Sujet: And these scars wouldn't be so hidden if you would just look me in the eye ► Blake Sam 23 Juin - 22:45
and these scars wouldn't be so hidden if you would just look me in the eye
Aédan n’était-elle pas censée laisser le passé au passé et se concentrer sur son futur ? Oublier la douleur et la peur qu’elle ressentait ? Elle avait fait du chemin, elle s’était sortie d’un mal-être énorme, ça n’était pas pour retomber dedans en quelques secondes à peine. Elle avait beau se dire que ça ne lui faisait rien, que revoir Blake n’avait pas ravivé ses plus profondes blessures mais ça ne marchait pas. Elle revoyait ces moments de bonheur gâchés par les coups et les cris. Elle ne comprenait pas pourquoi tout avait basculé comme ça entre eux. A l’époque, elle n’avait pas voulu savoir pourquoi. Blake aurait pu avoir toutes sortes d’explications à lui donner, elle ne voulait en aucun cas les entendre. Pour elle, il n’y avait pas de possibilité de pardon. Qu’importe s’il avait subi des coups lui aussi, s’il avait eu un problème ou autre, il n’avait aucune excuse. Comment frapper une gamine de dix-sept ans qui était censée être sa copine ? Pourquoi ne pas l’avoir quittée ? Pourquoi l’avoir trompée, frappée et être resté avec elle ? Aujourd’hui toutes ces questions tournaient en boucle dans la tête de la jeune brune et il lui était impossible de se concentrer sur quoi que ce soit. Elle aurait aimé ne pas s’y attarder, ne plus y penser, mais à chaque fois qu’elle chassait ses pensées, elles revenaient au galop. « J’en ai marre bordel, laissez-moi tranquille ! » Soupirant franchement, elle passa ses mains sur son visage et poussa sa tasse de café à moitié vide. A peine dix-heures un samedi matin et elle se torturait déjà l’esprit. Elle ne voulait pas retomber dans les tourments qui l’avaient bercée dans son adolescence. Elle était plus forte que ça maintenant, vraiment plus forte. Seulement, ça n’était pas le tout de se le dire, il fallait agir.
Bien décidée à se changer les idées, elle fila vers la chambre de sa meilleure amie avec qui elle partageait l’appartement. « On va à la plage, dépêche-toi ! » De l’autre côté, son amie râla mais s’extirpa de ses draps. Son copain avec qui elle était depuis deux ans l’avait quittée et elle passait ses journées à déprimer. Il fallait qu’elles se soutiennent et Aédan semblait, aujourd’hui, être la plus forte pour ça. Elle n’avait pas avoué à son amie, les questions qui tournaient dans son esprit, juste que Blake était à Arrowsic et qu’ils s’étaient revus. Aédan aurait peut-être dû se confier au lieu de dire que ça ne lui avait rien fait. Elle avait honte au fond que tout remonte à la surface si facilement et puis sa meilleure amie n‘avait pas besoin de ça. Elle devait l’aider à son tour. Se dépêchant d’enfiler son maillot, elle prépara son sac de plage et attendit que son amie la rejoigne. Ensemble, elles avancèrent jusqu’à la mer en discutant de tout et rien. Tout y passait sauf leur sujet tabou : les garçons. Son amie lui avait souvent répété qu’il y avait forcément un homme pour elle dans ce monde, aujourd’hui, elle partageait son avis : « tous les hommes sont des connards et finissent par faire des crasses à leurs copines ». Aédan généralisait parce qu’elle ne voulait plus s’attacher, plus croire en l’amour mais au fond d’elle, elle savait bien qu’il y avait des hommes sincères et dignes de confiance. Seulement ces hommes étaient déjà pris. Malheureusement pour elle. Rester célibataire restait la meilleure solution à ses yeux.
