Kai affichait un sourire de façade, elle écoutait vaguement, elle visait juste à chaque parole, elle allait dans le sens des mariés mais pas parce qu’elle faisait attention à leur demande, mais, parce qu’elle connaissait son métier par cœur. Elle savait ce qu’il fallait dire au premier rendez-vous, les mots clés à reconnaitre, les nuances de couleurs, ce que signifiait entre le blanc et le gris souris, ou quelque chose de rouge et noir, elle le savait ce qu’il fallait dire mais habituellement, elle ne s’en arrêtait pas là. Habituellement, elle s’investissait, elle personnalisait au couple chacune de ses idées, ses sourires étaient bien plus émerveillés –même si ça, les clients ne voyait pas la différence- mais là, elle n’y arrivait pas. Elle n’avait plus le courage de prôner la beauté de l’amour, de tout faire pour que des gens qui s’aiment soient les plus heureux du monde le jour de leur union.

La porte se referma et Kai souffla un coup, ils étaient partis, ils étaient toujours aussi heureux, ils ne s’étaient rendus compte de rien et elle pouvait maintenant s’écrouler, elle pouvait maintenant relâcher cette pression et lâcher ce foutu sourire. Elle se servit alors un café avant de s’asseoir sur une chaise dos à la porte. Sans plus tarder une larme roula sur sa joue, elle ne pouvait plus jouer à faire semblant, le matin elle se battait pour sortir de son lit pour ne pas s’effondrer à tout instant et pour autant ce qui lui arrivait ce n’était pas la fin du monde c’était même le début de la vie. Oui mais voilà, Kai était incapable d’envisager l’avenir, elle ne voulait pas de cet enfant, elle ne voulait pas être comme ses parents, elle avait une montagne de peurs et personne avec qui les affronter, personne pour répondre à ses questions non plus. Elle ne pouvait pas élever un enfant alors qu’elle ne savait même pas qui elle était réellement. Vous allez dire, elle aurait pu avorter tout simplement, après tout, une femme qui ne veut pas d’enfant ce n’était pas totalement inimaginable mais, cet enfant avait une mère et un père. Fernando ne voulait pas qu’elle avorte, il voulait lui de cette enfant, il voulait planifier l’avenir, insérer l’imprévu, mettre Kai face à ce qui l’effrayait le plus au monde. C’est elle qui devait porter l’enfant mais, elle ne pouvait pas avorter sans qu’il soit là pour lui tenir la main.

Les larmes inondaient ses joues, son maquillage dégoulinait, elle savait que là, si un client débarquait, elle n’arriverait pas à cacher son état mais, elle ne pouvait plus rien faire. La porte s’ouvrit, la jolie rouquine sursauta et se tourna rapidement, séchant stupidement ses larmes. Aussitôt elle croisa le regard de Prisca, la jeune demoiselle qu’elle avait embauché, elle l’adorait, elle lui faisait confiance, elles riaient bien toutes les deux et c’était une vraie bosseuse, désireuse d’apprendre. D’ailleurs la jolie brune connaissait assez bien sa patronne à présent, elle avait deviné il y a plus de deux semaines déjà que les choses n’allaient pas –soit quand Kai avait hurlé le prénom de Blazhe dans son sommeil- même si Kai n’avait rien dit, Prisca restait suspicieuse et aux petits soins en même temps. Maintenant, la rousse n’avait plus qu’à tout lui avouer… et au fond, elle avait besoin de le faire.

«C'EST PAS TA FAUTE
SI C'EST LA TEMPÊTE
LA MARÉE HAUTE DANS TA TÊTE
ÇA TANGUE ET TU T'EN VEUX
AMARRÉE COMME TU PEUX. »

Les yeux embués, les marques de sommeil sur le visage, le réveil qui n'a pas sonné ... Je semble en retard. Je regarde l'heure et cela confirme mes suspicions. Je me lève à la hâte, prend une douche, je m'habille en vitesse, et il faudrait peut-être que je prévienne, Kai . Oui, surtout qu'en ce moment ça ne va pas fort, je l'ai senti même si elle ne dit rien. Il y a quelque chose, et je me demande si c'est à propos de Blazhe ? Je secoue la tête, pensant que cela n'est pas possible, elle a tout oublié. Et peut-être que c'est mieux comme ça, être dans le trouble, cacher quelque chose qui nous fera surement du mal, ça ne peut qu'être bien ? Je le sais, j'essaie de me persuader pour me donner encore du temps, le temps de lui dire, de lui avouer, d'amorcer la chute, la mienne aussi. J'appréhende, et puis comment va-t-elle réagir quand elle sera que je ne lui ai rien dit ?

Je regarde mon portable, essayant de renflouer tout ça, j'aperçois qu'en fait, je ne suis pas en retard, saleté de changement d'horaires, j'avais complètement oublié de changer ce satané réveil. Mon portable vibre et la personne au bout du fil est inévitablement mon père. Il n'y a que lui pour m'appeler de si bon matin. " Allo Prisca ?" Sa voix, se veut douce, j'ai l'impression qu'il a du mal à me dire quelque chose. " Oui, il y a un problème ?" Tout d'un coup, je panique, j'imagine dix mille choses dans ma tête, paranoïaque que je suis. " Bonjour, tout d'abord ... Je crois que Arrowmachin chose, ne te réussi pas à ce que je vois ... J'ai parlé avec Dylan dernièrement, et il m'a ENFIN expliqué pourquoi tu as eu cette idée complètement stupide de travailler dans une boutique matrimoniale." Je reste sans voix, il a pas pu. J'ai peur d'en dire trop alors je préfère être sur mes gardes, lui demander ce qu'il sait exactement. Après tout c'est peut-être juste du bluff, je sais très bien que mon père est désespéré par ma situation. " Je ne vois pas de quoi tu parles ... Qu'est-ce qu'il t'a dit exactement ? " Je l'entends soupirer et ajouter " Je pense qu'au contraire tu vois très bien de quoi je parle. Tu es partie là bas, parce que tu as retrouvé l'ancienne petite amie de Blazhe. Et Dylan m'a dit qu'elle était amnésique. Tu es complètement folle, qu'es-ce qui t'a pris ? Prisca, pour la dernière fois, oublie fait le deuil de ton frère, nous sommes là." J'essaie de rester calme, c'est déjà trop tard. " Putain. Tu comprends pas ! D'accord, j'aurais peut-être pas du partir d'un seul coup comme ça. Mais déjà de un, tu diras à Dylan que je l'emmerde, et que c'est bien beau de passer pour le mec qui fait semblant d'être inquiet. En attendant, c'est lui qui m'a déposé à l'aéroport, et qui m'a dit où elle habitait. De deux je regrettais, mais j'ai appris à aimer, et Kai compte sur moi, d'accord. Et je pense qu'elle a le droit de savoir. Mais de toute manière, tu t'en fou, toi la mort de Blazhe, ne t'a pas peiné, puisqu'il était déjà mort à tes yeux." Je raccroche, les larmes perlant mon visage. Je regarde l'heure, et ça ferrais surement pas de mal si j'arrivais plus tôt à la boutique.

Je dévale les escaliers, longe les trottoirs, et j'arrive enfin devant la boutique de Kai. " Je suis arrivé en avan..." Je la regarde, je m'avance vers elle, et j'aperçois qu'elle essaye d'essuyer ses larmes. " Kai ... qu'est-ce qui ne va pas ?" Je m'avance devant la porte et je retourne la pancarte qui indique que nous sommes ouvert. " Sil-te plait. "

Pitoyable, oui Kai se sentait vraiment pitoyable de pleurer ainsi, des milliers de gens avaient des problèmes bien pires que les siens et ils ne chialaient pas pour autant alors pourquoi elle n’était pas fichu d’essuyer ses larmes, de bosser et de laisser ses soucis de côté, pourquoi ne pouvait-elle pas agir comme un adulte responsable ? Ce qui était encore plus pitoyable, c’était de tenter d’essuyer ses larmes pour que Prisca ne remarque rien, il aurait fallu que la jeune femme soit aveugle pour ça, non mais, franchement elle s’était regardée deux minutes ? Elle avait l’air… d’une triple veuve. « Je suis arrivé en avan... ». Prisca ne termina pas sa phrase et s’approcha doucement de Kai « Kai ... qu'est-ce qui ne va pas ? » Kai bloqua alors ses larmes, se mordant les lèvres –fort très fort- pour ne pas redevenir une véritable fontaine de larme, qu’est-ce qui n’allait pas chez elle, elle aurait vraiment aimé le savoir, pourquoi porté la vie lui faisait autant de mal, pourquoi elle avait peur de tout, pourquoi elle ne vivait pas au présent, pourquoi… elle était à bout, tellement à bout qu’elle ne savait même plus vraiment quel était le fondement du problème, si c’était le bébé, son amnésie ou tout à fait autre chose.

