Ça faisait combien de temps ? Que j’attendais ce moment ? Que je ne m’étais pas sentie si à l’aise ? Si élégante ? Si libre ? Si moi-même… c’était affreux de constater combien tout ceci avait pu me manquer. Rien que l’odeur du chlore dans les vestiaires avait rempli tous mes espoirs. En rentrant dans mon maillot de bain j’avais manqué d’hurler de joie. Et en plongeant, j’avais renoué avec moi-même. Oui, c’était affreux de constater à quel point ça faisait partie de moi. Ce n’était pas entièrement moi. Mais je n’étais pas réellement moi-même sans. La natation synchronisée. Je ne regrettais pas d’avoir préféré Lleyton à ma passion. Mais, je ne pouvais pas nier une seule seconde que ça me manquait. Je n’en parlais jamais, avec Ashton ou Mattia. Ou même quelqu’un d’autre. Parce que je ne voulais pas me plaindre. Ou donner l’impression de me plaindre. D’être malheureuse. J’avais simplement fait une croix sur un rêve. Et ce n’était pas tous les jours faciles certes. Mais, j’avais le plus adorable des fils. J’avais Mattia à mes côtés. Et Ashton était toujours là pour moi. Alors pourquoi me plaindre ? Je n’avais pas de raison.

Mes jambes sortaient de l’eau. Mon corps se tordait. Et je ne pouvais pas m’empêcher de sourire. J’adorais vraiment ce sport. J’étais douée. C’était un truc dans lequel je n’avais pas à me dévaloriser. J’avais vraiment du talent pour ce sport. Et je me plaisais à constater que je n’avais pas perdu mes bases. Certes, je n’allais pas me faire du mal en tentant tout de suite de refaire le programme solo d’avant ma grossesse. Mais quand même. J’étais encore capable de faire une figure.

Ce n’est qu’après plusieurs heures que je me décidais à sortir. J’aurais pu rester encore un peu. Renouer avec ma passion plus longtemps. Mais, je n’étais plus une gosse de dix-sept ans. Je ne rêvais plus à devenir championne. Je n’avais plus de temps à perdre dans un bassin. Oui, j’essayais de m’en convaincre. Et je savais qu’une fois devant le sourire de Lleyton, tout irait bien. Je n’aurais pas envie d’aller nager, mais, d’être avec lui. C’était juste une parenthèse.

J’attrapais ma serviette. M’essuyant le visage avant de m’enrouler dedans. J’allais repartir au vestiaire. Logique puisque j’avais l’intention de rentrer. Mais mon regard croisa celui de Mattia. Non, je n’hallucinais pas. Il était là. A la piscine. Et je ne savais même pas comment il avait su que j’étais là. Je n’avais prévenu personne que j’étais à la piscine. Je m’approchais de lui avec un sourire. Pour aller poser un délicat baiser sur ses lèvres. « Comment t’as su que j’étais là ? ». J’affichais un petit sourire, j’étais contente de le voir. Surtout si ça nous donnait l’occasion de discuter. Oui, parce que depuis qu’Ashton nous avait retrouvé sur le canapé… avoir une conversation sérieuse était devenu difficile. Très difficile. Il lui fallait sa semaine pour se calmer quoi. Sauf que j’étais certaine que Mattia avait un peu mal pris cette idée de fac. Enfin bon. « Lleyton est avec Ashton ? ». Oui, fallait quand même que je m’assure de ça avant. Parce que j’étais un peu maman poule parfois. Souvent. Tout le temps. Et j’avais du mal à laisser mon fils. Même si aujourd’hui j’avais vraiment eu besoin de le confier. De m’accorder du temps.

« je vais voir Ella, tu le gardes? » C'était par ces mots que Mattia avait dit à Ashton qu'il s'en allait. Son tuteur n'avait pas demandé son reste, et c'était avec un plaisir non dissimulé qu'il avait volontiers gardé son neveu adoré. Il savait très bien pourquoi Mattia voulait aller la voir. Peut-être que si il n'y avait pas eu cette raison, il aurait râlé, maugréé. Peut-être même l'aurait-il enfermé dans sa chambre. Histoire qu'ils ne couchent pas ensemble, encore une fois. Mais là, la raison était tout autre, et il n'avait fallut qu'un regard pour qu'Ashton comprenne parfaitement de quoi il s'agissait. Au lieu de l'enfermer dans sa chambre, il l'aurait volontiers jeter dehors pour la retrouver.

Une fois dehors, Mattia savait où chercher. Il savait qu'Ella avait toujours gardé ce mince espoir de retourner nager. Elle rêvait de faire toutes ces figures. Il croisait souvent son regard perdu, rivé sur la video des JO de Londres. Ca se voyait qu'elle avait grandement envie de regarder encore une fois ces jeux, mais que le temps la pressait. Et puis, ce n'était pas tout. Sur son bureau trônait un pince-nez qui, aujourd'hui, avait disparu. Le calcul était vite fait. Mattia savait où la chercher, et il ne pouvait rêver meilleur endroit pour lui parler.
Tout le long du chemin, il se demandait comment aborder le sujet. Ca allait être dur, il le sentait d'avance. Mais en même temps, il n'avait pas beaucoup le choix. Il fallait bien qu'il fasse le premier pas. Cherchant dans sa phrase comment lui parler, il arriva bien trop rapidement à son goût devant la piscine d'Arrowsic.

Il attendit que la dame de l'entrée lui tourne le dos pour accéder à la porte donnant sur les gradins. La peste lui avait refusé l'entrée, sous prétexte qu'il n'y avait rien à regarder. Un peu plus, et il l'aurait bouffé sur place. Comme si les gens ne pouvaient venir voir les autres que pendant des compétitions, ou autres.. Toujours est-il qu'il réussit à rentrer -contre son gré héhé-, et il poussa doucement la porte derrière lui. Jetant un coup d'oeil sur la piscine, il remarqua aussitôt celle qui l'interessait. Elle était toute aussi belle. La grossesse l'avait même embellie. Et vraisemblablement, elle n'avait rien perdu de son talent. Elle s'amusait à refaire quelques figures que Mattia, accoudé sur la rembarre observait, un sourire sur le visage. Heureux de la voir dans son élément. Autant il respirait de joie sur un terrain de tennis, autant elle était au comble de l'extase dans l'eau. Un sourire se lisait sur son visage. La mine renfrognée, elle finit par s'approcher du bord du bassin. Quitter l'eau ne lui plaisait peut-être pas vraiment.. Elle sortit alors de la piscine, et attrapa une serviette pour se mettre au chaud. Le tennisman se remit droit, et avança doucement vers elle, sa main tenant toujours la rembarre. Il l'observait. L'admirait. La regardant se sécher les cheveux. Passer sa serviette sur son visage. Souriant, il croisa enfin son regard. Elle s'approcha alors de lui, sourire aux lèvres, et ils échangèrent un baiser. « Comment t’as su que j’étais là ? ». Facile! Amusé, il lâcha un petit rire avant de lui expliquer. « Ton pince-nez a disparu de ton bureau.. » Il leva la main et lui enleva une mèche de cheveux mouillés de son visage, caressant au passage sa peau douce.

« Lleyton est avec Ashton ? ». Ella la maman n'était jamais très loin ! Souriant un peu plus en l'entendant dire ses mots, Mattia hocha la tête. Oui. Il était avec Ash. Et non, il ne l'avait pas laissé tout seul avec la vieille dame horrible de l'entrée de la piscine. Ses yeux rivés sur elle, il l'observa un instant. Ca faisait tellement longtemps qu'il ne l'avait pas vu comme ça, dans son maillot de bain, une serviette autour d'elle. Allez, courage Mattia, faut y aller! Prenant un air sérieux, il posa sa main sur le bras de sa petite amie. « Je pourrais te parler?.. un instant? » lui demanda-t-il tout en l'invitant d'un geste à le rejoindre dans ses gradins.