Une fois sur la plage, les deux amies s’installèrent et continuèrent leur discussion. Alors qu’elle allait aborder le sujet « ton copain t’as quittée, est-ce que tu t’en sors ? », son amie la devança dans le sujet tabou. « Dan, y’a Blake. » Les dents serrées, la jeune femme suivit le regard de son ami et constata, qu’en effet, Blake était là, à quelques mètres d’elles. Pourquoi était-ce son sujet tabou qui venait de faire son arrivée ? Parler de l’ex de son amie aurait été moins douloureux. Les yeux bruns d’Aédan restaient fixés sur son ex-copain qui faisait du sport. Toutes ses questions venaient de refaire surface et directement, son cœur s’emballa. Elle n’aimait pas réagir comme ça pour cette histoire. Elle aurait voulu être indifférente, pouvoir le regarder sans se laisser envahir par les démons du passé. Ce foutu passé était beaucoup trop présent et Blake ne faisait que raviver tous ces souvenirs. Elle aurait pu se remémorer leurs bons moments, parce qu’il y en avait quand même eu, sinon la jeune femme ne serait jamais tombée amoureuse. La beauté de Blake n’aurait pas pu tout faire. Ils avaient partagé des choses, ils avaient ri seulement tout ça était mis de côté par le reste beaucoup plus sombre. Souvent, les gens disaient que seuls les bons souvenirs restaient en laissant faire le temps. Là, Aédan ne voyait que les coups et les cris, le regard noir de Blake qui lui avait glacé le sang. Elle aurait aimé que tout ça s’efface au profit des maigres bons souvenirs. Peut-être un jour. Peut-être si elle avait les réponses à ses questions. Vivement, elle se leva sous le regard interrogatif de son amie. « J’vais lui parler. » L’autre jeune femme ne put qu’acquiescer, la brune était déjà partie vers Blake d’un pas assuré. Elle ne devait pas montrer sa faiblesse. Elle voulait juste parler, avoir ses réponses. Son ex copain ne devait absolument pas savoir qu’elle était encore blessée par ses gestes. « Salut Blake. » Elle ne savait pas trop comment s’y prendre. Lui balancer directement qu’elle se posait bon nombre de questions ou y aller plus finement en brodant la conversation ? Première solution. Ne pas tergiverser ou elle n'y arriverait jamais. « J’ai besoin qu’on parle. Que tu répondes à mes questions. C’est peut-être con. J’devrais peut-être laisser ça au placard parce que ça ravive pas forcément de bons souvenirs pour nous deux mais j’ai besoin qu’tu m’écoutes. Juste une fois. Et après, si tu veux plus jamais m’parler, ça m’va. » Elle voulait qu’il accepte mais ça, elle n’en avait aucune certitude. Blake n’avait peut-être pas envie de se souvenir de la période de sa vie où il avait fait de la prison. Elle espérait qu’il ne soit pas égoïste et au fond, il lui devait bien ça. Mais connaissant son caractère, Aédan ne préférait pas se faire de faux espoirs. « Y’a juste des choses que j’aimerais comprendre… S’te plait. » Fixant ses yeux dans ceux de son ex-copain, Aédan croisa les bras sous sa poitrine. Elle voulait se montrer sûre d’elle mais au fond, elle n’en menait pas large. Son cœur continuait de frapper fort contre sa poitrine et elle se demandait si Blake ne pouvait pas l’entendre. Fichu passé, abruti de cerveau. Pourquoi n’y avait-il pas une fonction « effacer les mauvais souvenirs » tout simplement.
Sujet: Re: And these scars wouldn't be so hidden if you would just look me in the eye ► Blake Mer 27 Juin - 1:07
Le vent me pousse à contre-sens, tente de me faire échouer, peut-être aussi de me fatiguer. Mais j’insiste & je persiste. La vie aura beau me jeter à la figure tant de sinistres alarmes, je ne baisserai pas les bras. Le présent m’est imparfait, & je n’ose faire allusion à mon passé, mais je suis bien décidé à avancer. Seul, sans l’aide de personne. Quand mes yeux se posent sur elle, je me remémore les instants appartenant à mes anciens chapitres. Je la trouvais jolie, pétillante & souriante. Je la désirais. Elle m’apparait dorénavant comme une fille sans intérêt & presque fade. Je ne saurai la désirer à nouveau. Elle n’aspire de toute façon que mes soupirs & mon exaspération. J'exagère sûrement ; le temps altère son image. Pourquoi faut-il toujours que le destin se joue de moi ? J’ai quitté New-York pour ne plus jamais croiser mes vieux démons, pour ne plus jamais croiser son chemin. & pourtant, nous voici tous les deux sur cette plage d’Arrowsic. Debout sur le sable chaud, je relève mon t-shirt & essuie les gouttelettes de transpiration qui dégringole sur mon visage. Le sport est mon seul moyen d’évasion, ma seule passion, ma seule raison de vivre. Ce triste fait est malheureusement ma stricte vérité. Après avoir couru de nombreux kilomètres, j’ai pris la décision de m’arrêter pour faire quelques étirements, & surtout pour boire un peu. J’ai besoin de me maintenir en forme. Pas pour rendre agréable l’image que je renvoie aux personnes intéressées & curieuses, mais surtout pour me sentir bien dans ma peau. Autant que possible, cela va de soi… Dans ma tête & dans mes émotions, ça sera toujours le bordel, il est temps que je me fasse une raison. & je me sens tel un homme fait d’air & de poussières. Elle est là. À quelques mètres de moi, & pourtant, aucun sentiment de me traverse. Devrais-je être gêné ? Désolé ? Attristé ? L’indifférence me berce. Encore & encore. Jusqu’à ce que je la remarque, debout, prête à me rejoindre. Cette fois-ci, l’indifférence laisse place à une certaine forme de colère & d’agacement. Je n’ai foutrement rien à lui dire de plus que la dernière fois. Mes excuses ne l’ont donc pas comblé ? Mon sang bouillonne dans mes veines, me donne la nausée & tape contre mes tempes. Je dois prendre sur moi, calmer mes nerfs & accepter ses mots jalonnés de maux.
