Et c’est là que tu devrais sauter de joie... avec gratitude.
ft. JAZZ && TEDDY && SUE.
2012, APPARTEMENT.

Il n'y avait que Siméon pour la réveiller. Non, le bipbip du réveil tout au long de la semaine y arrivait clairement bien aussi. Mais avec Siméon, c'était clairement différent. Il était passé maitre en la matière. Il aimait à venir la sortir du lit dès l'aube sans aucune raison de plus que le plaisir de la titiller. Elle détestait royalement cette petite habitude qu'il avait prise. Chaque jour de semaine, elle se levait aux aurores pour enchainer deux petits boulots de boniches. Dès huit heures, elle récurait des toilettes et des salles de bains pour le bonheur de recevoir un chèque miteux en fin de mois qui lui permettait de payer le loyer. Mais ça, il avait pas l'air de comprendre que ça la fatiguait. "Sale mioche", c'était la première pensée qui la traversait quand elle sentait en ces samedis matin un doux baiser dans son cou. Elle savait très bien que c'était lui. Ce ne pouvait être que lui, de toute façon.
D'habitude, elle arrivait à l'envoyer chier et à se replanquer sous ses couvertures dès qu'il la rejoignait dans son lit, mais ce matin, il était bien persévérant. La secouant dans tous les sens, il ne fallut que quelques secondes à la jeune fille pour se poser sur les fesses en lui jetant un regard noir. « Tu saoules face de pet ! Qu'est-ce que tu m'veux ? » Elle n'était pas de bonne humeur. Elle était rarement de bonne humeur au réveil, d'autant plus lorsque c'était son colocataire qui venait la pousser hors du lit. Et là, il lui annonça quelque chose qu'elle ne comprit qu'à demi-mot. Il parlait de bombasse, d'appartement et de threesome. Elle leva un sourcil, perplexe, elle n'avait même pas envie d'écouter ce qu'il avait à lui dire. Pourtant, elle suivit son regard lorsqu'il se dirigea vers l'entrée de la chambre. Une nana était posée, là, appuyée sur la porte à les regarder. « Salut ! » lança-t-elle à l'adresse de la jeune fille avant de se retourner vers son ami. Elle souffla avant d'ajouter, presque blasée. « Et ben quoi ? » Sutton, à moitié réveillée, ne voyait pas, et ne voulait peut être sûrement pas voir, où il voulait en venir avec tout ça. Il n'en fallut pourtant pas plus à ce dernier pour lui déposer un baiser sur la joue et se hâter de rejoindre la fille qui poireautait à l'entrée de la chambre en souriant. Elle le suivait du regard, les yeux mi-clos par la fatigue et alors qu'il faisait les présentations, elle afficha un sourire à la dénommée Teddy avant de lever la main en signe de salut.
Il enchaina en lui disant qu'ils se rendaient dans le salon pour qu'elle puisse se préparer. Mais elle n'entendit ce passage qu'à demi alors qu'elle se laissait retomber lourdement sous les couvertures. Elle referma les yeux, priant le Bon Dieu que le marchand de sable revienne à elle. Malheureusement, Sutton-Rooney eut beau attendre quelques minutes, voir des dizaines, elle n'arrivait à se sortir l'idée de la tête qu'Everson allait payer pour cet affront. Le sommeil ne revenait pas, mais la vengeance se mettait peu à peu en place dans son esprit. Aucune idée géniale pour l'instant, elle s'en fichait, elle pouvait très bien ne se venger que le lendemain après tout. Décidée, elle sortit de ses couvertures mais ne leva point ses fesses du matelas. Elle se posa quelques secondes afin de rouler une cigarette. Sue avait la fâcheuse habitude de cloper dès le matin, ce n'était ni bon pour sa santé, ni pour l'odeur ambiante.

