I  can't do it like yesterday • It's hard when I don't know who you are anymore.

En écoutant à moitié les indications du prof qui nous exposait en moins d'une minute la montagne de devoir à faire pour la semaine prochaine, j'observais alors l'extérieur du lycée. Quand on vit dans le nord, on a le droit à des températures extrême en hiver et en automne et le froid avait déjà pris place dans la ville. Puis mon regard se dériva sur un visage connu, la copine de Kavi. Très vite, mon réflex et de prendre mes affaires et de quitter la salle de cours. J'avais connu Astrée l'année dernière. J'dois avouer que faire ce projet de science avait été plutôt cool. En plus j'avais enfin une amie de mon âge, ce que Joe m'encourageait à avoir. Je devais bien l'avouer, c'était sympa. J'avais l'impression que petit à petit j'arrivais à rencontrer des gens qui en valaient la peine. Jusqu'à ce que je découvre qu'elle était la petite-amie de mon tyran numéro 1. Kavi, en personne. Je me retrouvais de nouveau dans une situation qui ne me plaisait pas et dans ce moment-là, ma solution c'est tout simplement de fuir. Je n'aime pas me prendre la tête, déjà que j'avais mal jugé Ella, qui était désormais maman du fils de Mattia... Mais dans quel monde je vis ? Sérieusement ? De plus, je n'avais pas du tout envie de devenir un nouveau Liam. Cette histoire m'avait marqué.

Comme tout le midi, j'avais ma boite de repas, fraichement préparé par... moi. C'était peut-être un peu étrange, mais j'aimais ben me lever tôt pour faire mon repas. J'avais regardé trop de manga, mais il n'y avait pas de jolie voisine pour faire mon casse-croute de midi alors je me débrouillais tout seul. C'était mieux ainsi.

Je m'assoie là où il n'y a personne, sans faire attention aux autres autour de moi. Je n'étais pas très doué avec les technologies, alors oui c'était bien un vieux walkman que j'avais sorti. J'avais pris ce matin un vielle album de country que j'avais trouvé dans les affaires de mon oncle, parti depuis deux jours sur les routes. Le livre de la semaine : Nuits Blanches de Dostoïevski. Alors, en sortant mon sandwich, je reprenais mon chapitre, la musique à fond dans les oreilles. Je me coupais littéralement du reste de l'école, parce que j'aimais lire en mangeant. J'aimais écouter de la musique, être tranquille et ne plus réfléchir à rien. Oui, ma solitude de me dérangeait pas et j'étais d'autant plus tranquille que cette année, ni Mattia, ni Kavi, ni le reste de la bande de muscle n'étaient dans le coin. J'aperçois alors un plateau se poser en face de moi. Curieusement, je fronçais les sourcils avant de lever mes yeux vers la personne qui venait de prendre place à ma table. Je regarde à ma droite et à ma gauche avant de baisser mon casque et de regarder Astrée curieusement.

Dans ces moments-là je ne sais pas trop comment réagir. Et je n’avais qu’une seconde pour le faire. Est-ce que je devais la saluer, par politesse ou tout simplement continuer à la fixer curieusement. Je me demandais bien ce qu’elle me voulait. Peut-être n’avait-elle personne d’autres avec qui manger et donc, elle se serait tournée vers moi en croyant, après la même occasion, faire une bonne action ? J’ai du mal à croire qu’elle soit pour prendre de mes nouvelles ? Mais si c’était le cas, je devrais peut-être être aimable et lui sourire ?

La matinée avait été longue et Astrée était bien heureuse de voir que l’heure du repas était enfin arrivée. D’autant plus qu’il faisait un froid de canard –auquel son Arizona natale ne l’avait pas habitué- et qu’un repas chaud lui ferait un bien fou. « Eh Astrée ! Tu viens manger avec nous ? ». La jolie Brune se tourna vers son amie avant de regarder un peu autour d’elle. Son regard se posa sur un jeune homme à qui elle avait voulu parlé ce matin mais qui avait fui bien trop rapidement, comme d’habitude. « Non, désolée, je vais aller manger avec Llewyn. ». Astrée lui fit son plus beau sourire alors que la rouquine en face d’elle fronça les sourcils avant de se tourner vers le jeune homme en question. « D’accord… bah à plus tard. ». Astrée ne releva cet air si surpris et presque choqué, elle préféra se dirigeait vers Llewyn. Le jeune homme était seul à sa table avec son casque sur les oreilles et un livre à la main, une habitude qu’Astrée avait remarqué et qui la faisait sourire. Elle aimait le côté décalé de l’adolescent, il n’était pas comme tout le monde et ça le rendait encore plus agréable à ses yeux. C’était un cours de science qui les avait rapprochés et quelque chose d’inconnu qui les avait éloignés.  Astrée n’avait pas vraiment compris pourquoi du jour au lendemain il était devenu un peu plus distant, voire beaucoup plus distant. Elle ne savait pas ce qu’elle avait fait de mal mais elle avait du mal à accepter que les choses puissent rester ainsi.

Astrée posa son plateau sur la table, juste en face du jeune homme qui la regarda sans comprendre. Elle lui offrit un ravissant sourire alors que lui balaya la salle du regard avant d’enlever son casque. Il ne semblait pas bien comprendre ce qu’Astrée faisait là, il la regardait curieusement. « Je peux m’asseoir ? ». Astrée ne délaissa pas son sourire, espérant qu’il accepte.  « Après tout, ça fait longtemps qu’on a pas parlé… ». Et si ça se trouve, il ne lui en voulait pas et il ne faisait pas exprès de la fuir… oui bon, d’accord c’était un peu naïf de penser ça mais Astrée avait besoin d’explication. Elle avait besoin de le retrouver parce qu’elle avait cette affreuse manie de s’attacher rapidement et d’être incapable de renoncer aux gens.

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Quoi que je fasse, quoi que je décide, les choses ne se produisaient jamais comme je le désirais. J'étais constamment propulsé par la vague des besoins autres que les miens. Je ne faisais que suivre le courant, tentant malgré tout d'aller à contre-courant comme si c'était vital. Que ça soit en cours, avec mon oncle où en centre-ville, mes petites habitudes se voyaient souvent bousculer par celle des autres, diamétralement opposé. J'avais du mal à saisir pourquoi les bonnes personnes n'étaient jamais avec ceux qui étaient bénéfiques pour eux. C'était un besoin inconscient, peut-être. Je n'en sais rien. J'étais juste du genre à ne pas vouloir faire les mêmes erreurs que les autres. Je voulais me faire des amis, je voulais qu'on me remarque et avoir une bande. C'était logique. Mais j'avais fini par croire que j'étais aussi très bien dans mon coin, avec mes livres et mon univers. Que ma bulle était un endroit saint et que je pouvais respirer sans avoir besoin de qui que ce soit. Quand le prof a pioché mon nom, pour me mettre en duo avec Astrée, j'avais été surpris et curieux. Surpris, parce que je détestais me mettre en duo avec qui que ce soit. Sauf qu'on ne peut pas y échapper. A chaque fois, je me retrouvais avec quelqu'un qui me laissait faire tout le boulot - je n'étais pas contre, mais quand même. Curieux, parce que cette fille ne connaissait personne. Qu'elle était une page blanche non-souillé par la hiérarchie du lycée actuel et que l'hypothèse d'une amitié me plaisait bien. Ma passion pour le cinéma me pousse à envisager des histoires et des scénarios durant chaque minute de la journée. J'avais été agréablement surpris par Astrée. On avait tout de suite sympathisé, sans trop réfléchir. On ne savait pas grand-chose l'un de l'autre, mais faire ce devoir ensemble, ça avait été agréable.

Jusqu'à ce que je découvre qui était son petit-ami. Bon, d'accord, c'est cruel de l'ignorer à cause de ça. Très idiot, très absurde. Mon souci était que je ne voulais pas avoir plus de problèmes que j'en ai déjà. Comprenez-moi ce type, qui n'a seulement qu'un an de plus, était un connard. Un vrai connard. Je ne disais pas qu'elle était comme lui, c'est juste que... c'était le genre de situation compliquée qu'on voyait dans les séries pour ados des années 80. Je ne voulais pas être le type qui s'en prenait plein la gueule à cause de sa naïveté. Et dieu sait que je suis naïf.

« - Euh, oui... oui, va s'y. » Je continuais à jeter un coup d'oeil autour de moi comme si je cherchais une excuse pour partir. Je n'avais pas le droit de lui dire non, c'était la cafétéria du lycée, pas ma chambre. Et puis, Kavi n'était pas dans le coin donc je n'avais pas à avoir peur de recevoir un bol de spaghetti sur la tête. Je retirais le casque qui était à mon cou pour le poser sur la table, appuyant sur la touche pause pour que la cassette s'arrête. Il me faudrait une excuse, histoire d'esquiver tout ça, mais j'étais un peu coincé là.

Et j'avais du mal à refuser un si joli sourire.

Sérieusement, est-ce que c'était le moment de penser à ça ? Peut-être pas, mais soyons réaliste. Astrée était jolie. Je l'avais pas remarqué, au début, parce que tout ce que je me disais c'était : Oh, chouette, une amie ? Mais maintenant que j'avais passé le stade de ce besoin obsessionnel d'amitié, je voyais les choses autrement. De plus, ça faisait un moment que je ne l'avais pas vu. Où plutôt que je ne l'ai pas eu en face de moi. J'dois avouer que mon cerveau s'amusait à chercher les différences, les nouveautés...

« - Tu sais, j'étais très occupé dernièrement... » J'étais nul pour mentir, vraiment. Je ne savais pas mentir. C'était quelque chose que je n'arrivais pas à faire. J'étais trop honnête pour être un fin menteur. J'avais hérité ça de mon père.

« - Euh, oui... oui, va s'y. ». L’adolescent continuait à regarder autour de lui comme s’il cherchait une issue, ou comme s’il vérifiait qu’il n’y avait pas de caméra cachée. Astrée n’y prêta pas attention et s’installa à table avec un ravissant sourire. « C’est gentil ! ». C’était gentil… c’était normal ! Mais l’enthousiasme d’Astrée pour tout et n’importe quoi était maintenant de notoriété publique alors bon. Le jeune homme posa son casque sur la table, visiblement réceptif à la présence de la brunette et tant mieux, ça ne faisait qu’amplifier le sourire de l’adolescente.

La demoiselle souligna le fait que ça faisait bien longtemps qu’ils ne s’étaient pas vus. Ce n’était pas méchant, c’était juste pour dire que c’était important pour elle et que ça lui faisait plaisir. « - Tu sais, j'étais très occupé dernièrement... ». Astrée était très mauvaise menteuse, en fait elle ne savait pas du tout mentir mais…ça ne voulait pas dire qu’elle ne savait pas quand on lui mentait. Il faut dire aussi qu’elle savait pertinemment qu’il l’avait ignoré –même si intérieurement, elle lui avait trouvé toutes les excuses du monde-. « Je veux bien te croire. » Au fond, elle voulait surtout ne pas le mettre mal à l’aise et puis, peut-être aussi qu’il avait été aussi réellement occupé quand même. Ce n’était pas parce qu’il l’avait ignoré au lycée qu’en dehors, il avait le temps. « Je t’avoue que moi aussi j’étais assez occupée ! Entre la danse, la guitare et le baby-sitting… enfin faut dire que j’aime courir partout ! ». Elle se mit à rire presque un peu nerveusement, au fond, il en avait peut-être rien à faire de tout ça… qu’en savait-elle ? Enfin elle passa une main dans ses cheveux avant de commencer à manger. « Et je parle trop comme d’habitude ! Comment tu vas toi ? ». C’est vrai qu’elle parlait trop et qu’il fallait qu’elle arrête, surtout qu’elle voulait des nouvelles de Llewyn.

