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 i was blind before irony catch us. + louis & lexie.

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Louis Moreau-Leroy
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MessageSujet: i was blind before irony catch us. + louis & lexie.   i was blind before irony catch us. + louis & lexie. EmptyLun 22 Avr - 13:32

Citation :
Faut qu't'apprennes à perdre le contrôle, mec ! J't'ai préparé un surprise. Vas dans le village à côté d'Arrowsic au 571 dicker's road et prépares toi à vivre une expérience unique. Si ta tante te passe pas la caisse, prends le bus 51 arrêt Dicker. Max.
Je soupire un coup avant de sentir mon téléphone vibrer une seconde fois.
Citation :
Au fait, c'est ce soir à 19h que tu dois y être.
Je sens le coup foireux, encore une fois. Avec Max, on ne sait jamais à quoi s'attendre et vu la tournure qu'a pris son dernier « plan », j'ai de quoi m'inquiéter. Mais une fois encore, poussé par je ne sais quoi (peut-être de la curiosité), je décide d'y aller. Je décide de me lancer. Je sais que c'est probablement quelque chose qui ne me plaira pas. Un endroit où je ne me sentirai pas à ma place, mais peu importe. Je tente.

Evidemment, j'ai reçu le message « à la dernière minute », je n'ai donc pas 50 ans pour me préparer. Je ne sais pas où je vais, mais je tiens à rester classe un minimum. J'enfile un jeans noir, une chemise blanche et j'attrape simplement mon téléphone qui ne cesse de vibrer à cause du groupe Whatsapp de RHI. J'y jette un petit coup d'oeil et je balance une connerie, comme à mon habitude. Je décide d'aller au lieu inconnu en bus. J'aime pas du tout le bus, mais ma tante ne me laisse plus la voiture depuis 2 mois. Depuis pratiquement mon arrivée en fait. Je la comprends. Je ne me laisserai pas non plus une voiture. Je suis incontrôlable après tout.

Bus 51, arrêt Dicker, me voilà ! Je vois défiler le paysage et doucement, nous quittons Arrowsic. Je n'ai pas un très long trajet à faire. Ce n'est qu'une question d'une vingtaine de minute. Tout est plus ou moins proche ici. Plutôt étonnant pour un pays aussi vaste que les Etats Unis ! Mais le Maine n'a rien à voir avec New York, la seule autre ville américaine que je connais. Alors que l'on approche de ma destination, je crois comprendre de quoi il s'agit, je crois connaître le lieu où je me rends. J'en ai entendu parlé, l'ouverture de ce restaurant au concept si particulier avait fait beaucoup de bruit dans la région, ces dernières semaines. « Blind » c'est le nom que l'on peut lire sur la devanture de l'établissement. J'aurais du m'en douter. Je m'en veux de ne pas avoir été plus malin sur ce coup là. En plus, c'est vraiment le genre de coup typique de Max. Franchement, m'envoyer dans un restaurant d'aveugle.

« Bonsoir Monsieur. Vous êtes Monsieur Moreau ? » J'acquiesse. Apparemment, je suis attendu. Max n'a rien laissé au hasard, il ne m'a pas envoyé là-bas dans le vent. « Vous connaissez le concept de notre restaurant ? »[b] « Je crois, oui. » Evidemment, la demoiselle éprouve le besoin d'étaler sa science et de me rappeler ce que je viens faire ici. [b]« Comme vous le savez donc, nous allons prendre un ascenseur qui vous conduira dans la salle de restauration. En arrivant en bas, tout sera noir, vous ne verrez rien. Vous serez assis à une table avec d'autres personnes dans le même cas que vous et vous partagerez un dîner unique en son genre. » Génial. Manger dans le noir. Ne même pas pouvoir voir si ma voisine de table est bonne ou pas. C'est bien ma veine. Je comprends tout à coup pourquoi Max parlait de « perdre le contrôle » dans son message. C'est vrai que ça ne me plait pas du tout.

Je tiens la main de l'hôtesse du restaurant. Je ne vois rien. Je ne vois que du noir. C'est amusant comme le noir se substitue au rien, n'est-ce pas ? Pourtant, le rien est l'absence de tout. Le noir, c'est quelque chose, c'est une anti-couleur. Pourquoi l'associer à rien ?
Je suis aveugle pour ce soir, tout comme mon hôtesse. Je m'accroche à son bras. Je me sens dépendant d'elle. Et je déteste ça. Je ne suis plus libre de mes actes et en cet instant, je me sens encore plus prisonnier que lorsque j'étais en prison. « Vous pouvez vous assoir Monsieur Moreau. » Je sens une chaise derrière mes cuisses. Je m'assieds sans grande assurance. Je reste silencieux. Je ne parviens même pas à dire merci, je suis bien trop perturbé par la situation.