La jolie brunette se dirigea vers la porte pour indiquer que le magasin était fermé, ce qui très honnêtement, était bien loin d’être une mauvaise idée. « S’il te plait. » Kai passa encore une fois la main sur ses joues pour essuyer les dernières larmes qui roulaient encore –tout en sachant pertinemment que d’autres allers faire leur apparition-. Elle regarda alors Prisca, ne sachant pas trop devait-elle lui en parler ou se taire, peut-être que la jeune femme n’avait pas vraiment besoin de l’entendre pleurer surtout que c’était sa patronne, oui enfin, Kai la considérait plus comme une amie que comme son employé et elle avait tellement besoin de parler à quelqu’un et Prisca était là pour elle alors pourquoi se taire, pourquoi s’entêter à ne rien dire ? Elle inspira un bon coup, avant de prendre la parole. « Je suis enceinte… » Kai se mit alors à pleurer de nouveau mais pour autant, elle continua de parler… en séchant ses larmes. « Et c’est ignoble parce que je vois pas comment élever un gamin sans que je me souvienne de ce que c’est qu’être une enfant. Je vois pas comment un gosse pourrait accepter d’avoir une mère amnésique alors que même Fernando n’y parviens pas… il ne supporte plus mes cauchemar… la dernière fois on s’est disputé parce que j’ai hurlé le prénom de Blazhe dans mon sommeil… j’aimerais vraiment pouvoir lui dire pourquoi ce prénom, qui s’était, mais, je n’en sais rien, il conduisait la voiture je n’en sais pas plus. ». Elle se stoppa, ne pouvant plus respirer les larmes étant plus fortes que sa volonté, pourquoi parler de l’amnésie, des disputes avec Fernando plutôt que du fait d’avoir un bébé ? Parce qu’une grande partie de son blocage était là finalement, elle n’avait jamais travaillé sur son amnésie, elle n’avait jamais fait sérieusement ses séances chez le psy et surtout elle n’avait jamais voulu se souvenir, elle avait tout fait pour que tout reste bien enfouis au fond d’elle et maintenant… elle payait les pots cassés. « J’ai jamais voulu me souvenir Prisca, jamais mais… là, je sais plus vraiment ce que je veux, j’ai l’impression que tout me pousse à vouloir me souvenir mais j’ai tellement peur… ». Peur de qui elle était avant, de ce qu’elle faisait avant, du genre de fille qu’elle était, elle avait peur d’avoir causé du tort, d’être du genre catin ou odieuse, elle avait peur de découvrir une partie d’elle-même.

«C'EST PAS TA FAUTE
SI C'EST LA TEMPÊTE
LA MARÉE HAUTE DANS TA TÊTE
ÇA TANGUE ET TU T'EN VEUX
AMARRÉE COMME TU PEUX. »

En fait je me rend compte que tout ce que j'ai fais depuis que je suis arrivée n'est simplement de l’égoïsme. La mort de Blazhe, m'a entraînée dans une dépression, j'étais épaulée mais je commence à croire que ce mal-être je l'ai voulu. J'ai repoussé mes parents, j'ai abandonné le conservatoire, et aujourd'hui je suis en train de mentir à quelqu'un qui n'a aucunement besoin de ça. Alors voyant Kai pleurer, je me sens coupable, même si son amnésie n'est pas de ma faute,même si en ce moment même elle pleure peut-être au sujet d'autre chose, je suis coupable de lui avoir rien dit, de faire semblant que nous n'avons pas cette personne en commun. Une personne qui comptait plus que n'importe qui, sur cette terre. Mais peut-être que tout est mieux ainsi ? Enfin c'est ce que je pensais au début, mais j'ai été bête. Je suis quand même venu ici, car je voulais des réponses ? Que ça me rongeais, j'en avais marre d'être dans l'ignorance, d'avoir la peur au ventre d'apprendre quelque chose qui m'anéantirait en plus. Et là, qu'est-ce que je fais ? Indirectement, j'entretiens le mal-être de Kai ...

Kai me regardait, et c'était surement pas le moment de fuir, d'éviter son regard et la peine dans ses yeux. « Je suis enceinte… » Je reste sans voix , d'ailleurs je ne sais pas trop quoi dire. Ses pleurs perlent à nouveau son visage. « Et c’est ignoble parce que je vois pas comment élever un gamin sans que je me souvienne de ce que c’est qu’être une enfant. Je vois pas comment un gosse pourrait accepter d’avoir une mère amnésique alors que même Fernando n’y parviens pas… il ne supporte plus mes cauchemar… la dernière fois on s’est disputé parce que j’ai hurlé le prénom de Blazhe dans mon sommeil… j’aimerais vraiment pouvoir lui dire pourquoi ce prénom, qui s’était, mais, je n’en sais rien, il conduisait la voiture je n’en sais pas plus. ». Je la vois suffoquer, n'arrivant plus à parler, et moi je reste stoïque. Cette situation, elle devait arriver c'était inévitable, et pourtant je ne m'y attendais pas. Je n'arrive même plus à lui faire face. « J’ai jamais voulu me souvenir Prisca, jamais mais… là, je sais plus vraiment ce que je veux, j’ai l’impression que tout me pousse à vouloir me souvenir mais j’ai tellement peur… ». J'entends toutes ses paroles, mais c'est comme si j'étais ailleurs, comme si je me disais que tout ce qui en train de se produire, n'est que dans ma tête, ou peut-être dans la sienne, que Kai n'est pas en train de me faire confiance... J'ai honte, et en même temps, je suis venue pour ça non ? Pour en savoir plus ? " Je ... je ne sais pas quoi te dire."

Je me retiens depuis tout à l'heure, je pense qu'en ne parlant pas, en faisant semblant qu'en fait, c'est pas son nom qu'elle a dit à l'instant, je ne vais pas craquer, et en fait si, je craque et c'est peut-être pas le moment alors que Kai, ne va pas bien. C'était pas à moi. " Je suis désolée ... et ... ces souvenirs, ils te feront surement mal, mais au fond, ils font parti de toi, alors même si tu doutes, il faut que tu saches ... " La blague, c'est moi qui lui dit ça ? " Kai ... je pense que tu te trompes sur moi. " Voilà j'essaie de lui dire qu'en fait je regrette, que Blazhe n'aurait surement pas pu trouver une fille aussi formidable qu'elle et que malgré tout je l'apprécie énormément.

La rouquine venait de se confier à Prisca, de lui ouvrir son cœur et de lui accorder sa confiance la plus totale, elle venait de lui livrer à elle et à elle seule tous les doutes qui l’envahissait, à quel point elle souffrait, à quel point elle était prise entre deux feux. Kai avait si mal, elle pleurait tellement qu’elle s’était pas rendue compte que Prisca semblait tout aussi choqué qu’elle d’entendre ces confidences, ce qu’elle disait semblait l’affecter personnellement, on ne pouvait pas en vouloir à la jolie rousse, elle n’était plus vraiment réceptive à ce qui l’entourait ces derniers temps, elle allait même jusqu’à nier ses envies, ses besoins. « Je ... je ne sais pas quoi te dire. ». Kai la regarda en tentant un sourire ce qui fut un sublime… échec. Franchement, elle comprenait que Prisca ne sache pas quoi dire, elle n’aurait pas su non plus à sa place, en venant ce matin elle ne s’attendait certainement à entendre tout ça, à devoir épauler une nana complètement paumé. Et puis bon, Prisca ne savait rien du passé de Kai, elle en pouvait pas répondre à ses questions ni l’aider alors c’est vrai que pouvait-elle dire ? C’était idiot, Kai ne savait pas bien à quoi elle s’attendait en parlant de ça avec la jeune femme, elle savait que ne pourrait pas lui dire qui était cet homme, ce qu’elle faisait dans cette voiture. Non c’est vrai, elle ne pouvait pas lui apporter tout ça, mais, quand même, ça lui avait fait un bien fou de s’ouvrir à elle, d’en parler à quelqu’un, même si elle ne savait pas quoi dire, elle était là, sans prendre parti.

