« Cours ! Va-t’en ! » C’est ce que ta mère te dit quand tu as enjambé la fenêtre des toilettes. Tu la regardes, figée par ce qu’elle te demande de faire. Veut-elle vraiment que tu l’abandonnes ainsi ? Veut-elle vraiment que tu l’abandonnes dans les bras d’un homme violent sans personne pour veiller sur elle ? Car si c’est le cas, tu préfères rester et te battre à ses côtés. Voyant tes larmes à deux doigts de rouler sur ta joue, elle te rassure d’un sourire maternel. « Vas à Varsovie, je te rejoindrai dans quelques jours. » Hésitante, tu la regardes droit dans les yeux. « Je te le promets. » Tu te pinces les lèvres pour ne pas pleurer. Tu ne peux pas pleurer. Tu ne veux pas pleurer. Tu veux rester forte, pour elle. « File maintenant. Vas ! Avant qu’il ne soit trop tard ! » Tu hoches la tête sans réellement être sûre de toi. Tu sautes par la fenêtre de la petite pièce qui se trouve au rez-de-chaussée et puis tu cours. Tu cours aussi vite que tes jambes te le permettent. Tu ne sais pas où tu vas, tous ces sentiers qui, en dix-sept ans, te sont devenus familiers te semblent désormais inconnus. Tu te laisses porter par tes pieds en essayant de ne pas trébucher sur une branche ou un caillou. Ta poitrine se lève et se rabaisse de manière saccadée. Tu es hors d’haleine, mais tu continues. Tu veux fuir. Tu veux vivre.
Tu n’arrives pas à croire qu’après tout ce temps, tu y es arrivée. Tu es partie. Tu as tout quitté. Ça fait plusieurs années que tu y penses pourtant, tu ne l’as jamais fait. Tes amis, ta famille, ton village, tu quittes tout ça pour une vie meilleure, une vie à Varsovie où toi et ta mère, vous pourriez être enfin heureuses. Tu ne sais pas quand, ni comment elle va réussir à s’échapper à son tour, mais un jour, un jour très proche, vous serez réunies et finalement, ton histoire pourra se finir par « Et elles vécurent heureuses pour toujours ». Rien que cette pensée te fait sourire. Tu t’arrêtes de courir, à bout de souffle. Tu voudrais t’asseoir, t’effondrer à côté d’un arbre pour te reposer et boire un peu d’eau, mais t’as peur. Peur de ce que ton père va faire une fois qu’il aura découvert que tu n’es plus là. Un frisson parcourt ton corps entier. Comment est-ce possible qu’un homme aussi immonde que lui soit génétiquement relié à toi ? Il te dégoûte. Il a perdu le peu de respect que tu lui accordais encore quand il a levé la main sur ta mère. Une femme si douce et gentille ne méritait en aucun cas un sort pareil. Tu te demandes comment ça fonctionne la vie. Tu te demandes qui se croit assez supérieur pour se permettre de juger si telle ou telle personne doit avoir une belle vie ou non. Tu te demandes ce que tu as bien pu faire dans une vie antérieure pour mériter un cauchemar pareil. Tu te demandes tout un tas de trucs inutiles. Mais ça t’aide, ça fait passer le temps.
Tu commences à marcher vers, ce que tu espères être le sud du pays. Tu t’enfonces dans les bois. Tu n’es jamais venue par ici, mais tu sais que tu n’es plus à Czarnów. Avoir pris une carte aurait été une bonne idée, mais tout s’est passé à une telle vitesse que tu n’as pensé à rien d’autre que ta boite à musique peinte à la main, un tas de vêtements roulés en boule et 40 Zloty. Tu es seule, tu as froid, tu es perdue, tu n’as plus rien. Que peut-il encore t’arriver de pire ? Tu ne sais pas. Et honnêtement, tu n’as pas très envie de savoir, tu te contentes de marcher, toujours vers l’avant, sans te retourner. Se retourner serait comme regarder ton passé. Ton passé est mort, tu avances vers le présent désormais. Tu tends les bras à ce qu’il t’attend dans ce futur proche. Quoiqu’il arrive, ça ne peut pas être pire que ce que tu vivais dans ton petit village. Cette vie-là, tu n’en veux plus. D’ailleurs, tu ne vivais pas. Tu survivais. Ou du moins, tu essayais.