Il parait que les autres sens des aveugles sont démultipliés. C'est vrai. Mes narines sont envahies de nombreuses odeurs en tout genre. Je suis également plus sensible aux sons. J'entends des bruits de pas, des chaises qui se tirent, des gens qui s'assoient, des chuchotements. Personne n'ose réellement parler. J'entends un bruit de pas qui se rapproche, qui marche dans ma direction. Enfin plutôt deux ; une hôtesse et une invité. Je comprends rapidement qu'il s'agit d'une femme. Je ne reconnais que trop bien le bruit que font les talons hauts. Je sais que l'hôtesse porte des ballerines, donc ça ne peut pas être elle. Et puis, la démarche semble mal assurée, certainement à cause du manque de visibilité. Oui, ça ne peut être qu'une invité. La chaise à côté de moi se tire et une odeur infiltre mes narines. Une odeur qui me retourne l'estomac. Enfin, je dis l'estomac, mais en réalité il s'agit d'un autre organe qui se trouve un peu plus au Nord. Cette odeur, je la connais. Cette odeur, je l'ai senti de multiple fois. Cette odeur, je me la suis appropriée. Cette odeur, j'en ai fait mienne. Mais c'est impossible. Ça ne peut pas être Lexie. Elle avait quitté New York. Elle était allée je ne sais où pour partir à la recherche de son ex. Et ça ne pouvait pas être le Maine. Non, impossible. Ma respiration se fait plus saccadé, sans même que je ne m'en rende compte. L'idée même que je puisse un jour la revoir me met dans tout mes états. Mais très vite, je parviens à me calmer, après tout, n'importe quelle autre femme peut avoir ce parfum. Dans tous les cas, cette présence à mes côtés me perturbent bien trop.

« Vous êtes tous installés. Nous allons commencer à vous servir le dîner, présentez vous les uns aux autres en attendant. » C'est l'hôtesse à nouveau. C'est bien ma chance, c'est parti pour une soirée sociale comme je les aime. Ironie. Au moins, je ne vais pas tarder à savoir qui se cache à côté de moi.
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MessageSujet: Re: i was blind before irony catch us. + louis & lexie.   i was blind before irony catch us. + louis & lexie. EmptyMer 24 Avr - 12:50



Ce n'était donc qu'un au revoir ?



Alors qu’elle finissait de se préparer, sentant sa bague de fiançailles caresser douloureusement sa peau, pendant légèrement au bout de sa chaîne en or, Lexie se demandait sincèrement où tout cela allait finalement la conduire. Cette vie qu’elle menait n’avait pas le moindre sens. Et pourtant… Elle avait le sentiment qu’hier encore, tout allait pour le mieux. Elle était heureuse, une jeune femme accomplie, ou presque… Et puis soudain, tout avait basculé, sans prévenir, sans crier gare. Elle avait tout perdu quand Aaron l’avait abandonnée. Dire qu’il lui avait brisé le cœur était très en de ça de ce qu’elle avait pu ressentir ce jour là. Jamais elle ne pourrait oublier ce sentiment de trahison. Jamais.

Pourtant, étrangement, elle ne se sentait plus aussi perdue aujourd’hui qu’hier. Le temps finit par faire cicatriser toutes les blessures… Discours typique d’abrutis bien heureux, songeait Lexie… Mais son avis commençait à changer, alors qu’elle sentait son cœur s’apaisait jour après jour. Quand elle était arrivée dans le Maine, elle était rongée par la colère, mais le temps passant, elle avait commencé à cicatriser, sans même s’en rendre compte. Finalement, l’amertume qui faisait ardemment brûler le sang qui coulait dans ses veines s’était doucement tarie et elle parvenait même à haïr un peu moins cette femme qui lui avait tout volé. Oh, le jour où elles deviendraient les meilleures amies de l’univers était loin. Très loin encore… Mais elle était prête à commencer sa nouvelle vie. Une vie sans Aaron. Et le simple fait d’avoir compris cela lui rendait l’existence bien plus facile. Respirer était devenu moins douloureux.

Aujourd’hui, elle partait en ville. La jeune femme portait une tenue assez classique, adaptée aux circonstances : tailleur noir : jupe et veste assorties et un chemisier blanc. Elle avait remonté ses cheveux châtains en un chignon. Elle était peu maquillée, un peu de mascara, et le tour était joué. Le tout lui donnait vraiment l’air d’une femme d’affaire. Lexie pouvait être exubérante, elle savait rire aux éclats, s’amuser, faire la folle, mais elle savait aussi faire la différence entre les instants de plaisir et ceux où on doit apprendre à se tenir. Et si elle quittait la ville pour la journée, ce n’était certainement pas pour s’amuser.

Elle arriva en ville sur les coups de dix heures. Elle rejoignit le journal où elle devait passait la journée. Au programme : réunion sur les articles parus, ceux à venir, le travail de l’équipe… Bref, boulot de routine mais présence obligatoire. Lexie avait tendance à envoyer ses articles, et non pas se rendre quotidiennement au journal, là en revanche, comme c’était le cas un jour par semaine, elle devait absolument être présente. Lors de la réunion, qui d’ordinaire est plutôt banale et sans grand intérêt, elle eut droit à une ‘surprise’. Du genre ‘petite promotion’. Ca, elle ne s’y attendait vraiment pas ! La jeune femme était chargée de faire un article sur un restaurant qui avait ouvert depuis peu dans le coin… Et elle avait sa place de réservée pour dix neuves heures. Bon, ce n’était pas à son nom, mais au nom du journal et le journal l’envoyait, elle, couvrir l’évènement : si on peut appeler ça ainsi…