« Salut Blake. » Un signe de tête suffit à lui répondre. J’enfonce tranquillement mes paumes dans les poches de mon short & lance un bref regard à celle qui semble l’accompagner. Ma vue est bonne, ma mémoire aussi, ainsi je ne pense pas me tromper en assurant que je ne l’ai encore jamais aperçue. De toute façon, je n’en ai rien à foutre. « J’ai besoin qu’on parle. Que tu répondes à mes questions. C’est peut-être con. J’devrais peut-être laisser ça au placard parce que ça ravive pas forcément de bons souvenirs pour nous deux mais j’ai besoin qu’tu m’écoutes. Juste une fois. Et après, si tu veux plus jamais m’parler, ça m’va. » Persuadé que la conversation risque de s’éterniser, je m’installe sur le sable fin. & puisque le soleil chauffe violemment en ce début d’après-midi, j’ôte mon débardeur sans prêter attention à l’odeur peut-être désagréable de transpiration qui risque de se propager dans les airs. C’est humain, après tout. & si le souvenir des coups ne la dissuade pas de s’approcher, peut-être que l’effort certain présent sur ma peau suffira à l’éloigner. « Y’a juste des choses que j’aimerais comprendre… S’te plait. » Les secondes s’écoulent. Secondes durant lesquelles je passe mon débardeur contre ma nuque humide, puis contre mon torse. Mes pupilles bleues se perdent dans l’océan. Elle ferait mieux de dégager, je risque d’être désagréable, de ne pas mesurer l’impact de mes mots. « J’suis supposé deviner tes questions ou venir les chercher au fond de ta gorge ? » Qu’attend-t-elle pour m’interroger ? Elle aurait dû les glisser bien avant que je doive répondre parce qu’à présent, je ressens juste ce besoin de me redresser & de rentrer chez moi. « J’me suis excusé, j’peux rien faire de plus. Je sais pas pourquoi j’ai fait ça, ok ? Je sais pas. & quoi que je dise, on pourra pas changer le passé. Ouais, j’aurais dû me barrer, toi aussi d’ailleurs. J’aurais dû te respecter un peu plus, tu aurais dû éviter tes crises de jalousie. Mais bref, j’ai changé, j’ai avancé, fais-en autant, je te l’ai déjà dit. » Que puis-je dire de plus ? Absolument rien. La vie est ainsi faite. On ne tombe pas toujours sur les bonnes personnes, on ne prend pas toujours les bonnes décisions. Mais on finit toujours par s’en sortir, avec un peu de bonne volonté.
Sujet: Re: And these scars wouldn't be so hidden if you would just look me in the eye ► Blake Lun 2 Juil - 12:42
L'attitude de Blake montrait clairement à Aédan qu'il n'avait pas vraiment envie de rester en sa compagnie. Au fond, elle le comprenait. De son côté, le revoir, lui rappelait une sombre période de sa vie. Peut-être qu'il s'en fichait à présent, peut-être qu'il avait réussi à tourner la page. Tant mieux pour lui, mais la jeune femme, elle, n'y était pas parvenue. Elle avait besoin de réponses. Blake ne saurait peut-être pas l'éclairer, ni quoi lui dire pourtant elle espérait beaucoup. Elle espérait même beaucoup trop. Comme si parler à nouveau avec lui agirait comme un électrochoc et la sortirait de tous ses tourments. La jeune femme se raccrochait à ce petit espoir. Elle ne cessait de se répéter qu'elle n'avait pas peur, qu'il pourrait hausser le ton sans qu'elle ne réagisse, seulement, rien n'était moins sûr. Elle devait juste se montrer forte. Un peu surprise la jeune femme le regarda s'installer sur le sable. Elle ne savait pas quoi faire de sa peau, s'asseoir aussi, rester debout. Aédan n'était pas à l'aise et redoutait qu'il s'en aperçoive. Elle ne voulait plus qu'il ait de l'emprise sur elle. « J’suis supposé deviner tes questions ou venir les chercher au fond de ta gorge ? » Un long soupir passa la barrière des lèvres de la jeune femme et elle finit par s’asseoir face à lui, à une distance raisonnable. Elle leva les yeux au ciel face à son attitude toujours aussi agréable. « J’me suis excusé, j’peux rien faire de plus. Je sais pas pourquoi j’ai fait ça, ok ? Je sais pas. & quoi que je dise, on pourra pas changer le passé. Ouais, j’aurais dû me barrer, toi aussi d’ailleurs. J’aurais dû te respecter un peu plus, tu aurais dû éviter tes crises de jalousie. Mais bref, j’ai changé, j’ai avancé, fais-en autant, je te l’ai déjà dit. » La jeune femme le fixait. Elle imprimait chacun de ses mots et malheureusement ça ne lui suffisait pas. Elle n’en voulait pas à Blake de lui dire qu’il ne savait pas réellement pourquoi il avait fait ça. Elle ne s’attendait pas à mieux dès le début mais aurait-elle le courage de le brusquer un peu ? De lui demander de creuser ? De chercher de possibles éléments déclencheurs ? Elle savait que ça ne lui plairait certainement pas, mais elle avait besoin de ça.
