Le Deal du moment : -17%
(Black Friday) Apple watch Apple SE GPS + Cellular ...
Voir le deal
249 €

Partagez | 
 

 Armageddon was yesterday, today we have a serious problem.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité


Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. Empty
MessageSujet: Armageddon was yesterday, today we have a serious problem.   Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. EmptyMer 30 Jan - 10:01

❝ armageddon was yesterday,
today we have a serious problem ❞
The stairs creak as I sleep, It's keeping me awake. It's the house telling you to close your eyes. Some days I can't even trust myself. It's killing me to see you this way. There's an old voice in my head that's holding me back. Well tell her that I miss our little talks. Soon it will be over, and buried with our past. We used to play outside when we were young. And full of life and full of love. Some days I don't know if I am wrong or right. Your mind is playing tricks on you. You're gone, gone, gone away, I watched you disappear. All that's left is a ghost of you. Now we're torn, torn, torn apart, There's nothing we can do.


La rage, l’envie, la frustration. Mélange corrosif brûlant furieusement ses veines. Il lui semblait que ce constat avait empiré depuis qu’il avait remis les pieds au Canada, chassant le faux flegme entretenu durant des mois. C’était pourtant Elizabeth, celle qui fuyait d’ordinaire si bien les explications et les règlements de compte. Empêchant ainsi les éphémères réconciliations. Les rôles s’étaient inversés, après les insanités qu’ils avaient pu se balancer à la figure, entre le bureau rigide et le sofa moelleux. Arrogance l’emportant sur les autres poisons, le manque lancinant et le besoin d’absolution. A ses yeux, il n’y avait plus rien à rajouter, ils en avaient déjà trop dit. Et s’il en regrettait la majeure partie, il n’était pas prêt de l’avouer. Évitant comme la peste toute nouvelle confrontation, l’envoyant sur les roses lorsqu’elle tentait courageusement de briser la glace. Il avait accueilli l’annonce de l’avortement avec la plus grande des froideurs, estimant que cela ne le concernait plus. Ni le frère protecteur, désapprouvant tout ce qui pouvait la détourner de ses études. Ni le mari trompé, plus près de signer les papiers du divorce que de passer l’éponge sur les écarts de sa femme. Si seulement… Dans un sens c'était probablement plus raisonnable que d’extérioriser son ressenti, en martelant ses tympans de mots crus, agressifs et tranchants comme des lames effilées. Mieux que de laisser l’armure de glace autour de son cœur se craqueler, pour que le piteux organe soit encore broyé d’une main de fer. Et puis, il lui devait bien ça. Pour l’avoir entrainée dans la toile de ses sombres délires, il pouvait ne pas l’abimer davantage – si tant est que ce soit possible – avec des palabres assassines.
Il avait installé tout un périmètre de sécurité pour se protéger, et ce qui devait arriver arriva. Les mines finirent par lui éclater à la gueule en bonne et due forme. Parce que pour commencer, il n’aurait jamais du accepter l’invitation de leur mère. Il aurait mieux valu ignorer ses suppliques, pour la sauvegarde des lambeaux de sa santé mentale. Mais il avait cédé, faible qu’il était. Il s’était persuadé qu’il ne risquait rien, qu’il saurait contenir cette chose immonde encore agrippée à ses viscères. Il pensait arriver à la supporter, à entretenir un semblant d’entente cordiale, même sous le même toit. Et qu’il n’aurait qu’à écourter le voyage si nécessaire, en prétextant devoir retourner veiller sur ses patients. Gavé par ses propres balivernes fatales. Ils auraient pu réussir à faire croire qu’à défaut de s’adorer comme autrefois, ils se tenaient en respect. Se contentant d’échanger les paroles strictement nécessaires. De ne plus se frôler, pour ne pas déclencher un incendie avec les escarbilles encore fumantes du brasier de leur déchéance. De sourire poliment, de faire mine d’être épanouis.

Oui ils auraient pu. S’il n’avait pas eu la brillante idée d’aller noyer ses idées noires dans un bar du coin, en rustre qui se respecte. Si elle, elle n’avait pas justement choisi d’aller s’y vider la tête avec de vieilles connaissances. Au contraire de lui, l’ermite redoutant que soit collé sur son front tous leurs mensonges. Notamment la comédie tragique orchestrée à Arrowsic. Un mariage uniquement pour le pire, avec la séparation de corps et l’humiliation publique de voir sa femme se faire engrosser par un autre. Car il s’en était persuadé, il n’y était pour rien. Il n’y avait qu’elle qui était en faute, elle et ses manières de sainte-nitouche lorsqu’il avait ne serait-ce que l’audace de poser les yeux sur une femme, alors qu’elle trainait au rayon lingerie depuis des mois. Il en était là de ses considérations, à la maudire, au cas où elle ne soit pas déjà vouée aux géhennes et qu’il existe là-bas plusieurs degrés de supplice selon les crimes, lorsqu’elle vint tout gâcher.

La scène était presque coutumière. Il aurait du ne pas se laisser prendre au piège cette fois. La laisser se faire baratiner par le premier venu, se moquer éperdument de comment et avec qui elle terminerait la nuit. Mais non. Il fut obligé de s’en mêler. Une minute d’égarement suffisante pour faire voler en éclats son masque d’indifférence. Pour lui prouver que la jalousie était une compagne tenace. Il avait tenté de résister, de se contenir. Sauf que le spectacle était insoutenable. Insoutenable et interminable. Sa réputation de tête brûlée, d’impulsif, lui collait à la peau pour une bonne raison. Et il en paya le prix. Cash.
Massacré par une armoire à glace plus habile de ses poings que lui. Suffisamment pour lui faire manger la poussière à plusieurs reprises. Sans doute également pour lui fracturer quelques côtes, tant sa poitrine le faisait souffrir. Comme si son palpitant pesait des tonnes, à l’agonie au creux de sa cage thoracique. Le retour s’était effectué dans un silence de mort. Pas en état de conduire, trop sonné, il n’avait pas décroché une phrase de tout le trajet. Les dents serrées jusqu’à ce sa mâchoire en devienne douloureuse. Forces amoindries qui ne l’empêchèrent pas de claquer la portière de la voiture avec violence, et d’en faire de même avec la porte d’entrée, au nez d’Elizabeth. Il perdit définitivement patience lorsqu’elle s’échina à lui emboiter le pas dans l’escalier. Se retournant vers sa cadette avec brusquerie pour poignarder ses prunelles, entre inquiétude et énervement. Azurs enivrants qu’il s’était efforcé d’esquiver autant que possible, sous peine de replonger dans des abysses sans fond. Il attrapa son avant-bras rudement, la rapprochant sensiblement de son corps en équilibre avant de maugréer : « Je te déconseille fortement de me suivre. T’en as assez fait pour la soirée, t’as pas l’impression ? » Il avait mis de la poigne dans son geste, prêt à la décourager de toute tentative pour renouer le moindre contact. « Qu’est ce qui est arrivé à ton visage ? Tu t’es encore battu, c’est ça ? » La voix furibonde de son père le fit se renfrogner davantage, et il relâcha sa prise. Insolent s’abstenant de répondre, gravissant les dernières marches menant à l’étage avant de se glisser dans la salle de bain.

Même picoler, il ne savait plus. Les lignes droites se courbaient, comme si le sol n’allait pas tarder à se dérober sous ses pieds. Il laissa couler l’eau du robinet sans y toucher. S’agrippant aux rebords du lavabo pour ne pas s’effondrer au point de faire blanchir les jointures de ses phalanges. Cannes tremblantes trop fébriles pour correctement le porter, lui et sa bêtise disproportionnée. L’odeur de l’alcool le rendait malade, nauséeux. Il se sentait sale, et savait qu’une douche n’y changerait rien. Poisseux en permanence, gangréné par ce mal sans remède.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité


Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. Empty
MessageSujet: Re: Armageddon was yesterday, today we have a serious problem.   Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. EmptyJeu 31 Jan - 21:10

Rien. Plus rien. Le vide total, le néant, et des débris de tentatives échoués sur les bords. La sensation qu'ils étaient peut-être arrivés à une espèce de fin, à un état figé, sans retours en arrière possible, sans avancée à espérer, lui serrait la gorge, au point de lui voler tout air. Elle n'avait jamais connu ça, cette absence totale, même d'insultes quotidiennes. Et lorsqu'ils n'avaient réellement pas de contacts, elle avait été la cause de ce silence, et cela semblait soudainement plus supportable de cet angle. Là, il se sentait juste démunie. Parce que c'était finalement ce qu'elle était, démunie, dépossédée, anéantie, vidée, habitée par l'angoisse seule de l'avoir perdu pour de vrai. Il ne lui parlait plus, ne la provoquait plus, ne la regardait plus. Même lorsqu'elle essayait d'accrocher son regard dans les couloirs, il demeurait stoïque, les yeux fixés droit devant.
L'invitation de leur mère était ainsi tombée au mauvais moment – comme s'il existait désormais de bons moments pour se réunir en famille. Elle espérait qu'Arrowsic avait su lui rendre ses deux enfants qui s'aimaient, et il s'avérait qu'elle avait eu tort sur toute la ligne. Arrowsic n'avait pas été une délivrance, bien au contraire. Arrowsic avait été l'excuse pour vivre ce qu'ils s'acharnaient à terrer. Et malgré tout, malgré eux, il fallait admettre qu'une habitude s'était installée ; que cette prétendue vie de couple avait laissé des traces et que le retour aux rôles bien délimités du frère et de la sœur n'était pas chose aisée.