Quand dix neuves heures arrivèrent, elle ne pu s’empêcher de ressentir une certaine tension. L’idée de se faire un restaurant toute seule sans rien voir… c’était un peu trop pour elle… Mais elle tenait à sa promotion, alors elle allait faire un effort ! Elle se présenta donc à l’acceuil du restaurant, en parfaite professionnelle : toujours aussi impeccable dans son allure, elle salua les réceptionnistes avec un sourire rayonnant :

« Bonjour, je suis du Maine Times, Mademoiselle Bolchoï. »

On lui sourit en retour, lui souhaitant la bienvenue et on lui demanda de couper son téléphone, laissant donc l’application whatsapp se défouler sans elle, ce n’était pas comme si elle la lisait régulièrement de toute façon, et elle suivit l’hôtesse, tandis qu’on la guidait dans le noir, ses pas se firent hésitants. Elle espérait que le supplice serait de courte durée, mais très franchement : elle en doutait. Une fois assise, elle devait admettre plusieurs choses : la première c’est qu’elle n’y voyait vraiment rien du tout. La seconde c’était qu’elle allait profondément s’ennuyer ce soir… Personne ne parlait franchement dans la pièce, et elle ignorait si elle avait des voisins. Et puis soyons honnête, qui peut bien aller bouffer dans un truc pareil ? Sûrement que des psychopates, des tarés et quelques cas sociaux qui n’ont rien de mieux à faire de leur soirée… Sans oublier les vieux pervers qui vont ‘malencontreusement’ toucher les seins de leur voisine. Bien sûr, ne les oublions pas, ceux là. C’était sans doute ce qui l’angoissait le plus : ne pas savoir. Lexie avait une imagination débordante, ce qui était aussi bien une qualité qu’un affreux défaut. Et elle était aussi très rationnelle, ce qui ne l’empêchait pas de se faire des films de temps en temps.

Alors qu’aucun son ne se faisait entendre à côté ou en face d’elle, elle hésita : devait-elle parler ? Puisqu’elle ne pouvait pas voir, et qu’elle n’entendait rien, il lui restait trois options. Non, elle n’allait pas ‘gouter’. Quitte à passer pour une folle, elle préférait parler toute seule ou, à la rigueur toucher le bras d’un inconnu plutôt que de lui lécher le visage. Après chacun son trip, mais pour elle c’était assez clair. Pour ce qui touchait au ‘toucher’, elle refusait aussi, c’est vrai qui sait, elle va peut-être toucher un truc profondément dégueulasse genre bien gluant… Ou une paire de sein, sans faire exprès vraiment. Non, mieux valait gardait ses bras le long du corps… Elle se décida donc à parler, quitte à murmurer toute seule, comme une parfaite imbécile qui aurait vraiment mieux fait de rentrer chez elle plutôt que de vouloir cette promotion :

« Ok… Il y a quelqu’un, à côté ? Ou en face ? »

Restait l’option de la fourchette sinon… Puisqu’elle ne voulait pas toucher avec ses mains, elle pouvait aussi donner un coup de fourchette. Si ça cri, genre hurlement agonisant : c’est qu’il y a quelqu’un. Super logique non ? Imparable dans le genre ! D’ailleurs, où étaient les couverts… sait-on jamais que son hypothétique voisin(e) ait eu la même idée, ce serait bien de riposter…. Ou comment s’entretuer dans un restaurant ‘aveugle’ : par Lexie Bolchoï. Tiens, ça ferait un bon roman ça… Ou un documentaire, sa vie à elle seule était déjà pas mal dans le genre galères romanesques. Et elle avait l’impression que réclamer un happy end c’était limite trop demander… sa vie avait vraiment tout d’une tragédie. Formidable, c’était justement ce qui lui manquait…
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Louis Moreau-Leroy
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MessageSujet: Re: i was blind before irony catch us. + louis & lexie.   i was blind before irony catch us. + louis & lexie. EmptyMar 7 Mai - 15:34

On entend la femme qui s'éloigne et on s'enferme dans un silence dur et pesant. Pas un mot, pas un murmure. On entend même difficilement respirer, comme si les gens étaient trop effrayés par l'obscurité pour daigner attester de leur présence. Ce silence dure un temps, jusqu'à ce qu'on le brise, qu'elle le brise cette voix qui me glace le sang. « Ok… Il y a quelqu’un, à côté ? Ou en face ? » Lexie. Le doute n'est plus possible. C'est elle. C'est bel et bien elle. J'avais espéré ne jamais la revoir. J'avais espéré ne jamais ressentir ce que j'ai pu éprouver pour elle à New York. J'voulais que tout soit effacé, que tout soit oublié à la seconde où elle m'avait quittée. Mais il n'en fut point. Dans mes pensées elle était restée ancrée. Je ne pouvais me détacher des souvenirs exceptionnels qu'elle avait créé pour moi. Notre relation était tout sauf conventionnelle et c'est pour ça qu'elle était si extraordinaire, si inoubliable.

Pour une fois, je ne sais absolument pas quoi faire. Je suis pétrifié, mal à l'aise et terriblement perdu. Je ne peux lui cacher ma présence. Je ne peux prétendre être un autre. Au final, nous sortirons tous en même temps de ces lieux et elle découvrira mon visage. Je ne peux me taire et laisser planer le doute. Que faire ? Etaler notre vie, notre idylle passée aux yeux de tous les autres invités, je ne peux pas non plus. Cela fait des mois. Des mois sans nouvelles. Des mois de silence. C'était convenu comme ça. On avait dit qu'on s'écrirait mais dans notre language à nous, ça voulait dire : adieu. Et les adieux sont sensés être pour toujours.

