Sujet: Chaque jour est un bon jour lorsque vous courez | Téa Sam 19 Oct - 22:06
Assise sur son canapé, les genoux relevés, et les bras passés autour d'eux, Moana Swann soupirait. Un mal de tête indescriptible tambourinait contre son crâne, la laissant presque incapable de relever le moindre défi aujourd'hui. Elle se sentait aussi réactive qu'un mollusque, et avait l'impression que cette journée allait être d'une longueur immensurable. Pourtant, jetant un rapide coup d'oeil à l'horloge de la télévision, elle s'aperçut qu'il était déjà presque onze heures du matin. Elle soupira encore plus ; elle était encore emmitouflée dans son pyjama mauve. Cette attitude ne lui ressemblait pas. D'habitude, à sept heures tapantes elle était levée. Cinq minutes plus tard, elle s'habillait. Cinq minutes plus tard, elle déjeunait. Et à sept heures quinze pile, elle était déjà dehors, à arpenter en courant les rues d'Arrowsic, en débardeur -même par temps froid-, short, et baskets, les écouteurs enfoncés dans les oreilles. Normalement, sa matinée commençait comme ça. Pas en étant comme une carpette sur son canapé, à essayer de fuir cet instrument de musique qui tambourinait dans sa tête ! Ah ! Si elle avait su, jamais elle n'aurait fait tout ça la veille. Sortir, ce n'était plus de son âge. De toute façon, qu'avait-elle fait de beau hier? Elle avait été dans un bar, elle avait bu, elle avait dansé, et n'avait pas trouvé un seul mec potable! A croire qu'en semaine, personne ne sort dans cette petite ville.. Son dévolu n'avait été jeté sur personne, et elle avait finit la soirée seule. Enfin, seule était un bien grand mot. Elle avait bien rencontré quelqu'un ; une jeune femme. En y repensant, elle eut un petit rire. Et dire que cette femme y avait cru ! Amusée, elle sourit, et continua de mélanger le médicament qu'elle venait de mettre dans son verre d'eau. Elle resta ainsi un petit moment. A mélanger. Mélanger. Mélanger. Elle détestait tellement se soigner qu'elle essayait tout le temps de repousser au maximum le moment où elle allait devoir avaler ce breuvage infect. Le tambour se moquant toujours d'elle, elle décida finalement de se lancer. Après tout, c'était soit elle restait avec ce mal de tête ignoble, soit elle avait le droit à une journée potable. Elle choisit la deuxième option, et avala son médicament; non sans grimacer. Une fois que ce fut fait, elle s'allongea sur le canapé, s'enroula dans la couverture, ferma les yeux, et.. attendit. Le sommeil ne tarda pas.
Quand elle se réveilla, elle fut surprise de sentir à ses côtés quelqu'un. Fronçant les sourcils, elle se releva, et remarqua que dans son lit, un charmant jeune homme avait trouvé sa place. Beau. Brun. Musclé. Athlétique. Il avait tout pour plaire. Un sourire se dessina sur son visage, alors même que celui-ci tourna la tête vers elle, en ouvrant doucement les yeux. Son regard était à couper le souffle. D'un bleu pétillant, il tranchait avec ses cheveux bruns et son teint. Moana aperçut alors un de ses sourires sur son visage, et ne put s'empêcher de sourire encore plus. « Bonjour beauté. » Et sa voix était... wahoo! Elle ne se souvenait pas être revenue avec lui, vraiment pas! Comment avait-elle pu l'oublier? Elle secoua la tête, et quand elle vit qu'il lui faisait un petit geste pour qu'elle se colle contre lui, elle n'hésita pas. Elle se rallongea à ses côtés, et vint se blottir contre lui. Il sentait d'ailleurs merveilleusement bon. Elle était en train de humer encore son odeur, tout en se retournant vers lui, pour l'embrasser.. quand... On sonna à la porte. Une première fois. Une deuxième fois. Maugréant, pestant, râlant, Moana rouvrit les yeux. Le choc fut effroyable. Elle n'était pas dans son lit. Elle n'était pas dans sa chambre. Elle était sur son canapé. Dans le salon. Et il n'y avait personne à côté d'elle.. Elle passa une main sur son visage, et jeta un coup d'oeil à l'horloge : 12h53. Elle venait de rêver. Mais ce qu'il était bon ce rêve!!
