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 La vie donne, la vie reprend. - kainando

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Fernando Gautier-Perez
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MessageSujet: La vie donne, la vie reprend. - kainando   La vie donne, la vie reprend. - kainando EmptyDim 2 Juin - 18:10

L'hôpital n'est pas très loin du loft. On peut facilement s'y rendre à pied. Je marche, Kai à mes côtés. Je tiens sa main très fort. Nous sommes silencieux, rendus muets par le stresse que nous ne pouvons refouler à l'approche de nos deux rendez-vous. C'est un peu comme si nous étions chacun plus préoccupés par le rendez-vous de l'autre. Pour ma part, je sais à quoi m'attendre pour le mien. Par contre, en ce qui concerne le bébé, je n'en ai aucune idée. Je sais que le médecin ne m'annoncera pas de bonnes nouvelles. Je sais que les choses vont certainement très mal se passer donc j'espère que la gynécologue de Kai n'aura que du bon à nous dire. C'est la seule chose qui pourrait rendre la pillule plus facile à avaler.

Après une dizaine de minutes de marche, nous arrivons enfin aux abords de l'hôpital. Ce bâtiment dans lequel j'ai l'habitude d'aller tous les jours me semble changer, différent depuis que je n'y vais plus en tant que médecin, mais en tant que patient. Il m'arrive encore d'y excercer, certes, mais ça devient de plus en plus rare. En plus, en tant qu'étudiant en fin d'internat je ne suis même pas sensé y aller si souvent que cela. C'est la période « révisions » pré-examens. Examens que je ne suis même pas encore sûr de tenter. Ce serait fou après tout. J'irais sans même avoir travaillé, sans même l'avoir préparé. Dans mon état, ce n'est surement pas raisonnable. Mais en même temps, j'ai envie de tenter quand même. J'ai besoin de normalité. J'ai besoin de faire ce que j'aurais fait si je n'avais pas eu ce foutu cancer. Quitte à échouer, quitte à avoir fait tout ça pour rien. Je suis prêt à essayer malgré tout, à me lancer dans l'arène sans arme, sans protection. Je sais que Kai sera à mes côtés, qu'elle me soutiendra peu importe le résultat.

Nous franchisson les portes de l'établissement, toujours sans un mot. Je serre un peu plus fort sa main pour lui montrer que je suis là, que je comprends son appréhension et surtout que je la ressens aussi. La salle de consultation où nous devons aller ne se trouve pas très loin. On y est vite, très vite. Et les choses sérieuses s'apprêtent à commencer. « Bonjour Mademoiselle Bonistaw, Bonjour Fernando. » dit la gynécologue énergiquement. Elle s'approche à grands pas de nous et nous serre la main à chacun. « Alors, comment se déroule cette grossesse ? Je crois savoir que vous en êtes à bien plus que les 3 mois règlementaire pour la première échographie, mais bon passons. Veuillez bien vouloir vous allonger sur la table. » À contre coeur, je dois lâcher la main de ma fiancée. Elle s'installe, sans grande conviction sur la table de consultation et lève son tshirt, dévoilant son petit ventre déjà bien rond. « Vous savez comment ça fonctionne, n'est-ce pas ? Je vais vous appliquer un fluide froid et procéder à l'échographie à l'aide de cet appareil. Vous pourrez voir votre enfant sur cet écran. En ce qui concerne le sexe... En fait, Fernando vous pourrez difficilement avoir la surprise si vous regardez l'écran. Mademoiselle Bonistaw, désireriez-vous savoir ? » Cette médecin est un vrai moulin à parole. Je ne la connais que vaguement, elle a pour réputation de faire très bien son travail, mais d'être un peu sèche. Ça me convient parfaitement car ce ne sera pas le genre à s'apitoyer sur notre situation de pauvre petit couple aux mille malheurs. C'est vrai que la question du sexe je n'y avais pas songé. J'ai appris à le reconnaître sur une échographie. C'est vrai que j'aurais préféré avoir la surprise, mais en même temps je ne peux m'empêcher de jeter un oeil à l'écran.

Le paumade est appliquée, l'écran allumé, les choses sérieuses peuvent commencer. Très vite, je remarque quelque chose d'étrange. Très vite, je réalise que ce que je vois là, n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. La gynécologue semble quelque peu surprise également. « Non... » dis-je sans pouvoir détacher mon regard de l'écran. Le choc est trop grand, il m'ôte tous mes mots. « C'est... c'est pas possible. »
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Kai Eowyn Bonistaw
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MessageSujet: Re: La vie donne, la vie reprend. - kainando   La vie donne, la vie reprend. - kainando EmptyMer 5 Juin - 23:47

«- Ma maman elle est malade et mon papa il dévalise les poubelles. »

« Bonjour Mademoiselle Bonistaw, Bonjour Fernando. ». Elle détestait sa voix, elle détestait tout ce qu’elle pouvait lui dire, elle détestait cette femme. Il n’y avait pas de raison logique, elle était simplement celle qui allait regarder à l’intérieur de ce gros bide dégueulasse –pour reprendre les termes de Kai- et rendre les choses encore plus affreusement réelles qu’elles ne l’étaient déjà. Heureusement, Fernando était là pour lui tenir la main, pour la soutenir, c’était déjà ça, c’était déjà énorme en fait. « Alors, comment se déroule cette grossesse ? Je crois savoir que vous en êtes à bien plus que les 3 mois règlementaire pour la première échographie, mais bon passons. Veuillez bien vouloir vous allonger sur la table. » Oui c’est ça, ta gueule. Kai n’avait même pas envie de faire l’effort de répondre aux quelques fausses questions de la gynécologue, elle était venue c’était tout ce qui comptait, le reste n’avait pas la moindre importance, du moins c’est ce que la rouquine avait décidé.

La jolie rousse s’installa donc sur cette table, levant son t-shirt pour dévoiler son ventre rond dont elle avait horreur. Ses yeux étaient posés sur Fernando, elle ne voulait pas regarder cette femme et encore moins cet écran qui était censé lui montrer quel petit monstre bizarre lui poussait dans le ventre. « Vous savez comment ça fonctionne, n'est-ce pas ? Je vais vous appliquer un fluide froid et procéder à l'échographie à l'aide de cet appareil. Vous pourrez voir votre enfant sur cet écran. En ce qui concerne le sexe... En fait, Fernando vous pourrez difficilement avoir la surprise si vous regardez l'écran. Mademoiselle Bonistaw, désireriez-vous savoir ? ».Oui, non, elle n’en avait rien à faire, ou du moins, elle n’y avait pas pensé, mais bon, si Fernando savait… « Oui je veux savoir. ». Voilà, autant avoir matière à préparer la chambre. Lol. Elle ne le ferait pas avant d’être sûr que Fernando serait à ses côtés pour le restant de ses jours, c’est-à-dire une fois qu’il serait guérit.

Et puis l’examen débuta, Kai se décida enfin à regarder le médecin qui s’occupait d’elle, mais, elle n’aurait peut-être pas dû. En effet, la gynéco se mit à faire une tête bizarre et Ferny n’était pas mieux il était même pire avec son « Non... ». Non quoi ? Qu’Est-ce qu’il se passait ? Kai commençait à paniquer, à se sentir mal à l’aise, qu’est-ce qu’il y avait ? Pourquoi il n’y avait qu’elle qui ne captait pas ? « C'est... ce n’est pas possible. ». S’en était trop pour Kai, elle n’avait déjà pas envie de venir ici mais si en plus on ne lui disait pas les choses, ça n’allait pas aller du tout. « Qu’est-ce qui se passe ? Il a trois bras ? Six doigts ? Trois poumons ? Il est Hermaphrodite ? Il est trisomique ? ». Forcément, elle ne savait pas, elle ne pouvait qu’imaginer le pire et le un peu moins pire.

Le médecin tourna alors l’écran vers elle pour se lancer dans des explications. « Vous voyez ici, sur l’écran, c’est la tête de votre fille… ». Une fille d’accord, c’était une fille, c’était ça qui les choquaient ? « Et juste ici c’est la tête de votre deuxième fille… ». Le visage de Kai se décomposa, à partir de ce moment elle n’entendait plus rien, sa fille n’avait pas deux visages, non, elle avait deux corps, deux cerveau, le double de tout ce qu’il fallait parce qu’elles étaient deux… elle allait avoir des jumelles. Elle devait se suicider tout de suite ou maintenant ?

