Sujet: aren't you a bit psycho, uh?... ✘ -brent Sam 24 Nov - 17:51
Pour connaître la vie d'une personne, une valise c'est un peu comme des DVD. En mieux bien sûr... ft. BRENT &&. SUTTON. 2012, COFFEE SHOP.
Sutton avait ouvert les yeux bien avant que son réveil sonne ce matin. Elle était à la fois stressée et impatiente de ce qui s'annonçait. Elle allait le rencontrer. Après tout ce temps passé à décortiquer sa valise en long, en large et en travers, elle allait enfin le voir lui, le propriétaire. Et c'était loin d'être une mince affaire pour elle. Cela faisait des semaines qu'elle se l'imaginait, qu'elle concevait leur rencontre, qu'elle se représentait leurs conversations, leurs fous rires... Et si tout était différent. Elle appréhendait cette entrevue. Il avait peut être bien soixante dix-huit ans aussi. Tout un tas de questions et d'inquiétudes à ce sujet, si bien qu'elle avait eu du mal à s'endormir après qu'il l'ait appelé la veille. Oui, après des semaines dans un silence le plus total, son téléphone avait enfin sonné. Rendez vous à onze heures au café de la ville, voilà ce qui en était ressorti. De plus, étant samedi, elle ne bossait pas ce jour là. Donc autant d'heures à tourner dans l'appartement à se triturer les cheveux, les ongles et tout ce qui lui tombait sous la main. Ces quelques heures comptèrent parmi les plus longues de sa vie, elle était trop enthousiaste pour pouvoir s'occuper correctement. L'absence du colocataire y jouait beaucoup, lui il aurait pu l'occuper en un tour de main. Il savait y faire, mais il était aux abonnés absents ces jours-ci, et bien que ça intriguait la jeune fille, elle savait passer outre. La curiosité n'aidait en rien leur relation, ils avaient donc décidé d'un accord silencieux de laisse l'autre suivre sa voie et de ne parler sincèrement que si l'autre engageait la conversation. Étranges zigotos.
Enfin, l'unique horloge de l'appartement sonna dix heures et demi. C'était le moment. Elle inspira un grand coup et, les yeux brillants, elle commença à rassembler ses affaires. Le café n'était pas loin de l'appartement, étant donné que tous deux se trouvaient en centre ville et qu'Arrowsic était grand comme un trou de souris. Mais elle avait bien trop tourné en rond dans son salon, il fallait qu'elle sorte. Même si c'était pour se poser dehors une vingtaine de minutes, peu importait, il lui fallait prendre l'air. Sutton posa un petit gilet sur ses épaules et, descendant rapidement les escaliers de l'immeuble, elle se roula une cigarette qu'elle alluma à peine le pied posé à l'extérieur. Dans sa hâte, elle n'avait même pas pensé à prendre la valise. Pourtant, ce serait la première chose qu'il lui réclamerait, à coup sûr. Il venait pour cela. Sutton, elle, n'y allait pas vraiment pour la même raison. L'homme voulait son dû, elle désirait le connaître. Elle s'était tellement imaginé à son propos qu'elle avait hâte de le découvrir. Ressemblait-il à ce qu'elle pensait ou aucunement? Seul le temps le lui dirait. Mais lui accorderait-il seulement ce temps tant désiré? Rien n'était moins sûr. De toute façon, Sutton avait l'esprit bien trop occupé pour penser à tout cela. Elle se dirigeait vers le café d'un pas décidé et impatient. Fumant sa clope, elle regardait droit devant elle, les yeux rêveurs. Sûrement que si son cousin serait passé à ses côtés, elle ne l'aurait même pas remarqué. Arrivée à bon port, elle hésita quelques instants à rentrer tout de suite ou à attendre un peu au dehors. Elle avait une bonne dizaine de minutes d'avance, et arriver trop tôt aurait pu la faire passer pour une malade. Oh et puis zut, elle écrasa son mégot et entra dans le café. Elle fit le tour des têtes présentes, mais il n'y avait personne assis seul à une table. Très bien. Elle commanda un cappuccino et prit place dans le fond de la salle. Ainsi, elle regardait les gens entrer et sortir. Il n'y avait pas grand monde, mais elle avait l'intime conviction qu'elle le reconnaitrait, bien qu'elle ne savait absolument pas à quoi il ressemblait.
