Je me demandais ce qu’il pouvait bien savoir sur moi. Je relisais encore une fois ce portrait chinois. Je souriais comme une idiote sur le chemin. J’avais décidé d’y aller à pied, sait-on jamais que je bois un peu. Bon, il y avait peu de chances mais soit. J’avais si peu d’informations sur celui que j’allais rencontrer. Cette vente aux enchères humaine avait tout l’air d’une idée folle. Mais, je m’étais laissé tenter. Et maintenant je me rendais à l’auberge restaurant du coin. J’étais vêtue d’une élégante robe bleue nuit. Élégante mais pas provocante. Je ne voulais pas que Mattia s’inquiète. Parce qu’il ne se passerait jamais rien ce soir. Je n’y allais pas pour m’attirer des ennuis. Ou draguer cet homme dont je ne savais rien. Juste pour passer un bon moment. Et pour la bonne cause, en théorie. Bref, j’allais juste passer la soirée avec un inconnu. Au moins son portait chinois était intéressant. Moi, on ne m’en avait pas demandé. Alors, quelles informations pouvait-il avoir ?

Je pénétrais dans le At Muffy’s. Je me sentais soudainement intimidée. Je ne savais pas vers qui me tourner. Mon assurance semblait avoir disparue. Il y avait tant de monde. Et si peu de choses indiquer. Comment savoir à qui m’adresser ? En plus, il est vingt heures et j’ai faim. Mais, je ne sais même pas si on est censé s’offrir un restaurant ou boire un verre. Ils pourraient quand même en dire plus… Je balayais la salle des yeux. Jusqu’à ce que mon regard s’arrête. Il se posa alors sur un homme. Enfin… sur les mains d’un jeune homme. Il avait une enveloppe entre ses mains. Tout comme moi. Combien de personnes traînaient ici avec une enveloppe dans les mains ? Il n’y avait certainement que nous deux.

J’inspirais un coup avant de me diriger vers lui. Je n’étais pas totalement sûre de mon coup. Mais, à défaut d’informations, il fallait bien se débrouiller. Je m’asseyais donc à côté de lui. Au bar. « Excusez-moi, est-ce que je peux vous demander quel est votre film préféré ? ». Je lui offrais un sourire timide. Soit, il comprenait tout de suite où je voulais en venir, parce que c’était lui. Et qu’il savait ce qu’il avait mis dans son portrait chinois. Soit, il me prenait pour une folle et je n’avais plus qu’à aller me cacher loin. En tout cas, maintenant que j’étais face à lui, je regardais autre chose que ses mains. Et si c’était lui, je n’étais pas tombé sur le plus laid d’Arrowsic. Il était certes plus âgé que moi mais, nul doute que les femmes lui courraient après. Déjà, il avait les yeux les bleus, ce qui faisait déjà pas mal. Mais, même sans cela, ce brun était séduisant. D’ailleurs comment je devais l’appeler ? Numéro un ? Rrr, je lui aurais bien demandé son prénom tout de suite. Mais, je n’étais même pas certaine que ce soit lui.

Son sourire était charmeur. Et surtout signe que je ne me trompais surement pas. A moins qu’il ne se moque de moi. Mais, il n’en avait pas l’air. Il me tendit la main que je n’hésitais pas à serrer. Il m’offrit un sourire plus franc. Et moi aussi, j’étais bien plus soulagée. « Je pense que vous êtes au courant de ça. ». Il avait un accent latin que je n’aurais pas imaginé. Mais agréable à entendre. « En effet, je le sais. ». J’affichais un autre sourire tout aussi sincère. V for Vendetta. Moi aussi j’adorais ce film, c’était l’une des raisons qui faisait que je l’avais choisi. Même si bon, il y avait peu d’informations. « Je m'appelle Manuel. ». Il avait dit ça après un petit instant de silence. Sûrement parce que ni lui ni moi n’avions préparé la situation. Je veux dire, je n’avais pas prévu in discours. Ou une série de questions à poser. Mais, c’est vrai que se présenter, ce n’était pas une mauvaise idée. J’aurais même dû y penser avant. Mais bon, c’était troublant. « Et moi, c’est Ella. ». Au moins, la base était posée.