Ça fait plusieurs heures que tu marches, il fait nuit. Durant la journée, tu as croisé quelques villageois qui t’ont confirmé que tu étais dans la bonne direction. Au moins ça, c’est déjà bien. Tu te sens un peu stupide. Tu n’as plus rien, plus personne sur qui compter et même si cette idée te semblait bonne à la base, maintenant elle te semble juste absurde. Tu n’as que dix-sept ans, tu n’as que peu d’argent, ta mère t’a aidée à t’enfuir, tu n’as pas de diplôme, tu ne parles pas l’anglais, ni l’allemand et tes bases de français ne te serviraient à rien à Varsovie alors, pourquoi ? Pourquoi être partie sans rien ? Tu n’as pas réfléchis, tu es simplement partie parce que c’est ce qu’on te demandait, tu n’as pas réfléchis. Ton père avait peut-être raison quand il t’appelait imbécile, quand il disait que tu étais trop distraite et que tu n’arriverais à rien dans la vie. Oui, il n’avait sans doute pas tort. Tu avales difficilement ta salive. Et toi qui pensais que ton père était un homme ignoble, il n’était peut-être pas aussi stupide qu’il le laissait paraitre. Tu te mords la lèvre inférieure, t’as envie de pleurer, mais tu te retiens juste parce que ça servirait à rien de tout façon, c’est trop tard pour faire demi-tour.
Tu arrives sur une grande route. A cause de l’heure tardive, il n’y a presqu’aucune voiture qui passe. Le vent se lève, balayant tes cheveux par-dessus ton épaule. Tu frissonnes, tu n’as pas non plus prévu qu’il ferait aussi froid. Idiote. Dès que tu vois quelqu’un qui pourrait te mener à Varsovie, tu tentes de le faire s’arrêter, en vain. Tu continues ton chemin, la tête pleine de rêves brisés. Honnêtement, tu ne sais pas ce que tu vas devenir. Tu ne sais pas ce que tu vas faire. Tu ne sais pas ce qu’il va se passer demain. Tu ne sais rien. Rien du futur. Tu es juste une pauvre gamine égarée sans rien, ni personne. Juste une âme vagabonde sans but précis. Tu résumes tous ses sentiments par un long soupire, tu perds espoir.
Tu cherches un signe, même un minuscule qui pourrait te montrer la voie, te dire quoi faire et où aller. En espérant cela, tu n’as jamais cru que ça arriverait vraiment et pourtant il est là, juste devant toi. Tu peux tout voir. Tu peux tout lire. Un panneau routier signale que Varsovie se trouve à la sortie suivante. Un sourire s’installe sur tes lèvres. Tu ressers tes mains sur les lanières de ton sac à dos et tu te mets à courir. La route est déserte. Les lampadaires illuminent ton chemin. Tu y es, enfin.
Tu regardes les grands bâtiments, les routes, les voitures. Tout est tellement … différent. Czarnów n’est qu’à huit heures de route et pourtant, tout semble étrange ici. Ça change fort de ton petit village d’une centaine habitants. Certains des immeubles qui t’entourent sont grands, d’autres sont colorés, les routes sont en bitume, les étoiles sont invisibles ici à cause du nombre conséquent de lumières allumées à cette heure tardive. Tu continues ta découverte du terrain en étant émerveillée à chaque coin de rue. Cette ville est grande, cette ville est pleine de nouvelles opportunités. Tes incertitudes ? Oubliées. Tes peurs et tes craintes ? Disparues.
Varsovie, pour toi, ce nom rime avec liberté. C’est le début de tout, le commencement d’une nouvelle vie. Tu souris bêtement en levant les yeux vers les gratte-ciels, c’est beau. Ça t’inspire. Tu ne sais même pas où tu vas dormir, tu ne sais même pas ce que tu vas faire demain, mais tu te sens légère. Le simple fait d’être arrivée à bon port te rassure et t’indique que tout n’est pas encore perdu, que la chance à peut-être tourner et que pour une fois, elle est en ta faveur.
Certaines personnes se pressent autour de toi, elles courent les bras chargés de valises, de bambins ou encore, de magazines en tout genre. D’autres, en revanche, ne se dépêchent pas du tout, ils prennent un petit café, discutent tranquillement et font leur check-in sereinement. Toi, tu es au milieu de la foule, tu regardes tous ces gens qui passent et repassent sans cesse à la recherche d’un terminal. Toi, tu te demandes où tu vas aller. Tu préfères laisser le hasard choisir. La femme au guichet te fait un sourire poli. « Un ticket pour les Etats-Unis, s’il vous plait » est tout ce que tu dis. Elle te regarde et attend que tu en dises plus sur ta destination, mais il n’y a rien de plus à dire. Elle t’encourage avec un « Et où exactement ? » Tu réfléchis quelques secondes et tu réponds : « N’importe où, je veux l’avion que parte le plus tôt possible. » Le sourire poli a disparu, elle te dévisage, ça te met un peu mal à l’aise, tu préfères baisser les yeux. Après une minute qui te semble l’éternité, elle s’exécute et te tend un billet. « Il va dans le Maine, il décolle dans 5h. » Tu souris en t’emparant du ticket. Ça fait un an. Une année entière que tu attends pour ça. Tu as travaillée comme une forcenée dans toutes sortes de jobs ingrats pour te payer ce billet et quitter ce pays que tu ne reconnais plus. Ta mère ? Tu n’as plus aucune nouvelle d’elle, tu as téléphoné, envoyé des lettres, mais rien. Alors tu as fait ce que tu as pu sans son aide, tu as beaucoup pleuré au début, puis tu t’es rendue compte qu’elle aussi, elle t’avait abandonnée et que dès à présent, c’était toi contre le reste du monde. Mais peu importe, tu as ton ticket vers la liberté maintenant. Tu murmures des remerciements en t’éloignant, un sourire béat sur le visage.
