" You've got to accept the fact that life isn't a fairy tale, things aren't always happily ever after. "

Le souvenir précis de ce couloir froid malgré le soleil brûlant du Texas, le rire des gens profitant de la saveur de cet été. Tous ces souvenirs étaient marqués au fer rouge dans mon esprit, comme le souvenir du petit corps de Reagan, tremblant tout contre moi. Notre monde venait de voler en éclats et je me devais de la protéger, elle, ma petite soeur. Je devais être forte du haut de mes dix ans, même si j'avais envie de hurler de douleur contre l'injustice qui nous accabler. Je me souviens encore du regard livide de Cassie, qui était tellement à l'opposé, du visage souriant que ma jeune tante arborait toujours en permanence. Nous allions vivre avec elle, dorénavant. Et même si j'adorais aller en vacances chez elle, je voulais protester, dire que je voulais retourner dans la maison qui nous avait vu grandir, je voulais rester auprès de mes amis, je voulais plus que tout que mes parents ne soient pas morts dans cet accident de voiture. C'était la première fois que la vie me faisait endurer une telle épreuve, j'espérais du fond de mon cœur que ce serait la dernière fois aussi. Je me promettais à cet instant précis, de tout faire pour préserver ce que j'aimais le plus. Pour me l'approprier égoïstement et ne plus jamais laisser partir ce qui pouvait combler ce manque, ce néant qui venait de surgir dans ma poitrine. Je décidais à cet instant que peu importé que je dusses oublier mes désirs, je ferais tout pour que ma petite soeur, qui avait à peine cinq ans et l'impression de ne pas avoir été privé de famille. Je me souviens avec précision de sa petite main froide au creux de la mienne, tandis que nous suivions notre tante, dans ce couloir froid, ce couloir qui nous arrachait à notre vie, ce couloir qui nous faisait abandonner nos derniers espoirs de revoir nos parents, pour nous amener dans un autre lieu. Le vrombissement des avions nous entourant. C'était le souvenir le plus pénible de ma vie et pourtant je ne savais pas encore que San Francisco et ma tante Cassandra serait un réconfort incroyable dans la douleur qui me submergeait .

" One day can make your life, one day can ruin your life. All life is, is four or five big days that change everything "

" Tu l'as fait, Mea " Le son éclatant de ma tante, le rire heureux de ma petite soeur " Tu as réussi " alors que mes mains tremblante tenait encore dans les mains la lettre officielle, celle que j'appréhendais de recevoir, tout en l'attendant avec impatience. J'avais 17 ans et finalement je voyais un de mes plus beaux rêves se concrétisait. J'avais encore du mal à y croire, je ne pouvais m'empêcher de sentir mon visage se figer dans une expression de béatitude et d'étonnement. Je me souviens juste de Cassie qui me pris dans ses bras, de ma petite Reagan qui s'accrocha à ma taille. Je ne pouvais pas croire que j'allais entrer dans la prestigieuse université de Stanford pour pouvoir étudier le droit, comme j'en rêvais depuis des années à présent. Je voulais absolument rester à San Francisco pour ma nouvelle famille, mais j'allais néanmoins pouvoir réaliser mon rêve. Je me souviens aussi du petit pincement au cœur de ne pas avoir mes parents, mais j'avais fini par gérer la douleur de leur absence grâce à l'amour de ma tante et ma petite soeur. Je me dis que je n'aurais pas dû être si étonnée, je m'étais toujours battu avec détermination pour ce que je voulais. J'avais passé de longues heures à étudier pour pouvoir obtenir cette acceptation, j'avais bossé dans des restaurants assez minables pour économiser pour pouvoir me payer mes études. J'avais réussi à me forger un caractère déterminé, ne pas me laisser abattre par les coups de la vie et pourtant à cet instant, la petite fille qui sommeillait en moi, baignait dans l'émerveillement de cette réussite. Savourant une revanche, une victoire sur mon destin . Le reste avait été très vite, la fin de l'année scolaire, la remise des diplômes, ma rupture avec mon petit ami de lycée, mon arrivée dans un autre univers, un univers qui ne demandait qu'une chose, que je le découvre et l'embrasse à plein corps. Ma vie m'attendait et j'étais encore loin de me douter qu'elle soit remplie d'un tel amour et d'une telle force. J'avais 18 ans quand j'ai compris que le passé ne m'empêcherait pas d'avoir un nouveau départ, de saisir ma chance.