Ceci fait, elle se dirigea vers le salon tout en allumant sa clope. Elle ne prit ni la peine de s'habiller, ni de se coiffer. Elle s'en foutait royalement. Il était son colocataire, et puis elle, ben elle la connaissait pas. Et puis, au delà de ça, son look lui importait autant que le caniche de la vieille du troisième étage. C'est à dire pas le moindre. Les cheveux en bataille et en pyjama, elle passa devant le canapé pour se diriger droit vers la machine à café. Sans jeter un seul regard à l'adresse de son colocataire, elle râla quand même à son encontre. « Yo. Tu fais chier quand même, pour une fois que je peux pioncer, t'es relou. » Ne portant d'ailleurs rien qu'un débardeur et un petit short en guise de pyjama, et la tête toujours dans le brouillard, elle commença à se préparer café et bol de céréales, toujours clope au bec. Un petit déjeuner de roi, ouais. Ceci fait, bol dans une main, café de l'autre et cigarette pendouillant au coin des lèvres, elle se dirigea vers eux. La classe incarnée, c'était tout Sutton le samedi matin. Les fesses ancrées au fond du fauteuil, elle commença à siroter son café en les regardant. Siméon avait posé la tête sur les genoux de Teddy et semblait jouer avec ses mains. Mais plutôt que là dessus, Sutton bloqua sur un autre détail. « C'est pas mon écharpe ça ? » Elle avait un peu hurlé, à la fois interloquée et amusée. Il la lui piquait constamment, mais il fallait avouer qu'elle lui allait bien cette écharpe. Elle afficha un sourire en coin avant d'échanger la tasse pour son bol de céréales qui trônait sur la table. Entre deux bouchées, son esprit lui rappela qu'il lui avait annoncé qu'ils s'éclipsaient pour qu'elle se prépare, ou dieu savait bien quoi. « Ah ouais... Et j'suis censée me préparer pour quoi au fait ? » Elle reprit une cuillère directement après avoir fermé la bouche. Pourquoi ne s'attardait-elle pas sur le fait qu'ils ressemblaient au parfait petit couple digne de La petite maison dans la prairie plutôt que sur son bol de cheerios ? Parce qu'elle n'y croyait pas. C'était pas le style de Siméon ça, d'avoir genre une copine. Et puis, il était bien du genre à ramener une nana ici pour prétexter qu'il est en couple seulement pour l'embêter. Elle en avait vu des vertes et des pas mûres avec lui, plus rien ne la surprenait. Elle attendait donc patiemment une réponse à sa question alors que Jobi et Joba jouaient amoureusement avec leurs mains respectives et qu'elle finissait son petit déjeuner.

« Me dis pas que j'ai oublié que c'était Noël. » Elle se mit à rire, relevant les yeux vers son père, habillé et prêt à partir travailler. « T'es enceinte ? » L'expression de sa mère amusa encore plus Teddy. Il était seulement sept heures du matin et l'adolescente était debout. Nous n'étions pas en semaine, donc, elle n'avait pas cours. Généralement, elle se levait aux alentours de dix heures, voir douze heures, cela dépendait de ce qu'elle avait fait de sa nuit. Secouant négativement la tête, elle descendit du tabouret et posa sa tasse de chocolat chaud, vide, dans l'évier, puis, pris une banane dans la corbeille de fruit. L'ouvrant, elle la porta à sa bouche, avala une première bouchée et se décida enfin à répondre à ses parents. « Non. Et.. non. » Continuant de sourire, une habitude depuis ces derniers temps, elle observa ses parents qui étaient dans l'incompréhension totale. « Je ne vois vraiment pas. » ; « Moi non plus. Sauf si c'est en rapport avec ce.. comment tu m'as dis qu'il s'appelait, Amanda ? » Teddy regarda sa mère, un air réprobateur. Elle avait été craché le morceau. Génial. Maintenant, son père était aussi au courant que sa fille était doublement 'malade' et qu'en plus, elle fréquentait un garçon plus âgé. Représentants de la loi ? Mon cul. « Timéo ? Timon ? Simon ? » ; « Non, je crois que c'est.. Mattéo ! » Ils s'amusaient, comme des petits fous. Terminant sa banane, elle jeta la pelure à la poubelle et tapota sur l'épaule de ses parents. « C'est Siméon. » Puis, elle quitta la cuisine, talonner de près par sa mère, puis son père. Bien évidement ils se posaient des questions. Pourquoi ? Comment ? Où ? Quand ? Qui ? Elle monta les escaliers, ayant envie de prendre une douche avant d'aller retrouver Siméon. Et de rencontrer Sutton. La fameuse Sutton. Rien qu'en y pensant, elle se mit à sourire. Rencontrer l'ex petite-amie de son petit-ami ? Oui. Tout le monde faisait ça. C'était tout à fait normal de nos jours. Tout le monde le faisait. "Eh salut ! Moi, j'suis l'ex de ton mec, j'me souviens de comment on baisait ensemble, c'était cool." "Ah ouais, il m'a raconté. Il te faisais la position du ciseau ?" Non, sans blague. Teddy avait vraiment trouvé le mec qui sortait hors du commun. N'importe quel homme normal savait qu'il n'était jamais bon de présenter son ex à sa copine ; jalousie. Quoi que là, le cas était différent. On parlait de Forzwood. Pas de n'importe quelle fille. Elle pouvait être jalouse, oui, mais il fallait l'y pousser. Un câlin, un baiser sur la joue, franchement, qu'est-ce que c'était ? Rien du tout. « Bon. J'aimerais prendre ma douche, merci de bien vouloir me laisser. Sauf si vous voulez me voir être nue sous la douche et vous apercevoir que, oh, miracle, je n'ai plus douze ans et donc, tout un tas de choses qui vous dissuaderait de me suivre. » Elle fit une pause et regarda sa mère. « Je vais juste rendre visite à quelqu'un. C'est tout. » Puis, elle referma la porte.

