La vie de Lexie n’a pas été toute rose. C’est la seule chose dont elle est encore sûre, à l’heure actuelle.
Enfin non, elle sait aussi qu’on lui a brisé le cœur. Mais ça, ce n’est pas pour maintenant…

Lexie est née de parents russes. Ils ont immigrés aux USA avant même qu’elle ne vienne au monde. Sa mère avait 19 ans et son père 25 quand ils ont quitté la Russie pour les Etats-Unis d’Amérique. Ils étaient mariés, ils avaient un seul et unique but : fuir la Russie, la misère. Ils pensaient qu’aux USA, les choses seraient plus simples… Et elles l’ont été… D’une certaine manière. Ils ont pu remonter la pente, ils n’étaient pas pleins aux as, non, certainement pas. Mais ils avaient plus ou moins les moyens de vivre… Et voilà que deux ans plus tard, naissait la petite Lexie, un bébé aux incroyables prunelles azur, celles de sa mère et aux épais cheveux bruns, ceux de son père. Elle était tout pour eux. Leur petite princesse. Mais avoir un enfant, c’était difficile… Ca coutait cher… Et rapidement, leurs conditions modestes cédèrent derechef la place à la pauvreté et à la misère.

Dotée d’une peau d’albâtre qui prenait d’adorables teintes brunes dès qu’elle s’exposait au soleil, la demoiselle fut toujours, pour ses parents, une véritable petite merveille. Leur princesse. Ils l’aimaient énormément, mais la vie n’était pas aisée pour autant. Celui qui a dit, un jour, que l’argent ne faisait pas le bonheur, devait sans nul doute être plein aux as et ne savait pas ce que ça faisait d’être fauché de chez fauché. Voilà, tout simplement. Parce que si ses parents l’aimaient plus que tout, ils vivaient dans la misère, et l’amour, ça ne nourrit pas. Dès qu’elle fut en âge de comprendre la situation, Lexie aida ses parents comme elle le pouvait. A dix ans, déjà, elle aidait à la maison, faisant la cuisine avec ce qu’ils avaient à manger (souvent les invendus du commerce de fruits et légumes que tenaient ses parents). Bien que dotée d’un physique agréable, elle n’avait rien de ces filles, mannequin, qui pouvaient gagner des millions rien qu’en souriant à un appareil photo. Non. Et puis ce genre de milieu, ce n’était pas sûr. Elle le savait très bien. Lexie était une fille dotée d’une intelligence et d’un esprit hors du commun. Elle était rusée, très maligne et comprenait très vite les choses. Ses parents la poussèrent donc à faire des études, pour qu’elle ne galère, par la suite, pas autant qu’eux en tout cas… Et la jeune fille se lança donc dans le journalisme.

Lexie présentait depuis son plus jeune âge un don certain pour l’apprentissage. La lecture la passionnait, et elle écrivait très bien. Ses rédactions faisaient toujours sensation. Il fallait avouer qu’elle avait aussi une imagination plus que débordante. Très vive d’esprit, et loin d’être stupide, Lexie était une très bonne élève, elle était dotée d’une logique imparable et d’une capacité d’analyse intéressant… Elle sauta même une classe, à l’école primaire. Elle aurait pu être excellente, si elle n’avait pas la fâcheuse tendance à ‘oublier’. Parce qu’elle était (et de loin) la reine des étourdies… Si elle ne notait pas tout (mais alors absolument tout) sur un papier, un post-it, bref, quelque chose quoi : elle oubliait. C’était inévitable. Elle était une grande rêveuse. Malgré son enfance difficile, elle avait toujours eu ce trait de caractère. Un jour, disait-elle, tout s’arrangerait. Et ça aurait dû se passer comme ça… Mais quelque chose, Dieu seul savait quoi, avait mal tourné, et tout avait fini par sombrer derechef…

Parce que dans sa vie de pauvreté et de rêves effrénés, il y avait Aaron. Depuis quand connaissait-elle Aaron au juste ? Le jour, la date, elle els avait oublié. C’était comme s’ils avaient toujours été ensemble. Sa vie à New-York, si elle la résumait comportait trois éléments essentiels : la pauvreté, ses parents et Aaron. Et ce depuis toujours, lui semblait-il. Elle ne se souvenait que d’une chose concernant la première fois où ils s’étaient parlé, c’était dans un parc d’enfant, et ils avaient joué à la balançoire, ensembles… Le temps passant, ils devinrent inséparables. Proches, complices… Tout était magique, avec Aaron.
Ils sont finalement allés à la même université, malgré les frais exorbitant de scolarité (pour Lexie). La jeune femme avait dû, pour se faire, emprunter une somme plus que colossale pour faire ses études. Mais ses parents et elle-même y tenaient… Et elle s’est donc accrochée, tout en cumulant des petits boulots à côtés. C’est là qu’ils se sont mis à sortir ensemble. Ceci étant, tout le monde s’y attendait plus ou moins, étant donné leur relation… Puis ils se fiancèrent. Et c’est à partir de là, que tout s’effondra. Encore. Et la chute avait commencé bien avant que le pire n’arrive.