" I'm talking about fate here - when feelings are so powerful it's as if some force beyond your control is guiding you to someone who can make you happy beyond your wildest dreams "

Quand Trisha, ma compagne de chambre m'avait supplié de venir avec elle dans ce bar, ce soir-là, je n'étais pas vraiment enthousiasme. Je devais réviser pour un de mes examens et à vrai dire, j'en avais un peu marre des hommes qui venaient me draguer. La vérité était qu'à l'époque, je pensais plus à réussir mes études qu'à me trouver un petit ami. J'en ris encore de ma propre naïveté, car c'est probablement le destin qui a fait que j'ai accepté malgré mes réticences. Pour me montrer à quel point, j'avais tort de croire que seule ma réussite professionnelle serait satisfaisante. Pour mettre sur ma route, celui que je finirais par appeler mon mari. Camden était venu à moi et même si je l'avais rembarrée, pas franchement d'humeur à supporter une lourde drague, il avait réussi à détourner le moment à son avantage. Je crois que si je suis honnête, c'est en entendant sa réplique suivante que je su qu'il ne serait pas seulement un mec de passage, mais à l'époque, je me suis juste contentée de lui parler, de flirter avec lui toute la soirée, comme l'étudiante que j'étais. Il n'était pas du coin et cela ne m'engageait à rien. C'était stupide de croire que ses quelques jours avec lui, ne serait rien de plus qu'un simple flirt sans lendemain. Je n'avais pas voulu m'avouer avant qu'il parte qu'il était déjà trop tard pour moi. J'étais amoureuse, mais je n'allais pas lui dire. On a gardé le contact, mais je pensais seulement que je me bernais moi-même à l'époque, que je n'aurais pas ce conte de fées que j'avais beau nier exister, j'espérais du plus profond de mon cœur. J'étais triste, je n'avais plus vraiment le cœur à rien, mais je prétendais le contraire . Mais il m'a surpris, il est revenu pour moi, il ne m'a pas abandonné et j'ai finalement laissé tomber le masque de femme forte et indépendante, pour un instant, le serrant dans mes bras. Je l'aimais déjà, mais je ne lui ai pas dit. J'ai juste murmuré quelques mots de soulagement, tandis que je m'abandonnais dans ses bras, cette nuit là. Et après, c'est comme ci une tornade avait tout emporté de mon ancienne existence, pour m'en donner une meilleure. Camden s'inscrit à Berkeley, on prit un appartement, je me souviens encore avec un sourire ridicule de l'endroit si petit et pourtant qui reste dans mon cœur, car cela a été notre premier chez nous. Il a fallu seulement quelques mois, pour qu'il me demande en mariage, j'ai dit oui, parce qu'honnêtement, je ne me voyais pas lui offrir d'autres réponses. Meadow Oath-Delweet était une femme comblée qui ne laisserait pas sa carrière de côté, mais n'en demeurait pas une femme de cœur, qui avait enfin sa propre famille, comme pour détromper les fantômes de mon passé. Je savais déjà à l'époque, que je ferais tout pour préserver ce trésor que la vie m'offrait.

" The moment a child is born, the mother is also born. She never existed before. The woman existed, but the mother, never. A mother is something absolutely new. "

