« You gave me a forever within the numbered days, and I’m grateful. »
⊱ CHAPITRE 1Vous avez tord de croire que la joie de vivre tient principalement aux rapports humains, vous vous trompez. Dieu en a mis dans tout ce qui nous entoure, on en trouve dans chaque détail, chaque petite chose de la vie quotidienne. Pour percevoir ces choses là, il suffirait de changer de point de vue. - Into the wildJ'ai finis par rentrer au bercail après des mois et des mois à arpenter les grandes villes. Je m'étais promis de ne jamais y remettre les pieds, mais finalement l'appel de ce petit endroit perdu se faisait sentir avec insistance. C'est surprenant de voir que malgré des mois d'absence rien n'a réellement changé, tout est pareil lorsque je l'ai quittée beaucoup de gens trouveraient cela rassurant d'avoir toujours les mêmes repères, pour ma part je trouve cela effrayant et angoissant. J'aurais aimée en revenant en ville que les choses se soient modifiées comme les nouvelles pages blanches d'un cahier, malheureusement tout est resté là, comme si la ville avait décidée de ce mettre sur pose en attendant mon retour.
« Alors Gracie, ta chambre te plaît?» J'acquisse à la vieille dame qui vient d'entrer dans la pièce, elle me regarde stupéfaite en voyant mes vêtements tâchés de peinture fraîche mes yeux clairs demeurent posés sur le mur en face de moi. Ouais voilà, j'avais envie d'assouvir ce besoin de changements que malheureusement Arrowsic n'a pas pu m'apporter.
« Comment tu trouves ça?» J'osai demander en regardant du coin de l'oeil la réaction de ma grand-mère, elle me sourit et répond:
« C'est charmant...» Un maigre sourire en coin se dessine sur mon visage, le terme "charmant" est une manière polie de dire qu'elle n'est pas en parfait accord avec ce changement de couleurs sur les murs, j'en déduis,donc, qu'elle vit plutôt bien dans la routine et les choses qui ne changent pas.
« Quand tu auras terminer, ton grand-père t'attend à l'écurie il aurait besoin de toi.» Une nouvelle fois, elle me sourit et quitte la pièce, j'enlève maladroitement une mèche de cheveux qui m'embrouille la vue à l'aide du dessus de ma main, puis je range mes pinceaux et mes yeux se dirigent une dernière fois sur mon oeuvre inachevée et un faible soupir s'échappe d'entre mes lèvres et je quitte la pièce, je traverse la maison et je sors pour rejoindre mon grand-père à l'écurie. Lorsque j'entre à l'intérieur de la bâtisse, une odeur de foin me monte au nez, je m'avance avec une certaine gêne alors que certains chevaux sortent la tête pour me saluer comme s'ils attendaient ma venue depuis longtemps déjà. Je planque mes mains nerveusement dans les poche de mon jeans délavé alors que mon regard croise celui d'un étalon à la robe noir, je m'avance tranquillement tendant la main avec lui, mais ce dernier détourne la tête alors qu'à mon tour je réalise qu'il y a quelqu'un d'autre dans l'écurie.
« Il a toujours été têtu celui là.» Je détourne les yeux et croise le regard clair de l'homme à la tête grisonnante.
«Bonjour...» Dis-je simplement avec un maigre sourire, il fait encore quelques pas vers moi et me détaille de la tête aux pieds, bien évidemment j'ai pris quelques pouces avec les années étant devenue une jeune femme.
« T'as fait la guerre avec de la peinture?» Déclare-t-il avec un oeil suspicieux, je me mordille la lèvre faiblement et je m'empare d'une fourche endossée contre le mur derrière moi.
« Allez l'ancêtre, on n'a du boulot.» Je commence à nettoyer alors que je l'entend murmurer dans sa barbe, cela me fait sourire et une émotion me prend directement au ventre, j'ai l'impression de n'être jamais réellement partie d'ici, comme si rien n'avait changé.
