J'ai beau m'être enfui. J'ai beau être partie bien loin du Texas et avoir couru après ma liberté, il faut voir la réalité en face : je ne suis pas libre. Je suis seule face à mes problèmes et bien que Lenny fasse tout pour me changer les idées, ils ne disparaissent pas. Et je dois les assumer. Alors quand je vois cet appel de mon ex amant, je me sens obligée de répondre et d'affronter la réalité. Mais pour dire vrai, je n'en ai même pas le temps. Lenny m'arrache le téléphone sans me demander mon avis et décroche. « Allo ! »

Je doute que ce soit une très bonne idée. Je me mords la lèvre d'inquiétude. Je ne sais pas ce que mon ami a en tête, ni ce que mon « fiancé » lui répondra. En tout cas, je ne sens pas les choses très bien et un coup de stress m'envahit. « Et moi je ne veux pas que tu lui parles. D'ailleurs, tu ferais mieux d'arrêter de l'appeler. Laisse-la tranquille. » dit Lenny de manière relativement agressive. Je sais qu'il n'aimera pas ça. Je sais qu'il risque de péter un câble. Il doit tellement m'en vouloir. Il doit se sentir trahi et trompé. Je me sens de plus en plus mal. « N'essaye même pas de t'approcher d'elle c'est clair ? Je suis son ami, et je ferai tout pour t'empêcher de la revoir. » Quoi qu'il puisse dire, je doute que Lenny réussira à lui faire entendre raison. Je le sais par expérience que c'est un homme passionné et qu'il est prêt à tout pour obtenir ce qu'il veut. Et c'est bien ça qui me fait peur.

« C'était une erreur, vous n'auriez jamais du vous fiancer. Elle a retrouvé a raison rassure-toi, et elle ne veut plus te voir. Alors restes où tu es, et oublie-la ! » Ces quelques mots font mal, très mal. Lenny dit tout haut ce que je m'interdisait d'admettre. Je me suis fiancée à cet homme, je lui ai fait une promesse : celle d'être prête à passer le restant de mes jours avec lui. Et je ne la tiendrai pas. C'était un amour vrai, passionné, mais bien trop profond et rapide pour moi. Je n'étais pas prête, mais ça n'enlève en rien le fait que c'est douloureux.

Mon téléphone portable quitte l'oreille de mon ami. Il l'éteint. Il me regarde. J'ai les larmes aux yeux. « Il…. Il veut venir à Arrowsic. Mais t’en fais pas, il ne sait pas où tu es. Tu peux rester ici autant que tu veux et… et le jour où il viendra, je m’occuperai de lui. Je te promets que je ne le laisserai pas t’approcher. » J'en étais sûre. Je ne pouvais pas espérer être tranquille indéfiniment. Lenny veut m'aider, mais il ne comprend pas que c'est à moi de gérer tout ça. C'est à moi d'assumer mes bêtises. « Lenny. Je veux m'en occuper. » dis-je d'une voix tremblante. Et puis, je l'imagine, ici à Arrowsic face à moi. Je le visualise et je fonds en larme.

Lenny était à la fois satisfait d’avoir pu parler au médecin, et terriblement déçu et en colère de n’avoir pu arriver à ses fins. Il aurait voulu débarrasser Jona de cet homme une bonne fois pour toute, lui faire comprendre qu’il n’avait plus le droit de venir la faire souffrir, même si c’était dur. Et la seule certitude qu’il avait obtenue à l’issue de ce coup de téléphone, c’était qu’il viendrait la retrouver à Arrowsic. Chose que, malgré son agressivité si peu habituelle, Lenny n’était pas parvenu à éviter. Ce fut donc d’un air assez penaud qu’il annonça la « sentence » à sa voisine, affichant une mine des plus désolées tant il s’était retrouvé impuissant face à la détermination du médecin. Néanmoins, Lenny savait que la partie n’était pas terminée, bien au contraire. Il ne comptait absolument pas laisser cet homme approcher de sa petite sœur de cœur et pour la protéger, tous les moyens seraient bons. Mais malgré ses paroles rassurantes, Lenny voyait Jona se décomposer devant lui. Après quelques instants d’un silence pour le moins pesant, elle affirma même vouloir s’occuper de ça toute seule. Mais tout dans le ton de sa voix traduisait l’inverse, et cette peur qui la tiraillait depuis que son téléphone avait sonné. Il ne lui fallut d’ailleurs pas plus de dix secondes avant de se mettre à pleurer, faisant grimacer Lenny qui ne supportait définitivement pas de la voir dans cet état.