« Je sais qu’on n’pourra jamais changer le passé Blake. » Elle aurait aimé évidemment. Pouvoir effacer les évènements qui traumatisent, qui blessent. Seulement ça n’était pas possible et comme disait Blake il fallait avancer malgré tout. Mais il était responsable du malaise d’Aédan. « J’aimerais bien avancer. J’l’ai fait tu sais. » Elle soupira doucement et s’installa face à lui. Cherchant ses mots, elle touchait le sable chaud. Elle savait que plus elle tarderait à répondre plus ça agacerait Blake. « J’ai réussi à mettre ça de côté, enfin, j’avais. Te revoir a tout remué. » Le sable glissait entre ses doigts tout comme sa vie avait pu lui échapper à un moment. Elle n’avait pas supporté ne pas pouvoir se contrôler. Elle avait beau faire des efforts, rien ne se passait comme elle le voulait. Maintenant qu’elle avait grandi, qu’elle avait appris, elle ne voulait pas que cette peur l’envahisse à nouveau. Elle devait se battre contre ça, mais n’était-elle pas trop fragile ? Elle n’en savait rien. Il fallait qu’elle essaie, qu’elle se défende contre ses pires cauchemars. « Tu m’dis que j’aurais pas dû faire de crises de jalousie. Certes. Mais la première fois, tu t’attendais à quoi, que j’te laisse avec cette fille finir tranquillement ? Toute femme, même peu jalouse aurait mal réagi… On était en couple… J’veux dire, C’était pas une crise injustifiée et… » Elle soupira. Elle n’arrivait même pas à s’expliquer correctement. Ses mots s’embrouillaient à mesure que ses souvenirs remontaient. « Tu dis que j’aurais pas dû faire de crises, que j’aurais dû m’barrer… Mais ce n’sont pas de bonnes excuses, de bonnes explications… Pourquoi m’frapper et pas tout simplement me larguer. J’ai compris que t’en avais rien à faire de moi et de notre histoire mais pourquoi t’as pas été franc ? » Sa voix restait douce. Elle ne voulait pas s’énerver, ni l’énerver. Elle voulait juste une discussion simple. S’il ne voulait pas répondre, tant pis. Lui parler lui faisait presque autant de bien que parler à un psychologue. Ce dernier n’avait jamais eu de vraies réponses à lui donner. Il n’avait fait que des suppositions sur les raisons qui avaient poussé Blake à la frapper. Mais elle voulait ses explications à lui. « M’dire « je sais pas pourquoi » ça m’suffit pas… J’ai besoin d’savoir… t’as pas pu m’frapper gratuitement, juste comme ça… Y’a forcément quelque chose qui a fait qu’t’es devenu violent… J’peux pas croire qu’une altercation comme la nôtre soit la seule cause. » Peut-être parlait-elle trop ? Sûrement même et encore, elle n’avait pas tout dit. Blake se doutait-il du mal qu’il lui avait fait ? Il se souvenait certainement de ses coups mais avait-il conscience de la portée de ses gestes ? Imaginait-il à quel point Aédan avait souffert ? La jeune femme se doutait que pour lui ça n’avait pas été facile, faire de la prison devait changer. Durant leur relation, elle s’était fait une image de lui qui avait volé en éclat le jour où il avait frappé plus fort. Les premières fois, idiote, elle lui avait trouvé des excuses, rêvant encore à une belle histoire. Pourtant, la réalité lui montrait le contraire. Aujourd’hui, elle espérait au fond que l’attitude de Blake n’était pas gratuite, qu’il avait une « excuse » valable. Ses gestes n’étaient pas réellement excusables mais elle voulait juste comprendre son attitude. Elle se disait qu'il n’était pas mauvais au point de tabasser quelqu’un comme ça, qu'il s’était sûrement passé quelque chose avant… Elle ne savait pas pourquoi elle voulait qu’il soit quelqu’un de bien. Peut-être qu’il ne l’était pas… et si c’était le cas, elle s’en voudrait à vie de ne jamais avoir vu sa vraie nature.
Dernière édition par Aédan Nightingal le Mer 12 Sep - 18:43, édité 1 fois
Sujet: Re: And these scars wouldn't be so hidden if you would just look me in the eye ► Blake Mer 12 Sep - 18:26
Tyran, mes seules envies se résumaient autrefois à me réjouir de son mal-être & sans doute à l’enfoncer plus bas que terre, puisant dans mes dernières ressources afin d’attiser ses larmes. Assis sur le sable chaud, sept ans plus tard, j’oublie l’homme que je suis. L’envie de la détruire, de m’imposer & de dominer l’échange s’éclipse. À quoi bon ? Elle m’indiffère. Son image a disparu de ma mémoire, avec le temps. & finalement je n’ai plus conscience de ce qui nous a poussé l’un vers l’autre. Elle est ma plus grande erreur, & je suppose que la réciproque est vraie. J’ai brisé sa vie, ses rêves. Ce n’était pas volontaire, mais il est dorénavant impossible de réparer quoi que ce soit. & oser penser que mes mots auront un quelconque impact n’est que foutrement ridicule. Mon visage demeurera comme un voile devant ses yeux jusqu’à la fin de ses jours, c’est inévitable. Pourtant, je lui souhaite de rencontrer un homme bien, un homme qui saura prendre soin d’elle, qui n’aura d’yeux que pour elle & lui donnera la sensation d’être quelqu’un. Ils sont rares, ces types. Nous ne sommes qu’une race de chien, juste bon à mordre dans la chair de la première poupée attirante qui nous embobine en un simple battement de cils. « Je sais qu’on n’pourra jamais changer le passer Blake. J’aimerais bien avancer. J’l’ai fait tu sais. » Qu’a-t-elle fait ? Je peine à la comprendre ce qu’elle essaye de me dire, mais quelle importance ? Peut-être a-t-elle simplement besoin de quelques minutes pour trouver ses mots, pour se sentir ne serait-ce qu’un peu plus à sa place à mes côtés. Alors mes yeux fixent l’océan & je prétends m’y perdre un peu tandis que mes doigts s’emmêlent dans mon t-shirt plus humide que ma peau. « J’ai réussi à mettre ça de côté, enfin, j’avais. Te revoir a tout remué. » Une raillerie s’échappe de mes lèvres asséchées. Je ne prononce aucun mot & me contente d’avaler quelques gorgées de mon eau réchauffée par les rayons du soleil. Il n’y a finalement rien d’étonnant à ce que ses souvenirs se ravivent. Les miens aussi se sont enfuis de leur geôle dès qu’elle s’est glissée dans mon champ de vision, plusieurs jours auparavant. C’est un phénomène tout à fait normal.
