Je terminais de ranger mes affaires dans mon sac. Une journée durant laquelle j’avais une séance de danse était forcément une bonne journée. Surtout suivi d’une bonne douche rafraichissante pour affronter le soleil après. La danse, ma passion. Au moins, lorsque je dansais, je ne passais pas mes journées au cimetière. Il n’y avait rien à faire dans cette ville pourrie. Qu’est-ce que ma tante était venue tourner ici, sérieusement ? J’aurai bien aimé le savoir ça. Mais personne n’avait pu répondre. Et certainement pas les flics qui m’avaient donné ses affaires. Il fallait vraiment que je trouve des personnes qu’elle connaissait. Que je remonte un peu ses traces.  Mais soit, ça serait pour plus tard. Là, en sortant du studio de dans mon problème était qu’il n’y avait rien à faire ici.  Du moins, rien d’intéressant. Quoique aller me faire dorer la pilule n’était pas tant une mauvaise idée. J’allais y réfléchir. Il fallait d’abord que je rentre poser mon sac.

N’ayant pas encore le permis, j’étais à pieds. J’aurais appelé ma gouvernante mais moins je la voyais, mieux je me portais. Elle était chiante cette nana. Bon ma mère la payait un peu pour ça. Mais, elle allait vite comprendre que personne ne me posait de règles. Certainement pas elle. Et qu’au fond, ma mère n’en avait rien à foutre. Elle était simplement pour que cette folle ait bonne conscience.

Bref, du coup, je passais par le parc. Pour raccourcir le chemin. Je n’avais pas l’intention de m’arrêter. Mais mon regard se posa sur une brunette que je connaissais quelque peu. Evy, le jolie et si timide Evy. Je l’aimais bien cette nana. Bien que c’était une petite fille sage. Elle me donnait envie de l’amener dans des terrains inconnus. Elle semblait si peu sûre d’elle que j’avais envie de lui montrer le monde. Mon monde. Et pourtant elle avait un an de plus que moi. Ahah, comme si mes quinze ans étaient évident.

Bref, je m’approchais d’elle alors qu’elle était en train de dessiner. Elle semblait perdue dans son art. Elle n’avait pas remarqué ma présence. « Qu’est-ce que tu dessines ? ». Elle releva la tête rapidement visiblement surprise et troublée dans sa solitude. En même temps, même si j’avais posé ma main sur son épaule, la situation aurait été la même « Je t’ai fait peur ? ». J’affichais un sourire amusé alors que je m’installais à ses côtés. Sortant un paquet de cigarette de mon sac. Oui, j’étais une danseuse. Mais chez moi, l’un n’empêchait pas l’autre. Je crois qu’il faudrait que je devienne étoile pour que j’arrête. Et encore.  Je l’allumais. Avant de me tourner vers Evy. « T’en veux une ? ». J’étais pratiquement persuadée qu’elle ne fumait pas. Qu’elle n’avait même pas essayé. Mais, je lui proposais. Par principe. Et pour lui laisser le choix. Parce que si ça se trouve, elle n’avait jamais eu cette occasion. Non, je n’étais pas une gentille petite fille. Et j’en avais rien à foutre. Evy était bien assez grande pour me dire non. Si tant est qu’elle en ait envie.

[justify] Bouh. Elle avait mis une feuille sur son dessin rapidement. Fermer son cahier. Oh visiblement, elle n’aimait pas s’exposer… j’aurais dû m’en douter. Tant pis. Boulette. « Je… Je dessine le parc, je pratique les techniques que j’ai apprises à mon cours de dessins. Je m’attendais surtout pas à voir quelqu’un c’Est tout. ». J’avais alors un petit sourire. Elle avait l’air de se sentir agressé. J’étais vraiment mal tombée ? Ou alors elle pensait que je lui voulais du mal ? Franchement, je n’avais rien contre elle, il fallait qu’elle se calme. « Je vois ! Je crois qu’un enfant de cinq ans dessine mieux que moi… donc mon avis est forcément merdique mais pour le peu que j’ai pu en voir, c’était vraiment beau ! ». Les compliments, j’en faisais pas mille. C’était pas franchement ma tasse de thé. Mais je savais admettre un talent quand j’en voyais un. En tout cas, le dessin avait l’air d’être pour elle ce que la danse était pour moi. Son moyen de s’exprimer. De développer son être tout entier.