Aussitôt, il s’empressa de la prendre dans ses bras pour tenter de la consoler, mais rien ne semblait y faire. Jona paraissait tout bonnement inconsolable et malgré tous ses efforts, Lenny ne voyait aucun moyen de lui redonner le sourire pour ce soir. Il resta donc immobile plusieurs minutes, se contentant de la serrer contre lui en déposant de temps à autres un bref baiser sur ses cheveux. Mais en voyant que rien n’arrangeait la situation, le jeune homme décida de prendre les choses en mains. Il en avait assez de la voir comme ça. Elle devait se reposer, et tenter d’oublier ses tourments au moins pour quelques heures. Alors, sans lui demander son avis il l’attrapa en poids pour la porter à travers le salon en murmurant : « N’y pense plus. Tu es épuisée… il faut que tu dormes un peu. On en reparlera demain matin si tu veux, mais pour l’instant tu dois te reposer. » En arrivant dans sa chambre, Lenny installa Jona sur son lit avant de remonter les draps sur elle et de passer une main dans ses cheveux d’un geste tendre. « Ca va aller Jona, ça va aller… » assura-t-il sans même en être certain, avant de se redresser pour s’éclipser. « Si tu as besoin de quoi que ce soit, je serai sur le canapé du salon, tu n’auras qu’à m’appeler… » Prenant bien soin de tirer les rideaux de la chambre pour éviter que le soleil ne vienne la réveiller trop tôt le lendemain matin, Lenny lança un dernier regard à son amie en déclarant : « Essaye de dormir un peu, je t’assure que ça te fera du bien… »

Je craque, une fois de plus. Je m'effondre, encore une fois. Cette chaude pluie de larmes sur mes joues, je la connais bien, trop bien. Je n'avais plus pleuré depuis mon retour du Texas. La dernière fois, c'était dans ses bras. La dernière fois, j'étais avec lui. La dernière fois, je lui révélais tous mes démons passés, toutes les conneries que j'avais pu faire. La dernière fois, il avait séché mes larmes et m'avait fait souffrir. Aujourd'hui, il est la raison de mes pleurs.

Je n'ai jamais été amoureuse, je n'ai même jamais vraiment été avec quelqu'un d'autre avant. Et avec lui, tout était différent. Pour la première fois, mon coeur palpitait quand il m'embrassait, ma peau frissonnait lorsqu'il me touchait. Après, est-ce vraiment ça l'amour ? J'ai du mal à savoir, à comprendre, à mettre des mots sur ces sentiments qui aujourd'hui me font peur. Je ne crois plus l'aimer, je ne crois plus vouloir être avec lui. Bien que j'éprouve une profonde affection pour lui et que ça me tue de lui faire autant de mal. Comment tout cela a-t-il pu arriver ?

Les questions fourmillent dans ma tête. Mon esprit est dans un bouillonnement permanent et je suis absolument exténuée. Je pleure et je pleure encore. Lenny m'attrape sans prévenir et me porte - comme une princesse - dans une autre pièce. « N’y pense plus. Tu es épuisée… il faut que tu dormes un peu. On en reparlera demain matin si tu veux, mais pour l’instant tu dois te reposer. » dit-il d'une voix douce en me déposant dans son lit. « Ca va aller Jona, ça va aller… » Il caresse mes cheveux et s'assure que je suis bien installée. Je cesse de pleurer doucement. Je suis fatiguée. Je n'en peux plus. J'ai l'impression de ne plus avoir aucun stock d'eau dans le corps. « Si tu as besoin de quoi que ce soit, je serai sur le canapé du salon, tu n’auras qu’à m’appeler… » Je n'ai pas envie qu'il parte. Non, je n'ai pas du tout envie qu'il parte. J'aimerais le retenir, lui dire de rester, mais d'un autre côté je ne veux pas lui imposer mes pleurs, mes problèmes, mon drame encore plus longtemps.

Il se dirige vers la porte de sa chambre et me lance un dernier regard bienveillant. « Essaye de dormir un peu, je t’assure que ça te fera du bien… » Je me relève brusquement, ce qui a pour effet d'attirer son attention. « Attends, Lenny ! » Il s'approche doucement de moi, à nouveau et s'apprête certainement à me demander ce qu'il y a. « Tu peux rester ? Au moins un petit peu, le temps que je m'endorme... J'ai pas envie d'être toute seule. J'ai... besoin de toi. » dis-je doucement d'une voix tremblante. Il fait oui de la tête et s'approche de moi et me rejoint sous la couverture. Je me pousse un peu en arrière pour lui laisser la place.

Je ferme les yeux et je caresse doucement son bras qui se renferme autour de moi. Sa présence me rassure, sa présence me fait du bien. Je suis soulagée, apaisée. J'ouvre les yeux. Il me regarde. Il est là, si près de moi, si... Sans même y penser, sans même pouvoir me contrôler je m'approche doucement, de quelques centimètres et je dépose mes lèvres sur les siennes.