Et puisque nous étions au bar, Manuel me posa une question de rigueur. « Puis je vous offrir quelque chose ? ». Il me montra la carte fièrement affichée. Proposant grand nombre de cocktails et autres boissons. Je ne connaissais même pas les trois quarts des cocktails. Ils avaient des noms farfelus. Et je n’y avais jamais gouté. Ça me ramenait un peu à mon image de petite fille sage. « Eh bien, si vous buvez avec moi, un mojito me plairait bien, s’il vous plait…». Je lui offrais un sourire le remerciant d’avance. J’offrirais la deuxième tournée. Il est vrai que je buvais peu. Mais, j’avais un petit faible pour les cocktails. Ce soir, j’avais envie d’en boire un. « Au fait, on peut se tutoyer non ? ». C’est vrai qu’on serait plus à l’aise. Surtout si on devait passer la soirée ensemble. « C’est un peu étrange comme situation, non ? Avec le peu d’informations, j’avais peur de ne pas vous trouvez, heureusement que vous avez gardé l’enveloppé. ». La belle enveloppe dorée avec un numéro inscrit. Le numéro un. C’était drôle, ça donnait l’impression d’avoir fait le meilleur choix. Enfin, je me demandais si lui aussi c’était senti mal à l’aise pendant deux minutes. A se demander quoi faire. Qui chercher. Il en savait encore moins sur moi que j’en savais sur lui.

Elle confirma connaître le fameux film. Ca le fît sourire. Il ne s'était donc pas fourvoyé. Autrement, ça aurait été gênant. Pire que gênant. Il avait bien fait d'apporter la missive si particulière que le jeu lui avait fait parvenir. Il avait failli l'oublier d'ailleurs. C'aurait été une erreur. Combien de temps auraient-ils passés à se chercher si tel avait été le cas ?

Il se présenta simplement, lui donnant juste comme un information son prénom. Ainsi, si elle doutait encore de ses origines espagnoles face à son accent, son prénom confirmerait certainement les choses dans l'esprit de la jeune femme face à lui. « Et moi, c’est Ella. ». C'était adorable, il trouvait ça vraiment très joli. Ca lui faisait penser à Ella Fitzgerald. Il adorait cette chanteuse. En réalité, il adorait le jazz. Peut-être était-ce une référence à l'artiste. C'était un sujet à garder en tête pour plus tard si jamais le silence se faisait trop pesant.

Il commença d'abord par lui proposer un verre, souvent ça aidait à détendre une personne et la conversation en devenait plus fluide, plus aisée. « Eh bien, si vous buvez avec moi, un mojito me plairait bien, s’il vous plait… » Manuel sourît sincèrement. C'était une bonne idée. Il acquiesça et en commandant deux. « Je suis habitué à boire des mojitos en soirée, mais il est vrai que ça reste une boisson dont on ne peut se passer. » Il rît doucement et s'installa bien sur son tabouret, s'accoudant au comptoir. Il était un peu mal à l'aise dans les costume. Il en mettait rarement. Et il était content d'avoir opté pour la tenue qu'il portait ce soir. Il se sentait à l'aise. Pas coincé. Ca l'aiderait sûrement à se montrer sous son meilleur jour. « Au fait, on peut se tutoyer non ? » proposa-t-elle et il se tourna vers elle. « Tu as bien raison, Ella. » Il ne pu se retenir de prononcer le prénom à l'espagnol, avec un "y" au lieu d'un "l". Il s'en mordît un instant la lèvre et répéta le prénom comme elle le lui avait présenté. ll espérait ne pas l'avoir gênée.

