Sujet: Sometimes things just happen because we choose for them to | Quinn Sam 5 Jan - 17:13
Son derrière posé sur son canapé, Norine Reilly avait allumé la télévision, mais ne l'observait pas du tout. Elle tenait entre ses mains un bouquin épais de près de cinq centimètres et ses yeux faisaient défiler chaque ligne. Elle dévorait littéralement son livre, passionnée par ce qu'elle était en train de voir. Et dire qu'il y avait peu, elle n'aurait jamais cru ça possible! Un léger sourire sur ses lèvres, elle imaginait parfaitement le décor. Ils seraient assez nombreux, dans cette salle d'opération. Chacun avec un rôle bien précis en tête. Le pauvre petit bonhomme -il n'avait que douze ans- serait installé sur la table, profondément endormi. Autour de lui règnerait une profonde agitation, et pour cause ! Son tout nouveau coeur allait bientôt arriver. Dès que la sonnerie du téléphone retentirait, ils se mettraient tous au travail. Ouvrant sa chair. Le branchant à un coeur artificiel. Lui enlevant son propre coeur. La porte de la salle s'ouvrirait alors, et dans une petite boite au froid, se tiendrait le coeur qui permettrait à ce bonhomme de grandir un peu plus! Et tout ça, en quelques longues heures : probablement une douzaine.. Vous l'avez compris, on avait proposé à Norine d'assister, dans deux jours, à une greffe cardiaque. Elle, Norine, la petite interne qui allait avoir une deuxième chance ! Ce n'aurait pas été à Hawaii qu'on lui aurait proposé ça; pas après ce qu'elle avait fait. Mais là, à Arrowsic, pays où rien de spécial ne se passait -hormis une terrible fusillade-, on lui proposait d'assister à une telle opération! Elle était ravie! Comblée! Elle en aurait presque hurlée de plaisir!
Rentrant dard dard à la maison, elle avait fini par prendre un bouquin qui, justement, racontait comment se passait une opération du coeur. Cela faisait maintenant trois heures qu'elle le lisait, sans interruption, déjà pressée d'être devant ce malade, et de tenir ce coeur entre ses mains -même si, pour ça, il faut l'avouer, elle ne le ferait pas. Elle n'était qu'interne. Mais une interne qui allait assister à cette opération! Rien que d'y penser, elle avait un sourire jusqu'aux oreilles. Elle allait continuer la quarante-huitième paragraphe lorsqu'elle entendit un petit tingg retentir. Ca y est, ses macaronis au fromage étaient enfin prêts! Elle avait pris une petite quinzaine de minutes pour préparer ce repas, avant de se replonger dans ce livre trente minutes auparavant. Posant son bouquin sur sa table basse, elle se releva et alla voir ce qui se dessinait dans son four. Les pâtes avaient l'air d'avoir bien cuits. Tout lui semblait bon.
Choisissant avec soin deux serviettes, elle ouvrit le four, et en sortit son plan, fumant. Avec une grande vitesse, elle le déposa sur la table, et l'observa alors. Elle n'avait pas été de mains mortes sur les pâtes. Elle pourrait avec ça, inviter son cher et tendre voisin -je plaisante, elle le déteste- à un repas en tête-à-tête. « Y en a au moins pour deux là.. » Elle soupira. Elle en mangerait encore demain. Aussitôt, elle alla rechercher son livre, et s'installa sur une chaise, face à la télévision qui tournait dans le vide. Elle allait en profiter pour manger, et se cultiver encore. Il fallait vraiment qu'elle soit au top après-demain. Dans ce genre de proposition, il fallait toujours assurer, sinon, on était bon qu'à faire des points de suture pendant au moins trois mois.
Elle était en train de reprendre sa lecture, soufflant sur sa bouchée, quand elle entendit cette fois la sonnerie de sa porte d'entrée. Tiens, en pensant à son voisin, le voilà qui sortait de sa taverne.. Soupirant un grand coup, elle décida de se lever, pour au cas où.. Elle jeta un rapide coup d'oeil dans l'oeil de perdrix, et là, surprise! Ce n'était pas Pacey -même si pour lui, elle aurait ouvert la porte en grand-. Ce n'était pas son cher voisin. Mais c'était Quinn. Le jeune maitresse qui avait permis à un de ses malades d'accomplir son rêve; aller à l'école. Depuis, elles avaient gardé contact, et elles s'entendaient très bien. Tournant la clef dans la serrure, Norine ouvrit aussitôt à la jeune femme, un grand sourire sur les lèvres. « Quinn! Salut! » Décidément, sa journée se passait merveilleusement bien. « Ca fait plaisir de te voir, entre! » lui dit-elle alors en lui faisait une place pour l'inviter à entrer dans sa demeure.
Sujet: Re: Sometimes things just happen because we choose for them to | Quinn Lun 7 Jan - 12:14
Norine and Quinn.
SOMETIMES THINGS JUST HAPPEN BECAUSE WE CHOOSE FOR THEM TO.
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Si quelqu’un m’avait dit, un jour, que je finirais par ficher le camp de la maison familiale des Hepburn-Wilde à cause d’un bidon de lessive, j’aurais très certainement ri au nez de la personne en question. Et pourtant, c’était bel et bien le cas. Aussi ridicule que cela puisse paraître, j’avais réellement décidé de partir de chez moi à cause d’une histoire de lessive. Certes, il y avait également un test de grossesse à inclure dans l’équation, mais le résultat était le même : je ne vivais plus chez mes parents, techniquement parlant. Il était effectivement vrai que toutes mes affaires se trouvaient encore chez eux, mais cela ne m’empêchait pas d’avoir pris la ferme résolution de me prendre en charge comme une grande fifille et de lever le camp de la maison familiale pour vivre ma vie sans être encore aux griffes de mes parents. Cela avait finalement été un bidon de lessive et un test de grossesse qui avaient réussi à venir à bout de mon côté Tanguy. C’était pathétique. Réellement pathétique. Cependant, j’étais bien trop énervée pour vraiment me rendre compte du comique de la situation. Je posai ma tête sur le volant de ma voiture, fermant les yeux, essayant de faire la part des choses. Je ne réussissais pas à formuler ne serait-ce qu’une seule pensée cohérente dans mon esprit. Je ne réussissais pas à réfléchir de manière posée, sans que mon jugement ne vienne altérer mon objectivité. J’étais partie. Réellement partie. J’avais claqué la porte en hurlant à qui voulait bien l’entendre que j’en avais marre d’être encore chez mes parents et que je commençais à étouffer. Ma mère avait été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase. J’avais toujours su que cela allait être elle la base et la cause de mon départ. J’étais allée faire les course sans elle parce que madame avait eu d’autres choses à faire ; elle m’avait confié la liste des choses à acheter, et j’avais rempli mon devoir de fille modèle en l’espace d’une demi-heure (en en profitant pour acheter le fameux test de grossesse). J’étais rentrée fièrement, elle m’avait aidé à tout ranger, puis elle était tombée sur le bidon de lessive. Je m’étais trompée de marque. Tout simplement. Mais dans sa tête, cela avait eu des allures d’attentat contre l’humanité, de déclaration de guerre nucléaire ou je ne sais-je encore. Elle avait commencé à hurler, et mes hormones de jeune femme persuadée d’être enceinte avaient pris en charge ma défense. J’avais répondu. Nous nous étions engueulés sur une marque de lessive. Sérieusement, je demeurais intimement persuadée que toutes les lessives senteur lavande, peu importe les marques, sentaient toutes la lavande. Ma mère n’était pas d’accord. Et tout le monde le sait, les mamans ont toujours raison parait-il… Je n’étais cependant pas persuadé que la vérité sortait de sa bouche. Mais le réel cataclysme fût lorsque ses yeux se posèrent sur le test de grossesse. Amen. Je crois qu’elle n’a pas réellement apprécié le fait de se rendre compte que sa petite fifille était effectivement capable de procréer, qu’elle savait comment faire et qu’elle était déjà passée à la pratique. Je crois que c’est réellement à ce moment-là que j’avais signé mon arrêt de mort, ou presque. J’avais fini par en avoir marre, et j’étais partie. Aussi simplement que cela. Je n’avais même pas eu le temps de passer aux toilettes pour voir si oui ou non j’étais enceinte. (Et à vrai dire, dans la liste de mes problèmes, celui-ci avait dégringolé tout en bas de l’échelle.) Je poussai un soupir, coupant le contact de ma voiture, avant de descendre. Je mis la main sur mon sac remplit d’affaires pour une ou deux nuits, et je m’avançai jusqu’à la maison où l’appartement de Norine se trouvait. J’avais directement pensé à elle. Le jour même de notre rencontre elle m’avait évoqué son canapé – qui me semblait être une perspective très, très confortable à l’heure actuelle – si jamais un jour j’avais besoin de passer une nuit loin de chez moi, et je savais également qu’elle cherchait une colocataire. Je n’avais pas voulu aller chez Lenny. J’avais besoin d’une compagnie féminine, qui pourrait me comprendre. J’avais besoin de soulager ma conscience et je savais qu’elle pourrait m’écouter. Certes, je me sentais très mal de me pointer de cette manière chez elle, mais elle était véritablement mon seul espoir. Et puis, on s’entendait bien, elle ne pourrait pas me laisser à la porte… Si ? Prenant mon courage à deux mains, je frappai contre la porte de son appartement, et elle vint m’ouvrir en l’espace de trente secondes. Elle m’adressa un sourire rayonnant avant de m’accueillir. « Quinn! Salut! » s’exclama-t-elle avant de m’inviter à entrer en me faisant de la place. « Ca fait plaisir de te voir, entre! » Je répondis à son sourire, sa bonne humeur étant communicative. Je m’avançai dans son entrée, trainant avec moi mon sac, puis je me retournai vers elle avec un regard de chiot battu afin de l’apitoyer. Elle était en train de manger. Cela sentait bon dans toute la maison. Et moi, dérangeant mon monde, je venais l’interrompre. « Je suis vraiment désolée de passer à l’improviste comme ça, surtout que je te dérange pendant ton diner… » commençai-je. « J’ai… Euhm. Un petit problème. » J’étais ridicule. Réellement ridicule. Je le savais, je le sentais. Non seulement je venais pour lui demander de m’héberger le temps d’une nuit, mais en plus j’allais devoir faire mon test de grossesse chez elle parce que je ne pouvais plus attendre. Je venais l’embêter avec mes problèmes, et même si nous nous entendions super bien, je ne voulais absolument pas l’accabler avec tout cela. J’espérais sincèrement qu’elle avait une tonne de boîte de mouchoir, également, car je risquais aussi de devenir une fontaine dans moins d’une heure. « Je me suis engueulée avec ma mèreà cause d’un bidon de lessive, je suis partie et… J’ai nulle part où dormir cette nuit. » poursuivis-je. « Si tu ne peux pas me prêter ton canapé ce soir, je comprendrais parfaitement, ne t’inquiète pas. » Moi dans toute ma splendeur. Je vous ai déjà dit que j’étais ridicule ? Oui ? Eh bien, je vous le redis, parce que je finissais par réellement toucher le fond.
Sujet: Re: Sometimes things just happen because we choose for them to | Quinn Ven 11 Jan - 11:44
La journée de Norine s'était parfaitement bien passée. Selon son adage à elle, une journée qui commence bien, finit toujours bien. C'était évident que si, le matin en se levant, on tombe du lit, ou si trente minutes plus tard, on fait tomber son bol de céréales dans le salon, là, on était sûr de passer une mauvaise journée. J'aurai mieux fait de rester coucher. Le nombre de fois où elle avait pensé ces mots, ou même les avait dit à haute voix ne pourrait pas se compter sur les doigts de tous ses mains et ses pieds. Rien que le mois après l'accident lui avait fait dire cette phrase tous les jours. Dès qu'elle croisait une photo de Rafe. Dès qu'elle recevait la visite de ces putains de soldat qui étaient toujours là. Dès qu'elle voyait son propre frère, victime, et témoin de l'accident, qui sombrait. Mais maintenant, ce n'était plus pareil. Elle pouvait observer la photo d'elle et de Rafe qui trainait juste à côté de la télévision sans pleurer. Son Rafe à elle était là. Il n'était plus soldat. Il n'était plus aviateur. Ses ailes avaient été brûlés, mais il était évident qu'il en avait une nouvelle paire. C'était son ange gardien maintenant. Elle l'aimait toujours. Elle pouvait, au moins, prendre cette photo entre ses mains et sourire. Elle avait cessé de pleurer -la plupart du temps-.
Toujours est-il que pour la jeune interne, il était impossible que cette journée finisse mal. Lorsque ses yeux virent la jeune Hepburn-Wilde dans son oeil de perdrix, elle repensa même à cette phrase. Ni une ni deux, elle vint lui ouvrir, la saluant, et l'invitant à entrer, bien contente de la voir. Même si elle n'allait pas pouvoir réviser ce bouquin, elle était très heureuse de ne plus être seule. La solitude la pesait. Rares étaient les personnes qu'elle connaissait bien, ici. Ce n'était pas comme à Hawaii, où dès qu'elle mettait le pied dehors, elle croisait toujours quelqu'un de l'armée qui venait lui dire bonjour. Parfois, aller faire ses courses lui prenait l'après-midi entier..
Un sourire aux lèvres, elle avait donc accueillit Quinn sans soucis, bien heureuse au contraire de pouvoir utiliser son américain. La jeune fille lui sourit à son tour, mais bizarrement, Norine sentit que quelque chose n'allait pas. Le sourire ne semblait pas si sincère.. Et pire, dès que Norine l'invita à rentrer chez elle, elle remarqua le sac qu'elle trainait derrière elle. Un sac??!! Elle avait décidé de quitter sa famille? Ou bien, peut-être rentrait-elle de quelques jours de vacances, et qu'elle avait perdu ses clefs. Ouais, c'était probablement ça.. Perdue dans ses pensées, Nono ferma la porte, et se retourna vers son amie. Elle était là, dans le salon, sa valise toujours à la main. La jeune interne ne voyait que ça. Que cette valise. Et toutes les questions qu'elle entrainait. Quinn la coupa dans ses pensées, en prenant la parole. « Je suis vraiment désolée de passer à l’improviste comme ça, surtout que je te dérange pendant ton diner… » Incapable de parler, Norine secoua la tête. Quelle idée! Bien sûr que non, elle ne la dérangeait pas! Elle accueillait cette visite avec beaucoup de bonheur même. « J’ai… Euhm. Un petit problème. » un petit problème? Ah bah ça devait être ce qu'elle avait pensé alors! Le sourire qui avait disparu quelques minutes auparavant s'élargit de nouveau sur le visage de Norine. Elle devait probablement se retrouver à la rue là. Sans clef. Sans possibilité de rentrer chez elle. D'une petite voix -elle n'avait pas parlé depuis quelques heures-, Norine prit la parole « Tu n'as pas tes clefs pour rentrer. »
Perdu! Quinn ne tarda pas à reprendre la parole -Norine n'était même pas sûre qu'elle avait entendu ce qu'elle avait dit juste avant tellement sa voix était faible-. « Je me suis engueulée avec ma mère à cause d’un bidon de lessive, je suis partie et… J’ai nulle part où dormir cette nuit. » ouille.. là, le sourire que Norine arborait jusqu'à présent se transforma doucement en petite grimace. Ca, ce n'était jamais bon signe. De toute façon, dès qu'il y avait des histoires avec les parents, ce n'était jamais -oh grand jamais- bon signe. Ca commençait toujours par de grands problèmes, puis petit à petit, leurs soucis grandissaient pour de toutes toutes toutes petites choses. Et vraisemblablement là, le bidon de lessive avait suffit à faire déborder le vase. Leurs petites vies tranquilles venaient d'être inondées. « Si tu ne peux pas me prêter ton canapé ce soir, je comprendrais parfaitement, ne t’inquiète pas. » Quoi? Surprise, Norine se rendit compte qu'elle n'avait pas dit grand chose depuis le début. Normal qu'elle disait ça Quinn!