Lenny était aux petits soins avec la jeune femme, et c’était bien normal. Elle traversait une nouvelle période particulièrement difficile et, faute d’avoir été à ses côtés durant les mois qui venaient de s’écouler, Lenny avait à cœur de rattraper le temps perdu. De plus, il était persuadé que ce rôle de grand frère qu’il se donnait était légitime, et que même si elle ne le lui disait pas clairement, Jona avait besoin de lui. Tout comme il avait besoin d’elle d’ailleurs. Durant son absence, elle lui avait beaucoup manqué et ce sentiment décuplait encore la volonté qu’il avait désormais de l’aider à ce sortir de ce nouveau mauvais pas. Lui offrant donc son lit sans hésiter, Lenny installa son amie  le plus confortablement possible, espérant intérieurement qu’elle parvienne à trouver le sommeil rapidement. Car pour l’heure, c’était tout ce qu’il pouvait faire pour elle. Faire en sorte qu’elle dorme au moins pendant quelques heures, histoire de récupérer et surtout d’arrêter de penser à l’appel de son médecin et à tout ce que cela impliquait pour la suite. Lenny lui-même n’était pas certain de pouvoir s’endormir et faire abstraction de ce qui venait d’arriver, mais pour lui c’était une autre histoire. Même s’il prenait la chose très à cœur, il n’était pas directement concerné.

Alors que le jeune homme quittait doucement la chambre, un mouvement derrière lui le fit se retourner. Redressée dans son lit, Jona lui demanda de rester avec elle, au moins pendant quelques  minutes pour l’aider à s’endormir. Evidemment, ce genre de choses ne se refusait pas, encore moins en voyant les yeux encore larmoyants de la jeune femme qui le suppliaient de la rejoindre. Acquiesçant d’un simple signe de tête, Lenny s’empressa donc de s’installer à côté d’elle, et de la serrer dans ses bras comme il avait pu le faire un peu plus tôt sur le canapé. Soucieux de ne pas remuer le couteau dans la plaie, il préféra se taire, et attendre sans rien dire que son amie trouve enfin le sommeil. Lenny pouvait sentir sa main caresser le bras avec lequel il la tenait serrée contre lui et ce simple geste, aussi banal soit-il, lui apporta la preuve que sa présence l’apaisait. Satisfait, il afficha un maigre sourire qu’il étira un peu plus lorsque ses yeux croisèrent ceux de Jona. Il voulait se montrer rassurant, à sa manière. Mais alors, sans qu’il n’ait le temps de comprendre ou de voir venir quoi que ce soit, les lèvres de la jeune femme rencontrèrent les siennes dans un  baiser, certes timide, mais un baiser quand même. Tout d’abord surpris, Lenny n’eut pas le réflexe de recul qu’il aurait dut avoir. Jona était clairement  épuisée et bouleversée par les évènements, et tout cela pouvait expliquer cette petite « faiblesse ». Mais malgré tout, le jeune homme fut étrangement perturbé, et incapable de se détacher d’elle pendant quelques microsecondes qui lui parurent durer une éternité. Finalement, il fronça les sourcils et se recula lentement, cherchant à capter le regard de Jona sans comprendre ce qu’il venait de lui arriver. Qu’était-il censé faire à présent ? Il ne pouvait pas la laisser seule ici, pas après ce qu’elle venait de subir. Mais rester avec elle après ce baiser volé lui semblait affreusement gênant et inconfortable… « Je… euh... » balbutia-t-il sans trouver les mots, et sans même savoir ce qu’il voulait ou devait dire exactement. Au lieu de ça, il observa de nouveau Jona, tentant de déceler dans son regard un indice, un signe qui pourrait lui indiquer la marche à suivre ou le comportement à adopter.

C'était Lenny, c'était mon ami, c'était presque mon frère. Oui, c'est mon grand frère de coeur. Nous avons énormément partagé, mais pas ça. Non, pas ça. Jamais. Ça ne devait pas arrivé, ça n'aurait jamais du arriver. Ces petits instants de flottement durant la soirée, cette solitude que je ressens. C'est comme si ça avait été inévitable. Je m'étais retrouvée dans son lit, face à lui. Il avait ce regard. Mon coeur a manqué un battement. J'ai été attirée comme un aimant, indéniablement. Je ne pouvais pas le prévoir, je ne pouvais pas l'arrêter non plus. C'est arrivé tout simplement.

Ça n'a pas duré, ça n'était l'affaire que de quelques secondes et pourtant, j'ai apprécié. Ça ne m'a même pas paru aussi bizarre que cela. Et pourtant, j'ai la sensation d'avoir fait une connerie, une grosse connerie. Lenny semble complètement déboussolé, voir plus encore que moi. Il ne comprend pas. Et je dois dire que moi non plus. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je ne sais pas sur quel compte mettre ce baiser, comment l'excuser ni même si j'ai réellement envie de l'excuser. « Je… euh... » Il marmonne sans parvenir à formuler le moindre vrai mot. De toute évidence, il ne s'y attendait pas le moins du monde et je dois maintenant m'expliquer. Ce que je suis bien incapable de faire.

