Dimitrova ● Zori Loneleï ● Dix-neuf ans ● Quatorze mars, à Krumovgrad ● Bulgare ● Mécanicienne ● Hétérosexuelle ● Célibataire, entre autre ● Aimee Teegarden ● Filthy Youth
☂I'LL NEVER WRITE A SONG.
Aucun bruit dans la baraque, aucun son si ce n'était le tic tac régulier de la grande horloge du salon. Celle-ci m'avait toujours énervée et j'en venais à me demander ce qu'elle foutait encore là puisqu'elle n'avait aucune valeur aux yeux de mon frère & moi. Elle était déjà là lorsqu'on avait acheté cette petite maison, histoire de nous délivrer de l'enfer qui nous avait consumés pendant plus de deux mois. Alors quelque part, peut-être était-ce son logis, peut-être n'étions nous que ses invités. Tic tac. Ce putain de bout de bois ciré avec beau être chez lui, j'allais finir par me niquer les poings dessus s'il ne cessait pas rapidement ses battements. Même mon cœur complètement fripé ne battait pas aussi régulièrement, de façon si impériale. Moi ? J'étais munie d'un organe gorgé de sang plus défectueux qu'autre chose, un organe gorgé de sang qui ne pulsait correctement qu'une fois sur dix. Pas de chance, aujourd'hui, c'était le neuf dixième qui s'était imposé. Deux heures que je faisais les cent pas dans ma chambre, m'arrêtant chaque fois devant la fenêtre, scrutant la rue en espérant voir sa silhouette se dessiner dans la pénombre de la nuit. Deux heures que je tournais en rond alors que le monde lui continuait de filer droit sans moi, sans prendre le temps de s'arrêter un instant pour me laisser reprendre mon souffle. Mon cœur battait certes douloureusement, mais mes poumons avaient encore besoin de vivre -ou survivre- merde. J'avais besoin d'air, moi aussi, rien qu'un peu. Le monde se changeait lentement en fosse à purin et nous l'y aidions sans aucun remord, tous trop centrés sur nous-mêmes pour admettre que nous n'étions rien de plus que de vulgaires assassins aveuglés par un espoir inexistant, un espoir imaginé de toute pièce par quelques hommes effrayés par la hausse du taux de suicide. Nous étions capable de travailler sans relâche, de manger à notre faim, de faire rire les autres. Nous étions capables de donner environ la vie à trois personnes, mais nous étions surtout capables d'en tuer plus de six milliards. Qu'auraient pensé tous ces crétins d'hommes bien placés en entendant la satyre que je faisais de cette Terre mourante ? M'auraient-ils ri au nez ? Non, ils auraient fermé leur grande gueule et auraient continué à vivre leur vie de misérables rêveurs. Ils auraient simplement participé à notre mort commune. Alors, franchement, on en dit quoi du taux de suicide, quand on sait pertinemment qu'on se jette dans la gueule du loup, moutons que nous sommes ?
Mon front s'était posé contre la vitre et je devinai qu'une trace de peau s'y logeait désormais, fière au milieu des empruntes manuelles. Je commençais à saturer parce que l'attente se faisait beaucoup trop longue pour une impatiente dans mon genre, parce que le tic tac de l'horloge rebondissait contre les parois de mon crane et me donnait la nausée, parce que je souhaitais me perdre dans les yeux de mon frère tout de suite, m'y perdre assez loin pour ne plus revenir. Revenir... Où ? Ici ou là-bas, je n'en étais plus très sûre à présent. Toutes les certitudes que j'avais un jour eues semblaient s'effacer au gré du temps qui passait et ne se retournait jamais, au gré des gens qui fuyaient ma vie tandis que j'y étais raccrochée comme un cordon ombilical au centre de la Terre. Je mettais de plus en plus de temps à mettre des images sur les ébauches de ces moments qui avaient forgé la fille que j'étais désormais. J'avais de plus en plus de mal à faire sortir des oubliettes ces esquisses de sourires et de petits bonheurs qui m'avaient portée jusqu'ici. Je refoulais sans m'en rendre compte mon passé, Krumovgrad et ses paysages fabuleux, mes parents... Je repassais en noir depuis des mois tout ce qui s'évertuait à me rappeler que j'aurais pu être partout, que j'aurais dû être partout sauf ici. Parce qu'ici, ce connard qui est aux cieux ne viendrait jamais sauver mon âme. Parce qu'ici, je faisais entrave aux lois morales en me laissant aller contre le corps dénudé de mon frère. Parce qu'ici, je me laissais lamentablement crever d'avoir trop aimé, d'aimer trop encore. Mes paupières se firent lourdes, si lourdes qu'elles finirent par se fermer tandis qu'en moi s'immisçaient de nouveau les sensations qui m'avaient habitée ce soir d'hiver où, sans comprendre que cela nous perdrait, j'avais fui ma vie et suivi mon frère à l'autre bout du monde.