J’étais ravie de le voir ici. Ravie et surprise. Parce que je ne lui avais rien dit. Et pourtant, pour lui ça semblait évident. Tellement évident que ma question le fit rire. « Ton pince-nez a disparu de ton bureau.. ». Il leva la main pour remettre une mèche de cheveux. Alors que je riais légèrement. D’accord, c’est vrai. Comme ça je ne pouvais que me faire griller. « Ah oui, vu comme ça… ». Je lui offrais un sourire amusé. Avant de l’embrasser. Tendrement.

Et puis bien évidemment mon rôle de maman me rattrapa. Il fallait que je sache avec qui était Lleyton. Ce qui fit sourire mon merveilleux petit ami. Il l’avait en effet laissé avec son oncle. Tant mieux. Normalement, il ne risquait pas grand-chose… Si ce n’est de rester dans une couche sale jusqu’à notre retour. Je lui renvoyais un beau petit sourire. Un sourire rassuré. « Je pourrais te parler?.. Un instant? ». Je hochais la tête positivement, suivant son geste pour aller dans les gradins.

Je mettais ma serviette autour de mes épaules. M’asseyant et attendant qu’il en fasse autant. Je n’étais pas surprise qu’il désire me parler. Et j’étais certaine que c’était parce qu’Ash avait parlé de la fac. Et je ne voulais pas qu’il pense que je ne lui faisais pas confiance. Alors, c’était très bien qu’on puisse parler. Parce qu’il fallait vraiment que je m’excuse. Et en fait, j’avais tellement peur qu’il m’en veuille que je m’empressais de prendre la parole. « Écoute… je me doute que tu veux parler de cette histoire de fac et je suis terriblement désolée de pas t’en avoir parlé… ». Je me mordais les lèvres. S’il savait à quel point je m’en voulais. Ça faisait des jours que je ressassais. « C’est pas que je voulais pas… c’est juste que… oh bordel… ». C’était rare de m’entendre parler comme ça. Mais quand je n’arrivais pas à m’expliquer. Quand j’avais peur de ne pas me faire comprendre, je perdais tous mes moyens. Et là j’avais précisément peur. Qu’il ne comprenne pas. Et que par conséquent, il m'en veuille. « J’en ai parlé à Ash et je sais pas ce que je croyais… mais, il m’a gueulé dessus, il m’aurait presque assassiné sur place d’avoir envisagé de prendre mon avenir en main. ». Je paniquais complet là. Je ne savais plus par quel bout commencer. Comment lui expliquer à quel point la réaction d’Ash m’avait bloqué. « Je voulais t’en parler mais… après ça, j’étais plus sûre de rien et j’avais peur que tu réagisses de la même manière… » Voilà. Je me sentais plus que ridicule là. Et j’aurais vraiment dû le laisser parler en premier. Quelle idiote. Quelle tripe idiote ! C’était pas possible d’être aussi conne.

Je baissais les yeux. Regardant mes pieds. J’avais peur de son regard. Peur qu’il réagisse encore plus mal qu’Ashton. Ce qui au fond serait compréhensible. Parce que je ne lui avais rien avant. Parce qu’il l’avait appris au détour des paroles de mon frère. Et c’est clair que ça craignait. Je m’en voulais. J’en tremblais. Je voulais qu’il me pardonne.

Au fond, Mattia avait honte de ce qu'il était en train de faire. Et pour tout dire, il ne savait même pas comment aborder les choses. Comment lui parler de la fac alors qu'elle-même n'avait pas osé le faire? Comment lui parler de la fac alors qu'on doit la convaincre de ne pas y aller? C'était dur, et il ne se sentait pas super bien à l'aise. Autant dire que plus elle nageait, plus il se sentait heureux pour elle. Elle reprenait ce qu'elle avait toujours aimé faire, et franchement, elle assurait grave! Il ne disait évidemment pas ça parce que c'était sa petite amie, mais parce qu'il le pensait vraiment. Elle avait la classe même dans l'eau. Les spectateurs le disaient tout le temps. Quand il venait, quand ils n'étaient encore que des enfants, l'admirer, il était toujours assis à côté d'inconnus. Et souvent, il entendait la même chose. Elle assure la petite à droite! ou bien Regarde celle du milieu, elle gère. On dirait qu'elle survole au dessus de l'eau. A chaque fois c'était pareil. A chaque fois, il regardait la personne désignée, et à chaque fois, son coeur faisait un petit bond. Il avait envie de leur hurler: c'est ma copine !!
Parce qu'il était terriblement fier d'elle.

« Ah oui, vu comme ça… ». Ouais. Elle s'était fait grillée en beauté. Ce n'était pas de sa faute si sa chambre était un sanctuaire à piscine. Même si elle avait caché quelques trucs depuis sa grossesse, on nageait dans son bonheur dès qu'on y pénétrait. Et donc, Mattia lui demanda si il pouvait lui parler, après l'avoir rassuré sur Lleyton. Là, il sentit son coeur battre un peu plus fort. Qu'est-ce qu'il pouvait lui dire? Il s'asseya à ses côtés et l'observa. Belle comme tout dans son maillot de bains. Belle comme tout avec sa serviette sur elle. Un petit silence s'installa aussitôt entre eux. Comme si chacun n'osait pas parlé, attendant que l'autre fasse le premier pas. Ce qu'elle fit. « Écoute… je me doute que tu veux parler de cette histoire de fac et je suis terriblement désolée de pas t’en avoir parlé… ». Son regard se posa aussitôt sur elle. « C’est pas que je voulais pas… c’est juste que… oh bordel… ». Wahoo.. Elle n'allait pas bien là! Si lui lâchait facilement des putain, il était rare qu'elle lâche un simple bordel. Ce n'était pas dans son genre de parler comme ça. Elle était plutôt discrète. Alors, voyant qu'elle n'allait pas très bien, il posa sa main sur son genou. L'insitant ainsi à lui parler. « J’en ai parlé à Ash et je sais pas ce que je croyais… mais, il m’a gueulé dessus, il m’aurait presque assassiné sur place d’avoir envisagé de prendre mon avenir en main. ». Tiens tiens.. Il comprenait. Il savait qu'Ashton ne voulait pas qu'elle y aille. C'était bien pour ça qu'il était là. Pour lui. Pour s'éviter de se faire punir jusqu'à la fin de ses jours.
Enfin.. il ne faisait pas ça pour Ashton. Ni pour sa gueule. Il faisait ça pour Ella. Son Ella. La maman de Lleyton. Il y avait longtemps réfléchi, même après avoir accepté le marché d'Ashton. « Je voulais t’en parler mais… après ça, j’étais plus sûre de rien et j’avais peur que tu réagisses de la même manière… »

Le regard rivé sur le carrelage -moche- des gradins, Mattia était perdu dans ses pensées. Ashton l'avait bloqué. Elle n'avait pas osé lui dire. Est-ce qu'il était si effrayant? Pourquoi est-ce qu'elle avait peur de lui parler de ça? Il se sentit mal. Mal parce qu'elle n'avait pas osé lui parler. Mal parce qu'elle avait eu peur qu'il réagisse pareil. Peur. Elle avait eu peur. Il aurait aimé d'autres mots sortir de sa bouche. D'autres, mais pas ceux-là. Il avait l'impression d'être un monstre, d'être quelqu'un qui effrayait les gens..