Le reste de l’examen –qui fut très court-, Kai n’écoutait et n’entendait guère, si la gynécologue posait des questions ce n’était pas elle qui répondait, elle était sur le cul, complètement choquée et bouleversée, pour tout dire, elle avait envie de s’écrouler sur le sol et de ne jamais se relever. Elle n’en voulait pas d’un et elle en avait deux… deux qu’elle risquait d’élever seule, deux enfants à qui elle devrait peut-être expliquer que la maladie à tuer leur père, deux enfants à qui elle détruirait l’enfance sans aucun doute possible –pour elle-… deux enfants.

Une fois sortie de la pièce de manière robotisé et non consciente Kai daigna enfin s’arrêter, revenir à la réalité quelques secondes. Son regard se posa dans celui de Fernando et sans plus tarda son souffle était saccadé tant sa fréquence cardiaque avait augmenté. Elle faisait tout pour ne pas pleurer, pour être forte, elle y mettait toute la volonté du monde mais, à l’intérieur d’elle, son château de carte venait de s’effondrer. « Je… c’est…enfin… je…elles…trop agités pour être… qu’une… ». Elle n’arrivait pas à formuler sa phrase à dire que ce n’était normal qu’elle ait eu l’impression d’en avoir huit dans le ventre, il y avait quatre bras et quatre jambes là-dedans alors bon, ça en faisait du bordel.



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MessageSujet: Re: La vie donne, la vie reprend. - kainando   La vie donne, la vie reprend. - kainando EmptyDim 9 Juin - 12:01

Mes yeux sont grands ouverts, ma bouche aussi. Je n'arrive pas à le croire. Non, ce n'est pas possible. J'avais tellement envie que le bébé aille bien, qu'il n'y ait pas de problème. J'avais eu peur qu'il ait une déformation, j'avais eu peur qu'il soit malade, mais la réalité va au delà de mes peurs les plus extrêmes. Des jumelles. Deux petites filles parfaitement en forme et en chair. Deux bébés. Deux foetus. Deux. Je. Non, ce n'est pas possible.

Kai semble soudainement prise de panique. Elle ne comprend pas ce qu'elle voit à l'écran. Elle ne sait pas ce que ça représente. « Qu’est-ce qui se passe ? Il a trois bras ? Six doigts ? Trois poumons ? Il est Hermaphrodite ? Il est trisomique ? » J'aimerais pouvoir lui répondre, lui dire, mais les mots me manquent. Je ne suis plus capable d'émettre le moindre son. Je n'y arrive pas. Je n'y arrive plus. Et même si je pouvais, je ne sais même pas si j'oserais. Déjà que l'idée d'être maman ne l'enchante pas tellement, je crains sa réaction en apprenant qu'au lieu d'un petit bébé elle en aura deux. Et même très certainement deux à élever seule.

Heureusement, la gynécologue se porte volontaire pour annoncer la nouvelle. « Vous voyez ici, sur l’écran, c’est la tête de votre fille… » commence-t-elle avec une voix légèrement mal assurée. « Et juste ici c’est la tête de votre deuxième fille… » Et là, Kai se décompose sur place. Son teint légèrement halé laisse place à une visage blanchâtre. Elle ne dit rien, certainement tout aussi choquée que moi. Je ne peux toujours pas le croire. Les minutes qui passent n'y font rien. Même de voir la réalité sur ce petit écran ne m'aide pas. Je ne décroche pas mes yeux de nos deux bébés. Oui, deux. Je ne peux pas m'habituer à ce chiffre, non. Ce n'est pas possible. Vraiment pas possible. Et là, je me déteste encore plus. Je regrette tellement amèrement d'avoir voulu garder ce bébé, ces bébés. D'avoir forcé Kai, de ne pas l'avoir écoutée, d'avoir agi si égoïstement. J'allais la laisser seule avec deux enfants à charge. Deux enfants dont elle n'a jamais voulu. Je suis un monstre. Je me maudis, une fois de plus.

Les contrôles se poursuivent dans le silence le plus complet. Tout le monde dans la pièce est un peu remué par les nouvelles du jour. Tout se passe bien appremment. Elles sont deux, mais elles sont en forme. C'est déjà ça. Mais elles sont deux. Deux. Deux. Deux. Mon dieu. L'échographie est imprimée et la gynécologue la tend à Kai qui ne l'attrape pas. D'un geste machinal, je la saisis. Les yeux de la rousse sont perdus quelque part, dans le vague et je comprends qu'il faut lui laisser du temps. Je prends sa main et je l'invite à se lever. Elle me suit sans rechigner. Et puis je salue le medecin pour nous deux, même si je parle sans trop de conviction. On s'éloigne un peu de la salle de consultation pour se diriger vers mon rendez-vous dans le secteur d'oncologie, mais soudain Kai stoppe net. « Je… c’est…enfin… je…elles…trop agités pour être… qu’une… » Elle semble boulversée. Je sens que les larmes ne sont pas loin, mais qu'elle fait tout pour les retenir. Peut-être se doute-t-elle que le pire est à venir. J'ai d'ailleurs une énorme boule qui se forme dans mon estomac à l'idée de devoir affronter l'oncologue avec mes résultats. « Je sais... » Oui, je sais ce qu'elle ressent. Ce choc, je le ressens aussi. Mais je pense que nos sentiments diffèrent. Kai doit être habitée par la peur, tandis que moi ce serait plutôt la culpabilité qui me ronge. « Je suis tellement désolé... Encore une fois je... J'aurais du t'écouter. » Plus jamais je ne ferais passer mes désirs avant les siens. Non, plus jamais.

Je regarde ma montre, c'est bientôt l'heure, mon rendez-vous et dans cinq minutes. C'est le temps de s'y rendre. « Il... Il faut y aller... Tu.. Tu veux qu'on reporte mon rendez-vous à un autre jour ? » Je suis sérieux. Je ne veux pas lui imposer trop d'un coup. D'autant que je suis persuadé que les prochaines minutes ne vont pas être très heureuses. Ce sont des mauvaises nouvelles qui m'attendent. J'en suis persuadé. J'essaye de penser à Kai, à ce qu'elle pourrait faire avec les filles, comment elle pourrait gérer ça. Je ne veux pas le lui imposer. Je ne le veux plus. Je veux qu'elle ait le choix, qu'elle puisse décider. Je ne veux pas qu'elle subisse mon choix pour le restant de ses jours. Elle ne le mérite pas. Elle ne m'a pas donné tant d'amour pour que je ne le lui rende pas. « Kai... Si le pire devait arriver, je suis désolé de le mentionner mais à ce stade on est obligé d'y songer, j'aimerais que tu considères l'adoption. Je ne veux pas t'imposer ces enfants. Si tu n'as pas l'envie, pas la force de t'en occuper sache que je ne t'en voudrai jamais. Je m'en veux tellement de t'avoir mise dans cette situation là. Ne t'en sens jamais prisonnière, je veux ton bien avant tout. Et puis... J'ai été élevé, et toi aussi, sans trop d'amour. On sait ce que ça fait. Si tu n'est pas prête à aimer ces bébés, je ne veux pas t'y forcer. » Mes yeux sont remplis de larme. Ça me coûte d'avoir à dire ça. Ça me coûte de suggérer à Kai, la femme de ma vie, d'abandonner les enfants qu'elle porte, nos enfants. Mais c'est justement parce que c'est Kai, parce que c'est mes filles que je veux leur plus grand bien. Je veux ce qu'il y a de mieux pour elles et si les choses font que la vie serait moins belle si elles la vivaient ensemble, dans ce cas, je préférerais qu'elles la vivent chacunes de leur côté.
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MessageSujet: Re: La vie donne, la vie reprend. - kainando   La vie donne, la vie reprend. - kainando EmptyMar 11 Juin - 22:13

«- Ma maman elle est malade et mon papa il dévalise les poubelles. »
« Je sais... » Kai retenait difficilement ses larmes, deux bébés, c’était trop pour elle, déjà un, elle n’arrivait pas à l’accepter, à vivre pleinement sa grossesse alors prendre conscience qu’ils étaient deux ne faisaient que l’enfoncer dans sa détresse et dans sa peine. « Je suis tellement désolé... Encore une fois je... J'aurais dû t'écouter. ». L’écouter ? Pour l’avortement ? Kai le regarda quelque peu surprise, il n’avait pas à s’excuser pour cela, après tout à l’époque les conditions étaient totalement différentes et ni l’un ni l’autre n’aurait pu imaginer ce scenario, prédire l’avenir. Elle ne pouvait décemment pas lui en vouloir d’avoir cru en eux, d’avoir voulu être papa et mettre un pied dans l’avenir. «Dis pas de bêtises...». Elle déposa alors un tendre baiser sur sa joue, même si ça ne pouvait pas permettre à la culpabilité de s’évaporer, elle espérait au moins que ça lui apportait un peu de réconfort.