Elle détailla d’ailleurs le visage de l’adolescent. Il n’avait pas changé. Il avait toujours cet air indescriptible qui mettait Astrée en confiance. Et puis il avait ses belles prunelles bleues qui, aux yeux d’Astrée, faisaient obligatoirement craquer toutes les filles. Bon d’accord, elle n’avait jamais vu Llewyn en charmante compagnie, mais, elle, elle le trouvait craquant –même si elle ne disait pas ceci à voix haute et qu’elle n’avait pas forcément à penser à cela-.

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Ce n'était pas désagréable d'avoir quelqu'un en face de soi. De manger avec quelqu'un. Moi et mon pauvre sandwich on n'était pas contre partager la future heure à venir avec une connaissance, mais j'étais quand même un peu... mal à l'aise. Astrée avait été une amie et j'utilise bien le passé parce que j'avais passé mon temps à l'ignorer depuis. Je n'avais plus cette petite manie de passer une bonne dizaine de minutes avec elle pour parler de tout et de rien. J'étais retourné à ma phase d'étudiant solitaire sans prêter plus attention à rien. Me retrouver de nouveau en face d'elle c'était essayé de me souvenir de ce que je savais sur elle. Pour être franc, je ne savais pas grand-chose. Elle était gentille, jolie, compréhensive et bavarde, mais je n'en savais pas plus que ça et le facteur Kavi ne m'avait pas encouragé à aller découvrir plus. J'étais un lâche. En vrai, tout ce que je savais faire c'était fuir les gens qui pouvaient m'offrir des problèmes sur un plateau d'argent. Maintenant, j'étais juste coincé. Je m'étais bien entendu avec Astrée et je savais que cette pause du midi passerait très bien si j'avais su gardé contact avec elle. Mais ça n'avait pas été le cas. Alors, c'était difficile pour moi de faire comme si tout ceci était normal, parce que ça ne l'était pas. Et ses copines qui allaient sûrement lui poser des questions sur moi où pire nous regarder de leurs tables comme si c'était la réunion du siècle. Le truc le plus fun du midi. Quand Astrée, belle brune, lâcha ses bonnes copines pour aller rejoindre au bas de l'échelle le petit Llewyn.

J'essayais de sourire, alors qu'elle avoua que c'était gentil. Gentil... hum. C'était bien un mot qui me définissait parfaitement. J'étais gentil. J'étais le mec gentil. Toujours. Des fois, ça me m'était en colère parce que j'en avais marre d'être ainsi. Marre d'être toujours le mec gentil. Je sais que c'est une qualité, quelque chose de rare. Quelques choses d'inestimable... Mais c'était surtout très emmerdant d'être défini que par un mot, un seul. Je tente de faire croire à Astrée que j'étais occupé, veine tentative qu'Astrée semble croire. Ça me surprend un peu, mais je ne vais pas lui dire que je mens. Je crois qu'elle essaye de faire la conversation, qu'elle essaye de ne pas laisser de blanc définir tout ceci. Je la comprends, parce que je suis pareille. Je n'aime pas le silence et les blancs me donnent envie d'hûrler. C'est alors qu'elle me demande comment je vais... Et à ce moment précis, un morceau de sandwich m'étouffe. Je prends ma bouteille d'eau pour avaler quelques gorgées.

« - Oh, moi... tu sais. La routine. » Wouah, ça c'était de la conversation. « - J'me lance dans les plus grands classiques de la littérature russe. L'âge d'or de la romance, le 19ème siècle. Terriblement fascinant, mais j'aime beaucoup leurs façons de vouloir se rebeller de tout. » Moi aussi, j'étais très bavard. C'était pour ça que ça avait collé entre nous, on aime parler. On parle beaucoup. On avait... beaucoup de points communs. « - Depuis quand tu fais du Baby-sitting ? » Je fronçais les sourcils, curieux. Je n'étais pas du genre à écouter dans le vent. Et j'étais curieux malgré tout. Puisque je n'avais pas d'excuse pour m'enfuir, autant rester, non ?

Je pense qu’en vrai, le fait de ne pas être « connecté » m’éloigne des autres. Après tout, à part la télé dans le salon, il n’y a rien chez mon oncle. Mon téléphone est une antiquité qui ne prend pas de photos. Et pour finir, je n’ai pas d’ordinateur. Pas de compte facebook, twitter. Pas d’adresse email. Je ne sais pas, j’y arrive pas. J’aurais aimé vivre au début des années 20.

Astrée ne tenait pas compte du mensonge de Llewyn parce qu’elle voulait vraiment lui parler et qu’au fond, il avait sans doute ses raisons. Elle ne pouvait pas non plus laisser les blancs s’installer parce qu’elle avait peur du silence et qu’en plus de cela elle était terriblement bavarde et lui aussi dans ses souvenirs –surtout quand il parlait de ses passions-. « - Oh, moi... tu sais. La routine. ». Cours, manger, dormir ? Astrée avait du mal à imaginer une seule seconde que la vie de Llewyn puisse être cela. « - J'me lance dans les plus grands classiques de la littérature russe. L'âge d'or de la romance, le 19ème siècle. Terriblement fascinant, mais j'aime beaucoup leurs façons de vouloir se rebeller de tout. ». Astrée lui offrit un beau sourire, ayant presque envie qu’il lui en dise plus. Astrée était le genre de fille qui s’intéressait à tout et surtout à ce qu’elle ne connaissait pas, alors bon.  « Et tu lis lequel en ce moment ? Je dois avouer que je m’y connais pas bien en littérature Russe, en ce moment je suis en train de relire  pour millième fois au moins les romans de Jane Austen… mon côté romantique j’imagine ! Et puis j’essaye de lire le petit prince en français… c’est assez compliqué mais je me suis pas encore tourné vers les Russes. ». Elle lui fit un sourire éclatant, au moins à travers ses paroles à lui, elle aurait un aperçu, quelque chose qui lui donnerait peut-être envie. Même si depuis sa rupture avec Kavi, elle se consolait avec Monsieur Darcy et Mademoiselle Bennet. Quant au petit prince, c’était pour renouer avec la langue de sa mère mais elle n’était pas très douée en français, avouons-le !

L’avantage avec Llewyn c’était qu’il prêtait vraiment attention à tout ce qu’elle disait, il ne faisait pas semblant de l’écouter. Il ne faisait pas comme tout le monde et ça, Astrée ne pouvait que l’apprécier. « - Depuis quand tu fais du Baby-sitting ? ». Depuis toujours avec Lleyton mais ça n’avait rien d’officiel. En revanche pour Carlie ça faisait un peu moins longtemps. « Un peu plus d’un mois je crois… c’était avant ma rupture avec Kavi… donc oui un peu plus d’un mois. Carlie est trop adorable bien qu’un peu capricieuse ! ». Astrée lui fit un beau sourire en pensant la petite, ne réalisant absolument pas qu’elle avait par la même occasion annoncé sa rupture avec Kavi –qui malgré elle, était de notoriété publique… en tout cas au lycée-.

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J'étais timide plus jeunes, très timide. J'avais beaucoup de mal à parler, à répondre aux gens autour de moi. Mon père m'a alors un jour appris à lire, pour travailler ma timidité. Il me demandait de lire à voix haute, devant ma mère et lui, pour que je m'améliore. J'ai appris à aimer ça, à aimer lire surtout. Parfois chez moi je lis à voix haute, comme si ils étaient là. C'est stupide, mais c'est plus fort que moi. C'est pour ça que j'ai toujours un livre sur moi, que je travaille dans une librairie et que ma passion à moi c'est toutes ses histoires écrites par les gens du monde entier. Des classiques aux nouveautés, j'épluchais les rayons à la recherche de perle rare comme un vieux papi qui n'avait rien de mieux à faire. Alors oui, je n'avais pas d'amis, mais dans le monde entier, tous les écrivains du monde me donnait leurs temps pour un jour ou deux, et je pouvais plonger dans des aventures extraordinaires. Ça compensait le manque d'aventure de ma vie, on peut dire ça comme ça. Sauf qu'aujourd'hui, ma lecture se voyait confronté à la dure réalité. Astrée s'était posé devant moi, comme si hier encore on avait ce devoir de science à faire. Le temps avait coulée depuis cette période, notre amitié. Je pensais... non, j'étais convaincu que plus jamais on aurait à parler, à se retrouver l'un en face de l'autre. J'étais certain qu'Astrée m'oublierais comme la plupart des gens autour de nous. Mais non, elle était là. Peut-être voulait-elle quelque chose de précis, une faveur, mais non. Elle avait l'air tout simplement de vouloir manger en ma compagnie et c'était déstabilisant. Je n'étais pas habitué qu'on est juste envie de m'avoir à ses côtés. Pas du tout.

La façon dont elle me répond me rappelle au combien elle m'avait manqué. Je crois que ma haine envers Kavi avait été trop fort au point où j'en oublie à quel point Astrée était cool. Je parlais beaucoup, trop peut-être, mais elle, elle ne m'écoutait pas sans un mot. Elle m'écoutait, me répondait et d'un coup le temps semblait allait beaucoup plus vite. J'en oubliais presque la raison pour laquelle je m'enfuyais d'elle.

« - J'vais t'avouer un secret, j'dois être le seul gars de tout Arrowsic à avoir aimé Jane Austen. » J'avalais un morceau de mon sandwich poulet moutarde, avant de répondre : « - Je lis Les nuits blanches, de Dostoïevski. L'histoire parle de ce garçon, un peu timbré dans sa tête. Il parle de lui à la troisième personne comme Alain Delon, mais il souffre de sa solitude. Il n'a aucun ami. Et un soir, il aperçoit cette fille qui pleure, il la sauve d'un ivrogne et depuis, il se retrouve au même endroit tous les soirs. Il tombe amoureux, alors qu'elle, elle a un juste besoin d'un confident. J'en suis au passage où elle explique que celui qu'elle aime lui avait promis de revenir après un an pour l'épouser, mais ça fait 1 an et trois jours... » Je marquais une pause, me rendant compte que je parlais comme un passionné enivré par la beauté de la chose. Ce livre était beau. Mais je sentais qu'il allait mal finir, je ne savais pas pourquoi. « - J'précise juste qu'elle a 17 ans et lui 27. Les Russes m'impressionne ne de plus en plus. » Je riais, parce que c'était stupide comme remarque.

J'avalais une chips alors qu'Astrée répondait à ma question. Mon esprit se bloqua sur la phrase contenant le mot « Kavi. » Ils avaient rompu ? Pourquoi ? Ou plutôt... tant mieux ! Mais je ne voulais pas me montrer impoli et dire une connerie, sauf que, au fond, c'était génial. J'étais un vrai connard, en réalité. Il y avait des choses que tout le lycée soit au courant, mais comme je n'ai pas d'ami, personne ne me l'aurait dit. Bref, je m'adosse à mon siège, avant de dire :

« - Tu n'es plus avec Kavi ? Qu'est-ce qui... euh, je veux dire c'est peut-être mieux ainsi. Enfin non, je ne sais pas, je n'étais pas au courant. Désolé. » Je m'enfonçais, bêtement, mais c'était compliqué. J'avais plus aucune raison de fuir Astrée, mais je ne méritais pas d'être de nouveau ami avec elle, parce qu'au fond, ça avait été stupide de l'avoir ignoré à cause de ce seul facteur. Elle allait sûrement me détestait si elle savait. Je croquais de nouveau dans mon sandwich pour éviter de dire une connerie.