Mon coeur bat à mille à l'heure. Ça faisait longtemps qu'une femelle ne m'avait pas fait cet effet-là. Et la dernière fois, c'était... Lexie. Lorsque l'on s'est dit au revoir. Et je m'étais maudis pour ça. Maudis d'avoir osé ressentir quelque chose. Maudis d'avoir eu les larmes aux yeux, le coeur serré et le dégoût de tout. Je ne suis pas comme ça. Non, je n'aime pas. Je ne ressens rien. Je lui en ai voulu pendant un temps. Je lui en ai voulu comme si elle m'avait ensorcelé sans crier gare et que j'étais tombé prisonnier dans un piège sans issue. C'était un peu ça, à mes yeux. Et maintenant, et maintenant que je n'y pensais plus, là voilà. Son parfum toujours si agréable à mes narines me retourne l'estomac. Lexie est là. Lexie est là et elle ignore tout de ma présence. Je sais que je dois me manifester. Enfin je crois. Enfin, je ne sais plus. Je ne sais plus quoi faire. Je serre très fort ma serviette pour ma canaliser. Là, tout de suite, j'ai envie de tuer mon pote et ses surprises à la con. « Apprends à perdre le contrôle, Louis. » C'est bon, c'est fait là.

Il faut que je parle. Il faut que je dise un mot. Déjà plusieurs minutes de flottement et nul n'a dit un mot. Si ça se trouve, il n'y a que Lexie et moi. Je l'ignore. Je le découvrirai bien vite. Peu importe, je dois parler. Je m'éclaircis la gorge. Elle sait au moins qu'une présence masculine se trouve à côté d'elle. Mais ce n'est pas suffisant et je le sais. Je dois me faire connaître. Je dois le faire et maintenant. « Lexie. »
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MessageSujet: Re: i was blind before irony catch us. + louis & lexie.   i was blind before irony catch us. + louis & lexie. EmptyMar 21 Mai - 19:02





Plusieurs choses avaient sans doute besoin d’être éclaircies : la première, c’était que lexie ne s’attendait pas vraiment à être accueillie par un gros blanc, alors qu’elle s’inquiétait de la présence plausible d’une personne dans le coin. Et puis bon, il ne fallait pas non plus la prendre pour une idiote : elle avait entendu chuchoter. Certes, pas juste à côté d’elle, mais sérieusement ? On l’aurait mise à distance des autres, juste parce que c’est plus fun de mettre la petite dame qui vient toute seule, loin de toute compagnie ? Non. Et puis sérieusement, ce n’était vraiment pas stratégique, de la part d’un restaurant de mettre la journaliste toute seule alors que le destin de leur entreprise reposait entre ses mains : ou comment se prendre pour Dieu en quelques secondes.

La seconde chose, c’était qu’elle se sentait particulièrement mal à l’aise. Ne rien voir c’était bien plus handicapant qu’on l’imaginait. Déjà qu’à la base, l’idée d’être aveugle la faisait complètement flippée : pas au point que ce soit une phobie qui l’empêchait de vivre, non mais bon, ce n’était pas son rêve non plus de ne plus rien voir… Mais quand ça vous arrivait, genre vraiment, comme c’était le cas, là, maintenant, c’était particulièrement déplaisant. Mais si elle s’imaginait qu’elle avait touché le fond en matière de désagréable, c’était qu’elle était encore très loin d’avoir tout vu la petite ! Attends donc la suite…

Alors que Lexie en était au stade où elle envisageait ces dernières options là : elle avait gagné des sourds OU des muets en voisin, dans tous les cas, c’était vraiment la misère pour communiquer avec eux, à moins qu’elle n’ait réellement été exilée, et là, mesdames, messieurs, dîtes adieu à votre restaurant, une voix la fit réagir. Et pas n’importe quelle voix, s’il vous plait. Non, non. Mais par où commencer ??? Tiens, la réponse. Normalement, quand on est dans un coin où on est supposé ne connaître personne, on dit juste ‘bonsoir’ ou encore ‘oui il y a quelqu’un’. Bref, des trucs banals quoi… Mais là, c’était ‘Lexie’. Son prénom pour seule réponse. A moins d’être avec un extralucide, on en déduisait que forcément, le voisin connaissait sa voisine. Et puis soyons honnêtes, Lexie avait parfaitement reconnu cette voix. Ce n’était pas la petite voix qui lui parlait dans la tête, ça non. Cette voix là, ce timbre-ci, elle ne s’attendait franchement pas à le réentendre une seule fois dans sa vie. Pas une seule fois :

« Louis… »

