Je regardais un instant la neige par la vitrine du magasin. Ça me donnait envie d’aller jouer dehors avec mes petits loups d’amour. Paris ne m’avait permis que de voir de la bouillasse. Ou tout au plus, deux centimètres de neige, qui bloquait toute la ville.  J’adorais ce temps, j’adorais l’hiver ici. C’était en la voyant tombé que je regrettais presque de travailler pendant les vacances.  Mais bon, il fallait bien que quelqu’un le fasse. Je ne pouvais pas me permettre des vacances à peine arrivée même si c’était ma boutique.

Je sortais de ma rêverie pour servir une dernière cliente. J’allais bientôt pouvoir fermer, j’attendais juste qu’Elizabeth et mes petits bouts reviennent. Enfin, Valentin et Elodie parce que Mathieu faisait sa sieste dans l’arrière-boutique. Il était un peu petit pour faire de la patinoire, du coup je préférais le garder. Il n’était pas du genre à me déranger, il jouait à m’imiter.

Lizzie ne tarda pas arriver avec les deux petits monstres qui courraient dans ma direction.  « Hey salut les monstres ! ». Ils me firent un bisou chacun avant d’aller baver devant ma vitrine. Lizzie se mit assise sur la chaise la plus proche. « Ils t’ont crevé hein ? C’est trop gentil de me les avoir gardé. ». Je lui faisais un énorme sourire, c’était vraiment cool. Ça me sauvait la mise. « Ils ont été sages ? ». Habituellement, je n’avais pas trop de soucis sur leur comportement. Mais bon, ils étaient comme cul et chemise, bref pas jumeau pour rien. Quand l’un faisait une bêtise, ce n’était jamais sans la complicité de l’autre. Et ils étaient doués pour faire tourner en bourrique… à peu près tout le monde.

Valentin se tourna vers moi avec ses yeux de biches. « Maman, je peux prendre un chausson au pomme… ». Je levais les yeux au ciel avec un sourire amusé. « Oui mais, un seul, compris ? ».  Il hocha la tête positivement avant de se précipiter pour prendre ce fameux chausson aux pommes. « Tu veux quelque chose Lizzie ? Chocolat ? Viennoiseries française ? Donnuts ? ». Ce n’était pas le choix qui manquait. J’avais décidé d’amener les spécialités françaises ici, de garder les spécialités d’ici ainsi que mon amour pour le chocolat. Et oui, j’étais de mon métier et incapable de choisir appris toutes ses bonnes choses.

Je regardais un instant mes deux enfants, voir ce qu’ils trafiquaient encore. « Valentin, repose ce Coca, si t’as soif, tu bois de l’eau. ». Je le vis faire la tête mais pas protester pour autant. « Maman, je peux aller chercher Mathieu ? ». Elodie et son petit frère, elle le prenait pour une poupée vivante par moment. « S’il est réveillé, oui. ». Elle se mit à courir vers l’arrière-boutique avec son pain au chocolat, suivit de près par son frère qui ne pouvait évidemment pas la laisser deux secondes.

Je soufflais un coup en regardant Lizzie avant de sourire à nouveau. « Encore Merci pour aujourd’hui, il déborde d’énergie et c’est pas toujours facile de les occuper. Bref, comment tu vas toi ? ». Un peu de calme pour parler entre adulte, ce n’était pas de trop.

Les enfants débordaient d’énergie. Ils dépensaient la leur… comme celle des adultes. Ce n’était donc pas toujours évident de s’en occuper. « Ils m'obligent à garder la pêche au moins ! ». Je me mis à rire, elle avait bien raison ! Impossible de se pétrifier dans le canapé avec eux. Enfin au moins, les jumeaux n’avaient pas été insupportables. Ça m’aurait surpris mais bon, sait-on jamais. « Très gentils ! Ils sont de vrais champions ». Je hochais la tête, heureuse d’entendre ça.

Enfin, ils n’avaient rien perdu de leur gourmandise cette après-midi, c’était certain. J’en profitais pour demander à Elizabeth si elle voulait quelque chose. « Un muffin au chocolat si tu as s'il te plait. ». Je lui attrapais ça avant de lui donner avec un sourire.

Les petits bouts étant dans l’arrière-boutique je pouvais enfin être vraiment avec mon amie. « Ils sont adorables et la patinoire semble une bonne occupation pour eux alors, no problem ! ». Ils avaient l’air plutôt ravis, oui. Et puis du moment qu’ils étaient tous les deux à pouvoir faire les fous, ça leur convenait. Elle s’était mise à l’aise en tirant veste et écharpe. Elle avait bien fait ! S’il faisait froid dehors, ce n’était pas le cas dans la boutique. Et puis, c’était mieux pour manger aussi. « Et j'vais très bien ! Je tente de négocier avec le patron pour ouvrir des cours de patinage et c'est sur la bonne voie. ». Oh ? Ça c’était une bonne idée et une bonne chose aussi. Avoir et faire des projets, c’était ce qui comptait le plus pour avancer dans la vie. Du moins à mes yeux. « Si tu y parviens, je t’inscris direct les jumeaux ! Ils ont besoin d’un sport et trouver un sport qui leur convienne à tous les deux n’est pas franchement facile… ». Je riais doucement. C’était le problème des jumeaux, ils ne faisaient rien séparés. Même pas le sport.  

Enfin bref, ça me faisait plaisir de revoir Lizzie. Être revenue m’apportait ce bonheur d’être entourée, appréciée. J’avais l’impression de retrouver quelque chose que j’avais perdu depuis un moment. « Et toi, ton retour se fait petit à petit dans le bon sens ? ». Je hochais la tête avec un petit sourire. « Oui… ça me fait du bien d’être de retour… même si c’est pas toujours facile. ». Thomas me manquait énormément. Et c’était dur de renoncer à ma vie tout de même. C’était dur de renoncer… à nous. A tout ce que nous avions bâti. Mais, ce nouveau départ était tout de même sur la bonne voie. « Les enfants me disent qu'ils se plaisent car il y a de la neige. ». Je me mis à rire, oui c’est vrai qu’ils aimaient la neige. Et ils avaient l’air d’aimer Arrowsic même si ce n’était pas simple pour eux. Elodie en voulait beaucoup à son père. Elle refusait l’idée même de lui parler au téléphone. Elle refusait de regarder quelconque photo de lui. Alors que Valentin, lui… il avait besoin d’un homme dans sa vie. Mathieu était trop jeune pour comprendre tout à fait, il était persuadé que son père allait revenir. Même quand je lui disais l’inverse. « Oui, c’est vrai que ça ils aiment ! Le seul problème, c’est la séparation mais bon… je suis aussi perdue qu’eux à ce sujet. ». Oui, je ne savais toujours pas pourquoi Thomas était parti. La vraie raison je veux dire.

Avec un petit sourire, je relevais les yeux vers mon amie. « Et toi alors ? Pas de prince charmant ni d’adorable bébé ? ». J’espérais que ce n’était pas un sujet sensible. Mais Lizzie ferait une mère absolument parfaite.