Kai tenta de sécher ses larmes, elle allait à Prisca que ce n’était rien, qu’elle n’était pas obligée de dire quoique ce soit mais, la demoiselle parla avant elle. « Je suis désolée ... et ... ces souvenirs, ils te feront surement mal, mais au fond, ils font partie de toi, alors même si tu doutes, il faut que tu saches ... ». Il fallait qu’elle sache, Prisca avait sans aucun doute raison mais, était-elle seulement prête pour ça ? Était-elle prête à ouvrir les yeux sur ce qu’elle avait nié jusqu’à présent ? Et si elle décidait de se souvenir sans y parvenir pour autant ? Est-ce ne plus pouvoir se souvenir n’était pas plus douloureux que ne pas vouloir se souvenir ? Elle n’en savait rien, elle était perdue, elle avait peur et plus encore elle avait peur d’affronter cette étape seule. « Kai ... je pense que tu te trompes sur moi. ». Kai fronça les sourcils, sa tromper sur elle ? Comment ça ? Qu’est-ce que… oulah, elle ne comprenait rien et tout ce qu’elle espérait c’est qu’elle n’était pas une espionne envoyée par son père ou quoi… avec son esprit tordu fallait s’attendre à tout. « Comment ça ? Ne me dis pas que tu es de mèche avec mon père… ? ». Non parce que là, Kai allait vraiment aller plus loin que le fond, elle n’avait pas besoin d’une autre trahison.

«C'EST PAS TA FAUTE
SI C'EST LA TEMPÊTE
LA MARÉE HAUTE DANS TA TÊTE
ÇA TANGUE ET TU T'EN VEUX
AMARRÉE COMME TU PEUX. »

Je t'aimais mais ça n'a plus d'importance. Il est mort, et ce n'est pas comme si j'avais eu de l'importance. J'aurais pu en avoir, si je pouvais faire un pas en arrière, j'aurais fait en sorte qu'il ne parte pas, qu'il ne se sente pas comme un intrus à la maison . Si j'avais fait tout ceci, tout aurait été différent. Il n'aurait certainement pas rencontré Kai certes, mais elle aurait trouvé quelqu'un d'autre surement, et à la fin elle serait avec Fernando. Et merde, tout ceci est impossible. Je peux pas m'imaginer qu'es-ce qui aurait pu se passer si une ou plusieurs personnes avaient changé d'avis, de choix, de lieu et pourtant je peux pas m'empêcher de me dire que si tout ceci ne s'était pas produit Kai ne serait pas amnésique car elle ne l'aurait pas rencontré, Blazhe tout compte fait, il se serait quand même cassé mais je l'aurais retrouvé dans un coin paumé où peut-être dans une gigantesque ville avec building et tout le tintouin. J'aurais continuer le conservatoire, j'aurais une vie, ma vie. Et c'est peut-être ça mon problème. Depuis le début j'avance à reculons, j'essaie de comprendre ce qui ne l'est peut-être pas, j'essaie de cacher ce qu'il ne faut pas et je m'écarte de ce qui est surement plus bénéfique pour moi. Kai m'avait confié qu'elle était enceinte, ainsi qu'elle avait hurlé le nom de mon frère pendant son sommeil.C'est peut-être le moment de lui dire la vérité . D'ailleurs je lui dis maladroitement, qu'il faut qu'elle sache, qu'elle ne peut qu'avancer que comme cela. D'un autre côté, elle redoute les conséquences de certaines révélations, et pour les connaître moi-même, je suis anxieuse.

Je lui dis qu'elle se trompe sur moi, oui c'est tout à fait ça. Bien sur Kai devient perplexe, et je regrette déjà ce que je venais de dire. Elle n'avait pas besoin de ça ... « Comment ça ? Ne me dis pas que tu es de mèche avec mon père… ? » Je réponds négativement de la tête en rajoutant " Non ... sauf que ... je ne t'ai pas tout dit. Blazhe , ce Blazhe dont tu parles, c'est mon frère ..." Voilà j'avais lâché le morceaux, il parait qu'on se sent mieux quand on révèle quelque chose qui nous pesait. Je pense que c'est des conneries, car sur moi, à cet instant même je n'aurais pas pu me sentir aussi mal. " Je comprendrais que tu ne veux peut-être pas en savoir plus ... ou même que tu ne veuilles plus avoir affaire à moi, mais je voudrais juste te dire que j'avais plus peur qu'autre chose" Même si au premier abord, on pourrait penser à un simple jeu de manipulation.

Elle n’était pas celle qu’elle pensait, mais qu’est-ce que ça voulait dire ? En quoi Prisca pouvait être… quelqu’un d’autre, Kai n’y voyait déjà pas clair, mais, là, à cet instant c’était pire. La première chose à laquelle elle pensa, c’était son père, il était tout à fait capable d’envoyer quelqu’un pour la surveiller et la manipuler à quelconque fin, oui, il était capable d’agir de la sorte. Cependant, la jolie brunette tourna sa tête de gauche à droite, non ? Elle, n’était pas avec son père, elle n’avait rien à voir avec la politique du porc politique Bonistaw mais, peut-être qu’elle aurait préféré peut-être qu’elle aurait préféré hurler que d’entendre ce que Prisca avait à lui dire. « Non ... sauf que ... je ne t'ai pas tout dit. Blazhe, ce Blazhe dont tu parles, c'est mon frère ... ». Les yeux de Kai se firent ronds, sa tête ne cessait de pivoter négativement, comme si c’était possible, comme si elle pouvait réellement être la sœur de ce type, non, elle n’y croyait pas, elle ne pouvait y croire, c’était trop dur et pourtant, son corps tremblait et pourtant ses yeux se noyaient de larmes. Elle ne l’avait pas vu venir celle-là et maintenant ? Que devait-elle penser ? Comment devait-elle réagir ? Était-ce normal qu’elle ne ressente aucune colère ? Que ce pincement dans son cœur ne soit nullement de la haine ? Elle ne savait plus quoi penser, plus quoi dire, c’était dur d’y croire et pourtant, elle avait devant elle la clé de sa mémoire, sa plus grande peur et sa délivrance à la fois.

« Je comprendrais que tu ne veux peut-être pas en savoir plus ... ou même que tu ne veuilles plus avoir affaire à moi, mais je voudrais juste te dire que j'avais plus peur qu'autre chose ». Elle entendait mais est-ce qu’elle comprenait vraiment ? Non, elle était complètement perdue dans ses pensées, incapable de saisir les mots qui parvenaient à ses oreilles, la sœur de Blazhe… elle n’avait même pas un souvenir là, elle ne se souvenait même pas du fait qu’il avait une sœur… qui était-il pour elle bordel de merde ? Comptait-il tant que ça ? Et finalement…pourquoi Prisca était-elle là ? Kai avait presque l’impression qu’on lui avait amené un ange pour la guider, pour qu’elle accepte de se souvenir, c’était vraiment comme si tout était fait pour… qu’elle ouvre les yeux et qu’elle accepte son passé. « Je me souviens même pas de ça… je me souviens même pas du fait qu’il ait eu une sœur… c’était qui pour moi ? Et qu’est-ce que tu fais là… à Arrowsic ? Et… qu’est-ce qu’il est devenu ? ». Son cœur s’accélérait chaque question en entraînait une autre, sa tête était un véritable bouillon de questions. Elle pensait à tous et à tellement de choses et ce prénom passait en boucle dans sa tête, Blazhe, Blazhe, Blazhe… c’était affreux de ne pas savoir, de ne pas pouvoir mettre un visage sur ce nom, si ça se trouve, il vivait avec sa sœur, elle l’avait croisé sans jamais pouvoir l’identifier… à cette idée, les larmes roulèrent sur ses joues sans vraiment qu’elle sache réellement pourquoi.