« Tu m’dis que j’aurais pas dû faire de crises de jalousie. Certes. Mais la première fois, tu t’attendais à quoi, que j’te laisse avec cette fille finir tranquillement ? Toute femme, même peu jalouse aurait mal réagi… On était en couple… J’veux dire, C’était pas une crise injustifiée et… » La jalousie réduit les gens au simple statut de poupée de chiffon. Elle les manipule, les abime, les pulvérise & incite la souffrance. Je n’ai jamais connu ça, & je n’ai aucunement envie de m’y plonger. Mon tempérament, ma nature ne s’y prêtent pas, de toute évidence. Je suis libre. Elle est libre. & si je l’avais surprise avec un autre, je lui aurais juste ordonné de foutre le camp. Mon éventuelle jalousie aurait été inexistante. Ma fierté entachée, en revanche, n’aurait fait aucun cadeau. « Tu dis que j’aurais pas dû faire de crises, que j’aurais dû m’barrer… Mais ce n’sont pas de bonnes excuses, de bonnes explications… Pourquoi m’frapper et pas tout simplement me larguer. J’ai compris que t’en avais rien à faire de moi et de notre histoire mais pourquoi t’as pas été franc ? » Les mois passés derrière les barreaux n’ont jamais suffi à m’apporter de réponses. J’ignore pourquoi je ne suis pas parti, j’ignore pourquoi j’ai continué à la battre au lieu de claquer la porte. Je pourrais cependant lui poser les mêmes questions. Pourquoi est-elle restée ? M’aimait-elle au point de pardonner quotidiennement mes erreurs ? « M’dire « je sais pas pourquoi » ça m’suffit pas… J’ai besoin d’savoir… t’as pas pu m’frapper gratuitement, juste comme ça… Y’a forcément quelque chose qui a fait qu’t’es devenu violent… J’peux pas croire qu’une altercation comme la nôtre soit la seule cause. » Une longue expiration brise le silence fraichement installé. Je passe lentement mon t-shirt contre ma nuque puis ramène mes jambes contre mon torse. Certains psychologues à la con interprèteraient ma position comme une envie de me protéger. Pourtant, il n’en est rien. Je n’ai rien à protéger puisque je n’ai rien à cacher. J’ai dérapé, avec une seule & unique personne. Ça ne s’est plus jamais reproduit ensuite, ce n’était qu’un malheureux accident. Il est temps qu’elle le comprenne. « Je n’ai été violent qu’avec toi. & avec le temps, je n’suis même pas sûr qu’on puisse dire qu’on était en couple. Alors, peut-être que c’est pour ça que j’ai réussi à être aussi impulsif. J’ai pas supporté que tu essayes de me remettre à ma place » Cette conversation va s’éterniser inutilement. Nous nous sommes déjà tout dit lors de nos retrouvailles ; je n’ai personnellement rien de plus à ajouter. & le fait qu’elle me noie sous ses questions répétées & reformulées inlassablement ne me poussera guère dans mes retranchements. Au contraire, elle risquerait de m’énerver. « Ça n’aurait jamais pu marcher, je suis bien trop vieux pour toi. Puis, j’avais peut-être juste envie de compagnie, j’en sais rien. En tout cas, arrête de chercher des explications, ok ? Avance, vis ta vie, trouve-toi un mec & fonde une famille. ‘fin tu vois, tous les trucs hyper chiants. J’suis sûr que tu en es friande » dis-je avec un soupçon de sarcasme & d’insinuation. & cette fois, la discussion se termine. Si elle insiste, je me répèterai : il n’y a aucun intérêt à cela.
Sujet: Re: And these scars wouldn't be so hidden if you would just look me in the eye ► Blake Mer 19 Sep - 17:32
Comment oublier les images de son passé ? Blake en faisait partie et l’avait marquée au fer rouge. Son empreinte resterait en elle pour toujours même si elle tentait de s’en défaire. Elle avait réussi à aller de l’avant, à mettre ses souvenirs entre parenthèse mais revoir l’homme qui l’avait plongée dans une détresse sans nom avait tout fait revenir. Il hantait de nouveau ses pensées, faisant remonter à la surface tout ce qui l’avait rendue mal. Trop de questions envahissaient son esprit. Sa colère contre lui, contre elle, était aussi revenue. Elle pensait qu’elle avait réussi à passer au-dessus, à être plus forte mais ça n’était qu’un masque. Aédan n’était pas forte. La nuit, son subconscient l’entrainait de nouveau dans ce passé qu’elle tentait désespérément d’oublier. Elle le revoyait face à elle, le visage déformé par la colère, prêt à la frapper. Parfois, elle avait la chance de se réveiller avant que le premier coup ne soit porté mais la plupart du temps, elle revivait ce moment où les coups s’étaient intensifiés, où elle avait finalement décidé que c’en était assez. Elle avait subi trop longtemps sans rien dire, lui pardonnant trop facilement. Elle se sentait stupide de lui avoir laissé l’occasion de recommencer. Aédan était jeune et complètement conne. Amoureuse de cet homme bien trop vieux, elle avait été aveuglée par ses beaux yeux. Il ne lui avait pourtant rien promis mais elle s’était monté la tête, beaucoup trop et il n’avait pas manqué de la faire descendre de son petit nuage. « Descendre »… Il l’avait plutôt propulsée de force contre le sol. Le réveil aurait dû être brutal dès la première fois mais non. Elle s’était relevée et lui avait pardonné. Quelle erreur.