Il l'observa alors. Elle lui fit terriblement mal au coeur, les yeux baissés, légèrement tremblante. Se pinçant les lèvres, il se rapprocha d'elle, et posa ses deux mains sur sa cuisse. Le regard plongé dans le sien, il essayait de capter son attention. « Ella, s'il te plait, réagis pas comme ça.. » Elle lui faisait mal. Sa main se posa alors sa joue. Je t'en prie Ella, regarde moi. Il lui fit un petit sourire, un tout petit -parce qu'il n'était pas si heureux pour montrer sa joie. « Je... Je voulais te parler de ça, effectivement.. De la fac et de ton avenir.. » Sa gorge se noua. Son avenir. La fac. Et si ça lui tenait tant à coeur? Et si elle rêvait vraiment de passer quelques années à la fac? Il secoua doucement la tête, caressa encore un peu sa joue, et reposa sa main sur sa cuisse. « Je voudrais que tu me dises ce que tu veux faire.. En tout franchise Ella.. Tu veux vraiment aller à la fac? » Si elle disait oui, il était dans la merde.

C’était tellement dur de lui parler de tout ça. De la fac. De justifier ma réaction débile. Je me sentais mal. J’étais maladroite. Je ne faisais qu’empirer les choses. Je m’exprimais tellement mal. Il posa ses deux mains sur ma cuisse. Me faisait relever la tête. Mes yeux se plongeaient dans les siens. Je me sentais idiote d’avoir pensé qu’il pourrait hurler à son tour. Que lui, il pourrait me dire non comme ça. Sans raison. Sans chercher à me comprendre. J’avais oublié que lui il m’aimait. Mon frère aussi. Mais Mattia il avait des sentiments amoureux pour moi. Et je savais que ça voulait dire accepter et respecter certains choix. Même si on n’aurait pas fait les mêmes. « Ella, s'il te plait, réagis pas comme ça.. ». Oh mon dieu. Malgré son petit sourire j’avais l’impression de l’avoir blessé. Alors que ce n’était nullement mon attention. Mon dieu je m’en voulais. Et je captais que je m’étais vraiment mal exprimé. Je lui avais dit que j’avais eu peur. Peur en parlant de la réaction d’Ashton. Peur physiquement donc… mais non, ce n’était pas ça. Et je voulais pas qu’il pense que je le croyais capable d’être violent ou quoi. J’avais simplement peur qu’il me dise non à son tour. Quelle idiote ! « Je suis désolée…mais, je m’exprime tellement mal. Je n’ai pas peur que tu sois violent Mattia mais… j’avais peur que tu t’opposes à cette idée…ce qui est ridicule. »[/color]. Il fallait que je lui reprécise. J’avais tellement mal de l’avoir blessé. Ma main caressait doucement sa jambe.

Je tentais de lui sourire. Il fallait que j’arrête de me stresser. Ce n’était pas lui qui allait me juger. Ce n’était pas lui qui allait me freiner. En le voyant là, je ne pouvais qu’en être certaine. « Je... Je voulais te parler de ça, effectivement.. De la fac et de ton avenir.. ». Ma main caressa son bras. Mon avenir. La fac. J’attendais de voir ce qu’il en pensait. « Je voudrais que tu me dises ce que tu veux faire.. En tout franchise Ella.. Tu veux vraiment aller à la fac? ». Je me mordais la lèvre inférieure. Franchement je n’étais plus sûre de rien. L’année dernière j’hésitais vaguement entre la fac de lettre et la natation synchronisée. Parce que j’avais besoin d’être rassurée. Maintenant… la fac ne m’attirait plus vraiment. Mais maintenant avais-je vraiment le choix ? « Je me dis que c’est toujours mieux que de finir caissière au supermarché du coin… ce n’est pas mon rêve mais je ne peux pas passer à côté. ». Non, ce n’était pas mon rêve. Mais, franchement, c’était mieux de tenter quelque chose. D’avoir un diplôme. Sans rien, comment j’allais m’en sortir ? Je ne voulais pas passer ma vie à dépendre des autres. « Je veux pouvoir offrir à Lleyton tout ce qu’il veut et si je ne prends pas mon avenir en main maintenant… je ne pourrais jamais le combler. ». Oui, mon fils. Pour lui, je donnerais tout. Je ferais tous les sacrifices. Je refusais qu’il manque de quoique ce soit.

Je posais mon regard sur le bassin. « C’est sûr que j’aimerais nager à nouveau….mais, il faut que j’accepte que ça n’arrivera pas… ». Et en disant ça, c’était presque idiot d’être là. Et en disant ça, j’avais presque les larmes aux yeux.

Bon sang Ella.. Son Ella.. Elle était tellement mal, tellement peu à l'aise. Elle tremblait. Le froid était peut-être la cause, mais il en doutait. Elle tremblait parce qu'elle ne se sentait pas bien. Elle avait vraiment peur de sa réaction. Bon sang Ella.. Le regard rivé sur elle, il tentait de la rassurer comme il pouvait, et tentait aussi de se rassurer comme bon lui semblait. Il ne fallait pas qu'elle dérive, qu'elle s'enfonce dans cette peur de ne pas lui parler. Il ne désirait pas ça; il espérait vraiment qu'elle puisse lui parler de tout. Des choses les plus géniales, comme des choses les plus horribles. Comme là. Oui, sa réaction lui avait fait mal au coeur. Mais ce n'était pas lui, le plus à plaindre, c'était elle. Elle qui ne savait pas ce qu'elle désirait faire de sa vie. « Je suis désolée…mais, je m’exprime tellement mal. Je n’ai pas peur que tu sois violent Mattia mais… j’avais peur que tu t’opposes à cette idée…ce qui est ridicule. ». Il eut alors un petit sourire. Cette fille, il savait vraiment pourquoi il l'aimait. Sans être capable de dire ce qu'il ressentait, elle le savait directement. Comme là. Il avait peur, comme d'habitude, de dériver, et de se laisser aller. Elle l'avait bien compris, elle le rassurait bien. Pour lui faire comprendre que ça allait, il caressa à son tour sa cuisse; de même que elle sur sa jambe.

Avec du courage, il finit par lui avouer pourquoi il était là. Ce qu'il faisait ici. Et surtout, il lui demanda ce qu'elle voulait vraiment faire. Son regard posé sur Ella, il comprit qu'elle était en plein doute. Elle se mordait les lèvres, perdue dans ses pensées, complètement larguée. « Je me dis que c’est toujours mieux que de finir caissière au supermarché du coin… ce n’est pas mon rêve mais je ne peux pas passer à côté. ». Malgré la dureté de la discussion, il eut un petit sourire en coin. Jamais Ella ne finirait caissière. Elle s'en sortirait toujours; bien qu'être hôtesse d'accueil ne soit pas un métier qu'il dénigrait, il savait d'avance qu'elle ne ferait pas ça. Sa bonne bouille, sa bonne humeur lui ouvrirait de toute façon les portes de toutes les professions. « Je veux pouvoir offrir à Lleyton tout ce qu’il veut et si je ne prends pas mon avenir en main maintenant… je ne pourrais jamais le combler. ». Ella était une mère incroyable; elle avait déjà ce métier dans ce sang. Elle avait leur fils dans son sang. Elle ne vivait que pour lui.

