The marks humans leave are too often scars.

Un coup. Deux coups. Trois coups. Les bruits sourds martelaient mon crâne. Les gifles sifflaient presque jusque dans mes tympans. Quand j’aperçus ma mère perdre prise et se retrouver les deux paumes contre le sol froid de la cuisine, je finis par placer mes mains contre mes oreilles et me recroqueviller dans mon coin, les paupières closes. Je balançai ma tête au rythme d’une chanson imaginaire que je m’inventai au fur et à mesure. J’espérais. Je priais. J’appelais au secours silencieusement, déchirant les poumons dans l’espoir que quelqu’un finisse par entendre mes supplications muettes. Puis il m’attrapa le bras. Puis je l’entendis me hurler quelque chose et je finis par ouvrir les paupières pour le regarder droit dans les yeux. Et ce fût mon tour. Après tout, il avait beaucoup bu. C’était toujours comme ça quand il avait trop bu.
J’aurais très bien pu essayer de courir. J’aurais très bien pu essayer de m’enfuir. Cependant, mon esprit était obscurcit par une seule et même phrase. Toujours la même, se répétant en boucle depuis des semaines. Des mois. Ma mère n’avait pas le droit de me faire ça. Elle n’avait pas le droit de le regarder me frapper. Elle n’avait pas le droit de se laisser faire. Elle n’avait pas le droit de laisser son gamin de sept ans se faire battre par son beau-père tous les soirs quand il rentre du bar.
Puis je me mis à prier. A cette époque-là, j’y croyais encore.

***

« Votre fils est violent, madame Wildwood. Je p… »
« Mad… Mademoiselle Stewart. » lâcha ma mère. « Jeremiah porte le nom de son père. »
Je levai les yeux au ciel, lâchant un soupir. Je m’enfonçai dans mon fauteuil, lorgnant ma madre comme si c’était la première fois que je la voyais. Pitié, qu’elle arrête de paraître si anxieuse. Elle avait peur de quoi, hein ? Que la directrice se lève et la batte ? Sérieusement, il fallait arrêter cinq minutes… Je secouai la tête, méprisant, osant à peine la regarder.
Comme si un seul regard vers elle allait me rendre aveugle.
La proviseur de mon collège s’en rendit compte. Elle se racla la gorge, puis je reportai mon attention sur elle. Great. Elle avait la tête de celle qui s’apprêtait à faire la morale…
« Oui. Donc je vous disais… » répéta-t-elle en marquant une légère pause pour inspirer et expirer. « Votre fils est violent. Je pense qu’il devrait consulter un spécialiste. Généralement, les adolescents bagarreurs ont besoin d’être suivi… C’est généralement à cet âge qu’ils se cherchent, et il ne faut pas que cela dégénère. »
Sa voix était douce. Je me contentai de faire voyager mon regard de la dirlo à ma mère, puis de ma mère à la dirlo. Elle me faisait rire. Son ton mesuré me faisait rire. Sa prudence aussi. Le regard à la fois perdu et effrayé de ma madre également. Mon beau-père revenait ivre tous les soirs à la maison et c’était moi qu’on voulait envoyer chez le psy ? Mon beau-père nous battait et c’était moi qui étais considéré comme violent pour avoir mis mon poing dans la gueule d’un gars qui avait traité mon petit-frère de tapette ? Laissez-moi rire. Je me contentais de défendre cette putain de famille puisque personne ne semblait être décidé à le faire.
Quelle famille déjà, hein ? Mes frères. Moi. Certainement pas mon père. Certainement pas ma mère. Certainement pas ce connard de beau-père.
Ma mère ne sut que répondre. Elle savait très bien qu’elle ne pouvait pas répliquer à cela. Elle savait très bien qu’elle n’avait pas le droit de m’infliger une thérapie pour simplement m’être bagarré avec quelqu’un.
« Oui… Oui, bien sûr. »
« Hein ? Tu vas m’envoyer chez le psy ? »
Je tournai la tête vers elle, le regard ahuri, le visage fermé et dur. Elle se foutait de ma gueule. Il n’y avait pas d’autres solutions.
Elle ne me regarda pas dans les yeux. La directrice ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais demeura silencieuse. Je levai les yeux au ciel, me levai d’un bond, attrapant ma veste posée sur le dossier de mon fauteuil. Ma mère me regarda faire avec son regard vide.
« Connasse. »
Puis je partis. Je me mis à courir dans les couloirs alors qu’on m’appelait, derrière. J’avais quatorze ans. Quatorze ans et j’commençais déjà à me demander si la vie n’était pas qu’une connasse de plus.