« Il... Il faut y aller... Tu... Tu veux qu'on reporte mon rendez-vous à un autre jour ? ». La jolie rousse fit immédiatement un non de la tête, que, elle, sèche les rendez-vous, ça n’avait rien de grave mais, pour Fernando ça l’était. Kai voulait croire qu’il y aurait de bonne nouvelles, elle voulait croire qu’il allait mieux, que les choses s’arrangeaient… et si ce n’était pas le cas, elle voulait le savoir aussi, elle ne pouvait plus supporter de vivre dans le doute. « Non, non, on n’y va. Et ça ne se fait pas d’annuler à la dernière minute ». Non, d’autres attendaient ces rendez-vous, c’était impoli de faire ça et puis Kai était capable de se montrer forte, quoi qu’il arrive, pour le moment même si les larmes étaient proches, elle n’avait toujours pas pleuré.

Elle aborda un regard déterminée, pour bien montrer à Ferny à quel point elle voulait y aller alors que lui semblait perdu dans ses pensées –les plus noires sans doute-. Et il l’était sans aucun doute puisqu’il changea radicalement de sujet –ou du moins il fit un retour sur le précédent-. « Kai... Si le pire devait arriver, je suis désolé de le mentionner mais à ce stade on est obligé d'y songer, j'aimerais que tu considères l'adoption. Je ne veux pas t'imposer ces enfants. Si tu n'as pas l'envie, pas la force de t'en occuper sache que je ne t'en voudrai jamais. Je m'en veux tellement de t'avoir mise dans cette situation-là. Ne t'en sens jamais prisonnière, je veux ton bien avant tout. Et puis... J'ai été élevé, et toi aussi, sans trop d'amour. On sait ce que ça fait. Si tu n'es pas prête à aimer ces bébés, je ne veux pas t'y forcer. ». Kai regarda Fernando avec un énorme mélange de surprise, reconnaissance, d’attendrissement et d’amour. Elle caressa alors tendrement le visage de son Homme, elle était réellement touchée qu’il puisse l’aimer au point de dire cela, au point d’accepter le fait que peut-être, dans le pire des cas, elle serait incapable de s’occuper de ces deux petites princesses qui méritaient le meilleur. Cependant, si elle avait bien conscience qu’elle devait envisager cette solution, si elle avait bien conscience qu’elle risquait de se retrouvait confronter à ce choix, elle refusait de l’admettre ou du moins de le dire à haute voix. « On a encore le temps d’y penser mon cœur, tout va bien se passer. Ne te laisse rogner par la culpabilité comme ça, tu as un autre combat bien plus important à mener. ». Elle lui fit un tendre sourire, ne cessant pas de caresser son visage. Elle ne voulait pas qu’il se fasse du mal en se laissant bouffer par la culpabilité comme elle pouvait l’être par la mort de Blazhe, il n’avait pas besoin de ça. « Si les choses se passent, je te promets d’y penser. Mais pour le moment, il n’y a pas de raison. ». Elle prit alors sa main avec tendresse avant d’ajouter « Aller viens, on va vraiment finir par être en retard. ». Tout cet optimisme qu’elle affichait, c’était tout ce qui lui restait parce qu’à l’intérieur d’elle c’était la guerre, parce qu’elle imaginait le pire et parce qu’elle devait se battre avec elle-même pour y croire encore mais elle voulait être forte pour lui, elle voulait être un soutient pas un fardeau.

Ils marchèrent alors jusqu’au lieu du rendez-vous, s’arrentant alors devant la porte tant redoutée où Kai laissa Fernando frapper à la porte.


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MessageSujet: Re: La vie donne, la vie reprend. - kainando   La vie donne, la vie reprend. - kainando EmptySam 15 Juin - 21:18

La nouvelle est difficile à avaler, mais le choc n'est rien face à la culpabilité que je peux ressentir. À mesure que j'avance dans ce couloir, j'ai l'impression d'avancer vers la mort, d'aller vers la mauvaise nouvelle qui nous enterra tous les quatres. Oui, tous les quatres puisqu'elles sont deux, bien deux. Je m'excuse, une énième fois. J'essaye à nouveau de montrer à Kai à quel point je regrette mes actes et mes réactions passées, si j'avais su. Oui, je ne pouvais pas savoir, c'est vrai, mais à présent c'est tellement dur de vivre comme si de rien était. Rien n'est plus pareil. «Dis pas de bêtises...» dit-elle pour me rassurer. Mais pour moi, ce ne sont pas des bêtises, ce n'est que la pure et triste vérité.

La voyant autant destabilisée, je demande si elle veut déplacer le rendez-vous, si elle veut qu'on y retourne un autre jour, même si je crois connaître d'avance sa réponse. « Non, non, on n’y va. Et ça ne se fait pas d’annuler à la dernière minute » J'acquiesse simplement de la tête. Je n'ai strictement rien à ajouter. Ce rendez-vous est important, c'est vrai que je ne dois pas le manquer et pourtant, je le désire tellement au fond de moi. J'aimerais pouvoir courir hors de cet hôpital, me barrer le plus loin possible et oublier ce qu'est ma vie d'aujourd'hui. 

Avant de me remettre à marcher, j'ai un dernier truc à lui dire, une dernière chose que j'aimerais qu'elle sache. Je dévoile tout, le fond de ma pensée, ce que j'aimerais qu'elle fasse en cas de problème. Je veux qu'elle comprenne qu'elle a mon consentement. Je la connais, Kai, je sais qu'elle n'oserait jamais, même si j'étais mort et enterré, faire quelque chose qui aurait été à l'encontre de mes désirs. Donc je fais mon possible pour l'apaiser d'avance et lui offrir la liberté de conscience qu'elle mérite. Mais ça ne va pas sans peine, c'est dur pour moi de dire tout ça, ça me coûte. J'en ai les larmes aux yeux et je fais tout ce que je peux pour le masquer, bien que j'ai l'impression que ma fiancée m'a percé à jour. « On a encore le temps d’y penser mon cœur, tout va bien se passer. Ne te laisse rogner par la culpabilité comme ça, tu as un autre combat bien plus important à mener. » Un combat en vain. « Si les choses se passent, je te promets d’y penser. Mais pour le moment, il n’y a pas de raison. » Je pense au fond de moi qu'il ne manque pas beaucoup de temps avant qu'elle n'en trouve, une raison. Et pourtant, je reste muet, je ne dis rien.