La malchance qui les caractérisait si bien ne les avait pas lâché à la frontière, surtout pas, et se révélait peut-être même d'autant plus puissante maintenant qu'ils étaient de retour dans leur pays natal. Le bonheur semblait être quelque chose auquel ils n'avaient pas le droit, le répit non plus. Condamnés à se retrouver dans les pires solutions que le monde pouvait leur offrir. Elle avait pourtant essayé de fuir ça, de se vider la tête pleine à craquer en acceptant l'invitation de quelques amies. Même lorsque la volonté, l'envie y étaient, le reste était absent à l'appel. De tous les bars existant dans ce foutu centre ville, il avait fallu qu'ils jettent, aîné comme cadette, leur dévolu sur le même. La vision seule de sa silhouette lorsqu'elle pénétra à l'intérieur suffit pour lui anéantir tout espoir de soirée agréable. Et, parce qu'ils ne faisaient jamais les choses à moitié : Ethan avait eu la bonne idée de se lancer comme un héros de guerre pitoyable contre un guerrier qui ne ferait de lui qu'une bouchée sans le moindre doute.
Écourtant sa propre soirée face au comportement des plus puérils que son frère qui frôlait la trentaine avait adopté, elle eut en guise de remerciements un premier claquement de porte, et puis, au cas où le premier n'aurait pas été assez clair, il lui sembla bon de recommencer avec celle de l'entrée. Elle n'en démordit pas pour autant, et sa tentative de l'en dissuader, aussi sèche et autoritaire soit-elle ne fit pas non plus son effet. A force de lui aboyer dessus, elle avait fini par être immunisée contre tous ces semblants de menace.

Elle attendit malgré tout quelques instants avant de monter les marches restantes, hésitant devant la poignée, avant de se décider à se glisser à l'intérieur. Partagée elle aussi entre l'inquiétude et l'énervement. Usant de ses poings même, et surtout, lorsque cela ne servait à rien, et pestant contre le monde entier lorsqu'il terminait sacrément amoché. Son monde s'était finalement rudement réduit, faisant plus ou moins consciemment le vide autour de soi, à un tel point qu'il ne restait plus qu'à pour s'en soucier. Et puis, à quoi bon ? A quoi bon jouer les chevaliers servants venant délivrer la princesse en panique, lorsqu'ils savaient d'avance que celle-ci reviendrait toujours à la case de départ ? A quoi bon avoir peur lorsque les choses étaient faites pour rester telles qu'elles étaient ?
Elle lui en voulait, de ne pas avoir été capable d'être plus adulte, et d'avoir en plus le cran de la rendre responsable de son échec. « T'as pas le droit de tout foutre sur mon compte à chaque fois, surtout que j'y suis pour rien, dans ce cas-là. Pour info, je lui disais gentiment que je n'étais pas intéressée ; il aurait suffit que tu attendes deux petites minutes de plus, et tu aurais pu t'épargner tout ce mal. » Ce n'était pas la meilleure des options, et elle le savait, mais c'était malheureusement tout ce dont elle était capable. Se sentant constamment obligée de cracher son venin, jusqu'à la dernière goutte, à chaque fois qu'elle en avait l'occasion. Elle aurait dû le laisser seul, et laisser couler l'affaire. Prendre ses blessures comme la preuve dont elle semblait avoir besoin : il ne l'avait pas oubliée, il était toujours désespérément enchaîné à elle. Se complaire avec cette idée là, en oubliant tout le reste.

« C'est trop te demander que de ne pas te faire remarquer ? On reste une minable semaine ici alors fais au moins l'effort de te la mettre en veilleuse. Tu l'as très bien fait à Arrowsic ces derniers mois, alors continue sur cette lancée-là. » Par dessus tout, c'était le danger qu'il attirait au dessus d'eux – car en tout bon paranoïaque qui se respecte, Elizabeth pensait que le moindre faux pas de leur part les mènerait à une chute irrémédiable. Tellement obsédée par ce mensonge auquel ils avaient donné des allures de réalité qu'elle n'était plus capable que de vivre par ça. Et ce retour à la maison se montrait d'une difficulté sans nom. Secouant la tête, elle finit par rajouter : « Parce que ça en vaut pas la peine... »
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité


Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. Empty
MessageSujet: Re: Armageddon was yesterday, today we have a serious problem.   Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. EmptyDim 3 Fév - 0:29

« Je suis mécaniquement vivant, puisque mes doigts bougent et que mes yeux clignent. Mais je suis rempli de vide. » Les mots allaient et venaient, glissant avec véhémence dans sa boite crânienne. Trouvant une résonance toute particulière dans les restes de son âme noircie en ces sombres circonstances. L’échec était plus difficile à supporter que les fois précédentes, son arrière-goût acide lui déchiquetant la gorge jusqu’à la rendre sèche. Il se sentait pantelant, incapable de s’extirper cette eau vaseuse dans laquelle il était tombé tête la première. Se détestant d’avoir cédé à une pulsion si idiote, alors qu’il aurait été tellement plus raisonnable de quitter gentiment le bar sans faire de vagues. Ou tout simplement de se contenter de serrer ses barrières de nacre jusqu'à la rupture. D’éclipser les images écœurantes qui allaient de paire, cisaillant son crâne de dément de part en part. Histoire de s'épargner bleus, contusions, fractures et blessures d'amour propre. Voilà qui allait certainement arranger la réputation d’adolescent attardé croisé avec un rustre dépravé qu’il s’était forgé en ville, auprès de leurs connaissances et de leurs proches. Avant de partir la rejoindre dans son coin perdu au fin fond du Maine. Six mois pour tenter de l’oublier, six pour redorer plus ou moins son blason. Six mois à l’éviter dans les couloirs, à honorer la dernière réplique meurtrière qu’il avait pu lui lancer froidement au visage. Tous ces efforts réduits en fumée en quelques secondes d’égarement. Constat désastreux qui le rendait fou, et lui faisait regretter de ne pas avoir été plus sérieusement amoché par le malotru. Il aurait voulu ne plus être capable de penser, de se torturer les méninges avec cette foutue morale et tout ce qui pouvait s’ensuivre.
La maison familiale était autrefois symbole de quiétude, de complicité, de paix. Désormais, il l’identifiait presque à l’antre du Diable. Parce que c’était là que tout avait commencé. Là qu’une douce proximité s’était tissée, gagnant en ampleur au fil des années. Jusqu’à ce que cette tendre innocence soit souillée par des envies malsaines. Par ce désir viscéral de prendre possession de la chair de l’autre. Ne serait-ce qu’y penser le révulsait profondément, mais il faut croire que l’on pouvait s’accommoder de tout. Y compris de l’impensable. De l’envie de se vomir dessus pour être devenu un tel déchet.

Il avait parfaitement conscience qu’elle n’était plus effrayée comme autrefois par ses menaces, lorsqu’il était encore doux comme un agneau avec elle et maitrisait ses excès de rage. Mais il avait naïvement espéré qu’après ces mois de silence radio, elle n’oserait pas insister. Qu’elle ne mettrait pas en péril leur accord tacite. Celui de ne plus se voir, de ne plus se parler, de ne plus se toucher. Même s’il se doutait en son for intérieur que l’occasion était trop belle pour la laisser s'échapper. Ils avaient une foule de vaines et inutiles batailles de chiffonniers à rattraper. Il aurait du ravaler ses reproches en prévention, faire profil bas et prier pour qu’elle daigne ignorer son coup de sang. Mais non. Il avait fallu qu'il la ramène. Un juron filtra hors de ses lèvres lorsqu’elle s’immisça dans la salle de bains, piétinant allègrement son espace vital. Il tenta un instant de faire comme si elle n’existait pas, frottant rageusement sous l’eau glaciale ses poings meurtris. Elle était pour lui comme un poison, distillant lentement mais sûrement sa substance mortifère dans le moindre recoin de son organisme. Une bombe à retardement sur le point d'exploser. Et le compte à rebours venait d'être déclenché.

Pas intéressée, affirmait-elle, pour parfaire son image de pauvre imbécile ravagé par la jalousie. Mais vu de là où il était, cela semblait tout autre. Il n'était même plus en mesure de se défendre, de nier. De prétendre que cela lui était égal, avec qui elle couchait. Dans quels draps elle se roulait. Il manquait en effet terriblement de crédibilité à présent, et la honte s'étendait sur sa peau laiteuse comme un linceul poisseux. Qu’elle cherche à se justifier ne faisait toutefois qu’entretenir les rôles contre-nature qu’ils avaient endossé à Arrowsic. Comme s’il était réellement un époux en droit de contrôler les fréquentations de sa femme. A un véritable frère, elle aurait répondu que l’intrus n’était pas si borné que ça, et qu’il aurait suffit de quelques petites minutes pour le convaincre d’aller voir ailleurs. A un mari, il était logique qu’elle se montre rassurante et précise qu’elle n’avait pas l’intention de se vautrer dans la luxure avec un parfait inconnu. Il tenta de se retenir, de rester silencieux. S’arrachant presque la peau recouvrant le dos de ses mains tant il s’y acharnait comme un forcené. Mais lorsque sa voix tyrannique cessa enfin de lui vriller les tympans, il ne put retenir ses sarcasmes. Délaissant le lavabo pour enfin lui faire face. S'appuyant cependant contre le marbre pour rester d’aplomb et ne pas franchir la frêle distance le séparant du corps d'Elizabeth. Toute proximité pouvait leur être fatale après un sevrage si intensif, il le ressentait dans chaque fibre de sa carcasse amochée. Comme une mauvaise intuition, tenace et dérangeante. Refusant ainsi d’écouter cet instinct primaire qui lui hurlait de la prendre dans ses bras et de s’efforcer d’oublier ces semaines interminables de torture.
« Et toi, c’est trop te demander que de me foutre la paix ? Je me doutais bien que t’attendais le premier prétexte pour venir me seriner ta morale hypocrite, je parie que ça devait même te démanger. »
Il était inapte à se remettre en question, préférant de loin se placer dans la position de la victime plutôt que d’avouer sa faiblesse. Plutôt que de s’excuser pour sa conduite stupide, et loin d’être chevaleresque quand on s’attardait sur ses véritables motivations. « Au passage, je te remercie de saluer mes efforts de ces derniers mois, ça me manquait ton approbation. Tu veux me complimenter sur autre chose tant qu’on y est ou tu vas enfin te décider à arrêter de me les briser ? » Persifla-t-il avant de se sentir obligé de rajouter perfidement : « Et ne t’inquiète donc pas, tu vas redevenir invisible à mes yeux à la seconde même où j’aurai dégrisé. » Ce qui ne risquait pas d’arriver de si tôt, en fin de compte. Avec ou sans elle, il n’était rien de plus qu’une vulgaire épave depuis qu'il était tombé amoureux d'elle.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité


Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. Empty
MessageSujet: Re: Armageddon was yesterday, today we have a serious problem.   Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. EmptyVen 8 Fév - 23:40

A force, tout semblait avoir perdu en intensité. Autrefois, elle aurait paniqué et hurlé, couru vers lui pour vérifier de ses propres yeux que ses blessures n'étaient pas trop graves. Elle aurait éclipsé, voire même oublié le caractère puéril de son comportement, tant la peur et l'inquiétude auraient ravagé tout le reste. Elle avait été cette fille là, celle qui lui caressait ses jointures pleines de sang, ses pommettes endolories. Celle qui l'enveloppait de ses bras pour mieux se rassurer elle-même, pour le sentir là, chaud, vivant, conscient. Mais ces temps là étaient révolus, désormais, il n'y avait plus que la consternation suprême de voir pour la énième fois un tel évènement. Profondément énervée et agacée par son incapacité à encaisser, toujours obligé de faire deux fois plus que la normale. Elle ressentait tout de même la panique et l'inquiétude qui la tenaillaient autrefois, seulement, l'exprimer n'était plus devenu quelque chose d'habituel. Tout ce qui relevait de la tendresse ne l'était plus.
Et si tout semblait se faner, si tout semblait devenir terne, il y avait au milieu de toutes ces ruines, de tout ce paysage en décomposition, l'horrible passion, grandissante, puissante. Dévastatrice, ravageuse. Pourtant, s'il y avait bien une chose qui se devait de mourir à petit feu, c'était celle-là.

Ses boyaux semblaient jouer les contorsionnistes, lui refilant une sensation de mal-être terrible, la clouant sur place. Six mois qu'il refusait catégoriquement de lui adresser la parole, et il ne flanchait pas ; ne laissait aucune ouverture. Il s'était construit autour de lui de véritables fortifications, pour se protéger de l'ennemi principal qu'elle représentait. Et lorsqu'elle essayait de pénétrer ces barrières, elle ne se récoltait que des échecs cuisants, s'y cassant les dents. Elle avait essayé de se convaincre que cela ne servait à rien, que ses persévérances ne menaient nulle part, et qu'il valait sans doute mieux attendre sagement qu'il se décide à faire le premier pas. Elle avait essayé de se persuader qu'elle s'en fichait désormais, qu'elle n'attendait plus rien de lui. Et pourtant, lorsqu'il apparaissait dans son champ de vision, elle ne pouvait s'empêcher de jeter des coups d'oeil qu'elle voulait discrets et furtifs, lorsque son nom surgissait dans une conversation, elle se sentait obligée de l'écouter jusqu'au bout, pour récolter des nouvelles à son sujet. Et lorsqu'une faille telle que celle-ci se présentait à elle, elle n'avait d'autre choix que de s'y engouffrer.
Elle estimait qu'elle lui avait foutu la paix pendant ces six derniers mois – qui avaient le goût de l'éternité, malgré ses vaines tentatives de réconciliation. Et elle ne comprenait pas comment il avait tenu, lorsqu'elle crevait littéralement de son manque.

« Pourtant, des prétextes de ce genre là, j'en ai à la pelle avec toi. C'est pas comme si être raisonnable était dans tes habitudes. »
Contrairement à ce qui pouvait en ressortir, ces leçons de morale, ces airs méprisants et ces faux-conseils ne lui faisaient pas plaisir. Elle lui rabâchait ses défauts, ses excès, dans toutes les formes possibles que son imagination pouvait trouver, non pas parce que le descendre en flèche lui faisait particulièrement plaisir, mais parce qu'elle ne pouvait plus faire quoique se soit d'autre. Il avait été la personne qu'elle avait le plus admiré, toute son enfance et son adolescence. L'amer constat de leur relation actuelle était difficile à digérer, Ethan étant passé du piédestal surélevé au caniveau dégueulasse. Et il ne restait plus à rien à sauver, il n'y avait plus que la merveilleuse randonnée à travers les égouts répugnants. « Parce que tu crois que tu me les brises pas ? Tu peux faire ce que tu veux à Arrowsic, je m'en fous. Fais toi défoncer ta belle gueule d'ange tous les soirs si ça te chante, ça m'est égal, je suis pas là pour ramasser les pots cassés, je suis pas là tout court. Mais ici ? » Déformer la réalité et lui donner la forme qu'on désire. Un art dans lequel ils persévéraient, aussi bien l'un que l'autre. Lui faire croire que son absence était tout à fait supportable, et qu'elle s'en réjouissait même ; dans l'espoir de lui renvoyer violemment le boomerang à la figure.
Elle laissa échapper un rire en entendant sa dernière phrase, sachant tous les deux très bien que cela n'était pas prêt d'arriver aussitôt. Lui, excellant dans le domaine de la soûlerie, tant et si bien que ses états d'ébriété venaient à se confondre avec ceux de sobriété. Cherchant encore et encore le confort de l'oubli, et la légèreté de l'ivresse des premières fois, pour se rendre compte que par la suite qu'ils ne reviendraient pas – et pourtant, cela ne suffisait pas pour qu'il arrête. « A la seconde même où tu auras dégrisé... Je crois que je peux encore attendre. »

« Putain mais à quoi est-ce que tu pensais ? T'as juste l'air minable... Je pensais qu'avec un ego aussi gros que le tien, t'aurais au moins eu la jugeote de ne pas provoquer quelqu'un qui fait presque deux fois ta taille et contre qui tu n'as visiblement, et effectivement, aucune chance. » La rage, la jalousie, ces passions démesurées pouvaient parfois faire des miracles. L'instinct de survie, ces choses-là donnaient lieu à des faits divers extraordinaires, dignes d'une belle anecdote quotidienne. Mais on oubliait évidemment tous les échecs, toutes les pertes, toutes les défaillances de notre propre organisme, de notre propre système. Toutes les fois où l'instinct, ou la rage avaient achevé plutôt que sauvé. Et couplé à l'alcool dans lequel il se noyait depuis trop longtemps déjà, il ne partait décidément pas favori pour ce combat. « Tu me dois au moins ça : ne te fais plus remarquer les prochains jours. »
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité


Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. Empty
MessageSujet: Re: Armageddon was yesterday, today we have a serious problem.   Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. EmptyLun 25 Fév - 21:46

Elle le démolissait à sa manière. Scrupuleusement. Méthodiquement. Ses reproches transpiraient la déception, le mépris, et cela faisait quasiment des années qu’il en était ainsi. Regagner son estime ne représentait plus qu’un rêve inatteignable, un ciel sans étoiles à décrocher, et il avait lâchement abandonné l’idée dès le premier round. Sa franchise à couper au couteau le mutilait, labourant ses chairs avec insistance. La distance aurait pu lui faire du bien, redorer son ego, si seulement le manque n’avait pas été si oppressant. La moindre bêtise était prétexte pour lui rappeler quel être lamentable il était devenu, et ils avaient alors tout du vieux couple à l’épouse aigrie et au mari laxiste. Rien à envier à ces divorcés qui deviennent les pires ennemis pour rafler la plus grosse part des débris. Ils étaient pires. Quelque part, il admettait volontiers qu’elle avait raison. Mais surtout pas à haute voix, quand il devinait d’avance qu’elle en jubilerait. Quoiqu’il était presque convaincu qu’elle ne croirait pas à d’éventuelles excuses, et y collerait aussitôt l’étiquette de railleries à l’ironie pathétique.
Il avait tenté de se ‘soigner’ pendant des mois, de se sevrer de la drogue infâme dont elle était l’essence. De ses addictions en tous genres, supposées devenir plus imposantes que la principale. Force était de constater qu’elle n’y avait vu que du feu. Condamné à n’être que ce dégénéré qui se vautre dans les profondeurs abyssales de sa débauche. Qui ne parvient à mettre un pied devant l’autre que par pur miracle. Blessé, meurtri, il ne trouva rien de plus habile que de se retrancher derrière un sourire irritant. Faussement amusé, excessivement arrogant. « Ah oui vraiment tu t’en fous ? C’est pas l’impression que j’avais quand tu venais chialer périodiquement devant ma porte, avec tes petits airs empruntés. Mais ici quoi hein ? Ici l’image de la famille parfaite est encore crédible tu crois ? »