Ce que tu ne sais pas, c'est comme c'est dur d'entendre ce téléphone qui ne sonne pas, comme ça fait mal de regarder ces photos en voulant qu'elles s'animent, comme je me fatigue d'attendre quelque chose qui ne (re)viendra pas, comme c'est étrange de sentir ma main se refermer sur du vent, comme c'est déroutant de me réveiller seule avec mes oreillers. Ce que tu ne sais pas, c'est à quel point c'est impossible de réaliser que c'est fini, et qu'il ne surgira pas soudain d'un placard déguisé en lutin en riant de sa mauvaise plaisanterie.
J'attrape un sac et je le balance maladroitement sur le lit parce que je n'ai pas le temps. Je dois faire vite pour ne pas le louper, je dois me dépêcher parce que sinon, ce petit con va s'en aller vivre une vie de bohème sans moi et que je le lui interdis. Ça a mis du temps à monter jusqu'au cerveau et je me sens tellement conne que j'en ai mal à la tête. Parce que ça se voyait comme un nez au milieu de la figure et que je n'ai rien observé. Parce que mon égoïsme m'a complètement fait zapper le fait que nous étions deux dans l'histoire, que tout ne tourne pas qu'autour de moi. Je ne suis pas le centre de la Terre, bordel, je ne suis qu'un pion qui finira à genoux, comme tous les autres. Mais quitte à tomber, quitte à m'écorcher les genoux et à saigner ma haine, je choisis de le faire en tenant la main de mon frère, ou petit ami, je ne sais plus très bien. J'suis incapable de penser correctement, encore moins foutue de penser par moi-même. Du moins pas cette nuit. Je sais seulement que je n'ai pas le temps de prendre mon temps, que ce connard qui nous fait crever chaque seconde un peu plus se joue de moi et ne m'attendra pas. Alors je ne réfléchis pas : je balance tout ce qui me tombe sous la main dans le sac, en commençant par les fringues. J'attrape, j'enfonce dans la toile, et je recommence, de plus en plus vite car la boule qui s'est logée dans mon ventre s'évertue à me rappeler que si je n'avance pas, je risque de me retrouver seule. Seule au monde, seule dans mon monde fracassé par l'absence d'un frère jumeau, d'une moitié. Il n'y a plus de place et pourtant, j'aurais aimé prendre quelques souvenirs, histoire de ne pas oublier que si jamais tout se casse la gueule, il y aura Krumovgrad comme attache à la vie.
Voilà, je boucle mon bagage et je perds quelques secondes de plus, rattrapée par les photos accrochées sur les murs dans ma piaule. Je me sens condamnée, prisonnière par ce qui se déroule devant mes yeux, par ce que je vais faire. Dois-je prévenir mes proches, ne serait-ce que Barciok, ma meilleure amie ? Non. Je n'ai pas une minute à perdre. Je dois juste détaler et foutre les pieds sur le port avant que le convoi ne s'en aille à l'autre bout du monde. Pas suffisamment d'étendue pour m'autoriser un passage chez elle. Alors tant pis si je me fais la belle comme une pauvre fille, tant pis si d'ici demain, tout le monde m'appellera Zori la lâche. Tant pis si je manque à quelqu'un, et puis tant mieux si je ne manque nulle part, à personne. C'est décidé. Je sors de ma chambre et l'idée se fortifie : Au revoir la Bulgarie, je fous le camp. Où ? Aucune idée, mais je m'en branle parce que je vais marcher dans les pas de mon frère. Et que c'est ça, le bonheur. Mes pas se font marteaux et je dévale les escaliers sans penser à mes vieux qui dorment juste au dessus. De toute évidence, je me fous de tout ce qui les concerne et quelque part, ils sont bien les seuls que je ne regretterai pas. Parce qu'en repensant à l'éducation qu'ils nous ont donnée, en me souvenant des coups sur le front chaque fois qu'on faisait un faux pas dans ce monde où seules les apparences comptent, j'ai la gerbe qui me monte à la gorge. L'envie de vomir mon enfance, le désir de dégobiller toutes ces bonnes manières qui n'auront jamais permis à mon frère et moi de vivre paisiblement. Ne mets pas tes coudes sur la table. Prends la bonne fourchette pour manger ton poisson. Déplie ta serviette correctement. Met la robe blanche qui est sur ton lit. Va saluer les invités. C'est l'heure du thé. Vouvoie ton interlocuteur. Souris aux gens que tu croises. Tout ce qu'ils ont réussi à faire, en dix-sept ans de vie commune, c'est voler nos sourires et faire de nous des robots de gosses parfaits. Qu'ils agonisent dans leur bassin de fric et de sourires hypocrites, ces deux cons.