« Aller viens, on va vraiment finir par être en retard. » Je prends sa main et je continue de marcher, en silence. J'ai du mal, à faire un pas devant l'autre. J'ai du mal, à avancer sachant ce qui m'attend. J'aimerais mieux rester là, m'écrouler tant je suis desespéré. Plus rien ne va dans ma tête, tout se mélange, tout s'embrouille. Et je pleure, à l'intérieur. Mon coeur n'est plus qu'un espace vide dont le cancer a tué toutes émotions. Nous atteignons la porte trop vite, après trop peu de temps. Je toque, mon médecin m'ouvre la porte, il a un sourire triste sur le visage en me voyant, je crois deviner pourquoi. On s'installe dans son bureau, inutile de passer par la salle de consultation. Tous les tests sont faits, je suis là pour les résultats. Passer les serrages de main, les salutations d'usage, les choses sérieuses commencent. Je ne regarde pas Kai, j'en suis tout simplement incapable pour le moment. Je refuse d'être témoin de sa réaction si les nouvelles sont aussi mauvaises que je le redoute. « Je ne vais pas tourner autour du pot, je n'ai pas de bonnes nouvelles. » C'est ce que je pensais, mais néanmoins je sens tout de même mes derniers espoirs restants brûler dans mes entrailles. « Fernando, tu as du le ressentir, ton état a nettement empiré. » Oui, je l'ai senti. Et je le sens chaque jour un peu plus. La fatigue, les douleurs, le manque d'énergie, que de signes pour me rappeler à chaque instant que la mort me guette. Comment pourrais-je le manquer ? Kai, elle, ne sait pas à quel point ça va mal. Je ne dis rien, je ne me plains jamais pour ne pas l'inquiéter. Elle me voit simplement dormir beaucoup, je lui ai dit que c'était normal que la chimio me fatigue autant. J'ai peur qu'elle me veuille, j'ai peur qu'elle se dise que je lui ai caché la gravité de mon état. D'ailleurs, je n'ose toujours pas la regarder. 

« On va arrêter la chimio, ça t'affaiblit plus qu'autre chose et ça ne permet même pas de ralentir la progression de la maladie. » Je suis d'accord sur ce point. Je n'en peux plus de souffrir en vain, d'être l'esclave de ces machines qui ne me font aucun bien. Bien au contraire. J'en ai marre d'être fatigué, de dormir tout le temps. Si je dois en avoir fini avec la vie, autant le faire avec le peu de dignité qu'il peut me rester. « Il ne te reste plus qu'approximativement trois mois... Je suis désolé. » La sentence est lourde. Trois mois. Trois mois de pur supplice. Trois mois rythmés d'adieu et de larmes. Trois mois à faire des choses qui n'ont plus de sens, si ce n'est de donner encore un peu de mon être aux gens qui m'aiment. « Sauf si... Enfin tu sais bien la solution qui s'offre à toi, Fernando. » L'opération. L'opération dont j'aurais préféré que Kai ignore l'existence. L'opértion dont j'ai conscience depuis le début. L'opération que j'ai refusé, que je refuse et que je refuserai toujours.
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MessageSujet: Re: La vie donne, la vie reprend. - kainando   La vie donne, la vie reprend. - kainando EmptyDim 30 Juin - 22:56

«- Ma maman elle est malade et mon papa il dévalise les poubelles. »

Le médecin ouvrit la porte avec un maigre sourire sur le visage, Kai n’y prêta pas attention parce qu’il lui semblait triste et pour elle, c’était inimaginable. Le médecin n’osait juste pas trop sourire parce que la situation n’était pas des plus joyeuses mais, ça ne pouvait pas vouloir dire que les choses allaient mal. Le jeune couple s’installa ainsi que le médecin après les salutations, Kai tentait d’obtenir un regard de Fernando à l’approche de ces fameux résultats –qu’elle croyait et qu’elle espérait bon- mais rien à faire, le jeune homme semblait bien trop anxieux pour cela. « Je ne vais pas tourner autour du pot, je n'ai pas de bonnes nouvelles. ».  Le visage de la jolie rousse se décomposa malgré elle, son ventre se tordait dans tous les sens  et elle était soudainement prise de nausées. Les nausées de ses espoirs déchus, elle se sentait anéantie. . « Fernando, tu as du le ressentir, ton état a nettement empiré. ». La jeune femme glissa alors une main devant sa bouche pour retenir tant les cris que ses hauts le cœur. Fernando ne se plaignait jamais de rien, il lui disait de ne pas s’inquiéter s’il était si fatigué… elle était là comme une conne à espérer, à tenter de croire en cette chimio, à penser positivement alors que lui, il savait très bien que ça n’allait pas. Elle sentait le monde s’écoulait sur ses épaules, elle était tétanisée, bien plus que pour les jumelles. Finalement, sa grossesse double ne comptait plus, elle ne pensait plus qu’à la maladie de Fernando et au fait qu’il ne lui ait rien dit. Elle ne savait pas si elle devait lui en vouloir injustement ou le remercier tristement après tout, i avait sans doute fait ça pour la protéger mais… elle avait surtout besoin d’honnêteté.

« On va arrêter la chimio, ça t'affaiblit plus qu'autre chose et ça ne permet même pas de ralentir la progression de la maladie. ». La rouquine avait beau s’attendre à cette suite logique son cœur manqua un battement et elle baissa les yeux pour ne pas montrer combien elle était sous le choc. Plus de chimio, ça voulait dire que… elle devait accepter la mort de Fernando… était-ce utile de dire qu’elle en était incapable ? « Il ne te reste plus qu'approximativement trois mois... Je suis désolé. ». Kai se fit saigner tant elle se mordait les joues pour ne pas pleurer, elle ne devait pas pleurer mais la situation était affreuse et nul doute que si elle tenait à présent c’était pour ne pas en rajouter sur les épaules de celui qu’elle aimait au point de tout supporter. Une fois seule, elle savait qu’elle perdrait cette force, parce que c’était lui cette force, un comble en pensant à son état. « Sauf si... Enfin tu sais bien la solution qui s'offre à toi, Fernando. ». Kai releva la tête brusquement pensant avoir mal entendu, elle regarda d’abord le médecin, l’interrogeant du regard. Ce dernier semblait visiblement surpris et mal à l’aise, réalisant qu’il avait fait là une petite boulette. Il refusa toutefois de dire quelle était la solution en question –bon la question était tacite mais elle était évidente-. La jolie rousse posa alors son regard désespéré sur Fernando, le suppliant de dire ce qu’il pouvait faire pour vivre, pour passer sa vie avec elle, avec elles.  « Qu...Quelle solution ? ». Son cœur battait à vive allure, l’espoir tentant tant bien que mal de revivre au milieu de ce cœur brisé en quelques mots.


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MessageSujet: Re: La vie donne, la vie reprend. - kainando   La vie donne, la vie reprend. - kainando EmptyMar 9 Juil - 20:55




Mon monde s'écroule, littéralement. Je le savais, oui, je le savais que j'allais mal. Je savais que j'allais mourir. Je savais que j'étais condamné. Je savais tout ça, mais c'est toujours différent quand on l'entend en vrai, quand quelqu'un le dit, quand les mots sortent de la bouche du médecin comme des balles de calibre 45. Tout ça prend de l'ampleur, de la véracité. Je suis mourant. Je vais mourir. Je n'ai plus que... trois mois. Trois mois pour dire à Kai que je l'aime. Trois mois pour trouver les mots pour lui dire au revoir. Trois mois pour réussir à lui faire croire qu'elle pourra vivre sans moi. Trois mois pour vivre mes derniers instants, sourire et rire encore un peu. Trois mois à vivre constamment dans l'attente. L'attente de la mort. Trois mois à vivre avec ce foutu utilmatum que m'inflige la vie. Oui, je suis condamné. Condamné à mort.

Je n'ose même pas poser mes yeux sur elle. Nous n'aurons pas le temps de serrer nos filles dans nos bras. Nous n'aurons pas le temps de les ramener à la maison, notre maison. Nous n'aurons pas le temps de les border ensemble le soir et de leur raconter des histoires. Nous n'aurons pas le temps de nous marier, de vivre notre lune de miel. Nous n'aurons pas le temps de vieillir ensemble et de regarder nos photos de famille. Je ne pourrais pas mettre en garde mes filles lorsqu'elles auront leur premier petit copain. Je ne pourrais pas les serrer dans mes bras lorsqu'elles se feront briser le coeur, ni les féliciter lorsqu'elles ramèneront de bonnes notes. Nous ne visiterons pas des universités ensemble et je ne serai pas là lorsqu'elles seront diplômées. Je réalise enfin l'ampleur de tout ça. Je réalise enfin tout ce que je vais manquer et à tous ceux à qui je vais manquer aussi. Ces six dernières années passées à Arrowsic, j'ai créé de réels liens, de vraies amitiés. Je ne peux pas imaginer Ella, ma petite Ella, ma meilleure amie sans moi. Nous avons traversé tellement ensemble, elle m'avait fait promettre de ne pas mourir. Je ne pourrais pas honorer cette promesse et je m'en veux énormément de la laisser. Elle et... Et Teddy, avec qui au final j'arrive à m'entendre. Teddy et... Rudy, mon meilleur ami sans qui je ne me serai jamais débrouillé à mon arrivée à Arrowsic. Et puis, il y a Sutton et Neela, deux amies chères qui ont su trouver une place dans mon coeur. Tellement de visages qui apparaissent dans mon esprit, tellement de personnes qui me tordent le coeur parce qu'ils croyaient vraiment en moi, en ma capacité de me battre. Ils ignoraient tous que j'avais renoncé depuis bien longtemps.