«C'EST PAS TA FAUTE
SI C'EST LA TEMPÊTE
LA MARÉE HAUTE DANS TA TÊTE
ÇA TANGUE ET TU T'EN VEUX
AMARRÉE COMME TU PEUX. »

Sa réaction ne se fit pas attendre. Bien sur que Kai ne comprenais pas comment Blazhe pouvait être mon frère. Dit comme cela c'était fou.D'ailleurs Kai bougeait sa tête de gauche à droite; surement pour se rassurer, qu'elle se trompe. Je voyais qu'elle tremblait, ses yeux se remplissant de larmes et bien sur je m'en voulais. Aucun mot ne sortait sa bouche, alors je lui dis que je comprendrais si elle voulait que je parte, si elle ne voulait pas en savoir plus je ne m'y opposerai pas. Après tout, je lui devais bien cela. « Je me souviens même pas de ça… je me souviens même pas du fait qu’il ait eu une sœur… c’était qui pour moi ? Et qu’est-ce que tu fais là… à Arrowsic ? Et… qu’est-ce qu’il est devenu ? » Ça en faisait des questions. Je ne savais même pas par quoi commencer. Sa dernière question, j'hésitais, ce qu'il était devenu, la réponse, l'annonce, d'un seul coup, le rejet et puis se rendre compte qu'en fait il est mort, oui il est bien mort. Il n'y a pas que ça qui est douloureux, Kai est peut-être amnésique, mais je mettrais ma main à couper que Blazhe ne lui a surement jamais parler de moi. Amnésique ou pas, je n'existe pas. " Blazhe était ton petit ami ..." J'y pense, les photos ... Je les ai toujours sur moi, toutes sans exceptions. Ça peut paraître bizarre, d'autres les auraient mise dans un album, ou encore accrochées sur un mur, moi elle m'accompagnent partout. Elles sont là pour me dire pourquoi je suis là, elles me font mal mais en même temps elles me permettent de sourire parfois. Je sors la cinquantaine de photos et lui tends. " Pour Arrowsic ... je suis venue sur un coup de tête, je voulais te parler de Blazhe." Réponse pathétique ... enfin au fond je pense qu'elle a compris. Elle a dû comprendre que mon objectif principal n'était pas d'avoir un job dans une boutique matrimoniale, mais plus précisément dans sa boutique à elle, tout était calculé.

" Et ... il est mort dans l'accident que vous avez eu." J'essaie de respirer. C'est pas vraiment à moi de craquer. Sauf qu'annoncer sa mort, la dernière fois que je l'avais faite c'était à mes parents. Et ça c'était mal passé car j'avais l'impression qu'il l'avait oublié, et Kai ... malgré elle , elle a aussi oublié Blazhe. Au fond je suis énervée, j'ai l'impression qu'il n'y a que moi qui doit faire son deuil, qui doit vivre avec le fait que je ne le reverrai plus. Je dois accepter que ce qu'il lui est arrivé est injuste et c'est probablement le plus dur. " Je suis désolée ... " C'est tout ce que je peux rajouter, ce n'est rien, ça ne sert surement à rien. Mais à ce moment même, l'annonce que je venais de lui faire, m'a épuisée. Physiquement et psychologiquement.

La jolie rouquine n’en croyait pas ses oreilles, elle entendait mais son cerveau refusait d’accepter cette –potentielle – réalité. Prisca ne pouvait décemment pas être la sœur de Blazhe, ce mec qui la hantait chaque soir, qui était la source de tous ces cauchemars. « Blazhe était ton petit ami ... ». Son petit ami ? Oh mon dieu, elle était sortie avec cet homme et elle ne se souvenait de rien, ni de son visage, ni de leur relation et pourtant son ventre se retournait n elle comme si c’était une évidence, comme si soudainement elle ressentait un manque. La jolie brune sorti alors un tas de photo, Kai la regarda avec de grands yeux, c’était quoi ça ? La preuve de la réalité évidemment mais elle hésitait tellement à les prendre, à poser son regard là-dessus, à voir son visage, à lui. « Pour Arrowsic ... je suis venue sur un coup de tête, je voulais te parler de Blazhe. » Elle prit les photos sans oser poser son regard dessus, il fallait qu’elle respire, qu’elle reprenne ses esprits, Prisca avait tout fait pour venir à elle, pour qu’elle se souvienne, elle ne savait pas si elle devait la détester ou bien la remercier, si Prisca était celle qui allait panser ses blessures ou à l’inverse, les creuser. « Et ... il est mort dans l'accident que vous avez eu. ». Les yeux de Kai se firent ronds alors que Prisca commençait à craquer littéralement, ce n’était pas possible, la tête de Kai bougea de gauche à droite. « C’est pas possible… je… on…ils m’ont tous juré que… personne n’était mort dans l’accident… ». Elle n’arrivait pas à pleurer, elle était absurde, ne sachant guère qui croire.

« Je suis désolée ... ». Oh sans doute qu’elle l’était mal là, Kai ne l’écoutait pas, elle ferma simplement les yeux. Revoyant parfaitement les images de ses cauchemars, les images de l’accident. Cette dispute si violente, sa tentative pour prendre le volant, cet arbre et surtout, elle se souvenait des derniers mots qu’elle avait dits avant de sombrer « On va s’en sortir… ». Elle lui avait dit qu’ils allaient s’en sortir et il était mort… Elle voyait parfaitement son visage en détresser, elle se souvenait parfaitement du regard qu’il lui avait lancé, cette supplique sur ses lèvres qui ne voulaient pas sortir. Il lui avait serré la main avant que le coma ne l’attrape… elle se souvenait, elle se souvenait parfaitement de ce moment. Pas de l’accident mais, de la dernière fois qu’elle l’avait vu, la dernière fois qu’elle avait respiré à ses côtés, la dernière fois qu’ils s’étaient blessés.

Elle ouvrit les yeux, les larmes roulant sur ses joies, elle se mit alors à regarder les photos. Ça faisait tant d’années qu’elle avait brûlé toutes ses photos d’avant son accident, refusant de se souvenir, de voir qui elle était mais, là, elle était tellement bouleversée qu’elle allait totalement à l’encontre de ce qu’elle voulait. Des photos abîmées mais des photos qui reflétaient un certain bonheur et de toute évidence de l’amour, des photos comme elle pouvait très bien faire avec Fernando. « Pourquoi on se disputait lui et moi ? ». Peut-être qu’elle savait elle, pourquoi on se disputait dans cette voiture, si c’était fréquent. Kai avait maintenant besoin de savoir au moins ce bout de l’histoire, elle continuait à regarder les photos, il était visiblement plus âgé qu’elle, l’âge de Sander ou par là mais, elle semblait presque aussi amoureuse qu’elle ne l’était maintenant.

«C'EST PAS TA FAUTE
SI C'EST LA TEMPÊTE
LA MARÉE HAUTE DANS TA TÊTE
ÇA TANGUE ET TU T'EN VEUX
AMARRÉE COMME TU PEUX. »

Annoncer à Kai que Blazhe était mort n'était pas une chose facile, en fait j'y pense depuis le début. Comment je vais lui dire ? Pourquoi je suis ici, et un tas d'autres choses que j'aurais peut-être du lui dire il y a un moment. Mais cet instant je ne l'ai pas trouvé , peut-être parce que depuis longtemps j'avais l'impression que je vivais un tant soit peu. Certes je n'avais pas mes parents sur le dos, j'ai pas mal voyagé et pourtant c'était comme si le jour où j'ai franchi la porte du magasin de Kai, j'ai enfin pu respirer car j'avais l'impression que j'allais avoir des réponses, que quelqu'un me comprendrais et surtout que je pourrais parler de Blazhe. Sauf que tout ceci n'était qu'un songe, la peur au ventre et les recommandations de l'autre satané de Dylan qui m'avait dit de faire attention ont eu raison de moi. « C’est pas possible… je… on…ils m’ont tous juré que… personne n’était mort dans l’accident… » J'aurais bien aimé que ce qu'on lui avait juré puisse être la réalité. " Non, ils ont menti. " Je m'aperçois que j'aurais pu dire ça autrement, mais l'envie n'y était pas. J'passe par dix mille sentiment par seconde. La honte, la tristesse , l'énervement , un cocktail des trois en même temps. J'essaie d'imaginer les circonstances, ils ont menti car Kai est amnésique, mais ils lui ont promis quelque chose d'invraisemblable ... Amnésie ou non , Blazhe est mort, alors juste entendre que ces toubibs ont pu autant dire de conneries ça m'énerve. C'est peut-être pour ça que je suis réticente à prendre leurs conneries.