Les gens entraient et sortaient du café sous les yeux inquiets de Sutton. Viendrait-il? Et s'il venait, que lui dirait-il? Elle s'imaginait encore des scénarios plus farfelus les uns que les autres dans sa tête. En sirotant son cappuccino, elle pensait enfin que tout ça n'était pas une si bonne idée que ça. Elle aurait mieux fait d'aller à la poste avec la valise et de la renvoyer directement, sans un mot de plus. Mais elle avait fait la bêtise de l'ouvrir... Elle n'aurait jamais du être curieuse à ce point là. Son regard finit par se poser sur un homme assis près de la porte. Il scrutait l'entrée comme si sa vie en dépendait. Elle fut instantanément attirée par lui, par sa pose impatiente et à la vue de son envie de sortir de l'établissement. Peut être était-ce lui? Sue se leva, café en main et s'approcha de lui. « Excusez-moi, vous attendez quelqu'un? » elle l'avait interrompu dans ses pensées par une petite voix gênée. Elle prit à peine le temps de lui sourire avant de continuer. « Vous êtes Brent Foster ? » se risqua-t-elle. Il lui avait reprécisé son nom la veille au téléphone, mais la vérité c'était qu'elle n'en avait pas besoin. Elle avait tellement tourné et retourné la valise qu'elle en connaissait tout le contenu sur le bout des doigts, et le nom du propriétaire ne lui était pas passé à côté. Elle affichait un petit sourire gêné. Elle avait à la fois envie et non qu'il lui réponde qu'il était bien l'homme qu'elle attendait. Parce qu'il semblait gentil, et puis qu'il n'était pas désagréable à regarder ; mais si c'était le cas, la confrontation tant attendue et tant rêvée se ferait enfin. Anxieuse, elle commença à jouer avec ses cheveux. Si il était bien Brent Foster, qu'allait-il se passer maintenant ?...
Sujet: Re: aren't you a bit psycho, uh?... ✘ -brent Dim 2 Déc - 10:37
Sutton & Brent
Encore une fois, je me réveillai en sueur, complètement paniqué. Cette histoire de valide, de lettre, et de photos me prenait complètement la tête. Je n'en pouvais plus. Je voulais que ça finisse et vite. J'avais hâte de rencontrer cette jeune fille pour récupérer ce qui m'appartenait. Et j'étais bien curieux d'apprendre comment mon bagage était arrivé chez elle. J'avais l'impression d'être piégé. C'était comme si au final, une bande de gars allaient me tabasser pour avoir de l'argent. Un peu comme dans les films. Bon d'accord, je regardais trop les films. Mais sait-on jamais, qu'il m'arriverait malheur. Cette histoire était vraiment la plus étrange expérience dans ma vie. Je clignai plusieurs fois des yeux puis finit par quitter mon lit, ne trouvant plus le sommeil. Je ne savais même pas quelle heure il était. Mais pour le moment, cela m'importait peu. Aujourd'hui, j'allais enfin récupérer mes affaires. Et puis, il y avait cette fille mystérieuse, derrière tout ça. J'étais très impatient. J'avalai un petit café, puis pris soin de bien m'habiller, comme si j'allais donner cours. Je voulais faire bonne impression, n'est-ce pas. Manquerait plus que je tombe sur une de mes anciennes élèves. Ça serait trop beau pour être vrai, et trop gênant surtout. Ce fut après avoir bu mon café que je me rendis compte qu'à dix heures, le rendez-vous était dans un café. Stupide Brent. Tant pis. C'était bientôt l'heure, et je ne pouvais plus attendre. Je me regardai dans le miroir et soupirai un coup. J'avais l'impression d'avoir douze ans. C'était bizarre de retourner en enfance. On disait souvent que je regardais la vie et le monde avait les yeux d'un enfant. Au moins, je ne me prenais plus la tête à calculer tout le monde et leur problème. C'était chacun pour sa pomme. Si ça tombe, elle avait laissé la valide près du bar avec un petit mot sans vraiment vouloir me voir. C'était très possible aussi. Ou alors, c'était juste une farce débile, du genre caméra-caché et je passerais à la télévision comme un con. Je déraillais, et je parlais trop aux petits bonhommes dans ma tête. Je regardai une dernière fois ma montre puis claquai la porte de mon appartement. Je marchais tellement vite, mains dans les poches, clope à la bouche, qu'on pouvait me confondre avec un voleur. Quelqu'un de pas net.