Je n'entends plus rien, je ne vois plus rien. Je suis déjà parti. Je vais mourir. Une larme coule sur ma joue sans même que je ne puisse l'en empêcher. Je suis tordu de douleur à l'intérieur, mais je ne bouge pas. Je suis pétrifié. Pétrifié par la dureté de ces mots. Trois mois. C'est ma date de peremption. Je vois déjà sur ma tombe, mon épitaphe : Fernando Gautier-Perez, parti trop vite. Vingt-quatre ans, n'est-ce pas trop jeune pour mourir ? Pourquoi la vie m'arrache-t-elle à tous mes rêves ? Pourquoi m'empêche-t-elle de les saisir, eux qui sont si proches ? Pourquoi moi ?

Le médecin parle à nouveau, il s'adresse plutôt à Kai cette fois. Et moi, je reste dans mon mutisme, je pleure tout simplement. « Il y a une opération... Une opération très risquée qui pourrait ôter sa tumeur de son cerveau et lui permettre de guérir, mais comme je l'ai dit c'est extrêmement risqué. Déjà, il y a assez peu de chances qu'ils s'en sortent, c'est tellement délicat et même s'il s'en sort il y a souvent de très grosses séquelles, des séquelles à long terme. » J'écoute mais je n'entends pas. Je suis condamné, c'est tout. Je ne crois plus au miracle. Je ne crois pas une seconde en cette opération. Au mieux, je finirai légume et pour moi c'est même pire que la mort. C'est une torture que d'être enfermé dans son propre corps. Je préfère qu'on éteigne la lumière, tout simplement. Je préfère m'en aller. « Mais je crois savoir que Fernando a refusé l'opération lorsque mon collègue en oncologie le lui avait proposé. »
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MessageSujet: Re: La vie donne, la vie reprend. - kainando   La vie donne, la vie reprend. - kainando EmptyMar 9 Juil - 23:14

«- Ma maman elle est malade et mon papa il dévalise les poubelles. »

Une solution, il y avait une autre solution pour sauver Fernando. Le cœur de Kai battant à tout rompre, elle ne demandait qu’une chose : qu’on la libère de souffrance à l’idée de le perdre d’ici trois mois. Elle voulait savoir ce qui pourrait le sauver, ce qui pourrait lui rendre l’Homme qu’elle aimait ou du moins lui laisser. « Il y a une opération... Une opération très risquée qui pourrait ôter sa tumeur de son cerveau et lui permettre de guérir, mais comme je l'ai dit c'est extrêmement risqué. Déjà, il y a assez peu de chances qu'ils s'en sortent, c'est tellement délicat et même s'il s'en sort il y a souvent de très grosses séquelles, des séquelles à long terme. ». Et alors ? C’était peut-être terriblement risqué mais entre le risque et avoir Fernando pour toujours ou la passivité et perdre Fernando d’ici moins de trois mois, le choix pour Kai était vite fait.  Et alors que l’espoir avait tenté de renaître, il s’écroula soudainement en comprenant que pour elle, le choix était vite fait mais pour Fernando aussi et leurs choix étaient différents. Fernando ne lui avait pas parlé de l’opération parce qu’il n’en voulait et il ne voulait pas non plus que l’avis de Kai à ce sujet… La rouquine regardait Fernando avec colère malgré elle, parce qu’elle montait, elle lui en voulait d’abandonner, de prendre cette décision seul, de l’avoir tenu à l’écart.

Le médecin semblait l’avoir remarqué, puisque tourné vers la rouquine, il ajouta sa petite remarque.  « Mais je crois savoir que Fernando a refusé l'opération lorsque mon collègue en oncologie le lui avait proposé. ».  Kai se leva alors son attitude semblait calme bien que déterminé mais son regard était remplir de colère, de fureur.  « Eh bien Docteur, je crois que je vais vous laisser visiblement je suis de trop dans cette salle puisque les décisions se prenne sans moi. ». Le médecin semblait plus que surprit de la réaction de Kai, sans doute parce qu’elle était restée très calme, maître d’elle-même jusqu’à présent mais là, elle ne pouvait plus. Elle lança un regard noir, aussi noir que le charbon à Fernando avant de quitter la pièce d’un pas déterminé.

Elle s’appuya contre le mur et cette fois elle ne tenta pas de retenir ses larmes, elle s’écroula littéralement. Elle n’en revenait, comment avait-il pu lui faire ça ? Lui cacher quelque chose de si important et lui ayant promis de se battre ? Trois moi ou une alternative qui pouvait le sauver et il choisissait les trois mois ? Il choisissait de l’abandonner quand elle serait à huit mois de grossesse ? Il choisissait de la voir mourir de chagrin en refusant de voir mourir l’Homme qu’elle aimait. Certes, s’il n’y avait pas eu l’opération ça aurait été la même chose mais, elle n’aurait pas eu au fond de son cœur cette sensation infâme que l’homme qu’elle aimait l’abandonnait.

Peu de après, Fernando sorti de la pièce se retrouvant face à Kai, faisant renaître sa plus violente colère. « Tu ne comptais pas me le dire n’est-ce pas ? ». Son ton était celui du reproche pourtant si rare chez Kai.  « Tu as choisi sans même m’en parler, tu as choisi de m’abandonner, de les abandonner, tu as décidé de me laisser trois mois pour mourir avec toi, comme c’est généreux ! ». Elle criait, elle pleurait, elle était folle de rage, fille de tristesse, fille à lier.

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MessageSujet: Re: La vie donne, la vie reprend. - kainando   La vie donne, la vie reprend. - kainando EmptyVen 19 Juil - 22:24

Je vais mourir. C'est un fait. C'est une réalité. Je vais mourir dans trois mois. Trois mois à compter de ce jour. Enfin, pas forcément, pas précisément. Mais pour moi, ça revient au même. Dans trois mois, je ne serai plus. Dans trois mois, je serai probablement enfoui sous terre, encore trop présent dans les esprits brisés que j'ai laissé derrière moi. Peut-être que Kai aura accouché ou bien peut-être qu'elle sera en train de le faire. Et moi, je ne lui tiendrai pas la main. Et moi, je serai tout simplement parti.

« Eh bien Docteur, je crois que je vais vous laisser visiblement je suis de trop dans cette salle puisque les décisions se prenne sans moi. » Kai vient de parler. Kai vient de se lever. Je suis bien trop brisé pour lever le bras et attraper le sien. Je suis bien trop brisé pour l'arrêter, lui dire qu'elle n'est pas de trop, que les décisions ne se prennent pas sans elle. Pour moi, sur la question, il n'y a jamais eu de décision à prendre. La réponse était évidente. C'était la mort ou devenir un légume. Je ne supporterai pas de vivre paralysé, d'être enfermé dans mon propre corps. Vivant oui, mais à quel prix ? Vivant oui, mais pour combien de temps ? Je n'ai jamais pu croire en cette solution. Kai, de toute évidence, oui. La belle rousse quitte la pièce comme une furie. Je ne doute pas une seconde que c'est un tonnerre d'insulte qui m'attend dehors.

Je me lève, doucement. « M..Merci Docteur. » dis-je d'une voix effacée. « Courage Fernando, si vous avez besoin de quelque chose, je reste à votre disposition. » Je fais un signe de la tête. Je ne compte pas remettre les pieds dans cet hôpital, à moins qu'on m'y oblige.