Lenny fixe son regard dans le mien et semble me questionner. J'aimerais lui donner des réponses, du moins celles qu'il attend. Et au final, je ne sais même pas ce qu'il attend. Ce que je dois dire, ce que je dois faire. Une atmosphère terriblement gênante s'installe entre nous. Une atmosphère que je rêve de briser. « Je.. » Je cherche à me retourner pour fuir son regard, son jugement. J'ai honte et j'aimerais me cacher. J'ignore ce qu'il peut bien s'imaginer. Mais Lenny ne me laisse pas faire, il attrape mon bras et me retourne comme une crêpe histoire que je ne fuis pas cette discussion. « Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça... » je souffle entre mes dents, les yeux baissés.

Ma petite déclaration ne change strictement rien. Les choses sont toujours aussi bizarres et pesantes. Je me mords la lèvre. Mon esprit bouillonne tout à coup à la recherche d'une réponse aux questions que je me pose. Je ne suis plus du tout fatiguée. « Ça montre bien que tu es un mec irrésistible, en fait. » dis-je en essayant de faire de l'humour pour détendre les choses. Je souris doucement, sans certitude que cela puisse bien marcher.

Le baiser qu’il venait de recevoir, aussi bref soit-il, avait littéralement bouleversé Lenny. En temps normal il ne se formalisait pas pour ce genre de choses, bien au contraire ! Un baiser, ce n’était jamais désagréable ! Et pourtant, le fait qu’il provienne de celle qu’il considérait depuis longtemps comme sa petite sœur de cœur lui donnait un goût particulier. Le jeune homme l’avait apprécié, et c’était justement cela qui le chagrinait le plus. Il se sentait coupable, comme si un tel geste d’affection lui était interdit lorsqu’il se trouvait en présence de Jona. Alors même s’il avait pour habitude de se moquer de tout et d’être détendu quelles que soient les circonstances, Lenny ne savait absolument plus comment réagir. Il aurait voulu détendre l’atmosphère, rassurer Jona qu’il voyait aussi perdue que lui, mais aucune idée lumineuse ne traversa son esprit d’ordinaire plutôt vif. Comme pour fuir la réalité, la jeune femme tenta de se retourner mais il ne l’entendit pas de cette oreille, et ne tarda pas à la rattraper pour l’obliger à lui faire face. Quelque chose lui disait que s’ils s’endormaient là-dessus sans en parler, l’ambiance serait encore plus pesante le lendemain matin. Autant battre le fer tant qu’il était chaud, même si l’épreuve s’annonçait périlleuse et que Jona en avait déjà bien assez subi ce soir. « Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça... » souffla la jeune femme, visiblement honteuse. Puis, pour la plus grande surprise d’un Lenny toujours aussi chamboulé, elle enchaina : « Ça montre bien que tu es un mec irrésistible, en fait. »

Marquant un temps d’arrêt, Lenny fronça une nouvelle fois les sourcils, pas certain de comprendre où elle voulait en venir. C’était un compliment, indéniablement, mais il ne savait pas s’il devait le prendre comme tel. La situation était tellement étrange que même la tentative de Jona pour détendre l’atmosphère lui paraissait fausse. Pourtant, lorsqu’il aperçut son sourire, il ne put s’empêcher de le lui rendre en caressant son visage du bout des doigts. « C’est rien… je comprends… » murmura-t-il en tentant de mettre dans sa voix toute l’ironie qui s’imposait. Tentative qui fut d’ailleurs plus ou moins réussie… Lenny se racla ensuite la gorge en essayant une énième fois de cacher sa stupeur et son malaise, mais capitula finalement en se voyant incapable de réagir comme il le fallait. « Oublie ça… tu as juste besoin d’une bonne nuit de sommeil. » déclara-t-il en refermant son bras sur elle pour l’inciter à s’endormir. Même si son esprit bouillonnait et que les questions fusaient, Lenny préférait prétendre que ce baiser ne l’avait pas atteint et qu’il n’en tenait pas rigueur. Au final, c’était la solution la plus simple qu’il avait trouvée. Et la nuit blanche qui s’annonçait désormais allait de toute façon lui laisser bien assez de temps pour réfléchir à tout ça.

C'est rien. Il comprend. Oui, c'est rien. C'est pas grave. Ça peut arriver. Et puis, je n'ai même pas apprécié, non. Pas pour de vrai. C'est pas possible. C'est l'effet du joint. Ça m'a fait croire que j'ai aimé. Ça m'a fait imaginé que je pourrais l'avoir voulu, mais non. C'est impossible. J'étais juste étourdie. Oui, ça devait être ça. « Oublie ça… tu as juste besoin d’une bonne nuit de sommeil. » me souffle Lenny doucement. Il me serre un peu plus contre lui. Je ferme les yeux, écoutant ses conseils. Je ne veux pas en parler, pas d'avantage. La gêne n'est pas passé et j'espère que cette nuit de sommeil parviendra a la chasser. J'essaye de faire le vide dans mon esprit, de me laisser aller et vite, très vite, mon corps fait tout le travail.