Astrée retrouvait ce plaisir si particulier de discuter avec Llewyn, il était loin d’être un adolescent comme les autres. Il fallait avouer que pouvoir parler de littérature avec quelqu’un au lycée, qui ne soit pas un prof, c’était assez complexe. Astrée appréciait vraiment ces moments où elle n’entendait pas parler de Matthew, le quater back, du rouge à lèvre de Stacy, la capitaine des cheerleader ou du look si « out » de Meryl. Astrée n’écoutait jamais vraiment ce genre de conversation superficielle mais, c’était quand même la majeure partie des conversations des lycéens. « - J'vais t'avouer un secret, j'dois être le seul gars de tout Arrowsic à avoir aimé Jane Austen. ». Astrée afficha un immense sourire, comme ravie d’entendre cela –et c’était le cas-. « Ah ! Ça me fait plaisir d’entendre ça ! Non mais franchement, Jane Austen est loin d’être une auteure cul-cul la praline ! ». Astrée se mit à rire légèrement, n’empêche que c’était vrai. Elle n’aimait pas qu’on réduise Jane Austen à des livres à l’eau rose.

« - Je lis Les nuits blanches, de Dostoïevski. L'histoire parle de ce garçon, un peu timbré dans sa tête. Il parle de lui à la troisième personne comme Alain Delon, mais il souffre de sa solitude. Il n'a aucun ami. Et un soir, il aperçoit cette fille qui pleure, il la sauve d'un ivrogne et depuis, il se retrouve au même endroit tous les soirs. Il tombe amoureux, alors qu'elle, elle a un juste besoin d'un confident. J'en suis au passage où elle explique que celui qu'elle aime lui avait promis de revenir après un an pour l'épouser, mais ça fait 1 an et trois jours... ». En fait là, c’était affreux pour Astrée parce que Llewyn était tellement passionné, qu’elle était plongeait dans son récit et qu’elle voulait savoir la fin alors même qu’elle n’avait rien lu du livre. C’était la passion de Llewyn qui faisait ça, il avait le don de transmettre ce qu’il aimait. « - J'précise juste qu'elle a 17 ans et lui 27. Les Russes m'impressionne ne de plus en plus. ». L’adolescente mêla son rire à celui du brunet, ça c’était le petit détail qui tuait ! « Tu sais ce qui est affreux ? C’est que maintenant je veux savoir la fin ! Tu m’en voudras pas si je le lis aussi, hein ? ». Elle lui offrit un ravissant sourire, si elle le lisait, ils pourraient en discuter donc double avantage !

Astrée lâcha qu’elle n’était plus avec Kavi sans même y faire vraiment attention, en revanche, Llewyn l’avait bien relevé. « - Tu n'es plus avec Kavi ? Qu'est-ce qui... euh, je veux dire c'est peut-être mieux ainsi. Enfin non, je ne sais pas, je n'étais pas au courant. Désolé. ». Astrée se mordit la lèvre inférieure avant de lui offrir un petit sourire. « Tu n’as pas à être désolé, ne t’inquiète pas. ». Elle ne voulait pas qu’il soit mal à l’aise avec ce sujet alors que d’autres n’avaient pas hésité à enfoncer le couteau dans la plaie. « Je crois que oui, c’est mieux ainsi. Et il vaut mieux étant donné qu’il a quitté Arrowsic. ». Il était parti après le décès de son père, ce qu’Astrée pouvait comprendre –elle l’avait appris par Mattia-. Dans tous les cas, Astrée n’avait pas prévu de se remettre avec lui. « Tu ne l’aimais pas trop hein ? ». Astrée était arrivée il y a  à peine plus d’un an, elle n’était donc pas au courant de toutes les histoires de cette petite ville. Elle avait compris que Llewyn n’était pas le meilleur ami de Kavi mais, de là à imaginer qu’ils puissent se détester ? Elle en était loin.

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Finalement, manger avec Astrée, c'était bien. Non, c'était excellent. Ça me rappelle que les relations humaines ce n'est pas si mauvais que ça. Qu'il y a des gens avec qui on peut avoir une relation très simple, mais très forte. Je le réalisais avec Astrée en face de moi. On ne se connaissait pas tant que ça, mais on s'entendait bien et pour l'instant, c'était largement suffisant. On n'avait pas besoin de plus pour passer du bon temps. Je devais bien l'avouer, je regrettais de l'avoir laissé de côté parce que Kavi était là. C'était lâche de ma part et plus les minutes avançaient, plus je me disais qu'elle risquait de me péter la gueule en sachant la vérité. Sérieusement j'étais stupide parfois, mais on ne pouvait m'en vouloir, j'étais jeune quand même, non ? Hein ? J'pouvais utiliser ça comme excuse ou... ? Astrée était spéciale. Elle me souriait. Elle m'écoutait. J'avais l'impression qu'on était seuls dans la cafétéria, alors que je pouvais entendre Jeremy Mendler parlais de son rat juste derrière moi et de sa copine Elen qui disait à quel point c'était cool que sa chambre soit dans la cave. Sans parler des filles dites « populaires » qui riaient d'une façon que je ne pouvais pas décrire. Pourtant, j'étais complètement et uniquement concentré vers Astrée qui captiver toute mon attention. Dire qu'il y a à peine quelques minutes je voulais juste m'enfuir et manger ailleurs, tout ça parce que dans ma tête Kavi va me sauter dessus si je reste ami avec elle. J'étais con, mais j'étais con !

« - J'suis d'accord. Elle est incroyable et ce qui ne l'a ne comprenne pas son idiot. J'adore son humour, son réalisme. J'aurais adoré la rencontré. Elle a une façon d'écrire tellement franc, tellement libre. » Je laissais échapper un léger blanc avant de reprendre, plus doucement et clairement : « - Ses histoire non rien de cul-cul la praline, ils sont juste le reflet d'une époque que nous n'avons pas connue. » Et ça, c'était le truc qui me donnait envie d'hurler. J'étais du genre à croire que j'aurais été mieux à une époque autre. C'était bizarre comme sensation, mais à chaque fois, je ressentais ça. Même quand je regarde le seigneur des anneaux, j'me dis que j'aurais fait un fièr hobbit ! J'aimerais vraiment être en accord avec l'époque actuelle, mais je n'y arrivais pas.

Qu'Astrée rit à ma remarque, se mêlant ainsi à mon rire, c'était... c'était bon. C'était la première fois depuis des lustres que je riais avec quelqu'un de mon âge, dans mon lycée. Joe serait fier de moi si elle me voyait. J'avais l'impression qu'elle saisissait ce que je disais, qu'elle m'écoutait vraiment. Je me sentais... vivant.

« - Je ne l'ai pas fini, mais si tu veux je te le prête juste après. J'ai juste cette horrible sensation que ça va mal finir. » Il ne pouvait refuser quelque chose à Astrée. La façon dont elle lui souriait, personne ne pouvait lui refuser quoi que ce soit. Cela aurait été inhumain.

De savoir qu'elle n'était plus avec Kavi c'était incroyablement rassurant. J'avais l'impression qu'un énorme poids venait de disparaitre. Ouais, j'me sentais léger. J'me sentais serein. La belle vie quoi... pendant 3 secondes. Parce qu'elle, elle était quand même sortie avec lui. Elle avait sûrement eut des sentiments pour lui, qui sait ? Je ne savais pas ce qui s'était passé entre eux, mais ils avaient été ensemble et ce n'était sans doute pas pour rien. Ce qui était étonnant, c'était la façon dont Astrée m'en parlait. Elle était tellement gentille, c'est dingue. Ça me gênait encore plus d'aborder Kavi dans la conversation et de parler de sa rupture avec lui. Peut-être que si j'étais un peu plus attentif, j'en saurais d'avantage. D'ailleurs j'suis bien content d'avoir un téléphone de merde, sans applications. J'ai entendu dire que RHI aimait bien papoter et faire chier le monde entier.

« - Il a quoi ? » J'en recrachais l'eau de ma bouteille, ou plutôt je m'étouffais avec. Kavi avait quitté la ville, c'était quoi cette histoire ? Ok, c'était encore mieux en vrai. Visiblement, Astrée le prenait bien. Je disais bien « visiblement » parce que je savais mieux que quiconque qu'on ne pouvait pas se fier aux apparences. J'espère que ça allait pour elle, que ce n'était pas trop dur. Lorsqu'elle me dit que je n'aimais pas trop Kavi, je ne pouvais le nier. Un léger sourire, c'était tout ce que je pouvais faire. Kavi et Mattia c'était... c'était les deux crétins les plus chiant du monde. J'oubliais parfois qu'Astrée était nouvelle. Qu'elle n'était là que depuis un an.

« - C'est plutôt que je ne l'aimais pas du tout. » Je n'étais pas du genre à vraiment parler de moi, de ce que je ressentais vis-à-vis des autres et encore moins de mes problèmes, mais là, je ne pouvais pas y échapper. J'avais du mal à mentir, mais parfois être honnête était tout aussi difficile. « - Mais c'est une longue histoire, rien d'intéressant. » Je fixais Astrée un léger moment, avant que mes paroles ne m'échappent. « - Est-ce ça va ? »

Astrée était heureuse de retrouver Llewyn, elle n’était pas vraiment sûre de vouloir savoir ce qui les avait éloigné parce que l’essentiel était là : ils s’étaient retrouvé. Et au fond, qu’importe la raison, Astrée s’en voulait surtout de l’avoir laissé faire, d’avoir voulu respecter cette distance qu’il avait imposée entre eux. En parlant avec lui ce midi, elle se rendait compte à quel point il lui avait manqué et même si elle connaissait très peu de lui, il était hors de question qu’elle le laisse filer. « - J'suis d'accord. Elle est incroyable et ce qui ne l'a ne comprenne pas son idiot. J'adore son humour, son réalisme. J'aurais adoré la rencontré. Elle a une façon d'écrire tellement franc, tellement libre. » . Astrée afficha un immense sourire, elle aussi aurait aimé, elle aussi aimait cette franchise et l’humour si cynique qu’il pouvait y avoir dans ces répliques. Elle aimait l’esprit de cette femme et admirait son talent, Llewyn avait raison, ceux qui ne la comprenait pas n’était que des idiots. « - Ses histoire non rien de cul-cul la praline, ils sont juste le reflet d'une époque que nous n'avons pas connue. ». Une époque lointaine qu’Astrée trouvait à la fois merveilleuse et effrayante. Il y avait les bons et les mauvais côtés, comme aujourd’hui, comme depuis toujours. Nul époque n’était parfaite, n’empêche qu’écrire aux côtés de Jane Austen aurait beaucoup plu à Astrée –si on oubliait le fait qu’elle ne se connaissait aucun talent d’écrivain-. « Oui, une époque bien lointaine… et bien différente ! ». Astrée se mit à rire parce qu’en disant cela elle avait regardé partout autour d’elle et rien que cette cafétéria pleine d’adolescents égocentrique suffisait à justifier ce point de vue.

« - Je ne l'ai pas fini, mais si tu veux je te le prête juste après. J'ai juste cette horrible sensation que ça va mal finir. ». Les histoires d’amour finissent mal, en général. Astrée ignorait pourquoi mais la voix de sa mère était venu lui chantonner ça dans sa petite tête brune. Peut-être parce que c’était l’une des chansons françaises préférées de sa mère et qu’elle la fredonnait souvent. Enfin Astrée garda son immense sourire. « J’aimerai beaucoup oui ! C’est vrai qu’il y a des chances que les choses tournent mal étant donné qu’on ne parle pas d’un conte Disney...». Il n’y avait que dans les Disney que tout finissait toujours bien alors même que la situation aurait pu être tragique.

Le sujet dériva sur les histoires de cœur d’Astrée –remarque que ça restait quelque peu dans le sujet- et Astrée lâcha que Kavi avait quitté la ville. Llewyn ne mit pas longtemps à réagir puisqu’il recracha l’eau dans sa bouteille, manquant de s’étouffer. « - Il a quoi ? ». Quitter la ville, oui il l’avait fait. « Quitter la ville, genre définitivement ou pour un très long moment en tout cas ! ». Sans doute plusieurs années puisqu’il voulait renouer avec ses origines connaître l’Inde dont son père et sa mère lui avaient tant parlé.