Et là, pour la première fois de la soirée, Lexie fut particulièrement heureuse de savoir qu’il ne pouvait en aucun voir la tête qu’elle tirait en cet instant précis. Elle-même se demandait à quoi elle pouvait ressemblait. Elle était persuadée d’être passée par toutes les couleurs : du blanc suite au choc de la surprise, au vert du malaise et au rouge du sentiment de gène qui va si bien dans ce genre de situation… Non, finalement, ce n’était vraiment pas si mal que ça d’être dans le noir. Lexie révisait totalement sa position d’un coup ! Mais passé le temps de la surprise, il fallait réagir, et vite. Lexie n’avait pas du tout prévu ça. Louis et elle, ça avait été vraiment sympa, ça lui avait fait du bien, et quand elle était partie, elle ne s’était pas franchement retournée. Ils s’étaient amusés, et c’était le but de leur relation. Ils n’attendaient rien de plus : ni lui, ni elle. Quant à l’idée de garder contact… ca n’avait duré qu’un temps, et puis Louis n’avait plus répondu, et lexie n’avait pas insisté. De toute façon, ils savaient depuis le début que c’était voué à l’échec. Et bien que tout ceci n’ait pas eu d’autre but que celui de se changer les idées, et d’oublier un peu Aaron, pour Lexie, la jeune femme avait remarqué qu’étrangement, Louis lui manquait.

Elle avait retrouvé Aaron qui roucoulait avec sa femme et ne l’avait que plus détesté encore, mais la douleur qui lacérait son cœur avait été atténuée par sa rencontre avec Louis. Si lexie ne croyait plus à l’amour, si elle le fuyait de toutes ses forces à présent, elle devait bien avouer qu’il lui arrivait de penser à Louis, parfois… Mais elle n’était pas encore assez tarée pour imaginer qu’il était assis à côté d’elle dans un restau aveugle. Ca, non. Elle avait, certes, beaucoup d’imagination, mais de là à faire ce genre de rêves… peu probable ! décidant qu’il était tant pour elle de reprendre la parole, sous peine de vraiment passer pour une bonne cinglée, elle reprit, d’une voix étonnamment calme, par rapport à la vague de sentiments qui l’inondait actuellement :

« C’est… inattendu. Qu’est ce que tu fais dans le coin ? »

Non parce qu’aux dernières nouvelles il était à New York… c’était elle qui était partie, et lui il restait à New York. Enfin, de toute évidence, ce n’était pas tout à fait vrai, car s’il était resté à New York, et bien il ne serait tout simplement pas ici. Et ça agaçait Lexie. Parler ici, c’était trop gênant. Déjà parce qu’elle était là pour le boulot, ensuite parce qu’elle aurait aimé le voir, elle n’était pas habituée à communiquer avec les autres sans voir leur visage : excepté par téléphone mais le contexte était tout autre dans ce cas là… Bref, cette situation lui déplaisait. Surtout qu’elle sentait que son cœur s’affolait et ça ce n’était pas normal. Enfin, elle avait peut-être pris trop de caféine ? Ou c’était le stress ??? On s’excuse comme on peut, quoi !

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MessageSujet: Re: i was blind before irony catch us. + louis & lexie.   i was blind before irony catch us. + louis & lexie. EmptyVen 31 Mai - 17:29

Je ne peux pas croire ce qui est en train d'arriver. Je suis dans un bled paumé du Maine, dans un restaurant à l'aveugle qui vient tout juste d'ouvrir. Je suis dans le noir. J'aurais pu être à côté de n'importe qui. J'aurais pu être n'importe où. Mais il a fallu que je sois là, à cet endroit précis, à cette place particulière, dans cette salle, à cette heure-là, ce soir là. Avec Lexie. Il a fallu que Lexie, la seule fille qui ait réellement compté jusqu'à présent, soit là, à côté de moi. Lexie, la fille que j'aurais du oublier. Lexie, la fille que je me suis interdis de revoir, à laquelle je ne pouvais plus penser, ni rêver. Et elle est là, à côté de moi. Si près que je peux humer son parfum sans gêne. Quelle ironie. Quel hasard. Quel.. destin ? Je me demande pour quelle raison du saint esprit nous nous retrouvons ce soir réuni. J'ignore si c'est un coup monté du grand type là-haut, mais ça ne me fait pas rire du tout. D'habitude, je ne crois pas en Dieu, mais je me dis qu'il n'y a que lui pour être assez puissant pour faire se produire ce genre de choses.

« Louis… » Sa voix me fait frissoner. Sa voix prononçant mon prénom me fait doublement frissoner. J'aimerais la voir, m'assurer que c'est bien elle, même si le doute n'est pas permis. Au fond, c'est mieux qu'on ne se voit pas. C'est mieux que je ne me noie pas dans ses yeux azurs. Je serais piégé à coup sûr. C'est mieux que je n'ai pas la tentation de l'embrasser, de faire de ses lèvres miennes. Même si la tentation est déjà grande tant je me souviens de nos ébats, de nos délires, de nos aventures toutes plus folles les unes que les autres. Lexie avait été une bouffée d'oxygène dans ma vie morose. Nous avions éclaboussé le système de notre amour très peu conventionnel. Oui, moi, Louis, je parle d'amour. J'utilise ce terme sans crainte parce que si l'amour existe, je me plais à penser que c'est à ça qu'il ressemble. Mais non, je n'étais pas amoureux. Du moins, je préfère me dire que je ne l'étais pas. Même si le noeud qui se forme dans mon estomac aurait plutôt tendance à prouver le contraire. Certes.