Le lendemain matin.

Il baise mon cou, il s'accroche à mes lèvres, il caresse ma poitrine et mon bas ventre. J'ai envie de lui. Je murmurre son prénom. Lenny. Il me rend folle. Je le supplierai presque de me prendre, là, maintenant. Et puis, dans un élan de fougue, je tombe du lit.

Je sursaute. Je me réveille. Ce n'était qu'un rêve. J'entends quelqu'un s'affairer dans la cuisine. Je me retourne dans tous les sens dans ce grand lit. Je cherche Lenny des mains. Il n'est pas là. J'ouvre doucement les paupières. La lumière m'agresse. J'ai la migraine. Je suis déshydratée. J'ai soif, vraiment très soif. Je dois me lever, je dois aller à la cuisine. Je m'étire doucement et je me lève sans hâte. Je fais quelques pas, j'ai les yeux qui brûlent. J'ouvre la porte de la chambre et j'arrive directement dans la pièce désirée. Je vois Lenny, mon Lenny. Il a des cernes sous les yeux, de profondes cernes qui trahissent la courte nuit qu'il vient de passer. Mais je ne fais pas de commentaire. La mienne a été longue, mais loin d'être tranquille. J'ai fait des rêves, des rêves tous aussi bizarres les uns que les autres. J'embrassais Lenny, je tenais la main à Lenny et même... Je couchais avec Lenny. Enfin non, pas exactement. Je me suis réveillée juste avant.

« Je peux avoir un verre d'eau s'il te plait. » je demande sans pour autant m'approcher trop près de lui. Je n'arrive plus à le voir avec sérénité. Je n'ai plus ce regard naïf et innocent que j'avais autrefois sur lui. Je l'ai embrassé, j'ai aimé ça et j'en ai même rêvé. Je n'arrive plus à me défaire de toutes ces images dans ma tête. Je ne sais plus vraiment ce qui est réellement arrivé hier soir, tout est flou et je préfère ne vraiment plus revenir là dessus. Mais qu'est-ce qui a bien pu m'arriver ? Pourquoi avoir fait ça ? Pourquoi ce revirement de situation. Je ne peux décidemment pas me l'expliquer. « J'espère que tu as eu un sommeil plus reposant que le mien. J'ai fait des cauchemars toute la nuit. » dis-je en préférant mentir et en sachant pertinemment que sa nuit avait certainement été bien moins plaisante que la mienne.

Ce n’était clairement pas dans ses habitudes et pourtant, Lenny s’était levé de bonne heure aujourd’hui. D’ordinaire plus enclin à traîner au lit jusqu’à des heures indécentes, il n’avait ce matin pas supporté bien longtemps de rester immobile sous la couette, à cogiter sur les évènements de la veille. A vrai dire, il n’avait du s’assoupir en tout et pour tout qu’une ou deux heures, passant le reste du temps à ressasser tout ce qu’il s‘était passé depuis que Jona avait franchi le pas de sa porte. Et bien évidemment, le « détail » qui revenait le plus souvent était ce baiser qu’ils avaient échangé avant de s’endormir. En y pensant, Lenny avait d’ailleurs fait le rapprochement avec ces instants de flottement qui étaient intervenus au cours de leur soirée, et il se posait à présent bien trop de questions à propos de Jona. Incapable de rester plus longtemps à ses côtés dans ce lit, il avait donc décidé de quitter la chambre pour se réfugier dans sa cuisine pour y préparer un semblant de petit déjeuner.

Peu habitué à prendre un petit-déjeuner digne de ce nom, Lenny se contenta de sortir ce qu’il trouva dans ses placards. Des céréales, du jus de fruit, un peu de lait… et surtout l’élément le plus important : un bon café. Sans même attendre que ce dernier refroidisse, Lenny plongea d’ailleurs ses lèvres dedans pour en boire de longues gorgées et ainsi espérer effacer les traces de la nuit quasi-blanche qu’il venait de passer. Mais alors qu’il relevait la tête de son bol, il croisa le regard de Jona qui venait de se lever. Cette confrontation qu’il redoutait depuis un moment arrivait, mais tout comme la jeune femme, il décida de faire comme si tout était normal. Il s’exécuta en lui servant un grand verre d’eau alors qu’elle s’installait sur un des tabourets de la cuisine. « Tiens… » déclara-t-il en s’asseyant à son tour, juste en face d’elle. Bien malgré lui, il la sonda du regard quelques instants, avant de reporter son attention vers son bol de café. In l’avait pas été l’instigateur de ce baiser et pourtant, un certaine gène s’emparait de lui lorsqu’il regardait Jona. Comme s’il se sentait coupable de ne pas l’avoir repoussée ou pire, d’avoir apprécié ce moment qui semblait pourtant leur être interdit. « J'espère que tu as eu un sommeil plus reposant que le mien. J'ai fait des cauchemars toute la nuit. » déclara finalement Jona en brisant le silence, pour le plus grand soulagement du jeune homme. « Euh… oui, ça va. » répondit-il après avoir esquissé une petite grimace désolée. Bien sûr il mentait, et sa voix inhabituellement rauque trahissait le peu de sommeil qu’il avait réussi à s’octroyer. « Sers-toi hein… c’est tout ce que j’ai trouvé… » proposa Lenny en affichant une nouvelle grimace, avant de se lever pour se resservir un bol de café bien mérité. « Tu veux un peu de café avec ça ? »