Je m’allumais une cigarette. Lui en proposant une. Mais vu comme elle se taisait, ce n’était pas vraiment imaginable. « Non merci, je déteste cette odeur! Tu es Leana c’est ça?  Qu’est-ce que je peux faire pour toi?». J’éloignais alors ma cigarette d’elle. Ne voulant pas l’asphyxié. Je fumais. Mais, je ne voulais pas la déranger. « Ouais, c’est ça. Et désolée… pour la clope. ». Je haussais els épaules. Recrachant la fumée dans un sens qui était opposé à celui d’Evy.  Enfin, j’inspirais un coup. Ce qu’elle pouvait faire pour moi ? Rien, je venais juste la voir comme ça. Pourquoi les habitants de cette ville étaient toujours sur la défensive ? Truc de fou, à croire que j’avais la peste. Ou alors c’était mon nom… mais ça jamais je ne m’excuserais. Oui ma tante était une pute. Oui, mon histoire n’était pas glorieuse. Et alors ? J’étais qui j’étais. J’assumais. Donc si c’était ça le problème, je n’avais pas grand-chose à lui dire, en effet. « Bah rien… je t’ai vu, je me suis juste dit que je pourrais passer un moment avec toi. ». Je haussais les épaules n’ayant rien de plus à ajouter. Puisqu’après tout, c’est vrai. Je m’étais arrêté comme ça. Parce que je l’appréciais. Et que passer un moment avec elle m’avait donné envie. Rien de plus. Puis, merde, pourquoi fallait toujours tout expliquer ? Spontanéité, naturel, c’était des mots inconnus ?

Écrasant ma cigarette que je n’avais pas terminée pour ne pas la déranger plus, je la regardais droit dans les yeux. « Tu ne m’aimes pas beaucoup hein ? ». En tout cas, c’était l’impression qu’elle m’avait donné. Pourtant on se connaissait peu. Et je n’avais pas le souvenir d’avoir fait quelque chose de mal. La réputation, c’était sans doute ça le problème. Bon après, qu’importe, je n’avais pas besoin d’amis. Mais, c’est vrai que je l’aimais bien.

Le talent. Le mien était la danse. Celui d’Evy était visiblement le dessin. Je ne lui cachais pas les compliments que j’avais à lui faire. « Merci pour le compliment.  Le dessin est sans doute mon seul talent… Je crois que tu danse toi c’Est ça?».  Je regardais un instant mon sac avec un petit sourire. La danse, rien que ce mot me remplissait de bonheur. « Ouais c’est ça. ». Je lui offrais l’un de mes plus beaux sourires. C’était surprenant cette faculté qu’elle avait à se souvenir de certains détails. Je veux dire, personne n’aurait retenu que je dansais. Surtout ici où tout est centré sur soi, quoiqu’on dise. Je n’aurais pas pensé qu’elle puisse s’en souvenir, j’étais agréablement surprise.

Allumant ma cigarette, j’éloignais alors la fumée d’elle. Parce que ça la gênait. Et je n’étais pas venu ici pour ça. « Pardonne-moi si je suis sur la défensive, je n’ai pas l’habitude d’avoir quelqu’un qui m’aborde comme ça.  Je n’intéresse personne en général!». Je lui offrais un petit sourire. Personne ne s’intéresse à elle ? C’était sans doute ce qu’elle croyait sincèrement. Mais, peut-être qu’au fond, elle ne laissait personne s’intéresser à elle ? J’en savais rien moi. Je haussais toutefois les épaules. En réalité, je n’attendais pas que les gens s’intéressent à moi, j’allais vers eux, simplement. « Je vais naturellement vers les gens, surtout quand ils me semblent cools. ». J’affichais un sourire, c’était le cas d’Evy. Elle m’avait réellement paru cool. Gentille, timide et réservée. Mais, cool malgré tout.