Le silence sonne faux. Je suis rempli d'un torrent d'émotions toutes plus bruyantes les unes que les autres à l'intérieur de mon âme. J'aimerais le faire taire. J'aimerais simplement respirer et être capable d'être en harmonie avec elle comme au bon vieux temps, mais les sentiments qui se sont construit entre nous ont brisé toute possibilité de simplicité. C'est ce qui m'a donné envie de fuir, et à elle aussi j'imagine. « C’est… inattendu. Qu’est ce que tu fais dans le coin ? » Enfin, elle fait taire le silence. Ce que je fais là ? C'est vrai qu'on aurait difficilement imaginé Louis à Arrowsic. Je suis un type des villes, des métropoles. J'ai besoin que ça grouille. La tranquillité m'effraie. Pas assez de monde à impressioner, la peur de tourner en rond. C'est vrai, rien ne semblait pouvoir m'attirer ici. Et pourtant... « Je.. En fait, je ne suis pas réellement ici. Je suis à Arrowsic. Je vis chez ma tante, la famille Forzwood. J'ai repris mes études à Portland, enfin j'ai continué quoi. Et toi ? » Je bégaye. Je ne m'exprime pas clairement et toute marque d'assurance me quitte. Ça m'énerve. Le fait de ne rien voir me donne un sentiment de chute, de perte de contrôle total et ça m'effraie. Oui, j'ai peur. « Je n'aime pas beaucoup cette blague que m'a fait mon ami en m'invitant ici. »
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MessageSujet: Re: i was blind before irony catch us. + louis & lexie.   i was blind before irony catch us. + louis & lexie. EmptyLun 1 Juil - 11:46





Le moins que l’on puisse dire c’était que cette journée était pleine d’évènements totalement inattendus… la jeune femme n’en revenait pas… Entre la promotion qui l’attendait, ce restaurant au concept si étrangement dérangeant et ces retrouvailles qui n’auraient jamais dues avoir lieu… Il y avait vraiment de quoi se demander si elle était bel et bien éveillée… peut-être rêvait-elle ??? Et si une part de sa personne souhaitait ardemment que ce ne soit qu’un rêve, une autre partie d’elle, renforcée par l’intensité de ses battements de cœur lui assurait que ce serait bien mieux si c’était la réalité.

Et alors qu’elle rompait finalement ce silence qui s’était lourdement installé entre eux, elle s’enquit doucement de sa présence en ces lieux et la réponse qui s’en suivit la fit rire. Par un rire puissant à en faire trembler les murs, non. Mais un petit rire, très discret, accompagné d’un sourire malicieux, qui passait mieux quand on pouvait voir le dit sourire, évidemment… Lexie aurait pu ne pas commenter, mais c’était plus fort qu’elle, elle était comme ça, un peu sarcastique, aimant provoquer légèrement, sans jamais être méchante : en tout cas pas avec les gens qu’elle apprécie, les autres…. Disons simplement que c’est une autre paire de manche.

« Ha… Tu n’es pas ici… Mais alors à qui puis-je bien parler en ce moment ? »

Elle agit rapidement, sans vraiment réfléchir. Louis n’était pas du genre à se vexer, quand elle plaisantait, mais dans le noir, c’était plus dur de faire passer le message come étant une taquinerie plutôt qu’une pique désagréable, aussi glissa-t-elle timidement sa main vers celle de Louis qu’elle trouva en moins de temps qu’elle ne le craignait : après tout elle n’y voyait rien ! Elle posa doucement sa main sur celle du jeune homme et la serra brièvement, en signe de… amitié ? Pouvait-on vraiment qualifier ainsi leur relation ? Pas vraiment, mais elle n’avait pas de mots pour décrire les choses telles qu’elles étaient entre eux… Ni avant, et encore moins aujourd’hui ! Sa main quitta celle de Louis après cette rapide étreinte et elle reprit, plus sérieusement :

« Pourquoi avoir quitté New York ? Tu as plus le profil des grandes villes quand même… »

Dit la fille qui a toujours vécu à ne York et se retrouve dans un coin paumé. Ce n’est pas beau ça ??? Quant à Arrowsic… Le cœur de Lexie avait soudain loupé un battement, et ce fut son tour de perdre son assurance et de bégayer :

« Je… ben je suis à Arrowsic aussi… »

En d’autres circonstances elle l’aurait taquiné, lui demandant avec malice s’il ne l’avait pas suivi jusqu’ici… Sauf que là, elle ne trouvait pas ça très drôle. Et ça l’agaçait franchement de ne pas pouvoir le voir !!! Elle mit quelques secondes avant de répondre à la question de Louis :

« Je travaille ici… j’ai trouvé un boulot comme journaliste là… et je bosse aussi dans un bar d’Arrowsic… C’est pour ça que je suis là ce soir d’ailleurs. Pas pour le bar, hein, pour le journalisme… »

Et alors que Louis exprime son agacement, Lexie réplique, plutôt naturellement :

« Tu pouvais toujours refuser ? »

Elle aurait aimé ajouter qu’elle était contente de le revoir, ou plutôt de l’entendre, mais elle n’y parvint pas, les mots se perdant dans sa gorge. Finalement, elle préféra la version offensive aux aveux et reprit donc, non sans malice, et avec une assurance qui passait ses lèvres qui n’était pas franchement en accord avec son teint, certainement livide : appréhension, crainte d’être rejetée… c’était dingue comme ‘lavis de Louis comptait bien plus qu’elle ne se l’était imaginé de prime abord !