Peu importe ce que cela représentait pour Siméon, ce n'était pas un défilé de mode ou quoi. Elle n'avait pas besoin de se vêtir de ses vêtements les plus beaux, ou les plus coûteux. Quoi que ça revenait à la même chose. Teddy avait donc opté pour un jean et un chemisier, orné de clous sur les épaules et les devant de la poitrine. Cela faisait longtemps qu'elle l'avait, mais bien évidemment, ça ne devenait la mode que maintenant, il avait fallut attendre qu'une pimbêche se pointe avec ses talons à clous pour que ces petits accessoires se fassent une place digne de ce nom dans la Mode. Après s'être préparée, elle descendit en bas pour manger un petit quelque chose. Elle mangeait énormément ces derniers temps. Peut-être était-ce dû au stress ou au fait, qu'on lui demande beaucoup d'énergie. Surtout depuis qu'elle s'était prise une balle en pleine côté qui lui avait laissé une belle cicatrice sur le buste, partant dessous son seins gauche et se terminant au milieu de l'abdomen. Magnifique. Son corps était, une fois de plus, balafré à cause d'un abruti. On l'avait prévenu. Les médicaments avaient des effets secondaires et sa mère, bien trop protectrice, avait absolument tenu à ce que le médecin de la famille prescrive des pilules contraceptives à l'adolescente. Connerie. S'asseyant sur le canapé, elle pris son téléphone et envoya un sms à Siméon lui indiquant qu'elle était prête. Machinalement, elle mis une chaîne de musique, c'était ce qui la réveillait le mieux. Teddy se mit alors à chanter, bien qu'à certains moments, elle ne connaissait pas les paroles. C'était comme avec la macarena. "KDFKJDFDIHEFIJ.. EH MACARENA." Son portable vibra et elle souriit face à la réponse du blond. C'était amusant de se dire, que désormais, ils formaient un couple. Ça avait changé certaines choses, sans trop vraiment changer les choses. Compliqué, hein. D'ailleurs, c'était sûrement une des raisons pourquoi elle ne le criait pas sur tout les toits et surtout, qu'elle ne s'attardait pas à expliquer toute l'histoire à son meilleur ami Mattia. Le pauvre, il ne comprendrait rien. Il devait s'occuper de Lleyton, mais aussi d'Ella et déjà que ces actions lui ôtaient des neurones, imaginez-vous ce que cela donnera lorsque la jeune femme lui expliquera l'histoire de a à z. Sa blondeur serait digne de ce nom. Bref. Puis, Kiara vint se poster à côté d'elle, grommelant à cause du bruit de la télé. « Nianiania. Grosse vache, t'as qu'à dormir la nuit au lieu de jouer dans mon lit avec ma couette. » Heureusement, Siméon n'avait pas dormi là cette nuit. Il se serait fait bouffé par la chienne. Toute la nuit, elle s'était amusé à mordiller les pieds de Teddy et à s'enrouler dans la couette. Son beau blond aurait sûrement grommeler et virer la chienne du lit, tout en pestant contre Teddy qui prenait de la place et qui lui donnait chaud en s'allongeant à moitié sur lui. Et c'est vrai qu'en y pensant, depuis qu'ils étaient 'ensemble', il n'avait pas passé une seule nuit ici. Ou du moins, il n'était pas resté dormir. Peut-être avait-il peur de croiser son père en caleçon ou sa mère, le flingue à la ceinture.