Il suivit son regard; elle regardait le bassin. « C’est sûr que j’aimerais nager à nouveau….mais, il faut que j’accepte que ça n’arrivera pas… ». Son regard était embué de larmes. Ses prunelles coulaient sous le poids de ses larmes. Secouant doucement la tête, Mattia s'approcha d'elle et lui fit un baiser sur le front. Il ne la laisserait pas faire ça. Il ne la laisserait jamais ne pas tenter son rêve. Elle rêvait de nager? Elle allait nager. Sa main se faufila dans sa main, et en quelques secondes, il lui demanda d'un geste de se relever. Il se pencha alors, et enleva ses chaussures d'un geste preste, et enleva à son tour ses chaussettes. Se retrouvant ainsi pieds nus, il l'entraina vers le bassin, passant sous la rembarre, et arrivèrent juste à côté de l'eau. A quelques centimètres. « Tu me fais confiance Ella? » Il se tenait droit devant elle, face à elle, son regard plongé dans le sien. « Va dans l'eau Ella! » Il arborait un petit sourire en coin, mais tentait d'être le plus sérieux possible. Il voulait qu'elle fasse glisser sa serviette. Il voulait qu'elle plonge dans l'eau. Il voulait voir sa sirène retrouver ses terres. Il voulait voir ce sourire qu'il avait vu quand elle dansait. Il voulait retrouver son Ella, celle qu'il avait connu, bien avant de l'emmerder par toute cette histoire, bien avant de l'ennuyer avec un gosse. Insistant alors, il lui fit de petits gestes pour la pousser loin de lui, en ouvrant grands ses yeux mais en lui faisait un sourire. En fait, il tentait d'imiter un coach. De toute façon, elle n'avait pas le choix. Soit elle allait dans l'eau de son plein gré, soit il la jetait dedans. « Allez, hop, hop, hop, va dans l'eau! »

Je ne voulais pas vraiment aller à la fac. Enfin ça ne me gênait pas d’y aller. Mais ce n’était pas mon rêve. Et à quoi bon faire la fine bouche ? J’allais le payer très cher. Je ne voulais pas passer ma vie à faire un boulot minable. Épuisant. Payé au lance pierre. Vivre chez mon frère indéfiniment. Je ne voulais pas de cette vie-là. Je voulais aller chercher mon fils à la crèche et pouvoir lui offrir un pain au chocolat. Une sucette. L’inscrire dans un club de sport sans pleurer en payant le prix de la licence. Certes, il y avait Mattia. Je n’oubliais pas du tout qu’on était deux. Mais je ne voulais pas qu’il m’entretienne. Qu’il assume tout. Je voulais qu’on reste deux. Qu’on partage tout. Et ne pas finir comme un couple cliché. La femme à la maison avec les niards. Et l’homme qui ramène le pognon et qui met les pieds sous la table. Ouais, d’accord, mes pensées dérivaient. Mais, je ne voulais pas de ça.

Remarquant mes yeux au bord des larmes, Mattia se rapprocha de moi. Déposant un baiser sur mon front. C’était dur parfois de renoncer à son rêve. D’admettre que je n’arrivais pas à passer au-dessus de ce rêve. De faire ce sacrifice sans un pincement au cœur. Sacrifice ? Non mais, comment je parlais. Il fallait que je casse. De voir les choses ainsi. De me plaindre. J’étais vraiment trop chanceuse pour cela. Les doigts de Mattia se glissèrent dans ma main. Je le regardais dans les yeux. Caressant doucement son pouce. Et d’un geste, il me fit comprendre qu’il voulait que je me lève. Ce que je fis, sans discuter. Mais, sans comprendre aussi.

Je le regardais retirer ses chaussures. Pourquoi ? Que voulait-il faire ? Il avait une envie d’aller patauger ? Je le suivais. Sans rien dire. Sans rien demander. Attendant de voir où il voulait en venir. Je passais sous la rambarde. Le questionnant du regard cette fois. Parce que là, vraiment, il me perdait. Nous étions à côté de l’eau. Vraiment à côtés. Quelques centimètres. « Tu me fais confiance Ella? ». Il était face à moi. Sérieux, droit. Son regard plongé dans le mien. « Plus qu’à n’importe qui. ». Plus qu’à moi-même. C’était bête mais, c’était vrai. J’avais une confiance aveugle en Mattia. Une confiance qui ne s’était pas ébranlée malgré notre rupture. « Va dans l'eau Ella! ». Je le regardais avec de gros yeux. J’avais mal compris, non ? Il ne m’avait pas demandé d’aller dans l’eau ? Si ? Mais, pourquoi ? Dans quel but ? Il avait un petit sourire en coin qui n’entachait en rien son sérieux. Il me faisait des signes, insistant vraiment pour que j’y aille. « Dans l’eau ? Mais j’en sors… pourquoi tu voudrais que j’y retourne ? ». J’étais dans le flou. On parlait de la fac. Et là, il fallait que j’aille dans l’eau ? « Allez, hop, hop, hop, va dans l'eau! ». Je l’y accordais un petit sourire amusé. Décidant de lui faire confiance. De l’écouter. Même si je ne comprenais pas. Je n’allais pas me prendre la tête. Et retourner dans l’eau était loin d’être un supplice.

Je faisais glisser ma serviette. Avant de plonger sur le côté, sans aucune hésitation. Comme si je rentrais dans l’eau. Version compétition. Bon sans faire l’entrée torse bombée quand même. Remontant à la surface, j’abordais un petit sourire. Un sourire de plaisir. Un sourire de bien-être. Un sourire qui venait naturellement. « Et maintenant ? Tu me rejoins ? ». Je savais bien que non. Il n’allait pas me rejoindre. Toutefois, je voulais savoir où il voulait en venir.

Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il faisait. Pas du tout. Il voulait juste la forcer à aller dans l'eau, la voir heureuse de nouveau. Ella n'était heureuse que dans l'eau. Si elle pouvait respirer grâce à ses branchies, c'était le top pour elle. Comme lui il respirait quand il tenait entre les mains une raquette de tennis. Au fond, bien que très différents, ils étaient les mêmes. Incapables d'être réellement totalement heureux sans un autre élément dans leurs mains. Mais là, il avait bien réfléchit. Il ne pouvait pas la laisser oublier son rêve le plus fou. Si c'était vrai ça ce qu'elle voulait, si elle désirait vraiment renager, il la forcerait. Si vraiment elle voulait avoir le cul posé sur une chaise à la fac, dans ce cas, il la laissera faire. Avec beaucoup d'appréhension. Ella était magnifique, merveilleuse, splendide. Il aurait bien trop peur qu'on la lui vole.

Debout, face à elle, juste à côté de la piscine, il lui demanda si elle lui faisait confiance. Sa réponse rendrait n'importe quelle autre personne heureuse « Plus qu’à n’importe qui. ». Niveau sentiments, Mattia était de plus en plus une guimauve. Un rien l'émerveillait. Un rien lui faisait un bien fou. Il suffisait en général de quelques mots prononcés par Ella pour qu'il soit heureux. Alors, il lui demanda d'aller dans l'eau. Elle semblait surprise. Normal. Elle venait d'en sortir, elle venait de se sécher, et il lui demandait d'y retourner. Mais il essayait de rester calme, et sérieux. C'était assez dur d'ailleurs, il avait l'impression d'être un coach, et franchement, il n'avait pas l'habitude de jouer ce rôle. « Dans l’eau ? Mais j’en sors… pourquoi tu voudrais que j’y retourne ? ». Tu vas voir. Il sourit, et insista pour qu'elle y aille. Comme tout Ella, elle finit par accepter, un sourire aux coins des lèvres. Elle devait peut-être le prendre pour un taré. Elle aurait raison..
Il l'observa alors faire glisser sa serviette le long de son corps. Ahh! Elle était trop belle. Un petit sourire en coin pointa le bout de son nez sur son visage. Et là, ni une ni deux, elle sauta dans l'eau, faisant un geste bizzarre. Enfin, un geste de natation synchronisée. Un truc que mattia était incapable de faire quoi.. Il sourit en la voyant faire ça; comme quoi, elle avait envie. Il l'observa nager dans les profondeurs et revenir à la surface. Elle souriait. « Et maintenant ? Tu me rejoins ? ». Là, il se mit à rire. Aller dans l'eau? « Ah nan! La vieille de l'entrée me tuerait j'crois! Elle ne voulait déjà pas que je vienne ici! » Il sourit, repensant à cette grognasse. Il secoua alors la tête, et se mit à genoux, sur le bord de la piscine.