Il rêvait de lui couper le sifflet, autant qu’il aspirait à ce qu’elle jette de l’huile sur le feu pour que l’échange d’amabilités s’éternise. Masochiste préférant leurs horribles disputes à ce vide, à ce néant qu’il avait lui-même creusé avec rage. Un besoin inné, viscéral, lui inspirant un soulagement indescriptible au même titre qu’un malaise irrépressible. Tout foutait le camp.
Sa question rhétorique lui fit hausser les épaules, désinvolte comme il aurait du se l’interdire. « Sa gueule me revenait pas, c’est tout. » Qu’est ce qu’il pouvait cracher d’autre pour sa défense ? Qu’il était jaloux à en crever ? Possessif au point d’avoir voulu arracher les yeux du vilain bougre pour seulement avoir osé les poser sur elle ? A part le torturer, il ne voyait pas à quoi ses interrogations pouvaient servir. Si ce n’est à étaler la tâche scabreuse de ses vices. Il ne comprenait pas ce qu’elle espérait. Le pousser à bout, dans ses retranchements ? Le rendre encore plus dérangé qu’il ne l’était déjà ? Cette vérité à double tranchant, elle n’avait certainement pas envie de l'entendre non plus, même si elle confirmerait qu’il était toujours aussi fou d’elle. Ils le savaient, parfaitement, mais l’énoncer à voix haute relevait de l’infamie. Et si cela n’empêchait pas pour autant les crises de nerf au sujet des prétendus adultères, ils prenaient toujours soin de les enrober sous une couche de décence plutôt que de le formuler ouvertement. « Et bordel arrête d’exagérer, il avait juste moins bu que moi. Et puis la taille hein… ce qui est petit est teigneux, t’en es le parfait exemple. » C’est ça, continue Ethan, creuse ta propre tombe… Continue de renier tes torts alors que vous êtes tous les deux conscients de ta monstrueuse connerie. Grande preuve de maturité.

Son ultime affirmation le fit bondir, le poussant à se décoller du lavabo pour faire un pas menaçant vers elle. « Je te demande pardon ?! Je te dois quoi Elizabeth, tu peux être plus explicite ? » Lâcha t’il entre ses dents serrées. « Tu te trouve vraiment en position de la ramener ? Car j’ai bien l’impression d’être un petit joueur dans le genre discrétion à côté de toi. » Un courroux évident était venu se glisser dans l’acier de son regard, dissimulant le chagrin pourrissant dans ses entrailles. « C’est pas moi qui me suis retrouvé en cloque à ce que je sache. Ta grossesse a fait sensation, chapeau. T'as tout à fait su la garder pour ta pomme. Tu nous as bien prouvé à tous que tu valais mieux qu’un minable comme moi. » La rancune était présente, palpable, se déversant comme un flot d’ordures hors de sa bouche. Après l’humiliation essuyée, il estimait ne plus lui être redevable de quoi que ce soit, même si c’était évidemment faux. Il fit mourir la distance entre eux, laissant par précaution son spectre errer entre leurs enveloppes déchues. « Avec qui déjà ? Un vendeur de lingerie je crois ? » Il ne croyait pas, il le savait parfaitement. Pour avoir lu et relu les mots acides éparpillés sur le blog de l’autre trainée. Si elle n’était pas morte, il aurait sans aucun doute attribué ces lignes à Luana. Ses doigts effleurèrent l’épaule de sa sœur, avec une douceur aussi suspecte que corrosive. Lorgnant son décolleté beaucoup trop plongeant à son gout. Proximité vaseuse attisant les braises de ses reins, tout en lui retournant violemment l’estomac. « C’est quoi qui lui a tant plu chez toi, le fait de remarquer que tu te fringuais comme une pute en dessous en plus d’en être une au naturel ? » Susurra-t-il cruellement, faisant alors claquer brusquement la bretelle de son haut contre sa peau. Pour finalement la lâcher et reculer, ses prunelles toujours captives de la glace des siennes.


Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité


Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. Empty
MessageSujet: Re: Armageddon was yesterday, today we have a serious problem.   Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. EmptyMer 27 Fév - 20:23

Non, elle n'y croyait plus, elle ne l'espérait plus, elle avait fini par se faire engloutir par leurs propres chimères. Seulement, elle le voulait. Elle voulait ce retour à l'état d'antan des choses, elle le voulait, comme un gosse capricieux, et là était finalement tout le décalage avec la réalité. Elle le voulait ardemment, sans faire quoique se soit pour que ce soit à sa portée, sans même y placer des bribes d'espoir. C'était le vouloir sans la moindre volonté, c'était le vouloir aussi gigantesque, aussi infini que le néant. « Je t'en demande pas autant, je te demande juste de... Qu'on soit une famille. Dans le premier sens du terme. » S'ils savaient encore ce que famille signifiait... Ils avaient massacré la définition même, réduit en poussière ce qu'ils portaient en eux, pour ne laisser que le fantôme vengeur hantant leurs corps de pécheurs. Esprit diabolique qui leur rappelait constamment et douloureusement ce qu'ils avaient osé piétiner.
« Et t'es l'exception qui confirme la règle, hein. » lui lança-t-elle, en guise de réponse à sa remarque.
Lorsqu'il s'agissait de repêcher l'autre, il ne fallait pas compter ni sur le frère ni sur la sœur, tous les deux aussi bons à rien l'un que l'autre. Au contraire, lorsque le but était d'enfoncer la tête de son adversaire dans l'eau, jusqu'à l'asphyxie la plus totale, ils se montraient très bons rivaux. Peut-être un peu trop. Alors qu'ils avaient toujours été vus comme ceux qui débordaient d'amour et d'affection, ils n'étaient désormais capable que de destruction.

C'était sans grand étonnement qu'il bondit à l'entente de sa remarque, se comportant comme un sale ingrat, bien égal à lui-même. On ne changeait pas une équipe gagnante, après tout. Mais il n'avait pas tort, elle n'était pas en mesure d'exiger de lui quoique se soit, ce n'était plus légitime, rien ne l'était à présent. Surtout pas après l'épisode cauchemardesque dans lequel elle les avait plongé, leur faisant ouvrir les yeux sur des vérités qu'ils se contentaient de couver silencieusement. L'éventualité que toute cette mascarade prenne des airs de réalité avait suffit à faire germer des certitudes bien arrêtées dans leurs esprits détraqués, du moins le sien. Elle se doutait bien qu'il allait remettre cette histoire-ci sur le tapis, car c'était l'exemple parfait pour lui clouer le bec. Refusant de l'entendre, elle se mit alors à hurler avec une voix beaucoup trop aiguë, dans l'espoir de recouvrir ses basses : « Ferme-la, c'est pas la même chose putain, mais ça a pas le moindre rapport, c'est pas comparable ! » Mais ce n'était évidemment pas assez, ayant attrapé là de quoi lui prouver qu'elle ne valait pas bien mieux que lui, si ce n'était qu'elle était pire. Continuant alors sur sa lancée, elle n'en démordit pas pour autant. « La seule raison pour laquelle tu t'es pas déjà retrouvé en cloque c'est parce que tu peux pas. Si t'avais eu un utérus, t'aurais fini par te faire ligaturer les trompes ou je ne sais quelle connerie pour pouvoir te faire baiser par des connards en paix. D'ailleurs, tu t'es déjà demandé si t'avais pas engrossé quelques putes au passage ? » Loin était le temps où il peinait à prononcer le mot ''grossesse'' et ''enceinte'' ; tout semblait finir toujours dans le même tas : celui des insultes acides. Tout était bon à prendre, et à jeter à la gueule du voisin. Et celle-ci se montrait difficile à encaisser : parce que c'était encore frais, et surtout, parce qu'elle ne l'avait jamais voulu et qu'elle n'était pas responsable des bruits qui avaient couru. Elle avait, au contraire, tout fait pour minimiser les éventuelles rumeurs, en commençant d'abord par rayer la possibilité d'avorter dans l'hôpital où elle travaillait. Roulant ainsi des kilomètres pour se rendre à celui de la ville d'à côté, pour y passer pour la jeune instable qui voit dans l'avortement un acte criminel, mais qui doit s'y résoudre quand même, tant elle était une boule de nerfs.

« Ça se trouve, t'as des milliers de gosses là-dehors... Un fils qui ignore qui est son père et qui... ouais, je pense que ça vaut mieux pour lui. J'espère qu'il a pas de sœur aussi. » La fin de la phrase tomba sans qu'elle ne l'ait véritablement voulu. Ignorant elle-même si elle faisait référence à l'inceste, ou si elle se limitait simplement à la relation infernale et au comportement abject qu'il démontrait depuis deux bonnes années. Même si l'un entraînait inévitablement l'autre, car c'était l'inceste qui les avait rendu si aigris, et s'ils étaient aussi dégueulasses à présent, c'était toujours à cause de cette foutue plaie.

Par réflexe, son dos se plaqua davantage contre le mur lorsqu'il se rapprocha soudainement. Des fourmis qui naissaient dans son ventre et grimpaient jusqu'à sa gorge, emprisonnaient sa langue et crispaient ses mâchoires. Elle avait prié pour qu'il ne soit pas de ceux qui lisent ces ragots, qu'il ne l'apprenne jamais. Il fallait croire que ses prières n'avaient pas été assez fortes – ou la chance ne faisait désormais plus partie du champ de possibilités. Elle se sentait sale et honteuse, comme une femme à qui on mettrait les preuves de son adultère sous le nez, à un moment auquel elle ne s'y attendait pas. Réaction qu'elle se détestait d'éprouver, car elle était celle qui prêchait le discours hypocrite de la belle famille qu'ils étaient censés être. Elle ne pouvait pas se rendre compte que ses réactions relevaient davantage de la femme mariée et souillée, plutôt que celle de la soeur chaste et innocente. Peu importe ce qu'elle disait, elle en sortirait perdante. Aux échecs, on appelle ça le Zugzwang, quand le seul coup valable pour s'en sortir... serait de ne pas jouer. Le résumé de tout ce qu'ils étaient. Lorsque toutes les stratégies n'en valaient plus la peine. Elle ignorait à quel point il était au courant de son aventure ; si la lecture des ragots avait suffit pour faire exploser dans sa tête un million de scénarios qu'il jugeait plausible, ou s'il s'était simplement arrêté au fait énoncé. Mais le connaissant, elle penchait un peu plus pour la première option.

