Nous étions en mi-décembre, et l'hiver allait arriver dans quelques jours, même si la neige et le froid s'étaient déjà installés sur Arrowsic. Les décorations de Noël étaient déjà accrochées dans les rues, les gens commençaient à s'affoler sur leurs idées cadeaux, bref, l'ambiance de Noël était déjà là. J'avais toujours adoré cette fête, sûrement parce que j'avais encore un côté enfantin qui rêvait face à la magie de toutes ces lumières, des sapins et des cadeaux ; et puis c'était aussi le premier Noël que j'allais passer avec Carlie et Neela, alors ça allait sûrement être le meilleur Noël de ma vie. En tout cas, en attendant le vingt-cinq décembre, je voulais continuer à profiter de Neela comme je le faisais déjà depuis plusieurs mois, et passer ce samedi soir rien qu'avec elle. Pour changer du restaurant, nous avions décidé de faire une soirée cinéma, et pourtant Neela passait son temps dans la salle de bain à se faire belle. En même temps, je me disais que même si elle n'avait pas besoin de tout ça pour être magnifique, elle pouvait se pomponner pour ce soir... Surtout pour ce soir. En fait, cette soirée au cinéma cachait autre chose de beaucoup plus important qu'un film et un moment passé rien que tous les deux. Déjà prêt depuis plusieurs minutes et la baby-sitter arrivée pour la soirée, j'ouvris un de mes tiroirs à vêtements et fourrai ma main dans le fond jusqu'à en ressortir une petite boîte en velours. Après l'avoir regardée quelques secondes, je la plaçai dans ma poche de manteau et fermai la fermeture éclair pour être sûr de ne pas la perdre. J'avais vécu des événements beaucoup plus compliqués avec Neela, comme nos retrouvailles, l'existence de Carlie et mes premiers moments avec elle, l'annonce de l'arrivée prochaine du bébé... Et pourtant, je stressai pas mal, déjà maintenant. C'était le petit secret familial : seuls mes parents et ceux de Neela étaient au courant de ma petite combine du cinéma, qui n'était qu'une excuse pour la surprise de ce qui allait être la décision de nos vies : ma demande en mariage. La dernière et seule fois où nous avions parlé mariage tous les deux, j'avais fais comprendre à Neela que je n'étais absolument pas prêt pour cela, pas prêt à m'engager à ce point, même si je savais qu'elle était la femme de ma vie et que je voulais que notre couple dure toujours. Et pourtant, j'avais changé d'avis. Peut-être parce que je me rendais compte au fur et à mesure des mois que je l'aimais encore plus que lors de nos retrouvailles. Mais, comme sûrement tous les hommes dans ce genre de situation, je stressai, pas peur qu'elle dise non, qu'à son tour elle n'ait plus envie de s'engager... C'était pour cela que j'avais voulu mettre le maximum de chances de mon côté en jouant aussi sur la magie de Noël. Jetant un regard à ma montre, je vis que nous allions finir par être en retard au cinéma et je m'approchai de la porte de la salle de bain pour éviter de hurler à travers la maison.

« Dis Neela, on va finir par être en retard... »

Aussitôt dit, aussitôt fait, Neela ne tarda pas à sortir de la salle de bain, magnifique comme d'habitude. Après avoir dit au revoir à Carlie, nous étions partis vers le cinéma et étions arrivés à peine cinq minutes avant l'heure de début du film. La salle était bien remplie, mais j'avais déjà l'impression qu'il n'y avait qu'elle et moi. Repensant à notre arrivée au cinéma, au moment où j'avais mis la bague dans ma poche, et finalement à la façon dont j'allais la demander en mariage, je ne m'étais pas vraiment rendu compte que je l'avais une nouvelle fois dévorée du regard.

Spoiler:

Avec ce temps hivernal, Carlie, Felix et moi étions restés tranquillement au chaud à la maison, après quoi mon cher et tendre m'avait finalement proposé de sortir rien que tous les deux pour assister à une séance de cinéma. J'avais accepté avec grand plaisir, parce que le temps ainsi que ma grossesse ne me permettait pas de faire grand chose la journée, surtout lorsque Felix travaillait, il y avait beau avoir Carlie à la maison avec moi, je m'ennuyais souvent à mourir après avoir épuisé toutes les occupations possibles et imaginables. Avec ma fille, nous avions bien évidemment déjà fait le sapin et décoré la maison ainsi que le jardin pendant des heures, mais après cela et les jeux de société, mes idées se faisaient de plus en plus rares. Les journées étaient donc très longues pour moi, si bien que j'avais hâte d'être en soirée pour pouvoir sortir enfin, et voir autre chose que cette maison dans laquelle je ne savais plus quoi faire. La nuit était bien vite tombée, et le temps était venu pour moi de monter à l'étage pour me préparer. Pour une fois que je sortais, qui plus est avec Felix, c'était une bonne occasion pour me faire belle. Mais quoi mettre pour une soirée au cinéma en plein hiver ? Après avoir hésité entre robe et jean, j'avais finalement opté pour la robe noire toute simple, avec des collants et des escarpins assortis. Je m'étais dit que c'était quand même une soirée en tête à tête avec mon amoureux, et que mon but était toujours de lui plaire, alors autant choisir la tenue la plus féminine pour qu'il ne cesse de me dévorer des yeux. Comme d'habitude, après m'être habillée, je filai droit en direction de la salle de bain pour commencer à me maquiller, sauf que je désirais tellement être belle à ses yeux que je ne voyais même pas le temps défiler. « Dis Neela, on va finir par être en retard... » J'entendis la douce voix de Felix derrière la porte, me signalant, comme la plupart du temps lorsque nous nous apprêtions à sortir, que je passais un peu trop de temps dans la salle de bain. Pourtant, il avait à peine dit sa phrase que je venais de terminer ma queue de cheval. En me tournant pour le rejoindre, je lui souris. « Je suis prête. » Pour une fois, nous étions en parfaite synchronisation tous les deux, et je profitai de passer à côté de lui pour l'embrasser rapidement sur la joue. Je m'étais ensuite dirigée avec Felix vers le salon pour dire au revoir à notre petite puce ainsi qu'à la baby-sitter. Après avoir mis mon manteau, nous montâmes dans la voiture direction le cinéma.

En arrivant, la salle était déjà effectivement bien remplie, à croire qu'aucun homme ici n'avait une petite amie qui mettait des heures à se pomponner dans la salle de bain avant de sortir. Finalement, nous trouvâmes deux places et nous assîmes, attendant que le début du film commence. Alors que les lumières étaient progressivement en train de s'éteindre, j'avais remarqué que Felix était en train de me regarder amoureusement. Profitant du fait que la salle n'était pas encore plongée dans le noir, je m'étais tournée vers mon amoureux pour poser une main sur son visage et l'embrasser sur la joue doucement tout en souriant. Mine de rien, ce petit moment au cinéma me faisait extrêmement plaisir, Felix avait toujours le don d'avoir de bonnes idées pile poil au bon moment avec moi. Une fois les lumières de la salle complètement éteintes, le film débuta. Je l'avais suivi avec attention, jetant de temps à autre un petit regard à Felix qui me regardait en même temps lui aussi, et répondant à ses caresses sur ma main par d'autres sur la sienne. Le film avait beau m'intéresser, je ne pouvais pas m'empêcher de penser à nous, à tout ce que nous avions traversé depuis quelques mois... L'annonce de notre relation à nos parents ainsi que de l'existence de Carlie pour Felix, ma grossesse non désirée, les états-d'âme de notre fille par rapport à tout ça ... Aujourd'hui, même si tout semblait s'être calmé, je me disais que notre histoire était quand même unique, et que j'étais absolument prête à tout pour qu'elle dure le plus longtemps possible, peu importe les obstacles qui pouvaient se mettre sur notre route. Une heure et environ trente minutes plus tard, le film se termina. Alors que je me levai pour quitter la salle avec les autres, je me tournai vers Felix en souriant. « J'ai adoré. Et toi ? »

Ces derniers temps, je passais pas mal de temps au journal, parfois plus tard le soir que d'habitude, et Neela était souvent fatiguée à cause de sa grossesse, alors cette soirée en amoureux n'était pas de refus : elle nous permettait au moins de nous reposer un peu et de passer du temps ensemble, de penser à tout autre chose que notre vie de tous les jours entre travail, enfants et parents qui appellent sans cesse pour savoir si tout va bien - enfin ça, c'était plutôt ma mère -. Pendant l'heure et demie du film, je n'avais pu m'empêcher de regarder Neela de temps en temps, dans l'obscurité de la salle et de lui prendre la main. À la fin du film, je me levai après Neela et la suivis dans l'allée de la salle jusqu'à la sortie, m'arrêtant un instant pour répondre à sa question : « J'ai adoré. Et toi ? »

« J'adore toujours ce que je fais avec toi, tu le sais bien. »

Je lui souris puis l'embrassai. Les gens autour de nous devaient se dire que nous étions vraiment accrocs l'un à l'autre... et ils n'auraient pas vraiment tort. Je l'aimais plus que tout, et comme je lui avais dis il y a quelques mois, j'étais prêt à passer les soixante prochaines années avec Neela, voire même plus. Et cette future demande en mariage en était la preuve. Avant même de sortir du cinéma, j'avais attrapé sa main en l'embrassant sur la joue, et nous étions arrivés dans la rue. Il y avait pas mal de monde dehors, entre les gens qui sortaient de la même séance que nous et ceux qui se baladaient, sûrement déjà dans la magie de Noël, comme nous. Mais je n'avais aucune envie de rentrer pour le moment, malgré la température plutôt basse, d'autant plus que j'avais quelque chose à demander à la femme de ma vie. Je l'entraînai alors dans les rues, dans le centre-ville, nos pas faisant crisser la neige. Nous arrivâmes finalement au petit parc d'Arrowsic, dans lequel les gens se promenaient aussi, et au pont sur lequel nous avions échangé notre premier baiser depuis dix ans. Alors que Neela allait continuer, je gardai sa main dans la mienne et l'attirai alors vers moi, sur le pont. Passant ma main dans ses cheveux puis dans sa nuque, je la rapprochai de moi pour l'embrasser.