Face à elle, Blake semblait ne vouloir qu’une chose, partir. Qu’elle se taise et le laisse tranquille une bonne fois pour toutes. Seulement Aédan n’allait pas lui donner cette satisfaction. Elle avait besoin de lui parler, de l’entendre aussi. Pourtant il n’avait clairement pas l’air motivé à répondre à ses questions. Qu’importe, elle allait insister. Elle s’attirerait ses foudres mais elle ne le laisserait pas prendre le dessus, du moins elle essayerait. Ses questions passaient la barrière de ses lèvres face à Blake. Enfin. De trop nombreuses fois, elle s’était posé ces questions, seule, devant le psychologue, mais elle n’avait jamais eu de réponse. Peut-être que là, encore, elle n’aurait aucune réponse, aucun soulagement. Au moins, elle lui aurait posé. « Je n’ai été violent qu’avec toi. & avec le temps, je n’suis même pas sûr qu’on puisse dire qu’on était en couple. Alors, peut-être que c’est pour ça que j’ai réussi à être aussi impulsif. J’ai pas supporté que tu essayes de me remettre à ma place » Sourcil levé Aédan fixait Blake, déçue. Elle ne savait même pas quoi répliquer à ce genre de choses. Ils n’avaient donc jamais été sur la même longueur d’ondes ? « Ça n’aurait jamais pu marcher, je suis bien trop vieux pour toi. Puis, j’avais peut-être juste envie de compagnie, j’en sais rien. En tout cas, arrête de chercher des explications, ok ? Avance, vis ta vie, trouve-toi un mec & fonde une famille. ‘fin tu vois, tous les trucs hyper chiants. J’suis sûr que tu en es friande » Un rire froid et nerveux passa la barrière de ses lèvres. Il la voyait donc ainsi. Comme une pauvre gamine chiante avec des envies inutiles. Elle l’avait certainement été. Mais c’était du passé. Par sa faute. Trop de phrases se bousculaient à présent dans son esprit. Il fallait qu’elle parle. Quitte à s’en prendre encore un peu plus dans la figure. « Qu’avec moi ? Génial… Traitement de faveur… » Un long soupir marqua la fin de sa phrase. Ses yeux fixait toujours ce visage qu’elle avait trouvé si beau par le passé. « A mes yeux on était en couple. J’étais amoureuse de toi. Stupide, peut-être. T’étais plus vieux oui, j’étais au courant et toi aussi non, t’étais au courant de mon âge. Tu savais ce que je ressentais pour toi, je ne te l’ai jamais caché. Alors si t’avais pas l’impression qu’on était un couple tu aurais dû me le dire. » elle ne comprenait pas pourquoi il était resté si vraiment elle ne lui correspondait pas. De la compagnie ? Elle était donc réduite à une présence banale. Quelqu’un sans importance. « Tu sais quoi ? Tes conseils, trouver un mec gentil, fonder une famille et tout ce blabla, garde les pour toi… Ce n’est absolument pas ça que je veux. » Cette idée l’horrifiait même. Jamais elle ne se lierait plus avec personne. Les mecs n’étaient que des manipulateurs, des menteurs prêts à tout pour se satisfaire et Blake n'était pas l’exception qui confirmait la règle. « J’vois juste que je n’ai aucune importance, je n’en ai jamais eu alors que toi… toi t’étais important pour moi. Et en quelque sorte tu l’es toujours. T’es celui qui a fait basculer ma vie. » Elle devait sûrement avoir ce même rôle pour lui puisqu’elle l’avait envoyé en prison. Sauf s’il avait totalement « oublié » ce passage de sa vie. « Oui avant toi, j’voulais ce que toutes les débiles veulent, l’amour, le mariage, la famille… Maintenant je veux juste vivre pour moi. Je sais qu’aucun mec ne me rendra heureuse. C’est une perte de temps que d’aimer quelqu’un puisqu’au fond ça n’apporte que de la souffrance. » Un nouveau soupir ponctua sa petite tirade et elle finit par détourner le regard. « J’sais même pas pourquoi j’te raconte tout ça. Tu t’trompes juste sur mon compte. J’avais juste envie d’obtenir des réponses de ta part. » C’était important pour elle de connaitre les ressentis de l’homme qui l’avait brisée. « Parler au psy c’est bien gentil, ses réponses sont assez constructives mais ça ne m’aide pas. Du moins, ça ne m’aide plus. » Aédan se sentait bizarre, stressée et apaisée à la fois. Lui dire tout ce qui lui passait par la tête la soulageait et la faisait paniquer en même temps. Elle espérait qu’il lui réponde, qu’il parle, ne serait-ce qu’un peu. Pour s’empêcher de parler à nouveau, de trop en dire, elle se mit à jouer avec le sable encore chaud. Était-ce réellement terminé ? il n’y avait plus rien d’autre à dire ?