Ella, dans l'eau, rayonnait de bonheur. Elle se transformait en sirène dès qu'un bout de sa peau touchait l'eau. C'était magnifique à voir. Et là, il n'eut aucun doute. Il fallait qu'elle refuse la fac. Il fallait qu'elle retente sa chance en natation synchronisée. Elle n'avait pas le choix. Il ne lui laisserait jamais le choix. Reprenant alors son sérieux, ses yeux posés sur elle, il lui dit. « Tu pourrais me refaire la dernière chorée que tu as faite en solo? Je ne sais plus où on était, mais tu avais trop géré ce jour-là. Tu t'en souviens? » Ne lui laissant pas le temps de répondre, il reprit. « Je voudrais que tu me la fasses! » Il était persuadé au fond de lui qu'elle connaissait encore chaque geste.

Je souriais. J’étais bien dans l’eau. Même si je ne savais pourquoi il voulait que j’y sois. Je lui proposais de me rejoindre. Amusée bien sûr. Sans y croire. Mais, ça le fit bien rire. Et moi dont. « Ah nan! La vieille de l'entrée me tuerait j'crois! Elle ne voulait déjà pas que je vienne ici! ». Je riais encore plus. Forcément, Mattia n’était pas un privilégié. Il ne pouvait pas venir quand il voulait. Il ne lui suffirait pas de lui offrir des chocolats pour avoir la clé après la fermeture. Non, lui ne pouvait pas. Moi, elle me connaissait. Ça faisait longtemps qu’elle avait quitté son masque de vieille peau de vache intransigeante. « Et t’as réussi à la gruger ? Félicitation ! ». Je riais un peu plus. Mais en même temps je le félicitais vraiment. Passer derrière son dos ce n’était pas chose aisée.

Bref, Mattia secoua la tête. Avant de se mettre à genoux. Sur le bord de la piscine. « Tu pourrais me refaire la dernière chorée que tu as faite en solo? Je ne sais plus où on était, mais tu avais trop géré ce jour-là. Tu t'en souviens? ». Le solo de Portland ? C’était le dernier qu’il m’avait vu faire. J’avais passé un temps de fou pour le créé. Pour l’exécuter à la perfection. La refaire maintenant ? C’était la massacrée. Je n’avais pas pratiqué depuis des mois. Comment je pouvais le réussir à nouveau ? S’il y a des bases qui ne s’oublient pas… le talent non entretenu meurt petit à petit. « Je voudrais que tu me la fasses! ». Je lui offrais un petit sourire. Il était bien optimiste. Je m’en souvenais. Je pouvais le faire. Mais je ne pouvais le réussir. « Bien sûr que je m’en souviens mais, je serais bien incapable de le refaire, ou du moins de la réussir. ». Je m’appuyais sur le bord de la piscine avec un petit sourire désolé. Alors que lui, il me regardait dans les yeux. J’avais comme le sentiment qu’il allait s’entêter. « Pourquoi tu veux que je te fasse ce solo ? Tu te souviens du temps que j’ai passé dans l’eau pour pouvoir le présenter ? ». Je lui offrais un sourire avant de rajouter quelques mots. « Je peux te faire quelques figures de bases si tu veux ? ». En fait, en disant ça, j’avais déjà envie de retirer mes paroles. Comme si je savais que cette proposition n’allait pas lui suffire. Ça n’allait pas lui convenir. Je ne savais pas comment l’expliquer. J’avais comme le sentiment qu’il voulait que je donne le meilleur de moi-même. Tout de suite maintenant. Comme si j’étais en compétition. Et vraiment, je ne savais pas pourquoi j’avais cette sensation. Et pourquoi il voudrait ça.

Je m’éloignais un peu. Au milieu de la piscine en fait. Comme si j’allais commencer ma chorégraphie. Comme si j’allais faire quelque chose. Me mettre à danser. Enchaîner les figures. Mais en fait non. J’attendais tout simplement de voir ce que Mattia voulait que je fasse. Même si je ne comprenais toujours pas pourquoi. Pourquoi me voulait-il dans l’eau ? Pourquoi voulait-il que je danse ? Je l’ignorais. Mais, je pouvais le faire.

Ella était complètement perdue. Peut-être pensait-elle vraiment qu'il allait venir dans l'eau lui aussi. Mais même si l'envie était tentant, il n'allait pas le faire. La vieille sortirait son fusil et viendrait le tuer dans l'eau. Elle n'avait tellement pas été agréable avec lui que Mattia s'était demandée si elle n'avait pas eu ses règles ce jour-là. Ou alors, c'était la ménopause. Vu l'âge qu'elle avait, c'était fort probable aussi. « Et t’as réussi à la gruger ? Félicitation ! ». Elle riait. Dans l'eau. Elle était magnifique là! Souriant, Mattia ajouta alors quelques mots. « Merci! Je suis assez fier de moi » Il avait fait son air désolé, elle n'avait pas accepté. Il avait fait style de partir. Son téléphone avait sonné. La dame s'était retournée, et ni une, ni deux, il s'était sauvé, et ayant bien fait fonctionner les portes automatiques avant. Il avait vraiment géré, et vraisemblablement, elle ne pensait même pas qu'il pouvait être là, avec Ella, au bord de cette piscine. Elle serait déjà venue, sinon..

Enfin, il lui annonça ce qu'il voulait. Cette fois, il arrêta de sourire, mettant sur son visage un masque sérieux. Comme jamais il ne l'avait été. Il voulait la voir faire cette chorégraphie. La dernière sur laquelle il l'avait vu danser. Elle resplendissait dans l'eau, elle envoutait les spectateurs par sa grâce, elle les charmait, ils étaient tous sous le charme. Quand il lui eut dit son intention, sa petite amie se mit à sourire. Tant mieux. C'était peut-être bien parti. « Bien sûr que je m’en souviens mais, je serais bien incapable de le refaire, ou du moins de la réussir. ». Elle revint sur le bord de la piscine, et eut son petit air désolé. Gardant son regard rivé dans ses yeux, Mattia essayait de capter toute son attention. Non, elle pourrait la refaire, c'était obligé. Il en était certain, plus que certain même! « Pourquoi tu veux que je te fasse ce solo ? Tu te souviens du temps que j’ai passé dans l’eau pour pouvoir le présenter ? ». Il hocha la tête. Sans sourire. La laissant seule essayer de le charmer par ce magnifique sourire qu'elle lui offrait. « Je peux te faire quelques figures de bases si tu veux ? ». Quoi? Des bases? Non, non, non! Là, Mattia secoua la tête. Il avait la désagréable impression d'être le père fouettard, et il n'aimait pas trop ce rôle. Il voulait juste lui rappeler de quoi elle était capable. Il ne voulait pas qu'elle fasse quelques figures de base. Il voulait qu'elle danse. Une chorée entière. Sa chorée. Celle qu'elle avait préparé. Celle qu'elle avait mis des heures et des heures -plutôt des semaines et des semaines- à peaufiner.

Secouant toujours la tête, il l'observa s'éloigner un peu. Est-ce qu'elle allait commencer? Apparemment non. Une fois au milieu de la piscine elle s'arrêta, l'observant. D'un air plus que sérieux, Mattia prit la parole. « Je n'veux pas que tu me fasses quelques figures de bases Ella. Je veux que tu me fasses la chorée en entier. » Il avait insisté sur le je veux en pointant son index sur elle. Il voulait vraiment qu'elle se remette à danser. Qu'importe qu'elle se plante un peu. Il était persuadé de toute façon, que même un an après, elle se souvenait de plus de trois quart des figures. La natation synchronisée était ancrée en elle. « Hé! Ella Babe Clarke, je te jure que tu ne sortiras pas de la piscine sans me l'avoir fait. » Ne tenant pas ce rôle de gars assez strict, il finit par avoir un petit sourire. « et je te promets que si tu ne me la fais pas, on ne recommencera plus jamais ce qu'on a fait il y a deux jours dans la chambre d'Ash» Oh putain ce souvenir le faisait encore frissonner de plaisir. Cette fois, il avait définitivement quitté son masque de personne sérieuse. Un sourire taquin s'affichait sur son visage, tandis qu'il repensait à cette partie de jambes en l'air qu'ils avaient totalement apprécié. Plus qu'apprécié même. Ils étaient monté au millième ciel là!