« Je me demande vraiment pourquoi j'adore ce pont... »

Avec un petit sourire, je la regardai de nouveau dans les yeux comme si c'était la plus belle chose au monde... et c'était le cas. Le stress, plutôt disparu pendant le film, revint soudain au galop. Pourtant, je gardai un petit sourire au coin des lèvres. Je gardai mon regard sur Neela et, après un petit silence, me lançai finalement.

« J'ai quelque chose pour toi, sur moi. Mais il faut que tu cherches. »

En gardant mon sourire je lâchai son visage pour laisser mes bras le long du corps, bien décidé à ce qu'elle trouve elle-même la bague en farfouillant dans mes poches. Alors oui cette situation pouvait paraître assez étrange d'extérieur pour tous les gens qui se promenaient autour de nous, mais elle reflétait bien notre folie après tout !

Spoiler:

« J'adore toujours ce que je fais avec toi, tu le sais bien. » Il m'embrassa et je lui souris à mon tour. Si il savait comme moi aussi, j'adorais toujours ce que je faisais lorsqu'il était à mes côtés... Nous étions finalement sortis du cinéma, et étrangement, mon amoureux ne semblait pas vouloir rejoindre la voiture tout de suite. Il avait plutôt l'air de vouloir déambuler dans Arrowsic avec moi. Je m'étais donc laissée guider par Felix dans les rues enneigées, main dans la main, après tout, une petite balade ne pouvait pas me faire de mal, au contraire. Je n'avais pas vraiment envie de rentrer, malgré le froid. Nous arrivâmes finalement sur le petit pont, que j'appelais désormais "notre petit pont" suspendu au-dessus de la rivière complètement verglacée aujourd'hui. Arrivés dessus, je me laissais embrasser tendrement, tandis qu'en même temps, Felix faisait tout pour me rapprocher de lui en passant doucement sa main derrière ma nuque. « Je me demande vraiment pourquoi j'adore ce pont... » Il me dévorait littéralement du regard, d'une telle manière que l'on aurait dit que j'étais une reine, sa reine. Ses yeux pétillaient, et franchement, je ne pouvais que sourire en plongeant moi aussi mon regard dans le sien. Comme d'habitude lorsque nous nous trouvions sur ce pont, l'instant devenait magique. Pourtant, Felix avait l'air tendu tout à coup, comme s'il appréhendait quelque chose, alors qu'il n'avait absolument rien à appréhender. Tout allait bien au contraire, nous étions sur ce fameux pont sur lequel nous nous étions embrassés pour la première fois depuis dix ans, et bientôt, nous serions quatre à la maison. « J'ai quelque chose pour toi, sur moi. Mais il faut que tu cherches. » Je le vis alors baisser les bras le long de son corps, comme prêt à se faire fouiller, et fronçai les sourcils en l'interrogeant du regard avec un petit sourire amusé. « Quoi ? » Il voulait vraiment que je le fouille, là, sur ce pont, devant tout le monde ? Après avoir jeté un petit regard furtif autour de moi, j'avais finalement mis mon sac sur mon épaule pour avoir les mains plus libres et pouvoir ainsi le fouiller correctement. « Bon d'accord, si tu insistes. » Je lui souris et commençai à ouvrir son manteau. Je grimaçai un peu, pensant qu'il devait sûrement avoir froid, et donc me dépêchai de trouver le fameux cadeau en passant mes mains le long de son corps. « J'aime beaucoup ce petit jeu ... » dis-je en continuant de le palper alors qu'un petit sourire coquin apparaissait au coin de mes lèvres. Dans ses poches avant et arrière, rien. Dans les petites poches de sa chemise, idem. Le cadeau ne pouvait se trouver que dans les poches de son manteau, je ne voyais pas d'autre endroit où il pourrait être. Immédiatement, je m'empressai de passer ma main dans la poche intérieure droite où il n'y avait apparemment rien, puis, alors que ma main se posait sur la poche intérieure gauche, je sentis enfin quelque chose, un objet assez rigide à la forme carré. Je fronçai les sourcils, me demandant ce que cela pouvait être. « Mais … qu'est-ce que ... » Passant la main dans la poche en question, j'en sortis finalement une petite boite de velours rouge que je tenais entre mes doigts. Aussitôt, mes yeux s'écarquillèrent, et je posai instinctivement une main contre ma bouche. Après l'avoir fixée un moment, je détachai finalement ma main en regardant tantôt l'écrin, tantôt mon amoureux qui était en train de scruter ma réaction. Je comprenais maintenant pourquoi il avait l'air si embarrassé il y a à peine quelques minutes. Tout s'expliquait, mais je n'avais pas de mots pour décrire ce que je ressentais à ce moment précis. J'étais bouche bée, surprise et en même temps, tellement heureuse. J'avais froid, mes doigts devaient même bientôt être congelés, mais je n'avais pas du tout l'intention de lâcher le fameux écrin. Au contraire, je le contemplais comme s'il était la chose la plus merveilleuse qui soit. Alors que je le tenais fermement entre mes doigts, et posai mon regard sur Felix, tout sourire face à moi. « Felix … Je … Je croyais que tu … tu étais pas prêt pour ça, enfin ... » Tenant la petite boite dans ma main je n'osais même pas l'ouvrir tellement j'étais surprise de ce cadeau pour le moins inattendu de la part de mon cher et tendre. Dans un si petit écrin, et surtout en velours comme celui-là, il y avait peu de chances pour qu'il s'agisse de quelque chose de gros, donc une bague, et une bague de fiançailles, compte tenu des circonstances, ne pouvait que se trouver à l'intérieur. Le mariage, lui et moi en avions déjà maintes fois parlé ces derniers mois, seuls ou en présence de nos parents respectifs, et nous étions toujours tombés d'accord sur le fait qu'il était encore beaucoup trop tôt pour de se lancer dans un tel projet. Felix n'était pas prêt, du moins, c'était ce que je croyais, parce qu'apparemment, il avait changé d'avis ...

Spoiler:

Je souris doucement en entendant son “Quoi ?” étonné de ma demande. Quitte à faire une demande en mariage originale, autant la faire dans l'esprit de notre couple, c'est à dire plutôt déjantée ! « Bon d'accord, si tu insistes. » Évidemment que j'insistai ! J'avais bien l'intention qu'elle trouve la bague par elle-même et que cette demande se fasse ce soir, dans ce décor déjà festif, et sur ce pont qui était si important pour nous, le symbole de nos retrouvailles. Je sentis le froid presque hivernal lorsque Neela ouvrit mon manteau et posa ses mains un peu partout sur mes vêtements pour chercher son cadeau. « J'aime beaucoup ce petit jeu ... » Et moi donc ! Et pourtant, d'un côté, j'avais hâte qu'il se termine, car cela voudrait dire que j'ai passé le plus gros cap de cette soirée qui était la demande en elle-même. Il ne resterait plus qu'à attendre sa réponse. Mon sourire s'agrandit en voyant qu'elle cherchait absolument partout, même dans les petites poches de ma chemise alors que l'on voyait qu'il n'y avait rien dedans, mais pas du tout au bon endroit. C'était à croire qu'elle avait déjà repéré le cadeau mais qu'elle faisait durer le suspens. Les gens qui passaient le plus proche de nous, notamment sur le pont, nous dévisageaient légèrement. J'avais presque eu envie de leur faire un signe de “coucou” pour rendre la situation encore plus ridicule, mais je m'étais retenu, et puis je fus coupé dans mon idée par la voix de Neela, qui avait apparemment trouvé la bague. « Mais … qu'est-ce que ... » Je retournai alors mon regard vers elle pour observer sa réaction. Celle-ci ne se fit pas attendre. Elle posa sa main sur sa bouche d'un air choqué et semblait ne plus savoir faire sortir un son de sa bouche. En même temps, sa surprise devait être d'autant plus grande que je lui avais dis que je n'étais pas prêt pour le mariage il y a quelques mois, et donc que cette demande était totalement inattendue. « Felix … Je … Je croyais que tu … tu étais pas prêt pour ça, enfin ... »  J'affichai de nouveau un petit sourire en la détaillant du regard. Je reposai une main sur sa joue pour l'embrasser et plongeai mes yeux dans les siens.

« Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis comme on dit. »

Et oui j'avais changé d'avis, parce que je voulais faire ma vie avec elle, et qu'elle le sache, qu'elle en soit certaine. Cette bague et la future alliance qui serait à nos doigts en étaient le symbole. Pour essayer de la faire revenir un peu à la réalité, je pris sa main qui portait l'écrin en velours et ouvrit ce dernier pour y prendre la bague et la glisser lentement à son annulaire gauche, puis gardai sa main dans la mienne pour le moment fatidique.