Se rattrapant alors, l'interne lui fit un petit sourire avant de prendre la parole. « Ah nan, nan, mon canapé est tout à toi! Et j'ai même mieux, une chambre avec un lit! » Sa main vint chercher la valise de Quinn. Elle voulait absolument la mettre à l'aise; Il n'y avait aucun soucis pour qu'elle passe la nuit, ici. Même plusieurs nuits. De toute façon, Norine n'avait toujours pas trouvé de colocataires. Une personne s'était proposée. Un type, assez grand, pas mal, les yeux bleus, bien foutus. Bref, le type aurait pu être génial. Mais dès qu'elle avait vu ses chaussettes trouées, et l'état de ses ongles de pied, Norine s'était demandée si il connaissait la définition de l'hygiène.. Elle avait alors préféré payer deux fois plus cher son loyer plutôt que d'habiter sous son toit. « Je te l'ai dit, j'ai de la place, je cherche un coloc'. Ne t'inquiète pas, tu ne me déranges pas, tu peux rester ici autant de temps que tu veux » Elle fit quelques pas avec la valise de la jeune fille et ouvrit une porte. La porte donnait sur une chambre -en bordel-. Il y avait juste un lit, et tout autour un tas de cartons remplis de choses que Norine avait plus ou moins rangées. Elle y déposa alors la valise, un sourire sur les lèvres. Elle voulait la mettre à l'aise. Elle ne voulait pas que Quinn se sente mal d'avoir eu à quemander une place pour dormir. Etant près de la porte, Norine lui demanda alors. « Ca va quand même? » Elle était sincèrement désolée qu'elle se soit engueulée avec sa mère.
Sujet: Re: Sometimes things just happen because we choose for them to | Quinn Jeu 17 Jan - 23:24
Norine and Quinn.
SOMETIMES THINGS JUST HAPPEN BECAUSE WE CHOOSE FOR THEM TO.
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Cela me gênait de me pointer de cette manière-là chez Norine. Cela me gênait réellement. Certes, nous nous entendions très bien. Certes, elle m’avait déjà assuré par le passé que cela ne la dérangerait pas si je venais à avoir besoin d’elle pour avoir un toit une nuit ou deux. Certes, je savais qu’elle cherchait une colocataire. Mais malgré tous ces faits-là, je ne réussissais pas à ne pas culpabiliser. Je ne réussissais pas à ne plus me répéter que passer à l’improviste chez elle de cette manière ne se faisait pas, que j’allais l’embêter de toute manière, que je faisais intrusion dans son cocon privé sans avoir demandé l’autorisation préalable. L’anxiété me déchirait le ventre comme si j’étais à deux doigts de me jeter dans le vide. Mon rythme cardiaque s’accélérait d’une manière ridicule. J’étais une véritable boule d’humeurs qui menaçait d’exploser à tout moment. Anxiété, colère, panique. Tout se mélangeait dans mon esprit à un tel point que mes mains en devenaient moites, que mon esprit était incapable de se focaliser sur quelque chose plus d’une poignée de secondes avant de se remettre à paniquer à propos d’un de mes (nombreux) problèmes. Le sourire que me fit Norine ne m’aida en rien. Elle aurait très bien pu me rassurer avec son expression douce et heureuse de me voir, mais cela eut le strict effet inverse sur moi ; je la dérangeais. Je le savais. Tout du moins, j’étais persuadée d’être comme un parasite, faisant intrusion dans sa vie d’une façon dérangeante. Elle m’invita à entrer, je me retrouvai donc à l’intérieur de son appartement avec mon gros sac. Aussitôt, je tentai de lui annoncer la couleur de la raison de ma visite. Tandis que je parlais, le visage de Norine devint presque soucieux alors qu’elle observait ma valise. Elle finit par en conclure que j’avais oublié mes clefs et que je m’étais retrouvée à la porte. Raté ! J’aurais beaucoup aimé que ce soit le cas. J’aurais préféré, d’ailleurs, même si au fond je prenais ma décision comme une véritable libération. (Fini ! je ne serais plus l’esclave de ma mère. J’étais comme un elfe de maison dans Harry Potter qui venait de recevoir un vêtement et qui fêtait sa liberté. Ou presque.) Je repris donc la parole, lui annonçant que je n’avais nul art où dormir cette nuit à cause d’un bidon de lessive (je ne réussirais probablement jamais à avaler la nouvelle) et que je lui demandais charité et compassion. Je me sentais si mal de prononcer ces phrases à voix haute. J’avais l’impression de lui demander d’aller tuer quelqu’un à ma place. Je ferais peut-être mieux d’aller consulter, à la réflexion. « Ah nan, nan, mon canapé est tout à toi ! Et j'ai même mieux, une chambre avec un lit ! » m’annonça-t-elle avec entrain après m’avoir fait un sourire. Et en plus Norine était adorable. Cela ne m’aidait vraiment pas. Autant elle aurait été une personne exécrable, j’aurais eu un peu moins de scrupule à imposer ma présence pour la nuit. Là, je me sentais d’autant plus coupable. (Certes, si elle avait été aigrie, chiante et j’en passe, je ne me serais très certainement pas pointée chez elle, mais passons.) Norine attrapa mon sac pour finalement me conduire dans son appartement. « Je te l'ai dit, j'ai de la place, je cherche un coloc'. Ne t'inquiète pas, tu ne me déranges pas, tu peux rester ici autant de temps que tu veux » poursuivit-elle. Je lui adressai un pâle sourire, pas encore parfaitement à l’aise. J’avais l’impression de battre tous les records de mauvaise conduite en ce moment, enchainant encore et encore les faux pas. « C’est super gentil de ta part, Norine. Je… Tu me sauves la vie. » murmurai-je. « Encore désolée de te déranger comme ça, je te jure j’aurais aimé te prévenir avant mais j’ai été… Prise de court. » J’eus un petit rire, tandis qu’elle ouvrait la porte d’une chambre de son appartement. Je l’observai rapidement, découvrant un lit perdu au milieu de cartons qui n’attendaient qu’à être rangés, et aussitôt ma gorge se serra. Je m’étais attendue à camper sur le canapé, mal installée mais emmitouflée dans une couette, et je me retrouvais devant une vraie chambre. Un vrai lit. Certes, j’aurais dû m’y attendre. Si Norine cherchait un colocataire, c’était qu’elle avait forcément la place pour l’accueillir. Mais ma logique m’abandonnait en ce moment, perdue entre mes crises post-adolescence, mon absence de règles flippante et ma mère tyrannique. Norine posa mon sac dans la chambre, et je l’observai, le regard vide. J’étais perdue dans le flot continu de pensées qui venait m’effleurer l’esprit. Je n’avais pas de bouton off dans mon cerveau – malheureusement. « Ca va quand même ? » me demanda-t-elle prudemment, alors qu’elle s’était avancée vers la porte. J’haussai les épaules, incapable de répondre. Je ressentais beaucoup trop de choses à cet instant précis pour savoir comment j’allais. Tout d’abord, j’avais mon anxiété, par rapport à ma venue ici. J’avais l’adrénaline qui m’avait prise lorsque j’avais claqué la porte de chez moi qui était encore présente. J’avais aussi la peur d’être enceinte, ce qui était fondamentalement la cause de tous mes problèmes. J’avais également cette envie de pleurer toutes les larmes de mon corps à cause de toute cette pression qui s’était créée autour de moi. « Je… J’en sais rien. » marmonnai-je. Je poussai un soupir, en colère contre moi-même. « J’adorerais pouvoir te dire que ça va, que c’est pas grave, tout simplement parce que je ne veux pas t’embêter avec mes problèmes déjà que tu m’accueilles ici. Mais je n’y arrive pas. Ça serait mentir. Je ne vais pas bien. Je ne sais pas si c’est à cause de ma dispute avec ma mère, à cause de mon départ de chez moi ou bien à cause du test de grossesse dans mon sac qu’il faut absolument que je fasse. » continuai-je, sentant mes yeux s’humidifier. « Mais ça ne va pas. Mais ne t’inquiète pas. » Je lui fis un petit sourire, me rendant compte à l’instant même que je venais de lui parler de mes retards, d’une manière détournée. J’eus envie de me frapper la tête contre le mur. Réellement. Quand je disais que je n’enchainais que les faux pas… Je n’avais plus qu’à aller me terrer au fond d’un trou pour ne plus jamais en ressortir.
Sujet: Re: Sometimes things just happen because we choose for them to | Quinn Sam 19 Jan - 13:59
Norine n'y pouvait rien. Quand quelqu'un lui disait qu'elle venait de s'engueuler avec sa mère, elle ressentait de la désolation. C'était comme ça, c'était ancrée en elle. C'était sûrement dû au fait qu'elle aimerait avoir sa mère à ses côtés; sa mère comme son père d'ailleurs. Elle aimerait vraiment les avoir à ses côtés, pouvoir discuter de tout et de rien avec eux, les entendre se plaindre de son frère, et les entendre s'extasier de joie devant leur petite-fille. Cette impression était étrange même. Quand le drame s'était produit, ils lui avaient aimablement proposé de venir revivre chez eux, mais elle n'avait pu. Elle préférait s'éloigner de cette caserne de malheur, refusant de voir tant de pitié dans les yeux des familles de soldats qui l'abordaient. Mais là, maintenant, si on lui demandait où elle aimerait vivre, elle dirait probablement à coté de chez ses parents. Pas avec. A côté. Ca dépendait de son humeur bien sûr, mais rien que l'idée d'aller têter un coup ne lui déplaisait pas. Les kilomètres faisant, les fêtes ayant passés, elle avait de plus en plus le mal du pays. Le mal d'hawaii. Le mal de son île. Le mal de sa famille.
C'est pourquoi elle était désolée de voir son amie arriver ainsi, en pleine soirée, ses bagages à la main, et avec une engueulade avec ses parents. Norine essayait de la mettre à l'aise. Elle ne voulait surtout pas que Quinn ne se sente pas bien. Moralement déjà ce n'était pas fort, elle espérait qu'au moins, physiquement, après une bonne nuit dans un lit, elle irait mieux. De temps en temps, elle lui offrait un maigre sourire, et Norine se dit que finalement, elle n'était pas vraiment au top. Peut-être était-elle encore trop énervée. Ou bien le fait d'avoir envoyé valser sa mère l'ennuyait beaucoup. « C’est super gentil de ta part, Norine. Je… Tu me sauves la vie. » Norine lui fit un petit sourire. « Encore désolée de te déranger comme ça, je te jure j’aurais aimé te prévenir avant mais j’ai été… Prise de court. » Ouais, pas de problème. Lui faisait un petit sourire, Norine murmura simplement un « pas de soucis » avant de lui montrer la chambre où elle allait dormir. Cette chambre ne servant encore pas, elle ressemblait à un dépôt. Mais au moins, l'arrivée de Quinn dans son appartement pour quelques jours allait lui permettre de le ranger.
Son ukulele trainait encore dans un carton, elle ne savait même pas lequel. Les souvenirs de Rafe trainaient dans un autre. Ses bouquins qui ne lui avaient pas encore servis étaient aussi dans un de ceux-là. Bref, du rangement s'imposait. Elle n'osa pas le dire à Quinn, mais il était évident que d'ici peu, elle allait se mettre à fond là-dedans, et elle irait ranger tout ça. Vu comme était son amie, elle préféra éviter de lui dire. Elle ne voulait pas l'entendre encore une fois s'excuser pour le dérangement qu'elle faisait. Alors, qu'au contraire, elle ne la dérangeait pas du tout du tout. Bien au contraire. Les murs blancs de son appartement manquaient d'échos. Les oreilles des murs allaient être bien heureuses; elles manquaient de conversation croustillante..
Enfin, Norine finit par lui demander si ça allait quand même. Si même si elle venait de s'engueuler avec sa mère, ça pouvait quand même aller. Cette question était débile, et c'était bien pour ça qu'elle n'avait pu s'empêcher de rajouter un quand même. Comme un 'malgré tout ça'. Fixant son amie, elle la vit hausser les épaules. Bon, vraisemblablement, ce n'était pas le cas. L'interne lui fit un petit sourire, et détourna les yeux. Si Quinn ne voulait pas en parler, ce n'était pas grave. Elle respecterait son silence. Elle ne lui en voulait absolument pas. Parce qu'elle savait très bien que quand on était énervé, soit on se taisait, et on ruminait, soit on déversait toute la haine qu'on avait. « Je… J’en sais rien. » Entendant la maitresse prendre la parole, Norine releva la tête vers elle. Elle l'observa alors, pousser un petit soupir. « J’adorerais pouvoir te dire que ça va, que c’est pas grave, tout simplement parce que je ne veux pas t’embêter avec mes problèmes déjà que tu m’accueilles ici. Mais je n’y arrive pas. Ça serait mentir. Je ne vais pas bien. Je ne sais pas si c’est à cause de ma dispute avec ma mère, à cause de mon départ de chez moi ou bien à cause du test de grossesse dans mon sac qu’il faut absolument que je fasse. Mais ça ne va pas. Mais ne t’inquiète pas. » Wahoo! Il n'y avait pas d'autres mots là. Vraiment pas d'autres. Ca faisait beaucoup tout ça pour une seule personne. Elle venait de se disputer, et pire que tout, elle avait peur d'être enceinte.. Aie aie aie..
Le regard rivé sur elle, Norine fit un pas en avant, et lui prit le bras. Elle voulait clairement dire de ne pas s'inquiéter, mais les mots ne venaient pas de suite. C'était étrange comme, en dehors de l'hôpital, elle était incapable de réconforter comme il faut les gens. Dans son travail, il y avait une différence; elle essayait d'être le plus insensible possible. Il y avait cette barrière de l'inconnu. C'étit cent fois plus facile, que là, face à une amie. Voyant comment elle allait mal, Norine finit par la faire sortir de la chambre. Au moins, dans le salon -la pièce qui servait de cuisine, salon, salle à manger-, elle n'aurait pas l'impression de déranger. Ou de s'incruster. Avec un petit sourire, elle tenta de raisonner Quinn avec de simples mots. « Tu sais, avec ta mère, ça va s'arranger. Ca arrive par moment, mais ce n'est pas une fin en soit. Vous finirez par vous en remettre de cette dispute; j'imagine que ce n'est pas la première.. même si c'est la plus grande! » Sur ces mots, Norine lui fit un petit sourire. Après tout, une mère ne pouvait rechigner son enfant bien longtemps, c'était génétique ça. Une mère reste une mère, une prédatrice qui aime plus que la prunelle de ses yeux la chair de sa chair. Nul doute que d'ici peu, elles allaient se reparler, et tout rentrerait dans l'ordre. Même si il fallait du temps; tout dépend de ce qui a été dit dans cette dispute entre les deux.. Par contre, ce qui chagrinait le plus Norine, c'était l'histoire du test de grossesse. Quinn était peut-être enceinte. Quinn devait flipper. C'était effrayant de savoir que peut-être un truc poussait dans notre ventre. Surtout si ce n'était pas voulu, ce qui était visiblement le cas ici. Essayant d'être le plus rassurante possible, Norine lui dit « Et pour ton test, tu peux le faire ici si tu veux.. Je veux dire, tu pourras le faire demain matin.. ou ce soir mais seulement si tu n'as pas été aux toilettes depuis longtemps. Parce que le matin, c'est quand même plus fiable. » Elle s'arrêta de sourire, consciente qu'elle venait de parler comme un médecin. Elle grimaça alors « Désolée.. déformation professionnelle.. Mais ce que je voulais dire, c'est qu'il y a pas de problème quoi.. » Bravo Norine, bravo...
Sujet: Re: Sometimes things just happen because we choose for them to | Quinn Lun 21 Jan - 0:09
Norine and Quinn.
SOMETIMES THINGS JUST HAPPEN BECAUSE WE CHOOSE FOR THEM TO.