⊱ CHAPITRE 2Je suis une pièce dans l’armée américaine, j’ai été mis en service en 1980, j’ai été découpé dans une plaque de taule, j’ai été frappé et nettoyé, j’ai été taillé et poli mais maintenant je suis percé de 2 petits trous, je ne suis plus en parfait état. Alors y’a autre chose que je voudrais te dire, juste avant de plonger dans le noir, tu veux savoir quelle est la dernière chose qui m’est venu à l’esprit, toi. - Dear John« S'il te plaît Breanne, tu vas me faire la gueule encore longtemps?» Je grimaçai prenant une bonne gorgée de ma bière. Je déposai ma bouteille sur la table basse où nous étions assis et sans attendre je pris le chemin de l'extérieur. Aussitôt, je sentis ces pas derrière moi et une légère pression sur mon avant-bras il m'obligea à me retourner et lui faire face, mes yeux étaient brillants et ce n'était pas seulement l'alcool qui était en cause, mais la peine également.
« Bon dieu Breanne, j'ai pas le choix et tu le sais.» Détournant les yeux je ne pouvais pas m'empêcher de démontrer mon agacement.
«On n'a toujours le choix.» Finis-je par dire d'une voix douce et blasée à la fois, il se massa délicatement la nuque en détournant les yeux à son tour, à chaque fois c'était la même histoire à croire que c'est le prix à payer lorsqu'on tombe amoureuse d'un militaire. Il me prit délicatement par le bras pour me tirer plus loin, je n'eus pas le temps de riposter ne faisant que le suivre, jetant parfois des regards derrières et finalement il vint me plaquer doucement contre un mur d'un corridor du bar où nous étions, ses mains vinrent encercler mon visage de manière délicate.
«T'avais le choix, le choix de ne pas tomber amoureuse de moi.» Mes yeux dans les siens à ces paroles je sentis mon rythme cardiaque loupé un battement dans ma cage thoracique.
« C'est le meilleur choix que j'ai pris de toute ma vie.» Soufflai-je alors qu'il me caressait toujours le visage à l'aide de ces pouces, il eut un maigre sourire à mes paroles et sans me faire prier je posai mes lèvres sur les siennes. Je pouvais sentir ses mains valser sur mon corps alors que des soupirs à peine audible franchissaient mes lèvres. Encore une fois, il allait partir au front pendant des mois, pendant des mois j'allais me ronger les sangs en espérant qu'une chose, qu'il finisse par rentrer à la maison. Nos baisers se faisaient de plus en plus ardents, tellement que mon militaire s'arrêta à bout de souffle les lèvres légèrement rouges en soufflant:
« On devrait rentrer à la maison.» J'eus un rire, puis ce dernier me prit la main en disant et faisant sa mine de mec exaspéré:
« Te moque pas, et dépêche toi.» Ce soir là, nous firent l'amour comme si c'était la dernière fois comme à chaque fois qu'il repartait au front n'étant jamais sûre de rien. Nous passâmes donc les quelques jours restants ensemble, essayant de ne pas appréhender ce grand départ. Et lorsque le grand jour vint je me rendis fébrile avec lui à l'aéroport alors qu'il avait revêtu son habit militaire. Nos doigts enlacés, j'eus un faible sourire en voyant les autres hommes faisant partis de son équipe, ceux-ci me saluèrent et je leurs rendis comme moi, les petites-amies des autres militaires étaient présentes. Elles comprenaient l'angoisse et la peine que je pouvais ressentir.
«Les passagers du vol 876 sont priés de se rendre à l'embarcation immédiate.» Mes yeux croisèrent les siens, et c'est remplis d'émotions que nous, nous sommes dit au revoir en nous promettant mutuellement de s'écrire.