« Est-ce que tu me ferais l'honneur de devenir Madame Moorgate ? »

Avec le même sourire, mêlé pourtant d'un soudain stress, je gardai mon regard dans le sien en attendant sa réponse. J'avais l'impression que le temps s'était arrêté, qu'il n'y avait plus qu'elle et moi sur ce pont, sans aucune personne autour qui nous regardait, bien que pas mal de regards étaient posés sur nous, étonnés d'abord par la réaction de Neela et ayant ensuite compris ce qui se passait entre nous.

Spoiler:

« Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis comme on dit. » Je haussais doucement les épaules en lui souriant timidement. Les larmes étaient en train de monter sous mes yeux, et je pouvais déjà sentir ma gorge se serrer. A cet instant, j'étais tellement sous l'emprise de l'émotion que je ne savais pas quoi faire d'autre que de sourire. Quoi dire ? Il n'y avait sans doute pas de mots. Je ne pouvais qu'acquiescer tout ce qu'il me disait en souriant, parce que je me sentais bien, parce c'était une vague de bonheur qui était en train de m'envahir d'un seul coup. De toute façon, je me sentais tellement nerveuse et sous le choc que j'aurais été bien incapable d'aligner deux mots sans bafouiller. Pourtant, je fus bien obligée de m'exprimer lorsque Felix ouvrit le petit écrin pour en ressortir la fameuse bague. Elle brillait de mille feux, tout en restant à la fois très simple, bref, elle était sûrement la bague dont j'avais toujours rêvé. Il prit alors ma main dans la sienne pour la glisser doucement sur mon annulaire gauche, alors que je posai une main sur ma poitrine en entrouvrant la bouche pour admirer le bijou qui étincelait à mon doigt. « Elle … elle est ... magnifique. » Si j'étais allée choisir la bague avec Felix, je crois que je n'en aurais pas choisi d'autre que celle-là. Une vraie petite merveille. En la regardant sur ma main, je ne pus retenir mes larmes. J'étais en train de me rendre compte de ce que représentait ce merveilleux bijou qui ornait maintenant mon doigt. Il symbolisait notre amour, il en était maintenant la preuve matérielle, si bien que j'avais le sentiment qu'il était indestructible, et encore plus fort qu'avant. Rien ne pouvait me faire plus plaisir. Felix était et serait toujours pour moi l'homme de ma vie. Celui qui m'aime pour ce que je suis vraiment, celui qui me fait rire au point de m'en tordre le ventre, qui me respecte, et surtout, celui qui me comprend plus que personne. Gardant ma main gauche dans la sienne, je détachai mon regard du bijou pour le poser sur Felix, et ainsi entendre la demande la plus importante de sa vie qu'il avait maintenant à me faire. « Est-ce que tu me ferais l'honneur de devenir Madame Moorgate ? » Les gens qui nous dévisageaient parce que nous leur bloquions un peu le passage sur le pont semblaient maintenant attendris, ils nous souriaient à présent en silence comme pour guetter la fameuse réponse. Madame Moorgate ... J'avalai difficilement, pinçant les lèvres et le regardant avec des yeux brillants. J'avais encore du mal à réaliser ce qui m'arrivait, encore du mal à comprendre que l'homme de ma vie était actuellement en train de me demander de devenir sa femme... Pourtant, ma réponse ne se fit pas attendre, d'ailleurs, je n'avais même pas besoin de réfléchir, c'était déjà tout décidé, et ce depuis longtemps. « Oui. Bien sûr que oui. » répondis-je finalement en riant nerveusement à tel point cette réponse me semblait évidente. Je m'étais toujours dit que si cet instant devait arriver, je répondrais positivement sans aucun doute. Les larmes coulèrent de plus belle le long de mes joues, des larmes de joie, bien évidemment. Sans plus attendre, je me précipitai dans ses bras pour le câliner. Dans ses bras, et surtout après un tel chamboulement, je ne sentais même plus le froid sur ma peau. Moi qui était de nature très émotive, j'étais servie. Là, à cet instant précis, j'avais l'impression que mes pieds ne touchaient plus terre, que des ailes étaient en train de me pousser dans le dos. Parce qu'au fond, même si je ne l'avais jamais vraiment montré à Felix, j'avais toujours secrètement rêvé de devenir sa femme, un jour ou l'autre. Avec notre récente discussion à propos du mariage, je m'étais peu à peu faite à l'idée qu'il n'était pas prêt à s'engager, et que j'étais donc forcée de patienter jusqu'à ce qu'il soit décidé. Ma patience avait aujourd'hui payé, même si sur le moment, je ne m'étais pas du tout attendue à ce qu'il me demande ma main. Ces derniers temps, j'étais plutôt préoccupée par ma grossesse et par le futur bébé, ainsi qu'à la place qu'il allait bientôt prendre dans nos vies. Aujourd'hui, cette demande était un cadeau fabuleux que me faisait Felix. Mais à bien y réfléchir, cette année, il m'avait fait deux merveilleux cadeaux. Grace à lui, j'allais être maman pour la deuxième fois, et puis aujourd'hui, je venais de me fiancer. Lui et moi étions désormais liés pour toujours. Aussitôt, je passai mes mains autour de son visage pour le contempler un moment en souriant doucement. « Je t'aime tellement. » lui dis-je avec des yeux encore plein de larmes. Je sentais que j'allais encore pleurnicher comme une madeleine devant lui, mais je ne pouvais pas vraiment m'en empêcher, l'émotion et les sentiments étaient trop forts, trop intenses pour que je ne puisse me retenir. Je vins ensuite poser mes lèvres sur les siennes en douceur, alors que des flocons de neige étaient en train de tomber au-dessus de nous. Ils ne nous gênaient pas, bien au contraire, on aurait presque cru que le temps souhaitait nous féliciter, et célébrer l'évènement, juste pour nous. En me détachant lentement de ses lèvres, je lui souris, mes bras autour de lui. « Tu ne pouvais pas me faire de plus beau cadeau de Noël... » Cette bague symbolisait notre amour, elle représentait parfaitement ce lien indéfectible qui nous unissait depuis dix ans.

Spoiler:

« Elle … elle est ... magnifique. » Je ne pus m'empêcher de penser “comme celle qui l'a au doigt”. Je n'avais même pas encore posé LA question que je vis déjà des larmes couler sur les joues de Neela. Je doutai déjà beaucoup moins de sa réaction, car après tout elle ne m'avait pas rendu la bague en deux temps trois mouvements, au contraire ; mais bizarrement j'appréhendai toujours un peu sa réponse. C'était un acte et un anneau symboliques : nous étions fiancés, et nous nous marierons lorsque nous pourrons le faire et aurons le temps de tout préparer. C'était déjà certain qu'avec le bébé qui allait arriver et durant ses premiers mois, ce serait impossible. Mais nous avions tout notre temps, même si je devais avouer que j'étais plutôt pressé de savoir que Neela était plus que ma petite amie ou ma fiancée : qu'elle était ma femme. « Oui. Bien sûr que oui. »  Je lui souris en la prenant mes bras lorsqu'elle s'approcha de moi. J'avais cru entendre quelques applaudissements des gens qui s'étaient arrêtés pour nous regarder dans le parc ou sur le pont, mais je les entendais à peine. Tout ce qui comptait c'était que Neela avait prononcé le “oui” que j'attendais, que j'allais passer ma vie avec elle, et que j'étais soudainement soulagé après avoir appréhendé ce moment toute la soirée. « Je t'aime tellement. » Je lui souris et l'embrassai en en profitant pour essuyer un peu ses larmes en posant mes mains sur ses joues.

« Je t'aime aussi. Et pour toujours. »

Je désignai la bague du regard en gardant mon sourire. Si, il y a dix ans, j'avais pu m'imaginer sur ce pont, à demander Neela en mariage avec une séance de cinéma en amoureux, je crois que j'aurais pensé être fou et je n'y aurais pas cru. Imaginer à quel point ma vie avait changée était déjà presque une folie : en quelques mois, j'avais trouvé une petite amie avec qui je m'entendais parfaitement au point de savoir communiquer avec elle juste par le regard - ce qui était bien pratique lors des réunions de famille -, j'avais connu ma fille, j'allais avoir un deuxième enfant, et j'allais me marier dans peu de temps. J'étais vraiment passé aux extrêmes, du le garçon dragueur et fêtard à l'homme responsable et pour qui aucune femme n'est aussi belle que la sienne. D'ailleurs, mes amis m'avaient fait remarqué que je m'attardai à peine sur les jolies femmes aux formes généreuses qui passaient à côté de moi. « Tu ne pouvais pas me faire de plus beau cadeau de Noël... »

« C'est peut-être le plus beau, mais ce n'est pas le seul... »

Je lui adressai un sourire complice. Après tout, nous n'étions pas encore au vrai Noël, et j'avais bien sûr un autre cadeau que je lui réservai pour le jour J avec la famille. Je repensai finalement à ma proposition d'aller au cinéma, pour changer du restaurant, et surtout pour me permettre de venir ici, sur le pont qui avait accueilli le baiser de nos retrouvailles.

« Heureusement que tu as dis oui pour le cinéma aussi, parce que sinon j'aurais été bien moi avec ma bague ! »

En riant légèrement, je l'embrassai sur la joue et lui pris la main pour continuer à marcher un peu sur le pont et dans le parc.