« C’est un peu étrange comme situation, non ? Avec le peu d’informations, j’avais peur de ne pas vous trouvez, heureusement que vous avez gardé l’enveloppe. » Il rît doucement, elle avait déjà oublié ce qu'elle avait proposé. « Tu.. n'es pas la seule dans ce cas là. » commença-t-il accentuant volontairement la prononciation du premier mot. « J'ai moi aussi eu un moment de doute sur la façon dont nous nous retrouverions. Mais par chance, j'ai été quelque peu avisé en prenant l'enveloppe. » Il secoua cette dernière avant de la poser devant lui, en détaillant la forme, la couleur du regard. « J'étais aussi un peu nerveux à l'idée de te rencontrer. J'ignorais sur qui j'allais tomber après tout. » Et il se tourna à nouveau vers elle avec un sourire en coin. « Par chance, tu ne m'as pas l'air d'une personne avec des mauvaises intentions. » C'était vrai qu'elle avait l'air gentille, un peu timide, très propre sur elle mais gentille. Douce. Il n'en avait aucune certitude mais l'apparence de la jeune femme était déjà rassurante. Un instant aussi, il demanda si sa manière à lui de parler pouvait la mettre mal à l'aise. Il avait conscience de ne parler qu'un anglais très littéraire. On lui avait une fois dit, lors d'un voyage à Londres qu'il s'exprimait comme la Reine d'Angleterre.

L’idée de boire un mojito avait l’air de convenir à Manuel puisqu’il en commanda deux. « Je suis habitué à boire des mojitos en soirée, mais il est vrai que ça reste une boisson dont on ne peut se passer. ». Il se mit à rire légèrement avant de s’installer sur son siège. Moi, je lui proposais qu’on se tutoie. Ça serait quand même plus simple pour le reste de la soirée. « Tu as bien raison, Ella. ». Je me mis à sourire grandement en entendant mon prénom à l’espagnol. Il se corrigea mais moi, ça ne me gênait pas du tout. Je le trouvais très beau aussi prononcé ainsi. Alors, je lui glissais simplement qu’il n’y avait pas de mal. Je n’allais pas le reprendre s’il le prononçait une nouvelle fois avec un « y ».

En tout cas, je ne cachais que cette situation était étrange. Et j’en oubliais de le tutoyer, ce qui le fit rire. « Tu.. n'es pas la seule dans ce cas-là. ». Je riais à mon tour. « J'ai moi aussi eu un moment de doute sur la façon dont nous nous retrouverions. Mais par chance, j'ai été quelque peu avisé en prenant l'enveloppe. ». Là-dessus j’étais bien d’accord. Il avait carrément assuré en gardant cette enveloppe. Parce que bon, l’organisation Parker, ce n’était pas top. Et compter sur RHI pour nous guider ? Pitié, j’avais éteins mon portable pour ne pas entendre parler d’elle. « J'étais aussi un peu nerveux à l'idée de te rencontrer. J'ignorais sur qui j'allais tomber après tout. ». J’affichais un large sourire. Là-dessus nous étions deux aussi. « Je dois admettre que je l’étais aussi. Leur portrait chinois restent quand même très flou et toi, tu n’en avais même pas, je me trompe ? ». Cela devait être encore plus troublant pour lui du coup. N’empêche, leur histoire était risquée. Et si quelqu’un tombait avec un psychopathe ? Après tout, on avait déjà eu une fusillade à Arrowsic alors bon. « Par chance, tu ne m'as pas l'air d'une personne avec des mauvaises intentions. ». Ah non, là-dessus il pouvait être tranquille. Je n’étais pas une folle en puissance où je ne sais quoi. « Et tu n’as pas l’air d’en avoir non plus ! ». Je riais légèrement. C’est vrai que j’étais bien tombé quand même.

Le serveur posa nos boissons sur la table et après avoir trinqué, je buvais une gorgée. « Au fait, tu es quelle origine ? ». C’est vrai que j’avais pensé à une origine espagnole. Mais, l’Amérique Latine était connu pour parler espagnol aussi, donc bon.