« Je dois en déduire que tu aurais préféré ne pas me recroiser ? »

Si son intonation était légère, comme si la réponse importait peu, elle attendait cette dernière avec appréhension… Son cœur se serrait douloureusement dans sa poitrine, et c’était franchement désagréable. Sans l’être à la fois… Ciel que c’était étrange les sentiments !
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MessageSujet: Re: i was blind before irony catch us. + louis & lexie.   i was blind before irony catch us. + louis & lexie. EmptyVen 19 Juil - 15:28

Les minutes passent et les doutes quant à sa présence ici s'envolent petit à petit. Je ne peux pas le croire. Lexie est là, juste à côté de moi. Cette fille que je ne pensais plus jamais revoir. Cette fille qui m'a tellement marqué. C'est irréel tout ça. « Ha… Tu n’es pas ici… Mais alors à qui puis-je bien parler en ce moment ? » Dans d'autres circonstances, j'aurais peut-être ri, mais pas ce soir, non. Je suis mal à l'aise. Je suis gêné. Je suis même un peu stressé. Lexie provoque en moi ce tourbillon d'émotions qui ne plait pas du tout. Je reste simplement silencieux, je ne réponds rien.

Le silence est pesant, mais je ne fais rien pour le briser. Et puis, tout à coup, je sens sa main se poser sur la mienne. Je frétille. Ça faisait si longtemps que je n'avais pas eu de contact avec elle. Je pensais que ce jour n'arriverait jamais. J'avais cesser d'en rêver, j'avais cesser d'y songer. Elle n'était plus rien pour moi, elle n'existait plus. Et pourtant, elle est là, à prendre ma main puis à la lâcher, comme elle l'avait fait avec moi, à New York. Peut-être se rend-t-elle compte que son geste est légèrement déplacé ? « Pourquoi avoir quitté New York ? Tu as plus le profil des grandes villes quand même… » C'est une bonne question. Pourquoi avoir quitté New York ? À vrai dire, moi même, je l'ignore. « Rien ne me retenait là-bas. » Peut-être bien que le départ de Lexie m'avait bien plus affecter que ce que je voulais bien admettre.

« Je… ben je suis à Arrowsic aussi… » Ça ne m'étonne qu'à moitié. C'était évident. Ça ne pouvait être qu'ainsi. « Et toi, pourquoi es-tu venue ici ? Tu ne m'as jamais réellement expliqué pourquoi tu devais quitter New York. » Elle était simplement partie. C'est tout juste si elle m'avait dit au revoir. Peut-être que j'aurais préféré qu'elle ne prenne pas ce soin. Je me serais simplement dit qu'elle n'était plus intéressée et qu'elle voulait goûter à un autre homme. Mais au lieu de ça, elle m'a prévenu, elle m'a embrassé une dernière fois et elle est partie. Quelque part, c'est pire.

« Je travaille ici… j’ai trouvé un boulot comme journaliste là… et je bosse aussi dans un bar d’Arrowsic… C’est pour ça que je suis là ce soir d’ailleurs. Pas pour le bar, hein, pour le journalisme… » Elle continue de s'expliquer sur sa venue ici, sur ce qu'elle fait, sur sa vie. J'acquiesse simplement de la tête, puis je me souviens qu'elle ne peut pas me voir. C'est fou comme on peut s'accomoder à l'obscurité. Personnellement, c'est ma couleur favorite. « Je vois. »

Je lui explique à mon tour ce que je fais ici et je lui montre bien que cela ne m'enchante pas réellement de jouer à l'handicapé. « Tu pouvais toujours refuser ? » C'est vrai. Lexie marque un point. Mais je ne l'ai pas fait, pour je ne sais quelle raison. Le pote qui m'a amené ici appelerait ça le destin. « Je dois en déduire que tu aurais préféré ne pas me recroiser ? » Cette question semble remplie d'innocence. Elle est simplement posée, comme ça. Et pourtant, c'est une question complexe qui n'amène aucune bonne réponse. Du moins pas pour moi. Je pose ma main sur la sienne et je la serre, comme pour atténuer ce que je m'apprête à dire. « Honnêtement, je ne sais pas. Et je pense que c'est pareil pour toi. »

Des pas se font entendre et avant même que Lexie ne puisse réagir, une femme déclare. « Le dîner est servi. »
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MessageSujet: Re: i was blind before irony catch us. + louis & lexie.   i was blind before irony catch us. + louis & lexie. EmptyMer 7 Aoû - 12:45





Bien, soit… Que rien ne retienne Louis à New York se comprenait, puisque de toute façon, il n’était même pas Américain, il ne devait pas y avoir grand-chose qui le retienne dans le pays… Lexie ne sachant pas jusqu’alors qu’il avait de la famille dans le pays. Quand ils s’étaient connus, à New York, parler de leur famille n’était pas forcément leur priorité… Aussi Lexie demeura-t-elle silencieuse, ne sachant pas que répondre de plus à ce sujet… C’était trop bizarre de le retrouver. Surtout ici. Dans une soirée à la rigueur, ça ne l’aurait pas trop étonnée : bon ok, elle aurait été surprise mais s’y serait faite assez vite… mais ICI ? C’était vraiment trop bizarre !