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Involontairement, j’avais eu besoin de parler de tous mes problèmes à Norine. Lorsqu’elle m’avait demandé si j’allais quand même bien malgré la dispute, je n’avais tout simplement pas pu me retenir de lui raconter mes aventures, me pendant dans tous les évènements qui se passaient actuellement dans ma vie. Je savais que d’autres personnes connaissaient des évènements dix fois pire. Je savais que mes problèmes n’étaient que minimes, cependant je n’étais pas habituée à devoir encaisser autant de choses que cela. La peur d’être enceinte. Le départ de chez moi. Les critiques de ma mère. J’avais toujours été d’une nature calme et d’un naturel à m’adapter ; je n’avais jamais réellement cherché l’affrontement et je me contentais d’hocher la tête pour donner satisfaction aux autres tout en faisant à ma manière derrière leurs dos. Là, j’étais entrée en pleine guerre. En pleine guerre avec moi-même. Il m’avait fallu vingt-trois ans pour finalement me dire que j’avais certainement enchainé les plus grosses conneries de ma vie en un temps record ; il m’avait fallu vingt-trois ans d’existence pour me rendre compte que finalement j’avais fait les mauvais choix, que j’avais accumulé les faux pas. Je me sentais seule. Incroyablement seule. La porte que m’avait ouverte Norine m’avait réconforté, même si au fond je demeurais intimement persuadée que je la dérangeais plus qu’autre chose. Après tout, je débarquais à l’improviste. Je venais l’accabler avec mes problèmes alors qu’elle avait certainement mieux à faire. Vers qui aurais-je pu me diriger d’autre ? Mes frères et sœurs ? Ils étaient toujours chez moi, que je sache. Rudy ? Il ne savait même pas que je sortais plus ou moins avec son frère, alors lui balancer que j’étais potentiellement enceinte de lui… Lenny ? Je n’étais pas sûre qu’il soit capable de me supporter en train de me lamenter sur mon sort alors que lui aussi était concerné par le test de grossesse. Imran ? Ce n’était pas de lui dont j’avais besoin actuellement. En réalité, j’avais besoin d’une écoute féminine. J’avais besoin de la douceur d’une femme pour me réconforter. Norine avait été là. Et elle ne savait pas à quel point je pouvais lui être reconnaissante pour m’avoir accueilli sans poser beaucoup de questions. Norine s’avança vers moi pour me prendre par le bras, le regard compatissant. Je lui adressai un petit sourire alors qu’elle me conduisait dans le salon, laissant derrière moi mes affaires et la chambre pas encore mise en ordre. Je m’assis automatiquement sur le canapé, retirant avec soin mes chaussures pour me sentir plus à l’aise, retirant mon manteau pour m’installer plus confortablement, une boule d’angoisse toujours coincée dans ma gorge. « Tu sais, avec ta mère, ça va s'arranger. Ça arrive par moment, mais ce n'est pas une fin en soi. Vous finirez par vous en remettre de cette dispute; j'imagine que ce n'est pas la première... même si c'est la plus grande ! » J’esquissai un sourire, sachant parfaitement qu’elle avait raison. Cependant, je ne réussissais pas à ne pas m’en faire. Je ne réussissais pas à me dire que ce n’était pas grave. Au fond, la dispute révélait bien des choses : cela soulignait à quel point ma mère pouvait être exigeante, à quel point je pouvais être têtue, à quel point j’en avais marre de vivre entre ses griffes alors que je pouvais très bien être indépendante. « Oui… Je sais que ça va s’arranger. Mais tu vois, je me dis que ce n’est pas la dernière. Qu’elle va recommencer à être comme ça, que je vais forcément réagir et ça m’épuise d’avance. J’ai l’impression de la décevoir à chaque fois, elle m’agace à être aussi étroite d’esprit… » Je fronçai les sourcils, me rendant compte que je réfléchissais presque à voix haute. Je me mis à avoir un petit rire timide, désespérée par mon propre comportement. C’était ma mère, certes. Mais je ne réussissais pas à ne pas lui en vouloir. Norine semblait soucieuse, elle. Je me mordis la lèvre inférieure, consciente que j’étais en train de parasiter son cerveau avec mes pensées négatives et les problèmes qui déferlaient dans ma vie. Elle finit par reprendre la parole. « Et pour ton test, tu peux le faire ici si tu veux... Je veux dire, tu pourras le faire demain matin... ou ce soir mais seulement si tu n'as pas été aux toilettes depuis longtemps. Parce que le matin, c'est quand même plus fiable. » dit-elle avant de marquer une pause. « Désolée... déformation professionnelle... Mais ce que je voulais dire, c'est qu'il y a pas de problème quoi... » Je ne pus m’empêcher de rire doucement, même si la situation était grave – surtout pour moi, en fait. Je poussai alors un petit soupir, puis je passai une mèche de cheveux derrière mes oreilles. « T’es… T’es sûre que c’est plus fiable le matin ? De combien de pourcent ? » lançai-je, guère rassurée. J’avais attendu si longtemps pour le faire… Je me voyais mal attendre une nuit entière pour finalement l’utiliser. J’avais l’impression que cela obsédait l’intégralité de mon cerveau. Je ne pensais plus qu’à cela, même si je n’avais pas forcément envie d’aller aux toilettes non plus. J’étais si contradictoire… Je me faisais moi-même peur. « Enfin, bien sûr que t’es sûre, ma question est complètement stupide... » me coupai-je moi-même. « Mais ce que je veux dire c’est que… C’est grave si je n’attends pas demain matin ? » Je devais le savoir. L’information devait être quelque part dans mon cerveau, mais avec toute l’angoisse que je pouvais ressentir je ne réussissais pas à la retrouver. Je levai les yeux vers elle, le regard presque suppliant, comme si mes désirs pouvaient changer quelque chose de la réalité scientifique. J’étais une blague. J’étais une immense et véritable blague à moi toute seule.
Sujet: Re: Sometimes things just happen because we choose for them to | Quinn Ven 25 Jan - 15:28
Discuter avec quelqu'un de ses problèmes familiaux n'était jamais facile quand on était impliqué dans les sentiments. Si une autre personne, autre que Quinn, une personne totalement inconnue se serait aventuré chez elle pour lui raconter toute cette histoire, ça aurait été beaucoup plus simple. Mais là, c'était moralement dur. Quinn avait du mal avec cette histoire, et il n'était pas dans son intérêt que Norine lui dise à haute voix que sa mère avait abusé. Elle-même détestait qu'on lui dise cela, même quand elle s'en plaignait, même quand elle pestait contre elle. Elle préférait qu'on se taise, qu'on ne critique pas ses parents, et qu'en quelques phrases on lui remonte le moral. C'était exactement ce qu'elle essayait de faire auprès de Quinn. Ne pas enfoncer sa mère -même si franchement, elle avait abusé-. Ne pas dire de mal de n'importe qui. Juste essayer de lui remonter le moral. Pour cela, elle préféra l'entrainer hors de cette chambre, et de ce décor d'appartement non rangé. Elle ne voulait absolument pas que Quinn se sente mal à l'aise, surtout qu'elle lui offrait mieux qu'un simple canapé là. Une fois dans le salon, Quinn s'installa sur le canapé. Elle enleva ses chaussures avec soin, et retira son manteau. Parfait. Rien que ses petits gestes en disaient longs sur son état d'esprit. Avec un petit sourire, Norine la regarda faire, s'installant à son tour sur le canapé, mettant ses pieds dessus et passant ses bras autour de ses jambes. Elle prit alors la parole, tentant tant bien que mal de la rassurer. Ses propos faisaient peut-être mouche. Quinn semblait sourire de temps en temps. « Oui… Je sais que ça va s’arranger. Mais tu vois, je me dis que ce n’est pas la dernière. Qu’elle va recommencer à être comme ça, que je vais forcément réagir et ça m’épuise d’avance. J’ai l’impression de la décevoir à chaque fois, elle m’agace à être aussi étroite d’esprit… » En entendant ces derniers mots, Norine se mit à sourire doucement. Elle m'agace. Il lui semblait que quand elle était encore à Hawaii, il n'y avait que sa mère pour critiquer toute sa façon de vivre. Dès qu'elle mettait le nez dans son appartement, elle était capable d'aller prendre un balai et de balayer la pièce; juste pour l'avancer avec tout le travail qu'elle avait à faire. En réalité, même si cela partait d'une bonne intention, Norine se sentait à chaque fois vexée. Vexée par sa mère. Elle avait l'impression de n'être qu'une gamine incapable de s'occuper de son foyer, et qui avait besoin de sa mère pour faire tout ce qu'elle devait faire pour s'en sortir. Alors, elle était vexée, s'énervait, et ça finissait toujours mal. Maintenant, face à Quinn, elle se rendait compte que sa mère n'était pas unique. Quinn devait avoir la même à la maison. Que ce elle m'agace, elle pouvait parfaitement le comprendre. « Ouais, je comprends.. Ma mère était un peu près pareille.. Mais ne t'en fais pas, n'y pense pas pour ce soir va. » En regardant Quinn, Norine repensa à ce qu'elle avait dit. A ce bébé qui peut-être poussait dans son ventre. C'était pire qu'une dispute ça. Elle avait mal au coeur, rien que pour elle. Attendre un enfant, c'était beau, c'était magnifique. Mais attendre un enfant quand on ne s'en sent pas capable, quand on n'est pas casé, quand on n'est pas en couple, quand on n'est pas stable, c'est un drame. Et comme dans toutes situations semblables, Norine prit la parole, et lui parle du test de grossesse. Ses propos étaient ceux d'une professionnelle, pas ceux d'une amie. Quand elle s'en rendit compte, elle s'excusa alors. Quinn, elle, se mit à rire. « T’es… T’es sûre que c’est plus fiable le matin ? De combien de pourcent ? » Elle lui en posait des colles. Voyons voir.. Jamais on ne lui avait dit ça.. On ne lui avait jamais parlé de pourcentages, de chiffres, et tout ça.. On disait souvent que c'était le matin. Mais maintenant, les tests étaient plus fiables. On pouvait les faire n'importe quand. « Enfin, bien sûr que t’es sûre, ma question est complètement stupide... » Norine l'observa alors. « Mais ce que je veux dire c’est que… C’est grave si je n’attends pas demain matin ? »
Non, elle pouvait le faire. C'était ce qu'on lui disait. On disait, en théorie qu'il fallait faire ça le matin. Mais en pratique, ça pouvait se faire n'importe quand. Les tests de grossesse étaient assez fiables, maintenant. Alors, secouant la tête, Norine répondit. « Non. Tu peux aller le faire si tu veux.. » D'un geste, elle montra la salle de bains. Là-bas. Elle espérait vraiment que ce serait négatif. Que les spermatozoides de son amoureux ne soient pas des winners. Tant pis pour lui, tant pis pour ses petites cellules, mais ce serait tant mieux pour Quinn. Parce que de ce bébé, elle n'en voulait apparemment pas. Elle n'était pas prête. Ou alors.. ou alors, elle se trompait. Peut-être qu'elle le voulait ce bébé, mais peut-être qu'elle n'était pas bien juste à cause de sa dispute avec sa mère. Mais oui! Pourquoi avait-elle pensé de suite que Quinn n'en voulait pas? Lui avait-elle dit? Elle ne se souvenait plus. Durant une seconde, elle tenta de se rappeler leur conversation. Fronçant doucement les sourcils, Norine se rendit compte qu'elle se trompait peut-être sur toute la ligne. Elle l'interrompit alors. « Attends.. Tu.. Tu veux être enceinte, ou.. tu veux pas? » Vraiment, Norine et son tact..
Sujet: Re: Sometimes things just happen because we choose for them to | Quinn Lun 28 Jan - 19:37
Norine and Quinn.
SOMETIMES THINGS JUST HAPPEN BECAUSE WE CHOOSE FOR THEM TO.
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Je prenais mes aises, lentement, encore gênée de mon intrusion dans la bulle de tranquillité de Norine. J’enlevai mon manteau et mes chaussures, m’asseyant tout doucement dans le canapé, essayant d’évacuer toutes les pensées qui pouvaient déferler dans mon cerveau. Je focalisai mon esprit sur l’odeur de macaronis au fromage mais, très vite, tout me revint violemment, chassant mes bonnes révolutions et mes motivations pour arrêter d’y penser. J’étais incapable de contrôler mon esprit, incapable d’arrêter mes souvenirs. A chaque fois je me remémorais la scène, je ressentais la colère qui m’avait habité, je revoyais les expressions de ma mère, j’entendais de nouveau notre dispute. Tout cela pour, au final, me sentir encore plus mal qu’avant. J’avais regretté d’être partie à la minute même où j’avais mis un pied dehors. Cela ne m’empêchait pas de penser, secrètement, que cela avait été la meilleure chose à faire et que cela n’avait été qu’une question de temps avant que je m’en aille. Mais, d’un côté, je me disais également que cela aurait dû se passer autrement... J’aurais dû parler de prendre un petit appartement tranquillement un soir à table ; j’aurais dû négocier des semaines avec mes parents avant qu’ils ne comprennent mon besoin et mes motivations. Après, tout se serait enchainé de la manière la plus normale qu’il soit : ils auraient cherché un appartement avec moi, auraient visité quelques endroits, auraient dit non là où je disais oui et oui là où je disais non. Au final, ma mère m’aurait aidé à faire mes cartons avec mes sœurs, et je serais partie. Cela aurait dû se passer aussi simplement que cela. Mais qui a dit que la vie pouvait être simple, un jour ? J’en voulais à ma mère d’être comme ça. Je m’en voulais de réagir de cette manière à chaque fois que j’avais l’impression qu’elle dépassait les bornes. Nous avions deux caractères en feu, et à chaque fois cela faisait des étincelles. Norine m’écouta pester après elle, un petit sourire aux lèvres, à la fois compréhensive et amusée. Elle ne m’interrompit pas, ni même me reprit sur ce que je pus dire après elle ; je lui en fus grandement reconnaissante, d’ailleurs. Après tout, nous nous entendions très bien. C’était principalement pour cela que j’avais tout de suite pensé à elle quand j’avais cherché un endroit où dormir cette nuit. J’avais su qu’elle saurait être là. « Ouais, je comprends... Ma mère était un peu près pareille... Mais ne t'en fais pas, n'y pense pas pour ce soir va. » J’eus un petit sourire à mon tour sans rien y ajouter, rassurée de savoir que je n’étais pas la seule dans cette situation. Oh, si, j’avais toujours su que madame Gavennham n’était pas mal dans son genre, cependant Rudy et Lenny étaient des gars. Ils ne pouvaient pas comprendre le calvaire que pouvait bien représenter une dispute autour d’une marque de lessive entre mère et fille. C’était des choses typiquement féminines… Malheureusement, d’ailleurs. Le test de grossesse. Je n’avais jamais pensé au moment le plus propice pour le faire, à la manière dont il fallait s’y prendre. Norine me ramena rapidement sur Terre, et je finis par lui poser énormément de questions pour savoir si attendre le lendemain était réellement nécessaire. Norine sembla réfléchir. Mon pouls s’accéléra, sans que je ne sache que faire. J’avais besoin de savoir. J’avais refusé, jusque-là, d’imaginer ce que je pourrais bien faire dans neuf mois ; j’avais refusé de voir dans le futur, de m’attarder sur ce qui allait bien m’arriver ou se produire. J’avais vécu au jour le jour en repoussant au lendemain le moment fatidique de la vérité. Cependant, j’avais l’impression de me retrouver au pied du mur… Au pied d’un mur d’incertitudes. J’étais partie de chez moi. Je ne savais pas où était ma relation avec Lenny. Je n’avais pour l’instant pas de toit fixe. J’étais potentiellement enceinte. Quelque part, cet enchainement m’étouffait et j’avais finis par me rendre à l’évidence : nier n’était pas une solution. Je devais savoir. Et ce même si cela me faisait peur. « Non. Tu peux aller le faire si tu veux… » Elle me montra la direction à prendre. Je l’observai avec de grands yeux effrayés, mon cœur repartant une nouvelle fois dans une course folle. « Dès que je trouve assez de courage, j’y vais. » marmonnai-je, me focalisant sur mon rythme cardiaque et le stress qui me déchirait le ventre. Je pris une grande inspiration, l’air parvenant dans mes poumons de manière saccadée. J’avais toujours été comme cela dès qu’il avait s’agit d’une chose importante : je prenais une ferme décision, puis je me rétractais à la dernière minute. J’avais peur. Horriblement peur. Peur d’être enceinte, peur de passer neuf mois de ma vie à attendre un enfant, peur de ce qu’il allait devenir. Le garder, le faire adopter ? L’avortement me semblait barbare, alors c’était les deux solutions qui s’offraient à moi. Je secouai la tête pour chasser ces idées. Je ne voulais pas y penser. Ce n’était pas le moment. Je devais savoir avant d’imaginer quoi que ce soit. « Attends... Tu... Tu veux être enceinte, ou... Tu veux pas ? » Je relevai la tête vers Norine, arquant un sourcil. J’eus un petit rire nerveux, puis je me tordis les mains en cherchant la meilleure manière de formuler cela. Je n’en avais parlé à personne jusqu’ici – hormis Lenny – persuadée que si je gardais cela pour moi cela ne serait tout simplement pas possible. Et puis, je n’avais eu personne à qui le raconter. Personne à part Norine. Je me raclai la gorge, presque mal à l’aise. « Non, je ne veux pas. » dis-je doucement. « J’ai l’impression d’être encore une petite fille dans ma tête, je ne peux pas être mère. Pas maintenant en tout cas. Et puis, je n’ai pas une vie sentimentale très stable… Le mariage, les enfants, la grandes maison et le chien, ce n’est pas encore moi tu vois ? » Je poussai un petit soupir. « Je ne suis pas… Pas prête pour ça. » Je sentis les larmes monter à mes yeux. Automatiquement, je détournai le regard en essayant de me contrôler. En vain.