J'avais vu le visage de mon amoureux se détendre considérablement lorsque j'avais prononcé le fameux oui qu'il devait attendre impatiemment depuis le début de la soirée. Comment pouvais-je lui dire non ? C'était impossible, même pour blaguer, je crois que je n'en aurais même pas été capable. J'entendis des gens qui passaient applaudirent sur le pont alors que nous nous serrions dans les bras. C'est vrai que les habitants n'étaient pas vraiment habitués à voir des demandes en mariage, surtout dehors à cette période de l'année, et sur ce pont. Pourtant, la demande de Felix était tout simplement parfaite. Ce pont, ces gens ne le savaient pas, mais il représentait tellement pour nous, il avait vu notre toute nouvelle relation renaitre depuis dix ans, et honnêtement, Felix n'aurait pas pu faire de meilleur choix pour me demander ma main. Je me mis à rire doucement en leur jetant un regard, puis reportai mon attention sur l'homme que j'aimais plus que tout, et qui était désormais mon fiancé. « Je t'aime aussi. Et pour toujours. » Je vis Felix désigner la bague du regard, signe que si je me mettais un jour à douter de ses paroles, je n'avais qu'à regarder le bijou à mon doigt pour me rassurer, et me prouver que nous deux, c'était pour la vie. De toute façon, cela avait toujours été pour la vie, alors ces fiançailles, et bientôt ce mariage, ne serait là que pour confirmer, que pour officialiser tout ce que nous ressentions l'un pour l'autre depuis dix ans. Cela avait beau être naturel pour nous, ce n'était pas pour autant que je réalisais très bien la chose et que je me faisais à l'idée de me marier dans les prochains mois. Au contraire, bien que j'étais sans doute la plus heureuse des femmes avec la bague de Felix au doigt, j'avais beaucoup de mal à prendre conscience que bientôt, je serais sa femme. Bientôt, je m'avancerais au bras de mon père sur le parvis de l'Église, puis prononcerais pour lui le fameux et grand oui de ma vie devant l'autel aux côtés de l'homme de ma vie. Encore une journée riche en émotions qui nous attendait, et où comme d'habitude, je ne manquerais pas de verser quelques larmes ! Même en assistant les mariages de mes amis, j'avais toujours eu la larme à l'œil face à tant de bonheur et d'émotions, mais là, pour le mien, je crois qu'il fallait d'avance prévoir le maquillage waterproof.

Je ne m'étais pas retenue de dire à Felix que, même si Noël n'était pas encore là, il approchait et que cette demande était le plus beau cadeau que l'on m'aie fait de toute ma vie. Les flocons de neige tombaient maintenant abondamment, mais je m'en fichais, et puis, cela rendait la scène encore plus magique qu'elle ne l'était déjà. « C'est peut-être le plus beau, mais ce n'est pas le seul... » Je ris doucement avant de l'embrasser tendrement sous la neige. Felix avait le don de savoir me faire plaisir, mais il ne se doutait pas que moi aussi, je lui réservais une belle surprise pour son Noël en famille. Puis, je remarquai qu'il avait gardé son manteau ouvert. Sous le coup de l'émotion, Felix n'avait même pas pensé à le refermer, mais il devait être tellement soulagé de ma réponse que cela avait très certainement été la dernière de ses préoccupations. « Il faut fermer ça maintenant, tu vas prendre froid. Ce serait bête de tomber malade en faisant sa demande en mariage. » Je lui souris tout en refermant la fermeture éclair de son manteau à sa place. Je ne tenais pas trop à ce qu'il soit malade cette semaine, si je voulais passer mon temps à le câliner et à l'embrasser, il ne fallait pas qu'il soit trop contagieux … Quoique même contagieux, je crois que j'étais prête à sacrifier un peu de ma santé pendant quelques jours rien que pour le garder dans mes bras. Je passai ensuite mes mains sur son visage et l'embrassai doucement comme pour le remercier de m'avoir fait vivre un véritable conte de fées, parce que c'était ce qu'était devenue ma vie depuis que je l'avais retrouvé. Une histoire de princesse, vraiment. Je songeai que grace à lui, ces dernières minutes avaient été magiques pour moi. Jamais je ne les oublierai, sa demande resterait longtemps gravée dans ma mémoire, c'était certain.

« Heureusement que tu as dis oui pour le cinéma aussi, parce que sinon j'aurais été bien moi avec ma bague ! » Il m'embrassa sur la joue en m'attirant vers le parc, main dans la main. Je souris, amusée à l'idée que son plan se soit cassé la figure à cause de moi. « Oh une demande toute simple au chaud à la maison, c'est pas mal aussi … mais j'avoue que là, sur ce pont, sous la neige … tu as fait fort Felix, c'était magique. » Je lui souris en repensant à sa demande pour le moins originale. Au moins, elle était unique, et surtout mémorable, en tout cas j'espérais lui avoir fait comprendre qu'elle m'avait sincèrement touchée. « Il va falloir annoncer ça à nos parents et à Carlie. » Je pinçai un peu les lèvres, pensant à sa mère, qui, si elle avait donné l'impression de vouloir faire repartir notre relation sur de bonnes bases la dernière fois, était tellement imprévisible que j'appréhendais encore sa réaction à cette annonce. Quant à Carlie, c'était différent, elle allait sûrement sauter de joie et nous féliciter, du moins je l'espérais, puisqu'il ne s'agissait pas du bébé.

« Il faut fermer ça maintenant, tu vas prendre froid. Ce serait bête de tomber malade en faisant sa demande en mariage. » Je réalisai qu'elle parlait de mon manteau lorsqu'elle referma la fermeture de celui-ci et que je fus soudainement protégé du petit vent froid qui nous entourait, ainsi que des flocons qui tombaient de plus en plus. Je n'avais même pas remarqué qu'il était resté ouvert depuis que Neela y avait cherché la bague. Il faut dire que mon appréhension, pour ne pas dire mon stress, puis son “oui” m'avaient bien gardés au chaud pendant plusieurs minutes. Et en ayant la femme de ma vie contre moi, ça n'était pas prêt de changer. En tout cas, oui ce serait vraiment bête de ne pas pouvoir profiter de notre tout nouveau statut de fiancé à cause d'une mauvaise grippe qui me clouerait au lit pendant une semaine, blanc comme un linge et avec des quintes de toux à répétition. Belle image. Je lui pris finalement la main et continuai à marcher avec Neela dans le parc, gardant un sourire sur le visage, parce qu'après tout c'était l'une des plus belles soirées de ma vie, celle où j'avais su que j'allais pouvoir passer ma vie entière avec Neela et que cette union était maintenant presque officielle aux yeux de tous. « Oh une demande toute simple au chaud à la maison, c'est pas mal aussi … mais j'avoue que là, sur ce pont, sous la neige … tu as fait fort Felix, c'était magique. » Mon sourire s'agrandit tandis que je la dévorais du regard. Après tout, la magie de Noël ne pouvait que rendre ce moment encore plus magique qu'il ne l'était déjà à l'origine.

« Oui voilà tu vois ça n'a pas le même impact à la maison. »

Cela faisait peu de temps que j'étais installé chez Neela, avec Carlie, et pourtant le terme “la maison” était rapidement arrivé dans mon vocabulaire. Il faut dire qu'avant de m'installer là-bas, j'y passais déjà de plus en plus de temps, alors je vivais un peu avec mes princesses. Et puis maintenant, nous étions une famille encore plus unie, qui vivait ensemble, bref la famille idéale dont tout le monde rêve. Enfin mis à part le fait que Carlie faisait encore un peu la tête à propos du bébé. J'avais du mal à comprendre sa réaction... Elle devrait être contente d'avoir un petit frère ou une petite sœur, de voir la famille s'agrandir, de voir ses parents et même ses grands-parents heureux, mais elle se contentait d'être jalouse à l'avance, même si le bébé n'était pas encore là. « Il va falloir annoncer ça à nos parents et à Carlie. »

« Pour les parents, les tiens et les miens, il n'y a plus qu'à annoncer ta réponse. L'annonce c'est déjà fait. »

Je lui adressai un regard complice. Après tout, même si ses parents étaient heureux de nous voir ensemble, j'avais quand même préféré leur en parler, en quelque chose leur demander l'autorisation de demander la main de leur fille, et évidemment ils me l'avaient donnée volontiers. Sa mère avait même été toujours aussi expressive et m'avait littéralement sauté au cou. Quant à mes parents, mon père avait été ravi, et ma mère... avait sûrement fait semblant de l'être. Même si elle avait dit qu'elle ne voulait plus sa petite guerre avec Neela, j'avais bien senti que ça la dérangeait un peu. Mais franchement je n'avais pas l'intention d'écouter ses reproches ou ses “conseils” sur cette décision : elle n'appartenait qu'à moi, et à Neela, et ma mère n'avait selon moi pas vraiment son mot à dire, surtout qu'elle n'apprécie pas Neela pour des raisons qui me paraissent un peu légères. Après tout, c'est moi qui ait menti à Neela il y a dix ans, donc la source de ce conflit entre elle et ma mère, c'est moi.