Je sors et je retrouve Kai adossée contre le mur, en larmes. Elle se retourne vers moi et j'aperçois alors une expression de profonde colère que je ne lui connaissais pas encore. Je lutte pour ne pas m'écrouler, moi aussi. « Tu ne comptais pas me le dire n’est-ce pas ? » Elle semble réellement blessée, réellement atteinte par cet acte qui jusqu'ici me semblait plutôt anodin. Cette possibilité, cette opération, c'est quelque chose que j'ai très vite chassé de ma tête et que j'avais pratiquement oublié avec le temps. « Tu as choisi sans même m’en parler, tu as choisi de m’abandonner, de les abandonner, tu as décidé de me laisser trois mois pour mourir avec toi, comme c’est généreux ! » Elle crie, elle hurle. Tout l'hôpital peut nous entendre, mais elle s'en fout, je m'en fous. Il n'y a que nous. Nous et notre misère. Nous et notre putain de maladie qui me ronge. Je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas quoi faire. J'ai juste besoin d'elle. Je vais tomber. Je le jure, je vais tomber plus bas que terre si elle ne m'attrape pas. Je vais tomber, vraiment.

J'éclate en sanglot.

« S'il... S'il te plaît... Prends moi dans tes bras. » Je m'avance, elle recule. « J'ai besoin de toi. » Elle recule encore. Je me laisse tomber, cette fois. Je me laisse tomber et je me recroqueville sur moi même. J'enfouis ma tête entre mes mains et je serre les jambes contre mon ventre. Je ne suis plus rien. Je ne suis plus qu'une chose, un vulgaire être humain desséché. Je pleure et je pleure encore. J'ai envie de mourir ici et maintenant. Plus rien n'a de valeur en ce moment précis tel mon dégoût est grand.

Je relève la tête et dans un ultime effort j'entreprends de lui expliquer, de ma voix vacillante : « Cette opération, il n'y a qu'un patient sur vingt qui en ressort sans séquelle et les chances de survie sont très minces. C'est ça que tu veux ? Vivre avec un handicapé jusqu'à la fin de tes jours. Ça te plairait de me garder, hein, de me laisser pourrir en tant que légume le restant de ma vie ? Je t'interdis de dire que j'ai abandonné, la chimio je l'ai faite pour toi et uniquement pour toi. » Je deviens méchant, mais les mots sortent sans même que j'y réfléchisse. Toute cette situation me tue à petit feu. J'ai l'impression qu'il ne reste déjà plus grand chose de moi. J'ai l'impression que mon âme, mon coeur est déjà mort.
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MessageSujet: Re: La vie donne, la vie reprend. - kainando   La vie donne, la vie reprend. - kainando EmptyLun 22 Juil - 21:45

[quote="Kai Eowyn Bonistaw"]
«- Ma maman elle est malade et mon papa il dévalise les poubelles. »

Kai n’en pouvait plus, elle était à bout, elle pleurait, hurlait sur Fernando, elle était incapable de se contenir, de tenir compte du contexte, c’était plus que ce qu’elle pouvait endurer.  Pour Fernando, s’en était trop aussi, il ne tarda pas à éclater en sanglot déchirant le cœur de Kai bien que la rouquine ne bougeait pas, bien trop en colère et effondrée elle aussi pour cela. « S'il... S'il te plaît... Prends-moi dans tes bras. » Il s’avança vers la rouquine alors que celle-ci reculait, non, elle ne pouvait pas là, pas après tout ça. C’était trop simple de renoncer à tout et de lui demander de le prendre dans les bras en sachant pertinemment que si elle faisait elle lui pardonnerait tout. Elle ne pouvait pas là, c’était trop dur. « J'ai besoin de toi. ». La demoiselle recula encore, elle aussi elle avait besoin de lui et c’était justement pour cela qu’elle ne pouvait pas faire ça, elle ne pouvait pas aller dans ses bras, sécher ses larmes et accepter de le perdre, elle avait trop besoin de lui.

Fernando craqua littéralement, se laissant tomber sur le sol, se recroquevillant sur lui-même. Les larmes coulaient sur les joues de Fernando comme sur celles de Kai, le monde semblait s’être écoulé sur leurs épaules et rien ni personne ne pouvait les sauver. Au milieu du couloir de l’hôpital, il n’y avait rien comptait, rien qui n’existait si ce n’est leurs restes.

Fernando releva néanmoins la tête vers elle, comme dans une dernière tentative pour lui expliquer. « Cette opération, il n'y a qu'un patient sur vingt qui en ressort sans séquelle et les chances de survie sont très minces. C'est ça que tu veux ? Vivre avec un handicapé jusqu'à la fin de tes jours. Ça te plairait de me garder, hein, de me laisser pourrir en tant que légume le restant de ma vie ? Je t'interdis de dire que j'ai abandonné, la chimio je l'ai faite pour toi et uniquement pour toi. ». En fait, peut-être aurait-il dû se taire, parce que là les joues de Kai étaient une avalanche de larmes face à la méchanceté de son fiancé. Elle ne savait pas ce qui la détruisait le plus : le fait qu’il puisse penser un seul instant qu’elle ne veuille faire de lui un légume ou alors, le fait qu’il ne se rende pas compte qu’en refusant cette opération il rompait sa promesse et que malgré tout il l’abandonnait… surtout qu’il savait que la chimio n’avait pas d’effet, s’il lui avait dit jamais elle ne l’aurait poussé à continuer. « Bien sûr que si tu m’abandonnes !  Tu romps ta promesse Fernando, tu ne fais pas tout pour rester en vie ! Et tu savais, tu le sentais que la chimio n’arrangeait rien, bien au contraire, tu aurais dû me le dire, ça j’aurais pu le comprendre ! ». Elle aurait si pu lui balancer en pleine figure que si elle était enceinte c'était pour lui et uniquement pour, mais elle ne se sentait pas -même aussi blessée qu'elle l'était- de lui faire du mal. Elle n’en pouvait plus, elle se sentait physiquement très faible et mentalement épuisée alors que ce n’était pas elle qui avait la tumeur.

Elle le regarda droit dans les yeux, complètement anéantie. « Je ne te veux pas comme légume, je ne te laisserai jamais devenir un légume ça je peux te le promettre ! Je ne te laisserai pas être prisonnier de ton corps. ». Kai était plus que sincère, si elle était prête à tout pour garder son amoureux en vie, elle ne voulait pas que son corps reste et que sa personne parte, elle ne voulait pas le détruire en tant qu’homme. « Tu pourrais être ce patient sur vingt mais tu ne t’ai pas posé la question… ». Dans ce murmure elle tourna alors le dos au jeune homme, n’en pouvant plus de lui offrir cette vision d’elle.


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MessageSujet: Re: La vie donne, la vie reprend. - kainando   La vie donne, la vie reprend. - kainando EmptyVen 26 Juil - 23:14

Fernando et le peu de bonne conscience qu'il me reste, l'espace d'un instant, a quitté mon corps. Je crie sur Kai alors même que je devrais la rassurer. Je crie, je hurle, je la dispute parce que j'ai besoin d'évacuer toute cette haine qui m'envahit. J'ai besoin d'extérioriser tout ça. J'ai besoin de faire savoir a la terre entière que je lui en veux, que je ne suis pas d'accord de mourir. Je n'accepte pas qu'on me donne une date de péremption. Je n'accepte pas d'avoir a faire mes adieu, de devoir accepter que finalement ma vie n'aura été que cela : une enfance, une adolescence a passer sous les ordres d'un père tyrannique. Des drames. La fuite. La vie qui recommence. D'autres drames. Kai... Trop peu de Kai. Kai et moi, ça n'aura duré qu'un an et demi. Je l'aurais mise enceinte et demander en mariage, mais je n'aurais pu tenir aucun des engagements que j'avais pris avec elle. Putain.

J'en veux a la terre entière. J'en veux a l'univers dans son intégralité. J'en veux même a Kai. Oui. Je lui en veux pour m'avoir fait ressentir tous ces sentiments. Je la tiens responsable, oui. Parce que je suis tombé amoureux d'elle. Parce que, pire, elle a eu l'idée stupide de tomber amoureuse de moi a son tour. Elle a fait de moi l'homme de sa vie, elle m'a monté sur un pied d'estale. A ses côtés, je suis soudainement devenu un homme extraordinaire. Homme que je ne suis pas. Et je veux le lui montrer. Alors je crie. Je crie et je hurle a m'epoumoner.