Un frisson glissa le long de son échine lorsqu'il s'aventura à poser ses doigts sur elle. Caresse suave du bout des doigts, pendant qu'elle demeurait immobile, les yeux fixés sur ses traits fatigués. Ils ne pouvaient pas s'en empêcher. Sachant parfaitement qu'ils n'étaient que de bons idiots, les plus faibles qui soient, sauvages et bestiaux, qui ne pouvaient raisonner assez pour contrôler leurs pulsions. Epithumia triomphant sur tout le reste, dévastant leurs bribes de conscience qui essayaient de lutter tant bien que mal. Des puits de désirs refoulés qui essayaient de franchir la barrière. Ils savaient qu'ils n'étaient pas capable de se tenir l'un près de l'autre sans avoir cette folle envie d'y céder une énième fois, incapables de rester stoïques au moindre contact. Un simple frôlement suffisait pour les remuer entièrement. Tension sexuelle qui flottait constamment, cruelle prédatrice guettant ses proies. Continuant malgré tout à jouer avec le feu, jamais arrêtés par les nombreuses brûlures. « Je sais pas, qu'est-ce qui te plaît toi ? » lâcha-t-elle, tant la rage se faisait sentir. Elle ne l'aurait pas sorti avant, mais tout ce qu'elle avait accumulé pendant ses six derniers mois la rendait plus acide qu'elle n'était auparavant. Réalisant cependant ce qui venait de traverser ses lèvres, elle se rattrapa le plus rapidement possible, rectifiant comme si de rien n'était, et en y rajoutant une couche : « Qu'est-ce qui te plaît chez les tiennes ? Leurs sous-vêtements à l'image de ce qu'elles sont ou... Non, suis-je bête, elles n'en portent sans doute pas, c'est bien plus facile comme ça, n'est-ce pas ? »

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité


Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. Empty
MessageSujet: Re: Armageddon was yesterday, today we have a serious problem.   Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. EmptyLun 25 Mar - 22:54

Un simple ricanement en guise de réponse à sa demande, pourtant sincère et touchante. Il ne se sentait capable de rien de plus dans son état. Il ne se leurrait plus, il n’arrivait plus à croire à cet idéal de famille aimante et respectable qu’ils avaient pu forger si aisément autrefois. Il avait compris qu’il serait d’autant plus cruel de se bercer d’illusions comme il avait pu le faire pendant un temps, car la chute en serait d’autant plus vertigineuse. Le meilleur – et certainement le seul – moyen pour ne plus être aspiré par ce gouffre béant était de rester à distance d’elle. Car c’est eux qui la créaient cette spirale infernale, eux qui creusaient ce néant par leur conduite déplorable et leurs coups bas. Il n’avait plus la force d’essayer. Il se sentait comme un hamster piégé dans sa roue, patinant vainement dans le vide, au-bout de l’effort et au-delà de l’épuisement. Toute son énergie avait fini par fuir de son corps pourri par le vice. Gangréné par cette misère dans laquelle ils s’étaient vautrés avec autant d’élégance que des sangliers dans la boue.
Or ces jours-ci plus que jamais, il était crucial de feindre qu’il en était encore capable. Pour rassurer leurs proches, pour avoir la paix et recevoir peut être moins régulièrement des messages anxieux de leur mère. S’offrir une vague tranquillité avant de retourner moisir d’Arrowsic. Mais cela dépassait clairement ses aptitudes. Si enseveli sous une masse d’affreux mensonges qu’il avait fini par s’y perdre, et que le flou artistique régnait en maitre lorsqu’il s’agissait de définir ce qu’ils étaient encore l’un pour l’autre. L’année précédente lui avait appris qu’ils mentaient comme ils respiraient, au point de finir par se persuader eux-mêmes de leurs sornettes.

Sadique absolu, Ethan ne se gêna pas pour remettre sur le tapis l’évènement désastreux l’ayant amené à couper tout contact avec elle. Les mots lui écorchaient la peau, répandant une substance venimeuse sur le lit de ses entrailles. Il sentit son estomac se serrer à l’évocation de ce qui sonnait comme un terrible adultère dans le moindre recoin de son esprit dérangé. Tout son être frissonnait déjà de rage, brouillant ses rétines d’un voile rouge. Fourmillant littéralement d’une colère indicible, irrépressible. La jalousie se collait à son épiderme comme de la crasse, l’enveloppant avec un sombre acharnement. Il n’arrivait toujours pas à prendre du recul, à endosser le rôle de l'ainé supposé se montrer généreux et compatissant. Il avait après tout mis un temps fou à lui pardonner – plus ou moins – de s’être envoyée en l’air pendant qu’il lui achetait des muffins comme un parfait benêt. Alors tenter de réconcilier en sachant qu’elle avait fait incroyablement pire ? Non, il passait son tour. Il n'y arriverait pas, il n'était pas prêt à ça, ni trois heures ni même seulement trois minutes. Passif avec son propre libertinage, mais exigeant et rancunier comme personne s’agissant du comportement d’Elizabeth.

Sa voix stridente ne manqua pas de taillader cruellement ses tympans, renchérissant par-dessus ses rugissements. Voilà pourquoi il aurait mieux valu qu’elle reste sagement à l’extérieur de la salle de bains, au lieu de venir lui faire la morale : une fois lancés, ils ne pouvaient plus s’arrêter. L’unique issue était de devenir aphone, mais ils semblaient hélas en être loin en cet instant. « Tu veux pas arrêter un peu de t’égosiller ? On croirait un cochon qu’on égorge, je vais y perdre une oreille si tu continue. Remarque au moins ça m’éviterait de t’entendre proférer des âneries plus grosses que toi. » Elle n’était pourtant pas éloignée de la vérité, et c’était probablement ce qui le dérangeait le plus dans sa longue tirade. Il ne put s’empêcher de blêmir, son visage exprimant l’horreur et l’angoisse simultanément. S’il n’avait pendant longtemps pas vraiment eu d’idée bien arrêtée sur la paternité, il était désormais certain de ne jamais vouloir de lui en spécimen réduit. Il en crèverait. Redoutant que ses pathologies soient transmises avec ses gènes, et que l’horrible histoire se réécrive. « Des milliers… tu places la barre très haut, je me sens flatté que tu me crois si productif. » Susurra t’il avec un calme inquiétant, rajoutant par pure mesquinerie : « Pas de sœur hystérique qui se permet tous les reproches pour finalement lui planter des couteaux dans le dos… Ouais t’as raison, il ne doit pas se porter si mal ce petit. » Leur dispute avait quelque chose de dément, s’appuyant sur des reproches n’ayant pas lieu d’être. Techniquement elle n’avait trahi personne. Et néanmoins il sentait des éclats de verre de loger profondément dans son cœur, s’entrechoquant les uns contre les autres au moindre battement. Mécanisme automatique s'imposant comme un supplice depuis l’annonce de ce qu’il ressentait comme une trahison. Il ne pouvait plus la regarder ni penser à elle sans que les images scabreuses de ses ébats ne se collent à ses rétines injectées de sang. « Mais vois-tu, moi je prends mes précautions, contrairement à une certaine étudiante en médecine même pas foutue de s'informer sur la contraception. » Typiquement il cherchait à la rabaisser en se mettant en valeur, en égocentrique qui se respecte. Le plus humiliant, le plus désagréable à avaler, n’était pas qu’elle ait pu coucher avec un homme. Non ce qu’il n’arrivait pas à tolérer c’est qu’elle ne se soit jamais laissé abattre comme il aurait pu se l’imaginer. Qu’elle ait osé suggérer qu’elle valait mieux qu’un minable tel que lui, dépravé et désœuvré. Qu’elle cherche davantage à s’en sortir que lui, en fréquentant de manière durable un amant, en prenant le risque de s’attacher et de s’en enticher. Tout en ayant le culot de l'insulter, lui et ses conquêtes de passage.

Les deux icebergs la fixant sans ciller s’agrandirent nettement lorsque son interrogation résonna dans la pièce. L’attaque le déstabilisa, alors qu’il aurait pu s’attendre à ce qu’elle lui retourne la question de la sorte. Il se racla la gorge, baissant le regard vers le carrelage blanc. Pris en faute comme un pauvre débutant. Il reprit juste assez de contenance pour rétorquer : « Mais non peu m'importe, tu ne te souviens pas ? Je ‘saute sur tout et n’importe quoi’, je ne suis ‘jamais rassasié’. » Toute arme était bonne à utiliser, y compris d’anciens propos haineux de sa cadette. Il soupira bruyamment, la fusillant de ses sphères d’acier avant de repérer un point fixe entre elle et la porte.