« Tu veux qu'on y aille maintenant ? »

« Pour les parents, les tiens et les miens, il n'y a plus qu'à annoncer ta réponse. L'annonce c'est déjà fait. » J'écarquillai légèrement les yeux en me tournant vers lui, puis finalement, afficha un petit sourire. « Quoi ? Tu veux dire qu'ils sont au courant de ton plan depuis le début ? » Après tout, c'est vrai que c'était l'ordre logique des choses, et puis la tradition voulait bien que le garçon demande préalablement la main de la fille qu'il souhaite épouser à ses parents. A mon avis, connaissant ma mère, elle lui avait fait la fête. Je l'imaginais déjà serrer chaleureusement Felix dans ses bras en poussant un profond soupir de soulagement. Enfin, elle pourrait nous préparer son fameux grand et beau gâteau de mariage pour nos visites du dimanche après-midi. « Ma mère doit être ravie, elle va pouvoir continuer ses gâteaux de mariage. » Je ris légèrement en repensant au gâteau qu'elle nous avait fait la dernière fois que nous étions venus ensemble. Très coloré, très extravagant et bien sûr, avec les inscriptions 'Felix et Neela' sur le dessus. Ridicule pour un couple non marié, mais pour le coup, maintenant que nous étions fiancés, le gâteau allait nous sembler moins excessif. Pourtant, lorsque nous avions parlé du mariage tous les deux, Felix m'avait dit qu'il espérait que ma mère comprenne qu'il ne fallait plus nous préparer ce genre de gâteau, ce qui m'avait fait mal. Mais voilà, sans que je ne sache pourquoi, il avait changé d'avis sur le sujet, pour mon plus grand bonheur. « Tu as bien caché ton jeu Felix... » lui dis-je tout en lui lançant un petit regard coquin. Je ne m'étais doutée de rien tout ce temps, mais il faut dire que nous avions plutôt passé notre temps à parler bébé que mariage.

« Tu veux qu'on y aille maintenant ? » En souriant, je l'incitai à se tourner face à moi en attrapant son autre main pour entremêler mes doigts aux siens, alors que nous nous arrêtions en chemin, au beau milieu du parc. Je n'avais pas la moindre envie de partir, et ce malgré l'air frais qui nous faisait un peu greloter. Cette demande m'avait provoqué un coup de chaud, et franchement, je devais avouer que j'étais bien, surtout en voyant le magnifique sourire de mon fiancé à quelques centimètres de mon visage. « Pas tout de suite non. J'ai encore envie de profiter de ce moment. » D'ailleurs, si j'avais eu des pouvoirs magiques et que cela ne tenait qu'à moi, j'aurais arrêté le temps. Je pris doucement son visage entre mes mains froides pour le rapprocher du mien et poser mes lèvres sur les siennes. Qu'est-ce que je l'aimais... S'il ne le comprenait pas là, il y avait un sacré problème. Je l'avais toujours follement aimé, mais aujourd'hui, j'avais l'impression que ce sentiment était encore plus fort que tous les autres jours, parce que ce n'était pas un jour comme les autres. Felix m'avait agréablement surprise, et c'était un jour qui resterait à jamais inscrit dans ma mémoire. J'avais envie que ce joli moment dure pour l'éternité, mais quelque chose de mieux m'attendait pourtant. Le mariage, la fête dans quelques mois. Cependant, ce jour là, nous serions entourés de pas mal de monde. Notre famille, nos amis seraient présents, et je crois que je n'aurais pas tellement le temps de profiter pleinement de mon amoureux. Alors ce soir, tant qu'il était là à mes côtés, même dans ce froid, même sous ces flocons, je voulais prolonger l'instant. La magie avait opéré, et je voulais qu'elle opère encore toute la soirée tellement elle était belle. « Tu sais, je pensais que tu ne serais jamais prêt pour ça, avec notre dernière conversation ... » Je pinçai les lèvres en le regardant. La première et dernière fois que nous avions parlé mariage tous les deux, Felix m'avait clairement fait comprendre, et d'ailleurs assez froidement, que c'était bien la dernière de ses préoccupations. Il avait expédié le sujet aussi vite qu'il était apparu, et sa réponse m'avait un peu blessée, même s'il s'était finalement rattrapé. Avec le temps, je m'étais donc fait à l'idée que je ne me marierais peut-être jamais, mais puisque je l'aimais plus que tout, j'étais tout à fait prête à accepter cela. Après tout, je me disais qu'il n'y avait pas besoin de se marier et de faire comme tout le monde, cela ne prouvait en rien que l'amour était plus fort entre nous. Pourtant, Felix en avait décidé autrement, et, ce genre de décision ne se prenant pas à la légère, il avait dû y réfléchir depuis plusieurs mois maintenant. Mais comme il le disait, il n'y avait que les imbéciles qui ne changeaient pas d'avis ! « J'ai une question ... Qu'est-ce qui t'a fait changé d'avis exactement ? Le bébé ? » Je lui souris, pensant que ce futur bébé y était sûrement pour quelque chose dans son changement radical de décision.

« Quoi ? Tu veux dire qu'ils sont au courant de ton plan depuis le début ? » Je hochai simplement la tête en souriant. J'avais commencé à repenser au mariage il y a environ un mois, j'avais pesé le pour et le contre pendant un certain temps puis avais déjà imaginé comment je pourrais faire ma demande, à quoi pourrait ressembler la bague... Mais j'avais surtout eu peur de la réaction des gens... Neela, la principale concernée évidemment : j'avais déjà pensé qu'elle pourrait avoir changé d'avis à propos du mariage, qu'elle ne voudrait donc peut-être plus et qu'un simple couple entre elle et moi lui suffisait. Et puis j'avais aussi appréhendé la réaction de nos parents : j'avais peu d'inquiétude en ce qui concernait mon père et la mère de Neela ; mais j'avais peur que ma mère ne recommence à pester contre Neela et que le père de ma toute nouvelle fiancée, même s'il semblait m'avoir lui aussi pardonné d'avoir abandonné sa fille, pourrait voir d'un mauvais œil cet engagement. Et puis finalement, tout s'était merveilleusement bien passé avec toutes ces personnes ! « Ma mère doit être ravie, elle va pouvoir continuer ses gâteaux de mariage. » Je ris légèrement en la regardant.

« Ah oui je confirme elle est ravie ! J'ai cru que je n'allais même pas pouvoir faire ma demande parce que j'allais mourir étouffé après lui avoir annoncé ! »

« Tu as bien caché ton jeu Felix... »  En lui adressant un regard complice, je continuai à avancer dans le parc en lui tenant la main. D'un côté, heureusement que j'avais réussi à bien cacher mon jeu ! Sans quoi cette demande en mariage sur fond d'illuminations de Noël n'aurait pas été la même et la surprise aurait probablement été un peu gâchée. Mais je crois bien que le pire des scénarios aurait été si Neela avait trouvé la bague en rangeant des vêtements dans le tiroir... Enfin, ça n'était pas arrivé, et c'est tant mieux ! Alors que Neela m'arrêta au beau milieu du parc pour me signifier qu'elle voulait encore rester ici quelques instants, je profitais d'avoir son visage à quelques centimètres du mien pour l'embrasser. J'avais du l'embrasser il y a à peine cinq minutes pour la dernière fois, et pourtant ses lèvres me manquaient déjà... J'étais définitivement accroc à  ma Neela, à celle qui allait partager ma vie pour toujours. Et pourtant, c'est vrai que c'était vraiment mal parti pour que j'accepte de la demander un jour en mariage... En fait, je crois simplement que nous avions abordé le sujet beaucoup trop tôt, alors que je venais à peine de retrouver Neela et de connaître Carlie, que nous étions ensemble depuis peu de temps et que je n'étais pas encore installé à la maison. Je sortais tout juste d'une vie où j'étais seul chez moi, où je passai mes soirées avec des amis, où je n'avais aucune attache à une femme en particulier, alors j'imaginai ce changement comme un peu trop brutal. Et puis finalement, il m'avait juste fallu du temps, comme pour tout le reste, et j'étais maintenant certain que Neela serait la seule et l'unique, celle que j'aimais plus que tout, que je voulais protéger et avec qui je voulais me marier. « J'ai une question ... Qu'est-ce qui t'a fait changé d'avis exactement ? Le bébé ? »

« Je ne sais pas trop en fait... Sûrement oui. Ou alors le fait que je sois venu m'installer avec toi. Ou alors simplement parce que je t'aime. »

Avec un sourire, je l'attirai vers moi pour l'embrasser une nouvelle fois. Oui, c'était certainement ça la vraie raison de cette demande en mariage. Nous marchâmes encore quelques minutes dans le parc, puis le froid qui arrivait de plus en plus avec la nuit et le fait que je sentis Neela trembloter légèrement me décidèrent à tourner mon regard vers elle en gardant mon sourire.

« On y va ? »

« Ah oui je confirme elle est ravie ! J'ai cru que je n'allais même pas pouvoir faire ma demande parce que j'allais mourir étouffé après lui avoir annoncé ! » Je me mis à rire. Ma mère, dans toute sa splendeur ! Sauf que là, je crois bien que je lui en aurais voulu toute ma vie d'avoir étouffé l'homme qui après mon père comptait plus que n'importe quel autre homme pour moi. J'appréhendais d'ailleurs un peu sa réaction avant et pendant la célébration du mariage. Avant, c'est à dire lorsque j'enfilerai ma robe de mariée, je craignais bien qu'elle ne me mitraille sous tous les angles avec son appareil photo dernier cri acheté spécialement pour l'occasion, et pendant le mariage, elle allait très certainement inonder l'Église avec ses larmes. Felix avait toujours été l'homme parfait pour moi à ses yeux, alors la demande en mariage était tout ce qu'elle attendait. Ma mère avait toujours validé mon choix de rester avec lui, plus que ça même, elle l'avait toujours littéralement vénéré, et ce depuis leur toute première rencontre. Il était tout à fait charmant, avait le sens de l'humour, une situation professionnelle stable et surtout, il assumait ses responsabilités de père. Bref, avec lui, ma mère pouvait dormir sur ses deux oreilles : sa fille était avec un homme bien et de confiance. De toute façon, même si elle se mettait un jour à en douter, je m'en fichais, parce que l'important, c'était que j'en étais moi-même persuadée.