L'atmosphère est horriblement tendue et gênante. Les silences sont presque aussi stressants que les moments où je parle pour combler le vide. Lenny me tend le verre d'eau que j'ai demandé et je m'empresse de le boire pour calmer ma soif. J'ai la gorge asséchée et j'éprouve déjà un profond soulagement à me réhydrater un peu. Je demande à mon ami s'il a passé une meilleure nuit que moi, même si je connais déjà la réponse, elle se lit sur son visage. Je me sens - pour une raison inconnue - obligée de tenter de combler les silences et de chasser toute cette tension désormais bien installée entre nous. « Euh… oui, ça va. » répond-t-il. Il fait un bien mauvais menteur. Le manque d'énergie qui accompagne sa réponse en témoigne.

« Sers-toi hein… c’est tout ce que j’ai trouvé… » dit-il en désignant un paquet de céréales, du lait et du jus de fruit. Je grimace de manière involontaire et je murmure tout doucement. « Je n'ai pas très faim, merci. » Je n'ai même pas du tout faim. Toute cette situation me coupe l'appétit. Je sens une boule de stress dans mon estomac qui me donne presque envie de vomir. « Tu veux un peu de café avec ça ? » me demande-t-il d'une voix éteinte. « Oui, volontiers. » je réponds en tentant de faire ce qui ressemble à un sourire.

Je récupère mon téléphone posé sur la table et je le rallume. Je me souviens subitement que je n'ai pas du tout prévenu Patrick que je couchais dehors cette nuit. J'attends d'interminable secondes que mon portable veuille bien daigner s'allumer et puis je saisis mon code PIN. Le vibreur s'enclenche plusieurs fois d'affilée et je peux voir que j'ai manqué plusieurs appels de mon père et - au final - aucun de mon cher fiancé. Au moment où je m'apprête à rappeler Patrick, mon téléphone sonne à nouveau : c'est lui. « Allo ? » je demande avec la voix toute endormie que j'ai décidément adopté. « JONA ! Où es-tu bon sang ? » dit-il quasiment en hurlant. Je sursaute légèrement d'ailleurs. « Du calme, j'étais chez un ami et il se faisait tard. Mon téléphone n'était plus chargé. » J'invente. Je suis consciente que Patrick n'a pas du tout l'habitude de subir ce genre de petites aventures. Avec ma mère, c'était à la cool et je ne la prévenais jamais. Depuis qu'elle est tombée malade et que c'est lui qui supervise tout à la maison, les choses sont légèrement différente. Pas que ça me dérange, non, mais je n'ai pas encore tellement l'habitude. « JONA, REVIENS ICI TOUT DE SUITE. Je veux que tu m'expliques ce que fais le Docteur Morrison devant notre maison depuis 5 heures du matin à lancer des petits cailloux sur ta vitre. » Je fais les gros yeux. Il est là. Il est arrivé. Je me demande bien comment il a pu faire aussi vite. Il était très certainement déjà en route lorsqu'il m'a appelée hier et Lenny n'est pas parvenu à le faire changer d'avis de toute évidence. « Bon, je vais tout t'expliquer, j'arrive. » Il raccroche, sans plus un mot, visiblement très en colère.

Je soupire bruyamment. Je me hâte à rassembler toutes mes affaires en silence, sous le regard surpris de Lenny. Je jette un coup d'oeil dans sa direction et je sens qu'il m'interroge du regard. J'attrape ma veste que je pose sur mes épaules et je glisse mon téléphone portable dans ma poche. « Je dois rentrer. Mon fiancé est là. » dis-je avec grande ironie.

Jona et Lenny s’était toujours parfaitement bien entendus, c’était la première fois que l’ambiance était aussi tendue entre eux. A vrai dire, le jeune homme sentait que quelque chose s’était brisé. Cette nuit, après ce baiser qu’ils avaient échangé, une distance semblait s’être créée entre eux et au lieu de s’effacer durant la nuit, elle semblait avoir été décuplée. L’un comme l’autre tentait de faire bonne figure alors qu’au fond, un profond malaise les tiraillait. D’ailleurs Jona et Lenny se connaissaient tellement bien qu’ils savaient pertinemment que l’autre faisait semblant, mais qu’importe. Le jeune homme nourrissait tout de même l’espoir  qu’à force de faire comme si tout allait bien, tout finirait effectivement par s’arranger. C’était idiot, complètement puéril et inutile, c’était du Lenny tout craché.