Sujet: Re: Sometimes things just happen because we choose for them to | Quinn Sam 2 Fév - 15:56
Rien qu'en montrant la direction des toilettes, Norine se rendit compte que son amie ne se sentait pas bien. Elle devait paniquer la pauvre, et honnêtement, elle la comprenait. Qui voudrait d'un gamin? Bon, ok, certaines personnes réussissent à avoir des enfants dans des situations limite acceptables. Norine avait entendu parler à l'hôpital de deux jeunes à Arrowsic qui avaient eu un bébé de bonne heure. Ils avaient tout juste dix-huit ans d'après la rumeur, et rien n'avait été simple pour eux. Norine pouvait bien le croire. Son père n'aurait jamais accepté que son unique fille ait un bébé à ce moment-là de sa vie. Il l'aurait probablement enfermée dans un tour gardé par deux soldats contraints de la surveiller à longueur de journées. La rumeur disait qu'ils s'en étaient bien sortis, et que le garçon avait accepté son rôle de papa. Une chance pour la jeune fille! Non, parce que vous vous imaginez ce qu'elle serait devenue, maman à dix-huit ans, un bébé dans les bras, toute seule, avec sa famille qui ne l'aurait pas forcément accepté? Norine aurait pitié d'elle, sérieusement. Elle aurait bien voulu l'accepter sous son toit, juste pour essayer de faire de sa vie quelque chose de mieux. Enfin bref, pour eux, tout allait bien. Mais pour les autres? Ce n'était pas toujours le cas. Combien de personnes sont sans emploi, avec un enfant, et sans famille? Combien de personnes doivent bosser vingt heures par jour pour subvenir aux besoins de leur bouche de plus à nourrir? Combien de personnes rêveraient de remonter le temps et de ne pas oublier une simple capote? Beaucoup. C'était effrayant comme le monde pouvait être injuste envers certaines personnes.. Et Norine espérait de tout coeur que son amie ne fasse pas partie de ces personnes qui doivent vivre avec ce cadeau non désiré. « Dès que je trouve assez de courage, j’y vais. » Bien. Pas de problème.
C'est là que Norine se rendit compte d'une chose; que peut-être s'était-elle trompée. Peut-être bien que Quinn désirait cet enfant. Sa panique n'était peut-être pas dû au fait qu'elle se voyait mal avec une bouche de plus à nourrir et tout ce que ça implique. Elle voulait peut-être tellement cet enfant qu'elle se mettait à paniquer à l'idée même de ne pas avoir un utérus si douillet. Alors, Norine prit la parole, quelque peu gênée par ce qu'elle allait demander. Parce qu'après tout, ce n'était pas faux. Même si aujourd'hui, Norine ne se voyait pas avec un bébé en plein dans ses études de médecine, elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'au moins, elle aurait un petit souvenir de Rafe. Elle vivrait un enfer chaque jour, mais au moins, chaque jour, elle aurait une bonne raison de se battre. A peine avait-elle demandé ça que Quinn releva la tête vers elle, en arquant un sourcil. Bon, visiblement non, ce bébé n'était pas voulu. Sa réaction était claire. Et au moins, avec sa question débile, Norine avait eu le bonheur de le faire rire. Même si c'était d'un rire nerveux. En l'entendant ainsi faire, l'interne réagit un peu de la même façon. Elle se sentait rassurée. Parce que oui, avoir un enfant sans être stable ce n'était pas génial pour lui. Quinn devait être la première à le savoir. En tant que professeur des écoles, elle devait voir de drôles d'histoires de famille. « Non, je ne veux pas. » Elle avait eu du mal à le dire. C'était un peu comme si maintenant, elle se sentait mal à l'aise de devoir le dire. « J’ai l’impression d’être encore une petite fille dans ma tête, je ne peux pas être mère. Pas maintenant en tout cas. Et puis, je n’ai pas une vie sentimentale très stable… Le mariage, les enfants, la grandes maison et le chien, ce n’est pas encore moi tu vois ? » Oui. Norine se mordit alors les lèvres, pendant que Quinn poussait un petit soupir. « Je ne suis pas… Pas prête pour ça. » Les yeux rivés vers son amie, elle la vit détourner alors le regard, tentant sans doute de ne pas pleurer. Raté.
Elle avait beau avoir les yeux détournés, le haussement de ses épaules en disait long sur son état. Quelque peu mal à l'aise de la voir ainsi, Norine se rapprocha d'elle, et mit sa main sur son dos. Elle était vraiment désolée de la voir dans cet état, incapable de pouvoir penser à autre chose qu'à ce petit être qui, hypothétiquement, poussait en elle. « Allez Quinn, si ça se trouve, tu n'es pas du tout enceinte.. » Mauvaise consolatrice, elle se sentait encore plus désolée. Désolée de ne pouvoir dire autre chose que ce simple si ça se trouve. Parce que c'était beau tous ces mots, c'était beau tout ça, mais si ça se trouve justement, elle attendait un bébé. Secouant doucement la tête, se maudissant, Norine frotta sa main sur elle. « Je comprends bien que tu n'es pas prête, mais tu sais, il y a tout un tas de raisons qui peuvent faire en sorte que tu ais du retard.. Il ne faut vraiment pas t'inquièter tout de suite. » Ne sachant quoi lui dire d'autre, Norine sentit alors la bonne odeur. Elle avait oublié ces macaronis au fromage qui attendaient patiemment d'être mangés. Peut-être que c'était l'occasion justement d'oublier pendant un moment ce petit être, et d'aller manger quelque chose. Histoire de se remplir vraiment le ventre. « J'ai des macaronis.. Si tu veux.. » Le regard triste, elle observa Quinn. Elle espérait de tout coeur que les spermatozoides de cet homme, cet inconnu à ses yeux, soient de mauvaise qualité.
Sujet: Re: Sometimes things just happen because we choose for them to | Quinn Mer 6 Fév - 20:50
Norine and Quinn.
SOMETIMES THINGS JUST HAPPEN BECAUSE WE CHOOSE FOR THEM TO.
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Je me sentais coupable. Coupable de devoir infliger cela à Norine, coupable de ne pas vouloir être enceinte, coupable d’être incapable de faire un test de grossesse tout simplement parce que j’étais trop stressée pour m’y résoudre. Ma vie avait pris une tournure pathétique ces derniers jours, comme si le destin souhaitait me punir des conneries que j’avais bien pu faire. Ma relation avec Lenny était inqualifiable, instable, irresponsable. Je subissais actuellement les conséquences de nos actes et de nos gamineries. Il m’avait clairement dit qu’il fuirait ses responsabilités et la situation. Mais pouvais-je le faire, moi ? J’étais coincée dans ce collimateur, j’étais coincée entre l’impossibilité de revenir en arrière et la crainte de faire un pas en avant. J’avais peur. J’étais terrifiée. Je ne voulais pas de ce bébé qui était peut-être dans mon ventre. Je ne voulais pas devenir mère, je ne voulais pas subir tout cela. J’avais passé ma vie à rejeter au lendemain le moment où j’aurais à grandir, le moment où j’aurais à partir de chez moi, le moment où j’aurais à construire quelque chose. Je me retrouvais au pied du mur, dans une phase de transition douloureuse et pleine de doutes. Je ne savais pas quoi faire. J’étais piégée. Alors, quand Norine me demanda si je voulais être maman, j’eus un rire gêné, faible. J’avais l’impression d’être un monstre en lui admettant que je n’en voulais pas et que je n’étais pas prête. Cependant, j’avais gardé pour moi tout cela pendant bien trop longtemps pour réussir à lui mentir ou ne pas répondre à la question. J’avais besoin d’être honnête avec elle mais également avec moi-même. Et puis, Norine était une oreille si attentive… Je me sentais presque en paix, là, sur son canapé, alors que l’odeur de son diner parfumait encore l’air. Je lui confiai donc ma panique, mes peurs. Je lui dis que je n’étais pas faite pour cela, que je ne voulais pas cela. Lentement, au fil de mes mots, je sentis les sanglots montés dans ma gorge, mais je fis de mon possible pour ne pas pleurer. Lorsque je finis par arrêter de parler, je détournai le regard pour ne pas lui montrer mes yeux rouges aux larmes menaçant de couler. Je repris plusieurs fois ma respiration, mon corps tremblant de toutes parts. Norine se rapprocha de moi, posa sa main dans mon dos en se voulant rassurant. Je retournai ma tête vers elle, esquissant un petit sourire, mes yeux débordant de larmes. Je me trouvais pathétique. Incroyablement pathétique. Mais, adorable, Norine ne me fit aucune remarque, ne me lança aucun regard désapprobateur. Et je lui en étais reconnaissante. « Allez Quinn, si ça se trouve, tu n'es pas du tout enceinte.. » dit-elle lentement, tout doucement. « Je comprends bien que tu n'es pas prête, mais tu sais, il y a tout un tas de raisons qui peuvent faire en sorte que tu ais du retard... Il ne faut vraiment pas t'inquiéter tout de suite. » J’haussai les épaules, montrant que je n’en savais rien. C’était possible, oui, d’avoir des retards sans être enceinte. Mais j’avais suffisamment mauvaise conscience pour ne pas nourrir d’espoirs vains : j’avais eu des rapports avec Lenny sans me protéger. Et pas qu’une seule fois. Nous n’avions pas pris la peine de mettre un préservatif de temps à autre alors que nous savions tous les deux que je n’étais pas régulière dans la prise de ma pilule. Cela faisait partie des nombreuses conneries que j’avais pu faire avec lui. J’avais été irresponsable. Comme d’habitude. Je lui fis simplement un petit sourire. Un sourire pour la remercier d’être aussi gentille. « J'ai des macaronis... Si tu veux... » Nerveuse, je me mis à rire. A rire pour de vrai. Mon rire était certainement démesuré, mais la pression que je ressentais dans l’intégralité de mon corps multipliait mes émotions. « Elles sentent très bon. » répondis-je, en lui faisant clairement comprendre que j’avais déjà remarqué leur présence. « Tu en as suffisamment pour deux ? Sinon c’est pas grave, tu peux manger si tu veux, ne te dérange pas pour moi. J’ai pas très faim de toute façon. » C’était vrai. J’avais l’impression que mon estomac était noué depuis quelques jours. Au fond de mon être, je savais que je mourrais de faim. Mais je ne savais pas si j’aurais la capacité de manger. C’était psychologique, à ce qu’il parait. « En tout cas, Norine… » commençai-je. « Tu es adorable. Merci, merci, merci. Et je suis une mauvaise amie, je ne t’ai même pas demandé comme tu allais… » Je lui lançai un petit sourire désolé, l’incitant à me donner les nouvelles de son côté. Il fallait que je me distraie. Que je pense à autre chose. Que je prenne du recul, qu’elle me raconte ses petites histoires pour, peut-être, réussir à focaliser mon esprit sur autre chose.
Sujet: Re: Sometimes things just happen because we choose for them to | Quinn Sam 9 Fév - 10:59
A la voir dans un tel élan d'angoisse, Norine pensa un instant à la peur qu'elle avait eu, quelques années auparavant. Elle n'avait rien compris de ce qui lui arrivait à ce moment-là, bien trop occupée à courir aux quatre coins de l'île. Elle avait tout juste vingt ans. Elle venait d'être tata quelques mois plus tôt, et ce même jour, elle avait embrassé pour la toute première fois Rafe. Le temps était passé à une vitesse folle depuis ce moment-là. Elle nageait dans le bonheur, jusqu'à ce qu'on lui apprenne pour Charlie. Oh Charlie.. Le lendemain de sa fête d'anniversaire -de ses vingt-et-un ans-, il s'était senti mal. Bon étudiant en médecine, il avait pris rendez-vous chez un docteur. La suite ne fut qu'un cauchemar. Charlie était atteint d'une leucémie. Norine, comme tous leurs amis, s'était débrouillée pour courir à droite et à gauche, allant en cours, lui rendant visite chaque soir, passant la nuit avec Rafe, revenant en cours le lendemain, repartant lui rendre visite le soir, et repassant la nuit avec Rafe. Elle courait aux quatre coins de l'île à ce moment-là, ne trouvant pas une seule minute pour se poser sur place. Ce n'est que quatre jours après qu'elle comprit, et qu'elle prit peur. Elle avait quatre jours de retard. Quatre.. En soit, pour elle, c'était une éternité. Jamais elle n'avait eu du retard, jamais elle n'avait eu à se plaindre d'un problème à ce niveau-là. Paniquée, elle n'avait rien dit à Rafe. Ni à aucun autre de ses amis. Elle s'était un jour rendue dans une pharmacie, avait acheté un test de grossesse, et l'avait fait, toute seule dans sa salle de bains. Son coeur n'avait jusqu'alors jamais autant cogné dans sa poitrine. Heureusement, le résultat était négatif. Une prise de sang l'avait confirmé. Dame Nature ne lui a jamais envoyé son cadeau ce mois-là. Dame Nature avait constaté dans quel état d'épuisement et de colère elle était et n'avait pas jugé utile d'en ramener une couche. Ceci dit, Charlie s'en est sorti. Il s'est battu avec courage contre ce cancer, et il l'a vaincu. Aujourd'hui, il est à l'hôpital d'Honululu..
Alors, avec une petite voix, Norine tenta de lui remonter le moral, lui expliquant que parfois, on pouvait avoir du retard. Juste comme ça. Visiblement, Quinn n'était guère convaincu. Elle haussait les épaules. Ca, c'était le signe du J'en sais rien, tout comme du peut-être, tout comme du Je sais ce que tu veux dire, mais j'y crois pas. Autant dire que c'était le signe du tout ou du rien. Elle n'était pas convaincu, c'était certain. Mais au moins là, elle ne pleurait pas. Tant mieux. Norine n'aimait pas consoler les gens: elle ne savait jamais trop comment s'y prendre. Avec un sourire, elle lui annonça qu'elle avait des macaronis. Ca sentait bon dans son appartement, et c'était d'ailleurs en humant cette odeur qu'elle s'en était souvenue. Et cette fois, elle réussit l'incroyable; faire rire Quinn. « Elles sentent très bon. » Ah oui! Merci! Norine, en l'entendant dire ça, afficha un grand sourire. « Tu en as suffisamment pour deux ? Sinon c’est pas grave, tu peux manger si tu veux, ne te dérange pas pour moi. J’ai pas très faim de toute façon. » Suffisamment pour deux? C'était peu dire.. Riant à son tour, Norine se releva, et lui annonça alors. « Plus que pour deux même.. Je ne suis pas très douée dans les proportions alimentaires pour une personne.. » La première fois qu'elle avait cuisiné du riz pour elle, seule dans son appartement, elle avait finit par en manger pendant deux jours. Ce n'est qu'après qu'elle avait compris que non, on ne met pas deux verres de riz pour une personne, mais bien la moitié d'un..