Astrée s’était douté que Kavi et Llewyn, ce n’était pas le grand amour et le petit sourire gêné de Llewyn le confirmait. « - C'est plutôt que je ne l'aimais pas du tout. ». Astrée haussa les épaules avec un petit sourire, elle ne savait pas pourquoi, pour quelles raisons mais elle n’était pas surprise pour autant. « - Mais c'est une longue histoire, rien d'intéressant. ». Astrée fit un petit non de la tête, amusée. « Je suis persuadée de l’inverse… et en fait je suis très curieuse ! ». Bavarde et curieuse ! Que de vilains défauts ! Et pourtant, d’après certains, c’était ce qui la rendait attachante.

Llewyn fixa l’adolescente un léger moment avant de laisser une question franchir la barrière de ses lèvres. « - Est-ce ça va ? ». Astrée releva les yeux de son assiette pour le regarder dans les yeux sans comprendre tout de suite. Elle passa alors une main dans ses cheveux, comme gênée, en fait elle avait l’impression que Llewyn avait lue en elle. « Je crois que ça va mais… ». Elle inspira un coup avant de regarder Llewyn en se mordant la lèvre inférieure. « Tu sais parfois tu as l’impression que ta vie t’échappe, on t’envoie une photo et ton couple est brisé, on vient te parler d’une rupture que tu voudrais juste oublier, tu lis le journal et tu apprends la mort de quelqu’un qui connaissait tout de toi, tu parles à un ami et tu apprends qu’une personne que tu voyais presque tous les jours est parti. Parfois, j’aimerai juste appuyer sur pause et pouvoir contrôler ma vie. C’est complètement ridicule comme une idée mais, j’aime tellement l’idée que l’on puisse faire tout ce qu’on veut de nos vies que quand l’imprévu me rattrape, je prends peur. ». Astrée haussa les épaules, c’est vrai que la mort d’Imran, même si elle n’en parlait pas l’avait affecté. Elle aurait voulu être là pour Kavi à ce moment précis, peu importe ce qu’il avait fait. Elle avait ce sentiment d’avoir perdu un allié et presque… un ami alors même qu’il était son psy, qu’il faisait juste son boulot. Mais, il connaissait tout d’elle et il était différent. « Tu dois me prendre pour une folle non ? ». Elle fit un petit sourire mais elle avait peur de faire fuir Llewyn avec ses états d’âmes si particuliers.

I  can't do it like yesterday • It's hard when I don't know who you are anymore.

Jane Austen était quand même l'un des plus grands écrivains d'Angleterre. Elle avait écrit à une époque où les femmes n'étaient pas permises à l'indépendance. Elle n'avait pas eu peur des préjugés et le fait d'avoir une famille qui la soutenait était un plus. Il faut toujours croire en ce qu'on aime faire. En ses passions. Mes parents m'avaient toujours soutenu, toujours aidé. Quoi que je fasse, ils avaient été présent pour montrer que je pouvais y arriver et je dois bien avouer avoir été étonné par mon oncle, qui n'avait pas hésité à m'hûrler. Si je ne décidais pas moi-même ce que je voudrais faire plus tard, à quoi bon ? J'aimais sa façon de penser, sa philosophie. Jane Austen, bien qu'une femme, était tout de même un modèle à suivre. Je ne me doutais pas qu'Astrée aimait Jane Austen, j'dois dire que je ne savais pas si elle aimait lire autant que moi - ça doit être dur de trouver quelqu'un qui aime lire autant que moi. Il y a ceux qui lisent uniquement ce que les profs demandent, histoire de ne pas complètement raté leurs examens et ceux qui vont plus loin et recherche d'autres choses. La littérature était un monde vaste, il y avait largement le choix de trouver quelque chose qui nous convient. J'ai bien peur que dans tout le lycée notre prof de littérature classique soit mon seul ami. Ou peut-être devrais-je considéré Astrée en tant mon amie désormais. Elle s'était quand même posé à ma table et nous parlions, nous avions déjà été ami. J'avais juste décidé de mettre une distance entre nous et malgré tout, elle était encore là. C'était une preuve qu'on était amis, non ?

« - Ultra différente. » Rajoutais-je pour accentuer ses propos. J'crois que si on était à l'époque de Jane Austen, en Angleterre, Astrée et moi nous serions dans l'obligation de nous marier. Bah ouais, elle avait quand même passé pas mal de temps chez moi... et nous étions seuls ! Bon, d'accord, pour faire un devoir, mais quand même. J'trouvais ça drôle. Je ne risquais pas de faire partager ma blague ceci-dit. Je n'avais franchement pas envie qu'elle m'imagine en train de la draguais... Je finissais mon paquet de chips, alors qu'Astrée semblait réellement intéressait par lire la nouvelle de Dostoïevski. Devais-je préciser que son intérêt m'impressionnait ? Une fille normal 'aurait demandé si j'avais le film en DVD chez moi. C'était bon de savoir qu'il y avait des gens qui lisaient de nos jours.

« - En même temps, si un Disney finissait mal, ça traumatiserait les gosses. Imagine, si blanche-neige était resté dans sa tombe de glace, plus aucun enfant n'aurait osé manger de pommes. » Je riais, parce que c'était stupide comme remarque. Les héros servent bien à quelques choses dans les contes. S'ils meurent à la fin, c'est trop triste puisque ce sont les gens « bien. » Et du coup, plus aucun gosse ne voudrais être un héros ou une princesse parce que de toute façon y'a les méchants qui vont les tuer à la fin. Ça serait plus drôle du tout. Et on préférait sans doute plus les méchants du coup. Je ne sais pas. A débattre. C'est fou, j'avais une capacité de dévier les conversations sur des sujets qui n'ont aucun rapport. Et de faire des comparaisons encore plus démentes. Quoi que là, C'était plutôt Astrée qui était partie sur Disney

Visiblement Kavi était partie pour de bon. Il avait pris ses valises et hop, adios amigos ! Pour être honnête, je n'avais pas la moindre idée du pourquoi du comment et je ne voulais pas savoir. Tout ce qui était à retenir c'était qu'il était parti. Pour moi, c'était le plus important. Peut-être que Mattia ferais moi le fier, tout seul. Je n'allais sûrement pas testé ça, mais j'espérais que c'était le cas ! On ne sait jamais, en un été, ils avaient peut-être grandi et décidait d'arrêter de bizuter les gens normaux... était-je quelqu'un de normal ? Nouveau débat !

« - Tu veux la version courte ou la version longue ? » Je plissais légèrement les yeux, avant de décider automatiquement de prendre la version courte. « - En gros, Kavi et son pote, ils ont toujours aimé... me faire la misère. J'étais leurs boucs émissaires quoi. » Je n'aimais pas en parler, oh que je n'aimais pas en parler. Les coups foireux qu'ils m'ont fait subir, c'était... méchant. Purement méchant. Ça les faisait rire, mais moi, je ne riais pas. Le problème c'est que j'étais déjà un mec solitaire et avec leurs blagues, les gens s'approchaient encore moins de moi. J'suis soulagé qu'aujourd'hui, ils ne soient plus au lycée. Mais quand même, je suis persuadé que même si je les croise en dehors il ne manquerait pas de venir saluer. C'est rassurant de savoir que Kavi n'était plus là, mais quand même. J'avais pas peur d'eux, mais je n'étais pas du genre à me battre, à me défendre contre des trucs idiot, mais une fois ils ont fait ce truc qui m'a fait péter un plomb. Je les déteste. C'est tout.

Ce qui me préoccupait c'était quand même Astrée. Elle venait de rompre avec son copain. Je n'étais peut-être pas au courant de tout, mais quand même. Elle était humaine avant tout, non ? Je la fixais alors qu'elle passa sa main dans ses cheveux. Elle m'avoua alors que ça allait... mais. Parce qu'il y avait un mais. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle se confie à moi, comme ça. J'étais surpris, mais avant tout je la comprenais. Je savais parfaitement ce qu'elle ressentait. Rien n'était facile. Visiblement Kavi n'avait pas rompu comme un pro. Et puis tout le monde semblait en parler autour d'elle - ce qui me donnait envie de m'excuser, une nouvelle fois. Visiblement, la mort d'Imran Johar avait été une surprise pour elle comme pour moi. Je n'étais pas un gosse à problème, mais j'avais harcelé ce type pour un autographe. Ouais. En gros, j'arrivais à suivre ce qu'elle disait, mais avant tout, j'arrivais à comprendre ce qu'elle disait. J'assimilais tout ça alors qu'elle me posa une question.

« - Non, pas du tout. » Je souriais, chaleureusement, parce que je ne voulais pas qu'elle croit que je la prenait pour une folle. Ce n'était pas le cas. « - Je sais que trop bien ce que c'est. C'est en partie pour ça que je me cache derrière une caméra. Parce que pour une fois, j'ai la sensation de contrôler les choses. Je peux faire pause, revenir en arrière, ne rien oublier. Ne rien manquer. » Je reposais les yeux sur Astrée, me rendant compte qu'on avait peut-être plus de point commun que ce que je pensais. Et ça faisait remonter quelques choses en moi : je culpabilisais de l'avoir évité.

« - Ultra différente. ». Astrée afficha un immense sourire amusé, les choses auraient été tellement différente que même cette situation était inimaginable. Mais n’empêche, Astrée ne pouvait s’empêcher de se demander ce qu’aurait été leur vie, s’ils s’étaient rencontrés tous les deux, à l’époque de Jane Austen, comment les choses se seraient-elles passées ? C’était étrange d’imaginer Llewyn demander l’autorisation à son père d’avoir des conversations avec Astrée. Elle se mettait aussi à les imaginer dans ces fameuses soirées mondaines où il faut être vu pour se faire une place dans la société. Elle s’imaginait danser avec lui… bref, elle se perdait complètement dans ses rêveries là !

En tout cas, Astrée voulait vraiment lire le livre dont Llewyn lui parlait et ce même si ça ne terminait pas comme pour les Disney. « - En même temps, si un Disney finissait mal, ça traumatiserait les gosses. Imagine, si blanche-neige était resté dans sa tombe de glace, plus aucun enfant n'aurait osé manger de pommes. ». Astrée se mit à rire, c’est vrai qu’il y avait de quoi traumatiser. Et ça ne dégager pas cette idée positive que le mal sera toujours démuni face à la force triomphante du bien –oui dit comme ça quand on a plus de sept-huit ans, c’est un peu ridicule-. « C’est vrai que ça ne serait pas top pour les enfants… mais terriblement plus réaliste ! ». Elle se mit à rire, en réalité, Astrée aurait détesté qu’on lui brise ses rêves de princesse quand elle était petite. Elle avait toujours vu le monde comme quelque chose de magique et au fond, elle y trouvait toujours un peu de magie.

Soit, la conversation dériva sur le départ de Kavi mais surtout, Astrée voulait savoir pourquoi Llewyn avait une dent contre lui. « - Tu veux la version courte ou la version longue ? ».Elle allait répondre qu’elle voulait la version longue mais en fait, il avait choisi pour lui la version courte. « - En gros, Kavi et son pote, ils ont toujours aimé... me faire la misère. J'étais leurs boucs émissaires quoi. ».  Astrée fit une grimace, ça ne l’étonnait pas tellement de Kavi, il était adorable mais savait se montrer odieux avec certaine personne, elle ne l’avait jamais vu au lycée…. Et d’un côté tant mieux ! Elle avait toujours été persuadé qu’elle l’aurait trouvé un peu beaucoup trop frimeur.  « Je vois… c’est sûr que ça n’aide pas à la bonne entente du tout. ». Ça rappelait d’ailleurs à Astrée pourquoi elle ne parlait pas de sa maladie, elle ne voulait pas passer pour une pauvre petite chose. Elle ne voulait pas qu’on lui colle une étiquette et qu’on agisse avec elle comme si elle était un petit truc fragile.