Le froid finit par me transpercer, ma peau se durcit et devient légèrement bleue. Dans ma précipitation, j'ai oublié de prendre un manteau, de quoi me réchauffer le corps, le cœur, l'âme toute entière. C'est trop tard maintenant. Je balance mon sac sur mon épaule et je commence à fouler le sol bulgare une dernière fois. Je cours de plus en plus vite, je cours à en perdre haleine et je tente tant bien que mal de rattraper le temps qui a une longueur d'avance sur moi. Mes côtes se serrent, mon souffle se fait court mais je ne m'arrête pas. Parce que si je dois m'étaler sur la pierre, ce sera de mort. Mes poumons s'atrophient, la nausée me salue et mes entrailles se déchirent mais peu importe. Je ne contrôle plus rien, c'est une force inconnue, plus forte que moi, qui me pousse dans le dos et fait bouger mes jambes à une allure folle. J'ai la sensation de me battre contre le vent, contre l'effervescence de cette nuit complètement noire, contre mon frère aussi, bien que ça, je ne veuille pas l'avouer. Et voilà, ma course s'achève et je parcours les derniers mètres tout en respirant fort pour calmer ma poitrine qui hurle au repos éternel. Ça ressemble à un vieux bruit d'aspirateur âgé, ça fait presque pitié, ça implore la compassion alors quitte à être ridicule, autant l'être jusqu'au bout.
Épaules voutées, je m'approche de la silhouette de mon frère qui se dessine près du bateau. Je la reconnaitrais entre mille et une autres silhouettes, je la devinerai dans un noir total s'il le fallait. Parce que je la connais sur le bout de la langue, des yeux, des mains depuis que nous avons fait l'amour, ou plus encore. J'y suis, je suis juste derrière lui et je saisis qu'il m'a reconnue, qu'il a deviné qu'il s'agit de moi. Il ne se retourne pourtant pas, et j'en viens à me demander si je rougis ou si c'est ma course effrénée qui a teint mes joues. Je cherche à savoir si c'est le vent qui m'a fouetté le visage qui noie mes yeux ou si c'est l'ignorance de Aleksi qui me donne envie de verser des litres de flotte. Mais c'est trop tard mon Amour, tout est trop tard. Que ce soit pour me récupérer, me quitter, m'aimer, me haïr ou bien encore me forcer à fuir, rester, vivre ou mourir. C'est trop tard Aleksi. Parce que je suis là, que j'ai morflé pour venir, que je morfle depuis le début et que j'ai décidé d'arrêter. D'arrêter quoi ? D'être la fille que tout le monde veut que je sois. Et tant pis si ça ne te plaît pas, tant pis si l'envie de m'étrangler te force à serrer les poings, je ne reviendrai pas en arrière. Alors c'est simple, tu as le choix : tu peux m'étrangler, me tuer ici et partir à la conquête du bonheur seul. Ou bien tu peux me laisser monter dans ce foutu bateau de matelots et on verra bien où tout ça nous mène. Parce que tu sais, ça se voit dans tes yeux, que tu n'as aucune destination et que tu comptes errer dans la vie. Au lieu de lui dire tout ça, au lieu d'ouvrir la bouche pour laisser ces quelques phrases frapper le silence et le foutre KO, je le double, silencieuse, sans me retourner pour m'enfoncer dans son regard qui doit être terne, plus terne encore que l'obscurité qui nous enveloppe. « Zori Loneleï Dimitrova. Donnez moi toutes les corvées du monde s'il le faut, mais laissez-moi monter. » Ils m'observent, ils me jugent, et finalement, ils acceptent de me laisser monter dans l'épave parce qu'ils ont bien compris que j'y ai aussi ma place, que je traîne un fardeau comme on traîne des pieds et que les épaves, moi ça me connait.
Pas un mot, rien. Le bateau vogue à la surface tandis que moi je me noie sous l'absence de paroles. Plus de deux heures qu'on est là, assis l'un en face de l'autre, à se scruter en chiens de faïence. On fait peur à voir mais je ne suis pas certaine que lui l'ait remarqué. Son regard est voilé par la colère et je devine aisément que je suis la cause de toute cette cascade de sentiments qui broient ses entrailles et le rendent vulnérable. Il a tellement la rage qu'il zappe mes yeux mouillés, ma lèvre tremblante et mon cœur piqué. Il m'en veut tellement que je coule sous son regard, que j'ai du mal à respirer et que je préfèrerais être morte plutôt qu'être ici, assise sur un vieux plancher en bois trop froid, le bonheur en lambeaux. Je vais craquer ; je suis déjà craquelée. Par la fraicheur de l'air, par son regard meurtrier, par mon cœur qui se soulève trop haut dans mes poumons. Alors tant pis si je me plante, tant pis si une fois endormis, les autres se moqueront de nous. Je dois me lancer, foncer dans le mur encore un peau, histoire de bien sentir mon corps claquer contre la brique, histoire de mettre un terme à tout ce vacarme silencieux. Putain d'oxymore. « Pourquoi ? » Ses yeux se font la belle et regardent dans une autre direction, direction où je ne suis évidement pas. « Reponds-moi. » Il m'accorde enfin un peu d'attention. Parce qu'il n'est pas habitué à ce ton froid, presque acerbe. Parce que j'ai décidé que, cette fois, il ne s'en tirerait pas aussi bien et que cela semble l'interpeller. « Tais-toi. » Foutaises. Il n'en à rien à foutre. Il est bien trop individualiste pour comprendre que je risque de clamser avant la fin de la croisière et qu'à ce moment là, il sera vraiment seul à bouffer de la merde, au goût du paradis. Il faut que je m'éloigne de lui, de son corps qui transpire la haine. Je me lève, titube légèrement mais je finis tout de même par réussir à m'en aller sur le pont, un étage plus haut.