De toute évidence, elle n’était pas la seule à trouver cette situation un poil déplaisante, bien que les palpitations dans sa poitrine ne soient pas nécessairement dans ce sens… Louis n’était pas très bavard. Mais en même temps, elle comprenait bien. Ils étaient là, dans un endroit franchement inhabituel, à se ‘voir’ : si tant est qu’on puisse utiliser ce verbe, sans qu’ils n’aient envisagé cette possibilité une seule seconde. C’était trop étrange pour se conduire normalement.

Alors que Louis l’interrogeait sur la raison de son départ de New-York, la jeune femme prit son temps avant de répondre. Elle n’avait pas forcément envie de s’étendre en long en large et en travers sur cette question alors qu’ils étaient là, dans un restaurant aveugle entouré de personnes diverses et variées qui jouissaient sans nu doute de bribes de leur conversation.

« J’ai eu une offre intéressante… Pour le boulot. C’était compliqué à new York de me trouver une place un peu intéressante dans un journal… On me trouvait surtout des postes café photocopieuse… Donc non merci. Je me fais mon expérience ici, pour quelques temps et je pense que je retournerais dans les grandes villes après, quand j’aurais étoffé mon CV. »

Et alors que Lexie interroge le jeune homme, attendant la réponse avec une certaine appréhension, elle sent la main de ce dernier rejoindre la sienne, tout comme elle l’a fait elle-même précédemment et écoute la réponse, le cœur serré. Il marque un point… Avait-elle vraiment envie de le revoir ? Si une partie d’elle hurle un ‘oui’ à plein poumon, une autre partie est douloureusement bloquée au stade de l’abandon. C’est tellement plus simple de partir, juste comme ça, comme elle ‘la fait, en évitant de se poser des questions qui la taraudent à présent. Des questions comme : et si jamais ça aurait donné quelque chose, tous les deux… Ou encore : j’aurais peut-être dû rester, et rien n’aurait changé à l’heure actuelle… Mais à quoi bon ? Comme si on pouvait changer le passé !

Avant même que la jeune femme ne puisse répondre, on vient avec le début du repas… Ce qui, pour ne rien cacher, arrange un peu Lexie qui ne savait, de toute façon, pas quoi répondre à cela. Elle se laisse servir et commence son repas. C’est désagréable. Non pas que le menu ne soit pas bon, mais elle déteste cette ambiance, elle déteste ce qu’il se produit devant elle, juste là, en ce moment et le fait d’être totalement impuissante. Elle voudrait sortir tout de suite, pour le voir. Le regarder dans les yeux. Elle déteste l’handicape qu’on lui a imposé ce soir. C’est une abomination. Ni plus, ni moins. Et alors qu’elle meurt d’envie de proposer à Louis qu’ils se voient, vraiment, après ce repas chaotique, elle ne parvient pas à ouvrir la bouche pour poser cette simple question.
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MessageSujet: Re: i was blind before irony catch us. + louis & lexie.   i was blind before irony catch us. + louis & lexie. EmptyMer 21 Aoû - 22:25

Il y a de ces adieux qui paraissent être pour toujours. Il y a de ces départs qui brisent un peu plus que la normale, parce que l'on sait qu'ils sont définitifs. C'était comme ça avec Lexie. Et ça devait rester comme ça. J'ignore pourquoi nous nous retrouvons réuni aujourd'hui. J'ignore même ce que nous sommes sensé faire. J'veux dire, admettons que ce soit la faute du destin, pourquoi ne nous aiguillerait-il pas après nous avoir fait cette mauvaise farce ? Je grimace dans le noir, encore une fois.

« J’ai eu une offre intéressante… Pour le boulot. C’était compliqué à new York de me trouver une place un peu intéressante dans un journal… On me trouvait surtout des postes café photocopieuse… Donc non merci. Je me fais mon expérience ici, pour quelques temps et je pense que je retournerais dans les grandes villes après, quand j’aurais étoffé mon CV. » Cette explication me semble acceptable, oui. Je hoche la tête en oubliant presque qu'elle ne peut point voir mes expressions faciales. Alors, je réponds simplement. « Je vois. » Je n'ajoute rien d'autre parce qu'il n'a rien à ajouter.

Les serveurs s'affairent autour de nous et déposent nos repas. Ayant surement un peu pitié de nous, nouveaux aveugles, ils nous tendent nos couverts pour nous faciliter la tâche. Je tente de partir à la découverte du contenu de mon assiette à l'aide de ma fourchette, mais j'ai beaucoup de mal et je ne tarde pas à m'énerver tout seul sur mon dîner mystère. Après avoir réussi à piquer ce qui semble être un ravioli, je le mets en bouche et découvre un goût étonnament délicieux. « Je sens que ce repas ne va pas être une partie de plaisir. Je vais le tuer ce pote, c'est sûr. » dis-je avec un excès d'impatience qui peut s'entendre.

Avec quelques difficultés, je parviens à manger quelques unes de mes pâtes. Tout est beaucoup plus long et tout demande beaucoup plus de concentration lorsqu'il nous manque un de nos sens, c'est incroyable. Je dois néanmoins reconnaître que l'expérience est intéressante. « Je me réjouis de recouvrir tous mes sens, vivement qu'on sorte d'ici. » Je ne peux m'empêcher de penser à cet après. Je ne peux m'empêcher de penser au moment où nous sortirons de ce restaurant, où je l'aurai devant moi, où je la verrai enfin.
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