Enfin, Astrée se confia à Llewyn, elle ne s’était pas vraiment posée de question, elle s’était simplement ouverte à lui comme ça. Et du coup, elle avait un peu peur qu’il la prenne pour une folle. « - Non, pas du tout. ». Astrée fut surprise par son sourire si chaleureux, si sincère. Il ne la prenait réellement pas pour une folle et quelque part, ça la réconfortait. « - Je sais que trop bien ce que c'est. C'est en partie pour ça que je me cache derrière une caméra. Parce que pour une fois, j'ai la sensation de contrôler les choses. Je peux faire pause, revenir en arrière, ne rien oublier. Ne rien manquer. ». Astrée retrouva son beau sourire, il avait raison c’était là tout l’avantage. Derrière une caméra on pouvait maîtriser le monde, choisir ce qu’on voulait montrer, ce que l’on voulait conserver. C’était magique, c’était ce pourquoi les films étaient magiques et ce pourquoi les reportages n’étaient pas « la vérité ».  « Ça me rassure de savoir que je ne suis pas seule. Moi je danse pour arrêter le temps, pendant un court instant j’arrive à croire que tout est magique et qu’il suffit de danser pour que tout soit comme je le désire. Je t’ai jamais demandé, qu’est-ce que tu filmes exactement ? ». C’est vrai qu’Astrée ne lui avait jamais demandé, peut-être parce qu’elle avait peur que ce soit trop personnel mais, au vue de leur conversation actuelle, ça ne l’était plus vraiment.

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L'Angleterre du 19ème n'avait rien à avoir l'Amérique du 21ème. Tout était différent. Les familles, les protocoles, les règles, le tabou... tout était différent aujourd'hui. Tellement différent. J'avais du mal avec la société actuelle. Notre besoin maladif de consommation, notre alimentation, notre vie en société... notre façon d'évoluer n'était pas du tout bénéfique pour nous. J'aurais aimé envoyer des lettres, j'aurais aimé devoir me conduire plus que respectablement avec le voisinage, avoir l'éducation d'un prince quoi. J'dois avouer que je n'étais pas très beau en costume, mais quand même. J'allais grandir encore, donc un jour, je serais un tombeur. J'étais quand même exaspéré par le manque de mystère de la société actuelle. J'ai l'impression que plus personne ne veut garder les choses pour soi. Qu'on tente trop rapidement de s'ouvrir aux autres, de parler de choses personnelles à autrui sans se soucier de ce que cela signifie. Plus rien n'est subtile aujourd'hui et ça, ça me manque. J'ai cette manie de parler comme un vieux, mais ça, c'est à cause de ma culture littéraire. Quand j'étais plus petit, dès que j'apprenais un nouveau mot, je tentais de l'utiliser le plus souvent possible. J'étais un vrai dictionnaire amblant. Du coup, j'avais une façon de parler qui n'avait pas grand-chose à avoir avec celle de mes camarades, mais je m'en fichais.

J'étais content, d'un coup. Ouais, j'étais content qu'Astrée soit là. C'était énormément sympa au final. Ce qui me faisait culpabiliser, mais j'allais garder ça pour moi. Après tout, je pouvais considérer ce midi comme un nouveau départ, non ? Hein ?

« - Absolument ! » J'aimais la façon dont elle me comprenait. Dont elle comprenait mes délires. Dont on se comprenait en fait... Je n'arrêtais pas de sourire, c'était magique quand même. Bon, fallait que j'arrête de penser qu'Astrée était magique, ce n'était pas bon pour ma conscience.

Parler de ce que Kavi et Mattia m'ont fait subir, ce n'était pas ce que je préférais faire dans la vie. Personne n'aime être rabaissé, continuellement. Je n'ai jamais vraiment fit attention à eux plus que cela, mais quand il venait vers moi, qu'il se moquait de moi, c'était... oppressant. J'avais l'impression d'étouffer en plein air. Tout ce que je voulais, c'était hûrler parce qu'à cause d'eux je devenais de plus en plus invisible aux yeux des autres. Aujourd'hui je disais que ça me convenait, parce que j'avais du mal à saisir les gens et que je préférais fuir et plutôt que de côtoyais la mauvaise personne, mais quand même. Au début, c'était dur pour moi. J'offris un léger sourire à Astrée en guise de réponse, parce que je ne voulais pas en dire plus. Je ne voulais pas entrer dans les détails. C'était déjà assez dur pour moi d'avoir eu ça sur le dos, alors je voulais juste me dire que Kavi était hors-jeu maintenant. C'était le principal. Enfin, non, le principal, c'était qu'Astrée aille bien quand même. Je n'étais pas inhumain pour ne pas comprendre que ça pouvait être dur pour elle. Bon sang, comment elle faisait pour rester avec moi ? Comment faisait-elle pour comprendre ce que je voulais dire.

Nous étions peut-être sur la même longueur d'onde.

« - Oh, euh... tout. » Je nettoyais mes lèvres avec mon mouchoir, venant de terminer mon sandwich poulet-moutarde. « - Pour l'instant, je me contente de saisir les choses autour de moi et d'en faire des documentaires. Mais plus tard, j'aimerais réaliser de vrai film. Du genre à bouleverser l'industrie du cinéma. » Je fronçais alors les sourcils. « - Je t'ai encore jamais vu danser... » C'était plus une réflexion à moi-même qu'autre chose, vu à quel point j'avais dit ça d'un ton bas. « - Si jamais tu participes à un spectacle ou autre, ça te dirais que je vienne te filmer, ou même pendant les répétitions. Je sais que certains pro le font pour s'améliorer. »

What... je faisais quoi là ?

Astrée aimait ce déjeuner partagé avec Llewyn, elle ne voyait pas le temps passer –et d’ailleurs son assiette ne se vidait pas des masses tant elle parlait-. Elle avait l’impression d’être avec quelqu’un qui lui ressemblait un peu, ou du moins quelqu’un qui la comprenait, qui faisait attention à ce qu’elle disait. C’était peut-être stupide comme réflexion mais parfois au lycée, un bande de pote n’offre pas une seule oreille attentive, il n’y a de la place que pour des banalités. Avec Llewyn elle avait cette sensation de partager, d’échanger et d’apprendre à le connaître.

Elle s’intéressait réellement à ce qu’il disait et à cette passion pour la caméra, elle était curieuse de savoir ce qu’il faisait avec, ce qui méritait son intérêt dans le monde. « - Oh, euh... tout. ». De tout ? C’était vaste, Astrée afficha un petit sourire amusé attendant la suite – parce qu’elle se doutait qu’il y en avait une-. « - Pour l'instant, je me contente de saisir les choses autour de moi et d'en faire des documentaires. Mais plus tard, j'aimerais réaliser de vrai film. Du genre à bouleverser l'industrie du cinéma. ». Bouleverser l’industrie du cinéma, oui elle en avait bien besoin. Astrée faisait partie de celle qui trouvait que tous les films commençaient à se ressembler tant dans leurs scénarios que dans leurs codes, elle avait parfois l’impression de voir des remakes de remakes. Cela dit, elle n’était pas du genre à nier qu’ils y avaient certains chefs d’œuvre intemporel qui faisait qu’elle aimait vraiment le cinéma. « C’est un sacré chantier mais je crois qu’il y a de quoi faire et que l’industrie du cinéma en a vraiment besoin, on se repose toujours un peu sur les mêmes codes, les mêmes scénarios. ». Elle était persuadé que Llewyn serait capable de faire quelque chose de bien parce qu’il avait une vraie sensibilité artistique et surtout une vraie personnalité.

« - Je t'ai encore jamais vu danser... ». Il l’avait dit à voix basse mais c’était vrai, il ne l’avait jamais vu danser, en même temps, il n’en avait pas vraiment eu l’occasion mais, ça pouvait toujours s’arranger. Astrée avait un gala ce week-end et des répétitions deux fois par semaine alors bon, il pouvait bien venir. « - Si jamais tu participes à un spectacle ou autre, ça te dirais que je vienne te filmer, ou même pendant les répétitions. Je sais que certains pro le font pour s'améliorer. ». Astrée afficha un immense ravie, elle allait lui proposer de venir sans être sûre qu’il accepte et c’était carrément lui qui lui demandait finalement. Elle était flatté et en plus, ça lui permettrait de voir sa façon de filmer, un moyen de lier et de partager leur deux passions, bref autant dire que l’idée lui plaisait carrément ! « Ça serait top ! J’ai un gala samedi, tu crois que tu pourrais venir ? Comme ça tu pourras me voir danser et moi, je verrais le résultat quand tu es derrière une caméra. ». Elle lui fit un sourire rayonnant, ravie par cette idée. Elle était déjà impatiente d’être samedi mais elle l’était d’autant plus maintenant que Llewyn avait lancé l’idée. « Et en effet, ça ne peut que me faire progresser ! ». Et Astrée de celle qui pensait que la perfection n’existait pas et qu’on devait toujours visé plus haut, on pouvait toujours progresser.

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Je paniquais de plus en plus. Déjà, Astrée venait me parler. Non pas que c'était exceptionnel, on avait déjà été amis par le passé, mais je ne m'attendais plus à la voir venir vers moi depuis que j'avais instauré une distance entre nous. Etant pleine de surprise, la voilà me surprenant... classe, non ? Même si je voulais à tout prix éviter le moindre contact avec elle, je me retrouvais embarqué dans une conversation fascinante et drôle. Je riais, je parlais, j'écoutais, je mangeais... et le temps filait comme si plus rien ne pouvais nous arrêter. Et plus le temps avançait, plus je paniquais. Je retrouvais tout ce pourquoi j'avais apprécié Astrée. Sa gentillesse, son humour, son sourire, sa compréhension. Aujourd'hui, elle était à l'opposer de ces filles populaires manipulatrices. J'adorais ça. Ce n'était pas le genre de moment qu'on vivait parce qu'on n'avait rien d'autre à faire, non. C'était plus puissant que ça. Je la redécouvrais tout en apprenant toujours plus sur elle et c'était extraordinaire de vivre un vrai partage dans mon lycée paumé. Je connaissais la plupart des gens ici parce que j'avais grandi avec eux. Mais le fait d'avoir grandi avec eux ne met pas en place l'inverse. Personne ne me connaissait vraiment, c'était presque triste dit comme ça.

« - C'est exactement ça ! Et puis aujourd'hui, c'est le box-office qui décide de tout et s'est extrêmement rageant. » C'était fou, mais j'avais vraiment l'impression que ce que je disais ne passait pas dans l'oreille d'un sourd. Plus encore qu'Astrée et moi nous étions sur la même longueur d'ondes. J'avais des projets, des rêves et j'étais encore loin de pouvoir tout réaliser. Je savais que le chemin serait difficile, mais simplement de savoir qu'Astrée m'encourager, ça me faisait chaud au coeur. J'avais la sensation de ne pas mériter une telle gentillesse, surtout après ce que j'avais fait. Astrée me faisait culpabiliser de plus en plus, mais je continuais à me retenir comme si ma vie en dépendait. J'avais presque fini mon repart, si ce n'était qu'il me restait deux cookies achetaient à la boulangerie. Je réalisais en même temps qu'Astrée dansait et que je ne l'avais jamais vu. Je n'étais pas un grand fan de danse, mais parfois cet art me surprenait. Ma mère avait de la danse classique plus jeune, j'ai des albums photos entiers d'elle sur scène et des cassettes de ses performances. Je ne sais plus pourquoi elle avait arrêté, je sais juste que ça ne l'avait pas empêché d'être heureuse.