Sujet: Re: And these scars wouldn't be so hidden if you would just look me in the eye ► Blake Mer 14 Nov - 21:13
Tout ça n’est que le résultat d’une vie passée à cracher sur le monde. Ces bâtards qui évincent les plus faibles à coups de menaces, à coups de poings. Ces putains pleines de douces paroles & paradoxalement d’envies sournoises & obscènes. Ces mensonges, reflet d’une entière société. & ces sourires, rideaux des carapaces de chacun. J’ai rampé, face contre terre, durant des années. Mais à l’opposé de certains, qui bâtissent des univers acerbes & répugnants, je me suis relevé. Aujourd’hui, j’ai la tête haute & j’affronte le monde. J’ignore les souvenirs qui résonnent dans mon esprit. J’ignore ce putain de passé inassumé. De toute façon, tout s’est envolé avec ma courtoisie & mon humanité. Mon reflet dans le miroir ne m’effraie plus. & pourtant, lorsque cette nana s’infiltre dans mon champ de vision, j’éprouve le besoin d’imposer ma dominance sans attiser sa crainte. Mes coups ne partiront pas. Mes seuls mots lui causeront des bleus au cœur, si ses questions & provocations s’additionnent encore. « Qu’avec moi ? Génial… Traitement de faveur… » Son attitude laisse sous-entendre qu’elle aurait peut-être préféré ne pas être ma seule soumise. Au fond, quelle aurait été la différence ? J’ai fait de cette nana une victime. Elle a été mon unique poupée de chiffon, & le sera à jamais.
La raison de sa présence à mes côtés m’échappe. & pour marquer davantage mon agacement & ma hâte d’être enfin seul, je me redresse & allonge mon t-shirt sur l’une de mes épaules. « A mes yeux on était en couple. J’étais amoureuse de toi. Stupide, peut-être. T’étais plus vieux oui, j’étais au courant et toi aussi non, t’étais au courant de mon âge. Tu savais ce que je ressentais pour toi, je ne te l’ai jamais caché. Alors si t’avais pas l’impression qu’on était un couple tu aurais dû me le dire. » Cette histoire fêtera bientôt ses huit ans. Alors si la brune se complait dans les méandres de ses souvenirs, ce n’est foutrement pas mon cas. Je n’ai jamais ressenti quoi que ce soit pour elle. Je n’ai jamais éprouvé le besoin de l’embrasser à chaque seconde, ni même de glisser mes doigts dans sa tignasse. Je n’ai plus le souvenir de ses interminables baisers sur ma peau. Seuls mes coups me hantent parfois, lorsque mes nuits se veulent agitées. « Tu sais quoi ? Tes conseils, trouver un mec gentil, fonder une famille et tout ce blabla, garde les pour toi… Ce n’est absolument pas ça que je veux. » Les interrogations fugaces virevoltent pour mon esprit embrumé. & mes yeux bleus azurs font l’amour à cet océan agité face à nous. Une tendresse exceptionnelle émane de mon regard. De la tendresse comme elle n’en a jamais eu, cette nana. « J’vois juste que je n’ai aucune importance, je n’en ai jamais eu alors que toi… toi t’étais important pour moi. Et en quelque sorte tu l’es toujours. T’es celui qui a fait basculer ma vie. » J’ai déglingué ces certitudes, bousillé ses envies d’un avenir à deux. J’crois qu’elle tente de m’achever à coup de franchise. Mais je ne me laisse pas abattre. J’ai le droit d’avancer, de vivre, d’oublier mes erreurs. Ça m’apprendra, à sauter des gamines. « Oui avant toi, j’voulais ce que toutes les débiles veulent, l’amour, le mariage, la famille… Maintenant je veux juste vivre pour moi. Je sais qu’aucun mec ne me rendra heureuse. C’est une perte de temps que d’aimer quelqu’un puisqu’au fond ça n’apporte que de la souffrance. » C’est de ce monde que nait autant de souffrance. Mes yeux se détachent de l’étendue turquoise, & je parfais le chemin de mon regard sur son visage d’enfant. « J’sais même pas pourquoi j’te raconte tout ça. Tu t’trompes juste sur mon compte. J’avais juste envie d’obtenir des réponses de ta part. Parler au psy c’est bien gentil, ses réponses sont assez constructives mais ça ne m’aide pas. Du moins, ça ne m’aide plus. » Mes paumes se cachent dans les poches de mon survêtement. J’sais plus quoi faire pour me dégager de cette emprise. Elle ne cesse de flanquer des mots entre nous, peut-être pour me pousser aux aveux. C’est inutile. Alors je soupire & me poste face à elle. Mon visage se rapproche. Encore & encore. Sûrement trop. « Je me suis excusé, je n’peux rien faire de plus. J’ai pas les réponses que tu attends » dis-je en enfilant mon t-shirt. « Tu as raison, ça ne sert à rien de s’attacher à un homme. On est tous les mêmes. Mais j’ai été pire que les autres. J’n’aurais pas dû te frapper. Mais je ne peux rien changer, ok ? » Autre chose m’intrigue. « J’suis venu ici pour oublier mon passé. J’comptais pas te revoir. Maintenant qu’on s’est tout dit, le mieux c’est qu’on fasse en sorte de ne pas se croiser » Mes pas s’impriment sur le sable rafraichi. J’ai besoin d’me tirer de là.