« Je ne sais pas trop en fait... Sûrement oui. Ou alors le fait que je sois venu m'installer avec toi. Ou alors simplement parce que je t'aime. » Je lui souris, attendrie par ses mots, puis me laissais doucement embrasser par mon fiancé, coupant mes baisers par un petit 'je t'aime' murmuré contre ses lèvres. Je n'avais pas vraiment pu en dire plus, après tout l'essentiel était dans ces deux mots là. Ce mariage ne serait là que pour prouver la réciprocité de nos sentiments l'un envers l'autre. La réciprocité, mais aussi l'intensité de ces sentiments. C'est vrai que depuis ces derniers mois, beaucoup d'évènements nous avaient rapprochés tous les deux. Non seulement l'installation de Felix à la maison, mais aussi Carlie. Je l'avais accompagné dans son tout premier rôle de papa, et puis ce bébé qui allait bientôt faire partie de notre quotidien allait certainement contribuer à renforcer ce fabuleux lien qui nous unissait. En acceptant de devenir sa femme, j'acceptais aussi de poursuivre ces aventures avec lui, qu'importe les obstacles, puisque je l'aimais de tout mon cœur, et qu'à deux, nous serions beaucoup plus forts. « On y va ? » Je hochais simplement la tête en le regardant. Je tremblotais de froid, et mon amoureux avait bien dû le remarquer. La demande en mariage de Felix avait beau m'avoir réchauffée sur le coup, là, le froid était en train de prendre le dessus, et j'avais maintenant hâte de retrouver la maison pour profiter de ma petite famille au chaud. Après avoir marché quelques minutes dans le parc enneigé, nous avions bien vite rejoint la voiture, direction la maison. Sur le trajet, je n'avais pas pu m'empêcher de fixer la bague que Felix venait tout juste de glisser à mon doigt, un petit sourire rêveur aux lèvres. Pourtant, je ne rêvais pas, elle était bien là, j'étais officiellement fiancée à Felix, et bientôt, une alliance allait s'ajouter à cette magnifique bague pour couronner notre amour. Je n'eus pas vraiment le temps de me perdre davantage dans mes pensées que je sentis la voiture s'arrêter, signe que nous étions arrivés. En descendant, j'avais vu que la lumière de la chambre de Carlie était allumée malgré l'heure tardive. J'en avais facilement déduit qu'elle ne dormait pas. L'occasion peut-être de partager notre bonheur d'être fiancés avec elle et de lui annoncer la fameuse nouvelle en même temps ?

En ouvrant la porte de la maison, nous tombâmes nez à nez avec Astrée qui nous avait vus arriver et qui était en train de se préparer pour partir. Après avoir échangé quelques mots avec elle, je lui donnais les billets et quelques minutes plus tard, elle quitta la maison en nous saluant. Comme d'habitude, je vis Carlie descendre les escaliers pour venir nous voir. Elle embrassa son papa, et se dirigea ensuite vers moi. Je me mis alors à sa hauteur pour la prendre dans mes bras en souriant. « Tu ne dors pas toi ? » Au fond, j'espérais que la nouvelle que nous nous apprêtions à lui annoncer allait lui faire plaisir à elle aussi, et lui faire oublier les problèmes liés au futur bébé. Pourtant, je crois bien que nous n'allions pas avoir à faire beaucoup d'efforts avec Felix pour faire notre annonce. En effet, j'avais à peine reposé mes mains sur mes genoux que je vis les yeux de ma fille dévier sur ma main gauche, et plus particulièrement sur mon doigt où brillait la bague. Elle écarquillait les yeux et entrouvrait la bouche comme si elle n'avait jamais rien vu d'aussi beau. Je me tournais discrètement vers Felix en souriant, puis reposai mon regard sur ma fille en attendant sa réaction.

J’avais passé la soirée avec Astrée puisque maman et papa se faisaient une soirée en amoureux. On avait bien rigolé sans la moindre crise parce qu’Astrée ne méritait pas de prendre ma colère. Du coup, ce soir j’avais oublié le bébé pour m’amuser avec elle. On avait même parlé des garçons ! Parce que moi, il y avait un garçon qui me plaisait bien à la danse alors je voulais son avis ! Bref, toujours est-il qu’à l’heure du couché j’avais dû aller dans ma chambre même si Astrée savait que je ne dormirai pas. Du moins, pas avant que papa et maman soient rentrés. Du coup, j’avais commencé à lire quatre filles pour un jean avant d’entendre mes parents rentrer.

Astrée était déjà partie quand j’arrivais en bas pour faire un bisou à papa. Maman se baissa pour me faire un câlin. « Tu ne dors pas toi ? ». J’agitais la tête négativement. « J’avais pas sommeil. ». Et même si c’était le cas, j’aurais lutté contre tant qu’ils n’étaient pas rentrés.

Enfin mon regard se posa rapidement sur la main de maman qui portait une sublime bague qui n’était pas là avant. Elle brillait vraiment ! Ça ce n’était pas n’importe quelle bague ! J’avais regardé assez de film à l’eau de rose pour savoir ce que c’était ! Une bague de fiançailles ! « Vous allez vous marier ?! ». J’affichais un immense sourire ! J’étais déjà en train d’imaginer la cérémonie de princesse moi ! « Et tu m’as même pas demandé de l’aide pour choisir la bague papa ? Pff ! T’imagine elle lui aurait pas plu ? ». Je regardais mon père faussement choqué avant d’éclater de rire. Au fond, il avait peut-être peur que je ne puisse pas tenir ma langue mais c’était mal me connaitre !

Nous étions finalement retournés à la voiture pour rentrer tranquillement à la maison. Il était maintenant assez tard, mais je n'avais pas sommeil. Et même en ayant eu sommeil, avec la soirée que je venais de passer en compagnie de Neela, je n'étais certainement pas prêt de dormir. Cette soirée avait été l'une des meilleures de ma vie, même si la naissance du bébé et le mariage la dépasseraient sûrement bientôt, mais en tout cas je n'avais jamais été aussi heureux que depuis que j'avais retrouvé Nelea. Lorsque nous étions arrivés à la maison, Astrée était juste derrière la porte et nous avait apparemment vu arriver. Elle était à peine partie que j'entendis des petits pas dans l'escaliers et que je vis Carlie arriver vers nous et s'approcher d'abord de moi pour me faire un bisous, puis de Neela qui l'a pris dans ses bras. Malgré l'heure, Carlie ne dormait pas effectivement... Mais pour une fois, surtout ce soir, ça importait peu. Au contraire, elle pourrait apprendre la nouvelle ce soir, et nous serions tout de suite fixés sur ce qu'elle pensait de cette demande en mariage. Mais j'imaginais déjà un peu sa réaction : même si elle avait mal pris l'annonce de l'arrivée prochaine du bébé, elle avait fini par s'y faire un peu et était beaucoup moins énervée et jalouse qu'il y a quelques mois. Et puis ce mariage symbolisait aussi le fait que Neela et moi resterions toujours ensemble, donc toujours présents pour nos enfants. Et j'avais bien l'intention à ce que tout se passe comme cela ! Enfin nous n'avions même pas vraiment eu à lui annoncer quoi que ce soit, puisque le regard de Carlie se posa rapidement sur la bague qui brillait au doigt de Neela. « Vous allez vous marier ?! » Vu le ton qu'elle avait employé, je m'attendais à ce qu'elle saute partout en criant, mais elle avait plutôt eu une réaction calme finalement. En quelques mois, j'avais trouvé qu'elle avait déjà grandi moralement, et physiquement aussi d'ailleurs. Et au fur et à mesure que je passais du temps avec elle, je l'aimais de plus en plus. Je jetai un petit regard à Neela, accompagné d'un sourire puis reportais mon regard sur Carlie. « Et tu m’as même pas demandé de l’aide pour choisir la bague papa ? Pff ! T’imagine elle lui aurait pas plu ? » Je ne pus m'empêcher de rire en l'entendant.

« Hey même en quelques mois je la connais sur le bout des doigts ! Et puis qui me dis que tu n'aurais pas craché le morceau un jour, petite pipelette !»

Je l'embrassai sur la joue en souriant, imaginant déjà Neela qui aurait eu des doutes sur une possible demande et qui aurait cherché à tout savoir par Carlie. Ça aurait été bien bête pour l'effet de surprise ! Et puis si ça se trouve, Carlie voudrait tout savoir dans les moindres détails, sur cette demande.