Alors qu’ils prenaient tous deux leur petit déjeuner, ou plutôt leur café qui leur suffisait amplement, Jona récupéra son téléphone portable. Et ce fut avec une certaine appréhension que Lenny l’observa pendant qu’elle l’allumait. Avait-il essayé de rappeler ? Allait-elle être inondée de messages de son médecin ? Visiblement oui, puisque l’appareil vibra à plusieurs reprises. Et presque aussitôt, la jeune femme fut obligée de décrocher. Même s’il n’était pas tout à fait à côté d’elle, Lenny entendit une voix d’homme crier à l’autre bout du fil et fronça immédiatement les sourcils. Mais en écoutant les réponses de Jona, il réalisa qu’il devait s’agir de son père adoptif, et non de celui qu’il redoutait tant. Le jeune homme fut donc rassuré mais ce sentiment ne dura que quelques minutes. En effet, juste après avoir raccroché Jona commença à rassembler ses affaires et à se préparer à partir. Sous le coup de l’incompréhension, Lenny l’interrogea du regard alors qu’elle enfilait déjà sa veste. « Je dois rentrer. Mon fiancé est là. » expliqua-t-elle sans plus de cérémonie, faisant manquer un battement au cœur de Lenny. « Hein ? Quoi, déjà ? » s’écria-t-il sans pouvoir s’en empêcher. Lorsque le médecin avait menacé de venir jusqu’à Arrowsic, Lenny s’était imaginé un délai, une sorte de moment de répit qui durerait quelques jours et durant lequel Jona aurait du temps pour mettre de l’ordre dans ses pensées. Mais il se retrouvait prit de court, ledit médecin ayant décidé de précipiter les choses. Et Jona semblait bien décidée à aller se confronter à lui sur le champ. L’agrippant par le bras comme si sa vie en dépendait, le jeune homme s’arrangea pour lui faire face et déclara : « Jona attends ! C’est lui qui a appelé ? Tu ne vas pas y aller hein ? Pas maintenant ! »

Je ne me sens pas du tout prête à l'affronter. J'ai peur. Je ne sais pas ce que je vais bien pouvoir lui dire, ni comment il va réagir. Bon, la présence de Patrick me rassure un peu. Je sais qu'il y mettra son grain de sel. Il fera tout pour me protéger, même si je ne doute pas qu'il sera extrêmement déçu. Déjà parce que je lui ai caché cette relation et sa sériosité, mais surtout parce que j'ai fricoté avec l'un de mes médecins qui était marié et père qui puis est. Il sait bien qu'il ne peut pas me reprocher d'avoir provoquer un adultère, il l'a lui même commis avec ma mère, lorsque j'étais toute petite. Mais il doit être déçu, très déçu. Je n'en doute pas une seconde.

« Hein ? Quoi, déjà ? » C'est la réaction qu'a Lenny lorsque je lui annonce la raison de mon départ précipité. Il semble tout aussi surprise que moi. Nous ne nous attendions pas qu'il débarque si vite. Et, au fond, personnellement j'espérais qu'il se ravise peut-être après réflexion. Mais après tout, je peux le comprendre. Je suis partie comme une voleuse et je ne lui ai donné aucune explication. La veille, je lui disais que je l'aimais, que j'étais prête à faire ma vie avec lui et le lendemain je partais sans rien dire à l'autre bout du pays. Ce n'est pas juste, ce n'est pas respectueux. Pas après tout ce qu'il a abandonné pour moi. Je lui dois ces explications.

Alors que je me dirige vers la porte sans un mot de plus, Lenny me saisit le bras et me stoppe net. Sans me lâcher, il déclare à toute vitesse : « Jona attends ! C’est lui qui a appelé ? Tu ne vas pas y aller hein ? Pas maintenant ! » Il semble paniqué. Un peu comme si je m'apprêtais à me jeter dans la gueule du loup. Et d'ailleurs, c'est un peu ça si on y réfléchit. Mais il est temps que j'assume mes choix et que j'affronte la réalité. « Non, c'était mon père. J'veux dire Patrick. Et oui, je vais y aller. Je vais pas rester terrer là toute la vie. » dis-je de manière presque agressive. Je suis excédée par la situation. Par cette tension avec Lenny, qui était pratiquement mon dernier allié sur cette planète. Par mon père qui doit probablement à l'heure actuel péter un plomb. Par mon fiancé qui m'attend sagement - ou pas - devant ou à l'intérieur de ma villa. C'est un fiasco total et je me dois d'aller l'affronter. Mais Lenny me tient toujours fermement et ne semble pas décidé à me laisser avancer. « Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? » je demande, ne cachant pas mon désespoir.