Arrowsic n'était pas super grand, je ne pouvais pas me tromper de café. Mon coeur fit un bond lorsque ma main serra la poignée de la porte. La petite cloche retentit et je me contentai de sourire aux personnes qui me regardaient en se demandant qui j'étais. En fait, ils me dévisageaient car j'étais entré avec ma cigarette. C'était le stress ça. Je grimaçais de honte en rebroussant chemin pour jeter la clope sur le trottoir. Mais c'était pire je crois. Du coup, j'étais mal à l'aise et je n'osais plus les regarder. Après tout, je les emmerdais. Je m'assis sur le premier tabouret et scrutait la salle pour chercher une demoiselle avec une valise. Je ne voyais pas de valise, juste une jeune adolescente qui s'avança vers moi avec son café pour lui réchauffer les mains. « Excusez-moi, vous attendez quelqu'un? » me demanda-t-elle. Je la regardais d'un air interrogé. Je cherchais mes mots. « Non. » mentis-je. Putain, j'étais con ou quoi? Je souris puis rectifiai. « Enfin, si. » La jeune fille eut à peine le temps d'écouter ma réponse qu'elle me posa une autre question. « Vous êtes Brent Foster ? » Attendez, deux minutes, pause. Elle connaissait mon nom, elle avait l'air très jeune comme sur les photos, et sa voix me rappelait la fille que j'avais eu au téléphone. Je fus pris d'un énorme soulagement. Je retirai ma main de ma poche pour saisir la sienne histoire de la saluer poliment. « Et vous êtes Sutton, n'est-ce pas? Je suis tellement content d'enfin vous voir. Je n'en pouvais plus, je devenais fou. » dis-je en secouant toujours sa main. C'était donc elle, Sutton. Aux premiers regards, elle me paraissait douce, gentille et terriblement craquante. Je pouvais ressentir la joie de la jeunesse à travers son sourire. Finalement, j'étais bien tombé. Mais bon, je n'étais pas venu pour flirter ou que sais-je, il me fallait ma valise absolument. Je finis par relâcher sa main en m'avançant avec elle près de la table où elle avait commencé à boire son cappuccino. Je m'installai en face d'elle tout en jetant un coup d'oeil discret en-dessous de la table. Nul pour essayer de voir sa petite culotte, du tout. Je voulais ma valise. Au moins, je serais rassuré et nous pourrions avoir une conversation plus agréable que celle-ci. « Où est-elle? » demandai-je l'air inquiet. Elle se doutait que je parlais de mes affaires précieuses qui n'étaient pas près d'elle. Si c'était une blague, je me cassais.
Sujet: Re: aren't you a bit psycho, uh?... ✘ -brent Sam 8 Déc - 21:14
Pour connaître la vie d'une personne, une valise c'est un peu comme des DVD. En mieux bien sûr... ft. BRENT &&. SUTTON. 2012, COFFEE SHOP.