« Tu veux qu’on continue à se balancer les mêmes saloperies à la gueule en boucle ou tu vas enfin te décider à dégager de mon espace vital ? Putain c'est encore trop demander un peu d’intimité dans cette foutue baraque !? »
Il était éreinté de se battre contre un moulin à vent. Préférant ainsi faire semblant d’admettre qu’il avait eu tort plutôt que de s’excuser véritablement ou tenter de recoller les morceaux. Voyant qu'elle ne bougeait pas d'un pouce, il crut bon d'en remettre une couche. « T’as raison, j’aurais pas du intervenir. Fais toi engrosser tant que tu voudras après tout, c’est plus mon problème. Voilà ça y est, t’es contente ? » Deux gosses. Chacun cherchant à avoir le dernier mot. Au même titre que deux adultes dépassés par la noirceur de leur âme. De leurs pulsions.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité


Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. Empty
MessageSujet: Re: Armageddon was yesterday, today we have a serious problem.   Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. EmptyMar 2 Avr - 23:09

Il démontrait un calme impressionnant. Plus que du calme, c'était cette froideur qui lui collait à la peau, qui s'infiltrait dans chacun de ses mots. Avant, elle parvenait encore à se rassurer, à se dire que ce n'était que sa carapace qu'il avait endurcie davantage, mais elle avait désormais bien du mal à se leurrer, cette froideur se révélant particulièrement douloureuse. Elle ne quémandait pas plus, rien qu'un simple geste d'affection, autre chose que de l'indifférence et du simple mépris. Mais il semblerait que c'était déjà trop demander, la laissant seule avec ses aigus qui montaient trop haut.
« Quoique... Vu les parents qu'il a, entre une fille facile qui écarte ses cuisses au premier connard venu, et justement, le fameux connard qui se croit tout permis ; s'il ressemble à l'un de ses deux parents, voire les deux, il ferait mieux de se passer la corde autour du cou. » Le problème était que, malgré le discours qu'elle tenait, elle voyait défiler sous ses yeux toutes sortes d'images mielleuses d'une famille de trois, où l'enfant dont il était question n'était finalement pas si malheureux que ça. Pas détraqué, apparemment sain d'esprit, sans aucun penchant visible pour les vices que son père et sa pauvre tante possédaient. Une femme qui n'avait rien de la caricature des écervelées qui se glissaient sous les draps d'Ethan ; il était en effet bien plus facile de penser qu'elles n'étaient que des dépravées incapables. Bien plus aisé de descendre en flèche toutes celles qui l'approchaient de trop près, pour se rassurer qu'il ne s'enticherait jamais d'une de ses aventures.
« Pense ce que tu veux. Si ça t'aide à dormir la nuit, tu peux croire que je lui ai demandé de ne jamais utiliser de capote, combiné au fait que j'ai arrêté de prendre toutes sortes de contraceptifs de mon côté, parce que je n'avais qu'une seule envie : celle de me retrouver en cloque. Tu feras sans doute de beaux rêves. » Lorsqu'elle n'avait plus rien à rajouter, et que dénigrer son frère n'était visiblement pas approprié dans ce cas-là, elle se rabattait sur une de ses cartes préférées. Celle où elle lançait d'un petit coup de pouce la machine, et où Ethan faisait tout le reste du travail, se torturant tout seul comme un bon imbécile.
Consciemment, non, elle ne voyait pas en Rudy le potentiel amant qui lui ferait oublier ses années de misère. Elle était sans doute moins abattue qu'Ethan, cherchant encore à se défaire de leurs filets poisseux, même lorsqu'elle n'avait plus aucune conviction. Mais évidemment pas de la bonne manière, car la seule sortie d'issue serait de couper tous les ponts, et qu'elle en était incapable. Ils en étaient incapables. La seule issue qu'elle accepterait serait celle qui lui permettrait de tout garder, celle qui serait facile, sans écorchures. Celle où ils resteraient toujours proches, comme si rien ne s'était passé, celle où ils n'éprouveraient plus rien pour l'autre. Autant dire que chercher une aiguille dans une botte de foin était une comme un jeu d'enfant en comparaison.

Elle ne tira aucune satisfaction à voir ses yeux s'agrandir, elle même terriblement honteuse de la question qu'elle avait osé poser. Ce n'était pas un terrain sur lequel elle voulait s'aventurer, car les propos sonnaient trop directs, et la mascarade n'était pas suffisante. La quasi totalité de leurs reproches avaient le goût de l'inceste, mais toujours dissimulé sous des effluves bien fortes, bien corsées afin d'atténuer le fond odieux qui se cachait. Là, la puissance des notes de fond se révélait terriblement imposante, et il était préférable de ne pas surenchérir.
Il n'était pas à le seul à être épuisé de cette guerre de cent ans – car c'était ainsi qu'elle le vivait. Chaque dispute était comme une amputation à vif, grignotant de la sorte tout ce qu'ils avaient à offrir. Elle secoua la tête à sa première interrogation, presque prête à ne pas rétorquer ; mais celle qui suivit la piqua. « Pardon ? Tu t'attends à ce qu'on te donne de l'intimité dans cette foutue baraque comme tu dis, mais t'es strictement incapable d'en donner à quiconque. Il faut croire que comprendre qu'une porte fermée n'est pas faite pour être ouverte comme si de rien n'était, c'est de famille hein. On a tous les deux un peu de mal avec ça apparemment. » Pointant ainsi du doigt sa réaction démesurée qui remontait bien à deux bonnes années, lorsqu'il l'avait trouvée dans les bras d'un autre.

« Ça me réjouit. » lui rétorqua-t-elle, avec un sourire qui s'apparentait davantage à une grimace qu'autre chose. Cependant, elle ne se décida toujours pas à bouger, restant les pieds bien ancrés dans le carrelage. Ce n'était pas des aveux qu'elle était venue réclamer, ni même des excuses car elle savait qu'elle n'aurait eu ni l'un ni l'autre, aussi véraces ou hypocrites soient-ils. Elle n'était là que parce qu'il lui manquait, et que ces piques assassines valaient mieux que le vide qu'il lui avait imposé depuis des mois. Elle n'avait plus grand chose à lui dire, pas de remarques désobligeantes à lui cracher au visage, juste l'envie d'être avec lui, mais il ne semblait visiblement pas prêt à signer un quelconque traité de paix. Si ça ne coûtait que ça, elle le ferait, ce premier pas. Pour une énième fois, en prenant le risque de se faire jeter comme une malpropre – même si au final, à force de répétitions, cela relevait de la routine. Éclipsant alors les quelques pas qui les séparaient, elle enlaça sa taille, se plaquant contre lui dans une étreinte qu'elle voulait solide, appréciant sa chaleur dans le silence. La vérité était finalement qu'elle ne parvenait plus à apprécier, tout était fade, au goût de cendres. Rester là, à resserrer ses bras par peur de le voir disparaître n'avait rien de très plaisant : elle ne profitait de rien, cela n'avait rien d'agréable, l'angoisse, les passions, la vice, l'indécence dominant tout le reste. L'inceste lui avait tout pris, jusqu'à la dernière des miettes. Même ce qui aurait pu lui donner deux secondes de réconfort ne faisait que creuser le puits sans fin de son être. Sa chaleur brûlait ses reins et sa morale, et son odeur, aussi délicieuse soit-elle, réveillait sa nausée.

Elle s'écarta légèrement, relevant ainsi le visage vers Ethan, la supplique imprimée aux traits, prête à se mettre à genoux pour l'implorer d'arrêter cette guerre-là. Et après quelques secondes pesantes à le fixer droit dans les yeux, elle engouffra de nouveau sa tête dans le creux de son cou, d'apparence aussi ivre que son frère, emportée par cette proximité fatale. Glissant ses lèvres le long de sa mâchoire, son menton, et allant goûter sa bouche.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité


Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. Empty
MessageSujet: Re: Armageddon was yesterday, today we have a serious problem.   Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. EmptyDim 14 Avr - 22:57

Autrefois, elle lui inspirait le meilleur. Comme si ses pires défauts se retrouvaient subitement atténués en sa présence, qu’il parvenait plus facilement qu’avec les autres à les enfouir sous des couches de pardon, d’altruisme et d’oubli. Il effaçait sa colère, jetait les parjures aux orties. Il avait toujours eu un tempérament égoïste et rancunier, mais pas avec sa cadette. Et ce sans avoir besoin d’y réfléchir. Cela venait naturellement, parce qu’elle était tout simplement sa sœur. Les disputes étaient rapidement éclipsées, sans même devoir se présenter ouvertement des excuses dans la plupart des cas. Des enfantillages en comparaison de l’ouragan qui avait tout balayé, tout jusqu’à leur faculté à entretenir des rapports si ce n’est fraternels au moins cordiaux. Condamnés à cracher leur bile en permanence, quand ils ne décidaient pas de s’éviter pour mieux ruminer en silence. Il s’éclaboussait avec le mépris d’Elizabeth en cherchant à la piétiner. Elle n’avait de cesse que de lui prouver quel minable il était devenu, et lui de lui rabâcher qu’elle ne valait pas mieux. S’il l’admettait volontiers, il ne pouvait s’empêcher de se sentir profondément blessé devant un tel manque d’estime. Lui encore habitué à ne voir luire dans ses prunelles azurées qu’admiration et affection, quelques années auparavant. N’importe quelle bassesse était bonne à utiliser contre lui. Il n’était pas marié qu’elle incendiait déjà sa femme. Il n’avait pas d’enfant qu’elle insultait déjà sa progéniture. A croire qu’il n’était pas suffisamment débauché pour se contenter de le rabaisser avec son présent désastreux. « T’en fais pas, dès qu’il sera né on priera sa tante de rendre un service à l’humanité en l’étranglant avec son cordon ombilical. L'obstétrique en spécialité, ça ne te brancherait pas par hasard ? » Siffla-t-il entre ses dents, la fusillant de son regard électrique. Elle le poussait assez à bout pour qu’il sorte les pires horreurs spontanément, sans en être choqué. Ils étaient tombés si bas qu’il ne leur restait plus que les bas-fonds à racler. Il préféra ne pas relever sa réplique suivante, empreinte d’un sadisme évident. Titillant sa jalousie.