Prête à s'en aller pour prendre ces macaronis, et aller chercher une autre assiette, elle entendit alors Quinn parler. « En tout cas, Norine… » Elle se retourna alors vers elle « Tu es adorable. Merci, merci, merci. Et je suis une mauvaise amie, je ne t’ai même pas demandé comme tu allais… » Elle affichait sur sa bonne bouille un petit sourire rempli de pardon. Cette fois, ce fut les lèvres de Norine qui s'étirèrent, et avec un petit sourire, elle lui répliqua alors. « C'est normal. » Elle n'ajouta rien d'autre, et fila dans la cuisine -enfin vers l'endroit qui servait de cuisine, tout étant ouvert-. Ouvrant un placard, elle y extirpa une assiette, et un verre. Elle prit également dans un tiroir des couverts. « J'ai pas grand chose à raconter.. Ah si! Tu sais quoi? Je vais assister à une greffe cardiaque! On va prendre le coeur d'un mort, et le placer dans celui d'un enfant! Enfin.. c'est tragique à dire comme ça, mais visiblement, on ne peut rien faire pour l'autre enfant.. Il est branché, et c'est seulement comme ça que son coeur bat encore. Je n'en sais pas plus, il n'est pas du tout du coin.. mais bon, avec ce petit coeur, on va réussir à faire revivre un de nos bonhommes! » Oui, Norine était excitée. Complètement excitée. Ce serait une grande première pour elle; et évidemment, qui dit greffe dit 'on ne sait pas quand'. On lui avait dit « dans deux jours », mais ce n'était pas forcément ça. Alors, Norine gardait toujours un oeil sur son portable. Au cas où on l'appelerait. Elle ramena alors les couverts sur la table, et les posa dessus, les rangeant correctement pour que Quinn puisse venir manger. Avec un petit sourire, elle montra ses macaronis. « a table!! »
Sujet: Re: Sometimes things just happen because we choose for them to | Quinn Lun 11 Fév - 22:08
Norine and Quinn.
SOMETIMES THINGS JUST HAPPEN BECAUSE WE CHOOSE FOR THEM TO.
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Cela faisait des jours que je vivais une sorte de transe ; des jours que je faisais du mieux que je pouvais pour oublier mes retards, des jours que j’agissais comme si tout allait bien. J’avais la très nette impression que je venais tout simplement d’exploser et que mes nerfs en avaient tout simplement eu marre de tout garder pour eux ; j’avais été comme une bombe à retardement, menaçant de tout faire sauter d’une minute à l’autre. Ma mère avait été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase. Et cela m’avait mené jusqu’ici, dans une foule d’évènements que mon cerveau avait eu grand mal à suivre. Au final, j’avais eu besoin de parler avec Norine. J’avais eu besoin de tout lui raconter, de partager mon fardeau avec une autre personne que Lenny, faible moyen d’évacuer tout ce que j’avais bien pu accumuler aux cours des derniers jours. J’avais eu besoin d’un regard extérieur, d’un œil neuf, d’une personne qui pourrait m’aider à relativiser du mieux que je pouvais. Norine avait été là. Et je lui en étais reconnaissante à un point qu’elle ne saurait imaginer, sans doute. Je n’avais pas spécialement faim, cependant j’avais envie de me changer les idées. Lorsque Norine me parla de son diner, je ne pus m’empêcher de rire en la voyant changer lentement de sujet une fois qu’elle s’était rendue compte que je ne souhaitais plus m’attarder sur ma vie privée. Elle était adorable. Cependant, encore une fois, j’eus l’impression de déranger ; alors, avant d’accepter quoi que ce soit, je lui demandai si elle en avait suffisamment pour deux. Je ne voulais pas qu’elle se prive pour moi alors que je n’avais pas réellement faim, alors que mon estomac était noué tout en criant famine. Norine se mit à rire avant de se lever, comme si ma question était complètement dérisoire. Je me redressai, tout en l’observant s’en aller me préparer une assiette. « Plus que pour deux même… Je ne suis pas très douée dans les proportions alimentaires pour une personne... » confia-t-elle. J’esquissai un petit sourire, comprenant parfaitement où elle voulait en venir ; ce n’était jamais facile. Les rares fois où j’avais dû me faire à manger pour moi toute seule, cela avait fini en orgie de nourriture tout simplement parce que j’avais été bien incapable de respecter les dosages. L’homme n’était pas fait pour vivre seul. Cela n’était qu’une preuve de plus. Lorsque Norine s’activait pour me servir une assiette de macaroni, j’en profitai pour la remercier une nouvelle fois, jugeant que je ne l’avais pas encore assez fait. Elle se retourna vers moi, et je finis par me rendre compte que je ne lui avais pas demandé de ses nouvelles. Honteuse, je tentai donc de me rattraper (assez lamentablement, d’ailleurs, mais là n’était pas la question), et Norine se mit à sourire. « C'est normal. » m’assura-t-elle. Elle ne dit rien, le temps de prendre une assiette, un verre, des couverts. Je restai à ma place en la regardant, jugeant que si je me levais pour l’aider je l’embêterais plus qu’autre chose. « J'ai pas grand-chose à raconter... Ah si ! Tu sais quoi ? Je vais assister à une greffe cardiaque ! On va prendre le cœur d'un mort, et le placer dans celui d'un enfant ! Enfin... c'est tragique à dire comme ça, mais visiblement, on ne peut rien faire pour l'autre enfant... Il est branché, et c'est seulement comme ça que son cœur bat encore. Je n'en sais pas plus, il n'est pas du tout du coin... mais bon, avec ce petit cœur, on va réussir à faire revivre un de nos bonhommes ! » annonça-t-elle alors, réellement enthousiaste. « A table !! » Je souris, avant de me lever pour la rejoindre. Effectivement ! Alors que j’étais en train de me morfondre sur mon pauvre sort, Norine étudiait. Tout du moins, elle se préparait à assister à une longue intervention sur un enfant qui avait besoin d’un nouveau cœur. Autant dire que nous vivions toutes les deux sur deux planètes différentes. Je m’installai en face de mon assiette – je pensais sincèrement que j’allais être incapable de manger tout ce qu’elle m’avait mis, mais je gardai cette constatation pour moi – puis je lui adressai un nouveau sourire. « Pas trop stressée ? » demandai-je simplement avant de verser de l’eau dans mon verre et dans le sien. « Ca va être impressionnant, j’en suis sûre. Je ne pourrais pas être à place, je ne réussirais tout simplement pas à faire la part des choses et ne pas faire de crise pour l’enfant qui se fait greffer… J’aurais trop peur pour lui, je suppose. Et le donneur, pauvre enfant… » Après tout, dès qu’un enfant de ma classe s’égratignait le genou, cela prenait des allures de catastrophes dans mon esprit. Je n’osais même pas imaginer quelle réaction je pourrais avoir si je me retrouvais à observer une opération aussi délicate au bloc… « J’imagine que tu ne dois attendre que ça. Tu sais déjà qui va se faire greffer ? » Je n’y connaissais rien, après tout. Lentement, je portais à ma bouche une bouchée de macaronis, l’estomac encore incroyablement noué. Mais cela ne m’empêcha pas de les trouver bonnes.
Sujet: Re: Sometimes things just happen because we choose for them to | Quinn Sam 16 Fév - 16:52
L'histoire de cette greffe cardiaque était assez complexe à expliquer. Même si l'interne Norine Reilly en avait entendu tous les détails qu'on aurait cru possible et inimaginable, elle était certaine d'en avoir oublier quelques uns. Sinon, ça ne collait pas. On ne pouvait pas dire « dans deux jours, quelqu'un va se faire greffer ». Ca ne voulait strictement rien dire. On ne savait jamais quand le premier enfant allait pouvoir être gardé pendant un moment encore sous respirateur artificiel pour faire battre son coeur. Cette épreuve devait sans doute être inconfortable aux yeux de sa la famille de ce pauvre gamin. Sans doute le veillaient-ils jour et nuit espérant un petit espoir, priant à tout bout de chant à un Dieu sourd que son cerveau se réveille. Les médecins le savaient; il n'y avait aucune chance pour que cet enfant se réveille. L'électroencéphalogramme qu'ils lui avaient fait n'avait révélé aucune activité cérébrale. Un médecin l'avait lu. Un autre médecin l'avait refait, et l'avait relu. Sa conclusion était la même; cet enfant était consciencieusement mort. La famille avait accepté donner ses organes; on avait décidé que ce serait son coeur. Ce coeur justement qui allait sauver un autre enfant. Ce coeur qui justement devait rester encore un petit chez son premier propriétaire le temps que cet autre enfant se remette d'une opération précédente. Autant dire que Norine n'avait pas tout compris à l'affaire. Mais plutôt que de s'enfouir dans d'innombrables questions, elle s'était cachée derrière ces livres, essayant de comprendre ce qu'ils allaient faire. Et surtout, essayant d'en apprendre le plus possible. Pour cette opération, elle voulait être fin prête.
Un sourire sur les lèvres, Norine dit à table. Comme sa mère faisait quand ils étaient petits. Les enfants lâchaient toujours tout, et couraient jusque dans la salle à manger. Norine et son frère étaient des goinfres gamins. Elle servit alors Quinn, mettant ses macaronis au fromage -encore brûlants- dans son assiette, puis dans la sienne. Elle s'installa alors, et commença à prendre en mains ses couverts. « Pas trop stressée ? » Quinn, assise en face d'elle était en train de lui servir un verre d'eau. D'un hochement de tete, et d'un petit sourire, elle la remercia. « Ca va être impressionnant, j’en suis sûre. Je ne pourrais pas être à place, je ne réussirais tout simplement pas à faire la part des choses et ne pas faire de crise pour l’enfant qui se fait greffer… J’aurais trop peur pour lui, je suppose. Et le donneur, pauvre enfant… » Le regard de Norine se posa sur son amie, tandis qu'elle enfournait une première gorgée de son plat dans sa bouche. Si, elle était stressée. Elle n'avait pas le droit à l'erreur là; on lui offrait une place en or, et elle devait assurer. Et en fait, quand elle pensait à l'opération, elle pensait à son job. Elle n'imaginait pas une seule seconde l'enfant endormi sous le drap, dont sa vie sera mis entre parenthèses. Elle pensait juste aux mains qui s'activaient au-dessus du drap, à ce coeur qu'ils allaient prendre et retirer de sa maison, avant d'en replacer un. Schématiquement, c'était un peu ça cette opération. Et c'était ce qu'elle, elle voyait. Pour être médecin, il fallait se protéger, se mettre des œillères et ne voir que ce qui les intéresse vraiment. Le lendemain, alors seulement, ils pourront enlever leurs oeillères et observer ce bambin, se remettre ou mourir. « J’imagine que tu ne dois attendre que ça. Tu sais déjà qui va se faire greffer ? » Ses macaronis étaient délicieux. Bien que manquant encore de fromages -Norine adorait cet ingrédient. Elle mangea encore un bout, déglutissant sans peine sa nourriture, et prit alors la parole.
« Oui, je sais de qui il s'agit. Mais lui et sa famille ne savent rien du tout. Ca se joue à tellement peu de choses qu'on évite de leur faire une fausse joie. Si ça se trouve, le premier donneur va mourir trop tôt, et tout tombera en ruine.. Quand ce sera le bon moment, on appellera sa famille. » Elle sourit, et piqua sa fourchette dans son assiette. De sa main, elle attrapa son verre d'eau, et but une gorgée. Elle était littéralement excitée par toute cette histoire, ravie de pouvoir y accéder. Ce n'aurait pas été à Honolulu qu'on l'aurait laissé faire ça; au contraire. Mais ici, à Arrowsic, elle se sentait mieux que là-bas. Au moins, personne ne savait vraiment ce qu'elle avait fait; même si RHI avait balancé une rumeur, ces chefs n'en avaient pas tenus rigueur. De toute façon, le grand chef savait et l'avait quand même accepté. « oui, je suis excitée! J'ai rarement été aussi heureuse de faire un truc! Mais tu sais, j'appréhende quand même un peu. Je sais juste que quand je serais là-bas, avec eux, dans la salle d'opération, je ferai abstraction de tout. » Elle s'interrompit deux secondes. « Un peu comme si toi, tu apprenais que le père d'un de tes élèves était un voleur, ou pire un assassin.. Tu ferais sans doute tout pour le gamin, essayant d'oublier ce détail. Là, c'est pareil. Je ne verrais que l'opération et je n'observerais que les gestes techniques qu'il faut faire, oubliant complètement que la vie d'un gamin est un jeu. » Dit comme ça, ça pouvait paraître cruel, mais c'était bien comme ça que ça se passait. Un sourire sur les lèvres, norine releva la tête vers Quinn. Elle et son bébé. Elle parlait de l'opération alors que Quinn devait se sentir mal. Il valait peut-être mieux qu'elle arrête. D'un air désolé, avec un petit sourire, elle demanda alors. « Tu aimes? »
Sujet: Re: Sometimes things just happen because we choose for them to | Quinn Jeu 21 Fév - 11:08
Norine and Quinn.
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J’avais besoin de me changer les idées, je le savais. A vrai dire, cela faisait des jours que je ne faisais que ça sans jamais y arriver par moi-même. Alors, je comptais sur les histoires de Norine pour m’occuper l’esprit. Après tout, c’était quand même quelque chose d’assez incroyable ! Une greffe n’était pas rien, surtout quand il s’agissait de la pratiquer sur un loulou qui devait avoir l’âge d’un de mes élèves. J’étais quand même admirative vis-à-vis de Norine. Elle allait avoir le sang-froid et le courage d’assister à une opération aussi délicate ; dans quelques années, peut-être cela sera à son tour de la pratiquer sans pour autant lâcher prise. J’avais les capacités intellectuelles pour devenir médecin ou chirurgienne mais je ne m’étais pas engagée dans cette voie principalement parce que cela représentait beaucoup trp de responsabilité. Principalement parce que je ne me sentais pas capable de me lancer dans de tels exploits médicaux. J’étais institutrice. Pas une sauveuse de vie. Je consacrais ma carrière à enseigner à des enfants des bases qui leur serviront toute leur vie. Dès qu’ils se faisaient mal, dès qu’ils se coinçaient un doigt ou qu’ils s’écorchaient un genou, je me mettais à paniquer d’une manière très certainement démesurée. Ce n’était pas mon monde. J’étais trop faible pour la médecine, trop faible pour affronter les maux des autres personnes sans me sentir mal pour eux ou bien défaillir en imaginant ce que j’allais bien devoir leur faire pour qu’ils se sentent mieux. J’étais comme ça. J’admirais Norine pour toute cette volonté dont elle faisait preuve. Je n’avais pas très faim, mais les macaronis au fromage étaient suffisamment bons pour que je puisse les manger en y mettant du bon cœur. Je sentais peu à peu le stress me quitter, même si je le savais toujours présent (ce n’était qu’une question de temps, il reviendrait à la charge sous peu). Je profitai de cette sensation de calme pour me focaliser sur ce que Norine me disait. J’étais silencieuse mais attentive à tout ce qu’elle pouvait bien me dire. Je lui posai quelques questions, intéressée. C’était presque comme si je ressentais son propre stress. J’étais vraiment un véritable numéro. « Oui, je sais de qui il s'agit. Mais lui et sa famille ne savent rien du tout. Ca se joue à tellement peu de choses qu'on évite de leur faire une fausse joie. Si ça se trouve, le premier donneur va mourir trop tôt, et tout tombera en ruine... Quand ce sera le bon moment, on appellera sa famille. » J’hochai la tête ; cela me semblait évident, à la réflexion. Je comprenais pourquoi les médecins ne souhaitaient pas créer de fausse joie au sein d’une famille. Je n’avais jamais eu besoin d’une greffe. Ma famille non plus. Les seules choses sur lesquelles je pouvais me baser étaient les séries télévisées, et leur ressource n’était peut-être pas si fiable. Cependant, je comprenais certaines choses. Il était vrai que dans ces situations-là, créer un faux-espoir serait certainement bien trop destructeur. Perdue dans mes pensées, je continuai de manger lentement, les yeux posés sur Norine, qui poursuivait son récit. « Oui, je suis excitée ! J'ai rarement été aussi heureuse de faire un truc ! Mais tu sais, j'appréhende quand même un peu. Je sais juste que quand je serais là-bas, avec eux, dans la salle d'opération, je ferai abstraction de tout. » dit-elle, enthousiaste. « Un peu comme si toi, tu apprenais que le père d'un de tes élèves était un voleur, ou pire un assassin… Tu ferais sans doute tout pour le gamin, essayant d'oublier ce détail. Là, c'est pareil. Je ne verrais que l'opération et je n'observerais que les gestes techniques qu'il faut faire, oubliant complètement que la vie d'un gamin est un jeu. » Je fronçai les sourcils en essayant d’imaginer son exemple, puis tenta de transposer cela dans un contexte médical. Non. Je n’y arrivais pas. Mais ce n’était pas si grave ; après tout, il fallait de tout pour faire un monde. J’avalai ma bouchée de pâtes avant de me racler la gorge, tout en haussant les épaules. « Je vois ce que tu veux dire… Mais ça n’empêche pas que je serais ien in-ca-pa-ble d’être à ta place. Je ne réussirais pas à faire la part des choses… Après tout, je suis institutrice, et ce n’est pas pour rien. » lançai-je en souriant. « Cela ne m’empêche pas de t’admirer. Bon, par contre, ne compte pas sur moi dans quelques jours pour écouter le récit de l’opération, je ne sais pas si mon estomac supporterait… » … Déjà qu’il ne supportait pas grand-chose en ce moment. Je lui adressai un sourire désolée derrière mon air amusé, avant de poser ma fourchette pour boire un peu d’eau. Les histoires de Norine m’avait permis de penser à autre chose. Cela m’avait permis d’entrainer mon cerveau sur un autre sujet, me donner matière à réfléchir en évitant ainsi de m’obliger à ressasser les mêmes idées pessimistes et à broyer du noir. J’avais toujours été comme cela. J’avais toujours eu un esprit qui se focalisait sur une chose en particulier sans réussir à s’occuper d’autre chose. Pendant plusieurs jours, toute mon attention avait été focalisée sur mes retards. Là, j’avais la possibilité de réfléchir à autre chose. « Tu aimes ? » me demanda Norine avec un petit air désolé. Au départ, je ne compris pas pourquoi elle me regardait avec cet air. C’est seulement après que je me rendis compte qu’elle devait se sentir mal d’accaparer la conversation avec la greffe. Si seulement elle savait ! J’étais bien contente de parler de cela. « Oui ! C’est super bon. » répondis-je avec un sourire. « Tu sais, en temps normal je me régale avec un rien, mais là je dois dire que tes macaronis sont super bonnes. Et puis, l’histoire de la greffe m’intéresse. » L’art du compliment, par Quinn Hepburn-Wilde. Le pire dans tout cela était que je pensais réellement ce que je disais, mais je n’avais pas trouvé de meilleur moyen pour formuler ma pensée.