Mattia secouait la tête. Non, il ne voulait pas que je fasse des figures de bases. Il ne voulait absolument pas. Il voulait vraiment revoir ce solo. Celui dont j’avais été si fière. Et il ne tarda pas à me le confirmer. Alors j’étais au milieu de la piscine. Attendant après lui. Après ses mots. Après ce qu’il voulait. Sans jamais comprendre. « Je n'veux pas que tu me fasses quelques figures de bases Ella. Je veux que tu me fasses la chorée en entier. ». Il était vraiment sérieux. Son index me pointait même. Il insistait sur le je veux. Whaou mais pourquoi le voulait-il absolument ? Sachant que j’allais me planter. « Hé! Ella Babe Clarke, je te jure que tu ne sortiras pas de la piscine sans me l'avoir fait. ». Eu… il allait même jusqu’à prendre le risque de m’appeler Babe ? Alors que je haïssais plus que tout ce prénom ? D’où lui venait ce sérieux. Je commençais vraiment à paniquer. Et peut-être que si un petit sourire n’était pas apparu sur son visage, je me serais vraiment inquiété. « Et je te promets que si tu ne me la fais pas, on ne recommencera plus jamais ce qu'on a fait il y a deux jours dans la chambre d'Ash». Un petit sourire coquin naissait sur son visage. Alors que mon corps se souvenait de toutes les sensations parcourues. De ce plaisir. Ce jour-là, c’était juste…orgasmique. C’est le cas de le dire. « T’oserais nous priver de ça ? ». Je levais les sourcils. Surprise. Parce qu’on était deux à avoir pris notre pied. « Du coup j’ai pas trop envie de prendre le risque… mais, je te préviens ça va être catastrophique ! ». En réalité, je l’aurais fait quand même. Même si ses menaces m’amusaient. Je l’aurais fait parce que ça lui tenais à cœur. Et que moi je n’avais pas grand-chose à y perdre. Seulement un constat à faire.

Alors sans plus, attendre je débutais mon solo. Tentant de me souvenir du rythme que j’y avais donné. Puisque là, je n’avais pas la musique. J’enchaînais les figures. Surprise que certains mouvements s’enchaînent aisément. Je me sentais renaître dans cette piscine. Vivante quand mes jambes sortaient de l’eau. Vivante lors de mes figures. J’étais vivante en faisant ce solo que j’avais créé du début à la fin. Celui dont j’avais été si fière. Celui qui aurait dû lancer ma carrière. Même si là, il n’était pas aussi beau qu’à Portland. Je le savais. Je le sentais. Qu’il était bien loin d’être parfait.

Une fois fini, je nageais jusqu’au bord de la piscine. A côté de mon amoureux. « C’était catastrophique hein ? J’ai l’impression de ne plus être assez précise, de manquer de grâce, certains mouvements sont carrément foireux. ». Je me mordais la lèvre inférieure. Le talent était là. Il n’était pas parti. Mais, le manque de travail, de rigueur, ça ne pardonnait pas. « Et pourquoi tu voulais que je fasse tout ça ? ». C’est vrai, on pouvait constater qu’il y avait encore du boulot pour espérer avoir ne serait-ce que le même niveau qu’avant ma grossesse. Mais après ?

Il avouait; il avait un peu abusé. Il savait qu'Ella détestait son deuxième prénom, mais pris dans son rôle, il n'y avait plus pensé une seule minute. Seul son objectif comptait; réussir à ce qu'Ella n'aille pas à la fac. Même si il trouvait parfois ses propos déplacés, et égoistes, il savait aussi que pour son bien à elle, c'était mieux. Jamais elle ne serait heureuse là-bas. Encore moins loin de sa famille et de ses amis, de sa vie en général. Alors, il usait de toutes les techniques possibles. De l'autorité au chantage affectif. En passant par le chantage sexuel! Il venait de lui dire que plus jamais ils ne feraient ce qu'ils avaient fait dans la chambre d'Ashton si jamais elle ne faisait pas son solo. Et franchement, elle avait intérêt à le faire! Il n'avait pas envie d'être 'puni' à son tour, car il avait vraiment pris son pied ce jour-là. Peut-être était-ce le fait d'être dans la chambre d'Ash, peut-être était-ce le fait d'autre chose, ou peut-être était-ce le fait qu'ils étaient en forme tous les deux, mais là, ils avaient atteint des sommets!! « T’oserais nous priver de ça ? ». Elle semblait surprise. Ouais, lui aussi honnêtement. Elle avait vraiment intérêt à faire ce solo!! Il hocha alors la tête, très sérieux, du style ouais ouais, j'oserais!« Du coup j’ai pas trop envie de prendre le risque… mais, je te préviens ça va être catastrophique ! ». Mattia se mit à sourire, ravi qu'elle accepte. Il n'aurait pas tenu le coup de toute façon, mais quand même. Il se tut néanmoins, bien qu'ayant une forte envie de lui répliquer que non, il n'oserait vraiment pas, et que si, elle allait gérer!

Et aussitôt, il la vit commencer à glisser dans l'eau. Elle ne nageait pas; elle glissait dans l'eau. Elle était clairement dans son élément là, jouant avec grâce, reproduisant figure sur figure. Un coup sortant hors de l'eau. Un coup montrant ses jambes au public. Honnêtement, en toute objectivité, elle assurait. Elle avait perdu, certes, mais elle réussissait encore à faire des choses incroyables. Elle enchainait des figures impossibles à faire à ses yeux, simple nageur du dimanche -ou du trente du mois-. Et la voir ainsi réussir autant lui donnait des frissons dans le dos.

Quand elle eut finit, elle s'approcha de lui, et vint se mettre sur le bord de la piscine. Elle était là, magnifique. « C’était catastrophique hein ? J’ai l’impression de ne plus être assez précise, de manquer de grâce, certains mouvements sont carrément foireux. ». Elle se mordait la lèvre, mais lui il souriait, ravi de son exploit. Elle avait assuré, vraiment. Elle ne dansait pas qu'à moitié; elle remplissait la piscine de grâce. Elle resplendissait dedans. « Et pourquoi tu voulais que je fasse tout ça ? ». Pourquoi? En l'entendant dire ces mots, il ne put s'empêcher de sourire un peu plus. Parce qu'il n'en avait eu aucune idée avant. Il fonçait dans le mur sans savoir réellement quelle serait l'issue. Mais là, maintenant qu'elle avait fait son numéro, il savait parfaitement quelle merveilleuse idée il avait eu. Il n'aurait même pas pu rêver mieux. Parce qu'il était aux anges, là. Qu'il savait ce qu'elle aimerait vraiment. Et parce qu'il savait ce qu'elle valait vraiment.
Souriant toujours, il s'agenouilla alors, pour être un peu plus près d'Ella. Il posa son coude sur sa cuisse, et commença à jouer avec ses doigts. Regardant bien dans les yeux sa sirène, il prit la parole. « Tu n'es peut-être plus très précise, tu as peut-être l'impression de manquer de grâce, tu crois peut-être que certains mouvements n'étaient pas bien enchainés, mais admets une chose Ella; tu as géré. » Il sourit, ravit. « Qui serait capable de refaire une chorégraphie comme tu l'as fait, un an après la dernière fois? Et puis, moi, de là, où je suis, je n'ai pas vu quelqu'un qui n'était pas précis, ni quelqu'un qui manquait de grâce. Bien au contraire! Tu glissais dans l'eau, et t'étais magnifique. » Il s'interrompit un instant, changeant de jambe. « Ecoute Ella.. Lleyton, il a besoin de pleins de choses, du matériel, de l'argent, et tout ça.. Mais il a surtout besoin d'amour et de bonheur. Et ce n'est pas en voyant sa mère ou son père triste de ne pas avoir pu aller jusqu'au bout de leurs rêves qu'il deviendra heureux. » Il prit une petite pause, pour qu'elle puisse bien entendre ces mots. « Ella, je veux que tu reprennes la nat'. T'es heureuse là, ça se voit. Je veux juste que tu gardes ce sourire. C'est de ça dont il a besoin Lleyton. »