Elle avait tout du boomerang humain. Il ne pouvait rien lui dire, rien lui reprocher, sans qu’elle ne retourne la critique contre lui. Un miroir lui rejetant cruellement à la figure ses imperfections, au point que soutenir le contact visuel s’avérait douloureux. Un long soupir s’extirpa de ses lèvres abimées, plus éloquent que n’importe quel discours. « Tu me fatigues. Toujours le même disque rayé. La famille, t’as que ce mot-là à la bouche depuis qu’on est rentrés mais t’en avais strictement rien à cirer quand tu t’es barrée. Alors inutile de me donner des leçons ou de jouer à la maligne. »
Il s’attendait à ce qu’elle ait compris, à ce qu’elle s’éloigne. Il ne voulait pas avoir à supplier, et tout ce qu’elle allait gagner, c’est qu’il finirait par prendre ses clics et ses clacs pour reprendre le chemin de l’aéroport. Il se maudissait, lui et son foutu orgueil le contraignant à ne pas battre en retraite le premier. Instinctivement, il faillit reculer lorsqu’elle esquissa quelques pas en sa direction. Le ridicule de la chose l’en empêcha cependant, et il se laissa envelopper, perplexe. Les bras ballants, pantois. Elle avait beau être inoffensive, elle lui faisait l’effet d’un redoutable prédateur. Ou peut être appréhendait-il surtout de céder à ses pulsions infâmes, alors qu’elle se retrouvait plus près qu’ils ne l’avaient jamais été ces derniers mois. La déglutition lui entailla la gorge, laissant naitre un semblant de grimace sur ses traits de marbre. Il brûlait de la prendre dans ses bras, de renforcer son étreinte, mais il ne connaissait que trop bien le malaise qui le rongeait déjà et le forcerait à la repousser abruptement par la suite. Tout dans sa posture lui évoquait une fillette, qui quémande un peu de réconfort à son grand frère. Mais il n’en était plus rien, et ses formes enjôleuses le troublaient affreusement. Les restes d’alcool dans son sang n’arrangèrent rien, grisant ses sens tout en faisant remonter sa nausée. Culpabilité latente le taraudant, l’amenant à regretter de ne pas l’avoir épargnée de ses abjects tourments. De ne pas avoir sauvé ce qui restait à sauver, d’avoir fait exploser en éclats son innocence passée. Pas d’action honorable dans une existence parsemée de choix douteux et négligés.
Ses grands yeux se montraient plaintifs, implorants, il ne manquait quasiment que les larmes pour parfaire le tableau de la pauvre malheureuse. Probablement sa meilleure arme pour faire fondre sa colère comme neige au soleil, ou en tout cas amadouer légèrement l’ours sommeillant en lui. Ses phalanges tremblantes se glissèrent avec douceur sur son front, bifurquant vers ses tempes, s’insinuant maladroitement au creux de sa chevelure brune lorsqu’elle posa sa tête contre son cou. La sordide réalité le rattrapait, sur ses talons, lui agrippant la jugulaire avec un acharnement meurtrier.

« Arrête. » Ce ne fut qu’un bruissement, une supplique dénuée de conviction alors que ses paupières rencontraient furtivement les ténèbres. Uniquement lancée pour se donner bonne conscience. Il savait ce qui allait suivre, il le savait parfaitement et c’était ça le pire. Il aurait du la repousser violemment, s’insurger. Lui jeter qu’il ne mangeait plus de ce pain-là, qu’elle ne lui inspirait plus que de la répugnance. Mais son attirance pour elle le prenait aux tripes, et il fut incapable de se défaire de son emprise en dépit de son aversion viscérale. Tiraillé entre deux envies extrêmes, il céda à la plus indécente. A la plus infecte. Prolongeant son baiser fiévreux au lieu de l’écarter comme sa morale le lui hurlait. Sans réellement flairer le danger que ses entrailles avaient d’ores et déjà cernées au moment même où il avait posé le pied chez ses parents. Leurs parents. Sans entendre la porte qui s’entrouvrit d’abord timidement, puis avec une telle force sous la surprise que le bruit le fit sursauter et se détacher enfin d’Elizabeth. Ses pupilles s’agrandirent de stupeur lorsqu’il reconnut distinctement la silhouette ahurie de leur mère. Une honte accablante embrasant sa peau livide, la carcasse martelée de tremblements dévorants. Horrifié, rendu muet par la terreur l’étouffant de ses filets poisseux, il dut se raccrocher au lavabo pour ne pas vaciller.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité


Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. Empty
MessageSujet: Re: Armageddon was yesterday, today we have a serious problem.   Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. EmptyMar 30 Avr - 23:40

C'était une bataille perdue d'avance, dont on ne se rappellerait que les cadavres démembrés et les peines insufflées. Toutes les pertes, toutes les blessures et tous les coups bas. La loyauté, le courage, ces vertus là étaient parties en fumée, il ne restait plus que les pauvres lâches gonflés par leur mauvaise foi. Plus encore, c'était une guerre perdue d'avance. L'issue tragique scellée dans leurs chairs depuis le premier jour, ils avaient beau remuer la mélasse répugnante qui les tenait captifs, rien n'y changeait, tout se répétait, comme un vieux disque rayé pour reprendre ses termes. Elle tenait pour trahison suprême toutes ses coucheries, et lui avait son départ bien en travers de la gorge depuis presque un an déjà. « Et toi t'en avais strictement rien à cirer quand tu m'as poussée à partir. Tu me reproches de radoter mais ce discours là je l'ai déjà entendu des centaines de fois ; on tourne en rond pour finalement revenir à cette même conclusion à chaque fois : c'est de ta faute. Je serais jamais partie si tu m'y avais pas obligée. »

Elle le sentait crispé sous ses bras, sans pour autant relâcher sa prise. Au contraire, elle s'y installait confortablement, les bras ronds entourant sa taille, le visage enfouit dans le creux qui semblait être moulé pour elle, comme si elle allait y payer un loyer. Il empestait littéralement, mélange de tabac froid, de relents d'alcool et de sueur qui venait se frotter à ses narines, sans pour autant la décourager assez. Et elle restait là, agrippée à lui avec ses minces bras et ses doigts qui s'accrochaient à son vêtement, silencieuse. C'était désormais la seule façon de les faire taire, ces étreintes qui n'avaient pas lieu d'être. C'était l'unique moyen pour eux de savourer un moment de silence, mais à un prix bien plus cher, et qui finalement n'en valait pas réellement la peine. Le seul mot qui franchit la barrière de ses lèvres arriva dans une oreille sourde, les lèvres d'Elizabeth parcourant la ligne de sa mâchoire sans la moindre intention de s'arrêter. C'était pourtant une supplique qu'elle aurait dû écouter, un impératif auquel elle aurait dû obéir, plus que n'importe lesquels, plus que tout ce qu'il avait pu lui ordonner auparavant. Et pourtant, c'était sans doute un des rares impératifs qui ne sonnaient pas comme tels, une de ces rares fois où il ne lui servait pas un ton infect et cynique au possible.
Alors que ses doigts grimpaient le long de son dos, remontant près de ses omoplates, la porte plaqua. En moins de deux secondes, elle se retrouva propulsée contre le mur opposé, flanchant pour se retrouver à moitié assise contre le bord de la baignoire. C'était décidément de famille, cette manie d'ouvrir les portes fermées sans se soucier de ce que l'on peut y trouver, pour toujours y trouver le pire.

Son sang sembla se geler dans ses veines, bloquant tout signe de vie. La respiration devenait un concept flou à ses yeux, tant l'air ne semblait pas réussir à s'infiltrer dans ses poumons, pendant que sa mâchoire claquait à une allure folle. Arrivée à leur stade, Elizabeth était capable d'encaisser plus de choses qu'elle ne l'aurait auparavant imaginé. Elle parvenait à vivre avec leur horrible attirance, leur immense mensonge, leur quotidien malheureux. Elle parvenait à supporter tout ce poids, car ils étaient les seuls à être au courant. Ils étaient les seuls à s'inventer des histoires loufoques pour couvrir ce que personne ne soupçonnerait, ils étaient les seuls à se voir tels des monstres à chaque fois qu'ils leur arrivaient de croiser leur reflet, et c'était cette pensée-là, bien que pas toujours évidente à maintenir, qui rendait l'insupportable un peu plus supportable. Là, elle venait de voir ce fragile fil se briser d'un coup.
Elle demeurait pétrifiée, bancale contre la baignoire et le mur derrière elle, alternant des regards furtifs entre son frère et sa mère, qui se tenait contre le chambranle, incapable de bouger face au spectacle ignoble qui s'était offert à elle. Elle était devenue brûlante, rouge, dégoulinante de honte et de peur, incapable de regarder ni l'un ni l'autre plus de trois secondes consécutives. C'était soudain le vide, le carrelage qui se dérobait sous ses pieds, et la chute vertigineuse sans fin. Les mots ne s'arrachaient pas de sa gorge, ils la raclaient douloureusement, pour venir mourir sur le bout de sa langue, et ne laisser passer au travers qu'un souffle saccadé.