Encore une fois, je lui dis que je suis désolée. C'est tout ce que je puisse faire même si cela ne sert strictement à rien. Kai ferme les yeux et je ne réponds rien. Elle ouvrit ses paupières, laissant couler des larmes. Larmes que je n'avais même pas aperçu lorsque j'avais appris sa mort. C'est bizarre non ? Ne pas pleurer lorsqu'on sait qu'on ne verra plus jamais un être cher ? Elle regardait les photos, ces photos que je commençais à connaitre pratiquement par coeur à force de les observer. « Pourquoi on se disputait lui et moi ? » Bonne question, j'ai bien envie de dire Mais qui ne se disputait pas avec Blazhe ? Mais je vais m'abstenir. Je réponds furtivement " Je ne sais pas. " Comme si je n'avais pas vraiment envie d'en parler, alors qu'on pouvait s'apercevoir que c'était totalement le contraire. " Je ne te connais pas, je ne le connais pas non plus. " Je pense que c'est la phrase qui manque le plus de sens, que j'ai du sortir depuis que je suis née. Je m'éloigne de Kai comme si cette conversation était finie, faisant semblant de reprendre mes tâches à accomplir. Et puis, incompréhensible je rajoute " Vous deviez surement vous disputer à cause des affaires louches de Blazhe , il ... il était toujours là où il ne fallait pas, c'est pour ça qu'il est parti de chez nous ... et c'est pour ça que ta question je n'y réponds qu'à moitié. "

« Non, ils ont menti [/color]» Depuis des années, elle avait cru en un mensonge, un affreux mensonge, tout le monde lui avait menti, la police, les médecins, ses parents – d’ailleurs elle ne doutait pas qu’une fois de plus c’était son connard de politique friqué de père qui était derrière tout ça-. Depuis des années, elle croyait que personne n’était mort dans cet accident et c’était bien la seule chose qui avait pu la réconforter quand elle était sorti du coma, c’est vrai. Mais c’était plus douloureux d’apprendre la vérité maintenant, elle aurait voulu savoir à l’époque, elle se serait relevé autrement, les choses auraient pu être radicalement opposés, peut-être aurait-elle voulu se souvenir de Blazhe pour ne pas salir sa mémoire ? Qu’en savaient-ils ? De quel droit lui avaient-ils mentis ? « Je les déteste, je le déteste… » Elle avait dit ces mots là plus pour elle que pour la jeune femme à ses côtés, elle détestait ses parents, elle détestait surtout son père.

Perdu dans les souvenirs de cet homme qu’elle avait aimé, les larmes roulaient sur les joues. C’était dur d’affronter tous les sentiments contradictoires auxquels elle devait faire face, elle était complètement perdue. Regardant les photos de leurs moments passés, elle ne pouvait s’empêcher de trembler devant ce bonheur qu’elle ne se souvenait pas avoir vécu, c’était la première fois que l’amnésie lui semblait si affreuse, si douloureux. Et quand elle demanda à Prisca pourquoi elle se disputait avec Blazhe tout ce qu’elle put lui répondre c’était « Je ne sais pas. ». La rouquine regarda simplement Prisca sans rien ajouté, forcément qu’elle ne savait pas et puis elle n’avait peut-être pas envie de savoir, peut-être que ce n’était l’une des questions qui la perturbait. « Je ne te connais pas, je ne le connais pas non plus. » Comment ça ? C’était son frère elle le connaissait forcément… que voulait-elle dire ? «Qu’est-ce que tu veux dire ? ». En terminant sa phrase Kai regarda la jolie brunette s’éloigner comme si tout allait s’arrêter là, comme si elle allait vaquer à ses occupations et fin.

Kai allait se lever pour retourner vers elle mais, la jeune femme reprit la parole. « Vous deviez surement vous disputer à cause des affaires louches de Blazhe , il ... il était toujours là où il ne fallait pas, c'est pour ça qu'il est parti de chez nous ... et c'est pour ça que ta question je n'y réponds qu'à moitié. ». Kai se leva alors, des affaires louches… des affaires louches… c’était tellement vague et pourtant sans comprendre, sans se contrôler, elle sortit simplement « La drogue, à cause de la drogue… ». Elle inspira un grand coup ne réalisant pas tout de suite ce qu’elle venait de dire. Comment avait-elle fait pour dire ça ? C’était comme si c’était évident, comme si sans se souvenir, ce problème était resté gravé en elle, comme une douloureuse souffrance. «Pourquoi tu es là Prisca ? ». La voix de Kai était douce, bien loin de la colère, certes, tremblante à cause de ses larmes mais il était évident qu’elle n’en voulait pas à la brunette. « Je veux dire, qu’est-ce que tu cherches exactement ? Tu as mis toute ta vie de côté pour me retrouver, pour me parler de Blazhe et même en sachant que j’étais amnésique tu t’es accrochée à un espoir qui m’est inconnu… ».

«C'EST PAS TA FAUTE
SI C'EST LA TEMPÊTE
LA MARÉE HAUTE DANS TA TÊTE
ÇA TANGUE ET TU T'EN VEUX
AMARRÉE COMME TU PEUX. »

« Je les déteste, je le déteste… » C’est exactement ce que je pensais quand j’avais annoncer la mort de Blazhe à mes parents. Je le savais pertinemment cela leur faisait mal, perdre un fils ne peut qu’être douloureux, tensions ou non . Sauf que l’impression qu’ils s’en foutaient était là, alors je les détestaient de ne pas plus l’adorer. S’il l’aurait fallu j’aurais bien voulu être le vilain petit canard, l’incomprise, ou tout ce que vous voulez , juste pour qu’ils comprennent que faire les fiers, ne sert strictement à rien . Égoïstement j’aurais voulu qu’ils s’écroulent, qu’ils ne retiennent pas leurs larmes, peut-être même qu’ils en soient malades. Ouais, ils se disent que j’exagère, que cette pseudo admiration est juste exagérée, que j’en fais trop etc, moi au contraire je pense qu’ils n’en ont pas fait assez, et peut-être qu’a cette heure là, Blazhe serait en vie . C’est horrible de dire cela, mes parents ne sont pas des assassins, encore moins des tyrans qui auraient conduit leur fils à s’barrer et tout ce qui s’en suit. Le problème c’est que je ne peux m’en empêcher. Il faut que ce soit la faute de quelqu’un alors c’est de la leur, tout simplement car Blazhe ne peut pas avoir tord, il a juste subit point. Je le sais ce que je me dis dans ma tête est surement de la folie mais j’le pense, alors même si ces paroles ne m’étaient pas adressées, je les comprends.

Kai me demande pourquoi elle et Blazhe se disputaient. Je lui réponds que je n’en sais rien. En fait j’avance, j’avance , et puis je veux reculer car j’ai peur. Alors ne rien savoir c’est mieux, beaucoup mieux. Je rajoute que je ne la connais pas, que lui non plus. Totalement délirant étant donné que Blazhe est mon frère . Je m’éloigne comme si cette conversation était finie, que je voulais passer à autre chose. «Qu’est-ce que tu veux dire ? ». Bonne question, qu’est-ce que je voulais dire au juste ? « Je veux dire que je ne peux tout simplement pas me rappeler de choses dont je n’ai pas assisté, et encore mois d’une personne qui faisait comme si je n’existais pas … » Ahaha, je pense que je lui en voudrais toute ma vie. En passant ce que je venais de répondre ne servait strictement à rien car Kai était amnésique, alors à quoi bon ? ll fallait juste que ça sorte. Je comprends que Blazhe je le connais, plus qu’il ne le voulait surement, alors j’en déduis que c’est à cause de ses conneries . Et voyant le visage de Kai, je pense ne pas avoir tort. « La drogue, à cause de la drogue… ». Très très probable. «Tu te rappelles de quelque chose ? »Oui parce que si elle sort ça d’un coup, c’est que quelque chose lui revient ? Enfin j’espère surement trop. «Pourquoi tu es là Prisca ? ». Il n’y avait aucune colère dans sa voix, ce qui était rassurant car j’appréciais Kai et la perdre serait inévitablement douloureux. J'allais répondre quand Kai rajouta « Je veux dire, qu’est-ce que tu cherches exactement ? Tu as mis toute ta vie de côté pour me retrouver, pour me parler de Blazhe et même en sachant que j’étais amnésique tu t’es accrochée à un espoir qui m’est inconnu… » Je baisse la tête, mes yeux s'embuent à nouveau. J'ose à peine la regarder. " J'ai ... j'ai ... j'attendais pas de réponses. Je veux dire ... tu es amnésique alors ça aurait été compliqué, sauf que je ne savais même pas qu'il était mort. Pour moi il avait disparu, et ... depuis j'ai du mal." j'inspire, j'expire , je reprends. " En fait depuis qu'il est mort, je ne me reconnais plus. Et quand j'ai appris que tu étais sa petite amie, je sais pas ... j'ai eu un espoir car j'ai l'impression qu'il n'y a que moi qui pense à son souvenir , à lui... "

« Je veux dire que je ne peux tout simplement pas me rappeler de choses dont je n’ai pas assisté, et encore moins d’une personne qui faisait comme si je n’existais pas … ». La rouquine n’eut aucun mal à comprendre qu’entre Prisca et son frère, ça n’avait pas été facile tout en étant persuadée que la jeune fille, elle l’aimait plus que tout. Le problème, c’était lui, c’était lui qui la rejeté, qui ne voulait pas la voir –du moins c’était que Kai entendait dans les paroles de la brunette- et c’était sans doute pour ça qu’elle ne se souvenait pas de la douce, que ni son nom ni son regard bleu azur n’éveillaient quelque chose en elle. « Je ne t’ai jamais rencontré n’est-ce pas ? Je veux dire avant mon accident, on ne sait jamais vu ? Et il y a peu de chances pour que ton frère m’ait parlé de toi, c’est bien ça ? ». Quelque part, elle trouvait ça horrible, peut-être qu’elle aurait aimé la connaître avant, enfin de toute façon c’était compliqué, le moindre sentiment devenait compliqué.