Sujet: Re: Sometimes things just happen because we choose for them to | Quinn Mar 26 Fév - 19:06
L'exemple de Norine n'était pas forcément l'exemple le plus flagrant, mais à ses yeux, il l'était. Elle ne savait pas pourquoi -après tout, peut-être se tromperait-elle-, mais elle imaginait très bien que Quinn n'était pas une de ces personnes, susceptible de mettre une étiquette sur le dos de quelqu'un, surtout lorsque cette personne n'y était pour rien. Elle serait du genre à mettre de côté ça, et à ne considérer que la personne en elle-même. Parfois, cet exercice était difficile. Un jour, Norine avait eu à soigner un homme qui s'était fait passer à tabac en prison. Si ce monsieur était entre quatre murs à ce moment-là, c'était mérité; il était accusé d'avoir tué sa femme, et était apparemment accusé à juste titre. Si au début, Norine avait eu de l'appréhension dès qu'elle rentrait dans sa chambre -elle se souvenait avoir le coeur qui battait à mille battements par minute-, elle avait finit par s'y faire. Essayant d'oublier durant un cours temps la raison pour laquelle il était attaché, pourquoi des policiers se tenaient devant sa chambre, et pourquoi il était dans la chambre avec des barreaux aux fenêtres. Chaque fois qu'elle sortait de la pièce, et que le souvenir de son dossier non médical remontait, elle se demandait comment était-ce possible. Elle en avait même douté. Mais le prévenu avait avoué, au cours de son audience pourquoi il avait fait ça. Un pétage de plomb. Un craquage. N'importe quoi, mais quelque chose de tellement grave que sa femme n'était plus de ce monde, et que lui-même ne verrait plus le beau soleil d'Hawaii avant un bon bout de temps..
« Je vois ce que tu veux dire… Mais ça n’empêche pas que je serais ien in-ca-pa-ble d’être à ta place. Je ne réussirais pas à faire la part des choses… Après tout, je suis institutrice, et ce n’est pas pour rien. » Norine la regarda en souriant. Ouais, bon, ce n'était pas donner à tout le monde de supporter la vue du sang et l'odeur d'une personne les boyaux à l'air. Mais ce n'était pas pour rien qu'elle était médecin, et qu'elle était institutrice. Norine n'aurait jamais pu supporter une journée entière avec des bambins en pleine santé. Ils la fatigueraient avant l'âge. Elle finirait par paraître cinquante ans avant même d'en avoir trente. « Cela ne m’empêche pas de t’admirer. Bon, par contre, ne compte pas sur moi dans quelques jours pour écouter le récit de l’opération, je ne sais pas si mon estomac supporterait… » Là, en entendant ces propos, Norine ne put s'empêcher d'éclater de rire. Elle imaginait la tête que pourrait faire son amie rien qu'en lui racontant avec quelques sordides détails comment l'opération s'était déroulée.. Une fois qu'elle se fut calmée, Norine lâcha en souriant toujours. « Ok. Dès que je sors du bloc, je t'appelle et je te raconte tout dans les moindres détails! » Bien sûr, elle ne le ferait pas. D'un, parce qu'en sortant du bloc elle n'aurait pas le temps. De deux, parce qu'elle comprenait parfaitement bien que ce n'était pas la tasse de thé de son amie. Encore heureusement ! Sinon, ce n'était même pas sûre que Norine et Quinn soient copines.. Norine avait quelque peu du mal à vivre avec les autres internes. Certains étaient adorables, d'autres redoutables. Ils voulaient tous voir le meilleur; chacun espérant passer devant les autres. C'était limite si ils ne se tabassaient pas dessus. Là, par exemple, avec l'histoire de cette greffe, Norine était presque certaine à 100% qu'on lui fera la gueule. Génial pour de futurs médecins, non? En tout cas, Grey's Anatomy n'est pas forcément loin de la réalité. Par moment, la vie d'internes, c'est la vie dans la jungle. Sans lois, sans règles, juste le besoin d'être le plus fort..
Mangeant ses macaronis qu'elle trouvait excellent -sans vouloir se vanter-, Norine finit par lui demander si elle aimait. A la tête que fit Quinn dès qu'elle eut posé cette question, Norine s'inquiéta et se demanda si son palais n'était pas déformé. Peut-être ne sentait-elle pas que son plat était infect! Peut-être avait-elle perdu le goût! Mais finalement, elle fut vite rassurée, et poussa un tout petit léger soupir de soulagement lorsque Quinn lui annonça, avec un sourire « Oui ! C’est super bon. » Ouf! « Tu sais, en temps normal je me régale avec un rien, mais là je dois dire que tes macaronis sont super bonnes. Et puis, l’histoire de la greffe m’intéresse. » Cette fois, c'était à Norine de sourire. Elle se sentait rassurée, mille fois rassurée. Etant quelque peu perfectionniste, elle aurait été très attristée si Quinn avait mangé chez elle, et se serait retrouvé le ventre vide. « Mon petit ami disait souvent que mes macaronis équivalaient le poulet loco moco .. Le poulet loco moco est une spécialité hawaienne! Je t'en ferais un jour si tu veux. Mais bon, lui, il n'était pas très objectif. Et je me demande même si il ne disait pas cela juste pour éviter de manger des haricots tout secs.. » Elle eut un sourire, mais baissa son regard dans son assiette. C'était l'une des premières fois qu'elle parlait de Rafe comme cela, d'une façon si distante qu'elle en eut un pincement au coeur. Pour se faire, elle joua avec sa fourchette dans son assiette, et mangea encore quelques bouchées. « Je te promets, je te raconterais la suite de cette greffe.. mais sans les détails! » Elle lui fit un petit sourire; ce soir, elle l'avait décidé, elle allait faire changer les idées de Quinn.
Sujet: Re: Sometimes things just happen because we choose for them to | Quinn Jeu 7 Mar - 18:49
Norine and Quinn.
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La passion de Norine pour la médecine me faisait sourire, m’attendrissait presque. L’entendre parler de l’opération avec tant d’enthousiasme montrait à quel point ce qu’elle faisait pouvait l’intéresser et à quel point elle souhaitait s’impliquer dans ce métier-là. Cela n’était peut-être pas mon monde – pas du tout, même – cependant, cela ne m’empêchait pas de l’admirer. Je ne pourrais pas être à sa place, mais j’avais pour habitude de penser qu’il fallait de tout pour faire un monde. Cela illustrait parfaitement ma manière de penser : nous nous entendions très bien toutes les deux, et pourtant nous étions quand même extrêmement différentes. J’étais capable de supporter une classe de vingt-cinq monstres sans broncher (ou presque) du matin au soir, et elle était capable de suivre une opération lourde et délicate sur un petit patient sans perdre ses moyens. A chacune son échelle, chacune ses capacités et ses passions. C’était ce que je me tuais à dire : il fallait de tout pour faire un monde. C’était justement sa diversité qui faisait sa beauté. Et puis, le monde avait besoin d’institutrices autant que de chirurgiennes. Pleine d’humour presque sincère, je lui fis remarquer cependant qu’elle ne pouvait pas compter sur moi pour l’écouter parler de l’opération une fois que celle-ci serait finie. J’avais mes limites ! Mon pauvre petit cœur ne supporterait certainement pas les passages légèrement glauques ou tendus, comme il pouvait se passer de temps à autre dans les séries américaines. Non. Je lui demanderais très certainement comment cela s’est passé, sans aller plus dans les détails. Je l’adorais, mais je ne supportais pas (psychologiquement) la simple idée de peau à recoudre ou d’opération à cœur ouvert… J’étais qu’une petite chose fragile, après tout. Cependant, cela avait au moins eu le mérite de me changer les idées. Ce qui était un exploit, en soi. « Ok. Dès que je sors du bloc, je t'appelle et je te raconte tout dans les moindres détails ! » me lança-t-elle en souriant. Je levai les yeux au ciel, amusée. Je faillis lui répliquer que si elle faisait ça, je risquais très certainement de poser le combiné dans un coin le temps qu’elle parle, histoire de ne pas avoir à entendre ses histoires sanguinaires (oui, oui). Cependant, je me retins, plongeant mon regard dans mon assiette. Je n’avais pas très faim, non. Bien au contraire, d’ailleurs, cependant les pâtes étaient bonnes donc elles passaient toutes seules. Cela me travaillait, mais Norine faisait de son mieux pour m’aider à ne plus y penser et je lui en étais reconnaissante. En hôte exemplaire, elle me demanda si cela me plaisait. Je lui répondis immédiatement que ses macaronis étaient très bonnes et que son histoire m’intéressait ; je voulais lui montrer que ses efforts pour m’aider n’étaient pas vains. Elle sembla rassurée. « Mon petit ami disait souvent que mes macaronis équivalaient le poulet loco moco... Le poulet loco moco est une spécialité hawaïenne ! Je t'en ferais un jour si tu veux. Mais bon, lui, il n'était pas très objectif. Et je me demande même si il ne disait pas cela juste pour éviter de manger des haricots tout secs... » Je mis à rire, d’un petit rire discret et amusé. Aaah, les petits-amis… C’était vraiment une espèce impossible. Norine poursuivit. « Je te promets, je te raconterais la suite de cette greffe... mais sans les détails ! » J’hochai la tête, reconnaissante : cela allait peut-être m’éviter de tomber dans les pommes, qui sait. Je n’étais qu’une trouillarde, après tout. Dans mon esprit, quand quelqu’un se coupait, c’était à peu près comme s’il était sur le point de se vider de son sang d’une minute à l’autre… « C’est gentil à toi de compatir à ma phobie des opérations médicales… » marmonnai-je, faisant une grimace. « Je me connais à un moment donné j’aurais fini par me boucher les oreilles pour ne plus rien entendre. » J’étais pire qu’une gamine, mais j’en avais conscience et je l’assumais parfaitement… Ou presque. Je ne rajoutai rien pendant une vingtaine de secondes, en profitant de ce silence pour boire un peu. Ensuite, je repensai à ce qu’elle m’avait dit à propos de son petit ami, qui comparait ses macaronis afin d’espérer d’avoir quelque chose de mangeable à se mettre sous la dent. « Autrement, je te confirme, tes macaronis sont certainement aussi bonnes que le… Le poulet loco moco, c’est ça ? Certes, je n’en ai jamais mangé, mais il disait surement la vérité. Peut-être pas uniquement pour éviter que tu te venges avec des haricots secs… » Je n’osais pas poser des questions à propos de lui, voire même d’en rajouter. Je ne savais pas s’ils étaient encore ensemble, s’il était encore à Hawaï, ou s’ils s’étaient séparés. C’était la première fois que Norine me parlait de lui, alors je ne souhaitais pas réellement mettre les pieds dans le plat… Après tout, elle ne l’avait pas fait avec moi. A aucun moment elle n’avait évoqué l’homme qui avait pu me mettre enceinte, et quelque part je lui en étais reconnaissante. Je me voyais très mal devoir lui expliquer notre situation… « Tu as de la chance en tout cas, tu sais faire à manger. » continuai-je. « Je suis une véritable catastrophe derrière les fourneaux. Ca a toujours exaspéré ma mère d’ailleurs… Résultat, lors des préparatifs pour les repas de famille, j’étais reléguée à mettre la table. Et encore, ça lui convenait qu’une fois sur trois… » J’eus un petit sourire. Ma mère était un véritable numéro. Mais je pensais sincèrement que Norine avait fini par s’en rendre compte.
Dernière édition par Quinn S. Hepburn-Wilde le Dim 24 Mar - 20:16, édité 1 fois
Sujet: Re: Sometimes things just happen because we choose for them to | Quinn Mar 19 Mar - 19:40
Pour une fois, Norine venait de parler de son fiancé sans avoir les larmes qui lui montaient aux yeux. Elle avait toujours été super émotive. Déjà petite, il suffisait d'une simple insulte de son frère pour qu'elle se mette à le hair durant les trente prochaines minutes et qu'elle se mette à pleurer en cherchant les bras tendres de sa mère. Depuis, plus rien ne l'avait épargné. Elle pleurait dès qu'on lui annonce une bonne nouvelle; et dès qu'une mauvaise nouvelle arrivait, les larmes montaient également dans ses yeux lui brouillant la vue. C'était comme ça; pire même, quand elle s'énervait, ou plutôt quand on l'énervait, elle était capable de se mettre à pleurer. Toujours est-il que là, parler de Rafe sans avoir les larmes qui coulaient sur ses joues, c'était rare. Tellement rare qu'elle serait prête à mettre une croix rouge sur cette date. Le jour où elle a commencé son deuil.