L'idée de nier ne lui paraissait même pas envisageable. Elle aurait voulu remonter dans le temps, et ne jamais pénétrer dans cette fichue salle de bain, ne jamais accepter cette putain d'invitation à revenir passer quelques jours « en famille, tous ensemble » disait leur mère, impatiente de revoir ses deux enfants après si longtemps. Elle ignorait, ils ignoraient tous à ce moment là qu'ils commettaient une des plus grosses erreurs possibles. Elle aurait voulu remonter plus loin encore, et ne jamais céder à son premier baiser, ne jamais entretenir une relation si fusionnelle, ne jamais voir le jour. Et poussée à bout, étouffant sous cette pression, elle se leva tant bien que mal dans la précipitation, pour chercher à s'enfuir. Car c'était ce qu'elle faisait de mieux et ce qu'elle faisait toujours lorsqu'il s'agissait d'une situation délicate – ou plutôt une situation impossible et improbable pour un humain lambda. Tremblotante, elle boita aussi rapidement qu'elle put jusqu'à la porte, dans l'espoir fou de passer à côté de sa mère sans qu'elle ne l'en empêche. Évidemment, elle se plaça devant elle, lui attrapant le poignet avec une hargne qui ne lui ressemblait pas. Partagée entre l'incompréhension, la colère, la surprise et le désespoir, Elizabeth était d'autant plus apeurée qu'elle était près de leur mère. Resserrant sa prise moite autour de son poignet, regardant tour à tour sa fille, et son fils, elle tenta d'articuler quelques mots, à peine. « Comment... ? Est-ce que... Depuis quand ? »

Nerveuse et paniquée, elle avait choisi de se réfugier dans le silence pour la énième fois. Toutes les raisons qu'elle pouvait essayer de donner lui semblait dérisoires – car il n'y en avait aucune, hormis cette évidence impossible à accepter : elle était folle amoureuse d'un homme qui s'avérait être la seule personne dont le désir lui était interdit. « Hein ?! » insista-t-elle, remuant son bras comme un vulgaire linge.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité


Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. Empty
MessageSujet: Re: Armageddon was yesterday, today we have a serious problem.   Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. EmptySam 11 Mai - 21:30

{ Il me semble parfois que mon sang coule à flots,
Ainsi qu’une fontaine aux rythmiques sanglots.
Je l’entends bien qui coule avec un long murmure,
Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure. }

S’il avait pu trouver la force en lui d’ironiser et de ricaner de la situation, il se serait moqué de l’incapacité d’Elizabeth à affronter de front la moindre difficulté. Il aurait mis en exergue son insupportable penchant pour la fuite, alors qu’elle savait pourtant parfaitement lui pourrir la vie d’ordinaire, en emmerdeuse qui se respecte. Mais il ne sentait plus que ce gouffre, ce gouffre béant dont l’air glacial l’aspirait littéralement. Plus de sarcasme, plus de répartie, plus rien si ce n’est cette redoutable impression de dégringoler d’une pente vertigineuse à toute vitesse. Un peu comme l’un de ces cauchemars où la chute semble être sans fin, mais le réveil salvateur en moins. Il ne s’était jamais senti si démuni et pitoyable, si incapable de reprendre convenablement ses esprits.
Finalement, ils n’étaient plus que deux gamins, complètement affolés après une misérable bêtise. Des adolescents qui viennent de commettre un crime impensable. Inaptes à en assumer les conséquences, à seulement se projeter sur les souffrances qui en découleraient inévitablement. Apeurés devant ce qui leur faisait l’effet d’un monstre, de chair et de sang. Son cerveau venait d’être réduit en bouillie, et il ne songeait plus qu’à une seule chose : disparaitre. Devenir transparent, remonter quelques minutes, heures, années en arrière. Tout recommencer, ne rien refaire. Est-ce que cela changerait seulement quelque chose ? Il aurait mieux valu pour lui ne jamais être né, car tôt ou tard il aurait de toute manière fini par sombrer. Il n’avait jamais été un grand romantique, toutes ces âneries lui passaient bien au dessus tant il avait d’autres chats à fouetter. Mais il restait néanmoins certain qu’ils auraient fini là quoi qu’il advienne. Le simple fait d’exister en même temps, à un moment donné, ensemble dans ce foutu univers, les avait condamnés à perpétuité. Il se l’était déjà demandé. Ce qu’il adviendrait de lui, d’eux, si qui que ce soit découvrait quel insecte répugnant les dévorait jusqu’à la moelle. Sans réponse. Il avait essayé d’inventer quelques excuses, mais jamais suffisamment longtemps pour en trouver qui puissent convaincre. Il n’y avait rien à dire, aucun mot pour qualifier le mal qui les dévorait. Et s’il en existait un – inceste – il ne suffisait pas à expliquer pour autant comment ils avaient pu tomber si bas. A avouer qu’ils étaient devenus esclaves de corps qui leur étaient à présent étrangers, d’une âme aussi noire que la suie. Explosion destructrice à laquelle aucun des deux n’aurait pu correctement se préparer.

Leur mère n’avait de cesse que d’articuler des palabres qui lui échappaient. Se contentant de les érafler comme des lames de rasoir, annihilant une fois pour toutes l’utopie d’une famille normale. Il comprenait juste, à coup de quelques syllabes, combien elle vomissait leur laideur. Le bourdonnement contre ses tympans n’arrangeant rien. Il parvint non sans peine à desserrer les dents, la mâchoire si ankylosée qu’il n’entendait désormais plus que ce crissement intolérable. Les derniers lambeaux de leur enfance venaient de partir en fumée, c’est tout un pan de leur existence qui s’effondrait sans crier gare. Que l’annonce vienne d’étrangers aurait sans doute fait moins de dégâts. Il leur aurait suffit de déménager, de nier allègrement et de s’efforcer d’oublier ce triste concours de circonstances. Ils auraient simplement coupé les ponts, et voir miroiter le dégout dans leurs prunelles n’aurait peut être pas ressemblé à ce point à la fin du monde. Croiser une telle aversion dans les yeux de leurs parents avait en revanche l’aspect d’une déchirure définitive, d’une plaie boursouflée arrosée de sel sans un soupçon de modération. Aussi tétanisée que lui, il s’étonnait que sa cadette ne ploie pas sous son poids plume, avalée par leurs démons en commun. Les reproches muets cognaient contre leurs tempes, amputant leur capacité de réflexion.

« Laisse la sortir, c’est pas… »
Sa faute… Les derniers mot furent avalés, engloutis par une vague d’horreur et d’angoisse. Il haïssait Elizabeth, comme personne. Pour tout ces sentiments contre-nature qu’elle pouvait lui inspirer, pour sa conduite puérile et son tempérament insolent. Une profonde répulsion remontait en lui lorsqu’il pensait à elle, et s’il s’était toujours retenu par principe, ce n’était pas l’envie de lui cogner la tête contre un mur qui lui avait parfois manqué. Mais il l’aimait bien plus encore, bien plus qu’il ne tenait à sa minable petite existence d’égoïste. La voir dans une telle posture, au même titre que lui, le tailladait en pièces. Parce qu’elle avait raison, et ce depuis le début. C’est lui qui l’avait poussée à partir, lui qui avait insinué ces pensées obscènes en elle, lui qui les avait fait germer comme de la mauvaise graine. Convaincu qu’elles ne lui auraient même pas traversé l’esprit s’il n’avait pas eu la folle idée de plaquer ses lèvres contre les siennes, de la retenir contre son gré jusqu’à la sentir s’abandonner. Ils étaient foutus de toute manière, alors quitte à s’embourber encore davantage… Comment concevoir que ses propres enfants soient animés par une passion si abjecte et repoussante ? Eux-mêmes n’arrivaient pas à le faire, alors le psychiatre n’imaginait pas dans quel état devait se trouver la femme les ayant engendrés. « C’est pas sa faute. Je… Elle n’a rien fait. C’est moi qui… » Ses paupières se refermèrent furtivement sur le néant, emprisonnant les icebergs au creux de ténèbres familières. Une fois de plus, ou de trop, il ne termina pas sa phrase. Se contentant d’une grimace se voulant suffisamment éloquente pour qu’elle relâche sa pauvre sœur. La suite se noya dans ce tourbillon incessant qui les menaçait constamment, sans jamais totalement les avaler. Son esprit se déconnecta lorsque sa mère reprit la parole, hurlant par-dessus ses suppliques. Assassinant leurs cœurs à coup de hache comme leur baiser avait certainement détruit le sien. En constatant que la dévotion qu’ils se portaient était teintée d’une attirance impérieuse, lascive, corrosive.

Elizabeth avait toujours vu juste, lorsqu’elle les imaginait s’entretuer. Leurs corps souillés et écarlates finissant par joncher le carrelage trop blanc, trop étincelant pour que le contraste ne saute pas aux yeux des témoins. Peut être pas ce jour-là, ni ceux d’après. Peut être pas physiquement, pas réellement. Mais de manière abstraite, ils étaient déjà morts. Ils pourraient bien se leurrer, essayer d’oublier, aller de l’avant, se séparer par des milliers de kilomètres. Faire semblant de tomber amoureux de quelqu’un d’autre, construire quelque chose sur des ruines pour mieux gâcher la précieuse existence de ceux qui tomberaient dans le piège. Mais ils étaient déjà morts. Tués par la honte bouleversante dans les rétines de celle qui leur avait offert le cadeau le plus empoisonné qui soit. La vie.


|Fin.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. Empty
MessageSujet: Re: Armageddon was yesterday, today we have a serious problem.   Armageddon was yesterday, today we have a serious problem. Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Armageddon was yesterday, today we have a serious problem.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 

 Sujets similaires

-
»  “ – I can't do like yesterday ”
» yesterday i died, tomorrow's bleeding. (uc)
» « Future started yesterday. » △ LENNY&QUINN.
» « One day, I'll grow up... but not today. » | Némo & Nikky
» YESTERDAY I DIED, TOMORROW'S BLEEDING. FALL INTO YOUR SUNLIGHT. (layla)
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
THEY HIDE UNDER BEDS. ☂ :: just gonna stand there and watch me burn :: every song has an ending :: souvenirs de la première version :: sujets rp-