La journée avait été longue. Et tout ce que j’avais voulu c’était me détendre. Boire un verre et rentrer. Retrouver ma femme. Celle que la petite gossip du web voulait tant voir. J’avais oublié son nom. Mais j’avais retenu ce qu’elle avait dit. Sur moi. Sur les autres. Cette gossip faisait plus de mal que de bien. C’était certain. Enfin, rassurez-vous, ce n’était pas pour elle que j’étais ici. Le but était d’oublier que je venais de perdre un tout petit patient. Qu’un bébé était mort. Il était mort parce qu’il était trop fragile pour résister à une opération si lourde. Mais, sans opération, il allait mourir aussi. Il était condamné. Alors, oui, j’étais là pour ça. Pour profiter de l’ambiance. Boire un verre. Oublier ce tout petit corps entre mes mains.

Un puis bruit. Soudain. Désagréable et gênant. Un bruit inconnu. Tout le monde se regardait. C’est fou, plus personne n’osait parler. Plus personne n’osait agir. Du moins pendant quelques secondes. Parce qu’après c’est à nouveau de brouhaha. Qu’est-ce que c’était ? C’est peut-être un accident de voiture ! Mais non t’es bête ! Bref, ce bruit, c’était le sujet de conversation. Et je crois entendre ma voisine. Qui me semble alors bien curieuse. Aller voir ? Je n’étais pas tout à fait certain que ce soit une bonne idée. « Je serais vous, je resterais là… ». Je savais que cette belle métisse n’avait aucune raison de m’écouter. Mais je posais mon regard fermement sur elle. « Vraiment, je ne crois pas que ce soit une bonne idée… ». Parce que ce bruit, il ressemblait à ceux qu’on entend dans les films policier. A un coup de feu. J’espérais vraiment me tromper. Mais si tel n’était pas le cas, je ne voulais pas qu’elle soit la suivante. Et en fait, si elle se levait, j’allais la retenir. C’était plus fort que moi. Je me prenais pour dieu. Déformation professionnel.

Et là une espèce de bourré se met à crier. « PUTAIN LES EXTRATERRESTRES ON DEBARQUES ! ». Oh putain, il devait être bien plein lui. Tout le monde se mit à hurler. A brailler. Sans que je ne puisse comprendre pourquoi. Je regardais ma voisine, sait-on jamais, si elle captait mieux que moi.

Je n’aurais pas dû être insistant. Ni m’emmêler. J’aurais dû la laisser aller vori ce qu’il se passait. Mais, non. Je voyais assez de sang comme ça chaque jour. Je n’avais pas envie de me dire que je n’avais rien fait. Que cette jeune femme voulait faire une chose dangereuse et irréfléchie et que j’étais resté là. Avec mon verre d’alcool. J’étais incapable d’agir de la sorte. « Je devrais vous écouter parce que... ? ». Parce que… la réponse arriva bien vite. Et ce n’était pas moi qui l’avais prononcé. Une jeune femme venait de rentrer, visiblement blessée alors que l’autre criait aux extraterrestres. Et ça ne suffisait pas. Non, non, une nana blessée, ça ne suffisait pas. Fallait qu’une gamine en rajoute une couche. Elle avait trop bu ? J’osais espérer que c’était le cas. Parce que si elle s’en prenait comme ça à quelqu’un qui venait de se prendre une balle. C’était moyen. « Hey toi ! Oué toi là ! J'parle bien à toi la girafe blonde ! Alors, ça va tranquille ? T'aimes te servir des autres pour te protéger de je-ne-sais quoi ? Sale égoïste... Peut-être que si tu t'excuses, j'serais plus gentille avec toi... Et encore, j'en doute.. ». Elle était sérieuse là ? Ok la grande blonde l’avait peut être utilisée comme bouclier. Mais fallait relativiser, elle n’avait rien. « J'ai la légère impression que ça ne finira pas en beauté entre les deux. Mais, qu'est-ce qu'elle a à l'épaule ? ». Je regardais alors ma voisine, j’étais content qu’elle soit restée là. Vraiment. Je ne m’en voulais plus d’avoir insisté. « Je crois que la petite querelle devra attendre, j’ai bien peur qu’elle ait une balle dans l’épaule… ». Je lui lançais un regard sérieux. Genre je ne blague pas. Avant de me lever et de me diriger vers les deux blondes. « Hey, les filles, on se calme, je peux voir votre plaie ? Je suis médecin… ». Je n’allais pas préciser que j’étais chirurgien pédiatre. Parce les gens avait tendance à croire que je ne savais que pouponner. Ce qui était de la connerie. Je me tournais alors vers la jeune blonde. Celle qui pétait un câble. « Tu peux me dire ce qu’il s’est passé ? ». Je regardais la plaie cette fois, maintenant qu’elle avait retiré sa main. La balle était bien profonde puisque invisible à l’œil nu. Elle s’était logée là où je ne pourrais pas la retirer. « Quelqu’un connait la gérante du bar ou sait où est-ce qu’on pourrait trouver des compresses, et tout ce qui pourra désinfecter la plaie. ». L’avantage c’est que la balle n’était qu’à l’épaule. Que si j’avais des compresses l’hémorragie ne serait pas trop grave. Elle n’était pas en danger. A moins de complications. Mais on allait dire que non. Quoique… aucun alcoolo ne voulait bouger son cul. Je regardais celle qui avait été ma voisine, elle avait l’air d’être la seule qui ne se contentait pas de regarder la scène la bouche ouverte.