Cependant, Evy n’avait pas l’air de penser cela de moi. Elle restait sur la défensive. Et je ne pouvais m’empêcher de penser que mon nom y était pour quelque chose. Ce qui faisait que j’étais bien moins avenante qu’au début. Je n’aimais pas l’idée qu’on me juge là-dessus. Et qu’on juge tout court. Les médias en avait dit beaucoup, mais si peu de vérité. RHI avait été bien plus efficace pour cela. Bien que le sarcasme dont elle faisait preuve m’avait donné la gerbe. Bref, l’idée qu’elle se fie au ragot me faisait un peu chier. Et j’avais la sensation qu’elle ne m’aimait pas. «On recommence à zéro d’accord?  Moi c’est Evy la timide gaffeuse mais adorable selon mon père!». Elle me tendit la main, j’affichais un sourire amusé. Je prenais sa main, sans aucune rancune. « Enchantée ! Moi c’est Leana, la nana qui va vers les autres sans se poser de questions. ». Je riais doucement. C’est vrai que des questions je ne m’en posais pas beaucoup.  Aller vers les autres, ados ou adultes, ce n’était pas compliqué. J’étais décomplexée. Sans doute trop. Sans doute à cause de mon histoire. « Ton père a sans doute raison à ton sujet, tu sais. ». Je lui offrais un sourire. Les pères avaient toujours raison sur ce qu’ils disaient de leur fille. Parce qu’ils étaient les seuls à nous connaitre. Au plus profond de nous-même. Les pères sont ceux qui connaissaient qui nous sommes depuis le début. Ceux qui n’oublient jamais ce qu’on vaut peu importent nos conneries. Le mien me manquait.

Evy était vraiment adorable. Elle n’avait du tout conscience de qui elle était. Et surtout de qui elle pouvait être. Le simple fait que je sous-entende qu’elle soit cool semblait la surprendre. Alors que pourtant, elle l’était. « Tu me trouve cool?!». J’affichais un immense sourire. Amusée par sa question. « Oui, je te trouve cool. ». J’étais sincère. Et pour le coup, il ne fallait pas en douter. Faire des compliments ce n’était pas mon truc. Il faut dire que j’avais une mère qui m’y avait rendu allergique. Les compliments sont l’espoir des plus laids de ce monde, disait-elle. Joie d’avoir une mère mannequin. Je n’étais pas d’accord avec elle.

Une fois les nouvelles présentations faites, elle me tendit ses dessins. Je les prenais sans hésitation. Faisant bien attention à ne pas les animer ou quoi. « J’espère que tu vas aimer mes dessins, si tu trouves ça moche tu peux toujours me le dire, je dois me faire au critique!». J’affichais un petit sourire amusé. Mais j’appréciais cette marque de confiance, en quelque sorte. Je veux dire, ses dessins, elle y tenait. Et elle n’avait pas l’air de vouloir les montrer à n’importe qui. Je feuilletais doucement. Regardant attentivement chaque dessin. Elle avait du talent. « Tu as beaucoup de talent, ils sont magnifique. Et j’ai un véritable coup de cœur pour celui-ci. ». Celui de la vieille église d’Arrowsic. Elle l’avait parfaitement bien dessinée. Et j’adorais ce lieu. Je le retrouvais, sans y être pour autant. J’allais souvent là-bas pour le cimetière. Pour mon père et ma tante. Mais, j’adorais l’architecture de cette vieille bâtisse. Ce dessin était vraiment mon coup de cœur. Mais, tous les autres pourraient provoquer des coups de cœur à n’importe qui. Parce qu’ils étaient vraiment beaux.