Mais elle ne se laisse pas démonter. Elle m'en veut presque tout autant. Ou alors elle en veut a l'univers elle aussi. Quoi qu'il en soit, c'est bien l'un sur l'autre que l'on crie. « Bien sûr que si tu m’abandonnes ! Tu romps ta promesse Fernando, tu ne fais pas tout pour rester en vie ! Et tu savais, tu le sentais que la chimio n’arrangeait rien, bien au contraire, tu aurais dû me le dire, ça j’aurais pu le comprendre ! » Là dessus, je ne suis même pas capable de redire quoi que ce soit. C'est trop, c'est beaucoup trop. Je suis a bout, je n'en peux plus. Et c'est la que normalement le sol devrait se dérober sous mes pieds, pour que je tombe plus bas que terre, pour que je sombre dans les abîmes.

[color=orange]« Je ne te veux pas comme légume, je ne te laisserai jamais devenir un légume ça je peux te le promettre ! Je ne te laisserai pas être prisonnier de ton corps.
[color] Dans ses yeux, je peux lire sa sincérité. J'ai parlé sans même réfléchir. Il est évident que Kai ne me garderait pas comme sa vulgaire poupée. Juste parce que je respire encore, juste parce que je suis "en vie". Non, Kai ne m'infligerait jamais ça. « Tu pourrais être ce patient sur vingt mais tu ne t’ai pas posé la question… » Kai s'éloigne quelque peu. Kai me tourne le dos. Non, c'est vrai, je ne me suis pas posé la question. Pour moi, la réponse était évidente. C'est impossible.

Je reste silencieux deux bonnes minutes. Le temps passe lentement, le temps est pesant. Et puis, je trouve la force pour me relever, une dernière fois. Mon dernier effort avant de capituler. Je m'approche de Kai. Cette fois, elle me laisse venir. Je me colle a son dos et je passe ma main sur sa joue que je caresse doucement. D'un murmurre, je lui avoue : « On a pas vraiment de chance toi et moi... » Un larme roule sur ma joue et tombe sur son épaule. Ma vie est un désastre. Ma vie est un drame. Je ne l'aurais jamais imaginé. « Je... Je ne veux pas que tu mises tous tes espoirs sur cette opération. C'est pour ça que... C'est pour ça que je n'ai rien dit. Je refuse que tu t'écrases d'être tombée de trop haut a avoir espérer ma guérison, pour rien... Je suis désolée, mais je préfère que tu sois prête a faire sans moi. » Ces derniers mots m'écorchent la gorge. C'est si dur a admettre. C'est si dur a accepter. Et pourtant, c'est la triste réalité. C'est notre réalité.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: La vie donne, la vie reprend. - kainando   La vie donne, la vie reprend. - kainando EmptySam 31 Aoû - 17:13


«- Ma maman elle est malade et mon papa il dévalise les poubelles. »

Un ange passe, le silence est roi et aucun des deux ne semblaient le vouloir le briser sans doute parce qu’ils étaient déjà brisés par tous les mots qu’ils venaient de se dire. Toutefois, Fernando trouva la force de sa relever, de vers quelque pas vers sa belle sirène qui lui avait tourné le dos. Elle le laissa venir à elle, soulagée de sentir sa présence dans son dos et cette main si douce qui lui caressait le visage. Oh, elle l’aimait tellement et cet amour était un train de les détruire, ils ne pouvaient pas renoncer l’un à l’autre, ils ne pouvaient pas renoncer à la vie. Kai prit tendrement la main libre de Fernando, la caressant alors doucement, sans vouloir rompre le silence pour autant, c’est Fernando qui le fit. « On a pas vraiment de chance toi et moi... ». Il larme du jeune homme tomba alors sur l’épaule de la rouquine qui sentit son cœur se briser, non, ils n’avaient pas de chance, et Kai mourrait de le sentir si triste, si mal. « Je... Je ne veux pas que tu mises tous tes espoirs sur cette opération. C'est pour ça que... C'est pour ça que je n'ai rien dit. Je refuse que tu t'écrases d'être tombée de trop haut a avoir espérer ma guérison, pour rien... Je suis désolée, mais je préfère que tu sois prête a faire sans moi. ». Une larme roula à son tour sur la jour de Kai, elle ne pouvait pas être prête à faire sans lui. Elle se tourna alors lentement pour lui faire face, pour le regarder droit dans les yeux, elle caressa lentement son visage pendant un instant, pendant quelques minutes, sans dire le moindre mot. « J’ai besoin d’espoir Fernando, j’ai besoin d’avoir quelque chose à quoi m’accrocher. ». Sa voix était très calme, douce, elle avait vraiment besoin d’avoir une bouée de sauvetage, quelque chose pour ne pas se noyer trop vite, pour croire un instant qu’elle allait s’en sortir, qu’ils allaient s’en sortir. Jusqu’à présent, son espoir à elle avait été la chimio et il venait de s’effondrer, aujourd’hui il lui restait trois mois d’agonie si Fernando n’acceptait pas cette opération. « Je ne peux pas être prête à faire sans toi, encore moins en sachant qu’il y a peut-être une solution. ». Elle ne voulait pas être méchante, d’ailleurs sa voix le montrait bien, mais, pour elle c’était inconcevable de lui dire au revoir alors qu’au fond d’elle, elle croyait en cette opération. « Que tu meurs dans trois mois ou que tu meurs lors de l’opération, je serais dans le même état Fernando… ». Sa gorge c’était nouée, les larmes coulaient en abondance, elle avait horreur de parler de sa mort, surtout quand elle semblait aussi inévitable. « J’arriverai juste pas à vivre avec le regret de t’avoir laissé partir sans avoir tout tenté… ». Elle peinait à articuler, tout ça était bien trop compliqué… tout ça l’anéantissait, elle avait besoin de lui, pas pour trois mois, mais, pour toute sa vie. « Et je sais que cette décision n’appartient qu’à toi mais, j’ai besoin de toi… ». Elle avait envie de s’écrouler, de s’effondrer, de se laisser mourir sur le sol. Merde, elle avait vraiment besoin de lui.


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MessageSujet: Re: La vie donne, la vie reprend. - kainando   La vie donne, la vie reprend. - kainando EmptyDim 1 Sep - 14:24

Que c’est bon. Que c’est bon d’avoir à nouveau un contact avec elle, avec Kai, ma petite sirène. Je la sens contre moi. Je sens son odeur et sa chaleur. Je la sens plus que jamais. Je la sens comme si c’était la dernière fois. Je tente de m’imprégner de ce moment, de ce court instant de silence. J’essaye de me rappeler à jamais de cet amour que je lui porte, de ce bien être que je ne ressens qu’avec elle. Et enfin, enfin je le brise. Je le brise ce silence plus agréable que pesant pour une fois. Je dis le fond de ma pensée : nous n’avons pas de chance, vraiment pas de chance. Et je ne veux pas qu’elle ait un quelconque faux espoir. Je veux la protéger de la déception, de la désillusion. Je veux la protéger de toute souffrance supplémentaire alors même que la sienne est désormais à son apogée. Je refuse d’y penser. Je refuse d’y penser, mais c’est la réalité : Kai souffre déjà beaucoup et rien ne va s’arranger. Au contraire. Et comme toujours, j’en suis responsable. Je suis le seul responsable. Et je me déteste pour ça.

Une larme coule sur la joue de Kai et se mêle aux miennes. Nous ne sommes décidement pas un couple comme les autres. Nous n’avions rien fait comme les autres. Du début, jusqu’à la fin. Et c’est tragique ce qui nous arrive, tragique. On pourrait en faire un film. On dirait un peu l’histoire de «Love Story», Jennifer Cavilleri qui décède à vingt-cinq ans. Jenny et Oliver avaient été capable de vivre heureux et amoureux jusqu’à la fin. Avec Kai, c’est comme si on en était même plus capable. On se déchire tout en s’aimant. On pleure et on se dessèche. Notre amour se fâne. Nos êtres, notre amour, au fond c’est la même chose.