C'est là que je balance mon idée au combien stupide et au combien perverse. Oui, après m'être entendu j'ai eu peur qu'Astrée me prenne pour un petit pervers. Ça semblait logique, mais c'était une logique qui n'existait pas pour Astrée. Elle accepta, avec joie. J'étais choqué, choqué et content. Choqué parce qu'elle avait un gala samedi et content parce que j'avais hâte d'y être.

« - U.. Un Gala ? Ou... Oui, Oui... » Je venais de croquer dans un de mes cookies, après avoir fait un sourire. C'était génial, mais je bégayais... ce qui signifiait que j'étais nerveux. Ce qui signifiait qu'Astrée allait le remarquer. Je sortie alors l'autre cookie, que je tendis à Astrée.

« - Un cookie ? » Voilà, deux mots. Hop, pas de bégaiement. Putain, mais pourquoi j'étais nerveux ?

Pourquoi n’avait-elle pas osé plus tôt ? C’était dingue comme cette question tournait dans la tête d’Astrée. Elle était assise à cette table avec Llewyn à parler de choses carrément intéressantes, à le redécouvrir et c’était seulement maintenant qu’elle réalisait à quel point il lui avait manqué. Elle ne savait pas ce qu’il lui avait pris de la laisser mettre de la distance entre eux- qu’importent les raisons-, elle aurait dû aller déjeuner à sa table bien avant. Des amis comme ça, on en rencontre pas tous les jours, pas à tous les coins de rues.

« - C'est exactement ça ! Et puis aujourd'hui, c'est le box-office qui décide de tout et s'est extrêmement rageant. ». Ça c’était bien vrai et tellement peu surprenant malheureusement. Tout fonctionnait en fonction des chiffres aujourd’hui, la politique, l’économie, le cinéma, la musique, la médecine, le sport… rien n’échappait à la dure loi des chiffres. Et le box-office aux yeux d’Astrée ce n’était rien d‘autre qu’un amas de chiffre désignant les dits « meilleurs films », en somme, une triste affaire.  « C’est même plus que rageant je trouve, en fait, ça nous fait oublier l’essentiel du cinéma... Je veux dire quand on voit les vieux films… ils restent de bons films parce qu’ils avaient une âme, quelque chose en plus et ce peu importe les moyens. Aujourd’hui, le bon film c’est celui qui coûte cher et ramasse encore plus d’argent. ». C’était peut-être un peu pessimiste comme point de vue, Astrée pouvait bien le reconnaître, elle eut d’ailleurs un léger rire. « Enfin, je m’enflamme ! ». Mais, elle n’y pouvait rien, c’était plus fort qu’elle.

C’était génial de pouvoir partager, échanger sur leur passion et Llewyn avait émis une idée plus que géniale aux yeux d’Astrée.  La filmer pendant  qu’elle dansait. Certains auraient sans doute trouvé ça pervers mais Astrée ne voyait aucun mal à ça –bon réflexion faite, avant qu’Astrée voit le mal quelque part il en fallait- mais, des parents filmaient bien leurs gamins sans que ce soit pervers, non ? Pourquoi un ami ne pourrait-il pas faire ça pour elle ?  Non, elle était décidément trop heureuse à l’idée qu’il vienne au gala samedi. « - U.. Un Gala ? Ou... Oui, Oui... ». Il croqua dans son cookie avant de lui faire un sourire qu’elle lui renvoya aussitôt. Llewyn avait quelque peu bégayé mais Astrée n’allait pas le relever, quoi de pire autrement pour le mettre mal à l’aise ? « Cool, je te donnerai toutes les informations tout à l’heure. ». Être dans la même classe avait un avantage, elle n’aurait plus qu’à noter et lui donner –en main propre pour éviter toutes les insupportables fouines du lycée-.

Le jeune homme tendit alors son deuxième cookie à la brunette « - Un cookie ? ». Elle afficha un immense sourire, c’était comme s’il se souvenait à quel point elle pouvait être gourmande. En même temps quand ils avaient leur devoir de science ensemble elle était arrivée avec ses affaires pour travailler –évidemment- et un ravitaillement de gourmandise. « Avec plaisir, merci. ». Astrée ne tarda pas à prendre le cookie et à croquer dedans.

I  can't do it like yesterday • It's hard when I don't know who you are anymore.

Ce n'était pas tous les jours que j'avais de la compagnie lors du déjeuner de midi. C'était le moment où je m'installais dans un coin pour ne plus parler avec qui que ce soit. Je faisais ce que j'avais prévu de faire sans penser une seule seconde que quelqu'un allait changer mes habitudes. Astrée bousculait les choses avec beaucoup de grâce et de naturel. C'était comme si elle décidait de laisser tomber la partie 'ignoré' et qu'elle voulait tout remettre à zéro. Une bonne base pour qu'on remettre ce que l'on avait construit auparavant. J'avais l'air stupide, très stupide. Parce que j'avais maintenant atteint un nouveau pic de culpabilité. Je ne méritais pas qu'elle soit aussi... aussi gentille avec moi. Sincèrement. Le pire, c'était qu'elle comprenait parfaitement ma passion pour le cinéma, l'actualité de ce monde désormais très corrompu d'apparence. Le box-office, l'argent, les peoples... Pour faire un bon film il fallait le budget nécessaire. A une époque, il fallait avoir l'imagination nécessaire ! Astrée me comprenait parfaitement.


« - C'est exactement ce que je veux faire. Donner une âme à mon film. Donner un récit qui marque, qui fasse réfléchir sans pour autant avoir besoin d'investir des millions pour avoir LA star où LA déco. Je veux que ça chamboule l'industrie actuelle avec une telle force, que j'arriverais a marqué l'histoire. Je veux faire partie de l'histoire. »

J'étais ambitieux et je ne l'avais jamais autant exprimé. Astrée me poussait à m'exprimer plus qu'à l'accoutumé. C'était excitant, ça me donnait de la motivation en plus. J'avais des tonnes d'idées, des tonnes d'envies et pour l'instant je ne faisais qu'améliorer mon style et mon univers. J'étais ambitieux, mais réaliste. Je cherchais à me dépasser, à aller au-delà de mes limites... Astrée réveillait en moi tout ce que je gardais pour moi. Toute cette passion que je ne dévoilais pas parce que personne ne s'y intéressait. Je perdis d'ailleurs toute crédibilité et tout sérieux quand elle me proposera de la filmer à son gala de Samedi. Ça me perturbait et me rendait nerveux aux points où je bégayais comme un gamin devant le père de noël. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle accepte si vite, c'était trop cool. Parce que je ne l'avais jamais vu danser et j'avais hâte de la voir plus qu'autre chose. Oui, j'étais impatient d'y être, impatient de voir Astrée sous un autre jour. J'acquiesçais de la tête alors qu'elle me disait qu'elle donnerait les infos plus tard... c'est vrai qu'on était dans la même classe, qu'on avait le même âge... qu'on était de la même année...

C'est grave si je m'imaginais au bal de promo avec Astrée à mon bras ?

Astrée venait d'accepter mon cookie. C'était presque symbolique. Comme l'accord d'une nouvelle amitié et c'est là que j'ai senti cette boule dans mon ventre, qui après avoir augmenté jusqu'à l'extrême, explosa.

« - Il... Il faut que je t'avoue quelque chose. » J'essayais de prendre sur moi, pour ne pas bégayait davantage, ce qui était dur. J'étais du genre à bégayait quand j'étais en colère et quand j'étais nerveux ou triste. Les extrêmes. L'inverse de ceux qui bégaient tous les jours, naturellement et qui le perdait en criant et en s'énervant. Je posais mon cookie à moitié entamé sur la table, posant mes yeux sur Astrée.

« - Je suis... Je suis d... désolé de t'avoir ignoré. Je ne veux pas te mentir, mais quand j'ai c... compris que tu sortais avec Kavi, j'ai voulu... j'ai voulu éviter les problèmes. Il... » Je respirais un bon coup, avant de lâcher sans la moindre difficulté : « - Lui et son pote, ils me persécutaient... Et les autres suivaient, alors.... » Sur le coup, je ravalais ma salive, comme si j'avais dit une connerie. Je fermais la boite où se trouvait plus tôt mon sandwich que je rangeais rapidement dans mon sac, accompagné du reste de cookie, de la brique de jus vide et de mon livre qui terminèrent dans le fin fond de mon sac, alors que je me levais déjà.

« - Désolé, je n'aurais pas dû... Je, on, à plus tard. » Je fuyais, je ne voyais pas quoi faire d'autre.

« - C'est exactement ce que je veux faire. Donner une âme à mon film. Donner un récit qui marque, qui fasse réfléchir sans pour autant avoir besoin d'investir des millions pour avoir LA star où LA déco. Je veux que ça chamboule l'industrie actuelle avec une telle force, que j'arriverais a marqué l'histoire. Je veux faire partie de l'histoire. ». Astrée afficha un immense sourire en entendant cela. Elle était intimement persuadée qu’il pouvait le faire, qu’il avait e talent et la détermination pour cela. Et puis, avec ce qu’elle venait d’entendre elle ne pouvait l’imaginer comme un de ces nouveaux réalisateur de film commercial justement –parce que certains films n’étaient vraiment que ça-. Elle était heureuse de voir qu’ils se comprenaient et de le voir croire en ses rêves, lui aussi. « Je suis certaine que tu y arriveras. ». Elle en était certaine parce qu’il y croyait vraiment et aux yeux d’Astrée nul force n’était plus grande que celle de l’espoir, elle en savait quelque chose.

En tout cas Astrée avait hâte de le voir au gala, de voir les images qu’il aura filmé, hâte de passer un moment avec lui… c’était sans doute ridicule mais ça lui donnait des raisons de le voir. Ça lui faisait vraiment plaisir, elle se sentait bien avec lui.

Enfin, Astrée sortit de ses songes pour accepter le –délicieux- cookie que Llewyn lui proposait et ne tarda pas à croquer dedans. « - Il... Il faut que je t'avoue quelque chose. ». Astrée abandonna son cookie pour regarder Llewyn avec surprise, il avait l’air vraiment mal à l’aise soudainement. Astrée ne pouvait s’empêcher de penser à quelque chose de grave et elle avait peur de la suite. « - Je suis... Je suis d... désolé de t'avoir ignoré. Je ne veux pas te mentir, mais quand j'ai c... compris que tu sortais avec Kavi, j'ai voulu... j'ai voulu éviter les problèmes. Il... ». Le jeune homme inspira un grand coup avant de terminer. « - Lui et son pote, ils me persécutaient... Et les autres suivaient, alors.... ». Astrée cligna des yeux le temps de réaliser. Alors c’était la raison pour laquelle il l’avait ignoré ? Parce qu’elle sortait avec Kavi et qu’il avait été suffisamment abrutit pour faire vivre un enfer à Llewyn ? Elle ignorait tout ceci, elle n’aurait jamais fait de mal à Llewyn, il était un ami…son petit-ami ne définissait pas qui elle était. Astrée était à la fois inquiète qu’il ait pu penser ça et de l’autre… complètement compréhensive. Après tout, Kavi aurait pu être assez stupide pour jouer à faire peur à Llewyn concernant leur relation. Elle aurait très bien être une source d’ennui même si ça aurait été complètement involontaire.

Le jeune homme commença à ranger ses affaires sous le regard ébahit de la brunette. «Eh attend… qu’est-ce que tu fais ? ». Le jeune homme se leva de la table en vitesse, paniqué. « - Désolé, je n'aurais pas dû... Je, on, à plus tard. ». Ah non, cette fois, elle ne pouvait pas le laisser fuir comme ça, elle ne pouvait pas le laisser s’enfermer dans sa bulle, pas maintenant. Sans se soucier de tous les regards qui se tournaient vers eux, la jeune femme se leva d’un bon. « Attends ! » Elle attrapa son plateau et son sac –et le cookie, très important le cookie- en moins de temps qu’il ne faut pour le dire et se précipita pour être à la hauteur de Llewyn – se fut un miracle qu’elle arrive jusqu’à lui sans tomber ou faire tomber quelque chose-. « Ne pars pas comme ça s’il te plaît… je peux comprendre tu sais… ». Elle pouvait comprendre mais elle ne voulait pas qu’ils s’éloignent à nouveau.