En tout cas, Evy avait l’air proche de son père. Et d’après ce qu’elle disait, il l’aimait sans doute plus que tout. Elle avait de la chance de l’avoir. Et je n’étais même pas certaine qu’elle le sache. « Mon père c’est mon meilleur ami, mais j’aimerais bien en avoir de mon âge pour une fois!». J’affichais un beau sourire. Ça ne me surprenait pas tant que ça. On court tous après des amis. Après des principes aussi. Comme celui de meilleur ami. Je devais avouer que cela m’échappait. Parce qu’on ne m’avait pas donné l’occasion d’y croire. Mais, c’était peut-être mieux ainsi. Et de toute façon, aujourd’hui, je ne cherchais plus. J’avais d’autres choses en tête. « Eh bien il suffit de choisir parmi tes amis lequel tu préfères non ? ». Je souriais. Après tout, c’était ça le principe, non ? Élever un de ses amis au-dessus de tous les autres. Passer plus de temps avec. Tout lui confier. Son meilleur ami, on le choisit. Alors, elle n’avait qu’à le faire, non ? « En tout cas, tu as déjà bien de la chance d’avoir ton père ! ». Moi, j’aurais tellement aimé avoir le mien. J’aurais tellement aimé qu’il reste en vie. Que ce crétin ne lui tire pas dessus. Qu’il sauve ma tante de ce merdier. Moi, j’aurais voulu qu’il soit là.

Comme je lui avais posé une question, elle n’avait pas tellement tardé à me répondre en confirmant le tout. « Oui, je te trouve cool. ». J’étais contente car c’était assez rare comme le dise voir même quasi impossible d’entendre ca ^^. Elle faisait un peu ma journée. Je lui avais souri bien évidemment. « Merci, c’est rare qu’on me dit ca c’est pour ca que je vérifiais.»

Comme je lui avais passé mon cahier de dessins pour qu’elle le feuillette et qu’elle me dise ce qu’elle ne pense, j’en avais profité pour prendre une simple gorgée d’eau car avec ce soleil, il ne fallait pas non plus se déshydrater. Elle finit par me montrer le dessin que j’avais fait de la vieille église. Je l’aimais bien moi aussi. J’adorais faire les différentes teintes de gris et les ombrages dans un dessin. Mais bon le dessin ne serait pas un choix de carrière, ca m’apporterait quoi à part de me divertir. « Tu as beaucoup de talent, ils sont magnifique. Et j’ai un véritable coup de cœur pour celui-ci. ». J’avais regardé ce fameux dessin et je me remémorais chaque détail comme si j’étais devant l’église juste à regarder le dessin.. «Je trouve que c’est un endroit assez reposant. J’aime bien y aller en tout cas.».

Puis, le sujet était passé sur les amis, et les meilleurs amis surtout, elle me donnait comme conseil de choisir parmi mes amis celui qui deviendrait mon meilleur ami, mais elle ne semblait pas savoir que je n’avais pas d’amis! « Eh bien il suffit de choisir parmi tes amis lequel tu préfères non ? ». Je devais aller cette semaine avec mon père à la SPCA me trouver un ami canin et un ami félin, mais ca se résumait à ca… « Je n’ai pas d’amis justement… C’est pour ca que mon père est mon meilleur ami…». En tout cas, elle était ce qui se rapprochait le plus d’Une amie pour le moment, mais on en était qu’au début d’une relation amicale. « En tout cas, tu as déjà bien de la chance d’avoir ton père ! ». Je lui souri un peu, c’Est vrai que j’ai de la chance d’avoir mon père. « J’aurais aimé connaître ma mère par contre …».