***

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Je n’en reviens pas d’être actuellement en train de faire ça. J’aurais mieux fait d’aller dire au psy d’aller se faire foutre et de me laisser crever. Ses idées, c’est que des conneries. D’la merde. Du pur délire destiné à lui donner bonne conscience en lui faisant croire qu’il essaye vraiment de faire un putain de truc pour moi.
Whatever.
Puis, franchement, qu’est-ce qu’il attend que j’fasse, hein ? Salut papa, c’est Jeremiah, tu te souviens ? J’suis ton gosse que t’as abandonné deux ans après sa naissance dans les mains d’une jeune femme de vingt ans incapable de s’occuper d’elle-même, faible, trouillarde, née pour se faire dominer et battre. J’suis même pas en train de te parler pour de vrai. T’es qu’une adresse mail. Une adresse mail invalide. Une adresse mail destinée à me faire croire que je peux communiquer avec toi et soulager mon besoin d’autorité paternelle.
Putain. Le psy doit vraiment planer très haut pour oser balancer des conneries aussi monumentales…
J’ai pas besoin de toi de toute manière. J’ai besoin de personne.

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We accept the love we think we deserve.

Eryn leva les yeux au ciel. Et j’vous jure que c’était au moins la troisième fois en moins d’une minute.
« Faudrait peut-être que tu m’expliques un jour comment tu fais pour te retrouver avec des blessures quelque part tous les trois jours. »
Je ne dis rien. Je ne me répliquai pas. Je me contentai de la regarder mettre de l’alcool sur un coton. Elle s’arrêta dans ses gestes. Je poussai un soupire. Elle fronça les sourcils.
« Arrête de foncer les sourcils, tu m’fais penser à ma mère… » lâchai-je. « Et dans quinze ans tu vas te plaindre parce que t’auras déjà des rides. Comme toutes les nanas. »
« Jer ! »
« Quoi ? »
Elle se vengea en pressant le coton sur mon arcade sourcilière avec un peu plus de vigueur que nécessaire. Je frissonnai au contact de l’alcool sur ma blessure, et je la fusillai du regard. Sincèrement, Eryn avait réellement l’intention de jouer à mère Theresa toute sa vie avec moi ? C’était elle qui me tannait, à chaque fois, pour qu’elle puisse s’occuper de moi. Tout simplement parce qu’elle savait très bien que je ne mettrais jamais un pied à l’hôpital… Pour une multitude de raisons. Beau-père violent et addiction à la coke figurant tout en haut de la liste.
« Ca pique, bordel ! »
« Réponds-moi. Avec qui tu passes ton temps à te battre, hein ? »
Je secouai la tête, désabusé. Elle m’énervait. Ils m’énervaient tous. Tous, autant qu’ils étaient. Mais Eryn était une amie, théoriquement. Enfin, ce qu’on pouvait considérer comme telle. Je lui avais brisé le cœur, j’avais été le parfait salopard avec elle, je me ramenais toujours chez elle pour la faire chier et pourtant elle était toujours là.
Soit elle était masochiste. Soit elle était amoureuse, donc complètement conne. Mais dans tous les cas, j’avais pas l’impression d’être seul. Même si au fond je l’étais.
C’était pour cela, principalement, que je ne lui répondais pas. Que je demeurais muet. Je taisais ma situation. Je taisais le fait que je me battais avec mon beau-père dès qu’il osait lever la main sur un de mes deux frères, Nathan et Joshua. Je taisais le fait que je le faisais pour les protéger comme ma mère aurait dû le faire.
« Jeremiah ? »
Je fermai les paupières, tentai de contrôler ma respiration.
« Je t’écoute. »
Pitié. Arrête, Eryn, arrête. Arrête d’être aussi gentille. Arrête de vouloir m’aider. Arrête d’essayer de me faire dire une vérité qui ne sortira jamais de ma bouche.
« Tu ferais mieux de me laisser. » murmurai-je.
« Mais… »
« Dégage ! »
Elle tressaillit. Le morceau de coton qu’elle tenait dans les mains tomba de ses doigts, et Eryn mit quelques secondes avant de se reprendre et me tourner le dos. Elle s’en alla. Aussi facilement que cela. Son regard avait été froid ; son expression dure. Je ramenai mes mains devant mes yeux, mon cœur partant dans une course folle. Putain, qu’est-ce que j’étais en colère. La haine que j’accumulais était sourde, rangée tout au fond de mon être. Mais elle me faisait mal. Elle me faisait un putain de mal.
Je croisai mon regard dans le miroir, mon regard noir. Je donnai un coup sec dans le flacon d’alcool pharmaceutique, dont le contenu gicla sur le sol.
J’avais seize ans.