Spoiler:

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Mais quel idiot, quel idiot ! J'étais un crétin de première. Un petit froussard qui ne rêvait que de prendre ses jambes à son cou. Je commence à capter pourquoi les gens ne m'aimaient pas beaucoup : j'étais un lâche. Chaque jour je découvrais un peu plus ses défauts qui ne me félicitaient pas la vie. C'était merveilleux. Je venais d'avouer quelque chose d'assez difficile pour moi. Ce que Kavi et les autres m'ont fait n'était pas tout le temps facile à gérer. Être persécuter, pour son mental, c'était le pire. J'en faisais toujours les frais en réalité. Même aujourd'hui l'ombre de Kavi planait sur ma tête et les autres continuaient à rire de moi comme si c'était la chose la plus logique à faire. Je me disais que si je n'étais pas là, un autre prendrait cher ce qui se passait actuellement. Alors je préférais encore que ça soit moi plutôt qu'un autre, parce que je me prenais pour un petit costaud qui passerait cette étape de la vie avec succès. Quand je pense à Liam, je me dis que je n'aimerais en arriver là. Ce qu'il avait vécu était encore pire que ce que je vivais, alors il fallait que je continue de croire que d'autres autour de moi souffraient davantage. Ça m'aidait à encaisser. Il avait tué cette brune que je croisais souvent dans les couloirs en croyant que c'était RHI. Il avait tellement péter un plomb qu'il avait tiré sur un peu tout le monde en faite. J'me souviens de Liam parce qu'on avait participé à un concours de Super Mario Bross en dehors d'Arrowsic. Et j'me souviens de Liam parce qu'on avait vécu les regards de travers, les surnoms crétins, les rires derrières le dos. On avait le même en même temps. Mais moi j'étais invisible, lui, on se foutait de sa gueule à chaque fois qu'il passait dans un coin. Et RHI qui en rajoutait...

Ça m'a fait de la peine tout ça. Parce que je me disais : Et si ça avait été toi ? Du coup j'essaye toujours d'éviter les situations qui pourraient empirer mon morale. Et là je fuyais comme un abruti. La minute d'avant je savourais une conversation passionnée avec la fille la plus jolie du lycée et la seconde d'après je bégayais comme un con, m'en allant comme un voleur. J'avais même vu les regards qui s'étaient tournés vers nous alors que je m'étais levé en vitesse. Je m'en voulais maintenant de la mettre mal à l'aise. Alors que je commençais à partir comme un gars méga pressé qui allait rater son rendez-vous, Astrée me fait face. Elle m'avait rattrapé. C'était un sentiment bizarre de savoir qu'Astrée ne voulais pas me laisser partir comme ça. J'étais surpris et un peu perturbé.

« - Vraiment ? » J'hésitais entre la remercier d'être compréhensive où lui balançais au visage qu'elle ne pouvait pas comprendre. Qu'elle ne pouvait comprendre que pour une raison aussi stupide j'ai décidé de mettre fin à toute relation qui aurait pu exister entre nous. C'était méchant. Vraiment. Et réaliser que j'avais été méchant c'était comme briser la promesse que j'avais fait à ma mère quand j'avais 6 ans : Je serais toujours bon avec les autres, même avec les plus mauvais. Quoi qu'il arrive, je penserais aux autres avant de penser à moi.

J'avais lamentablement échoué.

« - Je m'en veux, tu sais. J'avais peur que si on traînait ensemble, Kavi en rajouterais des couches. J'avais peur que les autres en rajoutent aussi. J'avais aucune idée de ce que toi tu ferais et je ne voulais pas non plus te mettre dans cette situation alors j'ai tout simplement préféré... t'ignorer. » Je repris mon souffle, tout en regardant Astrée droit dans les yeux. « - Je me rends compte que c'était méchant de ma part et... » Mais avant que je finisse ma phrase, on me bouscule. Mon sac tombe au sol et, étant à peine fermé, le reste suit. « - Bah alors Minus, tu ne sais pas tenir debout ? » Et hop, on me pousse et puis, trois autres gars qui suivent le mouvement. Je manque presque de tomber au troisième, mais une fois passé, je me baisse pour ramasser mes affaires. D'un coup, on entend l'un des gars, de loin, rajouté : « -Hey Minus, t'es la nouvelle boniche maintenant ?! » Fou rire en coin.

Astrée refusait de laisser partir Llewyn, de prendre le risque de le perdre encore une fois. Elle pouvait comprendre pourquoi il avait agi comme telle la première fois. « - Vraiment ? ».  Elle hocha la tête positivement, oui vraiment elle pouvait comprendre. Elle ne savait pas comment elle aurait agi à sa place mais elle n’aurait sans doute pas été la plus à l’aise non plus. Et puis, elle souhaitait réellement laisser ça de côté et passer à autre chose, après tout, rien ne servait d’appuyer sur les erreurs passé. « - Je m'en veux, tu sais. J'avais peur que si on traînait ensemble, Kavi en rajouterais des couches. J'avais peur que les autres en rajoutent aussi. J'avais aucune idée de ce que toi tu ferais et je ne voulais pas non plus te mettre dans cette situation alors j'ai tout simplement préféré... t'ignorer. ». Astrée n’en doutais pas trente secondes, elle savait très bien que jamais ô grand jamais Llewyn aurait fait ça par méchanceté. Celui qui avait été crétin dans le lot finalement, c’était Kavi mais bon, Astrée  n’avait jamais rien su de cela avant aujourd’hui. « - Je me rends compte que c'était méchant de ma part et... ». Et avant qu’il finisse sa phrase, un colosse le bouscula.

Le contenu de son sac se retrouva sur le sol pour le plus grand plaisir de cet abruti. « - Bah alors Minus, tu ne sais pas tenir debout ? ». Le mec le bouscula suivit de trois autres sous le regard noir d’Astrée qui mourrait d’envie de leur cracher au visage. Elle ne savait pas tant ce qui la retenait surtout en voyant son ami non loin de chavirer. Elle voulait sans doute éviter de faire du tort à Llewyn ou de lui attirer des ennuis, n’empêche que ces gars méritaient une bonne leçon. Le pire, c’est que même une fois passé, ils en rajoutaient « -Hey Minus, t'es la nouvelle boniche maintenant ?! ». Astrée lui lança un regard plus noir que le charbon retenant tous les mots insultants qui étaient prêts à sortir de sa bouche. Elle se baisse simplement  pour aider Llewyn à ramasser ses affaires.

Astrée attrapa le livre avant de lui tendre. « C’est vraiment des sales types, je ne sais pas comment tu fais pour rester si calme, j’ai simplement envie d’aller les éventrer l’un après l’autre ! ». Astrée plongea alors son regard dans celui de Llewyn, elle ne tarda pas à rougir de ses paroles. « Je suis… désolée… mon côté… vulgaire et violent face à la stupidité. ». Il ne fallait pas lui en vouloir, Astrée avait été élevé en compagnie de mec, elle avait les conneries de mecs, elle se battait comme un mec… bref malgré son physique elle avait ce côté garçon manqué.

Ramassant, les affaires de Llewyn, sa main frôla celle de ce dernier, elle n’osa pas relever les yeux, elle avait senti ses joues rougir sans pouvoir vraiment l’expliquer. « Écoute, pour l’histoire avec Kavi, n’en parlons plus. Ça n’avait rien de méchant, surtout quand on voit ce que ces brutes font… ». N’ayant plus d’affaire au sol, elle se redressa sans plus tarder. « Simplement, promets-moi de ne plus me fuir d’accord ? De toute façon je te laisserai pas faire… ». Elle lui fit un beau sourire avec un petit clin d’œil avant de passer devant lui avec ses affaires. « Tu viens ? ». Ce n’était pas l’incident de la cantine qui allait la faire disparaître, bien à l’inverse.

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Me comprenait-elle vraiment ? Je ne savais pas, mais je savais juste qu'elle ne voulait pas penser à ce qui s'était déjà produit. Je crois que comme moi, elle aimait le fait que là tout de suite, on s'entende bien. J'adorais ça. Parce que je trouvais ça énorme d'avoir rencontré une fille aussi « normal » et terre à terre. C'était tellement rare, j'avais tellement l'impression que toutes les filles actuellement étaient de grosses idiotes qui vénéraient leurs rouges à lèvres. Astrée était tellement différente, c'était si bon. Je me sentais soudain moins seul dans ma bulle. Je crois qu'elle avait réussi à y pénétrer sans tout éclater, un exploit. J'arrive à dire des choses avec elle, des choses que je garde d'habitude pour moi. Elle m'encourage à aller plus loin, à dépasser mes peurs, à m'ouvrir. Elle était douée. Je lui disais d'ailleurs que j'avais été méchant et que je m'en rendais compte. Que j'aurais dû être plus honnête, ne pas l'ignorer, mais j'étais un crétin. Je m'excusais et là, on me bouscule. Pour moi, c'était habituel. Que ça soit maintenant ou plus tard, j'avais pris sur moi le nombre de fois incalculable où on m'avait sauté dessus alors que je n'avais fait que respirer. J'ignorais compléètement ce qu'ils pouvaient dire même si les mots traversaient mes oreilles. Je n'étais pas sourd. Je m'étais baissé pour ramasser mes affaires, histoire de ne pas trainer là. Je réalisais juste qu'Astrée venait de voir un exemple type de ce que Kavi et ses potes m'avait souvent fait subir et encore, là ce n'était pas grand-chose.

« - Merci. » Lançais-je en reprenant mon livre. Je dois avouer que d'apprendre le côté 'vengeresse' d'Astrée me fait oublier la colère qui sommeille en moi et me fait sourire. Elle s'excuse même de ce côté vulgaire. « - Ne t'excuse pas, je vais t'avouer un secret... » Je me rapprochais d'elle avant de murmurer : « - En vraie, j'suis Hulk, mais chut. » L'humour c'était tout ce que j'avais pour me calmer et surtout oublié ce qui venait de se passer. Ça n'avait rien de très drôle, mais la vérité c'était qu'un jour j'allais exploser tout comme Liam l'avait fait. Et j'avais peur de ce moment-là. J'allais rattraper mon livre d'histoire quand ma main frôla celle d'Astrée. Mes yeux se posèrent automatiquement sur le visage d'Astrée. Elle baissait les yeux, mais moi je la fixais tout simplement. Après une fraction de seconde je rangeais mon livre dans mon sac que je refermais. De nouveau debout, j'essayais d'oublier cette frôllation de main accidentel qui me donnait des frissons.

« - C'est promis. » Je n'avais plus aucune raison d'avoir peur ou de culpabiliser. Elle ne se rendait pas compte de ce qu'elle venait de faire. Je me sentais plus léger. Elle me fit signe alors de venir. Le sourire aux lèvres, je commençais déjà à la suivre.

« - Qu'est-ce que tu danses ? » Houlà, ce n'était pas très clair ça. J'évitais un type avant de reprendre : « - Je veux dire, tu fais de la danse classique, du moderne-jazz ? De la danse africaine ? » Sur cette dernière idée, je riais presque. Imaginais Astrée en tenue africaine faisant de grand geste, c'était très très drôle.