« Parce que... Parce que tout ça ne te concerne pas. Ou parce que ça te concerne trop, plutôt. Ce n'était pas à toi de me rejoindre ce soir, ni à toi de me quitter, putain. Tu sais ce qui nous a toujours séparés ? Tu sais pourquoi tu as si souvent cette impression d'être en décalage par rapport à moi, au reste du monde ? Parce que tu l'es, bordel. T'es toujours à côté de la plaque, le cul entre deux chaises. Tu comprends toujours tout trop tard, alors tu te goures de train et tu t'étonnes de te retrouver seule sur le quai de la gare. Mais c'est la vie Zori, c'est la vie qui veut ça. » Il m'a rejointe pour me sortir des mots qui me cloueront dans ma tombe. Je ferme les yeux et j'essaye de me dire qu'il n'est pas là mais ses putains de mots me niquent les tympans, cognent mon corps et y laissent des bleus. « Qu'est-ce que tu fous là ? Tu bousilles toujours tout, toi... toi et tes plans foireux. Tu t'es encore complètement plantée. Il y avait un deal, merde. Partir sans toi ou rester avec toi. J'ai choisi pour toi, pour ta petite personne Zori. Parce que je n'aurais pas supporté que les parents éclatent la bulle dans laquelle tu as toujours vécue, bulle qui te protégeait. Parce que je n'aurais pas supporté de te voir tomber de si haut. » « C'est toi, qui ne vole pas haut, Dimitrova. » « Alors dis-moi, merde. Pourquoi es-tu venue ? Tes illusions te perdront. J'allais nous sauver Zori, nous sauver de tout ce qui nous tue quand on est ensemble. Regarde-nous ! Tu ne vois pas que ça tourne pas rond ? Qu'on se casse la gueule à chaque fois qu'on s'effleure ? Tu crois que c'est normal d'avoir envie de tuer chaque mec qui s'approche de toi ? Tu crois que parce qu'on est jumeaux, on doit coucher ensemble et s'ignorer au réveil ? Tu trouves ça banal toi, d'avoir un frère qui t'aime à s'en arracher les cordes vocales, un frère qui t'aime à en crever ? Parce que moi non. J'appelle ça de la connerie, ou tout ce que tu veux... Mais l'amour, ça n'existe pas entre des jumeaux, tu captes ? Du moins pas dans les mœurs, ni dans mon cœur. Je ne suis qu'un mec Zori, un mec lâche, qui plus est. » Je dégouline de chagrin, d'amertume, de tristesse, de morosité... Je dégouline d'amour. Sa tirade s'infiltre dans mes pores et picore tout ce qu'il me reste de vivant. J'ai le mal d'aimer plus que le mal de mer. Je suis une catastrophe. Et lui en vaut bien deux.« Je suis tout sauf creuse, Zadig. Le seul blindé d'illusions et de conneries sur l'amour ici, c'est toi.» « Pourquoi être venue, dans ce cas ? » Pourquoi ? Parce que j'ai toujours été incomprise mon Amour, j'ai toujours été devancée par mes apparences. Aux yeux du reste du monde, je suis cette fille pleine de joie qui a un avenir dans le monde des affaires, cette fille douée pour le patinage qui réussira à faire de belles & grandes choses. Comment pourrais-je faire de belles & grandes choses ? Je ne mesure pas plus d'un mètre soixante, et j'ai les cheveux poussiéreux depuis qu'on est monté à bord. Pourquoi être venue ? Tu oses encore demander ? Parce que je voulais que tu saches que tout ce qu'on dit sur moi est faux, que je sais être courageuse s'il le faut et qu'on peut y arriver, nous aussi, tant qu'on est ailleurs. On a pas besoin de leur fric, pas besoin d'être enchaînés à notre nom de famille pour se faire une place Alek'. Je suis certaine qu'on nous attend quelque part pour ce que nous sommes vraiment. On a juste besoin d'y croire encore un peu. C'est toi & moi contre le monde entier, non ? Rassure-moi, dis moi que tu n'as pas oublié. Parce que moi, je n'oublierai pas. Rien ne sort, aucune vulgaire parole n'ose franchir la barrière de mes lèvres, quitte à rapper celles-ci. Finalement, peut-être ne suis-je pas aussi courageuse que je le laisse entendre. C'est tout à fait ça : je suis creuse, une boîte dans laquelle personne ne veut déposer quelque chose. Je ferme les yeux et je chiale, en silence. A toutes ces phrases que je n'ai pas dîtes, ces gestes que je n'ai pas osés.
