Je ne vais pas vous parler de mon enfance ou encore de mon adolescence car ces épisodes de ma vie ne sont pas les plus importants. A force d'y réfléchir, je me rends compte que je ne sais même plus comment je me sentais avant d'être malheureux. Enfin, c'est un bien grand mot. Je n'étais pas si déprimé que ça, je venais juste de me ramasser un divorce en pleine face. J'avais vingt-quatre ans tout juste et je venais de mettre un terme aux marines. En fait, je détestais ça. J'avais fait tout ça pour elle, la fille qui me sautait dans les bras quelques mois après pour accepter ma demande en mariage. J'étais fou amoureux, et je ne pouvais plus attendre. Je voulais que tous les autres hommes grimacent de désespoir en voyant une alliance à son doigt. Avant de faire les marines, j'ai bien évidemment fais des études de littérature pour enseigner mon savoir et mes connaissances aux autres. J'ai toujours été un bon élève, aucun problème de ce côté là. J'adore enseigner. J'ai toujours eut le contact facile avec mes étudiants. Je ne suis pas le professeur sévère qui vous envoie dans la merde quand vous arrivez une minute en retard. J'ai beaucoup de répartie et d'humour, ils adorent tous ça. « Monsieur Foster, je suis certaine que vos enfants seront plus intelligent que vous. » lançait une élève en quittant le cours. C'était à chaque fois des remarques positives. Bref, j'aimais bien mon boulot. Et j'étais content de rentrer fin de journée pour serrer ma femme dans mes bras. Notre relation a durée cinq ans. Nous n'arrêtions pas de nous disputer, mais malgré cela, je l'aimais quand même. J'encaissais ses sauts d'humeur, et je partais donner cours avec le moral dans les talons, parce qu'il le fallait bien. Le problème, c'était moi. Je ne voulais pas d'enfants, du moins, pas tout de suite. J'étais encore jeune dans ma tête, je ne voulais pas prendre de telles responsabilités. C'était insensé. C'était contradictoire. J'aimais les enfants, mais pas les miens. Mais ma femme avait réussi à m'avoir. Elle était tombée enceinte, m'avouant qu'elle avait arrêté la pilule depuis deux mois. C'était le drame. Elle m'avait piégé, et ça m'avait mis en rogne. J'étais amoureux, mais je ne voulais pas construire une famille. Je voulais qu'on profite d'abord quelques années encore à deux. Pour moi c'était clair. Soit moi, ou le bébé. Mais pas les deux. Elle s'était mise à pleurer en hurlant que de toute façon j'étais qu'un gros égoïste, que notre enfant ne me méritait pas, et tout ce qui suit. Sans était trop. Si elle voulait absolument trouver un homme pour qu'il soit le père de ses enfants, elle ne devait pas rester avec moi. Ce fut elle qui demanda le divorce. Elle ne me laissait même pas le choix d'attendre encore un peu. Dans huit mois, un petit être me remplacera de toute façon. « Je suis désolé. » Je suis partis. Comme un lâche.

Inutile de vous raconter la déception de mes élèves quand ils ont remarqués que Monsieur Foster était partit enseigner ailleurs. La rupture avec mon ex femme n'avait pas arrangé les choses. J'avais trouvé un autre établissement à Arrowsic qui voulait bien de mes services. Je changeais donc de paysage. Mais en prenant l'avion, arrivé à destination, ma valise était introuvable. J'allais péter un câble. Comme si quelque chose s'acharnait sur moi. La réception n'avait trouvé comme solution de bien vouloir patienter pendant quelques jours le temps qu'ils la retrouvent. Ouais, ben j'étais bien sans mes affaires moi. Je restais dans mon appartement à m'impatienter comme un gamin qui voulait son nouveau ballon de foot. Je faisais plusieurs fois des allers-retours à l'aéroport pour voir s'ils n'avaient pas de nouvelles. Pour finir, je m'étais mis à l'idée que je ne reverrai plus jamais ma valise. J'ai donc racheté des vêtements, ça, ce n'était pas le plus gros problème. Mais ce qui m'énervait le plus, c'était d'avoir laissé mes livres de littérature les plus précieux dans la valise la plus in-sécurisée. Seulement voilà, un jour, alors que je venais de renverser mon café, je reçus un lettre assez étrange. "j'ai reçu votre valise par erreur. si vous voulez la revoir, merci de rappeler au 06XXXXXXXX" J'ai cru que j'allais faire une crise cardiaque. C'était tellement chelou de recevoir un message pareil. J'avais l'impression d'être surveillé tout à coup. Et le pire dans tout ça, c'était que la personne avait envoyé des photos avec le plaisir dingue d'utiliser mes affaires. C'était une femme, mais je ne voyais pas son visage. Une jeune femme d'ailleurs. Je pouvais bien reconnaître les petites adolescentes capables de faire des blagues dans le genre. Après tout, j'étais joueur aussi. J'hésitais avant de lui téléphoner. Finalement, je savais vivre sans ma valise et sans mes livres, mais quelque chose me poussait à rencontrer cette fille pour récupérer ce qui m'appartenait. J'étais d'ailleurs bien curieux de savoir comment ma valise était en sa possession.