Spoiler:

« Vous allez vous marier ? » La petite voix enjouée de Carlie me fit rire légèrement. La surprise était totale, quoiqu'elle devait bien se douter que tôt ou tard, cela allait arriver. Elle avait l'air si heureuse, cela faisait plaisir à voir, surtout depuis ces derniers temps... depuis qu'elle avait appris que j'attendais un enfant, les sourires se faisaient très rares sur le visage de Carlie. Je hochais donc la tête en offrant un joli sourire à ma fille. Oui, nous allions nous marier, je ne savais pas encore quand ni où ni comment, mais la décision était officiellement prise, et franchement, j'avais toujours du mal à réaliser. C'était magique, la demande de Felix était venue égayer ma vie devenue un peu monotone depuis que j'étais en congé maternité. « Et tu m’as même pas demandé de l’aide pour choisir la bague papa ? Pff ! T’imagine elle lui aurait pas plu ? » J'entrouvris la bouche, à moitié choquée, parce que j'avais bien su deviner la pointe d'humour de ma chipie dans cette question. Cette bague me plaisait énormément, et elle me plaisait d'autant plus que je savais que c'était Felix qui l'avait soigneusement choisie juste pour moi. « Hey même en quelques mois je la connais sur le bout des doigts ! Et puis qui me dis que tu n'aurais pas craché le morceau un jour, petite pipelette ! » Je me mis à rire à mon tour en jetant un petit regard complice à Felix. Ça c'est sûr qu'il me connaissait sur le bout des doigts, même depuis quelques mois, d'ailleurs c'était comme si nous nous connaissions depuis dix ans, sans aucune séparation. « Oui tu vois papa me connait parfaitement, parce que je la trouve sublime, mais de toute façon n'importe quelle bague aurait été magnifique puisque c'est papa qui me l'offre. » C'était bien vrai, n'importe quel bijou aurait été le plus beau à mes yeux du moment que c'était Felix qui me l'offrait. Une fois de plus, je lançai un regard amoureux à l'homme de ma vie à côté de moi, puis me redressai pour l'embrasser sur la joue en l'entourant de mes bras. J'étais fière, extrêmement fière de la nouvelle que nous venions de lui annoncer. Je crois que là, pas besoin de dessin, Carlie avait tout compris, il n'y avait rien à expliquer, rien à dire de plus. Nous étions follement amoureux l'un de l'autre, elle pouvait en être sûre, et donc se consoler par rapport au bébé, si tant est que cela suffise … « Alors, tu es contente ma puce ? » demandais-je finalement à Carlie en arborant un ravissant sourire. De toute façon, c'était une question dont je connaissais déjà presque la réponse, il n'y avait qu'à observer à quelle vitesse son visage s'était illuminé pour comprendre que notre joie était clairement partagée. « Tu vois, on est une vraie famille. » lui dis-je sur un ton rassurant. Depuis nos retrouvailles, nous l'avions toujours été, mais disons que cette séparation de dix longues années avait créé une certaine cassure dans cette famille, surtout que Felix n'était même pas au courant de l'existence de sa fille. Aujourd'hui, tout était bien différent, nous étions tous les trois, bientôt quatre, sous le même toit, et ces fiançailles ne venaient que confirmer la jolie famille que nous formions tous ensemble. Je voulais tout simplement la rassurer sur le fait que ses parents s'aimaient plus que tout, au point d'être prêts à se marier, et donc qu'ils n'allaient pas l'abandonner, loin de là. Nous étions et serions toujours là pour elle, quoiqu'il arrive. Nous étions désormais une vraie famille donc, et j'espérais que Carlie se réjouissait à cette idée, qu'elle oublie un peu l'arrivée du futur bébé, au moins l'espace de quelques jours.

Spoiler:

Fiancés, eh bah voilà. Ils étaient fiancés. N’empêche que papa m’avait même pas demandé mon avis. J’aurais voulu être complice moi. « Hey même en quelques mois je la connais sur le bout des doigts ! Et puis qui me dis que tu n'aurais pas craché le morceau un jour, petite pipelette ! ». Je prenais un air vexé, parce qu’en vrai j’aurais pas parlé. Pas pour un secret comme ça. « Hé ! C’est mal me connaitre ça ! ». Mais enfin, pour se rattraper, papa posa quand même un bisou sur ma joue, il était presque pardonné. « Oui tu vois papa me connait parfaitement, parce que je la trouve sublime, mais de toute façon n'importe quelle bague aurait été magnifique puisque c'est papa qui me l'offre. ». Ouais ouais… il aurait dû lui faire le coup de la bague en plastique, je crois que ça aurait été différent. Parce que là, elle était quand même magnifique sa bague, elle faisait que briller. « Super ! En guise d’alliance il peut t’offrir une bague en plastique alors ? ». Je riais, sachant très bien que quand même, ça ne le ferait pas.

Maman embrassa papa, ça ils étaient pas obligés hein ! Mais, c’était mignon –tant qu’il y avait pas la langue-. « Alors, tu es contente ma puce ? ». J’affichais un immense sourire, elle avait de drôles de questions maman. « Non, je suis effondrée là. ». Je riais à nouveau, quand même ça se voyait non ? « Tu vois, on est une vraie famille. ». Eu… oui, non, je savais pas trop. Ils allaient se marier, oui. Mais, le bébé avait toujours en projet de tout foutre en l’air. Là-dessus je n’étais pas franchement d’accord. Pour autant, je ne voulais pas gâcher le plaisir de maman alors je faisais un petit sourire. « Mouais. ». Je haussais les épaules en considérant le sujet comme clos pour ce soir. Oui, c’était moi qui décidais ce genre de choses maintenant. Non mais, en fait, je voulais pas les rendre triste. Seulement quand j’avais dit que je voulais une vraie famille, c’était sans deuxième enfant. Sans un enfant qui allait me prendre mon père que je n’avais pas eu pendant dix ans. Sans qu’on me pique la seule personne qui avait toujours été là pour moi : maman. J’aurais voulu pouvoir vivre comme ça un petit moment, être heureuse. Qu’ils attendent au moins que je sois dans l’adolescence s’ils en voulaient vraiment un. Mais, il arrivait ce petit monstre. Et il allait prendre toute ma place. M’effacer. « Et c’est quand le mariage ? ». Je me demandais si la cérémonie serait après ou avant l’arrivée du bébé.

« Super ! En guise d’alliance il peut t’offrir une bague en plastique alors ? » Je souris doucement en regardant Carlie qui riait de sa bêtise. J'imaginais bien la scène : après lui avoir offert une bague réelle et toute brillante comme celle-là, les alliances étaient en plastiques avec l'excuse : “on a explosé le budget là Neela”. Même avec notre nature déjantée, je ne crois pas que nous aurions été capable de faire ça, juste pour rire. Le mariage restait quand même quelque chose de sacré, un moment important dans une vie, et j'étais persuadé que, tout comme moi, Neela ne voudrait sûrement pas sacrifier cette journée avec nos petites blagues habituelles. En tout cas, Carlie avait l'air vraiment contente pour nous, et ce mariage était clairement la matérialisation de notre vraie vie de famille, tous ensemble, et Neela et moi engagés pour la vie. Pourtant, Carlie n'avait pas l'air convaincue par rapport à cette idée de “vraie famille”... Apparemment, l'arrivée de plus en plus prochaine du bébé la tracassait toujours, alors que cela faisait déjà plusieurs mois que nous lui avions annoncé. Enfin elle nous faisait déjà moins la tête qu'au début, c'était un bon point... J'avais vraiment eu peur qu'elle reste froide avec nous jusqu'à l'arrivée du bébé, voire même après, et que je ne puisse pas profiter des derniers mois où elle serait mon seul enfant. Parce qu'au fond, même si nous avions rattrapé pas mal de temps depuis que je l'avais rencontrée, rattraper dix années, c'était presque impossible... Et je voulais profiter le plus possible de ma fille. Alors à son “mouais” peu convaincu, je n'avais rien trouvé de mieux que de jeter un petit regard à Neela. Il était probablement inutile de relancer ce sujet, surtout ce soir, alors que nous étions tous heureux de cette nouvelle du mariage. « Et c’est quand le mariage ? »

« Humm... Je crois que ce sera après la naissance du bébé. Qu'on ait bien le temps de tout organiser... Et puis tu seras notre demoiselle d'honneur hein ? »

Je voyais déjà Carlie dans sa petite robe de demoiselle d'honneur, préparée pour l'événement, toute la famille, tous les amis, des deux côtés, et puis Neela et moi, devant tous ces gens, prêts à se dire “oui” pour la vie. Étrangement, je n'avais aucune difficulté à déjà me projeter à ce moment. Ce serait sûrement l'un des plus beaux de ma vie, et j'avais déjà hâte d'y être ! Je me tournai finalement vers Neela, parce que j'avais quand même dit que ce serait sûrement après la naissance du bébé sans avoir son avis, même si je me doutais qu'elle n'était pas forcément pour se marier en étant enceinte, et surtout que l'accouchement allait arriver dans seulement quelques petits mois, alors tout préparer en une période si courte était quasiment impossible.