Ce que tu ne sais pas, c'est comme c'est dur d'entendre ce téléphone qui ne sonne pas, comme ça fait mal de regarder ces photos en voulant qu'elles s'animent, comme je me fatigue d'attendre quelque chose qui ne (re)viendra pas, comme c'est étrange de sentir ma main se refermer sur du vent, comme c'est déroutant de me réveiller seule avec mes oreillers. Ce que tu ne sais pas, c'est à quel point c'est impossible de réaliser que c'est fini, et qu'il ne surgira pas soudain d'un placard déguisé en lutin en riant de sa mauvaise plaisanterie.
La porte venait de claquer tandis que l'escalier en bois se mettait à grincer péniblement. Je m'éloignai donc de la fenêtre, désireuse de ne pas le laisser voir que je l'avais attendu tout ce temps. Il avait dû trainer dans les rues bondées, comme souvent. Mieux valait de toute évidence qu'il se perde avec eux plutôt qu'avec moi. Mieux valait qu'il vive près d'eux à défaut de vivre près de moi. Question de vie, certainement de mort. « Je me promenais mon Ange, désolé d'arriver si tard. » Je me tournai vers lui, réchauffée par son appellation. Il mentait autant que je le faisais et je savais pertinemment qui n'était pas parti simplement marcher. Aleksi s'entraînait secrètement à se passer de moi et je le laissais faire puisqu'il vivait pour deux. Oui, il n'était pas simplement aller se balader. Il avait tenté de fuir tout ça, de s'écarter de tout ce qui n'allait plus. Et il était revenu sur ses pas, contraint par toutes ces choses qui nous unissaient malgré nous. « Je viens juste de rentrer, ne t'en fais pas. » Mensonge. Il me sourit et sa main se planta délicatement dans ma chevelure blonde pour m'attirer vers lui. Nous ne faisions qu'un et n'avions toujours fait qu'un. Était-ce alors de notre faute si, en grandissant, nous avions loupé la coche entrainant ainsi un ramassis de conneries ? J'en doutais. Piégée entre la réalité et mes fantasmes, je mis un instant avant de me laisser aller contre lui. C'était plus fort que nous, plus fort que tout ce que nous avions connu et ça nous faisait peur. Parce qu'on se laissait réduire à feu doux tant qu'il y avait encore quelque chose à cramer et que le jour où tout s'éteindrait, nous en crèverions. Peu importait en ce moment, peu importait. Les exhalaisons du parfum d'Aleksi remontaient à hauteur de mes narines et m'emportaient ailleurs, quelque part où les personnes, même unies par un lien du sang, pouvaient s'aimer sans heurts. « Dans un autre monde, peut-être que nous pas été obligés de nous cacher. » « Dans un autre monde Zori, peut-être que nous n'aurions pas existé. » « Alors je t'aurais inventé, et tu n'aurais pas été mon frère. » Il ne répondit rien. Sans doute n'y avait-il rien à répondre. Mon frère m'ébouriffa simplement la tignasse comme on le fait avec un enfant qui dit une bêtise.
« Je t'ai menti, Zori. Je n'étais pas parti flâner le long de ces rues mortes. J'en ai marre d'être enfermé dans une douleur égoïste, marre d'être vitrifié dans ce désir de filer hors du monde. J'ai besoin de retrouver les odeurs de la Bulgarie, besoin d'échanger les condamnés que nous sommes contre les rois du monde que nous avons été. Es-tu prête à te lancer avec moi, pour moi ? » Je repassai alors son intervention en boucle, comme un examen que j'aurais raté. Je ne compris pas ce qui se dissimulait derrière ces vocables si biens choisies. Je pliai, dépliai, tournai, retournai. En vain. Je ne cernai tout bonnement pas sa demande. « Tu veux retourner en Bulgarie ? Parce que je dis non. » Séparant nos de corps jusqu'à présent collés l'un à l'autre, je l'interrogeai du regard. Il était hors de question que je m'en aille là-bas, que je le suive rencontrer les vieux démons de notre passé commun. Et si telle était sa demande, il connaissait normalement la réponse. Nous en avions déjà parlé, plus d'une fois, entre deux disputes. Encore aurait-il fallu qu'il s'en rappelle. « Je crois qu'on a tiré un trait sur ça, non ? Je parle d'autre chose. Souviens-toi de ce qui nous rapprochait réellement, à l'époque, de ce qui nous offrait la douce possibilité d'être bien dans notre peau craquelée, même si c'était pour quelques heures seulement. » Oh. Bordel, pas ça. Tout devint beaucoup plus clair. Il avait savamment choisi ses propos et j'en distinguai enfin la raison. Aleksi n'avait pas l'intention de creuser un peu plus mon cœur à la petite cuillère parce qu'il savait combien j'avais été touchée par tout ça, combien je l'étais encore aujourd'hui. J'aurais souhaité lui dire oui, attraper ma tenue, prendre sa main et l'emmener sur le lac gelé. J'aurais voulu oublier ces deux mois et ne plus être tétanisée par la fraicheur de la rue, par la blancheur de l'hiver. Parce que le patinage me manquait et qu'y repenser la nuit inondait régulièrement mes yeux. Parce que j'étais dans l'obligation de taire ma passion depuis que tout ce qui touchait de près ou de loin à la froideur de l'hiver et à la vivacité de la vie dans la rue me donnaient envie de me déchirer la peau, encore meurtrie par ces nuits allongée dehors. Résultat, je réparais des tas de ferraille pour quelques sous, je me salissais les mains quotidiennement pour oublier que j'avais laissé mon rêve s'enterrer sous des mètres de crainte, des mètres de remords. Patiner ? Pas après tout ça. Après quoi, exactement ? Après ces deux mois d'errance, ces deux mois d'emprisonnement chez ce salopard de Satan. Quel est le con qui avait dit qu'il faisait chaud là-bas, en enfer ?