S’il avait eu un peu de mal à émerger ce matin, l’annonce du départ imminent de Jona avait eu pour effet de dissiper toute la brume qui encombrait encore l’esprit de Lenny. En un clin d’œil il s’était précipité sur elle pour la retenir, comme un réflexe, presque comme si sa vie en dépendant. Elle lui annonçait ça comme ça, sans prendre de pincettes et surtout sans qu’ils n’aient eu l’occasion de reparler de tout ce qu’il s’était passé la veille. Alors certes, le moment était peut-être mal choisi pour cela mais dans tous les cas, le jeune homme n’avait aucune intention de la laisser partir. As pour qu’elle aille directement se confronter à ce maudit médecin qui avait définitivement décidé de semer la zizanie. N’en ayant pas assez de tourmenter Jona, et indirectement Lenny, il s’en prenait désormais au père adoptif de cette dernière qui à coup sûr n’allait pas spécialement apprécier cette visite surprise. Lenny ne savait d’ailleurs pas jusqu’à quel degré Patrick avait été informé de cette histoire, mais cela ne lui disait tout de même rien qui vaille.

Jona avait beau ne pas vouloir rester « terrée » chez son ami pour le restant de ses jours, ce dernier y voyait pourtant une solution à tous ses problèmes. Mais sans vouloir la retenir prisonnière pendant des années, il estimait néanmoins que quelques heures de plus ne seraient pas du luxe. « Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? » En captant la lueur de désespoir qui brillait dans les yeux de la jeune femme, Lenny put sentir son cœur se serrer. Et dans le même temps, sa colère envers le médecin décupla. « Reste ici, encore un peu… » proposa-t-il simplement, bien que cela ne soit pas vraiment une « proposition » à proprement parler. « C’est encore un peu tôt pour aller le voir non ? Je veux dire… toute cette histoire est bien trop fraîche, je crois qu’il te faut du temps pour y réfléchir, pour te poser. Ce n’est certainement pas maintenant que le problème se règlera. » Pour une fois, Lenny faisait preuve d’une certaine sagesse, qui ne manqua d’ailleurs pas de le surprendre lui-même. Mais il ne se laissa pas démonter pour autant et, tout en continuant sur sa lancée et sans lâcher Jona, il décida d’enfoncer le clou en affirmant : « Je ne te laisserai pas y aller, c’est trop précipité. Il est hors de question que tu y ailles, et encore moins toute seule. » Lenny avait entendu de lui-même le ton et la détermination du médecin qu’il avait eu au téléphone, et c’est précisément ce qui lui laissait craindre le pire pour cette confrontation. A l’autre bout du fil, il lui avait paru totalement fou et hystérique et dans l’état où Jona s’était mise la veille, il doutait sincèrement qu’elle ait besoin de ça, là tout de suite.

Je suis légèrement agacée par la situation. Déjà, mes nerfs sont fragile ce matin à cause de tous les évènements de la nuit dernière et de mon sommeil agité. Je ne fais que resasser ce baiser, cette conversation entre Lenny et mon ex et tous ces instants de flottement qui n'ont fait que rythmer la soirée. Je ne peux plus rester dans cette appartement, même si l'on ne m'attendait pas ailleurs. Oui, je veux partir d'ici. Et vite.

Je lui demande ce qu'il attend de moi, comment il pense que je devrais régler le problème puisqu'il ne veut pas que j'y aille. « Reste ici, encore un peu… » dit-il d'une voix douce. Je lève les yeux au ciel et il poursuit. « C’est encore un peu tôt pour aller le voir non ? Je veux dire… toute cette histoire est bien trop fraîche, je crois qu’il te faut du temps pour y réfléchir, pour te poser. Ce n’est certainement pas maintenant que le problème se règlera. » Réfléchir ? À quoi aurais-je besoin de réfléchir ? Je ne comprends pas réellement où Lenny veut en venir. À vrai dire, j'ai plus l'impression qu'il a peur qu'autre chose. De quoi ? Je l'ignore. Je me considère comme une grande fille et même si je ne me suis pas toujours montrée extrêmement forte, j'en ai plus à revendre qu'on peut bien le penser. Et je compte bien le lui prouver.

« Ecoutes Lenny. Je veux régler ça maintenant, pas plus tard. Je pense pas avoir besoin de réfléchir à quoi que ce soit. Tout est clair dans ma tête. Et je suis assez grande pour régler mes problèmes. » dis-je de manière relativement agressive. Comme pour répondre à mes dires, Lenny déclare sans avoir semblé m'écouter : « Je ne te laisserai pas y aller, c’est trop précipité. Il est hors de question que tu y ailles, et encore moins toute seule. » Ce nouvel aspect ultra possessif de mon ami commence à me taper sur le système. Je m'arrache à lui et j'ouvre la porte. « Viens ou restes ici. J'y vais un point c'est tout. » Et je m'élance dans les escaliers à toute allure pour être certaine qu'il me laisse partir. J'entends la porte claquer et se fermer à clé Des pas me suivent. Il m'accompagne, comme je le soupçonnait.