Norine se mit alors à lui dire qu'elle se tairait, et qu'elle ne lui raconterait rien de cette histoire. Elle avait quand même pitié des âmes sensibles. « C’est gentil à toi de compatir à ma phobie des opérations médicales… » Lui jetant un coup d'oeil, Norine remarqua la grimace qu'elle arborait, et de ce fait, se mit à sourire avant d'engloutir encore un peu de ses macaronis au fromage. « Je me connais à un moment donné j’aurais fini par me boucher les oreilles pour ne plus rien entendre. » Ou alors, peut-être aurait-elle posé son téléphone portable sur la table, écoutant de temps en temps, ce qu'elle dirait mais surtout, passant le plus clair de son temps à courir à droite et à gauche dans sa maison, essayant de l'oublier. Elle imaginait très bien cette scène. Et du coup, elle ne put s'empêcher de sourire encore plus pendant qu'elle traitait machinalement ses macaronis, les broyant avec sa fourchette. « Autrement, je te confirme, tes macaronis sont certainement aussi bonnes que le… Le poulet loco moco, c’est ça ? Certes, je n’en ai jamais mangé, mais il disait surement la vérité. Peut-être pas uniquement pour éviter que tu te venges avec des haricots secs… » L'interne hocha la tête. Oui, c'était bien ça; le poulet loco moco. Ce poulet, c'était l'excellence même. Elle était assez modeste, mais elle le disait quand même bien; elle le réussissait plutôt bien. Bon, Rafe aimait beaucoup les plats hawaiens, et détestait les haricots secs. Un jour, elle avait fait à manger un plat qu'elle trouvait excellent. Son fiancé s'était moqué d'elle car c'était trop cuit, trop dur. Elle s'était vengée le soir-même en lui faisant des haricots dégueulasses.. En souriant, le regard rivé sur son plat, la tête tournée vers ses souvenirs, Norine répondit. « Je ne suis pas si sûre.. Un jour, j'ai fait un plat.. J'étais contente, ça avait l'air bon. Mais en réalité, il a trouvé ça dégueulasse, et s'est bien moqué de moi. Le soir, par vengeance, je lui ai fait des haricots -qu'il détestait-, et qui étaient en prime très secs.. » Elle s'arrêta un instant, repensant à la tête qu'il avait fait à ce moment-là. Sa bouche s'était retournée, ses yeux s'étaient fait tout petits, il avait fait une mini-grimace avant de rire, et de téléphoner à un restaurant. Ils avaient fini la soirée là-bas. Et depuis ce jour-là, il n'avait plus jamais osé dire qu'un de ses plats était dégueulasse. A la place, il disait « dégueu-bon ». Et elle, elle ne lui avait plus jamais fait de haricots tout secs. « Il n'a plus jamais osé dire que mes plats étaient dégueulasses, et je ne me suis plus jamais senti vexée.. » Parler de Rafe lui faisait du bien. Elle s'en rendit compte là; jamais avant elle n'aurait pu parler de lui sans pleurer, mais jamais non plus elle n'aurait pu en parlant tout court. Là, elle venait de raconter un de leurs souvenirs. Jetant un rapide coup d'oeil sur une photo d'eux deux posée près de la télévision, elle fut contente d'entendre Quinn reprendre la parole. « Tu as de la chance en tout cas, tu sais faire à manger. » De la chance? « Je suis une véritable catastrophe derrière les fourneaux. Ca a toujours exaspéré ma mère d’ailleurs… Résultat, lors des préparatifs pour les repas de famille, j’étais reléguée à mettre la table. Et encore, ça lui convenait qu’une fois sur trois… » En l'écoutant parler de sa mère comme cela, Norine ne put s'empêcher de rire. Les mères! La sienne était pareille; elle aimait que tout soit cadrée -déformation familiale, elle s'était mariée avec un militaire quand même-. Quand elle mettait la table, il fallait que les couteaux et les fourchettes soient parallèles, ce que Norine et Moran faisaient mal quand ils étaient gamins. Jouant encore avec ses derniers macaronis, et les triturant toujours autant, Norine répondit. « Je suis sûre que tu dis des conneries.. Tu dois bien gérer quelques plats, j'en suis certaine. Mais si tu veux mon avis, je ne sais pas tout faire.. Je n'arrive pas à faire cuire des carottes, et les poissons panés.. » Elle enfouit alors sa dernière cuillère dans sa bouche; plus de macaronis dans son assiette!! Son regard se releva vers Quinn; elle espérait vraiment qu'elle avait cessé de penser à tous ses problèmes.
Sujet: Re: Sometimes things just happen because we choose for them to | Quinn Dim 24 Mar - 20:51
Norine and Quinn.
SOMETIMES THINGS JUST HAPPEN BECAUSE WE CHOOSE FOR THEM TO.
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Je ne m’y connaissais pas en cuisine. J’étais une véritable catastrophe dans ce domaine, d’ailleurs. Cependant, je ne réussissais pas à savoir si cela était parce que je n’avais jamais vraiment cherché à m’y mettre ou bien si cela était parce que je n’étais définitivement pas douée. Mes maigres essais avaient suffi pour me maintenir très loin des fourneaux : cela avait été absolument horrible et je ne tenais absolument pas à retenter. Qui était capable sur cette Terre de louper des pâtes ? Moi. Il ne devait y avoir que moi. En sachant pertinemment que mes pâtes étaient absolument dégoutantes, je n’avais pas essayé les plats plus sophistiqués qui auraient été synonymes d’intoxication alimentaire. Alors, mon avis étant peut-être faussé par mon incapacité évidente à faire la cuisine convenablement, j’abandonnai dans le sens du petit-ami de Norine en affirmant que ses macaronis étaient aussi bons qu’une spécialité hawaïenne que je n’avais jamais goûté de ma vie. Après tout, ses pâtes étaient délicieuses, pourquoi ne réussiraient-elles pas à battre une recette à base de poulet, hein ? Dans mon esprit, Norine était comparable à un cuistot qui se sous-estimait. Et puis, j’en étais presque sûre : son petit-ami n’avait pas dit la même chose que moi pour éviter toute vengeance. Parce que cela aurait voulu dire que les macaronis n’étaient pas bons. Ce qui était faux. Donc non, son petit-ami n’avait pas menti sur ce point-là, et je m’empressai de lui faire part de mon sentiment. « Je ne suis pas si sûre... Un jour, j'ai fait un plat... J'étais contente, ça avait l'air bon. Mais en réalité, il a trouvé ça dégueulasse, et s'est bien moqué de moi. Le soir, par vengeance, je lui ai fait des haricots -qu'il détestait-, et qui étaient en prime très secs... » me confia-t-elle. Je me mis à rire doucement, tout en levant les yeux au ciel face à cette situation. Pour eux deux, cela n’avait pas dû être drôle. Cependant, pour une spectatrice – moi – cela était hilarant. Presque. Ah, la beauté de l’amour… Ou presque. Vu comment elle parlait, j’en avais conclus qu’ils avaient eu une situation stable et durable. Ce que je n’avais jamais connu jusque-là. Je ne savais pas réellement ce que cela faisait de presque se battre à coup de « c’est dégueulasse » et de « haricots secs » donc forcément, cela me semblait amusant… Dans quelques années, cela m’arriverait peut-être, et e rigolerais moins. Surtout que je serais celle qui me paierait les haricots secs, puisque cela ne sera certainement pas moi qui ferais la cuisine. « Il n'a plus jamais osé dire que mes plats étaient dégueulasses, et je ne me suis plus jamais senti vexée... » conclut Norine. J’eus une moue amusée. « C’est parce que tu l’as traumatisé, le pauvre. Être menacé par des haricots secs… » répondis-je, joyeuse. « Ce n’était pas très fairplay, Norine ! » Je me moquais gentiment d’elle, espérant que la prochaine fois que je mangerais chez elle je n’hériterait pas d’haricots secs pour avoir presque pris la défense de son copain (sait-on jamais). Je la vis regarder ailleurs, et je repris la parole, lui racontant ma faculté incroyable à rater tout ce que je pouvais essayer de cuisiner. La fatalité, quoi. J’évoquais ma mère qui avait toujours été exaspérée par cela, alors que je continuais à manger. Norine se mit à rire, et je vis dans son regard qu’elle comprenait de quoi je voulais parler. Les mères… J’espérais sincèrement ne pas finir comme cela plus tard, mais je savais que cela allait forcément m’arriver. J’étais comme tout le monde après tout. Nous étions toutes destinées à devenir de vrais tyrans en endossant le rôle de mères. C’était comme cela. La vie. « Je suis sûre que tu dis des conneries... Tu dois bien gérer quelques plats, j'en suis certaine. Mais si tu veux mon avis, je ne sais pas tout faire... Je n'arrive pas à faire cuire des carottes, et les poissons panés... » répondit Norine. Je secouai la tête quand elle évoqua le fait que je pouvais gérer quelques plats, et j’haussai les épaules quand elle me raconta ce qu’elle ne savait pas faire. « Je te bats tu sais. Je ne sais pas faire cuire des pâtes ! Je suis championne toutes catégories. » J’hochai la tête pour approuver mes propres dires. Norine finit son assiette, et j’en fis de même quelques secondes après elle. Je poussai un soupir de bien-être (presque) et m’appuyai contre le dossier de ma chaise. Mon estomac menaçait d’exploser, mais j’avais l’impression aussi que d’avoir autant mangé pressait ma vessie… Ou alors c’était purement psychologique, et cela m’annonçait une chose : c’était maintenant ou jamais (à comprendre par jamais : si je ne le faisais pas tout de suite, je finirais par perdre le peu de courage qu’il me restait pour m’enterrer dans un trou afin de m’y cacher jusqu’à la fin de mes jours). « Je confirme, c’était suuuuper bon. » répétai-je avant de pousser un soupir. « Merci… Je suis désolée d’ailleurs, mais j’ai envie d’aller aux toilettes, donc je pense que je… Je vais faire le test. » Mon cœur eut un soubresaut. Le simple fait d’énoncer ce que j’allais faire me paniquait. Je me levai avant de perdre tout à fait mes moyens, et adressai un sourire d’excuse à Norine avant de m’en aller dans la chambre où mes affaires étaient entreposées pour récupérer le test de grossesse.
Sujet: Re: Sometimes things just happen because we choose for them to | Quinn Lun 25 Mar - 19:49
Lorsque Norine se mit à raconter cette anecdote sur leur relation entre Rafe et elle, Quinn semblait être amusée. Il faut dire qu'en y réfléchissant, il y avait de quoi rire. Même si, Rafe avait eu énormément de chance de tomber sur Norine. Une femme de la famille de mademoiselle Reilly -la soeur de son père- avait eu par malheur un jour rater ses choux à la crème. Son époux -ils étaient à cette époque-là de jeunes mariés- n'avait pu s'empêcher de se moquer d'elle. Quelque peu vexée, sa femme avait attrapé les choux, et s'était amusée à les balancer sur son mari. Autant dire que le bonhomme en question s'était retrouvé couvert de choux à la crème et défiait le mur derrière lui pour savoir lequel des deux était le plus comestible. Cette histoire faisait encore rire l'assemblée, et ressortait à chaque Noël, ainsi qu'à chaque fois que quelqu'un avait le malheur de ramener chez eux des choux. N'empêche qu'avec cette histoire, ils s'étaient fait un petit bonheur; chaque année, lorsqu'ils fêtaient un an supplémentaire de leur mariage, ils en achetaient -jamais plus sa tante n'avait tenté d'en cuisiner-. Si Rafe était encore en vie, et si ils avaient fait leurs vies ensemble -comme c'était initialement prévu-, aucun doute que leurs enfants auraient entendu parler de cette histoire de haricots secs. Mais le destin en avait décidé autrement ; et c'était bien la première fois depuis un long moment que Norine reparlait de cet exploit culinaire, racontant que plus jamais il n'avait osé lui dire que ses plats étaient écoeurants. « C’est parce que tu l’as traumatisé, le pauvre. Être menacé par des haricots secs… » En l'entendant dire ses mots, Norine releva la tête vers Quinn. Son ton enjoué n'était pas qu'un ton; pour une fois, elle souriait, amusée par cette histoire. « Ce n’était pas très fairplay, Norine ! » Ouais, bah en même temps, lui, il avait manqué de tact! On ne dit pas à une femme que son plat est dégueulasse. Encore moins quand on ne sait pas soit-même faire à manger..
Et leur discussion tourna alors sur la faculté de Quinn à faire à manger. Etrangement, Norine imaginait qu'elle se trompait, qu'elle en rajoutait. On ne pouvait pas être si nulle que cela comme cuisinière non? A bien chercher, on devait forcément se trouver un mini-talent, non? Apparemment, non. « Je te bats tu sais. Je ne sais pas faire cuire des pâtes ! Je suis championne toutes catégories. » Elle n'arrivait pas à faire cuire des pâtes? Sérieusement? Elle était vraiment sérieuse? En entendant cela, Norine eut un large sourire. Elle se mit à rire et dit alors. « Ah là! Je m'incline! »
Et elle termina son plat, plutôt fière d'elle du coup. Parce que les macaronis, c'était des pâtes. Parce que les pâtes, elle, elle réussissait à les faire. Elle termina son assiette souriant encore par la révélation que venait de lui faire sa nouvelle amie. Mais au bout de quelques secondes, elle perdit ce sourire. Du coin de l'oeil, elle l'avait vu bouger. Quinn. Elle se tordait un peu. Soit elle avait trop mangé. Soit elle avait envie d'aller aux toilettes. Il y a des signes qui ne trompent pas. « Je confirme, c’était suuuuper bon. » N'en rajoute pas Quinn, sinon ses chevilles vont enfler! « Merci… Je suis désolée d’ailleurs, mais j’ai envie d’aller aux toilettes, donc je pense que je… Je vais faire le test. » Le voilà, le moment fatidique. Le moment qui l'effrayait. Norine posa son regard sur elle et hocha la tête. Ok, vas-y. Elle n'eut même pas le courage de dire elle-même d'y aller, de lui insuffler un peu de courage. Elle n'en avait pas. Sur ce coup-là, aller savoir pourquoi, mais elle était trop empathique. Quinn ne voulait pas de cet enfant; elle n'en voulait pas non plus. Elle laissa Quinn se faufiler dans la chambre, se rendre dans les toilettes, et faire sa petite affaire. Pendant ce temps, elle ramassa leurs assiettes, et les couverts, et les mit dans l'évier. Soufflant. Priant pour que ce soit négatif. D'une main elle attrapa l'éponge, et commença à nettoyer la table. Elles allaient bien prendre un dessert après, non?
Tournant ainsi en rond, Norine finit par jeter un coup d'oeil sur l'horloge. Merde! Elle n'avait pas regarder à quelle heure -ou plutôt à combien de minutes-, Quinn était rentrée dans les toilettes. Cela faisait combien de temps? Une minute? Deux? Cinq? Elle n'en avait strictement aucune idée.. N'y tenant plus, elle délaissa tout sur place, et se faufila, sur la pointe des pieds vers ses toilettes. Aucun son n'en sortait. Rien. La porte était close. Elle toqua un petit coup dessus. « Quinn? » demanda-t-elle alors, quelque peu inquiète. Son coeur battait un peu plus fort. Elle espérait sincèrement que c'était négatif, qu'il n'y avait pas de petit passager clandestin dans le ventre de la demoiselle. Elle n'avait pas envie de voir quelqu'un pleurer de tout son corps. Elle n'avait pas du tout envie de voir Quinn super mal. Du moins, pas plus que tout à l'heure, quand elle était venue cogner chez elle.
Sujet: Re: Sometimes things just happen because we choose for them to | Quinn Lun 1 Avr - 11:16
Norine and Quinn.
SOMETIMES THINGS JUST HAPPEN BECAUSE WE CHOOSE FOR THEM TO.
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Norine ne semblait pas croire que je sois une véritable catastrophe pour faire à manger, et pourtant c’était bel et bien le cas. J’avais connu de désastreuses aventures culinaires au cours de ma vie : les pâtes, pourtant un plat si simple en temps normal, se révélaient être une véritable épreuve pour moi. Je ne savais pas si cela était la fatalité ou quoi que ce soit d’autre, mais mes macaronis ou mes farfalles finissaient toujours beaucoup trop molles, toutes collées les unes aux autres et sans aucun goût. C’était désespérant, mais j’avais fini par m’y faire : j’étais plutôt douée quand il s’agissait de faire les yeux doux à quelqu’un pour qu’il me nourrisse (ma technique marchait extrêmement bien sur ma mère et ma grande-sœur Haley), et j’étais devenue reine dans l’art de réchauffé des plat pré-préparés ou bien commander par téléphone. On se moquait de moi dans ma famille, mais je les laissais faire : après tout, il y avait de quoi. Je me trouvais moi-même ridicule. Cependant, il fallait dire, je ne faisais pas d’efforts non plus : lorsque je m’étais rendue compte de ce fait quelques années plus tôt, j’avais coupé court à toute tentative dans une mesure de survie. Autant dire que Norine ne faisait pas le poids face à ma nullité évidente. « Ah là ! Je m'incline ! » dit-elle en riant. J’hochai la tête, faisant mine que cela était un véritable honneur. Il valait mieux en rire qu’en pleurer, d’après ce qu’on dit. Nous finîmes toutes les deux nos assiettes plus ou moins en même temps, et Norine abordait un air satisfait. Je commençai à me tortiller sur place – l’estomac et la vessie menaçant d’exploser dans les prochaines secondes à venir – et je finis par céder. Je complimentai une nouvelle fois son plat (parce qu’il avait été quand même très bon, il fallait le reconnaître) avant de lui annoncer que c’était le moment où jamais de faire le test. Elle hocha simplement la tête, alors que mon cœur commençait une nouvelle course folle contre ma poitrine. Je me levai, presque désolée de partir de table aussi vite, puis me dirigeai dans la chambre pour récupérer le test et je traçai jusqu’aux toilettes. Je savais que j’étais capable de me désister au dernier moment. Je me connaissais. Je savais que je n’avais pas de courage et que je n’étais d’une trouillarde. Les mains tremblantes, j’ouvris la boîte du test de grossesse. J’inspirai profondément avant de lire les instructions, les suivant au fur et à mesure que j’accomplissais les gestes à adopter. Cela ne me prit qu’une minute, tout au plus. Cependant, cela avait suffi pour me faire complètement perdre mes moyens. Je finis par poser le test sur le bord du lavabo, incapable de l’observer, puis me tournai vers le mur une main contre ma bouche. Mon rythme cardiaque s’accélérait, ma respiration se faisait beaucoup plus laborieuse. Les paupières fermées, je tentai de me calmer en vain, en proie à une anxiété qui ne voulait pas me quitter. J’avais presque envie de pleurer tellement j’étais angoissée, tellement cela me faisait peur. J’avais l’impression que les deux minutes demandées pour attendre le résultat étaient les plus longues de ma vie. J’étais ridicule. « Quinn ? » Norine me tira de mes pensées, alors que je m’étais peu à peu perdue dans des délires psychotiques et une angoisse saisissante. Je mis quelques secondes à m’en remettre, puis m’éclaircis la gorge. « J’arrive dans dix secondes. » marmonnai-je à travers la porte. Je ne savais même pas si je réussissais encore à bouger mes jambes, mes bras. Tout ce qui se passait autour de moi semblait aller au ralenti. Je pris une grande inspiration, puis saisis le test de grossesse dans ma main. J’ouvris la porte des toilettes, incapable de jeter un coup d’œil au résultat. Lâche ? Oui. Angoissée ? Beaucoup. Je me retrouvai face à Norine, et elle semblait être angoissée pour moi. « Je… J’ai pas encore vu le résultat. » Ma main était serrée autour du test, l’embout recouvert par le cache. Mes doigts recouvrait l’endroit où le résultat était affiché, et prenant mon courage à deux mains, je risquais un coup d’œil. Il n’y avait qu’une seule barre. Le test était négatif.