C’est à ce moment précis que j’ai commencé à penser à Thomas Jeffersen, à la déclaration d’indépendance, à la partie sur le droit de chacun à la vie, à la Liberté et à la poursuite du bonheur. Et je me souviens m’être dit, comment a-t-il eu l’intuition de mettre l’idée de poursuite là-dedans ? Comme si le bonheur était une chose que l’on ne peut que poursuivre et éventuellement ne jamais atteindre peu importe les circonstances... Comment a-t-il su ?
Je rabats ma capuche vers l'arrière et mes doigts se perdent dans mes cheveux, grattant à sang mon crane bouffé par les poux et la crasse. Seuls mes ongles noircis font encore effet. Parce que mes doigts se sont transformés depuis longtemps en marteaux, incapables de faire preuve de souplesse pour s'acquitter des tâches les plus banales. Je ne suis plus qu'un pantin laissé à l'abandon, un vulgaire pantin dont les fils sont en train de rompre tandis que les clous situés aux articulations se mettent à rouiller, annonçant de manière insidieuse une fin très prochaine. Je gratte, j'essaye de m'arracher les croutes même si cela équivaut à rouvrir des plaies fraichement fermées. C'est plus fort que moi, ça me prend de court. Je passe mes journées à gratter en espérant que ça me lavera de toute cette crasse, de toute cette haine, aussi. J'ai beau tenter de faire la part des choses, je crois que mon cerveau est autant congelé que le reste de mon corps. Je suis grillée, putain. Pas foutue de prendre sur moi, pas foutue d'y croire encore un peu. Pourtant je le sais,qu'il n'y a que l'espoir qui fait vivre. Problème. Je n'ai plus d'espoir ; ce crétin a détalé quand il a vu que j'en étais à poser mon cul sur les trottoirs dégueulasses de Arrowsic. Plus aucun espoir dans mes entrailles grisées, si ce n'est dans les fines couvertures qu'on me prête lorsqu'on a pitié de moi. Parce que je fais pitié. Aux passants et aux vendeurs qui jettent des regards en biais sur moi, bien au chaud dans leurs petites boutiques familiales. Je suis tellement ridicule que même les autres sans domiciles fixes ont de la sympathie pour nous, pour moi surtout. Ils se demandent ce qui a bien pu nous passer par la tête, pourquoi est-ce qu'on ne s'endort pas chez nos parents. On alimente les sujets de conversation des environs, on leur donne de la distraction et pourtant, aucun ne met une pièce dans la casquette de mon frère, ne serait-ce que pour nous remercier de les faire vivre un peu.
Mais je n'y pense pas bien longtemps. De toute façon, je suis incapable de réfléchir plus de deux minutes. J'ai perdu tout mon vocabulaire, je crois qu'il a brûlé avec le reste de mon enfance. J'ai tout perdu. Il n'y a plus que mon frère, la saleté, la faim, la fatigue, le froid et moi. Il n'y a plus que du danger, de la crainte et de la colère. Envers quoi ? Envers qui, plutôt. Je hais tout le monde, sans exception, jusqu'à ce gosse qui ramasse son ballon quelques mètres plus loin. La rue a fait de moi un monstre. L'époque de la belle est révolue, il ne reste plus que la bête recroquevillée sur elle-même, le cœur posé à côté d'elle, à attendre que quelqu'un vienne le lui écraser, histoire de mettre un terme à cette lente agonie. Je n'attends plus que la mort parce qu'elle me paraît bien moins dure que cette vie de clochard. Et comme elle passe devant moi sans s'arrêter, comme elle va frapper à la porte d'un autre, quelques mètres plus loin, je me mets à la détester elle aussi. C'est la seule chose que je sais encore faire : être en colère, avoir envie de frapper chaque visage pour qu'on s'attarde sur mon sort, pour qu'on prenne le temps de m'achever, une bonne fois pour toutes. Je finis par enfiler de nouveau ma capuche en sentant les pupilles protectrices de mon frère sur moi. Je camoufle mes cheveux plus que gras, mes cheveux emmêles par l'absence d'hygiène parce que j'ai honte devant lui. Je ne ressemble plus à grand chose, ma peau est presque translucide et dans mes yeux ne règne plus aucune lueur. Je fais de mon mieux -ce qui se résume à bien peu- pour faire taire le mal-être qui m'habite quand il s'attarde sur moi. Il n'y a aucun reste de la fille qu'il désirait il y a encore un mois, aucun reste de charisme chez moi. Il ne reste plus que de la peau crevassée sur des os presque trop fragiles. C'est con à dire, mais ça se résume en quelques mots seulement : je ne veux pas que Aleksi m'observe parce qu'il finira par oublier le visage que j'avais. Ma fierté m'oblige à le repousser et je lui interdis d'aimer la fille hideuse que je suis aujourd'hui. Je lui interdis de voir que j'existe encore. Parce que c'est faux : j'ai dégringolé dans un puits le jour où nous sommes arrivés ici, fiers de s'être enfuis. Je me suis offerte à la mort le jour où j'ai compris qu'aimer son frère jumeau d'un amour brûlant signifiait crever de froid dans la rue, devant ces passants qui observaient le spectacle en rentrant chez eux, là où quelqu'un les attendrait toujours.