Tu te diriges vers le terminal, tu passes les contrôles, tu soupires en faisant la file, tu fais les cent pas devant la porte d’embarquement. Enfin, quand il est temps, tu es la première à sauter sur tes pieds pour monter à bord. Tes mains tremblent, mais tu ne peux t’arrêter de sourire. Tu es bien, tu es heureuse. Une nouvelle histoire peut commencer.
« Przykro mi, przykro mi », tu te confonds en excuse devant le jeune homme que tu viens de bousculer. En voyant sa tête, tu te rends compte qu’il ne comprend pas ce que tu racontes. Il se détourne et continue son chemin. Tu regardes tes chaussures, tu devrais faire pareil aussi, mais tu ne sais pas où aller. Il faudrait que tu apprennes à établir des plans avant de partir où que ce soit. En relevant la tête, tu le revois, le jeune homme que tu as bousculé. Il te dit quelque chose, mais tu ne comprends pas très bien, il doit s’appeler Aleksander ou quelque chose comme ça, tu n’as pas bien saisi. Tu fronces les sourcils en signe d’incompréhension, tu lui dirais bien que tu ne parles pas anglais, mais ça ne servirait à rien. Il te tend la main, tu supposes qu’il veut que tu le suives. Tu le regardes, l’observes, l’analyses pendant un instant. Tu le regardes dans les yeux, ses yeux tous bleus. C’est assez stupide, mais tu le suis, tu ne sais pas trop pourquoi. Tu ne devrais peut-être pas te fier à un inconnu, mais tu n’as pas vraiment d’autre choix pour le moment. De toute façon, si un problème survient, ton passé a démontré à maintes reprises que la fuite n’a plus aucun secret pour toi.
Oui, c’est un peu près comme ça que t’es arrivée dans la petite ville d’Arrowsic. Combien de temps tu resteras ? C’est une bonne question. En tout cas, tant que tu n’auras pas besoin d’une nouvelle histoire, cette ville est ton nouveau chez toi.
be yourself.
On se connait déjà, enfin, en quelque sorte. Je m'étais inscrite avec Cher Lloyd sous le nom de Zendaya Goldsmith, mais je n'ai pas pu finir ma fiche à cause d'un problème avec ma connexion internet et vu que je n'avais pas prévenu, j'ai été supprimée. MAIS maintenant que ma connexion is flawless as fuck, je suis de retour avec un nouveau personnage, tout beau, tout neuf (bon, Zendaya n'aurait jamais vu le jour, mais c'est pas grave. Son heure viendra. Eventuellement).
Je me représente pour ceux qui m'auraient oublié (c'est-à-dire 100% du forum en gros) : gamine belge de seize ans, fan de pandas, d'Harry Potter, d'Hunger Games et de bien trop de trucs en général. On parlait de faire un marathon HP, j'en ai fait un. Un fail misérable car le DVD du 6 ne fonctionnait plus donc on s'est endormie comme des masses (je sais, honte à moi, je sais).
Bref, c'est tout. Je crois ? Sinon, bah ... Faut que vous sachiez que les bananes, c'est une excellente source de potassium quoi. C'est Homer Simpson qui le dit, ça ne peut être que vrai.
ps: j'aime chaque personne qui écoute la musique jusqu'au bout parce que, sans mentir, elle est trop belle cette chanson.
Dernière édition par Raina Balcrowiak le Sam 9 Mar - 1:31, édité 11 fois
BORDEL DASHAAA c'est la première fois que je la vois, j'suis juste toute émue quoi et puis jôor moi aussi j'me souviens de toi ! zendaya, attends, c'est un pseudo qui marque ça ! rebienvenue chez nous alors
Rebienvenue joli coeur ! Je me souviens aussi, et pourtant, je suis pas la mémoire la plus infaillible de cet endroit. Comme quoi tu marques les esprits ! Bon courage pour ta fiche. Oh et ta petite, je la connais pas, mais elle a l'air sublime.