Lorsqu'il répondit par l'affirmative, elle fut à la fois déconcertée et soulagée. Il était là, enfin, c'était bel et bien lui. Elle avait tellement imaginé cette rencontre, se créant une multitude de scénarios dans sa tête, que le rencontrer était déroutant. Elle avait du mal à se persuader que c'était réel, que ce beau trentenaire propre sur lui était l'homme dont elle avait tant pensé ces dernières semaines. Elle l'avait même dessiné octogénaire, plusieurs fois, au vu de certains objets qu'elle avait trouvé dans la valise. Cette fameuse valise, d'ailleurs... Cet objet qui les reliait. Cette seule et unique chose qui les avait fait se confronter l'un à l'autre, et sans lequel, probablement, ils ne se seraient jamais adressé la parole. Pourquoi aurait-elle discuté avec un homme dans son genre? Et lui, pourquoi serait-il venu adresser la parole à une nana qui ressemblait à s'y méprendre à une junkie de bas-étage? Tout cela était possible grâce à cette valise. Elle ne pouvait retirer le sourire scotché sur son visage depuis deux minutes. Il allait la prendre pour une dingue, une grosse folle qui non seulement n'arrêtait pas de sourire, mais qui en plus ne savait pas quoi lui dire. Elle se trouvait pathétique. Elle avait imaginé un million de fois cette scène dans sa tête, mais elle n'arrivait pas, là, à trouver quelque chose à lui dire. Après tout, comment engager la conversation? « salut, je suis amoureuse de votre valise. » ? Ou un petit « je suis fan de vous ! » ? Non, non, non. Il était hors de question qu'elle se dévoile tout de suite. Non qu'elle avait grand chose à dévoiler, à vrai dire, mais elle ne voulait pas qu'il la prenne pour une folle. C'était hors de question. Il allait lui reprendre la valise et appeler un asile de fous. Et puis, elle voulait en savoir un peu plus sur lui. Curiosité malsaine ou intérêt particulier, elle ne savait pas. Sutton pensa ensuite à faire ce qu'elle faisait de mieux, jouer sur l'humour. Mais en y réfléchissant bien, elle se disait qu'un « j'ai accidentellement fait un trou dans votre pull à carreaux. » ne passerait pas si bien que ça. Non seulement ça sous-entendait qu'il ne récupérerait jamais sa valise "entièrement", mais surtout cela impliquait qu'elle avait porté ce vêtement. Non, c'était définitif, elle se tairait et le laisserait prendre le contrôle de la conversation.
Entre temps, il l'avait suivie jusqu'à sa table, où ils s'étaient assis d'abord sans un mot, jusqu'à ce qu'il quémande son du. Après tout, il était là pour ça, c'était donc légitime. Il avait l'air inquiet de son absence, alors elle ne tarda pas à lui répondre, tentant de le rassurer. « Elle est restée à mon appartement, c'est à deux pas d'ici. » Il sembla perplexe face à cette réponse, ce à quoi Sutton réagit aussitôt. Il devait s'imaginer que c'était un stratagème pour le faire monter jusque chez elle pour... Non non non, il faisait fausse route s'il pensait une telle chose. Elle fronça les sourcils, et comme il se trompait, elle sembla nécessaire de se justifier. « Non non, n'imaginez rien de... Je ne voulais pas prendre le risque de la perdre, de l'oublier sur la route ou dieu sait quoi. Et puis, même si c'est un petit village, Arrowsic est rempli de pickpockets! » Sutton avait fini sa phrase en murmurant presque, jetant de rapides regards autour d'elle, semblant avoir peur d'être entendue ou repérée. Là, c'était certain, il devait la prendre pour une dingue. Salut l'asile ! Elle déglutit et lui lança un petit sourire gêné. « Je vous la rendrais, bien entendu. Permettez-moi de finir mon café et j'irai vous la chercher sur le champ pendant que je vous paierai un bon petit déjeuner. Ça vous va ? » Elle essayait désormais tout et n'importe quoi pour se ressaisir. Elle ne savait plus où donner de la tête dans tout ce qu'elle racontait, tant elle parlait à la volée. Le stress de cette rencontre la rendait impulsive dans ses propos. D'un oeil extérieur, elle se disait qu'elle devait sembler ridicule. Pour sa défense, Brent la perturbait totalement. Il était plutôt craquant, et sur le coup, elle aurait presque préféré se retrouver devant son octogénaire... Elle ferma les yeux quelques secondes, priant pour que tout ceci ne soit qu'un rêve, qu'elle se réveille dans son lit et que toute cette scène puisse recommencer. Elle referait les choses différemment, se présentant d'abord et essayant de toutes ses forces de ne pas sembler timbrée. Mais c'était vain. S'il ne prenait pas ses jambes à son cou, ce serait un miracle. A sa place, elle aurait déjà fuit à toutes jambes laissant ses affaires derrière elle...