⊱ CHAPITRE 3Tu m’as fait une promesse et je sais que tu la tiendras. Alors je veux juste que tu m’en fasses une autre pour le temps que nous ne passerons pas ensemble. Raconte moi tout, écris tout, griffonne le sur un calepin, tape le à la machine, envoie le moi par courriel, peut importe mais je veux tout savoir. Et de cette façon nous serons toujours ensemble même si nous somme loin l’un de l’autre. Et avant même de le réaliser nous nous reverrons bientôt.- Dear JohnC'est donc à la hâte que je me rendais chercher mon courrier le matin dans l'appréhension d'avoir une lettre de sa part. Et étant un homme de paroles, je pouvais lire quelques lignes écrites de sa main. Des mots que je relisais parfois lorsque j'avais des moments d'angoisses ou simplement que je voulais le sentir près de moi. Je m'empressai de lui répondre, pouvant passer des heures à réfléchir au contenu de ma lettre. Souvent, je me rendais sous le vieux chêne près du ranch de mes grands-parents munit de papiers et d'un stylo et je déposai sur ces pages blanches toute l'émotion que je pouvais avoir. D'une part, c'était pratiquement une thérapie alors que de l'autre cela me permettait d'avoir toujours ce sentiment de proximité bien qu'ils se trouvaient à des kilomètres de moi. Je lui écrivais tout ce qui me passait par la tête, je lui parlais de mes études en médecine et du fait que j'avais hâte de pouvoir me rendre à mon tour parmi les siens pour leurs portés secours à ma manière, l'anxiété que je ressentais d'éventuellement me retrouver moi aussi sur ces terres inconnues en dehors d'Arrowsic. Et il me répondait, qu'il croyait en moi et que les terres inconnues comme je les appelle ne sont pas si terrifiantes au contraire, elles ouvrent d'autres horizons que simplement Arrowsic. À travers ces mots je pouvais sentir son ton calme qui tentait de me rassurer alors que je plongeai dans mes périodes d'angoisses. En s'écrivant j'avais l'impression que le temps passait plus vite, et ainsi il rentrerait bientôt à la maison. Nous prenions même mutuellement le risque de se parler d'éventuels projets d'avenirs. À chaque fois qu'il débutait sur ce sujet là, je ne pouvais pas m'empêcher d'y croire et de m'y accrocher fermement n'attendant qu'une chose de l'avoir à nouveau près de moi, pour que ces projets deviennent réels.
⊱ CHAPITRE 4Cher (Damian), t’as dit qu’un jour tu voudrais que je retombe amoureuse d’un autre homme et peut-être que ça va finir par m’arriver. Mais il y’a toute sorte d’amour ici bas. On a qu’une seule vie à vivre, c’est à la fois extraordinaire, terrible, court, et infiniment long. Et aucun de nous ne s’en sort vivant. Je n’ai aucun plan de match, à part celui de faire rire ma mère à nouveau. Elle n’a jamais voyagé, elle n’a jamais vu l’Irlande, alors, j’ai décidé de l’amener à notre point de départ. Elle comprendra peut-être maintenant. Je ne sais pas comment tu y est arrivé, mais tu m’as ramené d’entre les morts. Je vais te réécrire très bientôt. PS : devine quoi. - P.S. I love you« NON, NON C'EST PAS POSSIBLE!» Hurlai-je en sentant mon petit monde bien rangé se dérober sous mes pieds. Je sens les bras de mon grand-père qui me retient pour ne pas que je tombe, deux hommes très bien vêtus sont venus frapper à notre porte en ce beau dimanche après-midi où le soleil offrait une température à la hausse. Mais étrangement, à cet instant précis j'ai extrêmement froid on dirait que je n'ai plus de sang qui circule dans mes veines, les hommes parlent toujours à mon intention mais je suis déjà déconnecté. Le seul truc que je peux entendre c'est cet espèce de bourdonnement dans mes oreilles. Les officiers finissent par quittés les lieux, quant à moi je m'écroule sous le regard anéanti de ma grand-mère qui ne cesse de murmurer
oh pauvre enfant Je suis assise au sol toujours dans les bras de mon grand-père qui naturellement resserre son étreinte autour de mes épaules, je m'y accroche comme à une bouée de sauvetage, mon corps entier tremble et j'hurle pratiquement en serrant les lèvres, une marée de larmes coulent sur ma joue. Mon corps me brûle, j'ai une immense plaie qui vient de s'ouvrir en moi. C'est soudainement dans un bon que je me relève sous le regard surpris de mon grand-père et je file dans ma chambre fonçant littéralement sur ma petite boîte en bois où sont cachés mes trésors, des tonnes de lettres écrite de sa main. Je sens le sol tanguer sous mes pieds, et je m'assis doucement au sol réalisant petit à petit ce qui est entrain de se produire, mon cerveau