Sujet: Re: And these scars wouldn't be so hidden if you would just look me in the eye ► Blake Mer 21 Nov - 15:27
Pourquoi ne pas laisser le passé au passé et avancer sans se retourner ? C’est se faire du mal que de chercher des réponses à des questions anciennes. Seulement, Aédan en a besoin. Blake ne semble pas le comprendre. Lui, a l’air d’avoir réussi à tourner cette page tâchée d’une encre indélébile. Quelle chance. Dès que la jeune femme pense avoir fait un pas en avant, dix en arrière sont faits. C’est insupportable et elle n’arrive pas à se contrôler. Elle cherche à connaitre le point de vue de Blake, peut-être est-ce une mauvaise idée. Ce qu’elle entend ne l’aide pas. Il est trop vague, trop loin d’elle. D’ailleurs, ont-ils déjà été proches ? Dans les « rêves » de l’adolescente peut-être, dans la réalité, elle se rend compte qu’elle n’a jamais compté pour lui. Triste sort. Il ne la frappait pas par un amour trop fort. Elle en était déjà consciente mais se demandait s’il n’y avait pas une autre « excuse ». Finalement, il n’y a rien. Elle était là au mauvais moment. Elle ou une autre, ça aurait sûrement été pareil. Même s’il a été horrible, cet homme est « important » dans la vie d’Aédan. Il a été son premier amour, sa première faille, sa première haine… Elle, elle ne représente rien si ce n’est celle qui l’a mis en prison. Il semble n’avoir aucune compassion… Parler, à quoi bon ? Ses phrases semblent rebondir sur Blake qui préfère admirer l’océan face à eux. Certains pourront penser qu’il évite le regard d’Aédan par peur ou par culpabilité. Absolument pas. La jeune femme sait qu’il ne la regarde pas parce qu’il n’en a tout simplement pas envie. Un tel fossé les sépare que c’en est effrayant. La brune n’obtiendra jamais les réponses qu’elle veut. Puis au fond, que veut-elle ? Elle n’en sait plus rien. Stupide, elle aurait peut-être aimé un sourire désolé, une sympathie, peut-être même un peu de tendresse dans le regard. Mais rien. Elle n’aura rien. Rien de plus qu’avant. Elle s’est inventé une relation, uniquement basé sur ses sentiments. Si elle avait douté des sentiments de Blake par le passé, elle sait dorénavant qu’il n’en a jamais eu. Elle a donc souffert inutilement. A son tour, son regard se perd dans cet océan calme.
Surprise de voir Blake s’approcher, Aédan plonge son regard dans le sien. Elle retient un frisson, ne recule pas. Elle l’affronte, il ne la touche pas. Du moins, c’est ce qu’elle veut lui faire croire. Cette vieille histoire a laissé beaucoup trop de traces sur elle à défaut de l’avoir fait sur lui. « Je me suis excusé, je n’peux rien faire de plus. J’ai pas les réponses que tu attends » Chacun de ses gestes semble lent aux yeux de la jeune femme. Ses paroles sont appuyées, fortes et s’imprègnent en elle. « Tu as raison, ça ne sert à rien de s’attacher à un homme. On est tous les mêmes. Mais j’ai été pire que les autres. J’n’aurais pas dû te frapper. Mais je ne peux rien changer, ok ? »Evidemment qu’elle le sait. Elle ne cherche pas à effacer cet aspect de leur relation. Elle voudrait juste une explication qui semble impossible à avoir. « J’suis venu ici pour oublier mon passé. J’comptais pas te revoir. Maintenant qu’on s’est tout dit, le mieux c’est qu’on fasse en sorte de ne pas se croiser » Son visage se tourne, elle le regarde s’éloigner la laissant encore plus abattue qu’avant de le voir. Il a le don de la faire se sentir plus minable qu’elle ne l’est. Comme par le passé. Il est froid. Distant. Elle déteste ce qu’il lui fait. Mais elle se déteste encore plus de le laisser l’atteindre de la sorte. Soufflant, elle lui emboite le pas. Le suivre ? Non, elle veut juste rentrer chez elle et ça implique récupérer ses affaires restées non loin. Derrière lui, elle le fixe. « Je pensais que tu avais réussi à oublier ton passé justement ? Tu ne dis pas avoir avancé ? avoir changé ? » Rapidement, elle se penche pour attraper son sac et sa serviette laissés en plan par son amie qui a dû en avoir marre de l’attendre. Ses pas la guident ensuite près de Blake. « Si tu crois que j’veux juste te faire chier en te parlant. C’est pas du tout mon but. » Un dernier regard vers lui alors qu’il s’éloigne un peu plus. « Moi non plus j’comptais pas te revoir. Mais c’est l’cas… puis, faire en sorte de pas s’croiser… si tu penses que j’vais éviter certains endroits, juste pour ne pas te voir, tu t’trompes. Si j’suis si insignifiante, me voir ne devrait pas te poser de problème. » Déçue, elle bifurque pour atteindre la sortie de la plage. Ils n’ont décidément pas les mêmes attentes et les questions d’Aédan semblent vouées à n’avoir jamais aucune réponses.