La rouquine cherchait à savoir pourquoi elle se disputait avec Blazhe, pourquoi ils avaient eu cet accident et finalement, la réponse était venue d’elle-même, finalement, les mots, la raison était sortie sans qu’elle ne puisse rien y faire. «« Tu te rappelles de quelque chose ? » Kai inspira un grand coup, non, elle ne se souvenait pas, elle ne pouvait pas se souvenir… elle n’était sûre de rien. « Je… non. Ce ne sont pas des souvenirs. » Et pourtant elle avait l’impression d’entendre la voix de Blazhe raisonner dans sa tête, de ne pas se souvenir des moments mais des mots, des mots blessants. « Il ne voulait pas que je m’emmêle et j’acceptais je crois… mais, ce jour-là, j’avais trop peur pour lui… ». Les larmes roulèrent de ses yeux le souvenir de l’accident –son seul vrai souvenir- ne cessait de devenir plus précis, elle se rappelait s’être inquiétée pour lui, lui avoir reproché de s’être mis dans des sales draps. Du petit dealer de quartier il était passé au gros revendeur, il s’était attiré pas mal d’ennemis et d’ennuis. Et… elle lui avait demandé d’arrêté, tant qu’il était encore temps, elle lui avait demandé d’arrêter pour lui et s’il ne le voulait pas de le faire pour elle. C’était de sa faute s’il s’était énervé, s’était de sa faute s’il avait eu cet accident, elle avait voulu le protéger et il était mort.

Kai s’intéressa alors à Prisca, ce qui l’avait motivé à venir jusqu’à elle, ce qu’elle attendait, ses espoirs. Les yeux de la jolie brune ne tardèrent pas à se remplir de larmes, elle osait à peine regarder la rouquine, ce qu’elle pouvait comprendre. «« J'ai ... j'ai ... j'attendais pas de réponses. Je veux dire ... tu es amnésique alors ça aurait été compliqué, sauf que je ne savais même pas qu'il était mort. Pour moi il avait disparu, et ... depuis j'ai du mal. ». Elle s’arrêta un instant pour reprendre sa respiration. «« En fait depuis qu'il est mort, je ne me reconnais plus. Et quand j'ai appris que tu étais sa petite amie, je sais pas ... j'ai eu un espoir car j'ai l'impression qu'il n'y a que moi qui pense à son souvenir , à lui... ». Kai s’approcha de Prisca doucement, pour déposer ses mains rassurantes sur les frêles épaules de la demoiselle. « On se souviendra à deux t’en fait pas, parce que même si j’ai oublié ce que j’ai vécu avec lui, si j’avais oublié jusqu’à son prénom, il n’est jamais sorti de ma vie, à sa manière il était et il est là chaque soir pour me rappeler que notre passé a existé. ». Kai croyait en une vie après la mort et pour elle, s’il était mort, Blazhe était nécessairement présent lors de chacun de ses cauchemars –pas pour lui faire du mal toutefois-. « Mais, je ne veux pas me retrouver seule face à ces souvenirs… ». C’était sa manière à elle de lui demander d’être là, de ne pas se sauver, de rester surtout maintenant que les cartes étaient dévoilées entre elles. Elle ne pouvait compter que sur Prisca, elle avait besoin d’elle, vraiment.

«C'EST PAS TA FAUTE
SI C'EST LA TEMPÊTE
LA MARÉE HAUTE DANS TA TÊTE
ÇA TANGUE ET TU T'EN VEUX
AMARRÉE COMME TU PEUX. »

J’avais insinué que Blazhe en avait rien à faire de moi, ça j’en étais sure. Après tout, il a vite décidé de tout nous cacher, de vivre un peu sa vie en solo. Mais la seule chose dont je ne pouvais douter, c’était son indifférence. Indifférence que j’ai eu du mal à comprendre. Je l’ai toujours défendu, malgré que mes parents n’avaient plus confiance en lui, que notre père disait même avoir honte de lui et même quand il m’utilisait comme exemple, car à leur yeux j’étais la fille modèle, je disais que non. Que Blazhe était aussi bien que moi, même mille fois mieux. Admiration que personne ne comprenait même pas nos propres parents, c’est pour dire. « Je ne t’ai jamais rencontré n’est-ce pas ? Je veux dire avant mon accident, on ne sait jamais vu ? Et il y a peu de chances pour que ton frère m’ait parlé de toi, c’est bien ça ? » Mots si vrais, mais que j’ai encore du mal à accepter. Pris’ c’est un fait. Je ne connais pas Kai, parce que je ne faisais pas partie de sa vie, point. « Non, on ne s’est jamais rencontré … et il n’y a pas peu de chances de mon frère t’ai parlé de moi, mais plutôt aucune … » Ouais aucune, strictement rien, comme si je n’existais pas.

J’étais venue dans l’espoir de trouver des réponses, pensant peut-être que je passerai enfin à autre chose. Kai avait eu l’air de compter pour Blazhe, et malgré qu’elle soit devenue amnésique je pensais toujours qu’il ne pouvait surement avoir qu’elle pour peut-être répondre à certaines interrogations. Kai suggéra que l’accident était dû à une affaire de drogue. Et ça tenait la route, j’étais surprise car cela voulait dire qu’elle se rappelait de quelques brides ? Et puis elle m’avait bien dit qu’elle faisait des rêves de l’accident ? « Je… non. Ce ne sont pas des souvenirs. » – « Il ne voulait pas que je m’emmêle et j’acceptais je crois… mais, ce jour-là, j’avais trop peur pour lui… » Je ne sais pas trop quoi dire, si ce ne sont pas des souvenirs, qu’est-ce que c’est ? Apercevant les larmes perlés ses joues, je me dis que c’est bien plus qu’une supposition ou juste qu’un simple souvenir qu’elle aurait pu déduire avec logique. Elle l’a vécu, et cette peur je l’a connais, cette peur ce jour là qui me disait de tout faire pour le retenir, lui dire d’arrêter de penser qu’il était totalement seul, que tout ceci allait se finir mal. Pour autant je ne l’ai pas retenu, je n’aurais peut-être pas pu mais ce n’est peut-être pas mieux de penser que je ne suis qu’une incapable. Je regardais Kai, et la voir dans cet état n’arrangeait pas vraiment le mien. « Je crois savoir à quoi tu penses … et si ça c’est passé comme ça, ce n’est pas de ta faute … » Oui parce que, j’avais l’impression qu’elle se sentait coupable, peut-être parce qu’elle avait essayé de l’en empêcher que tout ceci l’avait énervé, ce qui est Blazhe tout craché …

Et puis Kai me demandait ce que je faisais vraiment ici ? Cette question, je la préparais depuis que j’étais arrivée, au cas où, et aussi la jour où je serais prête à lui raconter. J’en ai imaginé, des centaines et des centaines. Et puis à l’évidence, une seule marchait. Ce que je ressentais vraiment, le sentiment d’être incomprise, d’être bizarre, d’être malade comme ces médecins le disent si bien, et puis l’espoir trop grand, trop beau de voir Blazhe dans une partie de Kai, le fait de prouver que cette admiration elle n’est pas là par hasard. Je balance tout, et j’ai même du mal à parler, j’ai les yeux aveuglés par les larmes et Kai qui dépose ses mains sur mes épaules. « On se souviendra à deux t’en fait pas, parce que même si j’ai oublié ce que j’ai vécu avec lui, si j’avais oublié jusqu’à son prénom, il n’est jamais sorti de ma vie, à sa manière il était et il est là chaque soir pour me rappeler que notre passé a existé. » Ses paroles sont rassurantes, et je sais qu’elles sont sincères. Elles sont beaucoup mieux que toutes les pilules qui puissent exister au monde. Je savais très bien que c’était de cela que j’avais besoin. « Mais, je ne veux pas me retrouver seule face à ces souvenirs… ». J’esquisse un sourire, car j’avais compris que la dernière chose que Kai voulait c’était que je parte. « Je … merci Kai, je t’avoue que j’ai honte de ne t’avoir rien dit … et puis tes cauchemars, la confiance que tu m’as donné, et ton bébé … enfin je ne te laisserai pas seule. »

« Non, on ne s’est jamais rencontré … et il n’y a pas peu de chances de mon frère t’ai parlé de moi, mais plutôt aucune … » Avec quel monstre était-elle sorti ? Prisca avait l’air d’aimer son frère de tout son cœur et lui, il n’avait même pas daigné lui parler d’elle, quel grand-frère aimant et exemplaire, franchement ! « Vous ne vous entendiez pas ? » Ça semblait plutôt évident mais en réalité, Kai voulait surtout en savoir plus, comprendre leur relation.