Et, ce fut l'heure de partir. Vu comment c'était redressé la chienne, Siméon devait être là. Alors, éteignant la télé et prenant ses affaires, elle ouvrit la porte de derrière après quoi, ses lèvres rencontrèrent celles du blond. Baiser sensuel matinal. Il l'attira dehors et se chargea lui-même de fermer la porte. Ses parents étaient sur le point de partir et l'adolescente aurait jurer voir sa mère à la fenêtre, un sourire amusé au visage. Comme si le fait de voir sa fille tenter d'être discrète l'amusait. « T'es prête à rencontrer Sutton ? » Il sourit. À l'entendre, Sutton avait l'air d'une personne ignoble et qu'on devait redouter. Mais c'était surtout comme si cette rencontre allait être horrible. À vrai dire, elle n'avait aucune appréhension. Elle ne savait juste pas ce qu'elle allait bien pouvoir dire à la jeune femme. Se présenter, échanger des banalités, complimenter la décoration de l'appartement ou encore complimenter l'apparence de son ex ? Aucune idée. Pour l'instant, elle n'y était pas. Teddy lui rendit son sourire, haussant les épaules. « Oui. Je suis prête. » Dit-elle sur un ton ironiquement dramatique. L'hiver commençait à se faire sentir et elle remarqua qu'il portait une écharpe, qui ne ressemblait absolument pas à celle d'un homme. Tant pis. Il pouvait faire ce qu'il voulait, après tout. Tant qu'il ne la trompait pas. « Je me demande si tu aurais été si amusé si tu avais du rencontrer ma mère, ou pire, mon père. » Elle lui lança un regard amusé et souriant, qui en disait long. Comme si ses parents étaient de grands méchants loups. Siméon n'avait même pas dû y penser ou sinon, il préférait éviter d'évoquer le sujet. Tant mieux, à vrai dire. Ce n'était pas vraiment dans ses habitudes de dévoiler ce qui se passait ou se disait dans la maison familiale, bien qu'un jour, elle lui dirait et le présenterait à ses parents. S'il ne la quittait pas avant, pour une jolie blonde au cul rebondi. Relevant les épaules, elle souffla dans son écharpe, son visage étant glacial et rosi par le froid. Ils marchaient tranquillement dans les rues vides et calmes d'Arrowsic, sans personne pour les embêter. C'était assez rare. Il y avait toujours quelqu'un, ou quelque chose, qui venait mettre un terme à leur moment d'intimité, si on peut appeler cela ainsi. Car ils avaient d'autres moments d'intimités et jamais personne ne les avaient dérangés. Pas même au parc.

Alors, ils entrèrent dans l'appartement et la jeune femme observa chaque recoins de l'habitation, posant ses yeux sur tout ce qui pouvaient être observé, analysé. Ce n'était pas le grand luxe, mais c'était plaisant et confortable. Teddy pourrait vivre dans ce genre d'appartement, bien qu'elle est besoin d'espace car elle ne supporte pas vivre dans un espace trop étroit, surtout avec son amstaff qui prenait de la place. Écoutant Siméon qui lui avait dis de ne pas faire de bruit, elle le suivait tranquillement, rangeant ses mains dans ses poches et marchant à moitié sur la pointe des pieds, comme si des bruits de pas pouvait réveiller quelqu'un. Puis, il entra dans ce qui semblait être la chambre de Sutton. Elle resta sur le pas de porte, s'adossant à l'encadrement et observa le blond à l'action, un sourire aux lèvres. S'il lui faisait ça, un jour, Teddy lui ferait sûrement bouffer l'oreiller en gueulant, avant de se rendormir et de le pousser par terre. Elle avait une sainte horreur qu'on la réveille. D'ailleurs, elle ne comprit pas vraiment ce qu'il voulait insinuer lorsqu'il parlait de threesome. Sûrement un délire qu'ils avaient