« Regarde-la, Joe ! Elle est tellement blanche qu'on croirait qu'elle est morte. » Je suis lasse. Lasse de ces phrases habituelles, de ces regards creux, de cette immensité au fond du ventre. Je fais peur à voir et j'inspire le dégoût. Je sens d'ailleurs celui-ci jusque sur les lèvres de mon frère lorsqu'il ose encore réchauffer les miennes. D'ordinaire, il sait très bien que je me serais levée pour hurler à cet imbécile que je suis bel et bien en vie, même si je morfle pas mal. D'ordinaire, j'aurais crié tout haut ces réprimandes que tout le monde pense tout bas, la tête baissée vers le sol. Mais mon courage s'est enfui et je n'en ai plus la force. Et puis par dessus tout, la faim m'obsède et joue avec mes nerfs. Dans la rue, on s'habitue à tout, même au froid qui nous consume en hiver. On s'accoutume à tout, posés sur le trottoir à regarder les gens courir après le monde qui lui court à sa perte. A tout, sauf à la faim qui ne nous lâche jamais. Elle nous ronge, prend la place du sommeil, fait tourner nos têtes trop rapidement pour qu'on ne puisse suivre la cadence. Elle nous handicape, grandit toujours plus et nous oblige à bouffer de la merde, au goût de la survie. Alors voilà à quoi je pense, au lieu d'aller les voir pour montrer que mon cœur bousillé fonctionne encore un peu. La paume calleuse d'Aleksi si niche dans mon cou et la température n'y fait plus rien : je m'embrase. L'endroit qu'il touche devient lentement tiède. Je sais cependant que ce n'est qu'une impression parce qu'engloutis par ce quotidien lugubre, on n'a jamais le droit à la chaleur. Surtout au mois de janvier, lorsque la neige vient encore recouvrir le sol quelques fois, pour nous certifier qu'il y aura toujours pire. « Il ne va quand même pas l'embrasser, si ? C'est dégueulasse. Elle doit puer la mort. » Aïe. Les doigts de mon frère se durcissent au niveau de mon cou, il est énervé. Je m'écarte légèrement parce que j'ai besoin de respirer un peu, parce que sa colère fait toujours renaître la mienne et que je ne veux pas gueuler aujourd'hui. Je veux juste avaler un truc, refermer un peu le trou béant qui prend toute la place dans mon estomac de gonzesse affamée. « Retourne chez toi avant que je ne m'occupe de toi, petit con. Va prendre une douche et frotte bien, je suis certain que ta connerie polluera bien plus l'eau que notre crasse. Casse-toi, et noie-toi dans ton bassin d'illusions. » Ça ne fait qu'un tour en moi. Ni une ni deux, je lui frappe l'épaule pour qu'il se taise, lui aussi. Ta gueule Aleksi, ta gueule. Laisse-le là où il est. Et puis putain, tu ne vois pas qu'il n'a pas tort ? C'est dégueulasse, j'suis dégueulasse. Je sens la pisse et la transpiration. Plus d'une semaine que je ne me suis pas lavée. Bien sûr qu'il a raison. Arrête de tout nier, arrête de te forcer à sourire pour m'empêcher de sombrer. Parce que de toute façon, il n'y a plus grand chose à sauver, plus grand chose à réparer. Dis-moi franchement, je mettrai combien de temps à récupérer une silhouette normale, après tout ça, hein ? A condition qu'on s'en sorte, évidement. Et c'est mal barré, ne le nie pas. « Tu crains, Dimitrova. » « Non. » « Ce n'était pas une question. » Et comme mon frère n'est qu'un crétin, il m'attire contre lui & m'embrasse. Et comme je suis stupide, je me laisse faire sans broncher, juste pour pouvoir fermer les yeux et oublier que le monde est moche, ici bas. Save our souls.