Parce qu’il y avait cette angoisse, si tenace, qui lui tirait les entrailles. Plus le temps passait, et plus Lexie était malade. Elle avait peur. Une peur incroyable. Insensée, aussi… Elle avait toujours été brillante, elle s’en était toujours plus qu’honorablement sortie, avec des mentions, des félicitations. Rares étaient les fois où elle n’était pas en tête de classe… Pourtant, arrivée à la fac, elle perdit tous ses moyens. Elle avait un tel poids sur ses épaules… Tout cela lui coûtait si cher… Et elle n’avait plus qu’une idée en tête : et si jamais elle échouait, que deviendrait-elle ? Elle avait peur de l’échec (qui pourtant était plus qu’improbable, la concernant)… Et elle commença à faire des crises d’angoisses à répétition. Ca lui gâchait l’existence au quotidien, et elle risquait de vraiment rater ses études, à force de s’inquiéter… C’est la raison pour laquelle elle commença à consulter un psychiatre. Le docteur Imran Johar. Il lui prescrivit alors un traitement, pour l’aider à gérer ses angoisses… Et ses études se passèrent mieux… Mais pas sa vie de couple. Parce que bien que fiancée à Aaron, elle fit quelque chose qui, à ses yeux, était impardonnable : elle eut une liaison avec Johar. Rien qui s’avérait être prémédité pourtant… Mais elle le fit, et ça, c’était un souvenir qu’elle ne pourrait plus jamais effacer de sa mémoire…

Alors qu’on pouvait s’imaginer que les choses allaient s’apaiser à partir de ce moment là, il faut bien avouer que non, ce fut d’ailleurs tout le contraire. L’ultime choc restait à venir… Et il allait changer Lexie, à jamais… Elle n’en crut pas ses yeux, lorsqu’elle le vit… C’était un magazine ! Un magazine lui apprenait qu’Aaron allait se marier, et que ce n’était pas avec elle, non, évidemment, pourquoi épouser sa fiancée ??? Il épousait une autre fille. Elle lui avait volé son amour ! Et il ne lui avait rien dit… Il l’avait trahie !!!! Cette garce lui avait volé celui qui avait toujours été là, avec elle, juste à ses côtés. Comment expliquer, la douleur qu’elle avait alors ressentit ? Pouvait-on vraiment décrire pareil déchirement ? C’était comme si l’univers entier c’était effondré, mais en pire. Parce que le ciel était toujours bleu, les oiseaux chantaient, le soleil se levait, mais elle, elle était au fond du gouffre. Que croire quand le destin n’a de cesse de s’acharner contre vous ??? Elle était brisée. Et il s’était fichu d’elle. Elle ne voyait pas d’autres explications. Ils s’étaient, tous les deux, bien fichus d’elle…

A partir de ce moment là, bien que totalement anéantie, elle se construisit une forteresse. On ne l’aurait jamais plus à ce petit jeu là !!! Elle allait être forte, elle allait vaincre. Parce qu’elle était une battante, et qu’elle aussi, elle avait le droit de gagner, un jour. Les crises d’angoisse n’avaient plus lieu d’être. Elle était devenue plus forte. Et lorsqu’elle reçut la proposition du père d’Aaaron… Elle n’hésita pas longtemps… Elle signa. Elle n’avait plus rien. Plus de cœur, plus d’argent, plus de rêves. Alors que pouvait-elle bien perdre encore ? Elle avait, de toute façon, déjà tout perdu.

C’est ainsi que Lexie fit ses bagages, ses études de journalisme terminées, endettée plus que jamais, un contrat en poche, pour filer à Arrowsic. Aaron et elle n’en n’avaient pas fini. Ils s’étaient après tout à moitié engagés, pour le meilleur et pour le pire. Et elle n’allait pas être la seule à connaître le pire. Elle allait l’espionner, puisqu’on la payait pour ça. Et elle allait essayer de comprendre. Pourquoi il l’avait abandonnée… Et qu’est-ce qu’elle a de plus, d’ailleurs cette Rhéa ???