Je l’avais fait mon solo. Je l’avais fait. Exécuté. Sans le réussir pour autant. Mais qu’importe. La raison de tout ça m’échappait. J’avais besoin de Mattia m’explique. J’avais besoin de comprendre. En tout cas, ça le fit sourire un peu plus. Je ne savais pourquoi. Peut-être la réponse lui paraissait évidente ? Pour moi elle ne l’était pas. Rien ne l’était.

Gardant son magnifique sourire, il s’agenouilla. Près de moi. Me regardant droit dans les yeux. Jouant avec ses mains. Je me perdais dans le bleu de ses yeux. Ce bleu que j’adorais. Que je chérissais. Ce bleu dans lequel je pourrais me noyer. Davantage que dans celui de la piscine. Si j’étais à l’aise dans l’eau. Dans ses yeux je m’envolais au paradis. « Tu n'es peut-être plus très précise, tu as peut-être l'impression de manquer de grâce, tu crois peut-être que certains mouvements n'étaient pas bien enchainés, mais admets une chose Ella; tu as géré. ». Mattia afficha alors un sourire ravi. Mais moi, je ne pouvais admettre ça. Ce n’était pas que des impressions. J’étais certaine que c’était vrai. Dans ma tête ça ne pourrait satisfaire aucun coach mais, il compléta. Ne me laissant pas protester. C’était peut-être pas mieux. Surtout vu la suite. « Qui serait capable de refaire une chorégraphie comme tu l'as fait, un an après la dernière fois? Et puis, moi, de là, où je suis, je n'ai pas vu quelqu'un qui n'était pas précis, ni quelqu'un qui manquait de grâce. Bien au contraire! Tu glissais dans l'eau, et t'étais magnifique. ». Il s’interrompit un instant, changeant d’appui. C’est vrai qu’un an après la dernière fois… mais, ce n’était que l’effet de la passion ! Et j’avais tout fait pour ne jamais oublier ce dernier moment de perfection dans l’eau. Et il me voyait ainsi parce qu’il m’aimait. Il ne voyait pas l’éléphant qui était dans l’eau. Il voyait toujours le… dauphin. « Ecoute Ella.. Lleyton, il a besoin de pleins de choses, du matériel, de l'argent, et tout ça.. Mais il a surtout besoin d'amour et de bonheur. Et ce n'est pas en voyant sa mère ou son père triste de ne pas avoir pu aller jusqu'au bout de leurs rêves qu'il deviendra heureux. ». Mais j’avais accepté de renoncer à mes rêves. Je n’allais pas être triste pour ça. Enfin… si. En fait, si. Mais, avais-je un autre choix de toute façon ? Il s’était arrêté un instant. J’aurais pu parler. Mais, j’étais plongée dans mes pensées. Ne cessant de réfléchir à ce qu’il me disait. Les mots trouvaient leurs échos dans ma tête. « Ella, je veux que tu reprennes la nat'. T'es heureuse là, ça se voit. Je veux juste que tu gardes ce sourire. C'est de ça dont il a besoin Lleyton. ». Je m’appuyais sur les rebords de la piscine. Pour sortir de l’eau. Et me mettre à côté de lui.

Malgré l’eau qui dégoulinait sur mon corps, je me permettais d’embrasser les lèvres de mon homme. « Imaginons un instant que je perde la raison, que je décide de tenter cette folie, je suis plus au niveau mon amour… et surtout je n’ai pas coach. ». C’était fou parce qu’il me faisait envisager un instant de retenter de ma chance. Alors que je savais que ce n’était pas possible. « Mais… je te l’accorde, j’aimerais vraiment… ». Et au fond, je savais qu’en bossant, je remettrais le niveau. Mais, fallait que je sorte cette idée de ma tête.

Si d'autres personnes avaient assisté à ce spectacle, nul doute qu'eux aussi auraient été charmé. Mais visiblement, il était le seul à voir son talent. Elle semblait râler, ses traits n'étaient pas apaisés. Bref, elle montrait sa tête des mauvais jours. Insatisfaite de son travail pourtant bien magnifique, elle ne se rendait pas compte qu'au bout d'un an, faire ce qu'elle avait fait, c'était merveilleux. Qui se souviendrait de près de quatre-vingt dix-neufs pour cent d'un spectacle fait un an auparavant, et sans aucun entrainement depuis? Rares sont ceux qui réussiraient aussi brillamment. Mais Ella, elle, elle avait réussi. Peut-être avec moins de grâce qu'avant, mais elle ne donnait pas pour autant l'impression d'être un monstre de la piscine. Ces mouvements étaient encore épris de grâce. Qu'importe ce qu'elle pensait!
Alors, Mattia commença son discours. Il avait la désagréable impression de jouer les Ashton là. A toujours faire des tirades. A ne jamais laisser l'autre en placer une. A vouloir toujours parler. A en perdre le souffle. Mais là, il usait de sa méthode, démontrant par A+B qu'elle ferait bien de continuer, allant même jusqu'à dire Je veux, même si ce que lui voulait ne comptait pas. Quand il eut enfin fini, il se sentit essoufflé, complètement perdu. Jamais il n'avait autant parlé. Mais visiblement, ces paroles avaient eu de l'effet. Ella s'était rapprochée du bord, elle s'était appuyée sur le bord, et venait de sortir de l'eau. Une seconde plus tard, elle s'approcha de lui et l'embrassa tendrement. Le mouillant au passage. Bon sang ce que l'eau était froide! Comment elle faisait pour rentrer dans l'eau comme ça? Il frissonna légèrement, ses lèvres toujours contre celles d'Ella. Il avait envie de crier victoire, de hurler toute sa joie. « Imaginons un instant que je perde la raison, que je décide de tenter cette folie, je suis plus au niveau mon amour… et surtout je n’ai pas coach. ». Bon, ok, ce n'était pas encore gagné. Mais c'était déjà ça non? Elle émettait l'hypothèse qu'elle puisse retenter sa chance. Malgré qu'il n'eut pas totalement gagné, Mattia eut un petit sourire.« Mais… je te l’accorde, j’aimerais vraiment… ». Là, il avait carrément une banane sur le visage. Passant son bras autour de sa petite amie, se mouillant encore plus, il prit alors la parole. « Admettons que tu perdes la raison, et que tu rendes ton petit ami, et ton fils heureux. Pour le coach, ça peut se trouver. » Il s'arrêta un instant, grimaçant un petit peu. Bon sang comment pouvait-il ne plus se rappeler? « Je veux dire, tu vas me détester là, je ne me souviens plus du nom de ta coach.. Mais tu pourrais lui demander de te reprendre, ou de lui demander si elle connait quelqu'un.. » Il s'arrêta, reprenant son souffle, et souriant de plus belle. Ses yeux étaient plongés dans les siens. Elle resplendissait de beauté, et franchement, ce serait un drame si jamais elle refusait. Il murmura alors un « Ella, avec du travail, tu peux récupérer, j'en suis certain. »