Se souvenant qu'on venait de sonner à sa porte, elle se releva alors, et bien qu'étant de mauvaise humeur, elle fut heureuse et soulagée de se rendre compte que son mal de tête était passé. Peut-être que le jeune homme dans ses rêves étaient docteur.. Rien qu'en y pensant, elle se mit à sourire. Elle ouvrit alors la porte; personne n'était là. Elle referma aussitôt -tant pis, il n'avait qu'à être plus patient!- et se dirigea vers sa chambre. Même si il était tard, même si le matin était achevé, elle allait faire comme toutes ces autres matinées : courir.
C'est ainsi que quinze minutes plus tard, elle se retrouva dehors. L'air frais emplissait ses poumons et lui faisait un bien terrible. Son mal de tête s'était calmé, bien qu'à chaque foulée un tout petit instrument tambourinait. Mais ce n'était rien comparé à tout à l'heure. Et puis, elle était dehors. C'était le principal. Surtout que là, elle se trouvait à cet instant-même sur le bord des falaises, courant, soufflant, mais surtout admirant le paysage autour d'elle. L'océan était magnifique. Bien bleu. Bien mouvementé. Elle eut le courage de sourire encore une fois. Au moins, maintenant, sa journée n'allait pas être trop pourri. Elle venait de retrouver son oxygène à elle. Parce qu'elle avait déjà couru pas mal de kilomètres, la militaire s'arrêta. Elle se stoppa net, et enleva ses écouteurs de ses oreilles, profitant à fond du spectacle auquel elle assistait. Écoutant les vagues s'éclater contre les falaises. Entendant le bruit des oiseaux de l'océan. Finalement, cette journée n'était pas si pourrie! Il ne manquait plus que ce cher jeune homme et elle serait parfaite !
Sujet: Re: Chaque jour est un bon jour lorsque vous courez | Téa Dim 24 Nov - 22:11
Chaque jour est un bon jour lorsque vous courez
Je me réveillais, dans mon lit, seule. Terriblement seule. Je passais une main sur mon visage, laissant échapper un soupir, et puis un autre. Je n’avais pas envie de me lever. J’avais envie de dormir, de dormir toute la journée, de ne pas me lever, de ne rien faire du tout. J’avais envie d’embrasser quelqu’un, de câliner quelqu’un. De me blottir entre des bras forts et puissants, qui me protégeraient des monstres sous mon lit. Et comme chaque matin depuis que j’étais arrivée en ville, je songeais à Fernando. À Fernando qui était à l’hôpital. À Fernando et à ce thon qui lui servait de ‘copine’ (oui, thon, parce qu’elle était rousse, comme l’autre poisson). J’eus la nausée. Et je me levais, pour aller rendre le contenu de mon estomac dans les toilettes. J’avais sûrement trop bu la veille. Comme une idiote. Je me mis des claques, pour achever de me réveiller, et pris une longue douche chaude. Je buvais pour rien, et je détestais boire. Je détestais boire parce que ça polluait mon corps, et qu’il avait besoin de rester propre, parfait, fin, délicat, et athlétique. Parce que je n’allais pas passer ma vie dans ce trou. Je n’étais venue que pour une chose, et une chose seule. Fernando. Et quand j’aurais obtenu de lui ce que je voulais, je repartirais. À Genève ou à New York, peu importait, mais quelque part. Et les écoles de danse se battraient pour m’avoir, au lieu de me jeter dehors comme une malpropre. Et ils verraient à côté de quel talent ils avaient failli passer. Et ils regretteront. Oui. Ils regretteront.