Plus elle parlait avec Prisca, plus les souvenirs revenaient, parce qu’elle acceptait de les affronter aussi en partie. L’accident se déroulait de manière constante dans sa tête, ce qui n’était que des images floues il y a quelques années n’avait jamais été aussi précis. Les mots qu’ils s’étaient dit lui revenaient, les gestes qu’elle avait fait, l’impact. « Je crois savoir à quoi tu penses … et si ça c’est passé comme ça, ce n’est pas de ta faute … ». Kai pleurait davantage, peut-être que si c’était de sa faute, peut-être que si elle était restée à sa place le frère de Prisca ne serait pas mort, peut-être qu’elle ne serait pas amnésique et que… tout aurait pu être différent i elle avait réfléchit un instant. Comment pouvait-on savoir, à quinze ans, qu’un acte, un seul, pouvait changer notre vie à jamais. « Il trempait de plus en plus dans des grosses affaires de drogues… et ce soir-là, il devait régler ses comptes avec quelques types pas commodes… je voulais pas le laisser faire… j’ai voulu prendre le volant mais, il m’a repoussé et là…tu connais la suite. Je n’aurais jamais dû toucher au volant… ». Bien évidemment qu’elle se sentait responsable, surtout face à la jolie brune, elle l’avait privé d’un frère, après tout, rien ne prouvait qu’il ne serait pas sorti vivant de ses sales histoires ce soir-là, elle n’avait pas le droit d’intervenir mais, elle l’avait fait…

Malgré ses remords, Kai s’intéressa à Prisca, parce qu’elle en avait des choses pour en arriver jusqu’à elle, pour aborder ce sujet… elle avait besoin de quelqu’un qui ne la prenne pas pour une folle, de quelqu’un qui puisse comprendre sa douleur et faire renaitre le souvenir de Blazhe. Kai ne pouvait que comprendre, après tout, elle en aurait sans doute fait autant et puis Prisca avait eu raison, elles étaient au moins deux à l’avoir aimé assez pour se souvenir de lui, Kai devait – et peut-être qu’elle le voulait un peu plus qu’avant- se souvenir de lui, cesser de se voiler la face. Oui, Blazhe avait toujours fait partie de sa vie, peu importe ses efforts pour l’en évincer maintenant, elle se devait d’accepter les choses, de prendre connaissance de son passé… mais, elle ne voulait pas le faire seule, elle avait besoin de Prisca, elle avait besoin de son soutient, de son avis. « Je … merci Kai, je t’avoue que j’ai honte de ne t’avoir rien dit … et puis tes cauchemars, la confiance que tu m’as donné, et ton bébé … enfin je ne te laisserai pas seule. » La rouquine serra simplement son amie dans ses bras, elle avait qu’elle pouvait compter sur elle, et bizarrement, elle ne tenait pas compte de son mensonge… peut-être parce qu’elle avait l’habitude que tout le monde lui mente mais peut-être aussi et sûrement parce qu’elle comprenait l’action de la jolie brune.

«C'EST PAS TA FAUTE
SI C'EST LA TEMPÊTE
LA MARÉE HAUTE DANS TA TÊTE
ÇA TANGUE ET TU T'EN VEUX
AMARRÉE COMME TU PEUX. »

« Vous ne vous entendiez pas ? » Oui on ne s’entendait pas, c’était simple je pouvais répondre que non et point, Kai aurait compris. Sauf que c’était un petit plus subtil que ça. J’allais quand même pas lui dire : ‘’ Oh tu sais Kai, ce n’est pas qu’on ne s’entendait pas. Moi j’étais plutôt du genre à penser que malgré ce que mon frère faisait, je ne l’aurais jamais échangé pour rien au monde. Par contre de son côté, il se serait surement passé de moi … ‘’ Non je ne pouvais définitivement pas dire ça. Je ne pouvais pas lui dire aussi que c’était peut-être de ma faute qu’on ne s’entendait pas. Après tout, il l’avait dit implicitement que la fierté qu’émanaient nos parents à mon égard, l’étouffait. Alors je réponds tout simplement « Pas trop non … Enfin de mon côté ça allait. C’était plutôt lui … qui avait du mal. »

Kai me racontait ce qu’il s’était passé. L’accident. Les souvenirs qui remontaient à la surface. Je m’inquiétais, parce que ça ne devait pas être facile pour elle. Alors quand elle suppose que c’est de sa faute. Je lui dis que non, car même si tout ceci était prévisible, elle n’aurait pas pu l’arrêter. Mes parents n’avaient pas pu. Moi-même je n’avais pas réussi et Kai non plus. Les pleurs de Kai redoublaient et je lui prends les mains pour la rassurer. Essayant de lui montrer que tout ceci n’est aucunement de sa faute. « Il trempait de plus en plus dans des grosses affaires de drogues… et ce soir-là, il devait régler ses comptes avec quelques types pas commodes… je ne voulais pas le laisser faire… j’ai voulu prendre le volant mais, il m’a repoussé et là…tu connais la suite. Je n’aurais jamais dû toucher au volant… ». Deux ans plus tôt, je sais exactement ce que j’aurais pu dire à Kai. Pourquoi avait-elle fait cela ? Pourquoi elle avait eu l’audace de toucher au volant ? Pourquoi elle ne c’était pas mêlé de ces affaires ? Toutes ces interrogations qui signifiaient que je me voilais la face. Toutes les choses imparfaites que faisait Blazhe ne l’étaient plus, les reproches de mes parents n’étaient pas fondés et si par un quelconque hasard il avait absolument tort, et bien je pensais que c’était subjectif point. Là je me rends compte que Kai l’aimait, elle avait autant peur de le perdre que moi ou mes parents. Je souris même intérieurement en pensant qu’il l’aimait et je n’aurais pas vraiment cru ça de Blazhe.

J’avais répondu à Kai, j’avais peur. J’avais eu peur qu’on l’oublie car même si Blazhe était le genre de mec cool, je sentais que parfois le sentiment d’être seul, incompris devait se sentir. Et l’arrivée de Kai dans sa vie ? J’espérais qu’elle me dise le contraire, qu’à ses côtés il se sente enfin lui. Je présume qu’il ne lui a jamais dit. C’est peut-être sure. Mais Blazhe je le connais, ça se voit qu’il tenait à elle. Et le fait de savoir qu’il n’y a pas qu’à moi qu’il manquait c’était presque comme une victoire. Alors inévitablement je me sens honteuse de n’avoir rien dit à Kai, de lui avoir tout caché. La jolie rouquine me prends dans ses bras et je pense être chanceuse de l’avoir pour amie. « Merci , d’être là. »

« Pas trop non … Enfin de mon côté ça allait. C’était plutôt lui … qui avait du mal. » Ça c’était surprenant, qu’est-ce qu’il pouvait lui reprocher ? Certes, parfois le plus âgé d’une famille avait du mal avec le plus petit mais, tout de même, de là à dire que ça n’allait pas ? Elle semblait sûre d’elle, ce n’était pas pour des petites histoires enfantines que Blazhe ne l’appréciait pas. « Qu’est-ce qu’il te reprochait ? » Oui Kai était curieuse mais il fallait bien l’admettre il y avait de quoi.

Kai lui expliqua alors ce dont elle se souvenait, ce qu’elle avait fait, elle se sentait responsable de la mort de Blazhe, elle n’aurait jamais dû toucher au volant, tenter de l’arrêter. Il serait mort dans sa connerie de drogue, c’est ce que sa petite voix dans sa tête lui criait mais elle refusait l’entendre, d’y croire, il fallait qu’elle l’accepte, qu’elle l’admette, elle avait une part de responsabilité dans la mort de Blazhe. Cependant, Prisca ne semblait pas lui en tenir rigueur, ni même la juger come responsable de la mort de son frère et quelque part ça réchauffait le cœur de la rouquine, si Prisca lui en avait voulu, si elle lui avait hurlé que tout était de sa faute nulle doute que Kai n’aurait pas su s’en remettre.