***

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Je me suis toujours demandé pourquoi tu étais parti. Pourquoi tu t’étais barré comme si tu n’en avais eu rien à foutre de ton gosse, de ta femme, de ta famille. Puis j’en suis venue à la conclusion que tu n’étais qu’un con. Un con parmi tant d’autres.
Si tu savais comme j’te déteste. J’te hais. Parce qu’à cause de toi, on est tous en train de crever. Crever parce que ma mère est trop faible pour assumer ses gamins, pour s’en sortir ou même s’occuper correctement de nous.
J’vous déteste tous les deux. J’vous déteste pour avoir foutu ma vie en l’air avec votre connerie. J’deviens comme lui. Comme cet abruti de beau-père qui est entré dans ma vie un an après que tu sois parti. J’suis en colère. Tout le temps. Tous les jours. J’martyrise de gens au lycée parce que ça me défoule. J’me suis tapée toutes les cheerleaders une à une pendant que leurs mecs avaient le dos tourné. Gars qui sont aussi mes potes.
Mais depuis quand faut-il montrer du respect envers les autres alors que l’humanité elle-même n’a aucun respect pour nous tous, pauvres cons d’humains ?

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***

Je planai. Mon cerveau était à des kilomètres de la réalité. L’intégralité de mon esprit semblait être enroulé dans du coton. Qu’est-ce que je pouvais aimer cette sensation. Qu’est-ce que j’me sentais bien, là-haut.
« Sérieux, dude, t’as envoyé ton dossier dans quelles universités ? »
Je revins légèrement sur Terre, mais pas suffisamment. Je ne relevai pas le regard alors que j’étais soigneusement en train de m’appliquer à rouler un joint, mais je reconnus la voix de Caleb. Le filtre entre mes lèvres, je me raclai la gorge, amusé.
« Aucun j’vous l’ai d’jà dit. » marmonnai-je joyeusement.
Il se mit aussitôt à rire, Jared et Samuel venant le rejoindre dans son hilarité. Bien sûr. Ils ne me croyaient pas. Cela faisait des mois que je leur répétai que l’année prochaine je resterais à Arrowsic sans aucun intention d’étudier, et pourtant, ils avaient toujours du mal à y croire la vieille des résultats d’admission.
Qu’ils aillent tous se faire foutre ! J’en pouvais plus de bosser, tout ce bordel. J’voulais tout simplement être tranquille. Vivre dans mon coin. Fumer des joints. Boire. Bosser quelque part, me faire du fric. Coucher. Aller en soirée. Sortir avec des potes.
« Allez déconne pas mec, dis-nous. »
Ils étaient complètement défoncés. Moi aussi à vrai dire.
« J’vous jure. J’ai juré fidélité à Arrowsic, j’reste ici jusqu’à ce que c’trou paumé ait ma peau. »
Quelle joyeuse perspective. Cela signifiait dire adieu à tous mes potes sur le chemin des grandes écoles telles que Harward, Yale. Whatever.
A vrai dire, s’ils savaient moins d’un tiers de ce que j’avais pu foutre dans leur dos, ils auraient tous envie de m’assassiner. Me tenir loin d’eux me semblait être une sage décision. Pas que j’ai peur de me faire fracasser la gueule ; à vrai dire, j’étais plutôt bien entrainé. Mais quitte à choisir…

***

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J’ai été diplômé. Mais je suppose que tu n’en as strictement rien à faire.

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You still secretly believe that there is an element of magic to this world? It's all just soulless molecules bouncing against each other randomly.

J’vous jure que 1) j’ai le mal de crâne de ma vie, que 2) il y a dans mon lit à côté de moi une meuf que j’ai jamais vue de ma vie et que 3) je suis incapable de me souvenir de ce que j’ai bien pu faire hier soir même si la fin de soirée me parait évidente. C’est la troisième fois que ça m’arrive cette semaine. J'pensais pas qu'Arrowsic comptait autant de jeunes demoiselles dans sa population. Ce village m'étonnera toujours.

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Je viens d’aller au meilleur enterrement de toute ma vie. Sans déconner.
Il a crevé. Il était résistant mais il a fini par nous foutre la paix. Une soirée à boire comme un trou, une dizaine de minutes passées allonger sur la route en clamant qu’il était le plus fort, l’ivresse l’empêchant de faire quelque chose de cohérent. La rue n’était pas éclairée ; une voiture ne l’a pas vu et boum ! Plus de beau-père.
Il paraît même qu’il y avait encore de la cervelle sur la route le lendemain matin après que son corps ait été foutu à la morgue. Cervelle dont l’existence avait encore été jusque-là insoupçonnée.
Bref. J’vais aller boire pour lui ce soir avec Danael. Sniffer quelques rails de coke. Baiser. Whatever.