C’est à ce moment précis que j’ai commencé à penser à Thomas Jeffersen, à la déclaration d’indépendance, à la partie sur le droit de chacun à la vie, à la Liberté et à la poursuite du bonheur. Et je me souviens m’être dit, comment a-t-il eu l’intuition de mettre l’idée de poursuite là-dedans ? Comme si le bonheur était une chose que l’on ne peut que poursuivre et éventuellement ne jamais atteindre peu importe les circonstances... Comment a-t-il su ?
« S'il te plait Zori, s'il te plait... Il est temps de recommencer à vivre, temps de reprendre la course. Patine, glisse pour rattraper tout ce qu'on a toujours loupé. Avance sur la glace et souris, comme avant. Vis, putains. VIS. » Sortie de ma torpeur, je remarquai seulement maintenant qu'il était en train de me secouer énergiquement. M'étais-je une fois de plus dispersée ? Certainement. Pourtant, il m'avait réveillée, dans tous les sens du terme. Parce qu'il venait de se passer quelque chose que je n'interprétais pas encore correctement. Parce qu'il avait fait sortir de mes veines cette envie presque exaltante de fendre la glace pour y déposer tout ce qui nous brisait. Je n'étais plus maître de mon destin, encore moins maître de mes gestes. La foi s'était invitée chez moi et me força à faire trois fois le tour de la maison, fouillant dans tous les recoins pour finalement mettre la main sur une vieille boîte recouverte de dépouilles. Alors c'était ça, remonter à la surface ? Sentir l'embellie pulmonaire nous rappeler que l'on est encore en vie et qu'il faut se relever avant d'être enseveli ? Avoir un peu peur de crever sans avoir laissé son emprunte dans le sol ? « Suis-moi mon Amour, on a une vie à entreprendre, nous aussi. »
On me trouve souvent conne quand j'ouvre la bouche, égoïste quand je me tais, intéressante quand je souris, lâche quand je m'enferme dans ma piaule. On me répète à longueur de journée que je ne vaux plus grand chose et que réparer des bagnoles est la seule chose à portée de ma main. J'ai beau faire semblant de n'en avoir rien à foutre, ça me fait un peu mal, ces soirs d'hiver au coin du feu. Je m'appelle Zori, Zori Loneleï Dimitrova. J'ai arrêté de fêter mon anniversaire le jour où j'ai compris que je ne ferai pas long feu dans ce monde qui agonise plus rapidement qu'on ne le pense. Depuis ? J'erre dans la vie en tenant la main de mon frère. Et puis je la lâche parfois, en devinant sur les têtes des autres que je suis un monstre. Je crois que finalement, j'attends de crever d'avoir trop aimé, d'aimer trop encore, mais pas de la bonne manière. Peut-être aurait-il mieux valu que je ne le suive jamais jusqu'ici et que je reste là-bas, en Bulgarie. Ne m'en voulez pas si un jour je me barre loin de tout ça, si je me casse là où les gens sont beaux. Et ne m'en voulez pas non plus si je vous barre aussi. Il paraît que c'est la vie qui veut ça. Trinquons donc, à nos âmes perdues.
☂I WON'T EVEN SING ALONG.
On m'appelle généralement Cam, et cela me convient très bien parce que les surnoms stupides, ce n'est pas spécialement mon truc. Je suis âgée de seize ans, bientôt dix-sept ans (je suis obligée de le répéter parce que je déteste être la petite des forums). Sinon, je suis passionnée de musique, d'écriture... Mais on s'en fout, non ? Alors quitte à finir ce discours en beauté, je tenais juste à remercier cet adorable Jem de m'avoir convaincue (les rôles s'inversent Coco, il est temps de t'incliner). J'espère me faire une petite -ou grande parce que mon cul prend pas mal de place - parmi vous.
PS : Jem, l'autre soir, tu avais un peu bu & tu as dit que j'aurais bientôt ma soirée découvertes. Tu t'en souviens hein ?
crédits ; icons et bannière de goldensyrup @LJ.
Dernière édition par Zori Loneleï Dimitrova le Lun 29 Nov - 22:39, édité 91 fois
Sujet: Re: Zori ♣ J'ai l'cœur comme une éponge, spécial pour fille en pleurs. Lun 22 Nov - 22:47
Merci Iseult
Ouais, tu étais le seul à pouvoir mon musicien. Ne me donne pas d'ordres hein Mais oui, ce sera fait dans les temps. Je ne vais pas t'abandonner une seconde fois
Sujet: Re: Zori ♣ J'ai l'cœur comme une éponge, spécial pour fille en pleurs. Lun 29 Nov - 22:50
Bon, vu que je n'avais plus que la dernière partie à lire, c'était plus vite fait que les autres, je suppose. (: Ce n'est rien pour ta lenteur. Ca en valait réellement la peine.
Bienvenue parmi nous, tu es validée. Tu peux dès à présent faire tes fiches de lien et de sujet, et polluer le forum de plein de petits topics. (aa)