eu entre eux. Et après l'avoir secouer et embrasser dans le cou, la belle au bois dormant s'éveilla. Enfin. Teddy retint son rire face à sa réaction et continua de l'observer. C'était donc à ça qu'une fille ressemblait au lever. Dieu donné. « Salut. » À la minute où elle l'avait vu, elle avait su qu'elle aurait une voix de cristal. C'était assez amusant. « Salut. » Elle lui retourna son sourire, en levant la main, pour répondre à son geste. Oui. La situation semblait extrêmement gênante. L'adolescente n'aimait pas être dans un appartement lorsque l'habitant(e) n'était pas vraiment en mesure de faire quoi que soit. La pauvre. Elle se réveille et voit une inconnue dans son appartement. Siméon l'emmena alors dans le salon, prenant place sur le canapé, il s'allongea et posa sa tête sur les genoux de la brune et joua avec ses mains. Elle lui offrit son plus beau sourire avant de l'embrasser furtivement, de peur de voir Sutton arriver. Oui. Elle était gênée d'embrasser son petit-ami devant son ex. C'était con. C'était Teddy et ses manières. « Yo. Tu fais chier quand même, pour une fois que je peux pioncer, t'es relou. » L'adolescente sourit. Elle la comprenait totalement. Elle aurait réagit de la même manière si on l'avait dérangé. Surtout si c'était Siméon. Il pouvait être chiant et déterminé quand il le voulait. Pourtant, l'adolescente n'était pas vraiment concentrée sur ça. Elle préférait regarder l'appartement, ce qui s'y trouvait, et tout ça. Ses yeux parcouraient la pièce, une lueur curieuse dans les yeux. La gêne se dissipa petit à petit, puis, elle posa son regard sur Sutton, un sourire aux lèvres. Elle comprenait pourquoi il était sorti avec. Elle était joli. Même en mode demi-sdf. Ce qu'elle ne comprenait pas, c'est pourquoi il l'avait quitté. Elle avait l'air plutôt cool, comme fille. La preuve ; il invitait sa copine et elle ne râlait absolument pas. « C'est pas mon écharpe ça ? »  Face à la réaction de la jeune femme, l'adolescente pouffa. Apparemment, il ne lui avait pas demandé, il lui avait juste piqué. Mais ça l'amusait tout autant que Teddy de voir qu'il s'amusait à lui piquer des affaires, qui, en l'occurrence, lui donnait un air de gay. Ou du moins, une odeur de gay. « Il va finir par sentir flower by kenzo et on se demandera s'il n'est pas gay. » C'était la première fois qu'elle parla. Vraiment. La gêne avait définitivement disparue et elle pouvait alors commencer à se moquer de son petit-ami, bien qu'elle ai encore du mal avec ce concept là. Puis, vint la question à dix mille dollars. Pourquoi devait-on se préparer ? Elles auraient tout aussi bien pu se rencontrer toutes les deux en pyjama, dans la rue, ou au super-marché du coin, mais non. Il avait absolument tenu à les faire se rencontrer ici. Il voulait s'amuser. Comme toujours. C'était tellement logique que Teddy n'y avait pas penser. « Je crois qu'il veut s'amuser et qu'il tente de nous mettre mal à l'aise. Raté, pour ma part. » Reposant son regard sur Siméon qu'elle avait jusque là ignoré, elle lui offrit un sourire taquin, remontant ses pommettes. Il allait tout faire pour les mettre mal à l'aise, pour faire en sorte que tout ça devienne amusant, pour lui. C'était Siméon. Il avait bien des façons de s'amuser et la plupart de ses techniques étaient tordues, limite, perfides. Mais à vrai dire, c'est pour ça qu'elle l'aimait. Son côté gamin. Joueur. Son regard rencontra une fois de plus celui de la brune.

Et c’est là que tu devrais sauter de joie... avec gratitude.
ft. JAZZ && TEDDY && SUE.
2012, APPARTEMENT.

