenny. Cela faisait déjà de longues minutes qu’il m’avait laissé toute seule, que son esprit tout entier m’avait abandonnée là. Cela faisait déjà de longues minutes que j’essayais en vain de lui faire comprendre des choses et d’attirer son attention, d’espérer qu’il m’en dise d’autres et que nous puissions trouver un terrain d’entente sans continuer à nous chamailler comme des gosses bornés. Mais il était bloqué. Il faisait des fixations sur des choses, il ne réussissait pas à aller au-delà comme j’essayais de le faire – peut être sans grand succès – depuis que je l’avais retenu. S’il s’était lentement laissé glisser contre moi, c’était simplement pour se plaindre une nouvelle fois, me dire qu’il aurait aimé que rien ne se passe. Encore une fois. D’une manière inexplicable, j’avais l’impression qu’il m’en voulait, mais pas pour les bonnes raisons. Ce n’était pas à cause de tout ce que j’avais pu dire à Rudy qu’il avait ce visage fermé ; je le sentais. Je m’en rendais compte. J’avais l’impression qu’il était en colère après moi parce que j’avais essayé de lui faire comprendre que mes sentiments avaient changé. Après tout, nous n’étions plus dans les non-dits, non. Je lui avais parlé de ce que je ressentais. Il ne pouvait plus faire comme si tout allait bien de ce côté-là. Il ne pouvait plus se comporter comme lorsque tout était implicite. Je rajoutai quelque chose, lui reprochant presque de vouloir vivre dans le passé. Il réagit au quart de tour. J’avais l’impression de souffrir intérieurement, et il ne trouva rien de mieux à faire que de m’envoyer un millième regard noir. « Qu’est-ce que tu veux que je fasse Quinn ? Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?! Tu dis ça comme si c’était évident, comme si ça allait tout arranger, mais ça ne marche pas comme ça ! » Je levai les yeux vers lui, le regard assassin. Il ne se rendait pas compte du mal qu’il pouvait me faire en disant tout cela. Il ne se rendait pas compte à quel point cette situation me faisait souffrir moi aussi. J’avais l’impression d’être toute seule à lutter. Je détestais cela. Je détestais me dire qu’après vingt ans, il avait enfin fini par m’abandonner. Il n’était qu’un homme. Je n’étais qu’une fille de plus. Je ne dis rien. Je l’observai simplement s’assoir sur mon lit, le visage aussi fermé que le sien, cherchant à retenir mes larmes pour ne pas lui donner la satisfaction de voir qu’il me blessait bien au-delà de ce qu’il pouvait imaginer. « Tu sais bien qu’on ne peut pas être ensemble de toute façon. A quoi ça sert d’insister ? » Ce fût la phrase de trop. La phrase qui me débloqua de ma semi-transe. La phrase qui fit exploser tout ce que j’avais bien pu penser depuis qu’il était arrivé et surtout depuis que j’avais osé que je l’aimais plus qu’il ne le fallait. J’avais l’impression qu’il ne comprenait strictement rien, qu’il faisait presque exprès de ne rien comprendre, même. Je me dirigeai vers lui dans un mouvement, puis je plantai mon regard noir dans le sien, la colère visible au plus profond des pupilles. J’avais tellement mal. Mon cœur se déchirait dans ma poitrine. C’était la première fois de ma vie que cela me faisait cet effet là… La première fois de ma vie que je me sentais aussi démunie, aussi sensible. Je lui en voulais. Tellement. « Ca sert à quoi d’insister ? Ca sert à quoi d’insister ?! » répétai-je, la voix plus aigue que d’ordinaire, pleine de sarcasmes. Je lui donnai une gifle. Directe, d’un mouvement sec, tandis que les larmes coulaient toutes seules sur mes joues. Je cherchai à tout prix de l’atteindre à mon tour, de l’atteindre comme il pouvait m’atteindre, moi. Je voulais presque lui faire du mal. J’étais d’un ridicule à faire peur. Mais j’avais été la première à être surprise de mon geste. Je ne m’étais jamais cru capable de lever un jour la main sur lui. « T’es qu’un lâche Lenny, un putain de lâche ! » m’exclamai-je. « T’es incapable d’assumer quoi que ce soit et tu passes ta vie à fuir. Fuir. Fuir. Fuir. T’as préféré cacher la vérité à Rudy plutôt qu’affronter la situation, tu refuses même d’écouter tout ce que je t’ai dit parce que c’est tout de suite trop sérieux, trop compliqué pour toi. Tu vas nous perdre tous les deux, tu sais. Tout simplement parce que tu n’acceptes pas d’avancer et que tu préfères opter pour la facilité plutôt que faire des choix. Ca me tue. » Je portai une main à mon visage, regardai ailleurs en essayant de me calmer. Je fermai les paupières pendant quelques instants. Je savais que ce que ce que j’avais pu lui dire ne servirait à rien. Je savais que cela n’allait pas le changer. J’avais simplement l’impression d’évacuer la colère que je ressentais, la souffrance aussi. Mais j’avais si mal. Mal à en crever. « Laisse tomber. Tu veux pas comprendre de toute manière. » Je pris une grande inspiration. J’ouvris les yeux. Lentement, j’essuyai mes joues du revers dans la manche. Je ne posai pas mon regard sur lui. Hors de question. Qu’il aille crever.