Astrée ne comprenait pas comment Llewyn pouvait accepter le comportement de ces abrutis. Astrée avait envie de leur en coller une bonne. Non mais, honnêtement, qu’est-ce qu’il leur avait fait ? Rien, ils avaient juste besoin de se donner en spectacle. Ils avaient besoin d’être con pour exister, c’était quand même malheureux. Astrée n’avait pu s’empêcher d’exprimer son animosité envers ces…crétins. « - Ne t'excuse pas, je vais t'avouer un secret... ».  Il se rapprocha d’elle pour murmurer quelques mots. « - En vraie, j'suis Hulk, mais chut. ». Astrée se mit à rire, Hulk, rien que ça ?  « Promis, je ne dirais rien à l’armée… » Elle lui fit un clin d’œil ainsi qu’un sourire, elle était surprise que Llewyn prenne si bien les choses mais, agréablement surprise, au moins ça ne gâchait pas sa bonne humeur –même si Astrée se doutait bien que ça blessait Llewyn malgré tout-.

La brunette ne voulait plus que Llewyn s’éloigne d’elle à cause des autres. Elle aimait leur relation, ce midi passé avec lui… c’était magique. Elle refusait de le perdre à nouveau de renoncer à tout ça. « - C'est promis. ».  Elle avait envie de lui sauter au cou, lui faire un énorme câlin mais, elle n’osa pas. Elle ne savait pas trop s’il le prendrait bien, alors, elle se força à rester à sa place mais ne cacha pas son immense sourire.
La jeune fille avait donc demandé à son ami de la suivre et, heureusement, il ne s’était pas fait prier. « - Qu'est-ce que tu danses ? ». Astrée regarda Llewyn en fronçant légèrement les sourcils, n’étant pas bien sûr du sens de sa question. Qu’est-ce qu’elle dansait ? Il parlait de classique, moderne, salon… bref, quel genre de danse, c’était bien ça ? « - Je veux dire, tu fais de la danse classique, du moderne-jazz ? De la danse africaine ? ». A croire qu’il lisait dans ses pensées –ou dans ses sourcils froncés-, elle comprenait mieux maintenant –enfin elle était sûre d’avoir compris surtout-. « A la base, plutôt du classique mais, depuis que je suis à Arrowsic je pratique un peu de moderne-jazz aussi. ». Un peu, c’était quand ça lui prenait, quand elle avait le temps d’aller au cours de moderne jazz mais c’était quand même assez souvent. « Je suis bien plus douée en classique, faut dire que j’ai commencé toute petite. ». La seule chose qui faisait d’elle une vraie petite fille à l’époque mais qu’elle avait dû arrêter à cause de la maladie, ce que bien sûr, elle ne précisa pas. Elle avait peur d’en parler et puis, ce n’était pas le leu, pas le moment.

« Au fait, tu travailles toujours à la bibliothèque ? ». Astrée y allait souvent, elle n’avait pas eu besoin d’écouter les commérages de la ville pour le savoir. Elle y avait été dernièrement mais ne l’avait pas croisé alors, peut-être que Llewyn avait dû arrêter, qu’il n’avait plus le temps ? Elle s’arrêta à son casier qui était sur le chemin récupérer ses affaires pour cette après-midi et sa partition se guitare qu’elle avait oublié dans son casier la veuille au soir.

TON AVATAR avec un cookie !

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Je m'écrasais, en silence. Sans le moindre bruit. J'avais beau haïr leurs paroles, haïr leurs façons d'être, je me contentais de respirer, espérant que ma colère diminue à chaque nouvelle bouffée. J'espérais au fond ne jamais être comme eux, réagir comme eux. Je serai encore plus en colère si je me retrouvais à leurs dires des choses pareilles. Voilà pourquoi j'utilisais ma colère pour me calmer. Voilà pourquoi je prétendais être Hulk. Je n'avais aucune idée de ce que je pouvais faire une fois hors de moi, mais je savais que cela serait catastrophique pour les autres et horrible pour moi-même. La culpabilité, c'était ce guidé ma vie depuis la mort de mes parents. On ne pouvait pas m'en vouloir de ne plus vouloir ressentir ça... Malgré tous mes efforts, j'avais quand même ignoré Astrée une bonne partie de l'année et maintenant j'hallucinais encore de ce qui était en train de se passer. Elle était là, avec moi. On prenait un nouveau départ dans cette amitié que nous avions tissé auparavant. Juste nous, sans aucune contrainte pour nous retenir. Ça me faisait chaud au coeur de savoir qu'elle était... mon amie. Je ne suis pas habitué à ça, Je n'avais jamais eu vraiment d'amis et on ne pouvait pas compter mes années de maternelle. Le principal restait que j'étais content et que j'espérais qu'elle ne m'en voudrait pas pour ce que j'avais fait. Elle disait comprendre et ne pas m'en vouloir, mais quand même... on ne sait jamais. Je savais pourtant une chose : Je pouvais avoir confiance en elle. A 100%. Je le ressentais, au fond de moi.

J'avais beau ressentir encore de la peine vis-à-vis des gros débiles du coin, son sourire m'interdisait d'être triste. Comme si elle m'insitait à être heureux quand même, à partager le peu de bonheur que j'ai en moi car ça en valait la peine. Je décidais alors de la suivre, après lui avoir promis que je resterais là, que je ne m'en irais plus. Je ne fuirais plus. Elle pouvait compter sur moi pour être l'ami le plus fidèle.

« - Une vraie princesse, dit-moi. » Je lui fis un sourire. « - Je dois m'attendre à quoi pour le Gala ? Du classique ou du moderne ? » J'étais prêt pour le gala, mais je me posais quand même quelques questions vis-à-vis de la soirée. Autant savoir à qui m'attendre.

Astrée s'arrêta devant son casier, qu'elle ouvrit pour prendre des affaires alors que je m'étais adossé contre un casier, en face d'elle. Ça me fait penser que je devrais aussi aller chercher mes livres pour cet après-midi.

« - Oui, toujours. J'y suis tout le week-end en plus les mercredi et vendredi après-midi. Tu vas peut-être trouver ça idiot, mais j'adore ce travail. Je ne m'en lasse pas et je crois que Meredith hésite à me virer à cause de ça. Je suis trop heureux quand je suis là-bas. » Je plaisantais, Meredith m'aimait trop pour me foutre dehors. Sinon pourquoi me ferait-elle des cookies ? En vrai, je ressemblais à son mari, qu'elle avait perdu durant je-ne-sais quelle guerre. Elle m'avait même montré une photo, mais je n'avais trouvé aucune ressemblance, alors je pense qu'elle devrait changer d'ophtalmologiste. Si un jour elle devait me virer, je pense qu'elle le ferait parce que je passe parfois plus de temps à lire qu'à ranger. Ou à aider un client. Depuis que je travaille là-bas, je me suis mis en tête de tout lire. Ou presque.

« - Une vraie princesse, dit-moi. ». Astrée afficha un grand sourire, sans doute était une vraie princesse en ce qui concernait la danse mais, le reste du temps, elle était plutôt le chevalier –enfin le personnage en action et non derrière un miroir-. Ça lui faisait plaisir d’entendre ces mots surtout venant de Llewyn et même s’il les avait dit avec humour… ça faisait quelque chose. « J’aimerai être une princesse… sur scène, uniquement que scène. ». Elle afficha un petit sourire, elle stressait pour le gala, il fallait être honnête alors être une princesse pleine de grâce et de classe, ça aurait pu l’aider. « - Je dois m'attendre à quoi pour le Gala ? Du classique ou du moderne ? ». Astrée se mordit très légèrement la lèvre inférieure avant de répondre. « Du classique… ça ne va pas te faire fuir hein ? » Beaucoup de personnes avaient un avis plus que négatif sur le classique pensant que c’était ringard, mou et dépassé. Astrée n’était pas de cet avis et elle était presque certaine que Llewyn non plus mais, elle appréhendait toujours en donnant cette précision.

La brunette s’était arrêtée à son casier pour récupérer ses affaires. Elle n’avait pas spécialement envie de retourner en cours –bien que ce soit une très bonne élève- mais, il allait bien falloir tôt ou tard. « - Oui, toujours. J'y suis tout le week-end en plus les mercredi et vendredi après-midi. Tu vas peut-être trouver ça idiot, mais j'adore ce travail. Je ne m'en lasse pas et je crois que Meredith hésite à me virer à cause de ça. Je suis trop heureux quand je suis là-bas. ». Astrée se mit à rire, qui pourrait virer quelqu’un parce qu’il était trop passionné ? Ça serait la raison de licenciement la plus insensée aux yeux de l’adolescente. « En fait, je ne trouve pas ça idiot et je ne suis même pas surprise. Tu es trop passionné par les livres pour ne pas aimer ton boulot, Meredith perdrait une perle rare en te virant. ». La demoiselle fit un petit clin d’œil à son ami –ses fameux clins d’œil qu’elle faisait parfois sans trop qu’on sache pourquoi-. Encore tout à l’heure, l’adolescent lui avait prouvé à quel point il était passionné et intéressé. Être entouré de livre et plongé dans un précieux silence était sans aucun doute très loin d’être un calvaire pour lui. Très honnêtement, Astrée n’aurait jamais pu faire ce boulot, non pas qu’elle n’adorait pas les livres mais, le silence lui foutait la trouille.

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Je ne sais pas pourquoi j'avais dit ça, mais pour moi Astrée était une princesse en soi. Une princesse avait un sacré tempérament, il fallait l'avouer. Elle me l'avait prouvé plus tôt, elle n'aurait pas su comment rester calme avec tous ses abrutis qui me provoquaient. Ça ne me faisait rire en soi, parce que ça montrait qu'elle était assez différente de moi. Mais parfois, c'est exactement ce dont on a besoin, non ? Que la personne en face de nous soit différente, pas au point où tout nous sépare, non, mais plutôt au point où on se complète d'une façon ou d'une autre. Je m'emportais un peu peut-être là, non ? En plus, je n'étais pas en position d'imaginer ça. On venait juste de me rabaisser, j'avais évité Astrée pendant un bon moment et ma maladresse n'avait pas fini de me ridiculiser. Je sais que ce n'est pas le moment de penser à Astrée autrement qu'à une amie, mais c'était plus fort que moi. Astrée me plaisait, à sa façon. Bref. Elle avoua qu'elle aimerait bien être une princesse, avant de reprendre aussitôt en parlant de la scène. J'avais une passion pour les époques lointaine. J'étais le premier type au monde à ne pas vouloir accepter les nouveautés technologiques pour se balader sur un cheval, épée à la main.

« - Je te le dirais le moment venu. Je n'ai jamais assisté à ce genre de choses avant, alors je ne sais pas à quoi m'attendre. » Je devais être honnête, à part tomber dessus par accident en regardant la télé - ce qui était rare - je ne savais pas comment ce genre de choses allait se dérouler. Et encore moins si voir des gens dansaient le classique allaient m'endormir ou me fasciner. Mais le fait de savoir qu'Astrée sur scène, ça changeait tout. Ça pouvait être le truc le plus ringard du monde, je savais que je serais le premier à l'applaudir.

« - C'est bon à entendre. » Je lui fis un sourire charmé. Charmé ? « - Je crois qu'elle s'inquiète quand même. Comme la plupart des gens autour de moi. Je passe plus de temps à lire qu'à me faire des amis. » J'haussais les épaules. « - Mais pourquoi personne ne comprend que ça me dérange pas particulièrement ? Je veux dire, le principe de l'amitié c'est d'accepter la personne en face de toi tel qu'elle est, non ? Mais tous ceux que je croise finissent tôt ou tard par vouloir me changer. » Je réalise alors ce que je viens de dire. Merde ! Je ne veux pas l'insulter, hein. J'étais content d'être avec elle, de parler avec elle, d'être son ami. « - En dehors de toi, je veux dire. Tu... tu ne fais pas partie de ces personnes-là. » Je baisse les yeux, gênait. Je parlais en général. J'espérais qu'elle le comprenne