enregistre l'information tantôt brouillon en quelque chose de plus méthodique. Mon souffle se coupe légèrement, et je me prend le ventre à deux mains en continuant de pleurer en silence. Putain j'ai mal, mal à l'âme, mal à l'être que je suis toute entière. Ma tristesse se transforme progressivement en une immense colère, je lui en veux de m'avoir laisser tomber alors qu'il m'avait promis un avenir à deux avec des enfants, une petite maison et un mariage sur la terre familiale où j'ai grandis. Je lui en veux de m'avoir fait espérer tant de choses qui ne pourront plus se réaliser. J'ouvre la petite boite en bois et je sors une à une les lettres qu'il m'a écrit et bien que ma vue soit embrouillée par les larmes je les relis attentivement en tentant d'imaginer sa voix chaleureuse et grave qui me parle. Les jours qui suivirent l'annonce de sa mort furent extrêmement pénible je ne dormais plus, je ne mangeais plus, ne faisant que pleurer et être dans un mutisme total. Le jour de son enterrement, j'eus assez de courage pour y assister et je revis ses parents. Ils ne m'adressèrent aucunement la parole durant toute la cérémonie plutôt étrange puisqu'ils savaient à quel point leur fils m'aimait. Lorsque des amis proches de Damian vinrent jeter la dernière poignée de terre sur son cercueil se fut un choc de plus à encaisser, je réalisai que cette fois c'était la fin de quelque chose qu'il n'avait été qu'un chapitre dans ma vie et que je devais continuer d'avancer. Après des semaines à ne pas être fonctionnelle je retournai à mes études avec cette fois une envie intense de réussite, peut-être que Damian y était pour quelque chose dans ce cheminement, une chose était sûr je sentais toujours sa présence à mes côtés et il me donnait la force nécessaire pour continuer dans les projets que j'entreprenais.
⊱ CHAPITRE 5Parfois, une toute petite chose peut changer votre vie en un clin d’œil. Quelque chose arrive par hasard, quand vous vous y attendez le moins et vous prenez un cap que vous n'aviez jamais planifié vers un futur que vous n'auriez jamais imaginé. Où cela va-t-il vous menez? Seul l'avenir nous le dira... Nous recherchons tous la lumière mais parfois pour trouver la lumière il faut se confronter à l'obscurité... En tout cas, c'est ce qu'il m'est arrivé.- Lucky one.Debout devant ce lit, je l'observai attentivement. Me pinçant les lèvres j'avais toujours l'impression qu'à travers ces jeunes militaires je revoyais Damian. Je le vis soudainement battre des cils et poser son regard sur moi, dans un maigre sourire je pris la parole:
« Monsieur Mcquillan ! Vous êtes incroyablement chanceux, un peu plus et la balle touchait votre coeur ! » Un véritable miraculé où son heure n'était pas encore venu il faut croire.
« Qu'est-ce qui s'est passé ? » Tout en observant les machines qui analysaient ces signes vitaux, je répondis à sa question d'une voix douce. Je détestais devoir expliquer ce genre de situations, mais ce que je détestais le plus c'était de voir la peine sur leurs visages à la suite de mes mots.
« Votre camp a été pris par surprise par un gang de terroristes. Plusieurs sont décédés et vous avez réussi à épargner une vie en prenant cette balle pour le soldat Stromberg.» Un acte héroïque qui n'allait pas laisser la population indifférent lorsqu'il rentrerait au bercail ça c'est certain. Il n'ajoute rien, je peux sentir l'atmosphère légèrement devenir lourde l'espace de quelques minutes, puis tout en m'humectant les lèvres je reprend la parole:
« Comme vous avez subi une blessure presque mortelle et que vous devez vous reposer, vous ne pourrez pas retourner à votre service militaire avant au moins cinq mois, d'accord ? » Mon ton de voix se veut doux, je sais très bien que pour un militaire ne pas pouvoir retourner au front est quelque chose d'extrêmement difficile puisque cela fait parti de leurs vies. Il me répond simplement:
« Parfait, » Je regarde une dernière fois les moniteurs et je lui mentionne que je reviendrai le voir d'ici quelques heures et qu'il doit se reposer. Beaucoup de gens me disent que de travailler auprès de ces hommes blessés n'aidera aucunement ma guérison et ils n'ont pas totalement faux, c'est pourquoi après quelques mois à cet endroit je décide de rentrer à la maison. La pauvre fille qui a perdue l'amour de sa vie rentre finalement auprès des siens, je sais pertinemment qu'encore là ce ne sera pas chose évidente à faire, mais en même temps je crois que je n'ai pas d'autre choix si je veux retrouver un certain équilibre.