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J’ouvris douloureusement un œil. Je le refermai aussitôt.
Damn. Qui avait oublié de fermer ce putain de volet ?
Je poussai un grognement, avant d’essayer de reprendre possession de mon corps. Impossible. Je devais très certainement avoir la pire gueule de bois de ma vie – c’était pour dire. J’avais l’impression d’avoir une basse résonnant dans l’intégralité de mon cerveau. Je me sentais trente-six pieds sous terre, dans l’incapacité la plus totale d’esquisser le moindre geste. Prenant sur moi, j’ouvris de nouveau un œil. Puis je la vis, là, à quelques centimètres de moi, les rayons de soleil courant sur sa peau nue.
Je secouai la tête, poussai un nouveau bruit sourd provenant tout droit de ma gorge. Je m’étirai. Je n’essayai même pas de me relever ; je savais que c’était une peine perdue. Un vague regard vers mon réveil m’indiqua qu’il était seize heures. Forcément. Cela devait faire deux jours que j’avais complètement perdu la notion du temps avec elle. Fumer, consommer, faire n’importe quoi dans l’appartement, puis finir par baiser. Le schéma était simple. Sans prise de tête. Et putain, qu’est-ce que j’aimais ça. C’était tellement plus simple qu’avec toutes les autres nanas qui se faisaient des idées quand on osait poser notre regard sur elles. Ces meufs-là, elles n’avaient pas encore compris que l’amour était toxique, que l’amour était pour les faibles. Ou alors, elles étaient toutes faibles.
Je roulai sur le côté afin me retrouver nez à nez avec elle, alors que ses paupières étaient toujours closes sous une cascade de cheveux bruns.
« Eh, Jules. » lançai-je à voix haute.
Bizarrement, j’avais retrouvé toutes mes capacités à être con.
Dans tous les cas, je ne savais pas elle, mais j’étais plutôt partant pour un troisième round. Comme à chaque fois.

***

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Quand on regarde bien ma vie, il faut dire que c’est quand même un sacré bordel.
J’ai jamais été voulu. Ma mère est tombée enceinte l’année de sa terminale, t’as pas eu d’autres choix que de m’assumer parce que tu voulais faire genre t’étais un gars bien. Au bout de deux ans, t’en as eu marre et tu t’es barré. Si tu savais comment la madre pouvait me parler de toi. T’étais comme un héros dans ma tête. Puis j’ai grandi. Puis elle a rencontré mon putain de beau-père. Elle m’a dit que tout irait bien. C’est le jour où il a levé pour la première fois sa main sur moi que j’me suis rendu compte qu’elle ne disait que des conneries au final.
Elle ne nous a pas sauvés. Elle ne l’a pas empêché de nous frapper. Elle n’a jamais rien dit. Elle se contentait de pleurer. Comme si pleurer allait sauver sa famille. J’dis même pas ça pour moi ; non. J’m’en foutais au final. C’était pour mes frères. Battus par leur propre père.
J’étais tellement en colère. Je le suis encore un peu, à vrai dire. J’ai fini par voir le psy. Ecrire des mails à un père imaginaire. Kill me now, c’est pathétique…
Whatever, j’ai grandi. J’ai déconné. J’ai bu, j’ai fumé, j’ai couché, j’me suis drogué. J’ai été le parfait salopard. Je suis le con par excellence. Je passe mon temps en soirée avec mon meilleur ami à faire et dire des conneries. J'fais des conneries aussi en étant sobre et à peu près clean. J’ai abandonné mes études pour être barman. J’consomme. Encore et encore. J’baise. J’finis dans des bastons sans que je sache pourquoi j’ai donné le premier coup.
Quand j’disais que ma vie était un gros bordel. Merci, padre. Merci beaucoup.

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A la réflexion, j’ai plus l’âge de suivre les conseils d’un psy. J’vois pas pourquoi j’continue encore à t’envoyer des mails. J’vais bien. Ou presque. J’parle quasiment plus à ma mère maintenant que j’ai quitté la maison, à la mort du beau-père. Mes frères vivent encore avec elle par contre, mais Joshua m’fait un peu penser à moi. En un peu plus paumé.
Et bah tu sais quoi ? J’suis dix fois mieux sans elle. J’ai pas besoin de toi non plus.

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J’ai réfléchi. Une tonne de fois. Beaucoup trop pour une adresse mail invalide, à vrai dire. Mais j’peux affirmer une chose : c’est mon dernier mail.
Je vais bien. Ou presque. Mais qu'est ce qu'on s'en fout.

- Jeremiah.

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