Je me suis longtemps dit que le jour où j'ai épousé Camden était le plus beau jour de ma vie, mais s'il demeure sans conteste un de ses moments inoubliables que je chérirais toujours avec amour. La naissance de mon fils, de ce petit bonhomme qui était une preuve de notre amour, qui était une partie de mon univers à lui seul fut sans doute, le jour où j'ai vraiment compris que j'étais heureuse, que ma vie me comblait et m'avait apporté tout ce que je désirais. Ce moment, où le trou béant dans ma poitrine a fini par se reboucher une bonne fois pour toute. Je n'oublierais jamais mes parents ou le chagrin que leur perte m'avait causé, mais à présent, j'avais un mari, un fils. Je me souviens aussi des doutes qui m'ont envahi peu après la naissance de Sawyer. Arriverais-je à concilier, mon rôle de mère avec celui d'épouse et de femme ? Je me sentais fatiguée et je n'étais pas sûre d'être à la hauteur, j'étais probablement en proie avec tous les doutes qu'une femme peut avoir après la naissance de son premier enfant. Je ne voulais pas abandonner ma carrière, mais je ne voulais pas être une mère absente. Je voulais que mon mari me désire encore, même s'il rentrait et me retrouver avec du vomi de bébé, sur un vieux tee-shirt ne me mettant pas forcément en valeur. Je voulais que Sawyer est une enfance qu'il pourrait regarder sans avoir de tristesse au fond du regard. Mais je voulais surtout ne pas me laisser abattre. J'avais toujours été sûre de moi et de mes décisions, avoir un enfant avec Camden en faisait partie et j'étais toute prête à assumer ce rôle .Alors, après quelques semaines à nager en eaux troubles, j'ai choisi d'aller de l'avant, de réduire un peu mes horaires de boulot quand je le reprendrais, de passer le plus de temps possibles avec mon petit garçon, mais aussi de rester la femme dont Camden s'était épris. Je savais que j'étais capable de pouvoir être sur tous les fronts, je pouvais très bien passé ma journée avec un vieux jogging, rampant par terre avec mon petit ange et prendre une douche rapide, avant que mon mari ne rentre, enfilait une petite robe et nous concoctait un petit repas. Je pouvais très bien étudier mes dossiers, trouver les failles de la partie adverse, tout en berçant Sawyer dans mes bras, pour qu'il s'endorme. Je faisais en sorte de rester celle que j'avais toujours été, celle qui voulait à tout prix protéger ce qui illuminait sa vie. Je pouvais compter sur le soutien de ma tante, de ma soeur et surtout de mon mari. Ma vie était parfaite ou presque, car San Francisco était peut-être ma ville d'adoption, celle qui avait abrité mes années d'adolescence, mais nous voulions un environnement plus tranquille pour élever notre fils, nous voulions la maison avec la belle barrière blanche. Nous voulions peut-être du cliché, mais pouvions nous nous blâmer. Rapidement la décision de retourner dans la ville où Camden avait grandi, Arrowsic dans le Maine semblait le plus logique.

" Trouble is a part of your life and if you don't share it, you don't give the person who loves you enough chance to love you enough"

La vérité est que si j'avais su ce qui m'attendait, j'aurais peut-être réfléchie à deux fois avant de déménager. Arrowsic est une ville comme je l'avais rêvée, j'aime l'endroit et la tranquillité. J'ai retrouvé un poste dans un cabinet qui me permet d'exercer ma profession tout en passant un maximum de temps avec Sawyer. J'ai même réussi à me faire des amies dans cette petite communauté, comme par exemple Kiara, l'institutrice de Sawyer, qui tout comme moi à un petit garçon. Non, sur le papier tout est parfait, une vraie vie de conte de fées. Le problème, c'est Camden. A San Francisco, nous étions heureux, amoureux, nous nous épaulions dans les crises, mais depuis notre arrivée ici, il a changé. Je le sais, malgré ses protestations, même Sawyer se rends compte que son père n'est plus tout à fait le même. Regrette-t-il notre vie d'avant ? Mais si cela est le cas, alors pourquoi ne rien me dire ? Je l'observe du coin de l'œil, alors que cet air pensif, rempli de souffrance se dessine sur ses traits que j'aime tant et j'ai peur. Peur de perdre mon mari et la vie parfaite que j'ai. Je ne montre pas mes angoisses, car je ne veux pas qu'il se braque, mais je ne peux m'empêcher de le questionner, je veux savoir, j'ai besoin de savoir. Je pensais qu'il était heureux de revenir auprès de sa famille, mais cette famille pourquoi me l'a-t-il caché ? Les doutes commencent à remplir mon esprit et la sourde confusion ne m'aide pas à y voir plus clair. Je sais qu'il m'aime, je le crois sincèrement, mais si cela n'était pas suffisant alors qu'adviendra-t-il de nous ? Je n'ai jamais eu aucun regret concernant mes décisions, pas un seul instant. Emménager puis me marier avec un homme que je ne connaissais que depuis quelques mois, avoir un enfant alors que ma carrière commençait seulement à décoller, quitter ma tante et ma soeur pour partir à l'autre bout du pays. Mais j'en viens à me demander si ce n'est pas lui qui a des doutes sur tout cela. Je ne peux m'empêcher de le scruter, de chercher le moindre signe qui appuierait mes conclusions. Et je passe bon nombre de mes soirées, à poser mes yeux sur le visage innocent de notre fils, me rassurant. Il est la preuve que notre histoire est solide. Je me dois de tenir le coup, d'être l'épaule sur laquelle s'appuyait pour ne pas voir cette famille s'effondrait, ma famille mais j'aimerais tellement connaitre les raisons de ce brusque changement dans le tempérament de l'homme que j'aime, j'aimerais tellement pouvoir l'aider, l'épauler, lui montrer à quel point je l'aime.

☂ I WON'T EVEN SING ALONG.