Sujet: Re: You, crazy girl ! ~ Quinn & Lenny Ven 5 Oct - 21:52
Même si Lenny s’était laissé aller l’espace de quelques secondes à un rapprochement avec Quinn, même si l’idée que tout pouvait s’arranger lui avait traversé l’esprit, il en revenait finalement toujours à la même conclusion : ils étaient foutus. Leur relation était foutue, qu’elle soit amicale ou non, plus rien ne semblait pouvoir marcher entre eux. Et pourtant, il aurait voulu être capable de dire l’inverse. Etre capable de trouver LA solution pour les sortir de là sans trop la blesser, sans trop se blesser lui-même. Mais à chacune de ses tentatives, la réalité le rattrapait. Et le fait que Quinn ait encore précipité les choses en avouant leur histoire à Rudy n’avait rien arrangé, bien au contraire. Désormais, ils ne se comprenaient plus. Lenny avait presque l’impression d’être en face d’une étrangère, et ç ale tuait. Lui-même ne se reconnaissait pas, et était pourtant totalement impuissant devant cette espèce de lâche qu’il était devenu. Comme si plus rien ne pouvait l’atteindre, les regards assassins que Quinn lui lançait se contentaient de le transpercer de part en part, ne provoquant aucune réaction notable. Lenny était éteint, littéralement. Au comble de sa déception et de son désespoir, il se laissa d’ailleurs choir sur le lit de son amie en prenant bien soin de lui faire comprendre qu’il n’avait plus aucun espoir.
Et c’est précisément cette phrase qui sembla changer la donne. Piquée au vif, Quinn s’approcha de lui en lui lançant un regard de plus en plus noir. « Ca sert à quoi d’insister ? Ca sert à quoi d’insister ?! » cracha-t-elle en laissant clairement paraitre son émotion. Puis, sans qu’il ne voit rien venir, une gifle monumentale vint s’abattre sur la joue de Lenny… qui resta immobile. Complètement impassible, il venait d’encaisser la toute première « réelle » gifle que Quinn avait osé lui flanquer. Jamais ils n’en étaient arrivés là, jamais elle n’avait éprouvé le besoin de lever la main sur lui. Mais ce geste ne faisait qu’apporter une confirmation au jeune homme : quelque chose s’était brisé, et vouloir recoller les morceaux à tout prix n’était peut-être pas la meilleure des solutions. Certes, il était blessé par ce geste. Il s’en voulait aussi d’avoir été à l’origine de tout ça car quelque part, c’était de sa faute. En refusant de passer au-dessus de ce qu’il prenait comme une trahison de la part de Quinn, en refusant d’avouer ce qu’il ressentait vraiment, il les avait poussés à atteindre ce qui ressemblait fort à un point de non-retour. Quinn pleurait, elle lui criait dessus, mais lui se contentait de regarder droit devant. Comme si son esprit était ailleurs et que seul son corps se trouvait dans la pièce, il n’était plus qu’une ombre. Un spectre incapable de dire ou même de faire quoi que ce soit. La voir pleurer lui était en règle générale insupportable et cette fois, il ne bronchait pas. D’ailleurs, il n‘écoutait même plus ce qu’elle lui disait. Et c’est sans même savoir si elle en avait terminé ou non qu’il se releva, la contourna et quitta la pièce sans un mot, ni même un regard. Lenny claqua la porte d’un coup sec, et descendit la volée d’escaliers à toute vitesse pour pouvoir enfin quitter la maison et oublier tout ça. Oublier, passer à autre chose, changer d’air, c’est définitivement la seule chose dont il avait besoin à ce moment précis…