« Même en pyjama t’es sexy. » Sutton s'arrêta quelques secondes lorsqu'il prononça ces mots. Les yeux inquisiteurs, l'air suspect, elle le fixait. Il était indécrottable. Il ne manquait jamais une occasion de la perturber, et pour tout dire, il y arrivait toujours très bien. Pourtant, ce coup-ci, il n'avait pas réussi. C'était joué d'avance, ce pseudo compliment était bien trop abusé pour sembler réel ne serait-ce qu'un quart de seconde. Elle le connaissait un peu trop bien maintenant pour arriver à percer ce qui était pensé ou non avec lui. Pourtant, parfois encore, même si elle savait que c'était faux, ça la chamboulait un poil. Là, ce n'était pas le cas. « Arrête, tu me ferais presque y croire et je pourrais en rendre mon petit dèj' ! » lança-t-elle en se reconcentrant sur son café pour le terminer. Les cheveux en bataille et habillée comme ceci, elle était consciente qu'elle ressemblait plus à une rescapée de la grande guerre qu'à une nana fraîche et pimpante pour sortir en boîte. Mais elle n'y portait pas le moindre sentiment. C'était samedi matin, il était huit heures et elle avait envie de lui dire "fuck". Si il voulait la voir radieuse et bien fringuée, il n'avait qu'à ne pas la réveiller aux aurores un jour de congé. Après tout, lui il ne connaissait pas ça, il n'avait que les cours la semaine. Elle devait enchainer deux boulots de femme de ménage pour payer le loyer et ses cours du soir. Il ne savait pas non, pas pour les cours. Parce que le jour où il l'apprendrait, Sutton l'avait déjà scénarisé dans sa tête. Il allait d'abord rigoler, ne la prenant pas au sérieux, et puis entre deux blagues moqueuses, il lui demanderait dans quel but elle reprenait des études. Parce que Siméon savait bien que ce n'était pas son genre, qu'elle ne tiendrait jamais deux jours de classe et qu'elle était bien plus à l'aise à vivre au jour le jour plutôt que d'essayer de faire des plans pour l'avenir. Mais ça, c'était avant. Sutton-Rooney avait évolué... Elle avait grandi, elle avait changé. Mais lui se faisant de plus en plus absent à l'appartement, et elle étant discrète sur elle-même, il ne pouvait le deviner. Dieu seul savait quand elle aurait le courage de lui avouer tout ça.

Néanmoins là, elle ne pensait pas à tout cela, trop occupée à passer son regard de ses céréales aux deux jeunes qui lui faisaient face. Posé sur les genoux de Teddy, Siméon ressemblait à un de ces adolescents des séries télévisées. Un petit mec de seize ans, avec sa première copine qui vient de découvrir l'utilité de son membre inférieur après une pousse de trois poils. Il était à la fois ridicule et mignon. Mignon mais mielleux. Et puis, ça ne lui allait pas. Plus d'un an qu'elle le connaissait, et elle en savait long sur lui, et ce n'était pas dans ses habitudes. Sue ne l'avait jamais vu comme ça. C'était étrange. Elle ne s'attarda pourtant pas sur la chose, l'emprunt de son écharpe lui sautant aux yeux. « Non, c’est pas la tienne. C’est celle de la blonde qui est venue passer la soirée avec moi, hier soir. » Lorsqu'il s'expliqua de la sorte, Sutton explosa de rire. Non pas pour l'excuse de la blondasse, mais parce qu'elle savait très bien que c'était la sienne, et non n'importe quelle autre écharpe lambda. Une grosse écharpe de laine, jaune, violette, verte et j'en passe. Et puis, elle avait ce petit trou de cigarette à l'un des bouts. Oui, c'était définitivement la sienne, aucune hésitation possible. Au delà de ça, il était un habitué de ce genre de petits larcins. Aimant à lui piquer certaines affaires, juste par pur plaisir de la titiller. Parfois elles revenaient au bout de quelques jours, parfois non. Certaines étaient aux abonnées absentes, si bien qu'elle se demandait si ce n'était pas une de ses "copines" d'un soir qui les avaient piquées. Siméon devait leur avoir refilé un ou deux de ses pulls à elle, c'était certain. « Si c'est une de tes blondasses qui m'a piqué une jupe l'autre jour, tu lui demanderas de me la rendre. Sinon je fais de cette écharpe un tribut et je la brûle sur la place publique, pour l'exemple. » lança-t-elle entre deux bouchées de céréales. Elle aimait rentrer dans ses petits jeux débiles. Cela ne menait à rien, mais ça avait le don de l'amuser. « Il va finir par sentir flower by kenzo et on se demandera s'il n'est pas gay. » La voix de la jeune fille se fit entendre pour la première fois, si bien que Sutton en avait presque oublié qu'elle était là. Mais au delà de ce petit choc vocal, le ton taquin et amusé qu'avait pris la brune avait ravi Sutton. Cette dernière affichait un énorme sourire pour l'occasion. Elle paraissait vouloir embêter Siméon et adorer ça au moins autant qu'elle, et ça lui plaisait pas mal. Elle venait de monter en flèche dans l'estime de Keitel. Les gens emmerdant Sim entraient directement dans son top 20. Pour le coup, elle voulu répliquer de sorte à continuer le petit jeu. Sutton-Rooney aimait trop ce genre de taquineries pour les laisser filer sans en profiter au moins un minimum elle-même, mais le blondinet la devança. « Boarf. Si on me demande, je dirais que je me suis un peu trop amusé avec une bombe de vingt-deux ans. » Elle était dépitée de s'être fait piquer la place. Et là, elle ne savait même plus que répondre à celui-là, sa réplique étant presque navrante. C'était quoi son problème avec cette histoire d'âge là? Elle laissa tomber et se reposa sur son bol, qu'elle finit immédiatement.