C'était évident ça. Le travail, le travail, le travail. Les coachs n'avaient que ce mot à la bouche de toute façon. Pour eux, on ne pouvait réussir sans mettre de côté un peu sa vie. Bye bye les fêtes. Bonjour les entrainements. Ca allait être dur, très dur, mais Ella était largement capable d'y arriver. A elle seule, elle avait déjà porté de lourdes tâches; comme affronter sa grossesse sans l'aide de quelqu'un. Elle pouvait bien, en étant aidé, retrouver son meilleur niveau.
Un sourire sur les lèvres, Mattia lui fit un baiser, et conclua alors en se relevant. « C'est réglé! Tu reprends le nat' synchro, et tu oublies la fac! »

Mattia afficha un large sourire. Visiblement heureux d’entendre que j’aimerais reprendre. Il passe son bras autour de mes épaules. N’ayant que faire de se mouiller. « Admettons que tu perdes la raison, et que tu rendes ton petit ami, et ton fils heureux. Pour le coach, ça peut se trouver. ». Ça peut se trouver. Ouais. Bof. J’en connaissais pas tant que ça. Il y avait Stef. Et ce mec qui m’avait abordé à la fin de ma compétition à Portland. Un coach à la recherche de poulain. Un grand coach. Un vrai professionnel. Et puis bon je connaissais d’autres coachs mais genre dans l’Arizona. Au Canada. La Californie. Enfin loin d’ici. Bref, ce n’était pas si facile. « Je veux dire, tu vas me détester là, je ne me souviens plus du nom de ta coach.. Mais tu pourrais lui demander de te reprendre, ou de lui demander si elle connait quelqu'un.. ». Son sourire s’amplifia. Je me plongeais dans ses beaux yeux. J’avais envie de me jeter dans ses bras. Et de croire avec lui que c’était si simple. J’avais envie de rêver moi aussi. De rêver à nouveau. « Stéphanie, mais elle me l’a dit quand je lui ai annoncé ma grossesse, elle ne m’entraînera plus. C’est pas le genre de nana à revenir sur sa décision. ». Non c’est clair que par fierté, elle allait m’envoyer chier. Je pensais au Coach de Portland, si je n’étais pas tombée enceinte, j’aurais probablement fait affaire avec lui. Je l’aurais choisi. Mais, là, l’appeler après un an ? Alors que mon niveau n’était pas au top ? Je me voyais pas vraiment le faire. Mais avais-je d’autres solutions ?

Et comme si Mattia lisait dans mes pensées, il s’approcha de mon oreille. Pour murmurer. « Ella, avec du travail, tu peux récupérer, j'en suis certain. ». Le travail, ça ne me faisait pas peur. Ça ne m’avait jamais fait peur. Et plus encore ça me donnait envie de vivre. Ça me faisait du bien. « Beaucoup de travail…et ce n’est pas gagné. ». Non c’était bien loin d’être gagné. Et je n’avais plus vraiment de temps à perdre.

Mattia afficha un beau sourire. Avant de m’embrasser tendrement. « C'est réglé! Tu reprends le nat' synchro, et tu oublies la fac! ». Ah oui ? Il prenait le choix pour moi ? Il se relevait comme si c’était réglé. « Ah ouais… tu prends la décision pour moi ? ». Je le regardais amusé. Attrapant sa main alors que j’étais toujours assise. « Je suppose que je n’ai pas mon mot à dire donc ? ». Je souriais. Je ne le prenais pas mal. Il avait raison. Il fallait que j’essaye. Histoire de ne pas avoir de regrets. De ne pas pouvoir dire que j’avais abandonné. Bon d’accord, c’est vrai. Mattia me donnait envie d’y croire. Mieux que ça. Il me faisait y croire. Je me relevais. Pour aller l’embrasser. Me serrant contre lui. Le mouillant complétement. « C’est bête… faudra que tu prennes une douche en rentrant. ». Un sourire coquin de déposa sur mon visage. « Je vais me changer, j’en ai pour dix minutes, tu te sauves pas hein ? ». Je m’éloignais dans la cabine. Je n’allais pas me doucher. J’allais la prendre avec Mattia. En rentrant. C’était bien mieux comme idée.

L'idée d'en parler à son ancien coach ne lui plaisait guère apparemment. Mattia n'avait pas vraiment suivi l'affaire, mais il se pourrait bien, après quelques secondes de réflexion, que celle-ci ait mal pris sa grossesse. Mais n'étant à ce moment-là plus bien avec elle -complètement en froid même-, il n'avait pas vraiment eu vent de l'histoire. « Stéphanie, mais elle me l’a dit quand je lui ai annoncé ma grossesse, elle ne m’entraînera plus. C’est pas le genre de nana à revenir sur sa décision. ». Mattia grimaça légèrement. Effectivement, vu comme ça, ils allaient devoir faire autrement. Il y avait peut-être quelqu'un d'autre. Essayant de trouver toutes les situations possibles, Mattia se mit à parler, à parler, et à parler encore. Il essayait de trouver tous les moyens possibles et inimaginables pour qu'Ella lâche enfin l'affaire, et qu'elle comprenne, que même si ça allait dur, c'était possible. Elle semblait d'ailleurs petit à petit y croire. « Beaucoup de travail…et ce n’est pas gagné. ». Ce n'était pas gagné, oui. Mais c'était faisable. Il fallait du temps au temps, c'était bien connu, non?
Lâchant tout, Mattia finit par afficher un sourire, l'embrasser, et déclarer alors que tout était réglé, et qu'elle allait reprendre la natation synchronisée. Il avait dit ça sur un ton de défi, nullement dans l'optique de prendre une décision à sa place. Lui, maintenant debout, il observa la demoiselle, toujours assise. « Ah ouais… tu prends la décision pour moi ? ». Son sourire, son regard étaient amusés. Bingo! A partir de ce moment-là, Mattia sut que c'était gagné. Il ne prenait pas la décision pour elle, il l'aidait juste à faire un choix. Le meilleur choix. Il sentit sa main glisser dans la sienne. « Je suppose que je n’ai pas mon mot à dire donc ? ». Elle souriait, et Mattia aussi. Le sourire qu'il affichait en disait long ce qu'il pensait, sur l'état dans lequel il planait à ce moment-là. Mais pour en revenir aux faits, il hocha la tête négativement. Elle n'avait rien à dire. De toute façon, il en était sûr maintenant; elle ne dirait pas non. « Non.. T'as pas le choix.. Puis, je suis sûr, tu dirais oui.. »
Ella se releva alors, et aussitôt, elle l'embrassa, se blotissant contre lui. Le faisant encore une fois frissonner de froid. Il était complètement trempé. Trempé mais ravi. « C’est bête… faudra que tu prennes une douche en rentrant. ». Et là, elle affichait un sourire coquin. Terriblement sexy. Complètement taquin. Les yeux rivés sur elle, se mordant les lèvres histoire de s'empêcher de la dévorer sur place. Il baissa le regard vers elle, et l'observa de tout son corps. Elle était trop sexy Ella là! « Je vais me changer, j’en ai pour dix minutes, tu te sauves pas hein ? ». Et aussitôt, elle disparut. La regardant se sauver, Mattia lui dit alors. « Ah nan, t'inquiète pas, je vais pas me sauver, crois-moi! » Ses yeux se posèrent sur la belle. Belle comme tout. Son corps ruisselant ne lui donnait qu'une envie. Se mordant les lèvres, il l'observa alors partir. Marcher d'un pas léger vers les vestiaires. Il rêvait déjà de la suite. De leur suite. A eux deux. Chez Ashton. Dans la salle de bains.