« Qu'est-ce que tu en penses toi ? »

« Super ! En guise d’alliance il peut t’offrir une bague en plastique alors ? » Je levai les yeux au ciel en souriant. Ma fille et son sens de la répartie, c'était quelque chose ! « Et c’est quand le mariage ? » En voilà une excellente question ! Un peu précipitée, mais très bonne quand même. Fraîchement fiancés, Felix et moi n'avions pas vraiment eu le temps de prévoir quand le mariage aurait lieu. Pendant un instant, je le regardais en l'interrogeant du regard, ne sachant pas quoi répondre à notre fille qui attendait pourtant impatiemment une réponse de notre part. « Humm... Je crois que ce sera après la naissance du bébé. Qu'on ait bien le temps de tout organiser... Et puis tu seras notre demoiselle d'honneur hein ? » Oh, quelle bonne idée ! Aussitôt, je posais mon regard sur ma fille pour observer sa réaction, et espérant fortement qu'elle ne voit pas d'inconvénient à être notre demoiselle d'honneur. Moi aussi j'étais déjà en train d'imaginer ma petite puce toute apprêtée tenir mon voile derrière moi et nous remettre les fameuses alliances devant tout le monde avec un grand sourire fier. Et puis, j'avais déjà plusieurs petites idées en tête, dont une en particulier qui me tenait à cœur, d'ailleurs, je savais qu'elle tenait aussi Felix à cœur. En effet, nous n'allions pas tarder à demander à Ella de faire partie de nos témoins le jour de la cérémonie. J'espérais qu'elle nous répondrait positivement, mais la connaissant, je crois que nous n'avions pas trop de soucis à nous faire. J'attendais avec impatience cette journée, et n'avais qu'une hâte : fixer la date de notre mariage avec Felix, pour qu'enfin nous puissions nous mettre à préparer la fête, à concrétiser notre rêve. J'imaginais déjà l'Église remplie de fleurs de toutes les couleurs, mais je fus contrainte de sortir de ma rêverie lorsque mon amoureux m'interpella. « Qu'est-ce que tu en penses toi ? » Finalement, je détournai mon regard vers Felix en souriant et en hochant positivement la tête. « J'en pense que c'est une très bonne idée. De toute façon, je ne me voyais pas me marier à sept mois de grossesse … » dis-je en riant légèrement, m'imaginant avec un ventre énorme dans ma robe blanche. Nous en avions déjà discuté avec ma mère en présence de Felix, et tous deux savaient très bien que je n'étais pas d'accord pour me marier en étant grosse comme une baleine, prête à accoucher. Avec la chance que j'avais, j'étais bien capable de perdre les eaux le jour du mariage ! Toute la famille devrait donc attendre l'arrivée du bébé pour nous voir nous marier tous les deux, et franchement, penser au bébé me ramenait difficilement à la réalité. Avant le mariage de rêve avec l'homme de ma vie, une épreuve pénible et à la fois si merveilleuse m'attendait : l'accouchement. J'avais du mal à réaliser toutes ces choses qui m'arrivaient, qui nous arrivaient à tous si vite. J'allais bientôt avoir un deuxième bébé dans mes bras, et je m'apprêtais à épouser l'homme que j'avais toujours aimé. Nous n'en avions pas encore parlé, mais j'espérais que Felix serait là cette fois pour me soutenir, puisqu'il n'avait pas pu être là la première fois lors de l'arrivée de Carlie.

Malgré le fait de savoir qu'elle allait porter une magnifique robe elle aussi ce jour-là en étant demoiselle d'honneur, je voyais bien que Carlie était de nouveau ronchonne. Oui, le mariage se déroulerait avec le bébé, et qu'elle le veuille ou non. Je poussai un soupir en la regardant, imaginant tout ce qui devait être en train de se passer dans sa petite tête à cet instant précis, puis déclarai finalement avant qu'elle ne s'emporte toute seule : « Je sais déjà ce que tu vas dire Carlie. Qui va s'occuper du bébé pendant la cérémonie ? Il ne va pas arrêter de pleurer, ça va déranger tout le monde … Si tu ne veux pas t'en occuper, Astrée le fera je pense, ou mamie. Et puis, s'il pleure, je suis sûre que tu auras envie d'aller le consoler, n'est-ce pas ? » Je lui offris un sourire, espérant en décrocher un de sa part moi aussi. J'espérais aussi et surtout lui faire réaliser que ce bébé aura tout autant besoin d'elle que de nous, et que donc Carlie ne serait pas délaissée, bien au contraire. Elle avait l'air de rejeter ce petit, mais quand même, Carlie était douce et attentionnée, je la voyais très mal être longtemps indifférente ou boudeuse face aux pleurs de ce bébé, et qui plus est de son frère ou de sa sœur.

Le mariage, le mariage, oui c’était plutôt une bonne idée. J’étais heureuse pour eux. Heureuse qu’ils s’aiment à ce point. Et puis moi, j’aimais bien les mariages. C’était beau. J’avais hâte de voir maman dans une robe de princesse. « Humm... Je crois que ce sera après la naissance du bébé. Qu'on ait bien le temps de tout organiser... Et puis tu seras notre demoiselle d'honneur hein ? ». J’affichais un immense sourire, bien sûr que c’était moi leur demoiselle d’honneur, non mais oh ! « Bah bien sûr ! J’espère que t’as même envisagé quelqu’un d’autre une seule seconde. ». En plus, ça serait sans doute l’une des dernière fois où l’on ferait un petit peu attention à moi. Même si bébé serait déjà là et qu’évidemment tout le monde allait être complètement gaga devant lui. Berk ! Enfin bon, si je pouvais porter une jolie robe et participer un peu à ce beau mariage, c’était avant plaisir. « Qu'est-ce que tu en penses toi ? ».  Maman sembla enfin sortir de ses pensées pour se tourner vers papa. « J'en pense que c'est une très bonne idée. De toute façon, je ne me voyais pas me marier à sept mois de grossesse … ». D’un côté tant mieux parce que ce bébé –noter l’effort pour ne pas insulter- était capable de naître le jour du mariage. Genre pour bien tirer la couverture à lui.

Dans tous les cas, il était embêtant ce bébé. Parce que s’il était là, ça voulait dire aussi qu’il allait faire que pleurer. Qu’au fond, ils allaient pas pouvoir profiter. En plus, ils risquaient d’être crevés des nuits blanches. Stressés par l’organisation. Bref, ils risquaient de se disputer. Autant dire que le coup bébé, ça faisait peur. Enfin bon, ils allaient peut-être attendre un moment quand même avant de se marier. Au moins que bébé fasse ses nuits. J’étais en train de songer à tout ça quand maman me coupa dans mes réflexions. « Je sais déjà ce que tu vas dire Carlie. Qui va s'occuper du bébé pendant la cérémonie ? Il ne va pas arrêter de pleurer, ça va déranger tout le monde … Si tu ne veux pas t'en occuper, Astrée le fera je pense, ou mamie. Et puis, s'il pleure, je suis sûre que tu auras envie d'aller le consoler, n'est-ce pas ? ». Le consoler ? C’était une blague ? J’en voulais pas de ce petit. J’allais certainement pas aller le consoler. J’allais certainement pas aller le consoler. D’autant plus s’il pleurait pour rien. « J’allais rien dire au sujet du bébé alors, ne viens pas me dire que je ramène tout à lui et que je suis insupportable à le rejeter comme ça. ». C’est vrai que même si je n’en pensais pas moins, je ne voulais pas en parler ce soir. J’avais juste demandé la date pour savoir. Mais je ne voulais pas qu’on se dispute encore à cause du bébé. « Je ne veux pas m’en occuper pendant la cérémonie ni à aucun moment. Je n’irais pas le consoler  parce que les bébés pleurent pour rien. ». C’est vrai, je n’étais pas insensible aux gens qui pleuraient. Mais les bébés, ça pleure pas, ça hurle. Parce qu’ils ne savent pas parler. Et c’est leur seul moyen d’arriver à communiquer. Mais techniquement, ils ne leur arrivent rien de grave.

« Bah bien sûr ! J’espère que t’as même envisagé quelqu’un d’autre une seule seconde. » Bien sûr que non ! En fait je n'avais même pas eu vraiment le temps de penser à cela, parce que j'estimais que le choix de la demoiselle d'honneur devait être commun, et donc qu'il fallait que j'attende la réponse de Neela avant de savoir qui serait l'heureuse élue. Et puis finalement, Carlie était probablement la mieux placée pour cela, et Neela était d'ailleurs d'accord avec moi. Qui d'autre que notre petite fille adorée pouvait avoir ce rôle en cette journée si importante pour nous ? Et puis, de la même manière, attendre la naissance du bébé et que toute la famille s'habitue bien à sa présence ne serait aussi pas un mal : au moins nous aurions l'esprit plus tranquille pour organisation le mariage, et nous allions en avoir besoin vu tout ce que nous aurions à faire ! « Je sais déjà ce que tu vas dire Carlie. Qui va s'occuper du bébé pendant la cérémonie ? Il ne va pas arrêter de pleurer, ça va déranger tout le monde … Si tu ne veux pas t'en occuper, Astrée le fera je pense, ou mamie. Et puis, s'il pleure, je suis sûre que tu auras envie d'aller le consoler, n'est-ce pas ? » J'attendis avec impatience la réaction de Carlie. Après tout, c'est vrai que ce serait son petit frère ou sa petite sœur, et j'espérais que son comportement allait changer envers lui ou elle, et qu'elle allait jouer son rôle de grande sœur. Ce bébé ne lui avait rien fait au fond, même si elle pouvait croire qu'il allait nous éloigner d'elle, ce qui bien sûr était totalement faux. « J’allais rien dire au sujet du bébé alors, ne viens pas me dire que je ramène tout à lui et que je suis insupportable à le rejeter comme ça. Je ne veux pas m’en occuper pendant la cérémonie ni à aucun moment. Je n’irais pas le consoler  parce que les bébés pleurent pour rien. » Voilà, c'était ce genre de réaction que je redoutais... Je n'avais pas franchement apprécié la façon dont elle avait répondu à Neela, mais je m'étais contenté un regard lourd de sens que Carlie avait très bien vu. Mieux valait ne pas relancer le sujet, ça allait encore mal tourner, et après ma demande en mariage, je voulais juste que la soirée se déroule bien et que nous soyons tous heureux. Alors finalement, nous laissâmes Carlie avec ses pensées sur le futur bébé, en espérant encore et toujours qu'elle finisse par l'accepter (peut-être quand il naîtra ?), et vu l'heure tardive, nous avions fini par tous aller nous coucher : Carlie dans sa chambre, après le traditionnel “bisous du soir”, et moi avec Neela contre moi.