C’est c’que je me disais, en tout cas, tandis que l’eau de moins en moins chaude coulait encore. C’est ce que je me disais toujours lorsque je me mis à frissonner : il n’y avait plus d’eau chaude, le ballon était vide. Et je laissais échapper un grognement mécontent : ce genre de chose n’était pas censé m’arriver. Je n’étais pas censée vivre comme ça. J’avais droit à mieux ! À tellement mieux. Je sortis de la douche, furieuse. Je me séchais à grand coup de serviette, et enfilais des sous-vêtements, ainsi que m’un jogging et un débardeur. Je mis une veste légère par dessus (malgré tout, nous n’étions pas en août !) et j’enfilais les écouteurs de mon Ipod dans mes oreilles. La porte de mon immeuble claqua derrière moi, et je me mis à courir à peine le pied posé sur le pavé de la rue. Il était tard : je n’avais pas l’habitude d’aller courir aussi tard, mais la soirée d’hier avait été pour le moins… particulière. Et je m’étais couchée à l’aube, et j’avais dormi comme un bébé toute la matinée. D’ailleurs, quand plutôt je parlais de « dormir toute la journée », ce que je voulais vraiment dire c’était « dormir toute l’après midi » !
Je ne connaissais pas encore très bien la ville. Pas suffisamment pour avoir déjà trouvé un parcours qui me plaisait (et le parcours, c’était aussi important que la course elle même). Alors, je laissais mes pas me guider, par-ci par-là, sans trop savoir où j’allais, pourquoi j’y allais. Vers la gauche, la droite, là où il y avait des arbres (j’aimais bien les arbres). Vers l’océan. Ah, la mer. C’était beau, la mer. Ouais. Beaucoup trop d’eau, des algues, et des poissons mutants. Non, tout de même, je n’irai pas jusque là. Il fallait l’avouer, cependant, oui, je n’étais pas la plus grande fan de l’océan. Pour la simple et bonne raison que je ne savais pas nager, et qu’apprendre me terrifiait. Et puis, en Suisse, on passait plus de temps à skier qu’à nager, si vous voyez ce que je veux dire. Je ne savais même pas d’où ça venait, cette peur. Sans doute une sorte de phobie, qui avait potentiellement une explication logique, qui devait remonter à loin, loin, quelque part durant ma « tendre enfance » (si j’avais jamais pu qualifier mon enfance de tendre).
Alors, je continuais à courir. Je courus pendant de longues longues minutes, jusqu’à ce que mes poumons me brûlent. Que mes genoux me fassent mal, et que l’océan m’écoeure. Jusqu’à ce qu’une silhouette qui se rapprochait de plus en plus me devienne familière. Jusqu’à ce que je reconnaisse la charmante brune que j’avais déjà croisé la veille, avant que je ne me décide à vider une bouteille de vodka, seule. Je ralentis, m’approchant d’elle, tout en récupérant mon souffle : arrivée sur le point de clamser, ce n’était peut-être pas l’idée du siècle. « Salut. » J’étais encore un brin essoufflée, mais ça se calmait. Doucement, mais ça se calmait. « Sympa la vue. » Je vins me positionner à ses côtés, mains sur les hanche, ma veste ouverte sur mon débardeur. Je me pliais en avant, reprenant mon souffle, tentant d’éviter un hypothétique point de côté. « Bien rentrée hier soir ? » Je tournais la tête vers elle, un oeil fermé à cause de la luminosité : le soleil qui se reflétait sur la mer, tout ça… Vous voyez le genre. Et là, c’était le moment où j’espérais qu’elle se souvenait de moi, sinon, c’était plus que honteux. C’était foudroyant.
Sujet: Re: Chaque jour est un bon jour lorsque vous courez | Téa Dim 1 Déc - 14:44
Respirer cet air simple. Fermer les yeux. Entendre le bruit des vagues s'écraser sur les falaises. Il n'en fallait pas plus pour rendre Moana Swann heureuse. Cette femme n'avait pas besoin de plus que cela. Une maison qui ressemble à une villa. Une voiture magnifique. Une garde-robe onéreuse. Très peu pour elle. Celle qui avait grandi aux quatre coins du monde n'avait besoin que d'un toit, et de l'océan pour être heureuse. Elle avait posé ses yeux très jeune sur la misère humaine. Ces images restaient, malgré tout, graver dans sa mémoire, sans doute à jamais. Et c'était surement pour cette raison que le lieutenant n'avait besoin que de peu de choses pour être heureuse; un toit, la santé, et l'océan. Bon, il était vraiment que si elle avait l'amour à ses côtés, elle serait encore plus heureuse. Qui ne le serait pas? Elle eut d'ailleurs un petit sourire en se rappelant son rêve. Parfois, l'inconscient vous joue des tours, et vous rappelle votre vie de solitude..