Se promettant en quelque sorte d’être toujours là l’une pour l’autre, de se souvenir de Blazhe ensemble, de ne pas le laisser dans les méandres de l’oubli. Kai prit la jeune femme dans ses bras, elle était heureuse de l’avoir en tant qu’amie, heureuse de savoir la vérité même si ce n’était pas facile, à admettre, à accepter, elle était heureuse de connaître Prisca et puis grâce à elle, elle avait un peu moins cette sensation d’être seule face à son passé. « Merci, d’être là. ». Elle offrit un joli sourire à la demoiselle, un sourire comme elle n’avait pas fait depuis un petit moment et qui était pourtant si naturel chez elle habituellement. « Merci à toi tu veux dire… » Elle la prit à nouveau dans ses bras, c’est vrai c’est à elle qu’elle devait dire merci, pour lui avoir dit la vérité premièrement –peu importe qu’elle lui ait caché la vérité avant, c’était compréhensible-, merci de ne pas lui tenir rigueur du passé, merci d’être là avec elle, d’être son amie, de la soutenir, merci de lui avoir montré ses photos, de l’avoir aidé à connaître une bout –aussi infime soit-il- de son passé.

Kai se plongea dans les magnifiques prunelles bleues de la jolie Prisca « Je peux garder cette photo ? ». Elle n’allait pas prendre les photos comme ça, c’était celle de Prisca, c’était les souvenirs de son frère, c’était quelque chose de précieux. Cependant, elle aurait aimé garder une photo, peu importe laquelle, elle avait pris la première qui venait. Elle se disait simplement que peut-être en regardant cette photo, en ayant aussi souvent que possible le visage de Blazhe sous les yeux elle pourrait se souvenir plus facilement… après tout qui ne tente à rien… ne sait rien.

«C'EST PAS TA FAUTE
SI C'EST LA TEMPÊTE
LA MARÉE HAUTE DANS TA TÊTE
ÇA TANGUE ET TU T'EN VEUX
AMARRÉE COMME TU PEUX. »

« Qu’est-ce qu’il te reprochait ? » Bonne question, pourtant pour moi elle n’avait pas lieu d’être. J’avais tout fait pour qu’il m’apprécie un minimum, qu’il ne me considère pas comme la petite sœur qui ne comprend rien à rien et non par mon âge mais parce que selon lui, nous n’étions pas du même monde. Sympa quand toi, naïve, tu n’imagines pas un monde sans ton grand frère. Et ça s’est produit. Regardez où j’en suis. Mentir sur mon identité, ingurgiter des pilules à longueur de journée. Je lui en veux. « Ce qu’il me reprochait ? Surement d’être moi, je suppose. » c’est ce que j’aurais pu répondre, simple précis, blessant. « Je … pense qu’il souffrait de l’image ‘’d’enfant modèle’’ que j’avais auprès de nos parents, ce qui n’était pas son cas … » J’en ai pas mal souffert de cette image d’ailleurs. Je n’avais pas mérité de la détestée cette image d’enfant juste aimé pour ce qu’il est. Je trouvais ça affreusement injuste. Blazhe était égoïste. « J’ai jamais voulu cela … et maintenant aujourd’hui, je ne leur parle plus, à cause de lui. Je veux dire mes parents … Je leur tiens responsables de sa mort, parce que … mon père lui a dit de partir, qu’il leur faisait honte » Je m’arrête, ni larmes, ni quoi que ce soit qui s’y rapproche. Plutôt de la rage, quelque chose que je n’arrive pas trop à maîtriser quand je repense à tout ceci.

Kai pensait qu’elle était responsable de sa mort, ce qui était totalement faux. C’est triste à dire, à penser. Comme si le destin de Blazhe était inévitable, comme si de toute manière, c’était ce soir et si ça n’avait été celui-là, il est logique que ça aurait été un autre soir. Mais Kai était là, elle me l’avait dit , son souvenir , son manque , je ne serais pas la seule à le ressentir. J’ai l’impression qu’une page se tourne. Il est naturel qu’il me manquera toujours, toujours autant. Cependant j’aurais Kai à mes côtés, je serais là pour elle et inversement. Alors je lui dis merci, d’être là. D’être présente quand personne n’a pu l’être car j’étais complètement perdue. Merci de me faire penser que je n’ai pas fait ça pour rien, qu’il le méritait d’être aimé, car malgré tout il était incroyable. Elle me prends dans ses bras, et revoir son sourire me ferait presque tout oublier. « Merci à toi tu veux dire… » ça j’en suis pas vraiment sûre. C’est gentil de sa part de le penser.

« Je peux garder cette photo ? » Je fixe la jolie rouquine, en souriant. D’ailleurs Blazhe sourit aussi, sur la photo. Ce n’est pas vraiment son type de sourire pour un rien. Je me dis quand même qu’il adorait sourire, j’imagine, sauf que ça n’allait pas avec l’attitude qu’il voulait donner de lui. « Evidement que tu peux la garder. » Au hasard, elle avait surement pris, celle qui le représentait le plus. Même si au fond, le hasard, j’y croyais pas une seconde.

« Je … pense qu’il souffrait de l’image ‘’d’enfant modèle’’ que j’avais auprès de nos parents, ce qui n’était pas son cas … ». De la jalousie, c’était fréquent la jalousie entre frères et sœurs mais, il n’avait jamais su passer au-dessus ? « J’ai jamais voulu cela … et maintenant aujourd’hui, je ne leur parle plus, à cause de lui. Je veux dire mes parents … Je leur tiens responsables de sa mort, parce que … mon père lui a dit de partir, qu’il leur faisait honte ». Ah oui forcément, mais, ils n’avaient pas prévu ça, peut-être avaient-ils dit ça sur le coup de la colère ? Mouais, enfin bon elle n’allait pas juger, question parents elle avait aussi quelques soucis. « Je peux comprendre… ». Ouais c’est vrai, elle comprenait, elle en voulait à ses parents d’avoir fait partir Sander, c’était de leur faute s’il était à l’armée.

Les deux amies s’enlacèrent, elles n’étaient plus seules maintenant face aux souvenirs, Kai n’était plus seule face à son passé, Prisca n’était plus la seule à penser à Blazhe, à se souvenir de lui.
Kai attrapa alors une photo du couple qu’elle avait formé avec Blazhe, ils souriaient tous les deux sur cette photo, ils étaient beaux, elle l’avait prise au hasard mais elle avait sans doute pris la plus belle. Elle demanda alors à Prisca si elle pouvait la garder parce que c’était les siennes, ce qui lui restait de Blazhe, certes c’était la rouquine qui se trouvait sur les photos mais ça ne voulait pas dire qu’elles lui appartenaient, en tout cas ce n’était pas la vision de Kai. « Évidement que tu peux la garder. ». Kai lui offrit un sourire en glissant un simple mais sincère « Merci. ». Oui, merci, parce que ça comptait pour elle, depuis qu’elle avait vu ces photos elle en avait besoin, sans qu’elle ne puisse l’expliquer pour autant.

« Si je m’écoutais j’irais au bureau de mon père pour l’insulter, pour avoir des explications sur ce mensonge… ». Oui, Kai repensait à ça, au fait qu’on lui ait menti pendant tant d’année, qu’elle y ait cru à croire qu’elle était d’une naïveté. « Comment j’ai pu y croire ? Franchement je suis si naïve que ça ? ». Elle souffla un coup, elle se posait vraiment la question, parce qu’après tout elle aurait pu y penser, au fait que son père pouvait corrompre n’importe qui et faire croire tout et n’importe quoi. Elle aurait dû croire en elle, en ce qu’elle ressentait, en ce vide immense et puis peut-être qu’elle n’aurait pas si était si amnésique si elle avait su la vérité, peut-être que ça l’avait bloqué, abolit ses souvenirs, franchement, qui pouvait être sûr que ce n’était pas le cas ? Personne. « Enfin ça ne changerait rien à l’histoire… ». Raison pour laquelle elle n’allait pas foncer dans le bureau de son père pour lui cracher à la figure. Toutefois, dès qu’elle le croiserait, elle n’hésiterait pas à lui remettre les point sur les « i », lui qui s’était trop permis d’intervenir et qui se le permettait toujours.