Ah Evy. Elle semblait avoir si peu confiance en elle. En ce qu’elle dégageait. C’était un peu amusant. Et troublant aussi. « Merci, c’est rare qu’on me dit ça c’est pour ça que je vérifiais.». Je lui offrais un autre sourire. J’ignorais ce qui la faisait dire ça. J’aurais aimé le savoir. Mais, étrangement j’avais l’impression que ce n’était pas le meilleur des sujets.

Et puis, je regardais ses dessins. Je craquais devant celui de l’église. Il était magnifique. On s’y croyait. Elle avait du talent, c’était certain. «Je trouve que c’est un endroit assez reposant. J’aime bien y aller en tout cas.». On était deux dans ce cas-là. J’adorais y aller. Devant cette église. Et au cimetière. « Moi aussi, c’est un des endroit que je préfère ici. Et tu comptes transformer ton talent en métier ? ». Après tout, avec un talent pareil, elle pouvait réussir. Mais, je n’y connaissais pas grand-chose aux métiers de l’art. Mis à part en danse, je veux dire.

Et puis, comme une cruche, je lui disais qu’un meilleur ami ça se choisissait. Il suffisait de choisir son ami préféré. De faire un classement. « Je n’ai pas d’amis justement… C’est pour ça que mon père est mon meilleur ami…». Oh… elle n’avait pas d’amis ? C’était dont pour ça qu’elle avait du mal avec son image ? Enfin, oui, ça me semblait un peu logique maintenant. Quelle gourde je faisais ! « Comment ça s’fait ? Enfin, je veux pas être indiscrète hein… mais, je trouve ça surprenant. ». Que, moi, j’ai pas d’amis c’était logique. Mais Evy ? En réalité, je l’avais imaginé avec une bande de super copines. Genre les copines d’enfances que même le temps ne peut pas séparer.

Enfin, malgré tout Evy avait de la chance. Elle avait son père. Et un père aimant en plus. Moi, le mien me manquait terriblement. « J’aurais aimé connaître ma mère par contre …». Ah, moi, je la connaissais ma mère. Quoique… connaitre... non. Je côtoyais vaguement ma génitrice. La connaitre ou non n’aurait pas changé grand-chose à ma vie. Je veux dire, elle m’avait envoyé ici, avec une simple gouvernante. Moi, j’en étais ravie. Mais, je savais que e n’était pas le genre de choses que fait une mère. « La mienne en a strictement rien à faire de moi… alors c’est pas tout à fait pareil mais, je comprends. ». Je savais ce que c’était de vouloir une mère. Je ne savais pas ce qu’était devenue la mère d’Evy. Je ne voulais pas lui poser la question. De peur que ma pensée soit la bonne. Que sa mère soit morte.

Cette fille était vraiment très gentille. Je n’en avais pas l’habitude. J’étais surtout du genre timide et pas mal calme aussi. Je m’étais toujours concentré sur mes dessins et sur mes études que le reste je n’avais pas les aptitudes amicales sans doute…

Elle et moi, on se ressemblait un peu en fin de compte, du moins, on avait un premier point en commun, nous adorions l’église et c’était un lieu bien calme pour nous détendre. « Moi aussi, c’est un des endroit que je préfère ici. Et tu comptes transformer ton talent en métier ? » Je finis par reprendre mon cahier et j’avais retiré la page pour la lui tendre. Si elle trouvait mon dessin magnifique, elle aimerait peut-être l’avoir pour elle. «Tiens voilà pour toi! Pour ce qui est d’en faire un métier je ne sais pas trop. Ca ne doit pas être très payant, mais peut-être travailler dans une galerie ou même un musée, ca pourrait être cool, mais je ne sais pas encore quoi faire comme carrière..». JE n’avais jamais vraiment réfléchi à un métier dans lequel je me verrais pour les années à venir. J’avais du mal à me l’imaginer en général, et ce même pour les choses simples comme qu’est-ce que je mange au diner…

Jsentis comme un malaise entre nous lorsqu’elle réalisa un peu la bourde qu’elle venait de faire en me disant de choisi parmi mes amis. J’en avais pas alors ca réglait pas mal le problème.. « Comment ça s’fait ? Enfin, je veux pas être indiscrète hein… mais, je trouve ça surprenant. ». Que, moi, j’ai pas d’amis c’était logique. Mais Evy ? En réalité, je l’avais imaginé avec une bande de super copines. « Bien des gens me trouvent étrange ou peut-être trop timide. JE suis sur la défensive aussi car je n’aime pas qu’on se moque de moi comme c’Est souvent le cas en cours de gym.»