Sujet: Re: Sometimes things just happen because we choose for them to | Quinn Jeu 18 Avr - 23:48
L'interne pouvait comprendre que faire un test de grossesse était stressant. C'est vrai que quand on rêve d'avoir un bébé, qu'on fait l'amour quinze fois par jour, qu'on essaye d'user de toutes les astuces de grand-mère pour aider à concevoir une petite fille ou un petit garçon et qu'on se retrouve, enfin, avec quelques jours de retard, on doit stresser quand on a en mains le test qui nous dira si nos rêves vont se réaliser ou non. Si notre vie va se poursuivre à deux ou seul. Il en est de même de l'autre sens. Quand on rêve d'autres choses que de fonder une famille, quand on sait qu'on voudrait un enfant, mais que le moment n'est pas opportun, quand le père de cet hypothétique enfant n'en veut pas, et qu'on a ce fichu test entre les mains, on doit flipper à l'idée de nous annoncer que ce petit retard de règles allait être le début d'un gros soucis. Mais ce que Norine savait moins, c'était le stress que pouvait ressentir ceux qui étaient de l'autre côté de la cloison, loin des toilettes, loin du pipi, loin de ce fichu test. Stress infirme certes, mais stress quand même. Jusqu'à présent, quand les gens lui parlaient de ce stress, Norine leur riait presque au nez malgré ces grands discours C'est sûr, c'est pas facile. On est pressé dans ce cas.. et blablabla.. Elle n'imaginait pas à quel point un peut-être futur papa, une future grand-mère, un futur grand-père, un futur oncle, une future tante pouvait paniquer. Dans un sens comme dans l'autre. Leur souffle était tout autant accéléré. Leur coeur battait la chamade. Et surtout, leur esprit pensait à cette personne qui se trouvait sur un trône, à contrôler leur miction pour réussir le meilleur test possible..
Ca, Norine ne l'avait jamais imaginé. Jusqu'à ce soir-là.
Aussi ridicule que cela puisse paraître, Norine était stressée. Sans doute bien moins que Quinn l'était, et fort heureusement, mais elle avait une petite boule à l'estomac, et elle était incapable de se concentrer. Elle tournait en rond dans l'appartement, essayant de faire la vaisselle, essayant de ranger tout, mais ne trouvant pas le minimum de concentration pour le faire. Elle ne cessait de penser à Quinn. Et elle priait, espérant tant bien que mal que ce ne soit qu'une fausse alerte, que Quinn n'attendait pas encore de bébé, et qu'elle puisse dormir tranquille cette nuit. Puis, le temps passait, et toujours pas de nouvelles de Quinn. Elle restait cloitrée dans les toilettes. S'inquiétant encore plus, espérant au passage que la jeune femme n'ait pas fait de malaise dû à la panique dans les toilettes -avec une porte fermée à clef, et des muscles de mollusques, l'interne aurait été très bien pour lui porter secours-, Norine s'approcha de la porte, et l'appela.
Une voix, toute faible, toute minuscule, toute petite l'interpella alors, au bout de quelques secondes. « J’arrive dans dix secondes. » Ok. Dix secondes. Et aussi idiot que cela puisse paraître, l'interne se mit à compter mentalement. Un. Deux. Trois. Quatre. Elle devrait entendre du mouvement, non? Cinq. Qu'est-ce qu'elle faisait? Six. Elle était en pleurs là? Sept. Si elle ne donnait pas de nouvelles, c'est peut-être que c'est positif. Huit. Mon Dieu, c'est qu'elle est enceinte! Neuf. Après tout, peut-être qu'elle ne l'est pas. Dix. Non, elle serait alors sortie en se dépêchant! Onze. Ah ça craint tout ça! Douze. S'il vous plait, faites qu'elle soit pas enceinte. Treize. On a dépassé les dix secondes là!! Et enfin, la porte s'ouvrit. Sur une Quinn apeurée. Toute pâle. Elle tenait encore en main son test de grossesse. Portant les mains sur son visage, Norine crut un instant que c'était positif. Qu'un passager clandestin était venu se loger dans son petit ventre. Heureusement, la jeune fille lui dit rapidement, d'une voix tout aussi faible qu'avant. « Je… J’ai pas encore vu le résultat. » Et là, elle baissa son regard. Norine aussi. Elle bougea ses doigts. Norine aperçut une barre, puis.. rien du tout. Le contrôle était positif; les résultats du test seront valides. Mais la barre pour savoir si la personne était enceinte n'était pas là; le résultat était négatif. Souriant grandement, relevant aussitôt les yeux sur Quinn, Norine hurla un « NEGATIFFF!!! ». Elle se calma aussitôt, se rendant compte que hurler parce qu'il n'y avait pas de nouvelle vie sur cette planète n'était peut-être pas si géniale que ça. Mais elle garda son sourire tout en croisant le regard de Quinn. « T'es pas enceinte! T'as pas de bébé! Tout est bon!! » Elle espérait grandement qu'au fond d'elle, malgré toutes ces difficultés si elle était enceinte, la jeune fille n'espérait pas avoir un test positif malgré tout. Ca arrivait parfois. Le retour à la réalité était brutal alors.
Sujet: Re: Sometimes things just happen because we choose for them to | Quinn Mar 14 Mai - 13:01
Norine and Quinn.
SOMETIMES THINGS JUST HAPPEN BECAUSE WE CHOOSE FOR THEM TO.
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J’avais accompli les différentes étapes nécessaires au test de grossesse machinalement, l’esprit étrangement lointain. Je ne savais pas ce que je faisais, j’en avais conscience ; l’angoisse m’assaillait de toute part et m’empêchait de me concentrer, de relativiser. J’avais l’impression d’être piégée par mon avenir, de tenir entre mes mains la chose qui allait décider, à ma place, de ce qu’allait devenir ma vie. J’étais stressée. Angoissée. Nauséeuse. Au fond du trou, sans l’espoir de pouvoir remonter la pente par moi-même. J’étais si persuadée d’être enceinte que j’avais l’impression que tout espoir me semblait être vain, que croire que tout cela pourrait avoir une autre issu serait que de la naïveté pure et dure. J’avais l’impression que j’étais condamnée, quelque part. Mes pensées étaient extrêmes. Mais je ne réussissais pas à me contrôler, à atténuer toutes ces pensées qui me tourmentaient. J’étais prisonnière de cet esprit qui réfléchissait trop vite, de ce cerveau qui tournait à deux cents à l’heure. Je me sentais défaillir, tout simplement parce que l’angoisse était trop forte. Norine avait fini par m’appeler à travers la porte, alors que j’attendais anxieusement que les deux minutes nécessaires s’écoulent. Ce fût comme si je me réveillais d’une transe, comme si elle me ramenait sur Terre. Je mis quelques temps à réagir, à lui dire que je sortirais d’ici dix minutes, le temps de prendre mon courage à deux mains. Lentement, je fermai les paupières, inspirant et expirant lentement, faisant le tri dans mon esprit. Mes pensées n’étaient qu’un mélange confus d’émotions, comme si les hormones étaient déjà là à détraquer tout mon système. Mon cœur battait trop vite, mes veines frontales résonnaient jusque dans mon oreille interne. Je me sentais ridicule. Je finis quand même par sortir des toilettes, mes doigts cachés sur le test, sans connaître le résultat. Je le confiai à Norine avant de lentement dégager le petit écran censé afficher le nombre de barres, le cœur battant, l’angoisse présente sur tout mon visage. Je baissai les yeux en même temps que Norine, et je vis d’une barre. Une seule et malheureuse barre. « NEGATIFFF !!! » se mit à hurler Norine dans mes oreilles. J’étais à des kilomètres de la réalité. J’avais l’impression de sentir un poids se décharger de mes épaules, et je volais. Je volais au-dessus de tout, je volais de soulagement, de joie. J’avais l’impression d’enfin pouvoir contrôler mon futur, d’avoir l’empire des choix sur ce qui allait m’arriver. Je n’allais pas être maman. Je n’allais pas avoir de bébé, pas tout de suite. Je n’allais pas devoir élever un petit bout de chou alors que je n’étais pas prête, alors que j’étais encore moi-même qu’une enfant. Je mis quelques temps avant de me mettre à sourire, mesurant entièrement l’ampleur du résultat. Sans vraiment le vouloir, je me mis à rire, d’un petit rire soulagé et enfantin. Je me jetai littéralement dans les bras de Norine pour la serrer contre moi, sentant tout mon stress disparaître. Enfin. « T'es pas enceinte ! T'as pas de bébé ! Tout est bon !! » s’exclama Norine, aussi heureuse que moi. Je poussai un soupir. Un long soupir de soulagement, un long soupir apaisé. Mon rythme cardiaque battait toujours de manière désordonné, mais cela était provoqué par l’excitation. C’était agréable. J’avais l’impression d’enfin revivre. « Ouuuuuuuuuuuuui ! » lâchai-je d’une voix plus aigüe que d’ordinaire. « Oh mon Dieu, je suis tellement soulagée tu ne peux même pas savoir. » Peut-être que si, elle pouvait savoir. Lentement, je me détachai d’elle toujours un sourire aux lèvres. Ce fût à ce moment-là que je me rendis compte qu’elle était peut-être un petit moins excitée qu’à l’annonce de ma non-grossesse, qu’il y avait un voile dans ses yeux qu’elle essayait de cacher derrière son sourire un peu moins sincère. Cela me perturbait, un peu. Je lui étais extrêmement reconnaissante d’avoir été là pour moi, de m’avoir accueillie, de m’avoir supporté, mais je ne savais pas ce qui la gênait. « Qu’est-ce qu’il y a ? » demandai-je d’une voix calme et posée. « Ça ne va pas ? Tu sais, merci d’avoir été là. Je ne sais pas ce que j’aurais fait si tu n’avais pas été derrière la porte… Je serais morte d’angoisse, je suppose. » J’haussai les épaules, un petit sourire aux lèvres. J’aurais peut-être jamais fait le test, à la réflexion.
Sujet: Re: Sometimes things just happen because we choose for them to | Quinn Mer 12 Juin - 20:13
Jamais Norine ne s'aurait cru capable de se sentir aussi mal pour un simple test de grossesse. Mais dès qu'elle vit sur l'écran ce petit signe signifiant clairement que dans le ventre de son amie ne poussait pas un petit être indésirable, elle s'était exclamée, laissant libre court au bonheur qu'elle pouvait ressentir. Au fond d'elle, c'était autre chose. Sachant pertinemment que la vie ne pouvait tenir qu'à un fil, elle se demandait si c'était tant légitime de se réjouir d'une absence de grossesse. Après tout, peut-être Quinn rêvait-elle intérieurement d'avoir un enfant. Qui sait.. On ne sait jamais ce qui se passe dans la tête d'une personne. Au fil de ces années de médecine, Norine avait appris un truc; il ne fallait jamais faire confiance aux paroles des personnes. Les gens peuvent vous dire qu'ils ont pris tel médicament, qu'ils se sont fait opéré de telles maladies, qu'ils ont tant d'enfants, qu'ils ont été marié avec telle personne. Et quand vous creusez un peu plus, vous vous rendez compte qu'ils vous mentent. Ils ont certes toujours été cherché ce médicament à la pharmacie, mais non, ils ne l'ont jamais avalé -les tests biologiques en témoignent-. Oui, ils se sont fait opérés de cette maladie, mais ils ont oublié de vous dire que c'était il y a dix ans et pas dix mois.. Oui, ils ont eu six enfants, mais non seulement un enfant s'occupe d'eux. Oui, ils ont été marié avec cette femme, mais non, ils ont également divorcé et été remarié trois fois. Les gens omettent souvent de dire tout; ils préfèrent choisir un morceau de leur vie à raconter, inconsciemment ou non, et délaisser une autre partie.
Là, face à Quinn, Norine n'avait peur que d'une chose; que son amie soit malheureuse en se rendant compte que son ventre n'abritait pas un petit être. Peut-être qu'au fond d'elle, bien enfouie, elle s'imaginait déjà bercer un petit bout de chou, haut comme deux pommes, qui sucerait son petit pouce tout en regardant dans les yeux sa maman. Au fond, Norine avait peur qu'elle ressentait ça, tout simplement parce qu'elle s'imaginait bien à sa place. Même si Rafe et elle n'étaient plus ensemble, elle aurait aimé porté son bébé. La chair de sa chair... Reprenant alors peu à peu ses esprits, essayant de se dire que de toute façon, tout était terminé puisqu'elle ne pourrait jamais être enceinte de Rafe (à moins qu'un jour la médecine réussise à faire revivre les morts), elle posa son regard sur Quinn. Elle semblait heureuse de ce résultat. Vraiment heureuse. Avec un grand soupir, elle s'exclama d'une voix plus aigue que d'habitude. « Ouuuuuuuuuuuuui ! » Ce cri sortait de son coeur. Au moins, ça faisait plaisir. « Oh mon Dieu, je suis tellement soulagée tu ne peux même pas savoir. » non, elle ne pouvait pas savoir, ça, c'était sûr. Elle était bien contente de ne pas savoir justement. Un sourire sur les lèvres, Norine la laissa réagir, ravie de voir qu'elle allait si bien.
Elle était à deux doigts d'ouvrir la bouche quand son amie l'interrompit. « Qu’est-ce qu’il y a ? » Fronçant doucement les sourcils, Norine se demanda ce qu'elle lui disait. Son regard se reposa sur elle, et elle sut rapidement. « Ça ne va pas ? Tu sais, merci d’avoir été là. Je ne sais pas ce que j’aurais fait si tu n’avais pas été derrière la porte… Je serais morte d’angoisse, je suppose. » En entendant ces derniers mots, Norine ne put s'empêcher de sourire encore un peu plus. Elle n'avait pas à la remercier. C'était avec un grand plaisir qu'elle l'avait aidé, et ce serait avec un grand plaisir qu'elle l'avait soutenu -enfin, ce n'avait pas été vraiment un plaisir tellement son coeur battait encore super vite-. « De rien. » se contenta-t-elle alors de lui dire. Posant son regard un instant sur Rafe, elle comprit alors ce que Quinn avait du comprendre. Elle aurait aimé être à sa place. Elle aurait aimé savoir, deux mois après la mort de Rafe, qu'elle avait un petit bout de son Rafe dans son ventre; d'avoir un petit être vivant qui lui redonnait un lien avec un mort. Parce que là, ce lien avec Rafe s'amenuisait à chaque seconde passée. Car plus le temps passait, plus il devenait poussière, et plus elle retournait vivre avec les vivants. Reposant son regard sur Quinn, elle lui répondit alors. « Je vais bien. Ne t'inquiète pas. J'avais juste peur que tu sois déçue malgré tout.. » Avec un énième sourire, elle rajouta juste alors. « Bon, t'as plus qu'à jeter ce satané test à la poubelle! Ca te dit de fêter ça en ouvrant une petite bouteille et en dégustant de bons cupcakes? »