Et puis, elle me regarde. Et puis, elle trouve la force de me répondre, de me parler. « J’ai besoin d’espoir Fernando, j’ai besoin d’avoir quelque chose à quoi m’accrocher. ». Ça, je peux bien le comprendre. C’est même exactement ce que je dirais dans le cas inverse. Je pense que j’aurais agi comme Kai, je lui aurais demandé les mêmes choses : de se battre pour moi et de ne pas abandonner jusqu’à la dernière seconde. Au final, nous sommes les mêmes. Au final, elle est moi, c’est la même chose. « Je ne peux pas être prête à faire sans toi, encore moins en sachant qu’il y a peut-être une solution. ». Je ne peux rien rétorquer. Je ne peux rien redire à cela. J’aurais fait pareil, exactement pareil. C’est ce que je ne cesse de me répéter. « Que tu meurs dans trois mois ou que tu meurs lors de l’opération, je serais dans le même état Fernando… ». Que puis-je répondre ? Encore une fois, je suis muet. Encore une fois, je ne peux rien dire, pétrifié par toutes ces larmes que je vois couler le long de ses joues. Quelque part, ce spectacle est une bien plus grande torture que le cancer en lui même. « J’arriverai juste pas à vivre avec le regret de t’avoir laissé partir sans avoir tout tenté… ». Je caresse sa joue, parce que je ne sais pas quoi faire d’autre. Je caresse sa joue doucement, lentement. « Et je sais que cette décision n’appartient qu’à toi mais, j’ai besoin de toi… ».

J’ai besoin d’elle. J’ai besoin d’elle aussi. Même dans la mort, j’aurai besoin d’elle. Même dans la mort je ne me vois pas y aller seul. J’ai besoin d’elle plus que tout, plus que jamais. Et ainsi, je trouve la force. Et ainsi, je trouve l’envie et le besoin de le dire : « Je le ferai. Je le ferai, Kai. »
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MessageSujet: Re: La vie donne, la vie reprend. - kainando   La vie donne, la vie reprend. - kainando EmptyLun 2 Sep - 14:27

«- Ma maman elle est malade et mon papa il dévalise les poubelles. »

Elle se sentait tellement égoïste de lui demander de se battre pour elle, de se battre parce qu’elle en avait besoin. La jolie rouquine culpabilisait alors qu’il n’y avait pas de quoi, elle aurait dû savoir que leur amour était si fort qu’elle ne pouvait pas agir autrement, elle ne pouvait pas accepter sa décision. Elle aurait dû savoir que si elle était à sa place, il lui aurait demandé exactement la même chose, parce qu’ils s’aimaient trop pour vivre l’un sans l’autre. Elle n'avait pas la moindre raison de culpabiliser mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. Même en sachant pertinemment que Fernando avait tort de lui retirer cet espoir, le seul espoir qu’il lui restait. Elle préférait savoir qu’il avait tout fait pour vivre plutôt que de le laisser partir avec cette sensation qu’il avait abandonnée. Abandonné la vie, ses filles, sa futur femme. Elle avait besoin d’un avenir et sans lui il n’avait aucun sens, peu importe le moment où il mourrait, dans trois mois ou dans trois semaines sur une table, ça ne changerait pas sa douleur.

Il caressait sa joue inondée de larmes et laissait couler les mots comme des prières, toutes ne revenant qu’à un seul souhait : que Fernando vive. Elle avait besoin de lui, il fallait qu’il le sache. Après cela le silence c’était installé entre eux, bien que les larmes de Kai et sa respiration si irrégulière venait troubler le tout. Au bout d’un moment, Fernando ouvrit la bouche pour laisser place à l’inattendu. « Je le ferai. Je le ferai, Kai. ». Elle le regarda avec surprise, sans comprendre, elle n’était pas sûre d’avoir bien entendu, d’avoir bien compris. « Tu vas le faire ? Tu vas accepter cette opération ? ». Elle n’arrivait pas à y croire tellement elle avait voulu l’entendre dire cela, les larmes coulaient toujours plus sur ses joues mais, cette fois, c’était des larmes de soulagement. Ses lèvres se posèrent sur celles de Fernando avec amour et passion, elle n’en revenait pas qu’il fasse pour elle, pour elles. Elle aurait pu lui dire que non, il n’avait pas à changer ses choix pour elle –ou elles-, il n’avait pas à se forcer mais… elle n’avait pas envie de lui mentir, elle n’avait pas envie d’entendre autre chose que ces quelques mots comme quoi il acceptait l’opération. Oh, oui, son geste, ses paroles avaient été terriblement égoïstes mais, elle l’aimait et quelque part, oui, ça justifiait tout.

Ses mains caressaient le visage de Fernando, un sourire ayant enfin fait son apparition sur celui de la rouquine. « Tu vas t’en sortir tu verras, tout se passera bien, je serai là du début à la fin, je t’abandonnerai pas. Je t’aime Fernando et je te jure que tu vas passer le reste de ta vie avec moi et que tu vas hurler quand tes filles te ramèneront leur premier petit copain. ». Ni une, ni deux, elle se blottit tout contre lui, comme pour être sûre que tout ceci soit bien réel. Elle y croyait vraiment en cette opération –parce que c’était tout ce qui lui restait, cet espoir- et pour la première fois depuis –et surtout depuis la maladie de Fernando- elle osait parler d’un avenir lointain.


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MessageSujet: Re: La vie donne, la vie reprend. - kainando   La vie donne, la vie reprend. - kainando EmptyLun 2 Sep - 19:45

Et finalement, je capitule. Je ne lui refuserai rien à cette femme. Ce n'est pas possible, je ne m'en sens tout bonnement pas capable. Je l'aime au point de commettre l'impossible, de me sacrifier, de lui donner raison en toute circonstance alors même qu'elle aurait tord à mes yeux. C'est Kai, c'est ma petite sirène, c'est la mère de mes enfants, ma futur femme. Et c'est vrai, c'est vrai qu'il y a un espoir, un espoir maigre que j'ai refusé de voir. Je l'ai refusé pour me protéger, pour la protéger, pour tous nous protéger. Mais cette décision ne m'appartenait pas qu'à moi et je me sens désormais prêt à revenir dessus. Alors j'accepte, j'accepte dans un sursaut d'amour et un regain d'espoir. Pour que mes filles aient pu dire que leur papa s'est battu jusqu'au bout pour les voir. Pour qu'elle puisse être fières lorsque Kai leur montrera les photos. J'accepte bien que je peine à y croire. J'accepte parce que je sais que l'espoir de Kai et sa force sera suffisant pour nous deux.

« Tu vas le faire ? Tu vas accepter cette opération ? » dit-elle avec émotion. Je peux voir que quelque chose s'est rallumé dans ses yeux : l'espoir. « Oui, je le ferai. » dis-je doucement. Ses larmes se remettent à couler, mais son expression est toute autre. Elle n'est plus en colère, non, elle est soulagée. Et je suis heureux de pouvoir lui apporter ça. Et là, elle m'embrasse. Elle pose ses lèvres sur les miennes et je le sens à mon tour, ce soulagement. « Tu vas t’en sortir tu verras, tout se passera bien, je serai là du début à la fin, je t’abandonnerai pas. Je t’aime Fernando et je te jure que tu vas passer le reste de ta vie avec moi et que tu vas hurler quand tes filles te ramèneront leur premier petit copain. » dit-elle en saisissant mon visage entre ses frêles mains. Et c'est alors qu'elle se blottit tout contre moi.

Kai serait prête à faire n'importe quoi, à croire n'importe quoi, à tout tenter pour me garder. Son amour n'a pas de limite, son amour est inconditionnel et parfois ça me torture de voir ça. Parce que je l'aime tout autant et que c'est bien pour ça que mes décisions dépassent toute limite de la raison, parce que je l'aime bien trop. J'aimerais parfois qu'elle m'aime moins, j'aimerais parfois la sentir capable de m'oublier pour être rassurer, savoir que je n'ai pas cette énorme responsabilité envers elle de faire son bonheur, de, quelque part, la garder en vie à mes côtés. « Tu sais Kai, je rêverais d'être immortel pour te protéger envers et contre tout. » dis-je en déposant un baiser sur son front.

- FIN -
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