Elle me surprit un peu en me disant que sa mère en avait rien à faire d’elle. « La mienne en a strictement rien à faire de moi… alors c’est pas tout à fait pareil mais, je comprends. ». C’était triste. « Elle est décédée alors que j’étais bébé. Mon père s’occupe de moi depuis que je suis sortie de l’hôpital..» Je ne voulais pas qu’elle me pose la question, mais si ca venait de moi, je trouvais ca moins pénible. Puis j’hésitai quelques secondes à lui poser une question, mais je me lançai tout de même. « Ca te dirait qu’on soit amie? Qu’on fasse des activités? JE comprendrais si ca ne t’intéresse pas!»

Evy déchira la feuille de papier sur laquelle elle avait dessinée l’église. «Tiens voilà pour toi! Pour ce qui est d’en faire un métier je ne sais pas trop. Ça ne doit pas être très payant, mais peut-être travailler dans une galerie ou même un musée, ça pourrait être cool, mais je ne sais pas encore quoi faire comme carrière..». Je prenais la feuille. Je n’étais pas habituée à ce genre de geste. Mais ça me touchait et ça me faisait plaisir, pour une fois. « Merci beaucoup… ». Je lui offrais un beau sourire, conservant précieusement la feuille. « Tant que tu fais un truc qui te plaît de toute façon. ». C’était l’essentiel. Mon objectif à moi, c’était la danse. Alors le lycée… ça n’avait d’importance à mes yeux.

J’avais fait une bourde en lui disant de choisir parmi sa bande d’amis. Parce qu’elle n’en avait pas. Ça avait beau me sembler étrange, c’était le cas. A croire que les gens avaient de la merde devant les yeux. Bordel, même moi j’avais vu qu’il s’agissait d’une fille super. « Bien des gens me trouvent étrange ou peut-être trop timide. JE suis sur la défensive aussi car je n’aime pas qu’on se moque de moi comme c’Est souvent le cas en cours de gym.». Je soufflais un instant. C’est bien ce que je me disais à l’instant, les gens sont cons. « Eh bien, tu devrais donner une bonne leçon à ceux qui se moquent de toi. Leur montrer que ce n’est pas parce que tu es timide que tu dois te laisser faire. ». Enfin, me connaissant, ça aurait déjà chauffé depuis longtemps.

On parlait de nos mères, la sienne était morte. La mienne était vivante mais absente. Joyeux tableau. « Elle est décédée alors que j’étais bébé. Mon père s’occupe de moi depuis que je suis sortie de l’hôpital..». Forcément, ce n’était pas facile à vivre. Perdre un proche, je savais ce que c’était. Mais, je n’avais le courage de parler de mon père. Je laissais le silence, plutôt que d’en rajouter. Et puis Evy enchaîna avec un autre sujet. « Ça te dirait qu’on soit amie? Qu’on fasse des activités? JE comprendrais si ça ne t’intéresse pas!». Je riais sans moquerie, cette fille était vraiment magique ! « Evy pas besoin de demander ! On est déjà amies à mes yeux ! ». J’attrapais alors un stylo que j’avais dans mon sac et prenais son bras. J’y notais une série de chiffre. « Mon numéro de portable, dès que t’as envie de sortir, tu m’appelles ! ». Je lui lançais un grand sourire, j’étais sérieuse.