Sutton enchaina alors sur la raison qui l'avait poussé à venir la réveiller de si bonne heure. Par habitude, il n'avait souvent pas besoin d'une excuse valable pour la sortir du lit aux aurores, mais ce matin là, il était sorti de la chambre en lui demandant de se préparer. Puis, il avait ramené une nana. Il voulait quoi, au fond? Si c'était pour lui dire qu'elle devait lui laisser l'appartement pour pouvoir s'amuser toute la matinée avec une mineure qu'il venait tout juste de rencontrer, Sutton connaissait déjà sa réponse. Ce serait non, et elle retournerait directement rejoindre sa couette et les bras de Morphée.
« Parce que je voulais te présenter ma copine. » Cette phrase sonna comme un couperet pour la jeune fille. Et pourquoi? Elle n'avait pas le droit d'être dégoutée de le voir en couple, d'être jalouse et de lui en vouloir. Non. Et puis au delà de ça, elle avait surtout l'impression de le perdre. Elle le connaissait depuis un an, et malgré leurs nombreux silences sur leurs vies respectives, elle pensait savoir beaucoup sur lui. Depuis quand? Depuis quand avait-il une copine? Depuis quand avait-il changé son mode de fonctionnement? Etait-il amoureux? Ça, c'était presque insignifiant à ses yeux. Sue pensait le comprendre, mais elle s'apercevait que non, il n'était plus ce qu'il était, ce qu'elle pensait qu'il était. Désabusée, elle ne sut d'abord pas quoi répondre. Et puis, allait-il finir par l'abandonner lui aussi, maintenant qu'il avait mieux à faire que de s'occuper d'une nana paumée et à la dérive?
Alors qu'elle le regardait, les yeux brillants, il reprit la parole. « Et non, ce n’est pas un de mes coups d’un soir avec qui j’essaye de faire chier, l’mouton. » Il avait tenté de parer toute blague de sa part, une pure précaution face au fait qu'il savait que Sue n'y croirait pas. C'était vain, elle avait enchainé presque sans réfléchir. « Toi? Une copine? Tu rigoles? C'est ma fête? Tu comptes aussi m'annoncer que tu vas être papa et que tu viens de faire un prêt à la banque pour t'acheter ta première baraque dans le quartos résidentiel? » Sutton avait prononcé ça sur un ton un peu rude, un peu méchant. Si bien qu'en se concentrant uniquement sur lui, elle en avait oublié Teddy. Et soudain, elle eut peur de lui faire mal. A elle. Elle avait l'air gentille, et puis elle n'avait rien fait. Sutton qui avait peur de le voir s'en aller avec elle et l'abandonner, elle se découvrait soudain une envie de ne pas froisser la copine. C'était déconcertant. Trop de pensées se bousculaient dans sa tête, elle se sentait mal, vraiment mal. « Te méprends pas, je suis désolée, c'est pas contre toi hein, t'as l'air d'une nana cool et sympa mais... » Elle laissa sa phrase en suspens quelques instants, regardant Teddy d'un air ennuyé. Elle ne voulait vraiment pas la blesser. Mais en reposant ses pupilles sur Siméon, elle ne put s'empêcher de continuer dans son petit manège. « Tu t'fous d'ma gueule, avoue. » Ce n'était pas possible, c'était une blague, un cauchemar ou dieu sait quoi d'autre. Mais non, elle ne pouvait se trouver là devant lui et sa copine, c'était trop énorme pour elle. Et puis de si bon matin, il se foutait vraiment d'elle, il cherchait quoi?

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