Les yeux rivés vers l'océan, Moana respira un grand coup, avant de fermer les yeux. Son mal de tête s'était atténué. Elle était maintenant en pleine forme. Et vu l'endroit où elle se trouvait, elle ne pouvait que bien aller. Rouvrant les yeux, elle fut encore une fois subjugué par la beauté de la nature devant elle. Des bateaux au loin passaient. Les vagues déferlaient sur la roche. Ses narines étaient remplies par l'odeur d'algues. Elle entendait le son des Beatles, sortir de ses écouteurs, lâchés, et trainant sur ses épaules. Elle se perdait dans ses pensées, pensant à ses parents toujours et encore partis en vadrouille, à son frère lui aussi en mission.. Elle fut néanmoins sortie de ses pensées quand elle entendit une voix à côté d'elle. Se retournant, Moana apperçut à quelques mètres une jeune femme, brune, essoufflée. Elle haletait ; sans doute venait-elle de courir, et visiblement, soit elle n'en avait pas l'habitude, soit elle avait courut une distance trop grande, ou trop rapidement. Un sourire se dessinant sur ses lèvres, la jeune femme répondit alors. « Salut. Ouais, c'est super chouette! » La délaissant alors, elle reposa son regard sur l'étendue devant elle. Cette vue magnifique, c'était le paradis même. Tout le monde rêverait de vivre dans un endroit comme celui-là, où la terre côtoie l'océan. Elle ne faisait pas plus attention qu'à cela à la jeune femme, et ce, jusque ce qu'elle l'entende de nouveau parler. Elle demandait si elle était bien rentrée hier soir. Quelque peu surprise, Moana tourna de nouveau la tête vers elle, et l'observa. L'avait-elle croisé hier soir, alors même qu'elle était bourrée? Se pourrait-il qu'elle ait mal agit? Non, parce que Moana était capable de bien des choses quand elle était bourrée. Jeune, dans une ville portugaise, la demoiselle avait eu sa première cuite. Elle s'était amusée, avec les portugais qui étaient avec elle, à dévisser des plaques de rues.. Alors bon, même si ce n'était pas son genre de faire toutes ces conneries maintenant, elle était quand même capable d'en faire quelques unes. Mais non.. Elle ne se souvenait pas avoir croisé quelqu'un en rentrant hier.. Les sourcils froncés, elle l'observait un peu mieux. Son visage lui disait quelqu'un. Devant elle, ce n'était pas une inconnue; elle en était persuadée. Mais bon sang ce qu'elle aurait aimé être physionomiste! Et c'est alors qu'elle repensait à la soirée, qu'elle la revit, la demoiselle qui avait passé un peu de temps avec elle, à danser, et à tenter un peu plus.. Souriant, Moana eut un léger rire. « Très bien rentrée oui.. Le réveil a juste été très dur.. » Maintenant qu'elle savait qui elle était, elle était un peu plus bavarde. Bon, certes, elle ne se souvenait plus de son prénom, mais au moins, elle savait parfaitement qui elle était. Ca aidait non? Elle se souvenait de pas mal de choses. De la danse. De la boisson qu'elle avait renversé. De la danse qu'elle avait demandé en échange. Du challenge relevé. Et même de la suite.. Même si elle était plutôt mignonne, et belle, la jeune femme n'était quand même au goût de Moana; Elle préférait les personnes plus.. viriles. « Et toi, ça a été? Pas trop essoufflée par cette nuit? » fit-elle en souriant. Il faut dire qu'elle semblait avoir souffert là; pliée en deux, devant elle, avec ce jogging. En même temps, elle et Moana étaient folles. Quelles personnes censées s'amuseraient à aller faire du jogging un lendemain de soirée?